Venise 2016: Sorrentino, Zlotowski, Falardeau, Jacquot, Loznitsa et Fuqua hors compétition

Posté par vincy, le 28 juillet 2016

La 73e édition du Festival de Venise, du 31 août au 10 septembre, a dévoilé sa sélection officielle, et donc les films hors-compétition et en séances spéciales. Au canadien Villeneuve en compétition, on peut ajouter la présence de son compatriote Philippe Falardeau (actuellement à l'affiche avec Guibord s'en va-t-en guerre), lui aussi avec un film américain, quelques blockbusters hollywoodiens, dont le remake des Sept mercenaires qui fera aussi l'ouverture du Festival de Toronto. Le dernier film de Benoît Jacquot, adaptation d'un roman de Don DeLillo, côtoie, en séances spéciales cette fois Planétarium de Rebecca Zlotowski, boudé par les sélections cannoises. Lily Rose-Depp et Natalie Portman devraient faire sensation. L'Asie reprend quelques couleurs avec un thriller sud-coréen attendu et un manga japonais. le plus surprenant reste l'avant-première de la série TV pour HBO The Young Pope, réalisée par Paolo Sorrentino.

Séances spéciales :

The Young Pope (épisode 1 et 2) de Paolo Sorrentino
Planetarium de Rebecca Zlotowski  Séance spéciale

Fictions :

The Bleeder de Philippe Falardeau
The Magnificent Seven d’Antoine Fuqua
Hacksaw Ridge de Mel Gibson
The Journey de Nick Hamm
A jamais de Benoît Jacquot
Gantz :O de Yasushi Kawamura (Japon) film d’animation
Miljeong (The Age of Shadows) de Jee woon Kim
Monte d’Amir Naderi
Tommaso de Kim Rossi Stuart

Documentaires :

Our War de Bruno Chiaravalloti, Claudio Jampaglia, Benedetta Argentieri
I called him Morgan de Kasper Collin
One more time with feeling (3D) de Nick Cave
Austerlitz de Sergei Loznitsa
Assalto al cielo de Francesco Munzi
Safari d'Ulrich Seidl
American Anrchist de Charlie Siskel

Sécession avec la vie pour Pierre Falardeau (1946-2009)

Posté par vincy, le 26 septembre 2009

pierre falardeauC'est à la fois un grand cinéaste et un militant indépendantiste que le Québec perd en ce début d'automne. Pierre Falardeau a succombé à son cancer à l'âge de 62 ans. Il se présent ainsi sur son blog : "Je suis un homme d’un autre siècle. Je chauffe au bois. Je n’ai pas d’ordinateur. J’écris à la main, avec un crayon à mine ou une plume. En art, je crois à la simplicité. Je chasse à l’arc. Je me bats pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes, la mienne, celle de mon peuple, celles de tous les peuples. Bref, je suis un primitif égaré."

Provocateur dans l'âme, grande gueule adorée des médias, sa passion pour le cinéma et son engagement politique en faveur de l'indépendance de la Belle Province l'ont conduit à réaliser des films historiques bruts et pleins de poigne.

Pourtant, il s'était fait connaître avec la comédie déjantée Elvis Gratton en 1981. Le personnage devînt si populaire, sorte d'Elvis fédéraliste beauf, mis à la sauce québécoise, peu flatteuse, qu'il le déclina en six films, courts et longs, jusqu'en 2004. Il y eut même un livre autour de ce "héros" culte.

Mais en tant que cinéaste, il fut surtout reconnu à sa juste valeur avec des longs métrages comme Octobre en 1994 et 15 février 1839 en 2001. Ce dernier film lui offrira une reconnaissance critique qui lui manqua terriblement au point, sans doute, de nourrir une rancoeur à l'égard du système. Il se consolait dans l'écriture de nombreux livres sur le sujet de l'indépendance du Québec, notamment son dernier ouvrage, un recueil, Il n'y a rien de plus précieux que la liberté et l'indépendance (en 2009). Il était aussi devenu chroniqueur journalistique.

Ce "patriote" omniprésent dans les médias, habitué aux slogans chocs et pas forcément corrects avait aussi subit d'importantes déconvenues. Il était parfois incapable de onter les budgets nécessaires pour des projets très ambitieux, souvent à cause de motifs politiques inavoués, dans un contexte où l'argent public est indispensable pour financer un film. Des ennuis, il en a eu. Des polémiques, il y en a eu aussi. On le décrivait comme total, entier, mais aussi libre. "La liberté n’est pas une marque de yogourt". Titre d'un de ses livres, le meilleur sans doute.

Il faut dire que le personnage était controversé, flirtant avec une idéologie radicale et faisant parfois la promotion de groupes extrêmes, comme le Hezbollah. Cependant, son goût pour le sensationnalisme, qui faisait la joie des médias, était aussi enrichit par une réflexion politique et historique indéniable. On retrouve son style dans le documentaire quasiment pamphlétaire, Le temps des bouffons en 1993.

Qu'on l'aime ou pas, il fut une grande figure d'un Québec qui a cru en son Indépendance durant 40 ans. C'est une perte culturelle et politique pour le Canada. Un homme flamboyant comme on en fait de moin en moins : au delà des postures, il y avait du fond, de la conviction, des revendications, des impatiences, mais bien une sincérité, un romantisme, hélas révolu.

"Comme disait un de mes vieux maîtres, Gilles Groulx, le grand cinéaste : « Si vous n’aimez pas ce que vous êtes en train de regarder, allez voir ailleurs »."

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son blog