Hollywood sur Garonne : la fin du rêve toulousain

Posté par vincy, le 4 décembre 2012

Aujourd'hui, l'Etat a rejeté le projet d'installation de vastes studios sur une ancienne base aérienne militaire près de Toulouse. Le dossier était présenté par un entrepreneur local Bruno Granja, avec le soutien (et le lobbying) des studios américains Raleigh (lire nos articles sur le sujet : Un studio hollywoodien veut s’installer près de Toulouse et Les Studios Raleigh mettent la pression sur l’Etat français pour leur projet toulousain).

La raison invoquée est que le dossier ne répondait pas aux critères du cahier des charges de l'appel d'offres lancé par l'Etat. Cet appel d'offre visait à reconvertir les 25 hectares de la base de Francazal.

L'appel d'offres était divisé en deux lots. Quatre réponses ont été examinées, toutes ont été refusées.

Concernant le lot Sud, qui concernait la proposition "cinématographique", la préfecture de Haute-Garonne a précisé son refus :
"- L’offre de prix est notablement inférieure à l’estimation domaniale,
- Les modalités de paiement proposées ne correspondent pas au cahier des charges,
- Le candidat subordonne son offre à la réalisation de certaines conditions suspensives qui n’étaient pas prévues au cahier des charges.

Par ailleurs, la structure qui se porte acquéreur n’a pas la taille financière compatible avec l’ampleur du projet, et aucun engagement ferme de partenariat n’est apporté."

Les studios, selon le dossier, pouvaient créer 5 000 emplois directs, avec le soutien du premier exploitant américain, Raleigh (dont les structures accueillent les tournages des deux suites d'Avatar).

La préfecture a donc écouté l'avis des sceptiques et les contestataires : il est vrai qu'avec l'ouverture de la Cité du cinéma près de Paris, le développement de studios à Lyon, Marseille, en plus de ceux existants dans le Grand Paris ou près de Nice, le marché semblait déjà un peu saturé. Au niveau européen, la concurrence est encore plus rude, notamment avec les installations britanniques ou celles en Europe centrale. Ceux de Valence en Espagne sont en faillite, et les célèbres studios de Cinecitta à Rome sont en péril.

Un nouvel appel d'offre sera lancé pour déterminer ce que deviendra cette base aéronautique.

Les Studios Raleigh mettent la pression sur l’Etat français pour leur projet toulousain

Posté par vincy, le 2 février 2012

Michael Moore (rien à voir avec le documentariste) met la pression sur l'Etat français pour réaliser son projet d'installer des studios de cinéma à Cugnaux, près de Toulouse (voir notre article du 20 juin 2011). Car il ne manque que ce feu vert pour enclencher les opérations.

Le président des Studios Raleigh a présenté mardi dernier son projet - 100 millions d'euros d'investissements - et espère une réponse très rapide, avant que l'élection présidentielle ne paralyse toute prise de décision. Burno Ganja, son mandataire français, ajoute que "le patron de Raleigh veut savoir si oui ou non les décideurs économiques, les personnalités politiques et institutionnelles de la région, sont prêts à se mobiliser pour la réussite de ce projet."

Ne croyons pas que monsieur Moore soit impatient : depuis juin, il patiente et défend son projet auprès des collectivités et du préfet. 2 à 3 mille emplois pourraient être créés sur l'ancienne base militaire de Francazal.

Un "projet extraordinaire"

Le préfet du département, Henri-Michel Comet, réunira mardi prochain un comité de pilotage avec les élus concernés. Il ne manque en effet que la décision de l'Etat, propriétaire de la base militaire qui doit être reconvertie, pour lancer les travaux. Les Studios Raleigh assurent que tout est prêt : plan du site, modèle économique (rentable), ...  Les élus semblent emballés. le Maire de Cugnaux évoque un "projet extraordinaire". Il précise : "je peux dire qu'il ne lui manque que la signature de l'État pour s'accomplir. Des solutions administratives existent qui offrent un cadre juridique sécurisé pour les deux parties. Je pense, en particulier, au principe de l'autorisation d'occupation temporaire (AOT) que j'encourage les services de la préfecture à examiner."

Mais l'Etat avait d'autres projets, contrariés par cette proposition : un aérodrome d'affaires et une zone d'activité économique dédiée à l'industrie aéronautique dont dépend (sans doute de façon trop hégémonique) l'agglomération toulousaine).

Le projet des Studios Raleigh permet une diversification économique salutaire pour cette région. Un développement assez logique dans la ville qui possède la deuxième cinémathèque de France.

Des studios pour des productions françaises et européennes

L'Etat a été contraint de s'intéresser au dossier, tout en imposant ses conditions : seulement 45 des 300 hectares demandés seront dévolus au projet, qui a du sacrifier des hangars plus vastes pour sauver son modèle économique (une partie des terrains va être occupé par un hôtel notamment). Le Maire de Toulouse exige que le projet soit économiquement viable et ne remette pas en question la stratégie industrielle autour de l'aéronautique de l'agglomération.

Michael Moore a indiqué dans un entretien au quotidien régional La dépêche du midi que son "but est de créer ici les meilleures installations professionnelles pour permettre aux réalisateurs français et européens de travailler dans d'excellentes conditions." Il ajoute : "Nous serons en mesure de répondre à l'ensemble de la demande : production de téléfilms, productions et coproductions françaises et européennes."

Mais après les nouveaux studios de Marseille, La Rochelle, Lyon et bientôt ceux de Luc Besson à Saint-Denis, Toulouse peut-elle s'imposer dans un jeu de plus en plus concurrentiel ?

L'aménagement de la zone de Francazal fera l'objet d'un appel à projet qui débutera dans le courant du premier semestre 2012 pour s'achever à la fin de l'année.

Un studio hollywoodien veut s’installer près de Toulouse

Posté par vincy, le 20 juin 2011

Un grand nom anonyme d'Hollywood. Une base militaire désaffectée près de Toulouse. Un futur studio de cinéma?

Depuis quelques jours, l'information (assez floue) agite élus locaux, professionnels de la profession et médias. Une compagnie américaine à proposer de reconvertir les 200 hectares de la base aérienne de Francazal pour en faire un studio de production audiovisuelle. Une piste pour les avions amenant les stars, des hangars idéaux pour en faire des plateaux, à mi chemin du Massif Central, des Pyrénées, de la mer Méditerranée et de l'Océan Atlantique. 80 millions d'euros d'investissement, 6 000 emplois à la clé.

On ne sait pas grand chose du nom hollywoodien. Tout juste qu'il possède des studios en Hongrie. Raleigh studios vient d'y ouvrir un lieu de production sur un terrain de 18 hectares (600 millions d'euros). Cette société basée à Los Angeles et possède des studios à Hollywood, Manhattan beach, Playa Vista (tous trois dans les environs de Los Angeles), à Baton-Rouge (Louisiane), Atlanta et Detroit (voir leur site internet).

La décision finale appartient à présent à l'Etat,  propriétaire de la base désaffectée depuis août 2010. La base de Francazal a été inaugurée en 1923, et elle était l'aéroport de Toulouse jusqu'à la seconde guerre-mondiale. La préfecture du département et la communauté urbaine de Toulouse (la base s'étend sur trois communes) confirment l'existence du projet. Il y aurait d'autres offres pour la reconversion de la base et le studio lui-même avoue qu'il a un plan B (à Singapour) s'il ne l'emporte pas. Les Américains ne cachent pas que la notion de réactivité est différente entre leurs besoins et le rythme français. Les premiers veulent commencer les tournages en 2013. Les seconds ne pensent pas prendre de décisions avant 2012.

La base de Francazal est, par ailleurs, au coeur d'une polémique locale : la transformation de la base en aéroport d'affaires, voire en aéroport bis de Toulouse (l'actuel commence à saturer). La situation est délicate, d'autant que des engagements avec des sociétés aéronautiques ont déjà été prises. Mais l'arrivée d'un projet alternatif qui n'a rien à voir avec le secteur aéronautique permettrait de calmer les riverains, hostiles aux va-et-viens d'avions.

L'attrait d'un studio n'est pas négligeable : diversification économique, retombées financières et sociales, impact médiatique et touristique...

Francazal future Babelsberg? Cinecitta en Midi-Pyrénnées? Pinewood sur Garonne? Le studio américain qui se lance dans ce pari fou qui inclut également une école du cinéma et une base de travail et de diffusion du célèbre Cirque du Soleil, selon les mandataires français.

L'idée a vite remportée de nombreux suffrages, au niveau de l'Etat comme au niveau local. Un bémol et de taille : "La présence d'une piste dédiée à l'aviation d'affaires va très bien avec le cinéma: je suis sûr qu'il n'y aura pas d'implantation de cinéma de façon importante, si ce n'est à côté d'une piste. L'industrie cinématographique est grosse utilisatrice d'avions taxi et d'avions d'affaires", a déclaré M. Gandil, directeur général de l'aviation civile (DGAC) à l'AFP. La préfecture de Haute-Garonne a souligné que les Américains ne pourraient de toute façon pas occuper la totalité des 300 hectares de la base, sa piste et ses hangars, mais devraient se contenter des 45 hectares où vivaient les militaires et cohabiter avec l'aviation d'affaires. Les riverains et écologistes de la région considèrent que le maintien de l'activité aéronautique est un non sens alors que Toulouse sera à 3 heures de TGV de Paris en 2020.