Diamant noir reçoit le Prix Jacques Deray 2016

Posté par vincy, le 16 février 2017

Le 13e prix Jacques Deray est attribué à Diamant noir d'Arthur Harari. Ce polar entre Paris et Anvers sur fond d'héritage, braquage et milieu diamantaire est nommé aux César du meilleur premier film et du meilleur espoir masculin (Niels Schneider). S'il a séduit à juste titre la critique, y compris dans nos rangs, le public a été peu nombreux à le voir (70000 spectateurs).

Le Prix Jacques Deray récompense le meilleur film policier français de l'année. Il sera remis le 4 mars à l'Institut Lumière de Lyon.

Pour Bertrand Tavernier, président de l'Institut Lumière, il s'agit d'un "premier film incroyablement prometteur" . Le film a été distingué "pour la singularité et l’élégance de sa mise en scène, son efficacité et son scénario digne des grands films noirs. De par son atmosphère, le jury a retrouvé l’héritage du cinéma de Jacques Deray."

Arthur Harari succède à Vincent Garenq pour L’Enquête, Frédéric Tellier pour L’Affaire SK1, Jérôme Salle pour Zulu, Philippe Lefebvre pour Une nuit, Maïwenn pour Polisse, Fred Cavayé pour À bout portant, Michel Hazanavicius pour OSS 117, Rio ne répond plus, Pascal Thomas pour Le Crime est notre affaire, Alain Corneau pour Le Deuxième souffle, Guillaume Canet pour Ne le dis à personne, Jacques Audiard pour De battre mon cœur s’est arrêté et Olivier Marchal pour 36, quai des Orfèvres.

Sean Penn dans la position du tireur couché…

Posté par vincy, le 6 avril 2013

Un roman français. Un réalisateur français. Et une star hollywoodienne. Sean Penn a accepté de jouer Martin Terrier, le tueur à gages imaginé par Jean-Patrick Manchette dans La position du tireur couché.

Rebaptisé en anglais Prone Gunman, le film sera réalisé par Pierre Morel (Taken). Le tournage devrait commencer ces jours-ci en Europe.

Le film est scénarisé par Pete Travis (qui a réalisé Angles d'attaque). Il s'agit de l’histoire d’un tueur à gages trahi par l’organisation pour laquelle il travaille. Il fuit à travers l’Europe afin de leur échapper et retrouver la femme de sa vie. Il est pauvre, esseulé, bête et méchant, mais c'est un assassin redoutable, avec de bonnes manières.

Le livre de Manchette a été publié en 1982. Jean-Patrick Manchette (1942-1995) était un auteur de romans policiers respecté mais aussi un critique littéraire et de cinéma, un scénariste et dialoguiste de cinéma, et enfin un traducteur. Il était également connu pour ses opinions d'extrême gauche. Les polars de Manchette ont déjà été adaptés par Claude Chabrol, Yves Boisset, Jacques Deray ou encore Alain Delon (Pour la peau d'un flic). Lui-même a écrit des scénarios comme La Guerre des polices (de Robin Davis) ou La Crime (de Philippe Labro).

A noter que Jacques Tardi a adapté le roman de Manchette dans une excellente bande dessinée éponyme (publiée par Futuropolis) en 2010.

Arras fait le plein pour ses 10 ans

Posté par MpM, le 11 novembre 2009

ArrasOn vous avait annoncé un programme alléchant pour la dixième édition du Festival international d'Arras, et l'on ne s'y est pas trompé. A mi-festival, le bouche à oreilles a déjà si bien fonctionné que l'on voit de grandes files d'attente se former devant le cinéma où ont lieu la plupart des projections. D'ailleurs, la manifestation affichait déjà 5 000 spectateurs sur les trois premiers jours, soit une augmentation de 60% par rapport à l'an dernier ! A ce rythme-là, le record de 2008 (environ 20 000 entrées) sera probablement dynamité à la fin de la semaine...

Pour expliquer un tel succès, il suffit de se pencher sur le détail de la programmation quotidienne. Un jour comme mardi, les spectateurs avaient le choix entre pas moins de 16 films dont un ciné-concert (Le fantôme de l'opéra), une comédie musicale hongroise déjantée (Made in Hungaria), une avant-première française (Le père de mes enfants de Mia Hansen-love) ainsi que plusieurs inédits et reprises.

Deux des pays adoubés par Gilles Jacob en mai dernier comme "nouveaux centres cinématographiques", Israël et la Roumanie, étaient également représentés avec des oeuvres fortes et denses qui sous prétexte d'intrigue policière, décortiquent le fonctionnement de leurs sociétés respectives. Ajami de Yaron Shani et Scandar Copti montre les différentes facettes de la ville de Jaffa, violente et étouffante, où de complexes hiérarchies s'érigent entre les communautés qui cohabitent tant bien que mal.

Moins sombre, avec l'humour et l'auto-dérision qui semble caractériser le nouveau cinéma roumain, Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu suit un enquêteur lancé dans une filature minutieuse et répétitive d'un groupe d'adolescents  consommateurs de haschisch. Tiraillé par des questions de morale et de conscience, il est confronté à la fois aux rouages de la bureaucratie et à la rhétorique absurdement retorse de ceux qui l'entourent.

Et parce qu'un anniversaire est aussi l'occasion de faire la fête, la journée s'est achevée par la projection du cultissime Rocky Horror Picture Show animée par la troupe des Sweet transvestites bien connue des habitués du Studio Galande. Le spectacle était ainsi à l'écran, sur scène et dans la salle, avec jets de riz et de confettis, course-poursuites, blagues potaches et reprise en choeur des refrains. Quelques spectateurs ont même eu la "chance" de participer plus activement à l'action en devenant l'espace d'une scène l'un des protagonistes du film... Suffisamment déjanté, foutraque et au final bon enfant pour que toute la salle, constituée en grande partie de "néophytes", se laisse prendre au jeu.

Après tout, c'est aussi cela, la "magie du cinéma". Et si Arras fait habilement le grand écart entre la complexité de la situation israélo-palestinienne et les facéties d'un "transsexuel travesti", l'exercice a de quoi faire définitivement taire ceux qui ne croient pas que diversité, audace et exigence sont les meilleurs ingrédients pour obtenir un festival véritablement populaire et chaleureux.

Millenium à l’épreuve de l’écran

Posté par Morgane, le 6 janvier 2009

stieg larssonAprès des milliers de pages noircies, Millenium et ses héros Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander passeront au travers de la toile et du petit écran courant 2009.

L’engouement pour la trilogie fut et reste énorme. Sept millions d’exemplaires vendus à travers le monde, de nombreuses traductions, des récompenses qu’on ne compte plus et un certain mystère entourent cette trilogie pas comme les autres. L’univers suédois noir que Stieg Larsson (photo) a magnifiquement dépeint à ses nombreux lecteurs a, il fallait s’y attendre, séduit l’univers du cinéma et du petit écran.

En effet, le premier tome, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (voir la bande annonce), sera adapté sur grand écran tandis que les deux suivants (La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, La reine dans le palais des courants d’air) devraient être vus sur petit écran avec une diffusion scandinave.

La réalisation du premier opus est aujourd’hui entre les mains du réalisateur danois Niels Arden Oplev et la sortie du film est prévue le 27 février 2009 en Suède et le 13 mai 2009 en France. Michael Nyqvist interprètera Super Blomkvist tandis que Noomi Rapace prendra les traits de Lisbeth Salander. En France, ils affronteront une autre adaptation de best-seller, Anges & Démons.

Mais pour le moment, le mystère reste entier et le secret bien gardé. Les mesures de sécurité pour éviter d’éventuelles fuites sont phénoménales et le premier teaser laisse le spectateur sur sa faim. Que nenni des personnages, notamment de Lisbeth qui, pour le moment laisse simplement entrevoir un bout de tatouage sur son cou et dans son dos…Il faudra donc patienter quelques mois pour voir ce que peut donner Millenium dans les salles obscures. Son passage de l’écrit à l’image sera-t-il réussi ? Attention, que les fans se le disent, la déception n’est pas impossible.

Le polar s’ennivre de Bourgogne

Posté par vincy, le 11 juillet 2008

Comme nous vous le disions le 2 avril dernier, le festival du film policier de Cognac n'existe plus, lâché par les producteurs de Cognac, principaux subventionneurs. Les organisateurs ont finalement trouvé un nouveau point de chute : Beaune. On passe de la liqueur au (très bon) rouge (sang). Beaune avait, auparavant, accueilli les Rencontres (très professionnelles) de l'ARP, déménagées depuis 2006 dans la métropole voisine de Dijon (tenue par un baron socialiste).

L'édition 2009, la 26e donc, se tiendra du 1er au 5 avril.

AFI (8). Suspens : Hitchcock, incontournable

Posté par vincy, le 3 juillet 2008

vertigo.jpgSueurs froides (1e), Fenêtre sur cour (3e), La mort aux trousses (7e), Le crime était presque parfait (9e). Hitchcock, tel Disney dans l’animation, laisse peu de place aux autres. James Stewart et Grace Kelly s’en trouvent doublement récompensés… Le plus difficile a dû être de choisir quels films et dans quel ordre les mettre… Les enchaînés ou Psychose sont du coup injustement hors concours. Le reste du classement est sans doute le plus classe de tous : Chinatown, Laura, Le troisième homme, Le faucon maltais… On fait pire cinéma. Dans le bas du classement, le genre invite Lynch (Blue Velvet) et Synger (The Usual Suspects). La forme et le style, la malice et les références créent le film culte, et souvent hors du temps. Tout ce qui fait de Sueurs Froides, l’œuvre symbole du genre.
Notre avis : Peu importe le film pourvu qu’on ait Hitchcock, le plus habile des cinéastes à mélanger psychanalyse et peurs primaires, tout en nous faisant sursauter en un plan.

Prochain épisode : la comédie romantique, une affaire de couples

AFI (4). Gangster : Coppola surpasse Scorsese

Posté par vincy, le 27 juin 2008

godfather.jpgContre toute attente, on attendait un Scorsese. Allez savoir pourquoi. Les affranchis (2e) pourtant ne déméritent pas. Mais même l’acteur fétiche Robert de Niro se voit contester sa suprématie dans le secteur par James Cagney et surtout Al Pacino (trois films sur dix). Le véritable boss du genre est Francis Ford Coppola. Le Parrain est considéré comme l’un des cinq meilleurs films de l’histoire du cinéma américain, et domine largement le reste du classement. Plus fort, sa suite, Le Parrain II, est 3e. Avec Scarface (1983), cela fait donc trois Pacino. Ironiquement c’est aussi dans ce classement qu’on trouve un remake (Scarface) et son original (1932). Un genre qui finalement a toujours su se renouveler puisque, de 1931 (Little Caesar, L’ennemi public) à 1994 (Pulp Fiction), en passant par Bonnie and Clyde (1967), le voyou a toujours eu son heure de gloire, entre film noir et opéras macabres, avec des films au style singulier et marquant.

Notre avis : Impressionnant et gonflé, Le Parrain a fait la transition entre deux époques d’Hollywood, et reste le gardien du temple.

Prochain épisode : la science-fiction ou la revanche de Kubrick

Au bout de la nuit : sombre perdition

Posté par geoffroy, le 24 juin 2008

streetkings_keanureeves.jpgSynopsis: Tom Ludlow est le meilleur détective de l'Ad Vice, unité spécialisée de la Police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent "hors normes" et le protège lors de l'enquête interne menée par le capitaine Biggs. Accusé à tort du meurtre d'un collègue, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour prouver son innocence.

Notre avis: La caution d’un grand nom au scénario – James Ellroy en l’occurrence – n’est pas toujours synonyme de qualité et encore moins de réussite. Référence avouée à la situation des flics de Los Angeles peu après les émeutes de 1992 qui firent 32 morts, Au bout de la nuit actualise une réalité sociale toujours aussi tendue et tente vainement d’investir des thématiques fortes comme la corruption policière, le fonctionnement du LAPD (Los Angeles Police Departement) et ses unités d’élite, le maintien de l’ordre et les tensions entre flics. Louable dans l’intention, inexistant à l’image.

Le réalisateur David Ayer (antérieurement scénariste de polars cyniques) est incapable de structurer un polar subtil faisant l’état des lieux d’une police à bout de souffle dépassée par des évènements extérieurs de plus en plus violents. Pire, il ne creuse pour ainsi dire jamais dans cette quête jusqu’au-boutiste d’un flic, Tom Ludlow (Keanu Reeves, plutôt bon), détruit aux méthodes expéditives. Polar noir gonflé à la mauvaise testostérone, Street Kings – titre anglais bien plus révélateur – survole tous ses enjeux pour devenir une vulgaire démonstration de force où l’épate se veut le fondement cinématographique d’une narration poussive. En clair, David Ayer en met plein la vue mais oublie en cours de route d’ancrer ses personnages dans une fonction et une psychologie qui auraient apporté ce brin de substance qui fait cruellement défaut au film. C’est un peu comme s’il suffisait de flinguer, de corrompre, de boire ou sniffer pour réaliser un film tendu et fort sur les violences urbaines, la corruption des institutions et les différentes formes de dépendances. Un peu plus de sinuosité n’aurait pas fait de mal à cet archétype mal dégrossi de film noir trop linéaire dans son traitement et son regard critique.

Cette direction scénaristique enferme l’immersion de Tom Ludlow dans la caricature et lisse jusqu’à l’os des axes de lecture pourtant pertinents. Rapports hiérarchiques, relation à la rue, démêlé avec les "bœufs carottes" made in USA ne sont ni magnifiés, ni développés, ni en interaction. Le film ne nous apprend rien sur l’institution que l’on ne sache déjà, tout en verrouillant son récit sur le mode esbroufe et révélations sans consistance. Il suffit de voir la psychologie du personnage interprété par Forest Whitaker pour en être assuré. L’emphase est telle qu’il frise à chaque plan le ridicule. A force de persévérance, il fini par le trouver à la fin du métrage dans un climax aussi absurde que grossier. Ne parlons pas de ce dernier plan saugrenu digne d’un film de super héros à la "Spider-Man" (sic).

David Ayer accouche sans nul doute d’un film basique assez bien photographié où le anti-héros devient un peu vengeur, un peu sauveur, un peu manipulé, mais seule réponse aux problèmes de corruption et de violences urbaines. La déraison l’emporte sur la cohérence et la violence engendrant la violence, la police de Los Angeles se voit dans l’obligation d’y répondre par la violence. Le monde est ainsi fait et Keanu Reeves étant Keanu Reeves, il aura le dernier mot et l’honneur sauf. Un conseil. Si vous voulez voir – ou revoir – un vrai grand film sur la corruption policière, faites un détour chez Mister Serpico.

Un festival consommé et oublié

Posté par vincy, le 2 avril 2008

"Au cours de son Assemblée Générale Extraordinaire le 3 décembre 2007, l'Association pour le Festival de Cognac a décidé de procéder à sa dissolution anticipée, conformément à ses statuts. L’Association tient à remercier tous ses partenaires qui, au fil des ans, l’ont accompagnée dans cette aventure, commencée en 1982 et dont la 25ème édition, qui a eu lieu en juin 2007, a donc marqué la fin."

Le festival de Cognac était l'un des plus réputés dans le genre. Un rendez-vous qui faisait partie des étapes du calendrier annuel, au printemps, sans souffrir de la concurrence de Cannes. En Poitou-Charentes, il co-existait avec La Rochelle et Poitiers (on annonce un festival du film francophone à Angoulême). Cognac, c'était le polar, le film noir, des jurys de stars, et une réputation liquoreuse dans les médias, qui suivaient l'événement, ce qui reste rare pour un festival provincial.

Mais pas seulement. Car Cognac avait au moins une vertu : mettre la lumière sur un genre souvent oublié dans les autres festivals, le film policier (sous toutes ses facettes). Des cinéastes comme les Coen, Michael Mann, Curtis Hanson, John Dahl, Takeshi Kitano, Xavier Giannoli, Danny Boyle, Larry Clark, Alex de la Iglesia y ont été récompensés pour leurs premières oeuvres. Au fil des années, Cognac s'ouvrait au monde, aux formats.

Cognac, aujourd'hui, c'est finit, et peu de gens en font état. Un festival peut mourir ainsi, dans l'indifférence, même après 25 ans d'existence. D'autres pourraient suivre tant les financements deviennent difficiles (l'Etat se désengage), les sponsors peu intéressés, les médias peu curieux. Trop de festivals? Je pense plutôt qu'il y a une manière obsolète aujourd'hui de "monter" un festival. Que les organisateurs doivent trouver d'autres moyens, et notamment une mutualisation, des alliances, pour dynamiser cette industrie qui rapporte beaucoup en retombées économiques.