Une productrice ouvre une galerie d’art dédiée au cinéma

Posté par vincy, le 17 novembre 2013

la galerie cinémaLa productrice Anne-Dominique Toussaint (Les Films des Tournelles) a ouvert au début de l'automne la Galerie Cinéma à Paris. Située en plein Marais, au 26 rue Saint-Claude (Paris 3e), cette galerie est dédiée aux artistes liés ou issus du cinéma.

Ce nouvel espace veut offrir "un regard singulier et moderne sur l'influence du 7e art dans les champs de la création artistique contemporaine". Première invitée, Kate Barry, fille de Jane Birkin et du compositeur John Barry, y présente Point of View,, exposition qui a déjà tourné dans quelques festivals. Sa série Actrices ainsi que quelques clichés inédits sont visibles du mardi au samedi, de 11h à 19h.

Les films des Tournelles ont récemment produits Alceste à bicyclette, Et maintenant on va où ?, Le hérisson, Les beaux gosses, Miele, Rengaine...

Lumière 2012, Jour 2. Bob Dylan s’expose et Loulou s’exhibe

Posté par Morgane, le 18 octobre 2012

Le Festival Lumière, ce sont des films certes, mais pas uniquement. C'est aussi l'occasion de masterclass, de dédicaces et d'expositions. Parmi ces dernières, il y a celles qui se trouvnte au Village Lumière dans les jardins de l'Institut et qui présente le travail de Pierre Collier, affichiste depuis 25 ans, et une autre sur Bob Dylan vu par l'oeil aiguisé de Jerry Schatzberg.

Car avant d'être le réalisateur que l'on sait, Jerry Schatzberg (voir aussi notre actualité) était photographe. Il a notamment fait le portrait de nombreuses personnalités telles que Andy Warhol, Catherine Deneuve, Roman Polanski, Steve McQueen,  les Rolling Stones et Bob Dylan. Musicien culte son dernier album, peintre mais aussi acteur (Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah, La dernière valse de Martin Scorsese, I'm not there de Todd Haynes), Robert Allen Zimmerman a influencé des dizaines d'artistes depuis ses débuts à la fin des années 50.

C'est sa série de portraits concernant Bob Dylan (réalisés entre 1965 et 1967, majoritairement en noir et blanc) que l'Institut Lumière a choisi pour inaugurer sa nouvelle galerie qui se situe à deux pas de l'Opéra de Lyon. Une scénographie très épurée mais les clichés parlent d'eux-mêmes. Des portraits forts (certains très connus) d'un personnage emblématique, véritable icône du rock. Jerry Schatzberg a donc bien plus d'une corde à son arc.

Preuve aussi, s'il en fallait, que le Festival Lumière permet de voyager dans de nombreux univers, de Bob Dylan on passe à Loulou (en français le film s'intitulait aussi la boîte de Pandore) de Georg Wilhelm Pabst en ciné-concert à l'Auditorium. Une très belle copie restaurée (qui a demandé un travail de titan) accompagnée par une musique composée spécialement pour l'occasion par Arielle Besson et Yonnel Diaz (également musiciens - trompette et saxophone) et interprétée par l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Timothy Brock.

Loulou, femme fatale, libre et libérée, fait tourner la tête de tous les hommes réveillant aussi en eux leurs instincts primaires. Tour à tour adulée mais à la fois condamnée, Loulou se perdra dans des amours trop violents qui auront raison d'elle. Louise Brooks réussit parfaitement à donner vie à ce personnage de femme trop libre pour son époque, mêlant étrangement naturel et minauderie pour le plus grand plaisir des hommes mais aussi leur plus grand désarroi. Comme Dylan, Loulou aura traversé les décennies grâce son look évidemment mais aussi par l'image de la femme émancipée avant l'heure qu'elle symbolise.

La musique, sur un air jazzy mélancolique, accompagne à merveille ce film muet de 1929 qui, considéré trop immoral lors de sa sortie, ne suscitera pas l'intérêt du public et sera même désapprouvé par une grande partie des critiques. Peu à peu le film va regagner ses lettres de noblesse et après la soirée d'hier, on comprend bien pourquoi.

Peugeot quitte Aulnay mais s’amuse avec Gondry

Posté par vincy, le 18 juillet 2012

Sur le blog de Thomas Cantaloube (Mediapart), on découvre de merveilleux clichés pas volés de drôles de machines.

Michel Gondry tourne la version cinématographique de L'Ecume des Jours (voir actualité du 3 mars), roman culte de Boris Vian sur un amour absolu qui rétrécit au lavage de la routine. Thomas Cantaloube a profité de sa virée dans les hauts de Belleville à Paris pour photographier les voitures étranges imaginées par le cinéaste et son équipe. Des modèles bricolés comme cette Peugeot 205 fusionnée avec un autre modèle de la même couleur. On peut aussi y voir des 4L, R16, Ami 6, Fiat Panda transformées (et colorées) en machines à la fois futuristes et nostalgiques.

Gondry avait déjà expliqué dans Le Monde magazine son intention artistique : “On n'est ni en 1947 ni en 2012, ni entre les deux. C'est aussi cela qui rend une histoire éternelle. Pour gommer les années, des ingénieurs de Peugeot ont participé à la conception d'une quinzaine de véhicules, en réassemblant différents modèles. Des voitures qui n'existent pas, indatables.

En pleine crise du secteur automobile, de voir ces "ovnis" sur roues réjouit l'imagination. Ceci dit, si les ingénieurs de Peugeot ont du beaucoup s'amuser à concevoir ces véhicules hybrides, on désespère du sort de l'usine d'Aulnay que ces fantaisies ne sauveront pas...

Le cul de James Franco, « le rebelle », en couverture de Flaunt

Posté par vincy, le 26 octobre 2011

Le magazine californien Flaunt, spécialisé dans la mode et la culture, peut désormais crâner en mettant James Franco en couverture. Ou plutôt son cul, slip baissé. Déjà soupçonné de flirter avec les fantasmes homos, Franco joue les provocateurs en exhibant ses fesses, surmontées du titre du magazine en tatouage. De quoi se vanter...

Est-ce que cela méritait un article sur ce blog très sérieux? Si l'on parle simplement de cette image exhibitionniste, non. Mais il ne faudrait pas passer à côté du véritable sujet. James Franco a lui même réalisé le dossier - The Orgiastic Education of James Franco - qui lui ait consacré : la direction artistique, en collaboration avec Adarsha Benjamin, comme les photographies. La star de La Planète des singes semble beaucoup plus sage dans les pages intérieures. Dans un univers coloré, tantôt flashy tantôt saturé, entre érotisme et séances de travail, il révèle un comédien studieux, joyeux et curieux. On se croirait même à la fac. On est davantage dans l'art contemporain que dans la réinterprétation d'influences cinématographiques.

Franco dévoile surtout une partie de son exposition accompagnant son nouveau court métrage, Rebel, d'après La fureur de vivre de Nicholas Ray. Franco assume : il veut transgresser les genres, les préjugés, alterne la débauche choquante et les moments comateux et songeurs.

Désormais chorégraphe, réalisateur, documentariste, auteur, animateur des Oscars, mannequin pour Gucci, professeur à l'Université de New York, ce touche-à-tout a trois films prêts à sortir, et tourne actuellement Oz : The Great and Powerful. Où il incarne le magicien d'Oz dans ce nouveau délire de Sam Raimi.

Il était une fois… le court métrage photo

Posté par MpM, le 27 septembre 2011

Nous vous en avons parlé à plusieurs reprises sur Ecran Noir, le court métrage photo est un art en pleine expansion, héritier moderne et ultra créatif du diaporama d'antan, qui a à la fois assimilé et renouvelé les procédés vidéo et l'écriture cinématographique traditionnels.

Mais la technique s'efface vite derrière des histoires qui, comme au cinéma, transportent, émeuvent, dérangent, font rire ou réfléchir.

C'est pourquoi Denys Quélever, réalisateur de courts métrages photographiques, a eu l'idée de créer un spectacle intitulé "Il était une fois" proposant une dizaine d’œuvres variées emmenant le spectateur dans une véritable traversée émotionnelle et artistique. Au programme, une trilogie sur la différence, une enquête policière, plusieurs rêveries fantastiques... et même une réflexion sur l'art urbain.

Une occasion exceptionnelle de découvrir sur grand écran un art qui n'a pas besoin de 24 images par secondes pour faire exister récits, songes et émotions.

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Il était une fois
Samedi 1er octobre à 14H30
Entrée libre

Auditorium du musée de la Poste
34 boulevard de Vaugirard
75015 Paris

Programme et informations sur le site de la manifestation

Festival d’Art numérique d’Epinal : le court métrage photo à l’honneur

Posté par MpM, le 28 avril 2011

En 1961 naissait à Epinal le Festival de l'Image, l'un des premiers à proposer cet art alors nouveau du "diaporama". Le public, qui se déplaçait en masse, venait admirer la prouesse technique consistant à projeter des diapositives en fondu enchaîné (sans noir à l'écran) avec une bande sonore. "C'est comme du cinéma !" s'enthousiasmaient les premiers spectateurs.

Cinquante ans plus tard, bien sûr, le média a fortement évolué. Paradoxalement, c'est l'arrivée du numérique qui, au lieu de provoquer sa perte, lui a permis de renaître de ses cendres et de repartir sur de nouvelles bases. Pour imaginer cela, il faut oublier tous les fichiers powerpoint qui fleurissent sur internet (présentant des séries de fleurs, d'animaux ou de paysages avec une musique lénifiante) et qui dévoient le terme. Car le diaporama du XXIe siècle est un véritable court métrage photographique qui inclut des effets vidéo, un scénario rigoureux et une bande-son soignée.

Avant tout, il raconte une histoire, en choisissant le format (fiction, documentaire, reportage, essai...) et le ton qui lui conviennent. Tous les sujets peuvent être abordés, des ravages du sida à la nécessité de scolariser les enfants jugés "différents", en passant par des intrigues de polar ou la vie de telle ou telle célébrité. Comme au cinéma, en somme, les 24 images par seconde en moins.

Depuis mardi se tient donc la 50e édition de ce Festival de l'Image devenu en 2009 Festival d'Art numérique. Au programme, des rétrospectives thématiques, un panorama des auteurs qui ont marqué les 50 dernières années et une compétition présentant 65 montages réalisés en 2010 et 2011. Mais aussi, parce que le Festival d'Epinal a toujours été ancré dans son époque, une exposition consacrée à un diaporamiste tunisien, Trabelsi Marwen, ayant immortalisé la Révolution qui vient d'avoir lieu dans son pays.

Enfin, dans une esprit de multidisciplinarité, le Festival propose la création mondiale d'une pièce musicale, Les 7 péchés capitaux du compositeur Daniel Hue, qui sera interprétée en direct sur la scène du théâtre d'Epinal pendant que seront projetés sept courts métrages photographiques spécialement créés pour l'occasion. Une version diaporamique du Ciné-concert, en quelque sorte. Preuve que ce qui rapproche les deux genres est plus important que ce qui les distingue.
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Festival international d'Art numérique d'Epinal
Jusqu'au 1er mai 2011
Renseignements et programme sur le site de la manifestation
Pour découvrir et visionner (gratuitement) des diaporamas : le musée virtuel du diaporama créatif
A voir aussi : Le jour d'avant de Denys Quélever, diffusé sur notre site dans le cadre de l'Instant court

Le documentariste Tim Hetherington (1970-2011) tué en Libye

Posté par vincy, le 21 avril 2011

Photographe, reporter, chef opérateur et documentariste : le britannique Tim Hetherington a été tué hier, mercredi; en Libye. Habitué des lignes de fronts et des conflits guerriers, il avait acquis une renommée internationale avec son documentaire Restrepo. Le film avait rapporté 1,3 million de $ au box office américain. Sorti en juin 2010, il était resté à l'affiche plus de six mois. Outre sa nomination à l'Oscar du meilleur documentaire, il avait glané quelques prix : meilleure première réalisation aux prix du National Board of Review et surtout Grand prix du jury catégorie documentaires à Sundance.

Il venait de finaliser un documentaire en format court, Diary (voir le court métrage sur sa chaîne Viméo), oeuvre subjective sur son quotidien et la manière dont il gérait les grands écarts de sa vie professionnelle et personnelle.

Né à Liverpool en 1970, il avait étudié la littérature à Oxford avant de revenir à l'Université pour apprendre le photojournalisme. Contributeur régulier de Vanity Fair, il résidait à New York. Il a publié des livres de photos. Il collaborait aussi avec l'ONU.

Il a vécu longtemps en Afrique (notamment pour couvrir la guerre civile au Libéria et les massacres du Darfour). Il fut chef opérateur d'un docu sur le Libéria en 2004, Liberia : An Uncivil War et sur le Darfour en 2007, The Devil Came on Horseback.

Puis il partit en Afghanistan, à la frontière du Pakistan, où il tourna Restrepo avec Sebastian Junger. Il avait reçu en 2007 le World Press Photo Award, parmi de multiples récompenses, pour ses images de soldats américains. Ces mêmes soldats étaient les vedette de Restrepo, qui suivait le quotidien d'un groupe de soldats américains dans une région talibane. Ce qui frappait c'était l'honnêteté de son travail, que ce soit face à la violence ou face à l'intimité des images. "Parfois la question n'est pas de savoir s'il faut tout filmer, mais plutôt quand filmer ou pas".

Montrer les gens tels qu'ils sont. Il twittait au coeur des combats: "Dans la ville libyenne assiégée de Misrata. Bombardements aveugles des forces de Kadhafi. Aucun signe de l'OTAN". Et puis un tir au mortier l'a tué, ainsi que le photographe de l'agence Getty Chris Hondros. La ville de Misrata est assiégée depuis plusieurs semaines par les forces du Colonel Khadafi et au pouvoir, et sert de base avancée de la rébellion. Ironiquement c'était son premier tweet depuis le 28 février, lors de la soirée des Oscars.

L’instant court : Le jour d’avant de Denys Quélever

Posté par MpM, le 24 décembre 2010

Le jour d'avantComme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Un peu de retenue réalisé par Sylvain Gillet, voici l’instant Court n° 12.

Dans un univers audiovisuel en plein mutation, les frontières entre les genres sont de plus en plus floues. Le cinéma, qui s'est toujours ouvert à de nouvelles expériences, profite des nouvelles technologies pour se refaire une jeunesse (la grande tendance des restaurations) ou un portefeuille (l'arrivée quasi miraculeuse de la 3D). Pour beaucoup, ces innovations techniques sont aussi l'occasion de démocratiser un art qui a longtemps été lourd, cher et compliqué. Depuis plusieurs années déjà, on fait des films avec de mini-caméra DV, des téléphones mobiles et même des appareils-photos.

Cette semaine, nous vous proposons une oeuvre atypique qui utilise justement l'image fixe comme support de narration : Le jour d'avant de Denys Quélever. Un court métrage photographique où les "mouvements de caméra" sont artificiellement recréés par logiciel et où les acteurs (professionnels) sont doublés en voix-off.

Bien avant l'arrivée du numérique, un réalisateur comme Chris Marker a utilisé ce procédé dans l'une de ses oeuvres les plus emblématiques, La jetée. On le retrouve régulièrement dans des documentaires ou des films expérimentaux.

Des contraintes techniques propres au genre naît une grande liberté de ton et de narration qui permet aux auteurs d'exprimer aussi précisément qu'au cinéma leurs idées et leurs émotions. En plus d'être un moyen d'expression doté d'une grande force d'évocation poétique, c'est un art à la portée de tous, à mi-chemin entre le court métrage traditionnel  et le diaporama d'autrefois.

Pour vous en convaincre, découvrez Le jour d'avant, une histoire dense et forte où plusieurs personnages se retrouvent brutalement confrontés au SIDA et à leurs propres réactions face à cette maladie.

Denys Quélever nous parle du court métrage photographique et de l'expérience particulière liée au Jour d'avant.

Ecran Noir :  Quel est votre parcours dans le monde audiovisuel ?

Denys Quélever : Il est un peu atypique. J'ai commencé par créer un logiciel pour réaliser du court métrage photo sur Mac comme sur PC nommé "La Lanterne Magique". Jean-Paul Petit [animateur de l'atelier audiovisuel d'Objectif Image à Paris et lui même spécialiste du court métrage photographique] m'a contacté via le site des passionnés de ce média "Diapovision.com". Il m'a fait découvrir le club Objectif Image Paris. Une méthode très rigoureuse et précise d'analyse de montages ainsi qu'un travail en commun très dynamique y sont pratiqués.

Après avoir été pendant deux ans observateur dans ce club, j’ai eu envie d’en réaliser moi-même. Ceci m'a été bénéfique pour éviter les pièges qui affaiblissent le sujet traité par l'auteur dans son court métrage photo. J'ai été surpris par l'accueil chaleureux de mon premier essai, un documentaire sur l'histoire de la Gay Pride. A présent, j'explore de nombreux sujets, de nouvelles méthodes d'écriture et de réalisation dans ce média.

EN :  Parlez-nous de cette forme particulière de court métrage : le court métrage photographique. En quoi consiste-t-il ? Quel matériel nécessite-t-il ? En quoi se distingue-t-il/s’apparente-t-il au court métrage cinématographique ?

DQ : Le court métrage photographique, de par son nom, se base sur l'image fixe qu'il peut explorer par des moyens comme le zoom, la rotation et le déplacement dans l'image. Par ces moyens de base, on peut forcer le spectateur à porter l'attention dans un ordre précis sur différentes parties d'une même image. Le passage par une transition douce ou brusque permet de progresser dans l'histoire contée. Il peut faire l'objet d'une troisième image par la fusion des deux images le temps d'un instant défini par l'auteur. Cela permet de créer une écriture subtile et faire éprouver plus d'émotions. Par exemple, la vue d'un paysage avec le visage d'une personne qui se superpose progressivement. C'est un moyen qui est davantage utilisé dans notre média qu'au cinéma.

Pour ce qui est du matériel, on utilise un appareil photo, un ordinateur, un logiciel de retouche, un logiciel de son et un logiciel d'assemblage des différents médias. Pour résumer, un court métrage photographique est moins complexe à mettre en œuvre qu'un court métrage cinématographique, tant du point de vue de la technique qu’en termes de personnes présentes sur le tournage. En dehors des contraintes, je m’impose dans mon écriture une règle de base : « Je ne dois pas décrire verbalement ce que je montre ni montrer ce que je dis. » Pour le reste, il est très similaire au cinéma. Le spectateur doit être captivé par le sujet et non par la technique utilisée.

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Fabien Lemaire mixe réel et imaginaire dans « Transparence from Tokyo »

Posté par vincy, le 4 novembre 2010

Durant un mois, du 4 novembre au 4 décembre, le photographe Fabien Lemaire, qui a réalisé plusieurs portraits pour Ecran Noir, expose Transparence from Tokyo à la Boutique Julie Prisca (46 rue du Bac 75007 Paris).

Comme je l'écrivais à propos de cette série de photographies, "Fabien Lemaire se nourrit de ce monde qui l'entoure, diurne ou nocturne. Il dépasse l'aspect figé et glacé de la photographie en y insufflant son amour de la peinture, le naturalisme du sujet et l’artifice des technologies."

Ce mixage entre les arts et ce métissage du vivant et de la matière, libèrent notre perception du réel. "Il n’y a ni culte de l’apparence ni esthétisme de l’atmosphère. Au contraire. Paysages et visages sont des éléments figuratifs qui alimentent des voyages, immobiles et intérieurs. Ils nous dépaysent comme ils nous dévisagent. Remodelés, ils nous emmènent dans un autre monde, souvent merveilleux, parfois virtuel, jamais artificiel."

Cela mérite plus qu'un coup d'oeil furtif. Décrypter ces oeuvres c'est comme regarder un miroir où plusieurs mondes se superposent. Vous découvrirez alors un regard poétique sur le Japon, entre tradition et modernisme, réel et imaginaire.

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Site de l'exposition, vidéos et photographies

Exposition Larry Clark : ados sur les photos, pas devant

Posté par MpM, le 8 octobre 2010

Avant même de pouvoir découvrir la rétrospective consacrée à l’œuvre photographique de Larry Clark au Musée d’art moderne de la ville de Paris (qui ouvre ses portes aujourd'hui), on apprenait que l’exposition serait interdite aux moins de 18 ans. Ironique pour des photographies mettant justement en scène des adolescents...

La décision (relativement exceptionnelle dans le cadre d'un musée) est assumée par Christophe Girard, adjoint au maire à la culture : « La mairie de Paris n’est pas au-dessus des lois et, si nous pouvons chacun avoir nos convictions personnelles et citoyennes sur l’évolution du regard de la société sur la sexualité et la santé publique (toxicomanie), en tant qu’élus nous n’avons pas à nous affranchir de la législation pénale et faire courir des risques inconsidérés au Directeur du musée, au commissaire de l’exposition et aux agents du musée » ; mais critiquée par le monde de l’art et de nombreux médias, parmi lesquels Libération.

En signe de protestation et de solidarité avec l’artiste, le grand quotidien national faisait ainsi sa "une" jeudi 7 octobre avec l’une des photos ayant potentiellement provoqué cette interdiction, représentant un jeune couple en train de s’embrasser sur un canapé. Tous les deux sont nus, et la jeune femme tient explicitement dans la main le sexe en érection de son partenaire.

« La mairie de Paris prive les mineurs de l’exposition du photographe et cinéaste américain, chroniqueur du monde adolescent, de crainte de plaintes d’associations réactionnaires. Une décision choquante, condamnée par l’artiste », écrit Libération. « Personne ne conteste qu’il faille réguler la représentation publique de la pornographie ou bien proscrire les images à contenu manifestement pédophilique », explique Laurent Joffrin, le directeur du quotidien. « Le problème, c'est que les photos de Larry Clark, artiste respecté et talentueux, qu’on se dispose à interdire aux moins de 18 ans, ne ressortissent en rien à cette catégorie. [Elles] ont été exposées dans d’innombrables lieux sans être interdites. »

Il y a quelques jours, Larry Clark dénonçait dans Le monde une « attaque des adultes contre les adolescents », et proposait finement d’inverser l’interdiction et de l’appliquer aux plus de 18 ans. « C’est triste que le musée ne puisse pas faire venir les jeunes, mais ce n’est pas à moi de changer la loi », a-t-il également déploré. Sébastien Gokalp, le commissaire de l’exposition, a lui essayé d’apaiser le débat. « Larry Clark est un artiste majeur, sinon il n’attirerait pas autant de monde. Que les gens viennent et qu’ils jugent sur pièce. Qu’ils s’emplissent de ces œuvres, et ensuite on en reparlera. »

Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. Le risque est en effet d’en arriver à une évacuation progressive de toute représentation artistique de la sexualité, notamment celle des jeunes, hors de la sphère publique. Comme le souligne Larry Clark lui-même : « Le dernier rapport visuel au sexe, et qui est déjà majoritaire, deviendrait donc celui de la pornographie, si accessible grâce aux sites en streaming.» Sans compter l’éternelle question du curseur : où s’arrête la frontière entre sexualité interdite et sensualité autorisée ? Si le "cas" Larry Clark fait jurisprudence, les interdictions n'ont peut-être pas fini de tomber…