Rencontre avec Lucas Belvaux, le plus français des réalisateurs belges

Posté par Benjamin, le 2 février 2010

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Lors du 22ème festival Premiers plans, Lucas Belvaux a tenu, jeudi matin, une leçon de cinéma. Pendant près de deux heures, il est revenu sur sa carrière d’acteur-réalisateur, expliquant son parcours, la spécificité de son cinéma et ses choix de réalisateur. Détendu, sympathique, derrière ce regard pénétrant et cette voix si apaisée se cache un cinéaste très attaché à l’homme et à ses combats.Dans un premier temps, il a donc évoqué sa carrière d’acteur et son départ de sa Belgique natale pour Paris en stop alors qu’il n’a que 17 ans. L’école ce n’est pas pour lui, il part tenter sa chance dans la capitale française. Et si les choses sont difficiles, il joue dans de petits rôles à la télévision qui lui permettent tout juste de quoi vivre. C’est l’année 1984 qui lui est salutaire puisqu’il joue coup sur coup devant la caméra de Rivette et de Chabrol dans Hurlevent et Poulet au vinaigre.

Et ce qui le décide à passer derrière la caméra, autre que le fait d’avoir toujours été attiré par le poste de réalisateur, c’est sa lassitude en tant qu’acteur. Belvaux déclare qu’il voyait ses limites d’acteur, et que donc, pour ne pas finir enfermer continuellement dans des rôles identiques ou par peur tout simplement de voir sa carrière s’arrêter, il s’est essayé à la réalisation. Et ses premiers grands succès sont trois films qui forment une même trilogie : Un couple épatant, Cavale et Après la vie. Trois films qui résument bien en quelque sorte la singularité du cinéma de Lucas Belvaux. « Les seconds rôles sont des personnages principaux dont on ne voit que des bouts ». Voilà le point de départ de sa trilogie : s’intéresser aux seconds rôles. Pour lui, un second rôle ne doit pas être caricaturé comme beaucoup dans les films, il doit être traité comme un personnage à part entière, car selon lui, ces personnages sont eux-mêmes les personnages principaux d’une autre histoire qui leur appartient, mais que bien sur, on ne voit pas. Et sa trilogie change de point de vue selon les films, s’attachant à toute une chorale de personnages tous magnifiquement interprétés.

Puis viennent les questions des auditeurs. Des questions qui concernent le caractère belge de son cinéma ainsi que l’aspect social de ses films. A la question « où vous situez vous dans le cinéma belge ? », il répond « à Paris ». Réponse des plus logiques, car il habite dans la capitale (et travaille) depuis 1979. Le seul lien qu’il a avec la Belgique – outre sa nationalité – ce sont les financements que le plat pays lui accorde.

Enfin, le réalisateur de Rapt a expliqué ses principales intentions dans ses films et qu’il cherchait avant tout à « trouver la complexité de chacun » qu’il soit ouvrier au chômage ou patron kidnappé. Il s’intéresse en premier lieu à l’Homme. L’homme, dépossédé de tout caractère social, qui retrouve sa condition première.

Son dernier film, Rapt avec Yvan Attal est d'ailleurs sorti en novembre et a reçu l'honneur de plusieurs nominations aux prochains César.

Les films français que nous pourrions voir à Cannes

Posté par vincy, le 18 janvier 2009

l'elegance du herisson josiane balaskoJanvier, c'est la dernière line droite. Berlin, première levée du grand chelemn des festivals, a annoncé la couleur en recrutant Costa-Gavras, Ozon, Chabrol, Breillat, Lioret et surtout Tavernier, dont la sortie était en suspens depuis neuf mois... Cannes, toutes sélections confondues, a quand même de nombreuses cartes en main pour séduire les festivaliers.

Il semble que Jeunet ne pourra montrer qu'un teaser ou un extrait de son MicMacs à tire-larigot, qui devrait être prêt au début de l'été. Mais, cette déception sera compensée par d'immenses possibilités. Côté animation, Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville) devrait pouvoir présenter L'illusioniste (d'après une histoire de Jacques Tati). Et pour les documentaires, on voit mal Cannes passer à côté de Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand et produit par Luc Besson.

Parmi les habitués de Cannes, Robert Guédiguian (L'armée du crime), Alain Resnais (Les herbes folles), Christophe Honoré (Non, ma fille), Xavier Gianoli (Je voudrais te dire), Patrice Chéreau (Persécution), Lucas Belvaux (Rapt!) et Tsai Ming-Liang (Visages, tourné à Paris) font évidemment figures de favoris. Mais, parmi eux, quelques uns, recalés ou préférant ne pas trop être exposés à la dureté de la critique cannoise, feront le choix vénitien.

La jeune génération, déjà repérée à Cannes, désirant sans doute un peu de promotion pourra compter sur Julie Lopes-Curval (La cuisine) et Mia Hansen-Love (Le père de mes enfants). On peut aussi imaginer que Olivier Ducastel /Jacques Martineau (plus habitués à Berlin), avec L'arbre et la forêt, ou Fanny Ardant, avec son premier film, Cendres et sang, intéressent les programmateurs.

Audiard, Van Dormael, Mihaileanu et un hérisson...

Pourtant, les marches pourraient être montées par d'autres.... Jacques Audiard, par exemple, sans doute l'un des meilleurs cinéastes français depuis quinze ans, aurait toutes ses chances avec Un prophète. Jaco Van Dormael semble inévitable. Même si le réalisateur est belge, la production est essentiellement française. Le film, Mr. Nobody, sera prêt à temps, douze ans après Le huitième jour. Un choix passionnant serait Le concert, de Radu Mihaileanu (Va, vis et deviens), avec Mélanie Laurent. Enfin, le match des Coco Chanel, normalement prévu en avril dans les salles françaises, pourrait êre décalé si Coco avant Chanel, d'Anne Fontaine, avec Audrey Tautou, se retrouvait dans une des sélections officielles. Nul ne doute qu'au marché, on observera avec attention le box office de celui-ci et de celui de Jan Kounen, Coco Chanel et Igor Stravinsky, avec Anna Mouglalis.

Ultime possibilité, mais non des moindres : un premier film, produit par Anne-Dominique Toussaint (Caramel), en lice pour le poste de la présidence d'Unifrance. Ce premier film de Mona Achache est l'adaptation littéraire de L'élégance du hérisson, best-seller européen (en France, plus de un million trois cent mille exemplaires se sont vendus, alors que l'édition poche n'est pas encore parue), avec Josiane Balasko, qui vise le César 2010, Garance Le Guillermic et Togo Igawa. le film ne doit sortir qu'en octobre, et pourtant, la productrice a surpris tou le monde en disant qu'elle pensait pouvoir proposer une version à Thierry Frémaux au début du printemps. Assurément, ce serait le plus beau coup français du Festival.