Le dernier Woody Allen pourrait-il sortir en France?

Posté par vincy, le 15 mars 2019

Verra-t-on le dernier Woody Allen en France? Selon Variety, Mars Films essaierait de distribuer A Rainy Day in New York en France. Le film est bloqué depuis plus d'un an, suite aux scandales sexuels liés au cinéaste qui ont ressurgit avec le phénomène #MeToo, dont son (beau?) fils Ronan Farrow avait été l'un des déclencheurs. D'autres réalisateurs et comédiens ont été mis au ban d'Hollywood. Brian Synger a vu son nom effacé des palmarès. Kevin Spacey a été gommé d'un film de Ridley Scott.

Tourné en 2017, le film de Woody Allen met en scène Timothee Chalamet, Jude Law, Rebecca Hall, Diego Luna, Liev Schreiber, Selena Gomez et Elle Fanning. Un sacré casting. A l'origine, Amazon Studios devait le distribuer aux USA. Finalement, la filiale du géant du e-commerce a rompu le contrat (qui comprenait aussi la production de ses 4 prochains films) et depuis aucun distributeur nord-américain n'a cherché à le diffuser.

Woody Allen a d'ailleurs attaqué Amazon, réclamant 68M$. Pour la première fois depuis 1982, le réalisateur est absent des écrans plus de deux ans.

Variety révèle que la société française Mars films pourrait distribuer le film en France. Mars a connu des hauts et des bas avec les récents films d'Allen : Whatever Works, Minuit à Paris, To Rome with Love, Blue Jasmine, Magic in the Moonlight, L'homme irrationnel, Café Society ou le dernier en date Wonder Wheel (2017). Trois d'entre eux ont dépassé le million d'entrées.

Il y a un an, le patron de Mars Films,, dans une longue tribune, Stéphane Celerier avait pris la défense du réalisateur, en invoquant la présomption d'innocence.

En tant que cinéphiles, voir le dernier film de Woody Allen sera bienvenue. Cela créera forcément une polémique. MaisTimothee Chalamet et Rebecca Hall ont déjà annoncé en janvier 2018 qu'ils avaient reversé leurs salaires à des associations. Ils n'assureront aucune promotion sur ce film.

Grosse bataille de PR et d'avocats en perspective, sans oublier l'opinion qui s'en mêlera, si le film sort un jour sur les écrans.

« Grâce à Dieu » pourra sortir le 20 février dans les salles

Posté par vincy, le 18 février 2019

Grâce à Dieu de François Ozon, Grand prix du jury à Berlin samedi, a été autorisé par la justice à sortir en salles mercredi 20 février, selon les avocats de la défense.

Le réalisateur avait été assigné en référé par l’un des avocats du père Preynat, homme d'église suspecté d’avoir abusé d’enfants dans le diocèse de Lyon, pour obtenir un report de la sortie du film. Le prêtre est suspecté d’avoir abusé de dizaines de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990 mais il n’a pas encore été jugé pour les faits qui lui sont reprochés (et filmés comme avérés dans Grâce à Dieu). La date du procès n'est pas encore connue et la présence de messages au début et à la fin du film rappelant l'absence de jugement "suffit à garantir" les droits des présumé innocents.

Selon le juge, "la demande de report n’était « pas proportionnée » à l’atteinte à la présomption d’innocence du père Preynat que pouvait représenter le film."

Quand François Ozon a commencé le tournage du film l'an dernier, tout le monde pouvait penser que le verdict tomberait avant sa sortie. Le litige est dans l'usage des vrais noms de trois présumés innocents. En effet, cette fiction basée sur des faits réels n'a pas modifié le nom de trois "accusés" le cardinal Barbarin, dont le jugement pour « non-dénonciation d’atteintes sexuelles » sera rendu le 7 mars par le tribunal correctionnel de Lyon, le père Preynat et Régine Maire, ex-membre du diocèse de Lyon. Tous les autres noms ont été changés.

L'accusation avait demandé que le film sorte après le procès du père Preynat, ce qui retardait de plusieurs mois la sortie du film.

Celui-ci met en valeur le rôle de l’association La Parole libérée. C'est la construction des liens entre les victimes, de la constitution de cette communauté d'hommes abusés sexuellement qui est au cœur de Grâce à Dieu.

Le film devrait sortir dans plus 300 salles, distribué par Mars films.

Olivia de Havilland, 101 ans, attaque FX Networks:  » Je n’ai jamais traité ma sœur de garce »

Posté par vincy, le 18 septembre 2017

Olivia de Havilland est en colère. A 101 ans, malgré son absence des écrans depuis 1988, l'actrice est sorti de son silence. Cette "parisienne" (depuis 1953) n'a pas supporté une réplique dans la série Feud diffusée sur FX Networks.

La série se concentre sur des célèbres duos antagonistes. La première saison opposait ainsi les deux comédiennes mythiques Bette Davis et Joan Crawford, respectivement incarnée par Susan Sarandon et Jessica Lange. Olivia de Havilland y est interprétée par Catherine Zeta-Jones. Dans l'un des épisodes, le personnage Olivia de Havilland traite de "bitch" (garce) sa sœur Joan Fontaine (oscarisée elle aussi). "Je n'utilise pas genre de vulgarité" précise-t-elle. "Je n'ai jamais traité ma sœur de garce".

La doyenne du cinéma hollywoodien a porté l'affaire en justice. Elle affirme n'avoir jamais traité sa sœur ainsi, même si elle a admit l'avoir surnommée "la dragonne". Olivia de Havilland avoue avoir été offensée par la manière dont les scénaristes l'ont décrite dans cette série (où elle apparait dans 6 des 8 épisodes). Dans l'épisode qui est au cœur de ce procès, Catherine Zeta-Jones joue la vedette d'Autant en emporte le vent, et livre des ragots lors d'une interview. Cette interview n'a jamais eu lieu, mais les avocats de FX Networks affirment qu'elle est basée sur des faits réels. Et que la vénérable comédienne a bien utilisé le mot "bitch" à certaines occasions, archives à l'appui.

Tout le problème pour les producteurs de Feud est qu'Olivia de Havilland est toujours vivante contrairement à Bette Davis, Joan Crawford, Jack Warner, Anne Brancroft, George Cukor ou Franck Sinatra, les autres personnages de la série. Ceux-là ne peuvent pas se plaindre. C'est aussi l'occasion pour De Havilland, qui hurle à la malhonnêteté des producteurs, de rétablir quelques vérités. Proche amie de Bette Davis, elle refuse de voir leurs nom salis et leurs réputations trainées dans la boue avec une docufiction "sensationnaliste".

Le procès a été fixé au 27 novembre. D'ici là FX Networks aura lancé la deuxième saison de Feud, avec, au centre des intrigues, le prince Charles et Lady Di.

Pour le reste, amis lecteurs, sachez qu'Olivia de Havilland et sa sœur Joan Fontaine ne cachaient ni leur rivalité ni leur jalousie. Depuis l'enfance, elles s'accrochaient. Elles ont convoité le même homme, Howard Hugues, et les mêmes rôles (Olivia obtint Autant en emporte le vent, mais Joan gagna celui de Rebecca). Joan Fontaine, qui a bien entretenu les rancœurs dans cette histoire, disait: "Je me suis mariée avant Olivia, j'ai remporté l'Oscar avant elle, et, si je meurs la première, elle sera sans aucun doute furieuse que je l'aie battue". Longtemps, elles ont refusé d'être ensemble sur une photo ou dans une retransmission télévisée. Elles ne se parlaient plus depuis la mort de leur mère. Ça n'a pas empêché Olivia d'être "choquée et attristée" quand elle a apprit le décès de frangine. Sans doute rassurée d'avoir battu sa sœur, "une simple saveur du moment" comme elle la définissait, avec deux Oscars, une filmographie plus dense et plus longue, et le prestigieux rôle de présidente de jury à Cannes en 1965: ce fut la première femme à tenir ce rôle.

Nommée aux César, menacée de mort, réfugiée en France, Loubna Abidar est « sans papiers »

Posté par vincy, le 23 février 2016

loubna abidar much loved

Loubna Abidar sera vendredi sur le tapis rouge des 41e César. Sans papiers, menacée de mort et exilée. L'actrice de Much Loved (Quinzaine des réalisateurs à Cannes, 275 000 spectateurs en France, des prix en pagaille à Namur, Gijon, Angoulême) se console sans doute d'être nommée au César de la meilleure actrice dans le film de Nabil Ayouch. Elle y incarne une prostituée marocaine, à la fois chef de bande et fille rejetée, business woman et femme émancipée.

Une plainte rejetée

Depuis la présentation du film à Cannes, elle n'est plus tranquille. Le film a soulevé une polémique nationale au Maroc, avant même d'avoir été vu. La comédienne a été agressée physiquement en novembre, à Casablanca par trois fêtards qui la séquestrent dans leur voiture pour la frapper plusieurs fois. Elle est même poursuivie par une association, Défense du citoyen, pour "attentat à la pudeur", "pornographie" et "incitation de mineurs à la débauche". On croit rêver. Elle risque, avec le cinéaste Nabil Ayouch, une peine de cinq ans de prison et 100 000 euros d’amende. Le procès a eu lieu il y a douze jours et la plainte a été rejetée pour vice de forme.

Une presse aux ordres

Dans un entretien à Télé Obs, Loubna Abidar explique que "Le problème, aujourd’hui, n’est même plus la nature soi-disant pornographique de Much Loved, mais ma réussite personnelle." Son rôle a attisé les passions, suscitant le mépris des uns, la haine des autres. Pourquoi une telle folie? Elle n'est que l'interprète d'un personnage dans un film qui dénonce les hypocrisies d'une société schizophrène.

Aujourd'hui, elle est réfugiée en France. Suite à son agression, menacée de mort, persécutée par une presse devenue hystérique à son encontre ("la plupart des sites internet marocains reprennent les articles de la presse d’Etat, qui se montre à la fois très hostile et très inventive à mon égard"), elle est partie du Maroc, avec un simple visa touristique de trois mois. Le visa a expiré. "Aujourd’hui, je suis en situation illégale en France. Je n’ai pas de papiers" explique-t-elle.

Un visa expiré

Elle ne peut plus retourner au Maroc. Ses projets sont en France: "Je veux vivre ici, continuer à défendre la femme et l’enfant arabes, tourner des films engagés. Je vais monter une association qui vient en aide aux prostituées. J’ai quelques économies, des projets de tournage, un contrat de travail avec les éditions Stock pour un livre. Je loue un appartement... La procédure normale m’impose de me rendre au Maroc pour y faire une demande de visa long séjour. Mais si je retourne là-bas, je crains qu’on ne me laisse plus repartir. J’ai demandé l’aide de Fleur Pellerin" (à l'époque ministre de la Culture et de la Communication). "Elle est la première Française à m’avoir téléphoné à la suite de mon agression. Mais, pour l’instant, je n’ai pas de réponse. J’ai laissé ma fille de 6 ans au Maroc avec mon mari. Je ne peux pas la ramener" poursuit la comédienne. Mais elle précise: "Ma fille a déjà des problèmes. Elle ne joue plus avec les enfants des voisins, qui lui disent que sa mère est une prostituée. Sa maîtresse d’école lui a fait la même réflexion."

Le dossier est entre les mains de la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, franco-marocaine, et fille de fille du journaliste, banquier et homme politique André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Hassan II puis de Mohammed VI. Epineux.

Abdellatif Kechiche condamné à verser 180K€ à MK2

Posté par vincy, le 20 mars 2015

kechiche cannes 2013Avouons-le, avec les polémiques sur les conditions de travail sur La Vie d'Adèle, Palme d'or au Festival de Cannes en 2013, on avait oublié que le réalisateur Abdellatif Kechiche était en litige contre MK2, distributeur et producteur de son film Vénus noire.

Selon le site BFMTV.com, la justice a condamné le réalisateur à verser 180 000 euros à MK2, jugeant qu'il n'avait pas respecté ses engagements envers le producteur. Abdellatif Kechiche s'était engagé "à proposer en exclusivité à la société MK2 (...) ses trois prochains films dont Vénus noire, en cours de réalisation", contre une rémunération de 270 000 euros. Le Tribunal de grand instance de Paris considère que "MK2 a subit un préjudice et le défendeur devra l'indemniser en remboursant la somme de 180 000 euros (soit la somme totale payée par MK2, de 270 000 euros, déduction de la part de 90 000 euros, affectée au film Vénus noire), au titre des deuxième et troisième projets de films."

Le cinéaste réclamait de son côté 6,5 millions d'euros "en réparation du préjudice matériel, artistique et professionnel", a été débouté de ses demandes, considérées comme "infondées" et "irrecevables". Il estimait notamment que lorsqu'il était en contrat avec MK2, la pression exercée par la société l'avait empêché de travailler durant quatre ans.

Infidélité

Dans sa décision, rendue le 16 janvier et mise en ligne sur le site BFMTV.com, le tribunal en a jugé autrement et a estimé que le réalisateur avait "commis des manquements à ses obligations" dans le contrat le liant à la société MK2.

Selon les juges, le réalisateur "n'a pas respecté le droit de premier regard qu'il avait accordé à MK2 et n'a proposé à MK2 qu'un seul synopsis", Le Ministre, refusé par MK2. Il a en outre proposé, "sans l'évoquer préalablement avec MK2, de nouveaux projets de films à d'autres producteurs", selon le jugement, qui cite La petite Reine et Quat'sous films.

"Il a également réalisé La vie d'Adèle sans que le synopsis du film n'ait été proposé à MK2, en violation flagrante du texte et de l'esprit du contrat". Le film a finalement été produit par Wild Bunch et Quat'sous films, a remporté la Palme d'or à Cannes en 2013.

Divorce

Après la sortie du film Vénus noire, "les relations entre le cinéaste et le producteur se sont dégradées", note le jugement, évoquant "un désaccord notamment sur sa durée". Le film avait été un fiasco financier, ne séduisant que 220000 spectateurs lors de sa sortie, pour un budget de 12,7 millions d'euros.

Joint par l'AFP, l'avocat d'Abdellatif Kechiche, Me Guillaume Le Lu, a indiqué que "plusieurs synopsis (avaient) été proposés par M. Kechiche à MK2" et qu'ils n'avaient "pas été jugés recevables". "Après Vénus noire, MK2 n'avait en réalité aucune envie de faire un autre film avec M. Kechiche", a-t-il affirmé.

Le cinéaste peut faire appel de la décision. Son prochain film, La blessure, co-écrit avec François Bégaudeau, et interprété par Gérard Depardieu, est produit par Orange Studios.

Une année en enfer : prison ferme pour John McTiernan

Posté par geoffroy, le 29 mars 2013

john mc tiernanL’affaire John McTiernan n’est pas drôle. Elle ressemblerait plutôt à une mauvaise blague dont les conséquences, dramatiques pour le coup, ont muselé l’un des cinéastes les plus talentueux de l’Entertainment américain.

Privé de films depuis dix ans (Basic avec John Travolta et Samuel L. Jackson, sorti en 2003), le réalisateur de Piège de cristal sera bientôt privé de liberté.

En effet, le tribunal supérieur de Los-Angeles a confirmé la peine d’un an de prison ferme qu’il devra purger dès le 3 avril 2013.

Tout commence en 2000 sur le tournage catastrophe du film Rollerball. Un différend artistique oppose le réalisateur et son producteur, Charles Roven. À tel point que McTiernan, qui soupçonne Roven de vouloir saboter le film, décide d’engager l’emblématique détective privé des stars, Anthony Pellicano. À la demande du réalisateur, il espionne le producteur et le met sur écoute. Proche de la mafia, Pellicano est devenu au fil des ans et jusqu’en 2008 l’homme « de mains » des stars, des agents de stars, des producteurs et des avocats des stars (il a été reconnu coupable de 70 chefs d’accusation et condamné à quinze ans de prison).

L’erreur de stratégie

L’arrestation de Pellicano aurait dû mettre fin à la procédure contre McTiernan. Il n’en n’a rien été. Tout simplement parce que le fond de l’affaire, celle qui lui brisa les reins, le moral et sa capacité à tourner des films depuis maintenant dix ans, n’a rien à voir avec les mises sur écoute d’un détective peu scrupuleux.

Non, la « faute » de McTiernan est tout autre. Il paye pour avoir menti à deux reprises au FBI puis, sous la pression des autorités, d’avoir plaidé coupable lors de son procès. Lequel s’est éternisé de recours en recours jusqu’à sa mise en probation courant 2007 l’empêchant de réaliser des films. Car quel studio aurait accepté d’assurer un artiste susceptible de passer par la case prison…

Qu’aurait-il dû faire ? Nier comme ses petits copains stars, se prendre un « blâme » et s’en retourner, la « queue entre les jambes », sur les plateaux de tournage ? Son honnêteté a fait de lui le bouc-émissaire idéal d’une affaire dont il n’a, à vrai dire, pas grand-chose à se reprocher. D’autant que sa condamnation, nous rapporte l’excellente enquête de l’Express, ne prend pas en compte une erreur de procédure que la juge chargée de l’affaire, Dale Susan Fisher, aurait refusé de transmettre au jury.

En effet, les agents du FBI doivent se présenter en personne avant d’interroger un suspect. Petit problème : McTiernan a été contacté par téléphone. Si vous ajoutez à cela les retranscriptions des écoutes illégales sur le producteur Charles Roven, peu concluantes, ainsi que le retrait d’un témoin à charge important, l’affaire « McTiernan » ne tient plus vraiment la route ! Et pourtant, il semble peu probable qu’il puisse échapper à la prison pour s’offrir un happy-end dont Hollywood a le secret.

Le 7 mars 2013 une page Facebook Free John McTiernan a été lancée en soutien au réalisateur, il était temps. Depuis son ouverture, la page a récolté plus de 4000 « likes » et recueilli le soutien de stars américaines telles que Samuel L. Jackson, Brad Bird ou encore Joe Carnahan.

Quand la solidarité se joint à l’indignation, l’espoir est de mise. Même le plus mince. Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française et soutien du réalisateur dans cette épreuve, est prêt à organiser une rétrospective intégrale et rappel que John McTiernan « est un cinéaste et un artiste important et ce n’est pas le diable ! »

Un gâchis pour le cinéma

L’esprit frondeur, bougon et libre de John McTiernan, artiste entier dévoué totalement à son art, n’a jamais été apprécié des grands studios. Ce vilain petit canard un brin taciturne n’a sans doute pas rapporté assez d’argent avec ses derniers films pour être sauvé de cette descente aux enfers. Le gâchis est énorme. Inconcevable. Insupportable. Alors que l’industrie hollywoodienne aurait besoin de réalisateurs de sa qualité, elle préfère utiliser des faire-valoir interchangeables responsables de la médiocrité artistique actuelle.

John Mctiernan a eu 62 ans cette année. Malgré l’épreuve terrible qu’il endure, il serait formidable d’imaginer – à l’instar d’un Francis Ford Coppola revenu, lui aussi, après 10 ans d’absence – qu’il puisse irradier de son génie visuel de nouvelles histoires libres de toute pression vénale de certains producteurs attirés uniquement par l’appât du gain.

Water makes money : un documentaire qui dérange

Posté par MpM, le 29 janvier 2013

water makes moneyEn mars 2011, Ecran Noir aimait et défendait Water makes money de Leslie Franke et Herdolor Loren, sorti simultanément en salles et en dvd. Cet édifiant documentaire décortiquait méticuleusement le marché de l'eau en France et s'en prenait nommément à Suez et Veolia, accusés notamment de corruption et de mauvaise gestion des réseaux. De nombreux experts et spécialistes s'exprimaient devant la caméra, dont Jean-Luc Touly, cadre de Veolia, qui avait déjà écrit un livre intitulé L'eau des multinationales : Les vérités inavouables.

Après avoir essayé d'interdire le film, Veolia a porté plainte pour diffamation en septembre 2010. Deux ans et demi plus tard, le procès est sur le point de s'ouvrir au tribunal correctionnel de Paris. Les faits reprochés sont l'utilisation du terme "corruption" ainsi que l'affirmation de Jean-Luc Touly selon laquelle le groupe lui aurait proposé un million d'euros pour qu'il renonce à publier son livre.

Pour des raisons de procédure, seuls le distributeur français (La mare aux canards) et le protagoniste central du film, Jean-Luc Touly, sont poursuivis. En effet, la filiale allemande de Veolia a renoncé à déposer une plainte en Allemagne contre les deux réalisateurs, qui sont les seuls protagonistes susceptibles d'être inquiétés selon la loi allemande. Paradoxalement, ce n'est donc pas aux auteurs du film qu'est reprochée une partie de son contenu...

Une affaire à suivre absolument, la meilleure manière de défendre le film étant encore de participer à sa diffusion ou, pour ceux qui l'auraient raté, de le regarder lors de son passage sur Arte le 12 février prochain.

Les Golden Globes au tribunal

Posté par vincy, le 10 août 2011

La bataille est lancée. Les Golden Globes, cérémonie de prix la plus regardée après les Oscars, seront au coeur d'un procès à partir du 30 août. La juge américaine Valerie Baker Fairbank a constaté que les faits matériels étaient suffisamment avérés pour le procès ait lieu. L'Association de la presse étrangère à Hollywood, qui gère les prix depuis leur création, devra faire face à Dick Clark Prods. Le conflit juridique se base sur un accord datant de 1993 qui donnerait à Dick Clark Prods les droits perpétuels pour produire la cérémonie télévisée, aussi longtemps qu'existera l'accord de diffusion avec la chaîne NBC.

L'Association de la presse étrangère à Hollywood (HFPA) a poursuivi DCP en novembre 2010. La société de production, selon l'HFPA, n'avait pas le droit de négocier un contrat à long terme avec NBC sans son consentement. Cet accord devait commencer en 2013 pour cinq ans d'exclusivité. L'Association va jusqu'à plaider que son président de l'époque n'avait pas l'autorisation de signer un tel accord (quasiment illimité) avec DCP. Elle remet donc en question 18 ans de contrat.

La juge considère qu'il y a assez de preuves pour que le conflit soit établit et, surtout, elle remarque que certains éléments peuvent être interprétés de manière contradictoire.

Pour Dick Clark Prods, il s'agit de ne pas perdre trop de temps pour que le contrat avec NBC puisse être signé en toute validité. Pour l'HFPA, l'objectif est plutôt de faire réécrire le contrat et de faire valoir ses droits à travers ce procès.

La filiale cinéma de TF1 condamnée à verser 32 millions d’euros pour ne pas avoir distribué le dernier Spike Lee

Posté par vincy, le 6 juillet 2011

Selon l'AFP, TF1 Droits audiovisuels a été condamnée par le Tribunal de Grande Instance de Paris pour ne pas avoir respecté ses engagements contractuels visant à commercialiser Miracle à Santa-Anna, de Spike Lee, selon le jugement consulté mercredi par l'agence de presse. La société française, filiale de TF1, est lourdement condamnée à payer près de 32 millions d'euros. TF1 DA envisage de faire appel, "tant en raison des fondements de cette décision que du niveau des dommages et intérêts alloués". La société trouve le montant disproportionné par rapport aux recettes nord-américaines du film.

Un flop coûteux

Miracle à Santa Anna est sorti en septembre 2008 aux USA, juste après son avant-première mondiale au Festival de Toronto. Le film a été distribué en Italie mais il est sorti directement en DVD dans plusieurs pays. Car ce fut un fiasco. Le budget conséquent de 45 millions de $ n'a jamais été remboursé avec les recettes en salles : 8 millions de $ aux USA, à peine 1,5 millions de $ dans le monde. Ce film, adaptation du livre éponyme de James McBride, au casting pourtant bien étoilé (Derek Luke, John Turturro, Joseph Gordon-Levitt, James Gandolfini et Karry Washington) souffrait d'une durée anormalement longue (2h46). Spike Lee n'a tourné aucun long métrage depuis. Il avait bénéficié de ces énormes moyens grâce au succès d'Inside Man, sorti en 2006.

Selon lui, le coupable de cet échec est tout trouvé : TF1 DA (coactionnaire de TF1 International, avec UGC Distribution) avait le droit exclusif d'exploiter et de distribuer le film dans le monde entier, à l'exception de l'Amérique du Nord et de l'Italie. Dans un mémo contractuel, la société productrice On My Own devait recevoir une avance de 11 millions de $ en contrepartie.

Historique de l'affaire

Là commence un imbroglio juridique : TF1 International, dont les finances souffrent à cette époque, suspend l'exploitation et la distribution sous prétexte que la version finale n'est pas conforme à ce qui a été promis : On My Own réclame les 11 millions de $ ; TF1 International va en justice pour résilier le contrat et demande des indemnités pour le préjudice ; Spike Lee et la société de production décident d'assigner TF1 D.A. début 2009.

Un an et demi plus tard, la justice est lente parfois, la 3e chambre civile du TGI de Paris leur donne raison : "Aucun manquement contractuel ne peut être invoqué à l'encontre de la société On my Own et la société TF1 International ne pouvait valablement refuser la livraison du film". TF1 International "a manqué à ses obligations contractuelles" et résilié le "deal memo" à "ses torts exclusifs". Un expert cité dans le jugement a souligné les conséquences catastrophiques pour le film, qui n'avait ainsi aucune valeur commerciale, et pour le producteur, désormais précédé d'une réputation négative. On My Own, société italienne, n'a rien produit depuis ce film.

La note est salée :

- 20 millions d'euros à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice financier

- 2,7 millions d'euros pour préjudice moral, dont un million d'euros à On My Own et un million et demi d'euros à Spike Lee, et 200.000 euros à James McBride.

- 9 millions d'euros (soit l'avance promise, certains frais) à BNP Paribas

- et une publication de sa condamnation dans la presse.

TF1 Droits Audiovisuels a réalisé un chiffre d'affaires de 49,4 millions d'euros en 2010 (75 millions d'euros en 2009) mais a réussi à être bénéficiaire (603 000 euros) après un exercice 2009 fortement déficitaire (- 8,2 millions d'euros).

Conviction : vous laisserez-vous convaincre ?

Posté par Claire Fayau, le 15 mars 2011

ConvictionSynopsis : Conviction est l’histoire vraie de la lutte d’une femme, pendant 18 ans, pour faire libérer son frère de prison. 1983, Kenny Waters est condamné à perpétuité pour meurtre. Betty Anne, sa sœur, est la seule à être convaincue de son innocence. Face à un système judiciaire qui refuse de coopérer, elle entreprend des études pour obtenir un diplôme d’avocate. Elle mène sa propre enquête afin de faire rouvrir le dossier, n’hésitant pas à sacrifier sa vie de famille. Aidée de sa meilleure amie, Abra Rice, elle est bien décidée à tout mettre en œuvre pour disculper son frère. (in DP)

Notre avis : Conviction, est le portrait d'une femme forte, convaincue de l’innocence de son frère, qui va reprendre ses études et devenir avocate pour le sauver. Connaissons-nous vraiment nos proches ? Les liens du sang sont-ils indéfectibles ? Qu’est-ce qui nous pousse à croire envers et contre tout ceux que nous aimons?

La problématique du film se rapproche de celle de Music Box de Costa Gavras même si le dénouement s'avère totalement différent. On pourrait d'ailleurs citer quantité de films et téléfilms qui soulèvent ces questions, avec ou sans procès à la clé. Hollywood s'affirme à travers ces films comme un lobby anti-peine capitale, avec plus ou moins de nuances et de variations.

Cette histoire est d'autant plus émouvante qu’elle est vraie. Mais la plus bele réussite de ce drame conventionnelle repose sur sa comédienne. Hillary Swank (La Million dollar baby de Clint Eastwood, entre autres), donne tout son talent (malgré la banalité du projet) pour incarner une femme simple, pas toujours agréable, et entêtée à l’excès - avec l’énergie que devait avoir la vraie Betty Ann Waters. Swank a sans doute flairé le bon rôle, et n’a pas hésité à produire le film.

Le reste du casting lui apporte de quoi élever son jeu et ne jamais jouer en solo avec brio. Juliette Lewis fait une apparition savoureuse et capitale, n’hésitant pas à s’enlaidir, Melissa Leo, récemment oscarisée, est un bon choix de femme-flic et Minnie Driver en bonne copine, possède une certaine épaisseur.

Pour le frère, Swank s'est offert le "versatile" et ambigu Sam Rockwell : l'acteur a le grain de folie qui correspond parfaitement au rôle et possède une personnalité et un physique qui nous font vraiment douter de son innocence par moments.

Hélas, la réalisation de Tony Goldwyn (de la série TV Dexter) est assez plate et ne met pas assez en valeur le travail des comédiens, ni la puissance dramatique de son histoire.

Conviction devient alors une production très  « américaine » et académique, portée par une grande actrice et une relation amoureuse et fraternelle pourtant rare au cinéma.