Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof condamné

Posté par vincy, le 25 juillet 2019

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, primé à Cannes en 2017 pour son film Un homme intègre, a été condamné en Iran le 23 juillet à un an de prison ferme suivi de deux ans d'interdiction de sortie de territoire et d'interdiction de se livrer à une activité sociale et politique. Son distributeur français, ARP Sélection, a immédiatement exigé sa libération. Le Festival de Cannes a également demandé qu'il soit libéré, rappelant qu' "À travers son travail il ne cesse de conter la réalité de son pays, affrontant ainsi la censure imposée chez lui par les autorités iraniennes."

Déjà, en 2011, il avait été condamné à un an de prison pour "activités contre la sécurité nationale et propagande" et en 2013, l'Iran lui avait déjà confisqué son passeport.

Depuis septembre 2017, le cinéaste ne pouvait plus circuler librement, travailler et se rendre à l'étranger. Son passeport a été confisqué dès son arrivée à l’aéroport de Téhéran. Il a ensuite été soumis à un long interrogatoire par les Renseignements des Gardiens de la Révolution. Ceux-ci l’empêchent alors d’assurer le reste de la promotion de son film à l’étranger. Les acteurs du film subissent aussi une perquisition à l’issue de laquelle leurs passeports et ordinateurs sont saisis.

La disparition de l’actrice Fan Bing Bing en six étapes

Posté par vincy, le 21 septembre 2018

Les faits. A 37 ans. Fan Bing Bing est la plus grande star du cinéma chinois, la mieux payée de Chine (notamment en étant le visage de L'Oréal pour l'Asie) et la plus connue (membre du jury du Festival de Cannes). Lundi dernier, la chaîne thaïlandaise de duty-free King Power a annoncé qu'elle rompait son contrat d'ambassadrice globale de la marque. Mardi c'est une université chinoise qui publiait un palmarès de la " responsabilité sociale "  et elle a décroché la note de zéro. Cette descente aux enfers a commencé fin mai, quand l'animateur TV Cui Yongyuan a érévélé sur Weibo (le Twitter chinois) un extrait d'un contrat de la star où elle demande 1,25 million d'euros pour quatre jours de tournage. Puis il dévoile un autre contrat, pour la même prestation, établi à 6,2 millions d'euros. On appelle ça les contrat "yin et yang " où la partie la plus modeste est déclaré au fisc, mais pas l'autre.

Le soupçon. Depuis trois mois ce scandale de fraude fiscale a entraîné la perte de l'actrice. Le 6 septembre, le Securities Daily, journal financier chinois, annonce qu'elle est " placée sous contrôle " (une sorte de détention) et qu'elle "accepterait les décisions de justice". Ses cachets truqués ne sont ne serait que "la partie émergée de l'iceberg" puisque le média évoque des opérations de prêts illégaux et autres formes de corruption.

Pour l'exemple: Le gouvernement chinois, depuis quelques années, emprisonne et condamne les élites, politiques ou économiques, qui sont soupçonnées de corruption, pour l'exemple. Ils vont plus loin en arrêtant, kidnappant,  séquestrant des intellectuels, sans passer par la case justice, et en soutirant des aveux douteux. Le département de la propagande du parti a une aversion pour l'industrie du cinéma jugée cupide (alors même que le box office chinois explose et rapporte énormément de recettes au pays). Huayi Brothers, producteur de la plupart de ses films, a vu son cours de bourse chuter (32% en un jour). Le réalisateur de Cell 2, qui devait être son prochain film, Feng Xiaogang, a aussi été ciblé par les pouvoirs publics pour fraude fiscale.

Lynchage: Pour l'instant, il y a peu de réactions. Ce n'est pas la première fois qu'une vedette chinoise est l'objet de boycott ou de litiges avec le pouvoir. Beaucoup de chinois, par zèle ou patriotisme, la conspuent sur les réseaux, critiquant son jeu comme son mode de vie.

La disparition: L'actrice, dans un premier temps, choisit la défense en lançant ses avocats contre l'animateur TV à l'origine du scandale. Celui-ci s'excuse et accuse finalement son entourage. Début juillet, Fan Bingbing se rend aux Etats-Unis, à Londres, et  en Australie.  Depuis elle est revenue en Chine mi-juillet, mais son passeport a été confisqué. Son agent aurait lui aussi été arrêt. Finalement Fan Bing Bing est arrêtée, sans qu'on sache à quelle date. Et selon les sources chinoises, ce n'est que le début...

Le bannissement: Son nom a été retiré de l'affiche d'un film à venir. La série dans laquelle elle joue ne sera pas diffusée.  Finalement c'est un effacement de l'actrice qui se prépare. Le projet annoncé à Cannes, 355, avec Jessica Chastain, Marion Cotillard, Penelope Cruz, et Lupita Nyong’o, se fera finalement sans elle. Ce qui impacte Huayi Brothers une fois de plus, qui avait acquis les droits de distribution en Chine pour 20M$. Cell 2, suite de son succès de 2003 qui l'a fait décoller, ne verra sans doute pas le jour. Dans la version chinoise de Ash is Purest White, le dernier Jia Zhangke, elle a été coupée au montage. Le film L.O.R.D.: Lord of Ravaging Dynasties 2, qui devait sortir le 6 juillet, n'a finalement plus de date de sortie. The Perfect Blue, tournage achevé en mai, va être retourné avec un autre casting pour la remplacer. Quant à Air Strike, avec Bruce Willis, la sortie a été décalée du 17 août au 26 octobre, et son nom sur l'affiche effacé. Certains pensent que le film est retourné au montage pour la supprimer de l'écran.

Mobilisation pour le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné en Russie

Posté par vincy, le 29 juin 2018

Pour l'instant la Russie réussit son coup médiatique. Entre la rencontre Poutine-Trump et le Mondial de Foot, plus personne ne s'intéresse ni aux droits LGBT bafoués dans le pays ni aux cinéastes persécutés ou emprisonnés.

C'est le cas du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov (Gamer, 2011), en grève de la faim depuis plus d'un mois et qui purge une peine de 20 ans dans un camp de la région de Yamal-Nenets, dans le Grand Nord russe. Oleg Sentsov, 42 ans dans deux semaines, s'est dit prêt à mourir en prison des suites de la grève de la faim qu'il a entamée pour exiger la libération de "tous les prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie. Opposé à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, il a été condamné pour "terrorisme" et "trafic d'armes" à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par Amnesty International et dénoncé par Kiev, l'Union européenne et les États-Unis.

Demain, samedi 30 juin, le festival de la Rochelle présentera un documentaire à 17h, The Trial: The State of Russia vs Oleg Sentsov, accompagné de Sandrine Treiner, directrice de France Culture.

La mobilisation prend désormais une ampleur diplomatique internationale. Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, en visite à Moscou, a appelé il y a dix jours les autorités russes à gracier le cinéaste, notamment pour des raisons humanitaires.

Interrogé mardi sur une possible grâce d’Oleg Sentsov par le président Vladimir Poutine, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a rappelé que, selon la loi russe, "la procédure doit être déclenchée par le condamné lui-même".

L'écrivain américain Stephen King, l'ex-ministre française de la Justice Christiane Taubira, les cinéastes Andreï Zviaguintsev, Pavel Lounguine et Alexandre Sokourov, ont demandé sa libération. Les pays du G7, par l'intermédiaire de leurs ambassadeurs à Kiev (Ukraine), se sont exprimés sur twitter dans un communiqué commun en se disant "très préoccupés" par le sort du réalisateur.

L'écrivaine Marie Darrieussecq a publié hier une tribune dans L'Obs intitulée "Pendant que le monde regarde le foot, Oleg Sentsov meurt de faim". Elle écrit: "Pendant que les nations heureuses d’être sélectionnées jouent en Russie, Oleg Sentsov, qui aime peut-être le foot, je n’en sais rien, tous les amateurs de foot ne sont pas des brutes épaisses, Oleg Sentsov en est au 45e jour de grève de la faim. Il proteste aussi contre l’emprisonnement de 65 autres prisonniers politiques en Russie. Pendant ce temps, le monde entier regarde avec enthousiasme deux fois onze types tapant dans un ballon dans un pays, la Russie, qui a annexé un grand bout d’un autre pays, la Crimée, et qui fait la guerre à tout ce que l’Ukraine compte de forces européennes." Plus loin, elle ironise avec un humour noir: "Pendant que l’Allemagne «perd» et que la Suède «gagne», Oleg Sentsov, détenu dans une colonie pénitentiaire à Iamal, au-delà du cercle polaire – dans un goulag, donc – Oleg Sentsov a entamé la phase terminale de sa grève de la faim: celle qui commence après le 40e jour."

"Cette fichue compétition de foot, opium du peuple et jeux du cirque, est en train de gagner un corps squelettique en guise de trophée mondial. Et il y aura une tache sanglante en guise de drapeau russe, si Poutine ne libère pas Sentsov" lance en conclusion l'auteure.

Le cinéaste tunisien Karim Belhadj arrêté pour « homosexualité »

Posté par vincy, le 27 mars 2017

La SRF (Société des réalisateurs de films) a annoncé ce lundi 28 mars que le cinéaste (engagé) tunisien Karim Belhadj avait été "arrêté le 13 mars 2017, à son domicile, en compagnie d’un homme qui a reconnu avoir eu une relation homosexuelle avec lui." "Sur cette base, le juge d'instruction a ordonné un test anal et a émis un mandat de dépôt contre eux" précise le communiqué.

"Les cinéastes de la SRF sont indignés, condamnent avec fermeté de telles pratiques et appellent à la libération immédiate des deux hommes" et rappelle que "Le test anal ordonné depuis quelques temps par les juges tunisiens est assimilé à un acte de torture."

Selon la SRF, les deux hommes sont actuellement incarcérés à la prison de Mornaguia. "L'article 230 du code pénal tunisien prévoit une peine de 3 ans d'emprisonnement pour les actes de sodomie."

Diplômé de l'institut maghrébin de cinéma (IMC) en 2001, puis de l'école supérieure des études cinématographiques (Essec) à Paris spécialité assistanat à la réalisation. Karim Belhadj a travaillé en tant qu'assistant sur plusieurs courts métrages et spots publicitaires. Après avoir réalisé S.O.S (2011), son premier documentaire, il a sorti son premier court métrage de fiction Case départ en 2012, avec le soutien du ministère de la culture, qui évoque la vie difficile des diplômés de l'enseignement supérieur en Tunisie.

Le cinéaste iranien Keywan Karimi en prison

Posté par vincy, le 24 novembre 2016

On se focalise à juste titre sur la Turquie qui emprisonne journalistes, écrivains et enseignants. Il ne faut pas oublier la situation en Iran, avec un Jafar Panahi toujours "séquestré" par décision judiciaire. L'Iran a encore frappé hier : le cinéaste iranien Keywan Karimi a été arrêté et incarcéré mercredi 23 novembre dans son pays, a annoncé à l'AFP son producteur français François d'Artemare. En appel, au printemps dernier, il avait été condamné à 223 coups de fouet, une amende de 600 euros et un an de prison ferme pour un film sur les graffitis à Téhéran. Le premier jugement, il y a un an, l'avait condamné à six ans de prison et 223 coups de fouet.

"Le cinéaste iranien indépendant Keywan Karimi a commencé mercredi 23 novembre à purger sa peine d'un an de prison à la prison d'Evin", a indiqué la société de production de François d'Artemare, Les Films de l'Après-midi, dans un communiqué. Son dernier film, et premier long métrage, Drum, a été présenté à la Semaine de la critique à Venise en septembre dernier et doit sortir prochainement en France.

Keywan Karimi, musulman sunnite originaire du Kurdistan iranien, a été condamné pour avoir réalisé un documentaire sur les graffitis politiques des murs de Téhéran, Writing on the City, réalisé en 2012. Le documentaire est présenté depuis quelques mois dans des festivals internationaux. Il a notamment reçu une mention spéciale au Festival du film documentaire de Navarre à Punto de Vista (Espagne).

Keywan Karimi a aussi réalisé un court métrage de fiction, Zan va shohar Karegar (The Adventures of a Married Couple) en 2013 et un court métrage documentaire, Marze Shekaste (Broken Border) en 2011.

Le coup de gueule de Sophie Marceau

Posté par vincy, le 14 août 2016

D'habitude, Sophie Marceau tweete sur les paparazzis. Elle les filme, s'en moque, et nous amuse par la même occasion.

Mais le 13 août, l'actrice préférée des Français a décidé de pousser un coup de gueule sur l'affaire Jacqueline Sauvage.

Le 3 décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée en appel à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent qui la battait et abusait sexuellement d'elle et de ses enfants. Elle a déjà effectué trois ans de sa peine et avait obtenu une grâce partielle du Président de la République.

Or, malgré cette grâce, le tribunal d’application des peines (TAP) de Melun a refusé il y a deux jours sa libération conditionnelle. Depuis les voix s'élèvent et le parquet comme les avocates de Jacqueline Sauvage ont décidé de faire appel de cette décision.

Parmi celles qui ont eu un coup de sang, il y a donc Sophie Marceau, révoltée face à tant d'injustice. Cela donne forcément un écho particulier : 1200 "j'aime", près de 1000 retweet et sur Facebook 10000 réactions et 1800 partages.

"Depuis quand la prison est elle devenue un lieu propice à la "réflexion"" écrit-elle. "Encore une fois, le sort des femmes victimes de violence, est non reconnu par la justice ! 10 ans de "réflexion "en cellule pour arriver à quelle conclusion ? Qu'elle méritait ce que son mari lui infligeait ? Finalement c'est ce que la sentence de la justice laisse entendre. Le jour où notre société respectera le droit des femmes autant que celui des hommes est encore bien loin..." ajoute-t-elle.

Evidemment, la star est maligne. A l'affiche de La taularde, qui sort le 14 décembre, elle en profite pour balancer sur les réseaux la bande annonce avec ce commentaire "Un petit aperçu de la prison comme modèle de réflexion..."

Le film d'Audrey Estougo suit Mathilde, qui, pour sauver l’homme qu’elle aime de la prison,prend sa place en lui permettant de s’évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde n’en reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d’écrou 383205-B.

Quand le cinéma s’engage : 11e Festival international du film des droits de l’Homme de Paris

Posté par MpM, le 3 février 2013

Par les temps qui courent, impossible de passer à côté d'un festival qui remet l'essentiel au cœur du débat, à savoir les Droits humains. Du 5 au 12 février prochains se tiendra en effet la 11e édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris (FIFDH Paris), qui est la plus grande manifestation culturelle cinématographique sur les Droits de l'Homme en France.

Au programme, une sélection internationale de films documentaires contribuant à dénoncer les inégalités, à faire découvrir des situations méconnues et à mettre en avant celles et ceux qui se battent pour faire valoir leurs droits.

On pourra ainsi se rendre compte des méfaits de la propagande militaire en Russie (Un été avec Anton de Jasna Krajinovic), accompagner cinq enfants à la recherche d'une vie meilleure sur les routes du Burkina Faso (Bakoroman de Simplice Ganou), prendre le pouls de la ville de Détroit, irrémédiablement touchée par la crise économique (Detropia de Heidi Ewing et Rachel Grady), découvrir de l'intérieur une prison pour femmes en Afghanistan (No Burqas behind bars de Nima Sarvestani et Maryam Ebrahimi), suivre un militant de la contre-censure sur les routes de Chine (High tech, low life de Stephen Maing), apprendre les réalités du génocide qui a eu lieu en Namibie au début du 20e siècle (Namibie : le génocide du IIe Reich d'Anne Poiret), et ainsi de suite.

Malheureusement, les sujets ne manquent pas lorsqu'il s'agit de dénoncer les coups portés aux droits humains à travers le monde. Ce sont donc 24 films répartis en six thématiques (parcours d’enfance, mouvements dans la ville, combats de femmes, droit à la parole - droit de l’environnement, détentions, empreintes de la violence) qui seront diffusés durant les 7 jours de festival, en présence de 18 réalisateurs. En parallèle sont organisés des expositions photos, un salon du livre et des masters class. Par ailleurs, comme dans la plupart des festivals, plusieurs jurys décerneront leur prix, dont deux jurys composés classiquement de lycéens et d'apprentis.

Le troisième jury est quant à lui tout de suite plus atypique puisqu'il réunit sept détenus, deux conseillers de probation et d'insertion et un surveillant de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Cette initiative inédite a permis aux jurés (qui purgent tous des peines supérieures ou égales à 24 mois) et à une cinquantaine d'autres détenus d'assister à des projections au sein de la maison d'arrêt. En revanche, le 12 février, les sept membres du jury seront bien présents lors de la cérémonie de clôture pour décerner en personne leur prix. Un symbole fort et précieux qui prouve une nouvelle fois que le cinéma est non seulement un vecteur important d'échange et de partage, mais également un formidable outil de lien social.

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11e Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris
Du 5 au 12 février 2013
Au Nouveau Latina et dans plusieurs salles de Paris et d’Île-de-France
Consulter la liste et le programme sur le site de la manifestation

Cannes 2012 : L’acteur principal de Reality, film en compétition, est en prison

Posté par vincy, le 18 mai 2012

Comme l'avait annoncé Thierry Frémaux lors de la conférence de presse du Festival de Cannes, le 19 avril dernier, l'acteur Aniello Arena, rôle principal de Reality, de Matteo Garrone, présenté aujourd'hui en Compétition, est toujours incarcéré. Absent de la conférence de presse du film ce midi, il ne sera pas non plus sur les marches ce soir.

Le réalisateur a pris soin d'évoquer le problème : "Aniello Arena est membre de la Compagnia della Fortezza constituée de détenus: il a obtenu l'autorisation de nous rejoindre pour le tournage mais pas celle de venir à Cannes". Si l'on ignore les raisons de cet emprisonnement, Garrone a tenu de préciser qu'il "est en prison depuis 18 ou 19 ans. Il a commencé à jouer il y a 12 ans avec la Compagnia della Fortezza. Le juge l'a autorisé à jouer dans notre film". Il poursuit : "Pendant la journée, il était sur le tournage et le soir il retournait en prison".

Incarcéré à la Maison d'arrêt de Volterra (près de Pise en Toscane), où fut fondée il y a plus de 20 ans la Compagnia della Fortezza dirigée par le metteur en scène Armando Punzo, Aniello Arena, 44 ans, a joué de nombreuses pièces (Shakespeare, Brecht) y compris en tournée (depuis 5 ans). On l'a aussi aperçu dans des documentaires.

Rappelons que les Frères Taviani ont reçu en février l'Ours d'or à Berlin pour leur film César doit mourir, qui met également en scène des acteurs emprisonnés : ils y interprètent librement "Jules César" de Shakespeare par des détenus d'un quartier de haute-sécurité de la centrale de Rebbibia, à Rome.

Berlin 2012 : César doit mourir des frères Taviani, premier vrai frisson de la compétition

Posté par MpM, le 12 février 2012

La Potsdamer Platz a frémi samedi lors de la présentation en compétition à la 62e Berlinale du nouveau film des frères Paolo et Vittorio Taviani, César doit mourir, qui se déroule dans le quartier de haute sécurité de la prison de Rebibbia. On y suit un groupe de détenus choisis pour interpréter la pièce Jules Cesar de Shakespeare sous la direction du metteur en scène Fabio Cavalli.

Dans un noir et blanc qui confère à l'ensemble un aspect irréel, gommant les frontières entre les mots de l'auteur et ceux des détenus, le duo de cinéastes filme les acteurs lors du casting (à la fois cocasse et touchant) puis lors des répétitions. On assiste ainsi à la progression dramatique de la pièce, découvrant au fur et à mesure comment l'intrigue shakespearienne s'approprie l'espace de la prison. Les fenêtres grillagées, les coursives, les cellules deviennent autant de décors minimalistes qui soutiennent l'action et renforcent l'impression de confusion entre l'histoire dans la pièce, et celle dans la réalité.

Au final, cela donne une fable passionnante sur la nature humaine, mise en scène avec l'élégance rare d'une pure tragédie antique. Les acteurs deviennent des personnages presque plus édifiants que ceux qu'ils incarnent, malgré le peu de choses que l'on apprend d'eux. C'est là toute l'intelligence du scenario que d'éviter trop d'allers et retours entre la fiction et la vie de la prison. On connait seulement les noms des détenus, les causes de leur emprisonnement (meurtre, trafic de drogue, collusion avec la mafia...) et les peines (lourdes) auxquelles ils sont condamnés. Malgré cela, une résonance évidente se fait entre leur propre histoire et celle racontée par Shakespeare : l''honneur, les complots, la loyauté, sont des notions qui leur parlent et qu'ils ont eux-mêmes eu l'occasion d'expérimenter.

On perçoit d'ailleurs fugacement la douleur que réveillent les mots de Shakespeare chez certains prisonniers,  ainsi que le mal que peut paradoxalement leur faire ce contact étroit avec les grandes émotions de la pièce. "Depuis que je connais l'art, cette cellule est devenue une prison", avoue notamment l'un d'entre eux a la fin du film, rappelant que lorsque le rideau retombe sur les cadavres de César, Brutus et Cassius, les hommes cachés derrière le costume, eux, doivent retourner en cellule et continuer avec leur vie.

Cannes 2010 : enfin une lettre de Jafar Panahi !

Posté par Sabrina, le 18 mai 2010

Dès mercredi 12 mai 2010, lors de la cérémonie d'ouverture de ce 63e Festival de Cannes, Tim Burton rendait hommage à Jafar Panahi, lui consacrant un fauteuil vide parmi ceux des membre du Jury.

Emprisonné dans son pays à la prison d'Evin (Téhéran) pour avoir préparé un film sur la réélection contestée du Président Mahmoud Ahmadinejad, le cinéaste iranien Jafar Panahi a réussi à faire parvenir un message à l'attention, notamment, du Festival de Cannes, de Gilles Jacob, de Bernard Kouchner ainsi que de notre ministère de la Culture et de la Communication. Message que l'on pouvait entendre du haut des marches, dès le samedi 15 mai, minutieusement lu par Frédéric Mittérand entouré, entre autres, d'Armin Arefi, journaliste et auteur franco-iranien ainsi que d'Abbas Bakhtiari, directeur du centre culturel Pouya, à Paris.

L'idée même de cette missive a été instiguée par Agnès Varda et Bertrand Tavernier. Bernard Henry-Levy, appuyé par toute la famille Panahi a, quant à lui, aidé à faire sortir le message du réalisateur de la prison d'Evin.

Rappelons que Jafar Panahi est l'un des cinéaste iraniens les plus éminents et connus à l'étranger. Il appartient à ce qu'on appelle désormais la "nouvelle vague iranienne". Ancien assistant d'Abbas Kiarostami (lequel montera bientôt les marches avec Copie conforme, en lice pour cette Palme d'Or 2010, ndlr), on lui doit, entre autres, Le ballon blanc(Caméra d'Or, Cannes 1995), Le Cercle (Lion d'Or, Mostra de Venise 2000), L'or pourpre (Prix du Jury - Sélection Un certain Regard, Cannes 2003) ou encore, plus récemment, Hors-jeu (Ours d'argent, Berlin 2006).

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Lettre du cinéaste iranien

" Mes chers amis, veuillez accepter mes chaleureuses salutations depuis la cellule étroite et sombre de la prison d’Evin. C’est à l’occasion de la visite des membres de ma famille, que j’ai été informé de vos précieux efforts lors de la première journée d’inauguration du 63ème festival mondial de Cannes. C’est depuis cette prison, que je salue votre honneur et votre humanité. Je remercie tout particulièrement M. Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture, M. Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères et M. Gilles Jacob pour tous les efforts qu’ils fournissent en vue de ma libération.


Votre voix est à l’unisson avec celles de ma femme, de mes enfants et de tous mes compatriotes qui me parviennent de l’extérieur des murs de la prison et qui œuvrent pour ma liberté. Mais n’oublions pas qu’ici des milliers de prisonniers sans défense n’ont pas même une seule personne pour relayer leur détresse. Ils n’ont, tout comme moi, commis le moindre crime. Et mon sang n’est pas plus important que le leur. Je peux vous assurer que je ne signerai aucune confession forcée malgré les menaces. Je suis innocent. Je n’ai réalisé aucun film contre le Régime iranien.

C’est avec amour que je vis ces instants, en pensant à tous mes amis membres du Jury, les réalisateurs et tous les participants au festival de Cannes qui aperçoivent mon nom sur un siège vide. Avec l’espoir d’un meilleur lendemain,"

Jafar Panahi