Les César 2018 vivent à 120 battements par minute

Posté par vincy, le 2 mars 2018

120 battements par minute (6, dont meilleur film et meilleur scénario), Au revoir là-haut (5, dont la réalisation et l'adaptation) et Petit Paysan (3), dont le premier film et le meilleur acteur) dominent le palmarès. Le sens de la fête repart bredouille. Tout comme Grave. Barbara repart avec deux prix dont celui de la meilleure actrice. Un saupoudrage inégal qui, malgré tout, fait apparaître le Festival de Cannes comme le grand vainqueur de la cérémonie avec 12 prix cumulés (120 battements par minute, Barbara, Faute d'amour et Petit paysan) parmi les lauréats.

On reconnaîtra un grand renouveau dans les choix et quelques prix inattendus. Même la vétéran Jeanne Balibar était nommée pour la première fois. Swann Arlaud était le plus jeune des nommés parmi les meilleurs acteurs. Sara Giraudeau et Antoine Reinartz n'étaient clairement pas les plus connus (mais leur prix est amplement mérité). Les multi-casquettes Campillo et Dupontel sont multi-récompensés: c'est aussi la preuve d'un respect pour des cinémas au ton singulier, très personnel, malgré l'aspect opératique de leurs films.

Finalement c'est Jeanne Balibar qui a eu la phrase juste: "Faire un film de barges, et non pas suivre un cahier des charges, c'est-à-dire faire du cinéma!" C'est assez bien résumer la soirée côté primés. Côté cérémonie, on regrettera qu'hormis quelques jolis moments d'humour décalé, ça n'ait pas été assez "barge".

Hommages: Jeanne Moreau (par Vanessa Paradis) ; Jean Rochefort (par Guillaume Canet) ; Johnny Hallyday (par Line Renaud et Dany Boon) ; Danielle Darrieux
César d'honneur (remis par Marion Cotillard): Penélope Cruz
Meilleur film: 120 battements par minute
Meilleure réalisation: Albert Dupontel (Au revoir là-haut)
Meilleure actrice: Jeanne Balibar (Barbara)
Meilleur acteur: Swann Arlaud (Petit paysan)
Meilleur second-rôle féminin: Sara Giraudeau (Petit paysan)
Meilleur second-rôle masculin: Antoine Reinartz (120 battements par minute)
Meilleur espoir féminin: Camélia Jordana (Le brio)
Meilleur espoir masculin: Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute)
Meilleur film étranger: Faute d'amour (Loveless) d'Andreï Zviaguintsev
Meilleur premier film: Petit paysan de Hubert Charuel
Meilleur documentaire: I am not your Negro de Raoul Peck
Meilleur film d'animation (long métrage): Le grand méchant renard et autres contes de Benjamin Renner et Patrick Imbert
Meilleur film d'animation (court métrage): Pépé le morse de Lucrèce Andreae
Meilleur court-métrage: Les bigorneaux d'Alice Vial
César du public: Raid Dingue de Dany Boon
Meilleur scénario original: Robin Campillo (120 battements par minute)
Meilleure adaptation: Albert Dupontel, Pierre Lemaitre (Au revoir là-haut)
Meilleure musique: Arnaud Rebotini (120 battements par minute)
Meilleure photo: Vincent Mathias (Au revoir là-haut)
Meilleur montage: Robin Campillo (120 battements par minute)
Meilleur son: Olivier Mauvezin, Nicolas Moreau, Stéphane Thiébaut (Barbara)
Meilleurs décors: Pierre Quefféléan (Au revoir là-haut)
Meilleurs costumes: Mimi Lempicka (Au revoir là-haut)

Edito: quand nos César font Boon

Posté par redaction, le 1 février 2018

Les César créent un nouveau prix: le César du public. En 2009, Dany Boon avait réussi un bad buzz autour de la cérémonie en faisant un esclandre parce que son film Bienvenue chez les Ch'tis, le plus gros succès français dans les salles, n'avait reçu qu'une nomination (dans la catégorie scénario). Ce n'est pas injuste, contrairement à ce qu'il pensait: le film n'est pas une grande œuvre de cinéma. C'est un film populaire, culte, drôle pour beaucoup, pas drôle pour certains (l'humour est une denrée si subjective). Or les César, normalement, se doivent de récompenser la qualité sans se soucier du public.

Certes, les films populaires ne sont pas souvent représentés aux César. Mais ils ne le sont pas plus aux Oscars. Hormis Dunkerque et Get Out, cette année, aucun nommé aux Oscars cette année n'a dépassé les 100M$ de recettes. Les quatre récents vainqueurs de l'Oscar du meilleur film n'ont pas franchi la barre des 60M$. A l'inverse on peut aussi dire que les César ont récompensé de nombreux films populaires: 3 des lauréats ont attiré plus de 5 millions de spectateurs, 9 d'entre eux ont séduit plus de 3 millions de spectateurs, et 8 autres ont fait plus de 2 millions d'entrées. En fait, les César ont rarement récompensé un film d'auteur qui n'a pas trouvé son public (seulement 4 lauréats n'ont pas rassemblé plus de 700000 spectateurs).

En 2009, Dany Boon avait pourtant proposé de créer un César de la comédie. C'était un non-sens. D'une part, un film populaire n'est pas forcément une comédie. Ensuite, comment définit-on la comédie? D'ailleurs, même si la catégorie existe aux Golden Globes, elle est sujette à controverse: Jordan Peele, réalisateur de Get Out, avait milité pour que son film soit catégorisé en drame (finalement il a été placé du côté des comédies et musicals). Et prenons comme exemple Trois hommes et un couffin ou Le fabuleux destin d'Amélie Poulain : est-ce que ces films populaires et césarisés auraient été qualifiés de comédie? Enfin, ces dernières années, la comédie n'a pas été oubliée par les César. Dans la catégorie meilleur film, en prenant le genre au sens large, on note la présence parmi les nommés de Persépolis, de Paris, du Premier jour du reste de ta vie, de Mammuth, du Nom des gens, de L'Arnacœur, de The Artist, d'Intouchables, de Camille redouble, des Garçons et Guillaume à table!, du Prénom, de La famille Bélier, de Victoria, de Ma Loute et cette année du Brio et du Sens de la fête.

Alors on a créé un César du public. On ne conteste pas le principe d'un prix du public. C'est juste un César sur mesure pour des films qui n'ont pas retenu l'attention des professionnels. On peut gloser année après année sur les aberrations ou les oublis des listes de nommés. On peut être étonnés de certains films surestimés ou manqués. Personne ne reprochera aux votants d'avoir zappé Alibi.com, Santa et cie, Epouse-moi mon pote etc... Le César du public est en fait un prix honorifique. C'est là qu'il y a un sérieux malentendu. Le Film Français décerne déjà chaque année ses trophées pour les films ayant fait le plus d'entrées (français, étranger, premier film). Le résultat est objectif, chiffré, économique. C'est le principe même d'un trophée professionnel.

Or c'est exactement ce que va reproduire l'Académie: le prix du film français ayant fait le plus d'entrées. Un César connu d'avance (ou presque) comme le César d'honneur. Ce n'est donc pas un César du public, mais un César du box office (ce que les prix québécois, les Iris, ex-Jutra, faisaient par exemple avec le "Billet d'or"). Officiellement c'est d'ailleurs le César des Entrées (article 2 du règlement).

Les César auraient du faire comme pour les Victoires ou les European Film Awards: un vrai prix du public, où, par exemple, les Français auraient été invités à voter pour l'un des cinq films ayant été les plus vus dans l'année. Non, ils ont décidé de ne pas miser sur l'appréciation ou la popularité mais sur la quantité de tickets vendus. Car après tout qui nous dit que Raid Dingue (4,6 millions d'entrées) ait davantage plus au public que Valérian (4 millions), Alibi.com (3,6 millions), Le sens de la fête (3 millions) ou Epouse-moi mon pote (2,5 millions). Un vote par sms aurait été générateur de recettes, qui plus est, en plus de créer éventuellement une surprise. Comme pour les télé crochets. Quand bien-même, les votants n'auraient pas vu le film, ils auraient choisi un réalisateur ou une star qu'ils aiment.

La soirée des César est plutôt un drame qu'une comédie

On comprend bien que les organisateurs veulent redynamiser cette cérémonie qui ne parvient plus à drainer de larges audiences et se prend des critiques et des trolls à longueur de soirée. Même l'Eurovision est mieux respectée. Mais rien n'empêche les César de changer son format, ses invités, l'écriture des sketches. Les Oscars l'ont bien compris en se réjouissant systématiquement d'avoir un super-héros ou une légende vivante sur son tapis rouge pour annoncer un lauréat. C'est une grande fête du cinéma, où comiques de télé et têtes d'affiche de blockbusters, lauréats de la précédente année et Oscars d'antan, sont réunis le temps d'une nuit. Le cinéma français a la chance d'être varié. Les César sont l'occasion de valoriser cette diversité. C'est souvent ce qui manque, cette loyauté envers les professionnels de la profession, en plus d'uniformiser la cérémonie avec des textes souvent plats ou qui cherchent à être drôles. Les César n'ont pas le sens de la fête et on comprend bien tout le drame quand on les regarde: ce n'est vraiment pas une comédie.

Aussi espèrent-ils le 2 mars s'offrir un moment populaire et comique en récompensant le film le plus vu de l'année. A priori c'est Raid Dingue de et avec Dany Boon. Manière de répondre à son esclandre d'il y a 9 ans. Il pourra troquer son survêtement contre un costard. Cela lui fera une belle pub pour son nouveau film, sorti une semaine avant. Le suspens est tué. mais ce n'est pas grave. Sauf que.

Ironie de l'histoire, les règles de ce nouveau prix ne sont pas les mêmes règles que pour les autres films. Les César récompensent tous les films sortis du 1er janvier au 31 décembre de l'année. Le César des Entrées "peut être décerné chaque année, au film occupant la première place du box-office France (les chiffres étant arrêtés à minuit le mardi précédant la Cérémonie), parmi tous les films de long métrage admis à concourir pour le « César du Meilleur Film ». Tout arbitrage sera effectué sur le nombre d’entrées comptabilisées par la CNC au terme de la huitième semaine d’exploitation de chaque film."

Soit un film sorti du 1er janvier à fin février de l'année suivante. Et le chiffre qui sert de référence ne sera pas le résultat final mais celui enregistré deux mois après sa sortie. Raid Dingue a alors attiré 4 523 888 spectateurs en 8 semaines. Il faudra donc que son seul concurrent, Les Tuche 3, 12e meilleur premier jour français hier, loin devant Raid dingue l'an dernier, fasse mieux en un mois, pour obtenir ce nouveau César.

Ce serait alors l'humiliation suprême: que ce César fait pour Boon revienne aux Tuche. Dans tous les cas ce sera un Ch'ti et un humour à base d'accents au régime frites qui monteront sur scène: Boon est d'Armentières et Rouve de Dunkerque.

César 2018: 120 battements par minute, des premiers films au top et un César du public

Posté par vincy, le 31 janvier 2018

La 43e cérémonie des César, qui aura lieu le 2 mars, a dévoilé finalement ses nominations ce mercredi 31 janvier. Sous le regard de Jeanne Moreau, avec Vanessa Paradis pour ouvrir le cinéma, Penélope Cruz en invitée d'honneur, et Manu Payet en maître de cérémonie, la prochaine cérémonie sera certainement l'occasion d'un sacre: celui de 120 battements par minute. Le film récolte 13 nominations, devant Au revoir là-haut (12), Le sens de la fête (10), Barbara et Petit paysan (8), Grave (6), Les gardiennes et Patients (4).

Mais signalons quand même la très belle place de la comédie cette année dans les nominations, qui, avouons-le, souligne aussi le manque de grands films du cinéma français cette année. Autre remarque; la présence de deux premiers films dans la catégorie suprême (Patients, Petit paysan), par ailleurs aussi nommés dans la catégorie meilleur premier film. Au moins, il y a de la fraîcheur dans l'air...

Dans la catégorie meilleur réalisateur, on notera d'ailleurs que la seule femme nommée est aussi l'auteure d'un premier film (qui plus est de genre). Rappelons que depuis un an, le César du meilleur réalisateur et le César du meilleur film ne peuvent pas revenir à la même œuvre.

On notera aussi que Laetitia Dosh, dont Jeune femme est le 8e film, n'est nommée qu'en espoir, tandis que Doria Tiller, dont c'est le premier film, a les honneurs de la catégorie actrice. De même L'échange des princesses, coproduction franco-belge, en français, adaptée d'un roman français, avec un casting essentiellement français, est retenu en film étranger. Question de règles.

Il y a aussi quelques oublis: Félicité d'Alain Gomis (pourtant à Grand prix du jury à Berlin), Emilie Dequenne (Chez nous), Sandrine Bonnaire (Prendre le large) et Céline Sallette (Corporate) côté actrices, Ava en premier film, Makala en documentaire, Moonlight, L'autre côté de l'espoir, Un homme intègre, Une femme fantastique ou encore You were never really here en film étranger, Guédiguian et sa Villa, Desplechin et ses Fantômes d'Israël et Bruno Dumont pour sa Jeannette complètement zappés, Jean-Louis Trintignant et Fantine Harduin pour Happy End, Les grands esprits et Ôtez-moi d'un doute (scénario)...

Côté distributeurs, Gaumont domine largement la fournée annuelle avec 36 nominations, devant Memento (14), Pathé (13), Pyramide (11), Studiocanal (8) e Wild Bunch (7).

Les César créent aussi à partir de cette année le César du public qui récompense le film ayant fait le plus d'entrées. Il sera remis au film français sorti en 2017 ayant réalisé le plus d'entrées (jusqu'au 27 février 2018). Pour l'instant c'est Raid dingue de Dany Boon qui domine le classement avec 4570887 entrées.

Meilleur film
120 battements par minute de Robin Campillo
Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
Barbara de Mathieu Amalric
Le Brio de Yvan Attal
Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan de Hubert Charuel
Le sens de la fête de Eric Tolédano et Olivier Nakache

Meilleur réalisateur
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Albert Dupontel pour Au revoir là-haut
Mathieu Amalric pour Barbara
Julia Ducournau pour Grave
Hubert Charuel pour Petit Paysan
Michel Hazanavicius pour Le redoutable
Eric Tolédano, Olivier Nakache pour Le sens de la fête

Meilleure actrice
Jeanne Balibar dans Barbara
Juliette Binoche dans Un beau soleil intérieur
Emmanuelle Devos dans Numéro une
Marina Fois dans L’atelier
Charlotte Gainsbourg dans La promesse de l’aube
Doria Tiller dans Monsieur et madame Adelman
Karin Viard dans Jalouse

Meilleur acteur
Swan Arlaud dans Petit paysan
Daniel Autueil dans Le brio
Jean-Piere Bacri dans Le sens de la fête
Guillaume Canet dans Rock’n’roll
Albert Dupontel dans Au revoir là-haut
Louis Garrel dans Le redoutable
Reda Kateb dans Django

Meilleure actrice dans un second rôle
Laure Calamy dans Ava
Anaïs Demoustier dans La villa
Sara Giraudeau dans Petit Paysan
Adèle Haenel dans 120 battements par minute
Mélanie Thierry dans Au revoir là-haut

Meilleur acteur dans un second rôle
Niels Arestrup dans Au revoir Là-haut
Laurent Lafitte dans Au revoir là-haut
Gilles Lellouche dans Le sens de la fête
Vincent Macaigne dans Le sens de la fête
Antoine Reinartz dans 120 battements par minute

Meilleur espoir féminin
Iris Bry dans Les gardiennes
Laetitia Dosh dans Jeune femme
Eye Haidera dans Le sens de la fête
Camelia Jordana dans Le Brio
Garance Marillier dans Grave

Meilleur espoir masculin
Benjamin Lavernhe dans Le sens de la fête
Finnegan Olfield dans Marvin ou la belle éducation
Pablo Pauly dans Patients
Nahuel Perez Biscayart dans 120 battements par minute
Arnaud Valois dans 120 battements par minute

Meilleur film d'animation
Longs métrages
Le grand méchant renard et autres contes de Benjamin Renner, Patrick Imbert
Sahara de Pierre Coré
Zombillénium de Arthur de Pins, Alexis Ducord
Courts métrages
Le futur sera chauve de Paul Caron
I’m want pluto to be a planet again de Marie amachoukeli, Vladimir Mavounia-Kouka
Le jardin de minuit de Benoït Chieux
Pépé le Morse de Lucrèce Andreae

Meilleur premier film
Grave de Julia Ducournau
Jeune Femme de Léonor Séraille
Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos
Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan de Hubert Charuel

Meilleur film documentaire
12 jours de Raymond Depardon
A voix haute la force de la parole de Stéphane de Freitas et Ladj Ly
Carré 35 d’Eric Caravaca
Visages, Villages d’Agnès Varda et JR
I’m not your negro de Raoul Peck

Meilleur film étranger
Le Caire confidentiel de Traik Saleh
Dunkerque de Christopher Nolan
L’échange des princesses de Marc Dugain
Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev
La La land de Damien Chazelle
Noces de Stephan Streker
The Square de Ruben Ostlund

Meilleure musique originale
Arnaud Rebotini pour 120 battements par minutes
Christophe Julien pour Au revoir là-Haut
Jim Williams pour Grave
Myd pour Petit paysan
Matthieu Chedid pour Visages, Villages

Meilleur court métrage
Les bigorneaux de Alice Vial
Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Jozsa Anjembe
Debout Kinshasa ! de Sébastien Maitre
Marlon de Jessica Palud
Les misérables de Ladj Ly

Meilleur scénario original
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Mathieu Amalric et Philippe di Folco pour Barbara
Claude Le Pape et Hubert Charuel pour Petit paysan
Julia Ducournau pour Grave
Eric Tolédano, Olivier Nakache pour Le sens de la fête

Meilleure adaptation
Albert Dupontel et Pierre Lemaître pour Au revoir là-haut
Xavier Beauvois, Frédérique Moreau et Marie-Julie Maille pour Les gardiennes
Grand corps malade et Fadette Drouard pour Patients
Eric Barbier et Marie Eynard pour La promesse de l’aube
Michel Hazanavicius pour Le redoutable

Meilleure photographie
Jeanne Lapoirie pour 120 battements par minute
Vincent Mathias pour Au revoir là-haut
Christophe Beaucarne pour Barbara
Caroline Champetier pour Les gardiennes
Guillaume Schiffman pour Le redoutable

Meilleurs costumes
Isabelle Pannetier pour 120 battements par minute
Mimi Lempicka pour Au revoir là-haut
Pascaline Chavanne pour Barbara
Anaïs Romand pour Les gardiennes
Catherine Bouchard pour La promesse de l’aube

Meilleurs décors
Emmanuelle Duplay pour 120 battements par minutes
Pierre Quefféléan pour Au revoir là-haut
Laurent Baude pour Barbara
Pierre Renson pour La promesse de l’aube
Christian Marti pour Le redoutable

Meilleur son
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Christophe Pinel pour Au revoir là-haut
François Gédigier pour Barbara
Julie Lena, Lilian Corbeille, Grégoire Pontecaille pour Petit Paysan
Dorian Rigal Ansous pour Le sens de la fête

Meilleur montage
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Christophe Pinel pour Au revoir là-haut
François Gédigier pour Barbara
Julie Lena, Lilian Corbeille, Grégoire Pontecaille pour Petit Paysan
Dorian Rigal Ansous pour Le sens de la fête

2017 dans le rétro: 7 leçons à retenir du box office

Posté par vincy, le 27 décembre 2017

La fréquentation est plutôt stable un peu partout dans le monde. Même si ce n'est pas une année portée par un record ou un phénomène, le cinéma continue d'être populaire, une sortie incontournable (pour les jeunes et les seniors essentiellement), et ce malgré le prix du billet qui augmente année après année et la concurrence d'autres loisirs visuels (du smartphone aux jeux vidéos).

Le cinéma d'animation, vecteur fédérateur

Le film d'animation reste le secteur fédérateur par excellence, attirant les enfants et donc les parents. Aux Etats-Unis, le genre s'essouffle un peu cette année, même si 5 films dépassent les 100 millions de dollars. Des deux côtés de l'atlantique en tout cas, Moi, Moche et méchant 3 domine. Ce film franco-américain est le seul à être dans le Top 10 nord-américain et est en position de leader annuel en France en étant d'ailleurs le seul film à avoir séduit plus de 5 millions de spectateurs. Il est aussi le seul film animé à avoir récolté plus d'un milliard de dollars de recettes dans le monde, cap franchi par trois autres films cette année. Même si l'année fut décevante pour Pixar, et même si certains films n'ont pas trouvé leur public à hauteur des attentes, le genre a de beaux jours devant lui puisqu'au niveau mondial 6 films dépassent les 300M$ (dont le japonais Your Name). En France, le cinéma d'animation local a souffert, ne s'imposant qu'avec Sahara (1,1 million d'entrées) et Le grand méchant renard (650000 entrées). Mais les productions américaines continuent de plaire: Baby Boss, Cars 3 et Coco ont franchit la barre des 2 millions de spectateurs.

Les super-héros, un peu moins musclés

Ils sont toujours là, année après année. 2017 n'a pas fait exception. Wonder Woman, Les Gardiens le Galaxie, Spider-Man, Thor, Logan, Justice League squattent la moitié des places du Top 12 américain. Les trois premiers ont même empoché plus de 300M$. Ils étaient 4 l'an dernier. Au niveau mondial, Spider-Man reste le plus populaire (880M$), devant les Gardiens de la Galaxie, Thor et Wonder Woman, tous au dessus des 800M$, tous dans les 10 meilleures recettes de l'année. Mais en 2016 Captain America avait ramassé 1,15 milliard de dollars! Plus nombreux mais moins rentables et un peu moins forts... En France, le genre est populaire mais n'atteint pas le phénomène remarqué ailleurs. Cette année, Les gardiens de la galaxie ont été les seuls à fédérer plus de 3 millions de spectateurs (mais en réalisant un score moindre que le champion de l'an dernier Deadpool). Thor, Spider-Man, Logan et Wonder Woman ont été bimillionnaires. En revanche Justice League a été un échec.

La comédie toujours rentable

C'est le genre qui cartonne partout dans chaque pays, à défaut de savoir s'exporter. Aux Etats-Unis, la seule comédie qui est parvenue à s'offrir un succès est Girls trip (115M$). Année après année, la comédie américaine ne trouve plus son public. Un ou deux films percent miraculeusement depuis 2014. Maintenant l'humour est partout (animation, super-héros, action et même dans Star Wars). Aucune comédie n'a su s'imposer mondialement. A l'inverse, en Europe, cela reste le genre dominant. En France, sur les 16 films millionnaires nationaux, 10 sont des comédies. A commencer par le premier film français de l'année, Raid Dingue (4,6 millions de spectateurs). Dany Boon confirme son statut de star du rire. Mais il est serré de près par le duo Philippe Lacheau/Tarek Boudali, tous deux derrière Alibi.com (3e film français) et Epouse-moi mon pote (5e film français). Les deux films sont surtout les plus rentables de l'année. Parmi les films rentables on retrouve d'autres comédies millionnaires: Il a déjà tes yeux, Le sens de la fête, L'ascension et C'est tout pour moi!. Le grand perdant de l'année, finalement, c'est Kev Adams, qui aligné les bides.

Le chauvinisme, valeur sûre

Le cinéma national reste prépondérant dans des pays comme la Chine, le Japon, la Corée du sud, la France ou les Etats-Unis. Aux USA, hormis les films bollywoodiens ou chinois pour les publics concernés, le seul film en langue étrangère à avoir récolté plus de un million de dollars est le dessin animé Your Name. Les Américains ne vont plus voir de films sous-titrés, et le cinéma étranger devient réservé à quelques villes. En France, temple de la cinéphilie, seulement 6% des entrées concernent un film qui n'est ni américain ni français. Là aussi on constate un désintérêt pour les cinémas d'ailleurs, même quand ils sont récompensés à Cannes ou aux Oscars. Mettons à part Paddington 2 et Big Foot Junior, deux films familiaux européens, le succès étranger le plus populaire de l'année, est un thriller égyptien: Le Caire Condientiel (380000 entrées).
Le spectateur français est chauvin. Quand il n'est pas attiré par les productions hollywoodiennes, il aime les films français: 5 dépassent les 2 millions de spectateurs. 16 sont millionnaires avec l'arrivée en dernière minute du Brio et de Santa & Cie. Les 36 autres sont américains.

Le drame du drame

C'est l'autre enseignement des tendances annuelles. le drame, qu'il soit mélo, spectaculaire ou de genre, fait moins recette. On peut toujours ajouter Logan, avec son aspect western crépusculaire, il n'en reste pas moins qu'hormis Dunkerque, d'un certaine manière Get Out et Split, et bien entendu Wonder, l'année ne fut pas drôle pour les drames. Ce sont aussi les quatre seuls films dramatiques, qui ont réussi à s'exporter. En France, le drame subit aussi un désintérêt. La La Land, Dunkerque et Lion ont trouvé leur public. Au revoir là-haut a limité la casse avec près de 2 millions de spectateurs. Les films familiaux (Un sac de billes, L'école buissonnière) ou Patients (qui ne manque pas d'humour) ont su se frayer un chemin vers le succès. Mais pour beaucoup d'autres, ce fut la déconvenue. Comme la comédie, ça se joue de plus en plus à pile ou face et la rentabilité est aléatoire.

Le film d'auteur en danger

Trop de films? Certes, mais pour être sur de limiter le risque, les distributeurs sont obligés de multiplier les sorties. Près de 20 distributeurs ont ainsi placé leurs espoirs sur plus de dix films chacun cette année. Aujourd'hui le film d'auteur est un succès entre 150000 et 50000 entrées, quand avant on s'enthousiasmait dès que l'un d'eux passait le million et que la norme était entre 500000 et 1 million. Cette année, mis à part La La Land, Dunkerque et Au revoir là-haut bénéficiant de gros budgets (y compris marketing), le film d'auteur est rare au box office. Le film d'art et essai est quasiment inexistant. Pas étonnant alors que le champion annuel soit 120 battements par minute (815000 entrées), loin devant Ôtez-moi d'un doute (680000) et Moonlight (565000). Petit paysan suit avec 515000 entrées. Et ça s'arrête là. Il y a urgence à revoir la manière dont ces films sont promus, y compris à la télévision.

La concentration des pouvoirs

Enfin, c'est une année où tout se fusionne, se concentre, se grossit. Pathé et Gaumont vont devenir un seul réseau. CGR avale Cap' Ciné. La Disney absorbe la Fox. Sans compter les studios qui se piquent leurs décideurs et leurs talents. Les nouveaux ennemis sont pour les circuits comme pour les studios Facebook, Google, Apple, Netflix, Amazon... On réalise bien que cette concentration en amont se déverse aussi en aval. 2017, encore plus que les années précédentes, c'est une histoire de parts de marché. Les films événements (Star Wars, La belle et la bête, Ça, The Fate of the Furious...) focalisent l'attention jusque dans les médias les plus réputés pour leur diversité et leur indépendance. Le public se rue en masse dès les premiers jours pour voir ses films, tuant de facto tous les autres. Aux Etats-Unis, 23 films ont récolté plus de 40 millions de $ (20 en 2016) durant leurs trois premiers jours, parfois en s'octroyant jusqu'à 85% des recettes totales du week end. En France 23 films ont attiré plus de 700000 spectateurs dans les salles en cinq jours, s'accaparant en moyenne 30 à 40% des tickets vendus durant cette période. Cela tue la diversité, et par conséquent la carrière des films fragiles. Il est là aussi urgent que l'on régule l'offre pour ne pas finir avec une distorsion de concurrence fatale.