C’est le Printemps pour Bernard, ni Dieu ni chaussettes

Posté par MpM, le 7 mars 2011

La 13e édition du Printemps des poètes qui débute aujourd'hui coïncide avec  le centenaire de la mort de Gaston Couté, ce qui fait deux excellentes raisons pour (re)découvrir notre coup de coeur documentaire de 2010, le tendre et drôle Bernard, ni Dieu ni chaussettes de Pascal Boucher.

Les choses étant particulièrement bien faites, une quinzaine de projections sont justement prévues dans toute la France, parfois en présence du réalisateur, du groupe P’tit crème ou encore d'un invité "ami de la poésie".

L'apogée de cette tournée devrait être le 19 mars prochain à la Maison des Métallos à Paris puisqu'après la projection, le P’tit crème, JC Mérillon et sa guitare ainsi que Vania et son orgue donneront un concert. Et Bernard lui-même pourrait être de la fête !

Et attention : pour tous ceux qui ne seraient pas en mesure de faire le déplacement, il n'y a désormais plus aucune excuse pour ne pas voir le film qui est disponible en DVD et en VOD sur le site Universciné.

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La liste des projections

Cannes 2010 – la phrase de fin : Baudelaire

Posté par vincy, le 24 mai 2010

Gérard Lefort dans Libération résume très bien le sentiment des festivaliers sur le retour  en reprenant quelques vers de Charles Baudelaire extraits de Rêve Parisien (Les fleurs du mal). Mais le journaliste n'avait sans doute pas assez de place (ah la presse écrite et ses formatages !) pour en donner plus de quatre lignes. Alors nous l'étendons à trois paragraphes... car l'ensemble est une superbe métaphore de ce qu'est le Festival de Cannes et son jour d'après.

Nul astre d'ailleurs, nuls vestiges
De soleil, même au bas du ciel,
Pour illuminer ces prodiges,
Qui brillaient d'un feu personnel !

Et sur ces mouvantes merveilles
Planait (terrible nouveauté !
Tout pour œil, rien pour les oreilles !)
Un silence d'éternité.

En rouvrant mes yeux pleins de flamme
J'ai vu l'horreur de mon taudis,
Et senti, rentrant dans mon âme,
La pointe des soucis maudits 

Bouzkachi, le chant des steppes: un conte éclaté

Posté par geoffroy, le 23 février 2009

bouzkachiL'histoire: Ali et Oulougbey sont amoureux de la jeune Mohabat. Ne sachant lequel choisir, elle décide d'épouser le vainqueur du concours de Bouzkachi qui aura lieu à Boukhara. Les deux prétendants vont donc traverser montagnes et steppes pour s'affronter lors d'un combat équestre, plein de cris et de poussière. Tout au long du film, un poète et un peintre brodent, à leur manière, le fil conducteur de ce conte mystique des steppes de l'Asie Centrale.

Notre avis: Bouzkachi, le chant des steppes est un premier film étonnant. L’histoire, narrée dans la tradition orale du conte héroïque, survole avec allégresse les steppes d’Asie Centrale au côté de deux champions de Bouzkachi amoureux de la même femme, Mohabat. Promise à celui qui sortira vainqueur du tournoi de Bouzkachi où 300 cavaliers venus de différentes tribus se disputent la carcasse d’un jeune bélier, nous suivons tout à tour les deux prétendants cheminer vers Boukhara, ville où, non loin de là, se déroule le tournoi. Si le récit du réalisateur Jacques Debs est cohérent dans son cheminement, sa finalité descriptive et son esprit onirique, il s’alourdit inutilement par la juxtaposition de principes narratifs nombreux – mots, parole, dessins, musique – et parfois mal imbriqués.

Cette dispersion narrative s’explique, en partie, par le ton mi-documentaire, mi-fictionnel du film, comme si le cinéaste avait voulu nous emmener au-delà du réel, vers une contrée insaisissable garante des traditions ancestrales. Jacques Debs ne lésine pas sur les symboles et l’onirisme du grand poète farsi, Hâfez, répond ainsi aux dessins du peintre lituano-polonais, Stasys pour que la figuration s’élève dans un temps où passé, présent et futur s’imbriquent. Malgré l’effort du cinéaste, l’histoire de cette passion sous fond de jeu antique perpétué depuis des générations, n’arrive pour ainsi dire jamais à humaniser totalement les êtres dans leur destin de héros en communion avec la nature. Comme désincarnés, ils errent à la recherche de l’amour et s’enlisent dans une quête sans fin. Le film, lui, enchaîne dans un faux rythme un peu lassant, les passages documentaires parfois saisissants et les parties fictionnelles pas toujours utiles au propos du cinéaste.

Que reste t-il, alors ? Une langue belle et poétique, des traditions valorisées, des paysages somptueux, des visages singuliers et le tournoi de Bouzkachi à la mise en scène inspirée. Etonnant car dépaysant, Bouzkachi, le chant des steppes aurait sans doute gagné à moins de dispersion pour faire ressortir cette communion entre le terrestre et le céleste.