Cannes 2017: Nos retrouvailles avec John Cameron Mitchell

Posté par vincy, le 21 mai 2017

11 ans que John Cameron Mitchell n'est pas venu fouler les marches cannoises. Certes, l'acteur-auteur-réalisateur est très rare. Pas un seul long métrage depuis Rabbit Hole en 2010. Le film avait révélé Miles Teller et donné l'un des plus beaux rôles à Nicole Kidman. Kidman, justement, est à l'affiche de son nouveau film, How To Talk to Girls at Parties, présenté hors compétition lors de cette 70e édition cannoise. John Cameron Mitchell est à sa place cette année: Cannes a rarement été aussi gay-friendly avec une forte présence de cinéastes ou films gays (Almodovar, Haynes, Téchiné et Nos années folles, 120 battements par minute).

JCM se souvient sans doute de son passage sur la Croisette. C'était avec Shortbus, en séance de minuit. Orgiaque et sexuel, ce décryptage analytique et sensuel des comportements amoureux et attirances charnelles, tous genres et toutes tentations confondues, avait remué les festivaliers. Film culte, Shortbus avait la force d'un film sulfureux, filmé comme une comédie de mœurs classique, banalisant ainsi ce qui aurait pu être subversif voire choquant pour certains.

Quand Cannes sélectionne Shortbus, JCM n'est pas un inconnu. Cinq avant on l'avait découvert au cinéma dans Hedwig and the Angry Inch, où il était tout à la fois acteur, scénariste, réalisateur. Le comédien fut nommé aux Golden Globes, le réalisateur fut couronné par un Teddy Award au Festival de Berlin, trois prix (Grand prix, prix de la critique, prix CinéLive) à Deauville, sacré à Sundance avec le prix de la mise en scène et le prix du public.

Pourtant l'artiste de 54 ans, à l'allure d'éternel jeune homme, a du surmonter pas mal d'obstacles pour en arriver là. Fils de militaire, à l'éducation catho assez stricte, il a transgressé un à un tous les tabous qui l'empêchaient de s'épanouir. Son premier rôle sur scène, à l'age de 11 ans, était la Vierge Marie dans un musical sur la nativité. Très vite, il a aimé la scène. A 22 ans, il décroche son premier rôle pro dans une comédie musicale. Rapidement, il se fait une jolie réputation dans le milieu théâtral new yorkais. On le croise aussi dans quelques épisodes de séries TV et en acteur auditionnant pour un film porno dans Girl 6 de Spike Lee. On l'entend donner sa voix à un kangourou dans une pub pour des cookies. Il est même du casting d'une sitcom (Party Girl). Faut bien remplir le frigo.

Sa vie change en 1998 lorsqu'il écrit une comédie musicale off-Broadway, sur une vedette de rock transsexuelle est-allemande poursuivant son ex-amant parce qu'il plagie ses chansons. Il fera d'Hedwig un phénomène de la scène new yorkaise (qui sera remonté plusieurs fois ces vingt dernières années, dont la dernière version, avec Neil Patrick Harris a remporté 4 Tony Awards) et qu'il adaptera au cinéma. John Cameron Mitchell est Hedwig.

Définitivement le plus queer des cinéastes américains, il s'aventure aussi dans le clip vidéo pour les discos-pop Scissor Sisters (clip censuré aux USA à cause de son contenu fortement sexuel) et la publicité en réalisant quelques courts pour Dior, avec Marion Cotillard et Jude Law en égéries, ou Agent provocateur. Entre deux films qu'il réalise, il retrouve son métier de comédien (les séries "Girls" et "Vinyl" où il incarne Andy Warhol). Les stars, il n'a pas envie de courir après, mais son style singulier séduit les plus affranchies. Nicole Kidman le retrouve ainsi pour la deuxième fois, passant d'une mère endeuillée dans Rabbit Hole à une femme au look punk. C'est l'un de ses trois films à Cannes cette année. Et le deuxième qu'elle partage avec Elle Fanning, avec Les proies.

Politiquement incorrect pour les Etats-Unis, cet héritier de John Waters et de Woody Allen (à ses débuts), du cinéma allemand des années 70 et de Cassavetes, veut réhabiliter la sexualité au cinéma. "Hollywood est trop souvent très timide à propos du sexe, ou alors ils ne savent qu'écrire des blagues d'ados sur le sujet. Le sexe est toujours quelque chose de négatif parce que les gens en ont peur" expliquait-il.

Lui qui a perdu la foi religieuse après les morts de son frère et de son compagnon, n'a pas perdu la foi amoureuse. Comme Hedwig, peut-être qu'il ne peut entrer dans aucune des structures sociales qui existent pour se réconforte. "Hedwig est complètement seule, tout en se rendant compte qu'elle ne veut pas être seule."

Cannes 2014 : Qui est Miles Teller?

Posté par vincy, le 20 mai 2014

miles tellerL'ÉLÈVE DOUÉ

Il a 27 ans. Miles Teller est l'un des espoirs les plus prometteurs du cinéma américain. Avec son allure à la Mitchum, le jeune comédien n'est pas un de ces teenagers "heartthrib" que les studios affectionnent tant pour attirer le jeune public dans les salles. Début 2013, Sundance lui octroie un Prix spécial du jury pour son interprétation dans The Spectacular Now, qu'il partage avec sa partenaire Shailene Woodley (The Descendants, Divergente). Il incarne un jeune homme alcoolique, obsédé par l'absence de son père. En janvier dernier, son film Whiplash remporte le Grand prix du jury à Cannes et débarque sur la Croisette en mai, à la Quinzaine des réalisateurs.

Autant dire qu'au sein du cinéma indépendant, le jeune homme s'est très vite propulser parmi les grands. Fils d'un ingénieur en centrale nucléaire et d'une agent immobilier, avec des origines Russe, Anglaise, Irlandaise, Polonaise et Française, ce garçon du New Jersey qui a grandit en Floride, a d'abord appris la musique (saxophone, batterie). Pas de façon extrême comme dans Whiplash où il tape comme un forcené sur sa batterie pour devenir le meilleur. Il s'intéresse au théâtre dès les années collège.

A 23 ans, il fait ses débuts chez John Cameron Mitchell dans Rabbit Hole. Il y est un adolescent troublé, qui dessine des BD et fréquente la mère de l'enfant qu'il a tué accidentellement. Comme ile le dit, "Rabbit Hole m'a donné une bonne approche du jeu dans le cinéma". Il sait aussi danser, faire des claquettes et chanter. Il reprend son rôle de Willard créé sur scène pour la version cinéma de Footloose, le remake. On l'aperçoit dans Projet X, le film déjanté d'une génération paumé. Après The Spectacular Now, il enchaîne les tournages. Il devient le meilleur ami de Zac Efron dans That Awkward Moment, comédie décalée sortie au début de l'année puis retrouve Shailene Woodley dans Divergente, carton en salles. Il a deux films en boîte (Get a Job, Two Night Stand). Doué pour la comédie, doué pour le drame, à l'aise partout.

Pour Whiplash, de Damien Chazelle, il se donne à fond. Impressionne la critique. Délivre une performance rare qui dévoile tout le potentiel du comédien.

Les studios ne s'y trompent pas. On lui propose le rôle de Dan Aykroyd dans le biopic sur John Belushi et le personnage de Mister Fantastic dans le reboot des Quatre Fantastiques. Pourtant, il l'avoue lui-même : "Honnêtement je ne suis pas un grand fan de blockbusters. Les seuls que je possède ce sont les trois premiers Indiana Jones." Mais l'idée de jouer un super-héros, ne serait-ce que pour le gros cachet qui va avec, le tentait beaucoup... Mais pas seulement. Il est ne quête de crédibilité et de respectabilité. Il ne cache pas ses ambitions : "J'en ai toujours eu. Je voulais aller à l'université. Je pouvais faire la fête, mais il fallait que j'ai les meilleures notes."

Les Independent Spirit Awards 2011 s’offrent Hollywood (et deux films français)

Posté par vincy, le 1 décembre 2010

Mc Hale, Mendès, Renner ont présenté les nominations

Winter's Bone part grand favori de la cérémonie des Independant Spirit Awards, les Oscars du cinéma inédpendant américain. Avec 7 nominations, l'histoire d'une jeune fille tentant de sauver une famille en désintégration, avec un père dealer de drogue, le drame de Debra Granik, déjà couronné par les Gotham Awards, deux prix au Festival de Berlin, deux autres à celui de Seattle et surtout le Grand Prix du jury à Sundance, devient un concurrent sérieux pour les Oscars. Il sort en France le 2 mars prochain.

Autre film qui pourrait s'inviter aux Oscars, le nouveau Darren Aronofsky, Black Swan. Il est cité cinq fois. Juste devant trois autres productions qui se partagent quatre nominations chacun : la comédie dramatique homoparentale The Kids are All Right, le nouveau John Cameron Mitchell, Rabbit Hole, et le dépressif Greenberg, avec Ben Stiller.

Mais il faut aussi noter la présence du dernier Danny Boyle, 127 heures, qui fait sensation dans les salles par son réalisme horrifique.

En fait, les Spirit Awards, qui seront décernés la veille des Oscars, le 26 février, se payent un casting de choc avec la présence de nombreuses stars hollywoodiennes. De quoi intéresser les médias et voler la vedette à la vénérable statuette convoitée par tous : James Franco (présentateur des Oscars, par ailleurs, Ben Stiller, John C. Reilly, Annette Bening, Nicole Kidman, Natalie Portman, Michelle Williams, Samuel L. Jackson, Bill Murray, Mark Ruffalo, Naomi Watts ... Le tapis rouge va voir défiler un nombre impressionnant de vedettes confirmées. Cela démontre que le cinéma indépendant séduit de plus en plus les comédiens "installés", et en creux que le cinéma des studios proposent de moins en moins de rôles et de scénarios intéressants. La frontière entre les deux catégories a implosé.

Enfin, remarquons que, dans la catégorie du meilleur film étranger, la Palme d'or cannoise, Oncle Boonmee, sera en concurrence avec le Grand prix du jury, Des hommes et des Dieux. De même ils seront rivaux d'un autre favori pour les Oscars, The King's Speech, et d'un autre film français, Mademoiselle Chambon, dont le charme semble avoir traversé l'océan.

Les nominations :

Meilleur film : 127 heures ; Black Swan ; Greenberg ; The Kids are all right ! ; Winter's Bone

Meilleur réalisateur : Darren Aronofsky (Black Swan) ; Danny Boyle; (127 Hours) ; Lisa Cholodenko (The Kids Are All Right) ; Debra Granik (Winter's Bone) ; John Cameron Mitchell (Rabbit Hole)

Meilleur acteur : Ronald Bronstein (Daddy Longlegs) ; Aaron Eckhart (Rabbit Hole) ; James Franco (127 Hours) ; John C. Reilly (Cyrus) ; Ben Stiller (Greenberg)

Meilleure actrice : Annette Bening (The Kids Are All Right) ; Greta Gerwig (Greenberg) ; Nicole Kidman (Rabbit Hole) ; Jennifer Lawrence (Winter's Bone) ; Natalie Portman (Black Swan) ; Michelle Williams ( Blue Valentine)

Meilleur second rôle masculin : John Hawkes (Winter's Bone) ; Samuel L. Jackson (Mother and Child) ; Bill Murray (Get Low) ; John Ortiz (Jack Goes Boating) ; Mark Ruffalo (The Kids Are All Right)

Meilleur second rôle féminin : Ashley Bell (The Last Exorcism) ; Dale Dickey (Winter's Bone) ; Allison Janney (Life During Wartime) ; Daphne Rubin-Vega (Jack Goes Boating) ; Naomi Watts (Mother and Child)

Meilleur scénario : The Kids Are All Right ; Winter's Bone ; Please Give ; Rabbit Hole ; Life During Wartime

Meilleur premier film : Everything Strange and New ; Get Low ; Night Catches Us ; The Last Exorcism ; Tiny Furniture

Meilleur premier scénario : Obselidia ; Tiny Furniture ; Lovely, Still ; Jack Goes Boating ; Monogamy

Prix John Cassavetes (film dont le budget est inférieur à 500 000 $) : Daddy Longlegs ;  Lbs. ; Lovers of Hate ; Obselidia ; The Exploding Girl

Meilleure image : Never Let Me Go ; Black Swan ; Tiny Furniture ; Winter's Bone ; Greenberg

Meilleure documentaire :  Exit Through the Gift Shop ; Marwencol ; Restrepo ; Sweetgrass ; Thunder Soul

Meilleur film étranger : Kisses (Irlande) ; Mademoiselle Chambon (France) ; Des Hommes et des Dieux (France) ; The King's Speech (Royaume Uni) ; Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures (Thaïlande)

Prix Acura du cinéaste de demain : Hossein Keshavarz (Dog Sweat ; Laurel Nakadate (The Wolf Knife) ; Mike Ott (Littlerock)

Prix Piaget du meilleur producteur : In-Ah Lee (Au Revoir Taipei) ; Adele Romanski (The Myth of the American Sleepover) ; Anish Savjani (Meek's Cutoff)

Prix Aveeno du documentariste de demain : Ilisa Barbash, Lucien Castaing-Taylor (Sweetgrass) ; Jeff Malmberg (Marwencol) ; Lynn True, Nelson Walker (Summer Pasture)

Prix Robert Altman (réalisateur, directeur de casting et l'ensemble du casting) : Please Give, de Nicole Holofcener, avec Ann Guilbert, Rebecca Hall, Catherine Keener, Amanda Peet, Oliver Platt, Lois Smith, Sarah Steele