Paramount trouve un accord financier avec Tom Cruise pour le 6e épisode de Mission:Impossible

Posté par vincy, le 21 septembre 2016


Tout était calé. Dès la sortie de Mission Impossible : Rogue Nation, Tom Cruise et son réalisateur Christopher McQuarrie avaient confirmé le tournage dès l'été 2016 pour une sortie en 2017) du sixième film de la franchise M:I, lancée il y a 20 ans. Paramount sautait de joie à travers un communiqué qui rassurait les investisseurs. Le studio compte peu de franchises: Star Trek, Lara Croft (qu'il reboote), les Jack Ryan (dont le reboot n'a pas fait fonctionné), Indiana Jones et Transformers. Mission:Impossible est l'une de ses plus performantes avec 927M$ de recettes en Amérique du nord et 1,78 milliard de $ de recettes dans le reste du monde. Le cinquième film a assuré à lui seul 613M$ de recettes dans le monde. En France, Ethan Hunt a attiré 15 millions de spectateurs dans les salles.

Autant dire qu'une telle pépite est profitable.

Mais voilà, la production a d'abord été retardée par des divergences sur le scénario, qui a été réécrit. On parlait désormais d'un tournage en novembre (pour une sortie inscrite au deuxième semestre 2017). Puis, pour cause de planning, le tournage a été décalé à janvier 2017 (Cruise, entre temps, a décidé de tourner The Mummy).

Gourmand

Mais surtout, la pré-production du film a été brutalement interrompue au début de l'été pour une autre raison. En cause, Tom Cruise et les producteurs qui ne s'entendaient pas sur le chèque à verser à l'acteur. A priori, selon la presse professionnelle américaine, le cachet n'était pas en jeu. La star reste l'un des acteurs les mieux payés du système avec environ 20M$ par film. Là où il s'enrichit insolemment, c'est avec son pourcentage sur les profits de chacun de ses blockbusters. Il peut ainsi gagner de 50 à 80M$ par an.

Et c'est là que ça a bloqué. Cruise a été très gourmand, réclamant un pourcentage supérieur à celui qu'il a demandé pour The Mummy (Universal). Après tout, il est Ethan Hunt et s'il en a besoin pour conserver son statut de superstar, le studio n'a pas encore décidé de le remplacer.

Dorénavant, on parle d'un tournage au printemps 2017. La date de sortie a disparu des radars. On peut imaginer que ce sera pour l'été 2018.

Chine: MK2 s’associe avec Jia Zhangke

Posté par vincy, le 17 septembre 2016

MK2 met un pied en Chine. Le producteur et exploitant français a signé un partenariat avec Fabula Entertainment, la société du réalisateur Jia Zhangke.

Plus précisément, l'accord comprend la coproduction et le codéveloppement de films, la coproduction et le codéveloppement de contenus en réalité virtuelle et de lieux dédiés à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, ainsi que la promotion et la distribution de films asiatiques dans le monde et la distribution non exclusive de films du catalogue MK2 en Chine selon le communiqué de MK2.

Le groupe français soutiendra également Fabula Entertainment dans le développement d’Open village, un réseau de salles de cinéma récemment créé en Chine continentale, avec trois cinémas en projet à ce jour, à Shanghai, Pingyao et Taiyuan.

"Nous sommes très fiers de continuer notre collaboration avec Jia Zhangke à une plus grande échelle, et de participer activement au futur développement du cinéma chinois et à la promotion du meilleur du cinéma mondial en Chine", a déclaré le directeur général de MK2, Nathanaël Karmitz, qui ajoute: "Cette collaboration avec Jia Zhangke nous a paru naturelle. Notre relation a été établie il y a des années, quand mk2 a commencé à opérer les ventes internationales de ses films."

Les deux groupes collaboraient déjà depuis huit ans pour la vente internationale des films de Jia Zhangke (A Touch of Sin, Au-delà des montagnes).  "Je collabore avec mk2 depuis 24 City, il y a huit ans, en 2008", explique Jia Zhangke. "Maintenant, il y aura une collaboration plus large entre ma société Fabula et mk2, de la fabrication des films à la construction de salles de cinéma. Je suis convaincu que l’esprit de mk2 nous aidera à améliorer la qualité des films et des salles ici en Chine, et ainsi à partager les films les plus créatifs du monde avec les chinois. Ce projet est assez excitant parce que, à des lieues d’Hollywood, collaborer avec une société comme mk2 contribuera à coup sûr à préserver la diversité culturelle dans ce pays antique" explique le cinéaste chinois.

Plus de 7600 films sont produits par an

Posté par vincy, le 2 mai 2016

L'UNESCO vient de publier une étude inédite sur la diversité et l'état de la production mondiale. Si, à cause du temps nécessaire à collecter les informations, les chiffres d'arrêtent en 201, il reste que le panorama global de ces 97 pays étudiés entre 2005 et 2014 montre que, malgré la puissance hollywoodienne, la diversité et la quantité de films est une affaire plutôt européenne et asiatique. Après tout, selon l'UNESCO, ce sont plus de 7600 films qui sont produits chaque année, dont un cinquième en Inde. Et le chiffre est en hausse croissante. Mais il y a aussi une concentration réelle puisque les 5 pays les plus producteurs représentent plus de la moitié de ces films tournés. Si les films américains continuent de dominer le box office mondial, ils dépendent de plus en plus de marchés émergents comme la Chine, l'Inde, la Russie et la Corée du sud, désormais parmi les gros pourvoyeurs de cinéphiles comme le sont le Japon, la France ou le Royaume Uni. Ainsi les 10 plus gros marchés représentent les 3/4 des spectateurs internationaux.

L'Inde reste le pays produisant le plus de films chaque année

9 pays produisent plus de 200 films par an

La France, championne des coproductions

Edito: Homard amor

Posté par vincy, le 29 octobre 2015

Oubliez Aladin et Kev Adams, Lolo et Dany Boon : la meilleure comédie française cette année était sur le petit écrans. La série Dix pour cent, orchestrée par Cédrick Klapisch, avec des guests prestigieux, a non seulement révélé des comédien(ne)s mais aussi dévoilé le fonctionnement d'une agence artistique. Le pire c'est que tout est vrai. A partir des souvenirs de l'ex-agent Dominique Besnehard, on voit bien comment un projet de film peut basculer ou être bousculé.

En attendant la saison 2, on espèrera que les producteurs de films s'inspireront de cette qualité d'écriture et, surtout, qu'ils auront l'idée de nous faire un The Player à la française. Car il y en aurait à raconter. Si le cinéma français cherche la parade face à la démultiplication des écrans, au surgissement du numérique, au système qui a financé et maintenu en bonne santé la production, il n'empêche qu'il a besoin de se transformer. Surtout la comédie, genre roi pour remplir les salles.

Du scénario au casting (le manque de diversité reste flagrant), en passant par les sujets abordés, on sent les producteurs trop frileux, préférant le confort de recettes éprouvées au risque d'être impertinent. La souveraineté du 7e art franchouillard passe aussi par là: on veut pouvoir (sou)rire sans attendre un Judd Apatow ou une Melissa McCarthy.

StudioCanal prend 30% de Mars films

Posté par vincy, le 29 septembre 2015

Nombreux sont ceux qui se focalisent sur les polémiques et les déboires de la chaîne Canal +, mais son actionnaire le groupe Vivendi est aussi très actif dans ses autres secteurs, et notamment le cinéma.

Vivendi a annoncé aujourd'hui qu'il allait prendre 30% de Mars films, producteur et distributeur, désormais filiale de StudioCanal, l'un des rares groupes transnationaux avec Pathé (présents dans plusieurs territoires). Le patron de Mars, Stéphane Célérier devient président de StudioCanal. La présidence de StudioCanal est assurée par Didier Lupfer, qui occupait déjà le poste de directeur cinéma du groupe Canal +.

Mars avait déjà été un label de Canal + avant de prendre son indépendance. C'est donc un retour en arrière. Ancienne filiale de distribution de BAC Films, Mars Films avait été acquise à 80% par Studiocanal en 2000, puis avait retrouvé son autonomie en 2002. StudioCanal possède un catalogue de 5000 titres, et dispose de filiales en France, au Royaume-Uni, en Allemagne ainsi qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Dans son communiqué, Vivendi affirme: "au-delà des accords récemment conclus avec le cinéma français, Vivendi, avec Canal+, entend accroître son engagement afin de notamment favoriser l’éclosion de nouveaux talents. Le Groupe Canal+ financera et mettra en place un projet d’ateliers d’écriture dans le but de faire émerger de nouvelles formes de narration et de nouveaux auteurs."

Le Groupe Vivendi/Canal+ investit 800M€ par an dans le cinéma.

Avec Mars films, StudioCanal va surtout devenir une major en France. Si on prend l'année 2015, StudioCanal a sorti 12 films depuis le début de l'année et pèse 3,56% des entrées (10e). Avec Mars films, c'est un total de 25 films (soit plus que n'importe quel distributeur) et une part de marché de 11,93%, soit la 2e place derrière Universal Pictures International France. Mars a distribué cette année Le dernier loup, Un moment d'égarement, Un homme idéal et Une nouvelle amie, tous à plus de 500000 entrées. Le distributeur prépare les sorties de Maryland (demain), Un homme irrationnel (Woody Allen), Lolo (Julie Delpy et Dany Boon). StudioCanal s'apprête à sortir L'étudiante et Monsieur Henri, Mon roi, Avril et le monde truqué et Legend.

Mais le catalogue de Mars est surtout riche de films populaires comme Fahrenheit 9/11, Billy Elliot, Brigdet Jones, Million Dollar Baby, Welcome, Prête-moi ta main, L'auberge espagnole, Les poupées russes, Polisse, Des Hommes et des dieux, 12 Years a Slave, Potiche, et La famille Bélier.

La question est désormais de savoir si le secteur de la distribution en France va commencer une vague de concentration alors que de nombreux distributeurs sont de plus en plus fragiles. Seuls 20 d'entre eux ont dépassé le million de tickets vendus depuis le début de l'année et le Big 5 concentre à lui tout seul 54% des entrées.

7 chiffres-clés pour décrypter le marché de l’animation en France

Posté par vincy, le 19 juin 2015

asterix le domaine des dieux

Tandis que le Festival du film d'animation d'Annecy bat son plein, le CNC a fournit les chiffres détaillés du secteur (cinéma, télévision, vidéo) pour l'année 2014. Un secteur d'une centaine d'entreprise employant plus de 5000 personnes, soit 100M$ de masse salariale, ce n'est pas négligeable.

Devis en baisse

9 longs métrage d'animation ont été produits en 2014. Soit 3 de plus qu'en 2013 mais 3 de moins qu'en 2012. Le devis moyen est en baisse de 48,3%. Au total, 70,64 millions d'euros ont été investis (contre 91,05M€ en 2013 et 137,73M€ en 2012) dans ces 9 films financés à 38,7% par des apports étrangers et à 20,5% par des producteurs français. Trois films ont disposé d'un gros budget: The Red Turtle (10,38M€), Mune (14,07M€) et le film canado-français La véritable histoire des petits rats de l'Opéra (26,9M€). Si l'animation ne représente que 3,5% des longs métrages agréés l'an dernier, leurs devis prend une part de 7,1% dans l'ensemble des devis agréés.

Peu de films, beaucoup d'entrées

29 films inédits d'animation ont été distribués l'an dernier - soit le plus faible nombre depuis 2010 - dont 6 films français (- 3 par rapport 2013 et même 2012), 12 films américains (+1), 4 films européens (-3) et 7 films venus d'ailleurs (+1). C'est donc au total 4 de moins qu'en 2013. 15 distributeurs ont sortis un film d'animation. Les films d’animation représentent 4,4 % des films inédits sortis en 2014, ils génèrent 12,4 % des entrées de l’ensemble de ces films et 11,2 % des recettes.

Des recettes en baisse

23,29 millions d'entrées. C'est une baisse de 9,1% par rapport à 2013. Les recettes sont en chute libre, sans doute un effet de l'opération 4€ pour les enfants (les 3-14 ans représentant 40,7% du public), passant ainsi de 6,44€ par entrée à 5,83€ par entrée. Notons quand même que les films français ont attiré 5,04 millions de spectateurs (+265,2%) et les films américains 16 millions (-29%). En part de marché, les films américains passent sous la barre des 70% (68,7%) et les films français dépassent les 20% (21,6% contre 5,4% en 2013). Le spectateur type est une fille de moins de 14 ans qui va régulièrement au cinéma. Mais cela peut varier aussi selon les films. Les enfants ont été majoritairement voir Planes 2 et M. Peabody et Sherman alors que Le vent se lève et Jack et la mécanique du coeur ont attiré moins d'un quart de gamins parmi leurs spectateurs (ce sont essentiellement les 25-49 ans qui ont été voir ces deux films).

Une belle année pour l'animation française

34,5 % des films inédits d’animation réalisent plus d’un million d’entrées, contre 8,1 % de l’ensemble des films. La bonne performance des films français d’animation est portée par le succès de Minuscule, la vallée des fourmis (1,5 million d’entrées) et Astérix et le domaine des dieux (2,68 millions, 3e film d'animation le plus vu de l'année). D'ailleurs avec 840000 entrées en moyenne, les films français n'ont jamais connu une si belle année depuis 2006 alors que les films américains, avec 1,3 millions d'entrées en moyenne, connaissent leur pire année depuis 2005. En 2014, seuls trois films ont dépassé les 2 millions d'entrées (un chiffre qui n'avait jamais été aussi bas depuis 2008) mais 10 autres ont connu un succès variant de de 500 000 à 2 millions de spectateurs. Seuls 8 films ont attiré moins de 100000 spectateurs (contre 13 en 2013 et 12 en 2012).

Année mineure à l'export

3,46 millions d'entrées réalisées à l'étranger pour les films français en 2014. Cela reste une année "mineure" comparée à 2007 et 2008. 7 films inédits sont sortis (2 de moins par rapport 2013), 38 films étaient en exploitation (-4). Mais le nombre de spectateurs a progressé de 24% par rapport à 2013. Seul Astérix et le domaine des Dieux a cartonné avec 683 000 entrées dans 7 pays étrangers. Sur la période 2005-2014, les films d'animation français cumulent 45,6 % de leurs entrées à l'étranger.

Des investissements publicitaires en hausse

En dix ans, les investissements publicitaires bruts en faveur des films d’animation ont presque doublé. Parmi les 29 films d’animation sortis en salle, 28 titres ont fait l’objet d’une campagne de publicité sur au moins un des six grands médias (affichage, cinéma, presse, radio, télévision et internet), soit un montant de 41,69M€ (30,09M€ en 2013) et une moyenne de 1,489 M$ par films. A titre de comparaison, 75,3 % des 663 films inédits sortis en salles en 2014 tous genres confondus font l’objet d’une campagne publicitaire. Le cinéma reste le média le plus important (19,67M€) devant la presse (11,57M$) et l'affichage (5,52M€).

Largement distribués

En 2014, un film d’animation inédit est distribué en moyenne dans 358 établissements en première semaine, contre 137 établissements tous genres confondus. 9 films d'animation sur 29 sont sortis dans plus de 500 salles et 6 dans moins de 50. En 2014, la 20th century Fox (avec son accord DreamWorks) a accaparé 39,4% de parts de marché devant Walt Disney (16,7%,) et SND (15,2%). Sur une décennie, Walt Disney continue de dominer le marché avec 25,9% des entrées devant la 20th Century Fox (19,3%) et Paramount Pictures (17,9%).

Le cinéma français a tourné à plein régime au premier trimestre

Posté par vincy, le 8 mai 2015

Et si 2015 était l'année de la reprise? La fréquentation se maintient à un haut niveau au premier trimestre. Et les tournages repartent à la hausse selon la Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia (Ficam).

Après une production et des investissements en baisse en 2014 (lire le rapport annuel de la Ficam 2014), surtout pendant le premier semestre, avec 203 films et à peine 800M€, la tendance semble s'inverser.

61 tournages

L'an dernier, seuls 28 tournages avaient été enregistrés au premier trimestre. Cette année, on en dénombre 61! Un record depuis 8 ans. En nombre de semaines de tournages, la hausse est aussi très nette, passant de 153 semaines à 386,6 semaines, là encore un record en 8 ans.

Deux tiers de tournages en France

Cependant, la délocalisation a  aussi augmenté au 1er trimestre 2015:  36% (26% au 1er trimestre 2014) des tournages ont eu lieu à l'étranger. Les tournages en France représentent quand même 64% du total (contre 73,7% l'an dernier).

300M$ d'investissements

Côté budgets, les montants investis battent également des records, en frôlant les 300M€ d'investissements (contre 121M€ au premier trimestre 2014). Ainsi on a tourné 8 films à plus de 10M€, du jamais vu depuis 2008 (avec 9 gros tournages), 20 films entre 4 et 10M€ et 14 films entre 2 et 4M€ (deux records en 8 ans),  et 9 films à moins de 2M€.

Bilan 2014: la France, la très bonne élève du cinéma en Europe

Posté par redaction, le 5 mai 2015

L'Observatoire européen de l'audiovisuel a fournit ses données provisoires pour le continent concernant l'année 2014.

La France et la Turquie bons élèves, le retour de l'Espagne

© oeaPremier élément: les recettes brutes des salles dans l’Union européenne ont connu en 2014 une légère hausse de 0,6 % pour atteindre 6,32 milliards d’EUR. Il s’agit du deuxième résultat le plus faible sur les cinq dernières années. Les recettes ont particulièrement chuté en Italie et en Allemagne, alors qu'elles ont augmenté en France, en Espagne et en Pologne. Comme en 2013, la courbe des recettes brutes des salles suit celle de la fréquentation, qui connaît une modeste croissance de 0,7 % et se situe à 911 millions de places vendues, soit environ 6,5 millions de plus qu’en 2013.
En nombre d'entrées la France reste le plus gros marché européen avec 208M de spectateurs, devant la Russie (hors calcul), le Royaume Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. La Turquie (hors calcul) connaît la plus forte croissance et devance la Pologne.
Sur les 36 marchés analysés, deux ont une part de marché nationale supérieure à 30% (la Turquie avec 58% et la France avec 44%). La république Tchèque, l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, le Royaume Uni, l'Italie, la Lituanie, les Pays Bas, la Pologne, la Suède et la Norvège limitent la casse avec plus de 20% de part de marché pour les films nationaux.

Deux films français dans le Top 10, des scores décevants pour Hollywood

© oeaDeuxième point: Le derniers volet de The Hobbit et le troisième épisode de The Hunger Games sont en tête des box-offices de l’Union européenne, avec respectivement 22,7 millions de spectateurs et 20,1 millions de tickets vendus. Juste derrière se trouve Dragons 2. Au total, 9 suites ou spin-off se classent dans le Top 20 des films les plus fréquentés. Pire, seuls trois films européens ont réussi à se faire une place au soleil: Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? (5e avec 17,1 millions d'entrées), Lucy (6e, avec 15,2 millions d'entrées) et Ocho apellidos vascos (18e, avec 9,3 millions d'entrées et plus gros succès historique du cinéma espagnol). Tout le reste du Top 20 est américain ou coproduit avec les Etats-Unis. 16 films ont dépassé les 10 millions de spectateurs. Cependant, les superproductions hollywoodiennes ont attiré largement moins de spectateurs que les champions des années précédentes, généralement au dessus des 35 millions d'entrées.

Le cinéma français domine dans un marché europhile

© oeaCe qui conduit à un troisième constat: La part de marché des films européens atteint 33,6 %, soit un record depuis 1996. 12 films ont même dépassé les 3 millions d'entrées en 2014. Outre les deux champions français cités plus haut et le carton du film espagnol, des films comme Paddington, Supercondriaque ou la suite de The Inbetweeners ont fédéré plus de 5 millions de spectateurs. Le cinéma français est en pleine forme avec 5 films dans le Top 10 et 10 dans le Top 20. Certains ont fait l'essentiel de leurs recettes en France et en Wallonie, mais d'autres ont connu le succès dans plusieurs pays. Le cinéma britannique place 3 films, les cinémas allemand et espagnol 2 chacun, les cinémas belge, suédois et polonais un chacun. Quatre films de ce Top 20 sont sortis en 2013 et un gros tiers n'était pas encore sorti dans tous les gros marchés.

Plus de films produits et plus de salles numérisées

Quatrième donnée: Avec 1603 longs métrages (y compris les documentaires), la production de films dans l’Union européenne poursuit sa progression, après avoir déjà atteint un record l'an dernier avec 1587 longs métrages. 32% d'entre eux sont des coproductions.

Enfin, dernière observation; La numérisation des écrans est presque achevée puisque 92 % du parc de l’Union européenne étaient convertis fin 2014, contre 14% en 2010 et 87% en 2013. Il reste quelques points noirs comme la République Tchèque, la Grèce et les pays Baltes.

Baisse du nombre de tournages en France en 2014

Posté par vincy, le 3 février 2015

L'observatoire "métiers et marchés" de la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam) a publié son rapport annuel pour l'année 2014.

On le savait depuis les rapports d'étape du CNC en cours d'année (lire notre actualité du 15 novembre 2014 et celle du 13 juillet 2014), le nombre de tournages a diminué en France entre le 1er janvier et le 31 décembre. La baisse est de 9% par rapport à l'année 2013, soit le nombre de tournages le plus faible depuis 2009. 150 longs métrages d'initiative française ont été tournés (165 en 2013). Le premier semestre a été dévastateur. Si l'on inclut les coproductions internationales (180 au total), la baisse n'est que de 5%, sauvé notamment par le nombre de documentaires (en hausse de 37%). Cela reste le plus bas niveau depuis 2009.

Budgets en baisse et délocalisations des grosses productions en recul

Ce sont les films du milieu (entre 4 et 10M€ par devis) qui subissent le plus gros reflux avec une chute de 20% du nombre de tournages. Les producteurs ont été frileux en 2014 puisque seulement 14 films budgétés à plus de 10 millions d'euros ont été mis en production (contre 15 en 2013, 25 en 2012, 24 en 2011). C'est le plus faible nombre de films supérieurs à 10M€ depuis les 7 dernières années. Seuls les films de 2 à 4M€ progressent avec 47 tournages (contre 41 en 2013, 33 en 2012). La crise est passée par là.

23% des tournages ont eu lieu à l'étranger (contre 22% en 2013 et 30% en 2012): cette consolidation est une bonne nouvelle même si le nombre total de semaines de tournage encaisse une baisse de 9%. Même les films à très gros budgets (20M€) délocalisent moins puisque 40% des tournages ont eu lieu à l'étranger (contre 50 à 75% depuis 2009).

Le budget moyen est évalué à 4,7M€ en 2014.

Caméra vidéo HD et vidéo HD privilégiés

Autre donnée intéressante: le basculement technique. La caméra vidéo HD a été le support de 65% des tournages (en nombre de semaines). C'est une explosion puisque de 2011 à 2013 c'était la caméra numérique 2K/4K qui était privilégiée et de 2008 à 2010 le 35MM était toujours roi. Aujourd'hui la caméra 2K/4K est deux fois moins utilisée (30% contre 67% en 2013) que la caméra vidéo HD et le 35MM n'est utilisé que durant 4% des semaines de tournages (74% en 2008).
Côté post-production, l'agentique n'est plus utilisé. Il était encore à 24% en 2009. La vidéo numérique 2K confirme sa position de leader mais recule par rapport aux quatre années précédentes avec 56% des tournages, contre 68 à 79% entre 2010 et 2013). C'est la vidéo HD qui réalise une forte progression doublant sa part de marché de 19 à 38%.

990 000 euros, prix maximum pour un acteur-scénariste-réalisateur-producteur

Posté par vincy, le 5 décembre 2014

On ne retient que ça des mesures prises par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à l’occasion de son dernier conseil d’administration, il y a une semaine, pour maîtriser les coûts du secteur cinématographique et soutenir la distribution.

Une seule mesure parmi des dizaines a retenu l'attention des médias après les révélations des Echos.

Faisons bref. Deux ans après la tribune explosive de Vincent Maraval sur l'indécence ruineuse des cachets des comédiens dans le cinéma français (lire notre dossier), le CNC a décidé de réguler le marché. En cas de « coût artistique disproportionné », le film sera privé des soutiens publics. « Cette disposition ne vise pas à empêcher les très fortes rémunérations. Mais si c’est le cas, le producteur devra aller chercher des financements ailleurs », note un spécialiste dans le journal économique.

Le barème est variable en fonction des devis de production. a rémunération la plus élevée ne pourra dépasser 5?% du devis. Cette règle s’applique aux rémunérations fixes, mais pas à la part variable que peuvent toucher les stars en fonction du succès en salle.

Rémunérations maximales:

  • Film inférieur à 4 millions d’euros : 15 % du coût de production
  • Film entre 4 et 7 millions d’euros : 8 % du coût de production
  • Film entre 7 et 10 millions d’euros : 5 % du coût de production
  • Film supérieur à 10 millions : 990 000 euros

Qu'on soit clair: le cachet maximal de 990000 euros touche très peu d'acteurs en France. On les compte sur les doigts d'une main. Mais cette mesure touche aussi réalisateurs, scénaristes ou producteurs. Ce plafond s'entend par personne et non par fonction: si un acteur assure également le scénario et/ou la réalisation, les plafonds restent les mêmes, ils ne se cumulent pas Cela veut dire qu'un Dany Boon ou un Jean Dujardin - comme autrefois un Pierre Richard ou un Alain Delon - sont directement concernés, cumulant parfois les quatre postes. Roman Polanski avec 1,3 millions d'euros de revenus en 2013 est impacté (réalisateur, scénariste). Une dizaine de réalisateurs en France pourrait subir ce plafonnement. Et pas forcément Laurent Tirard ou Fabien Onteniente.

En cas de dépassement de ces plafonds, le film sera privé des aides sélectives et le producteur ne pourra pas réinvestir son fonds de soutien du CNC dans cette production. Les chaînes de télévision seront aussi empêchées (en tant que coproductrices) d’investir leur fonds de soutien dans ces films. Vincent Maraval posait une question simple : "Est-il normal qu’un film reçoive du soutien alors qu’il fait travailler des gens pour des salaires qui dépassent le million d’euros ? Etait-ce cela le but du système de financement du cinéma français ?" Le CNC l'a entendu. Et sur le fond, il n'a pas tort. Pourquoi payer un film dont le but est commercial avec de l'argent public?

Mais, derrière ce "choc de simplication", apparaît finalement un casse-tête bien français. Car pour quelques stars concernées, on créé une règle stricte, qui, par définition, s'adapte mal à une "industrie" comme celle du cinéma. Surtout, les films du milieu vont souffrir. Ceux-là ont souvent besoin de têtes d'affiche ET d'aides publiques pour se financer puis se vendre à l'international. Comme l'explique également l'agent Elisabeth Tanner dans un entretien au Monde, "Pourquoi le fait d’écrire un scénario pendant un an et de jouer ensuite dans le film devrait-il conduire à limiter votre rémunération, alors qu’elle ne l’aurait pas été si vous vous étiez contenté d’écrire le scénario ?"

Au final, cette mesure pourrait entraîner quelques effet pervers: on réduira les cachets, mais, comme le souligne Marc Missionnier, producteur et président de l'Association des producteurs de cinéma: "Ce que les agents peuvent perdre en raison de cachets moindres, ils peuvent le gagner par un intéressement accru aux recettes". Ce qui réduira les marges de tout le monde et poussera les comédiens à prendre davantage de pouvoir dans le processus du film, comme aux Etats-Unis. Va-t-on arriver à un système où un acteur bankable bradera sa valeur marchande (certes aléatoire) mais réclamera un pourcentage astronomique sur les tickets, les ventes internationales et les diffusions TV/VOD/DVD en échange? Après tout c'est ce qui était proposé dans le rapport Bonnell, qui incitait au partage du risque commercial par les stars très bien payées.

Pourtant, globalement, les producteurs sont satisfaits. Ils rappellent que cette mesure ne concerne que 10 à 15 films par an au maximum. Et même moins cette année. Car, depuis la tribune de Vincent Maraval, la prise de conscience a été collective. Le marché s'est régulé de lui-même. Au final, avec ce cadre règlementaire, il y aura donc deux systèmes: un cinéma privé-public et un cinéma privé à but commercial, mais plus risqué.

Cependant, tout cela ne répond pas au véritable problème du moment: le financement des films (et pas seulement ceux du milieu). L'économie du cinéma français se précarise (lire également notre actualité du 15 novembre: La production française connaît sa pire année depuis 2010). La moyenne des budgets diminue année après année. Les tournages s'exilent dans des territoires fiscalement et socialement plus attractifs. La durée des tournages se réduit fortement, et, par conséquent, les intermittents affichent moins d'heures au compteur. Investissements en chute, distributeurs de plus en plus fragiles, tensions sociales (convention collective, régime des intermittents), etc.: les autres mesures, celles qui soutiennent la distribution par exemple, sont plus pertinentes.

Le débat sur les cachets est un faux débat quand un film est de plus en plus difficile à financer, même avec une vedette au générique. Le problème du cinéma français, c'est la place qu'il accorde aux scénaristes et aux réalisateurs qui ne sont plus assez "mainstream" pour les grandes chaînes de télévision. L'enjeu ce n'est pas de juger le salaire exorbitant d'une star (qui attire un million de personnes dans les salles et sept millions derrière le petit écran) mais de savoir pourquoi on produit encore et toujours de mauvaises comédies, avec des castings improbables.  Comme le titrait Première le mois dernier, la question est plutôt "Et si on faisait de bons films?" (dans de bonnes conditions) et pas "Et si on payait moins les acteurs?" (avec de bonnes intentions).