Oscars: 819 votants de plus, dont la moitié non américains

Posté par vincy, le 4 juillet 2020

819 personnalités ont été invités par l'Académie des Oscars. Au total, le nombre de votants atteint les 9 300 membres. Toujours dans sa logique d'ouverture internationale et de diversification de son collège électoral, les nouveaux membres sont à 45% des femmes, 36 % issus des minorités et surtout 49 % ne sont pas américains. Les nouveaux membres proviennent de 68 nationalités différentes, dont la France qui envoie un contingent de 35 personnes de tous métiers.

Désormais, avec 3179 membres, il y a un tiers de femmes votantes dans les 17 catégories, contre un quart il y a cinq ans. Les non-blancs ont triplé passant de 554 en 2015 à 1787 en 2020, soit près d'un votant sur cinq. Quant aux non-américains, ils sont désormais 2100 étrangers, soit trois fois plus en cinq ans.

Cela amènera forcément à des changements structurels sur les nominations, avec davantage de films internationaux nommés dans diverses catégories, et des choix sans doute moins grand public.

Le cru cannes 2019 en vedette

Côté français, on notera les récents nommés aux Oscars comme Jérémy Clapin et Ladj Ly. Mais aussi l'arrivée de Thierry Frémaux, directeur général de Cannes, et de nombreuses personnalités fidèles, révélées ou sacrées à Cannes comme Mati Diop et Adèle Hanel, ou encore Rosalie Varda. De nombreux producteurs ont aussi été conviés: Toufik Ayadi, Christophe Barral, Bénédicte Couvreur, Jean Labadie, Jean-François Le Corre, Damien Megherbi, Justin Pechberty et Marc du Pontavice.
C'est la catégorie réalisateur qui accueille le plus de français: outre Ly, Diop et Clapin, il y a Bruno Collet, Jean-Loup Felicioli, Alain Gagnol, Delphine Girard, Yves Piat, Nicolas Philibert, et Yolande Zauberman, césarisé cette année avec son documentaire M.
Les autres invités sont scénaristes (Giordano Gederlini, Alexis Manenti), monteurs son (Katia Boutin, Julien Lacheray, Anne Le Campion), ingénieurs du son (Cyril Holtz, Jean Umansky), monteur (Benjamin Massoubre), costumière (Caroline de Vivaise), cascadeur (Dominique Fouassier), directrice de casting (Leïla Fournier), ou dans le marketing (Emmanuelle Castro, Olivier Mouroux, Béatrice Wechsberger).

Cosmopolite et éclectique

Sinon, on soulignera les arrivées (et la confirmation de Venise et Cannes comme pourvoyeurs de talents) de Yalitza Aparicio (Roma), Awkwafina, Lee Jung-Eun, Choi Woo-Shik, Park So-Dam et Jang Hye-Jin (Parasite), Ana de Armas, Pierfrancesco Favino (Le traitre), Eva Longoria, George MacKay, Ben Mendelsohn, Florence Pugh, John David Washington, Olivia Wilde, Constance Wu, Zhao Tao, Levan Akin, Ari Aster, Ici?ar Bolla?in, Cristina Comencini, Terence Davies, Robert Eggers, Samira Makhmalbaf, Matt Reeves, Michael Nyman, Bernie Taupin, Zeynep O?zbatur Atakan (producteur des films de Nuri Bilge Ceylan), Michel Franco, ou de Luis Urbano (producteur des films de Miguel Gomes).

Les Oscars et les Bafta 2021 reportés en avril

Posté par vincy, le 16 juin 2020

Il n'y a plus de saisons. Le coronavirus aura réussi l'exploit de changer la date des Oscars. La prochaine cérémonie des Oscars va être repoussée au 25 avril 2021, soit deux mois après la date prévue puisque la 93e édition devait initialement se tenir le 28 février.

L'Académie des arts et sciences du cinéma a modifié tout son calendrier. Désormais les films sélectionnables pourront sortir jusqu'au 28 février et non jusqu'au 31 décembre. Oscars, qui passe du 31 décembre 2020 au 28 février 2021. Les nominations seront connues le 15 mars. Et le musée des Oscars ouvrira le 30 avril.

Cela ne bouleversera pas grand chose pour le Festival de Cannes, qui aura lieu moins de trois semaines après les Oscars. En revanche Berlin  (11-21 février) peut s'offrir cette année quelques avant-premières américaines prestigieuses pour entretenir le buzz et de possibles nominations.

L'autre changement majeur est du côté britannique: les BAFTA, les Oscars locaux, auront désormais lieu le 11 avril.

Ces bouleversements de calendrier sont accompagnés de règles plus souples : les films pourront ne pas être sortis en salles, autorisant les films diffusés sur les plateformes de streaming et de vidéo à la demande. Elles auront un avantage certain en n'ayant pas subit le confinement et en récupérant quelques films qui ne seront finalement pas dans les cinémas afin d'éviter une sur-programmation.

Et si on regardait… Opérations Jupons

Posté par vincy, le 25 avril 2020

Lundi 27 avril sur Arte, à 20h55, on vous recommande très vivement Opérations jupons, film de guerre pas comme les autres, mixant dans un même pot de peinture, le romantique, l'action, le queer, le féminisme (et son inverse, le sexisme), le grivois et le burlesque.

Blake Edwards était un prodige dans le genre. Avec ce scénario hybride et réjouissant, nommé aux oscars, il va enfin se faire une belle place à Hollywood. jusqu'ici, les commandes avaient été diverses et variées: des séries tv, des films de genre, de la comédie. Rien de marquant. Opérations Jupons va être son premier carton, deux ans avant Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé). Ici il s'agit de gagner une guerre avec les moyens du bord: des avaries, des femmes (ça porte malheur) à bord, des marins en chaleur, des vivres et des outils en pénurie, ... C'est une double cohabitation qui s'annonce: celle d'un commandant aguerri avec un lieutenant novice et peu conformiste, et celle de sous-mariniers avec cinq superbes femmes-infirmières devant être rescapées. Et de temps en temps les Japonais lâchent des bombes.

Opération Jupons est typiquement le film hollywoodien qui repose sur ses deux stars masculines, antagonistes par l(âge et le style de séduction, mais surtout les plus ambivalentes du cinéma hollywoodien de l'époque.

En daddy, le bisexuel Cary Grant (nommé aux Golden Globes pour sa performance), toujours un peu factieux, sûr de son statut de tête d'affiche, cabotinant légèrement avec ce personnage de vieux loup de mer , amusé par les prouesses de son jeune lieutenant, très sérieux quand il s'agit de lancer des missiles, fussent-ils un leurre à base de soutiens-gorges. Cary Grant est au top de son charme et de sa carrière. Il ne tournera que cinq films après celui-là (dont le délicieux Charade), mais en cette année 1959, il est aussi la vedette de La mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, assurément son film le plus iconique de sa longue carrière débutée en 1932. Les temps qui grisonnent, il a enchaîné des succès aussi différents qu'Indiscret et Elle et lui. Grant avait d'ailleurs refusé le rôle dans un premier temps, considérant qu'il était trop âgé pour dirigé un sous-marin, fut-il peint en rose par un hasard de circonstances, rôle qu'il avait déjà endossé 16 ans auparavant dans Destination Tokyo (un tout autre registre).

"Lt. Cmdr. Matt T. Sherman: Ditess-moi quelque chose. Pourquoi avez-vous rejoint la Navy?
Lt. Nicholas Holden: Parce que j'avais besoin d'un uniforme d'officier."

En doublure plus jeune, le non moins séduisant Tony Curtis, fidèle d'Edwards, métrosexuel avant l'heure, malin comme un singe, débrouillard sans scrupule (ce qui lui coûtera quelques affaires), snob un peu pédant, capable de tous les compromis, et pas forcément promis à une carrière de capitaine. Ça pourrait être une affaire père fils ou maître élève. Niveau jeu, la partition est très différente, si bien que les deux acteurs peuvent être dans leur zone de confort sans faire de l'ombre à l'autre, ce qui créé une belle alchimie virile. Tony Curtis est alors en pleine ascension. Il tourne depuis dix ans à peine, mais a déjà à son actif des films forts et populaires comme Les vikings, la Chaîne, Le grand chantage et Trapèze. Surtout, en cette année 1959, il se travestit dans Certains l'aiment chaud, comédie culte de Billy Wilder, avec Marilyn Monroe et Jack Lemmon. D'ailleurs pour la comédie de Wilder, Tony Curtis, grand fan de Cary Grant depuis son adolescence, avait calquer sa voix sur celle de son aîné.

De la taille des bonnets au phallique submersible, tout est évidemment un peu érotique dans le sous-texte. Les marins ne sont pas réputés très subtils dans l'art de la drague: et de voir débarquer un escadron féminin alimente les réflexions un brin misogynes. cependant, le mélange des deux sexes va s'avérer plutôt salvateur dans cette guerre en plein Pacifique. C'est une ode à la féminité: la femme est non seulement l'égale de l'homme (même en mécanique) mais elle l'améliore (jusqu'aux plus endurcis). Hommes ou femmes sur le front, tout le monde est finalement à la même enseigne, à chanter "Ce n'est qu'un au revoir " en guise de communion de nouvel an.

"Vous voyez, quand une fille a moins de 21 ans, elle est protégée par la loi. Quand elle a plus de 65 ans, elle est protégée par la nature. N'importe où entre les deux, elle est un jeu équitable!"

Derrière cette "potacherie" brillamment menée, aux couleurs vives du climat floridien, il y a quelques anecdotes véridiques: le manque de papier toilettes (déjà) est réellement survenu et a fait l'objet d'un courrier officiel au sein de la marine, un sous-marin, le Sealion, a bien été coulé alors qu'il était à quai aux Philippines et, last but not least, le Seadragon fut peint en rouge après avoir vu sa couleur noire sérieusement abimée par un raid aérien.

Désormais classé parmi les sous-marins les plus célèbres du cinéma (et parmi les rares dans la comédie), le Tigre des mers rugira une dernière fois (un immonde rot de pétroleuse). On soulignera qu'un remake a été réalisé en 1977 avec Jamie Lee Curtis, fille de Tony et de Janet Leigh, dans le rôle de Barbara, celle qui tombe amoureuse du beau lieutenant.

4e hit de 1959, Opérations Jupons fut un énorme succès aux Etats-Unis, bien plus important que Certains l'aiment chaud (6e) et La mort aux trousses (8e). Cary Grant, grâce à ses deux films, fut l'acteur le plus bankable de l'année après Rock Hudson. En France, ce fut l'ordre inverse: Certains l'aiment chaud (4 millions d'entrées), La mort aux trousses (3,5 millions) et Opérations Jupons (1,3 million). A vous de vous rattraper.

Et si on regardait… Tootsie

Posté par vincy, le 23 mars 2020

Ce soir, sur France 5 à 20h50, on vous recommande Tootsie. Cette comédie (un peu dramatique) de Sydney Pollack et datant de 1982 a été un énorme succès (3,85 millions d'entrées en France).

Tootsie ((surnom de Dorothy) n'est autre que Dustin Hoffman, au sommet de son jeu en jeune mâle, comédien et chômeur, qui ose se travestir en femme pour obtenir un rôle dans un soap opéra. Ce qui transcende le film est bien qu'Hoffman y est une formidable comédienne. Il est entouré de Jessica Lange, amoureuse de Tootsie mais incapable de devenir lesbienne pour autant, Teri Garr, Dabney Coleman, Charles Durning, Bill Murray, évidemment loufoque, Sydney Pollack et Geena Davis.

Cette comédie sur le travestissement et sur la télévision est considéré comme un classique, et même, selon l'American Film Institute, comme l'une des meilleures comédies de tous les temps. Si Jessica Lange a été la seule à recevoir un Oscar (du meilleur second-rôle), Tootsie a quand même cumulé la plupart des nominations possibles: meilleur film, meilleur acteur pour Dustin Hoffman, meilleure actrice dans un second rôle pour Teri Garr, meilleure photographie, meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure musique originale, meilleure direction artistique, meilleur son, meilleur scénario original.

Il parait, selon l'équipe de tournage, que Dustin Hoffman, perfectionniste et réputé très pointilliste sur les plateaux, étaient bien plus "gentil" en étant travesti en femme. De l'aveu même de l'acteur, Tootsie lui aurait permis de prendre conscience à quel point il avait été sexiste dans la vie. C'est ironiquement aussi le vrai sujet du film: le personnage masculin sans emploi et dragueur un peu lourdingue devient meilleur en étant une femme, confrontée à de multiples problèmes comme le harcèlement, le rejet des actrices d'un certain âge ou les inégalités entre sexe. Autant de sujets toujours d'actualité et qui empêche le film de vieillir.

Cette subversion masque aussi les deux failles du film, qui l'empêche d'être totalement féministe et totalement queer. D'une part, c'est un homme qui vole un job à une femme, avec un subterfuge aujourd'hui inacceptable, d'autre part, l'ambiguïté sexuelle ne va pas jusqu'au bout (comme souvent dans ce genre de films) et n'ose jamais la transgression ultime de ce genre (l'homosexualité).

Reste que la mécanique du scénario, le brio du jeu des acteurs, les rebondissements et quiproquos, la touche de perversité dans certaines situations font de ce film un divertissement réussi, avec cette touche d'années 80 (brushings, fringues, lunettes...) délicieuse.

Conte cruel sur la TV et sa fabrique de rêves factices, fable romantique sur le deuxième sexe, Tootsie, avec Victor, Victoria, sorti la même année, est devenu une icône du cinéma américain des eighties. Mais, bien plus que ça, c'est avant tout, une mise en abime du métier de comédien, soit un homme capable de se transformer en un personnage diamétralement opposé et qui l'a finalement dans la peau jusqu'à se transformer lui-même.

Echec et mat pour Max Von Sydow (1929-2020)

Posté par vincy, le 9 mars 2020

Carl Adolf von Sydow, né le 10 avril 1929, s'est éteint le 8 mars à l'âge de 90 ans. Il était citoyen français depuis 2002. Sa grande silhouette (1m93), sa voix caverneuse, forte et profonde, et son visage coupé au couteau, trois caractéristiques qui lui conféraient souvent des rôles de dirigeants ou de méchants, des bienveillants ou des inquiétants, de prêtres ou le diable, d'oppresseurs ou d'auteurs. A chaque fois il était charismatique.

Révélé par Alf Sjoberg (Mademoiselle Julie, 1951) et Ingmar Bergman avec qui il tourne 11 films (Le Septième sceau, où il joue une partie d'échecs avec la mort, 1956, Les fraises sauvages, Au seuil de la vie, Le visage, La source, A travers le miroir, Les communiants, L'heure du loup, Une passion, Le lien) , Max Von Sydow devient très vite courtisé par Hollywood (George Roy Hill, John Huston et George Stevens pour commencer).

L'Exorciste de William Friedkin fera de cet acteur admiré une star mondiale en 1973. On le voit ensuite alternants grands films et blockbusters, films d'auteurs et navets: Les trois jours du condor de Sydney Pollack, A nous la victoire de John Huston, Flash Gordon de Mike Hodges, Conan le Barbare de John Milius, un James Bond (Jamais plus Jamais), Dune de David Lynch, Hannah et ses sœurs de Woody Allen, SOS Fantômes 2 d'Ivan Reitman, L'éveil de Penny Marshall, en vilain dans Minority Report de Steven Spielberg, en docteur dans Shutter Island de Martin Scorsese, avant de conclure sa filmographie avec Ridley Scott (Robin des Bois), Stephen Daldry (Extrêmement fort et incroyablement près) et Star Wars épisode VII: Le réveil de la force. On se doute que tous ces cinéastes voulaient s'emparer un peu de l'âme de Bergman à travers lui.

Il a aussi tourné en Italie, en France, au Danemark... On le croise ainsi dans Cadavres exquis de Francesco Rosi, Le désert des tartares de Valerio Zurlini, La mort en direct de Bertrand Tavernier, Pelle le conquérant de Bille August (Palme d'or), Europa de Lars von Trier, Jusqu'au bout du monde de Wim Wenders, Les meilleures intentions de Bille August (Palme d'or encore), Le sang des innocents de Dario Argento, Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, Un homme et son chien de Francis Huster, Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt, ou son dernier film, Kursk de Thomas Vinterberg... On l'a vu aussi dans la mini-série Nuremberg, dans les Tudors et dans Game of Thrones.

Il ne se souciait pas du genre - fantasy ou drame, SF ou thriller, mélo (nombreux) ou historique - ni de la taille du rôle. Avec 8 langues parlées, ce provençal d'adoption avait arrêté de tourner, ne trouvant plus de rôles intéressants. Il voulait vivre, tout simplement.

Nommé une fois à l'Oscar du meilleur acteur (Pelle le conquérant) et une fois dans la catégorie second-rôle masculin (Extrêmement fort...), il avait reçu un trophée spécial à Cannes en 2004 et plusieurs prix honorifiques dans les festivals internationaux. Son prestige était sans doute ailleurs: il a tourné dans cinq films nommés à l'Oscar suprême, et a été le double de Bergman au cinéma durant les années 1950-1960. "La plupart de ce que je sais, je l'ai appris de lui" expliquait-il à propos du maître suédois. Préférant la littérature et le théâtre, et tout art de l'oralité, au cinéma, Max Von Sydow était considéré comme intellectuel, reconnaissant le cinéma et le jeu comme futiles. Athée, il ne croyait pas dans une forme de vie après la mort. Même si, chez lui, il y avait toujours une part de doute. Cette ambiguïté qui lui permettait d'être si nuancé et si subtil dans chacun de ses personnages, les empathiques comme les monstrueux.

Sophia Loren revient sur … Netflix

Posté par vincy, le 20 février 2020

Un beau coup de plus pour Netflix. la plateforme s'offre Sophia Loren, qui n'a rien tourné pour le cinéma depuis Nine en 2009 et pour la télévision depuis La mia casa è piena di specchi en 2010. Une si longue absence. Netflix a acquis les droits de La vita davanti a sé (La vie devant soi), adaptation du roman de Romain Gary.

Elle incarnera Madame Rosa. Rôle mythique, Simone Signoret l'avait interprété dans le film de Moshé Mizrahi en 1977. L'actrice avait reçu un César de la meilleure actrice en 1978 et le film a obtenu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Myriam Boyer a repris le rôle pour un téléfilm en 2010.

La version italienne avec l'icône italienne sera réalisée par son fils Edoardo Ponti.

L'histoire est celle de Madame Rosa, une vieille femme juive qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, fut prostituée à Paris. Elle a ouvert un bordel, où elle accueille aussi les enfants des prostituées pour qu'ils soient protégés de l'Assistance publique. Momo, qui sera incarné par Ibrahima Gueye, est un jeune musulman timide qui voit en madame Rosa la seule « mère » qui lui reste. Il va l'accompagner jusqu'au crépuscule de sa vie...

Oscars 2020: l’immense sacre de Parasite

Posté par vincy, le 10 février 2020

Certains y voient la dernière cérémonie d'un monde ancien. Netflix v. Disney, la suprématie blanche, la domination masculine... Et puisqu'il n'y a plus d'animateur pour envoyer quelques flèches acides sur le manque de diversité et l'absence de femmes, c'est Janelle Monae, "fière d'être une artiste noire black", avec Billy Porter, qui, en ouvrant la cérémonie, ont changé les paroles de sa chanson "Come Alive" pour rendre hommage aux nommés. Les femmes ont aussi pris leur revanche avec le discours égalitariste d'un trio de femmes d'action - Sigourney Weaver, Gal Gadot et Brie Larson - présentant l'Oscar de la meilleure musique. Pour la première fois, le chef d'orchestre de la cérémonie était une cheffe. Et l'Oscar a récompensé une islandaise, Hildur Guðnadóttir.

Ces Oscars restent un rituel incontournable à Hollywood. Avec quelques moments de TV telle la prestation d'Eminem chantant Lose Yourself, qui n'avait pas été chantée à l'époque où le morceau avait été sacré par les Oscars. Plus insolite, Tom Hanks qui fait la promo du futur musée de l'Académie, qui s'ouvrira le 14 décembre 2020. Moqueurs, les Oscars ont osé une référence à Cats, fiasco et horreur visuelle de l'année, en déguisant James Corden et Rebel Wilson pour présenter les meilleurs effets visuels. Cats a raflé tous les Razzies Awards hier soir. Vous l'aurez compris, chacun y allait de son moment d'humour, avec plus ou moins de réussite.

Lire aussi: Les Oscars d'honneur pour David Lynch, Geena Davis, Wes Studi et Lina Wertmüller

Cette année, peu de surprises sont attendues. Quelques catégories sont "ouvertes", mais en remettant les statuettes avec trois semaines d'avance, le parcours a été raccourci et, depuis les Golden Globes, un grand nombre de vainqueurs semblent désignés d'avance, raflant à chaque fois le prix, notamment chez les acteurs. On s'attend d'ailleurs à un palmarès éparpillé sur plusieurs films, sans réel favori, et à une cérémonie un peu ronronnante. Pour désigner le vainqueur, le nombre d'Oscars ne suffit pas. Pourtant, il y a eu une méga-surprise. 1917 a été snobé (trois statuettes techniques), malgré sa position de favori.

Parasite gagne par K.O. en s'inscrivant quatre fois au palmarès, dans quatre des catégories les plus prestigieuses: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur film international et meilleur scénario original.

Parasite a d'abord récolté l'Oscar du meilleur scénario original, soit le premier Oscar de l'histoire remis pour le cinéma sud-coréen, rejoignant ainsi dans cette catégorie les "étrangers" Claude Lelouch, Jane Campion et Pedro Almodovar. Le cinéaste a battu Almodovar pour l'Oscar du meilleur film international. Là encore c'est la première fois qu'un film sud-coréen était nommé dans cette catégorie. Mais avec une troisième statuette, celle du meilleur réalisateur, Bong Joon-ho, s'est inscrit dans l'histoire hollywoodienne. Apportant joie et émotion à la soirée, le réalisateur a fait applaudir Martin Scorsese et Quentin Tarantino auxquels il a rendu hommage. Mais c'est bien la Palme d'or qui a réussi son O.P.A. sur Hollywood. C'est le deuxième cinéaste asiatique, avec Ang Lee, deux fois oscarisé, à remporter le prix du meilleur réalisateur. Et c'est aussi le deuxième cinéaste à être oscarisé pour un film en langue étrangère, un an après Alfonso Cuaron et Roma. Un sacré parcours qui sacre un cinéma parmi les plus riches du monde depuis 30 ans. Il peut en effet fêter ça en buvant jusqu'au petit matin...

Historique. Ce n'était pas terminé puisque le film a finalement vaincu tous les autres, devenant le premier film en langue étrangère à remporter l'Oscar du meilleur film. Un doublé Palme d'or-Oscar jamais vu depuis Marty, de Delbert Mann, palmé en 1955 et oscarisé en 1956. C'est aussi la première fois qu'un film récompensé dans la catégorie meilleur film international fait la pair avec la catégorie du meilleur film. Pour sa première fois aux Oscars, le cinéma coréen a fait plier Hollywood, déboutant 1917, Tarantino et Scorsese.

Après trois nominations aux Oscars, un prix d'interprétation à Venise et un autre à Cannes, Joaquin Phoenix l'a finalement gagné. Et a délivré un discours engagé sur la lutte contre les dominants, critiquant l'égocentrisme, la désunion des peuples, la destruction de la nature. "Je pense qu'on a peur du changement" a-t-il expliqué, espérant plutôt que la créativité des humains l'emporte. Il a terminé son discours au bord des larmes en citant son défunt frère River Phoenix, et en lançant un de ses conseils bien-être, "Cours après l'amour". L'excès et les névroses payent. Les transformations aussi, comme toujours.

A l'instar de Renée Zellweger qui s'est métamorphosée en Judy Garland, jusqu'à chanter ses chansons (avec brio, notons-le). Déjà deux fois nommée dans la catégorie meilleure actrice en 2002 et 2003, et oscarisée en meilleur second-rôle il y a seize ans, c'est un come-back époustouflant pour l'actrice, qui a dédié son prix à Garland, qui n'avait pas eu d'Oscar d'interprétation, rappelle-t-elle.

Enfin gagnante après 35 ans de carrière et deux nominations, Laura Dern apporte le premier Oscar d'interprétation de l'histoire pour un film Netflix (qui gagne aussi l'Oscar du meilleur documentaire, récompensant deux nouveaux producteurs, Barack et Michelle Obama). Là encore, on est dans un jeu très expressif.

A l'inverse, avec son minimalisme, Brad Pitt, déjà oscarisé en tant que producteur pour 12 Years a Slave, repart avec son premier Oscar d'interprétation, dans un second-rôle de premier plan. Il a fait un discours plus sage que d'habitude, ému apparemment.

Roger Deakins repart avec son deuxième Oscar, deux ans après celui de Blade Runner 2049, qui avait été une réparation après 13 nominations infructueuses. Idem pour le français Guillaume Rocheron, qui avait déjà été récompensé pour les effets visuels avec L'Odyssée de Pi en 2013. C'est d'ailleurs le seul français récompensé de la soirée. Sir Elton John reçoit aussi son deuxième Oscar de la meilleure chanson, 25 ans après "Can You Feel the Love Tonight" dans Le Roi Lion (cette année-là, John avait été nommé trois fois dans la catégorie).

Le palmarès intégral:


Meilleur film: Parasite
Meilleur réalisateur: Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleure actrice: Renée Zellweger (Judy)
Meilleur acteur: Joaquin Phoenix (Joker)
Meilleur second-rôle féminin: Laura Dern (Marriage Story)
Meilleur second-rôle masculin: Brad Pitt (Once Upon a time in Hollywood)
Meilleur film international: Parasite de Bong Joon-ho
Meilleur long-métrage documentaire: American Factory de Julia Reichert, Steven Bognar
Meilleur court-métrage documentaire: Learning to Skateboard in a Warzone de Carol Dysinger
Meilleur long-métrage d'animation: Toy Story 4 de Josh Cooley
Meilleur court-métrage d'animation: Hair Love de Matthew A. Cherry
Meilleur scénario original: Bong Joon Ho, Jin Won Han pour Parasite
Meilleur scénario adapté: Taika Waititi pour Jojo Rabbit
Meilleure musique: Hildur Guðnadóttir pour Joker
Meilleure chanson originale: “I’m Gonna Love Me Again” de Sir Elton John et Bernie Taupin pour Rocketman
Meilleure photo: Roger Deakins pour 1917
Meilleur montage: Michael McCusker, Andrew Buckland pour Le Mans 66
Meilleurs décors: Barbara Ling et Nancy Haigh pour Once Upon a time in Hollywood
Meilleurs costumes: Jacqueline Durran pour Les filles du Dr March
Meilleurs maquillages et coiffures: Kazu Hiro, Anne Morgan, Vivian Baker pour Scandale
Meilleur montage son: Don Sylvester pour Le Mans 66
Meilleur mixage son: Mark Taylor, Stuart Wilson pour 1917
Meilleurs effets visuels: Guillaume Rocheron, Greg Butler, Dominic Tuohy pour 1917

La vie passionnée de Kirk Douglas (1916-2020)

Posté par vincy, le 6 février 2020

C'était, avec Olivia de Havilland, la dernière légende de l'âge d'or hollywoodien, une star immense. Il aura vécu plus d'un siècle. Kirk Douglas est mort cette nuit à l'âge de 103 ans. C'est une part de cinéphile qui s'éteint.

Découvert par Lauren Bacall, ce fils de chiffonniers a débuté en 1946. Il tournera jusqu'en 2008. On le voyait encore engagé il y a quatre ans contre Donald Trump. On était touché par les clichés de son fils, Michael Douglas, et de sa belle-fille, Catherine Zeta-Jones, circulant sur Facebook et Instagram à chaque anniversaire. Il a tourné 96 films, reçu un César d'honneur et un Cecil B. DeMille Award pour l'ensemble de sa carrière et un Oscar d'honneur "pour 50 ans de force créative et morale dans la communauté cinématographique". Il fut aussi Président du jury du festival de Cannes en 1980 et Président de la cérémonie des César en 1990.

Avec sa fossette au menton, son nez de statue grecque, son regard perçant et son large front, il avait une gueule. Pas celle du jeune premier. D'ailleurs, ses grands rôles il les aura après ses 33 ans. Après l'avoir aperçu dans L'Emprise du crime de Lewis Milestone, avec Barbara Stanwyck, Kirk Douglas tourne pour Jacques Tourneur (La griffe du passé) et Joseph L. Mankiewicz (Chaînes conjugales). En 1949, il obtient ses premiers galons avec Le Champion de Mark Robson, qui lui vaut sa première nomination aux Oscars.

Sa carrière décolle dans les années 1950. Il va enchaîner une succession de films qui lui vaudront d'être classé parmi les 20 plus grandes stars de l'histoire selon l'American Film Institute. En 1950 et 1951, il tourne avec quelques uns des plus grands cinéastes de l'époque, dans tous les genres. Trompettiste virtuose dans La Femme aux chimères de Michael Curtiz, avec Lauren Bacall et Doris Day, homme brisé dans La Ménagerie de verre d'Irving Rapper, drame adapté d'une pièce de Tennessee Williams, marshall dans un western, Une corde pour te pendre, de Raoul Walsh, reporter dans Le Gouffre aux chimères de Billy Wilder, détective dans Histoire de détective de William Wyler.

Il a l'air souvent en colère dans ses personnages. Kirk Douglas avait un talent certain pour incarner les personnages nerveux, enragés, bouillonnants, tout en pouvant être charmeur et séducteur malgré sa beauté non conventionnelle. En 1952, il est à l'affiche de deux grands films: La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks, un western, et Les Ensorcelés de Vincente Minnelli (The Bad and the Beautiful), mise en abime d'Hollywood, où Douglas, dans ce film noir, joue un producteur pas franchement sympathique. Cela lui vaut sa deuxième nomination aux Oscars.

Douglas tourne avec Edward Dmytryk, Henry Hathaway, Anatole Litvak, King Vidor. Mais dans les années 1950, l'acteur devient l'un des plus populaires du monde grâce à Vingt Mille Lieues sous les mers de Richard Fleischer, d'après le roman du très français Jules Verne, grosse production à effets visuels, avec James Mason. C'est aussi avec un autre personnage français, mais cette fois-ci réel, qu'il va obtenir sa troisième nomination aux Oscars. La Vie passionnée de Vincent van Gogh, de Vincente Minnelli et avec Anthony Quinn, lui offre une de ses plus belles prestations, tragique et subtile. Dans le mythique Règlements de comptes à OK Corral de John Sturges, avec son ami Burt Lancaster - avec qui il se moquera des Oscars le soir de la cérémonie en faisant un duo chanté parodique -, il est un joueur de poker, atteint de tuberculose, qui va s'allier à Wyatt Earp. Notons qu'avec Lancaster, ils ont tourné huit films ensemble.

Fort de son pouvoir, il choisit le jeune Stanley Kubrick pour réaliser Les Sentiers de la gloire, l'un des plus grands films sur la première guerre mondiale et ses tranchées. Colonel désobéissant, effaré par l'absurdité de la guerre et de ses dommages, il est transcendé par le rôle. Le film, antimilitariste, est censuré pendant 18 ans par la France, en pleine guerre d'Algérie.

Il retrouve Kubrick trois ans plus tard pour un péplum, Spartacus, avec Laurence Olivier, Peter Ustinov, Jean Simmons, Charles Laughton et Tony Curtis. Beaucoup se souviennent des scènes à l'esthétique homoérotiques, mais le film, qui raconte une révolte d'esclaves, est avant tout politique. D'autant que Douglas, producteur du film, enrôle Donald Trumbo comme scénariste, alors blacklisté par les anti-communistes.

Avec Tony Curtis en frère ennemi, il a aussi tourné Les Vikings, de Richard Fleischer, où il s'offrait le sale rôle de ce plan à trois avec Janet Leigh. Une fresque populaire de casque et d'épée, où Douglas apparaît défiguré et accepte son sort de traître. Il a déjà été amputé d'un doigt (La captive aux yeux clairs) et d'une oreille (Van Gogh). Alors pourquoi pas borgne.

Dans les années 1960, la star continue de croiser les plus grands réalisateurs : El Perdido de Robert Aldrich, Le Dernier de la liste de John Huston, Sept jours en mai de John Frankenheimer, Première Victoire d'Otto Preminger, Paris brûle-t-il ? de René Clément, Les Frères siciliens de Martin Ritt et L'Arrangement d'Elia Kazan, avec Faye Dunaway et Deborah Kerr. S'il a été souvent admiré pour sa musculature de sculpture antique, il continue d'aller chercher des rôles dramatiques intenses, comme dans ce film, où, en homme qui a tout réussit matériellement, cherche un sens à la vie après une tentative de suicide.

A partir des années 1970, les choix se font pourtant moins pertinents. Un nouvel Hollywood a envahit les écrans, avant l'ère des blockbusters. Il est un peu mis à l'écart, même s'il est toujours aussi juste et formidable comme dans Le Reptile de Joseph L. Mankiewicz, Furie de Brian De Palma (qu'il retrouvera dans Home Movies), ou L'Homme de la rivière d'argent de George Miller. Il se retrouve à l'affiche de téléfilms. Le relais est passé à son fils, Michael, producteur et acteur de premier plan dès les années 1980.

Il a toujours été engagé politiquement - prenant la défense des Indiens dans les westerns -, alertant des risques de la guerre (Les sentiers de la gloire) ou de l'extrême droite dans un coup d'etat antidémocratique (Sept jours en mai), appréciant les personnages à contre-courant, de déclassés ou de cowboys non stéréotypés. Kirk Douglas a mis sa notoriété au service de grandes causes. Démocrate, parlant français et allemand, progressiste, dénonçant la stratégie de la peur du candidat Trump, il a aussi été un écrivain populaire, avec ses romans et ses mémoires (Le Fils du chiffonnier, premier des quatre tomes, en 1988). A travers ses écrits, il évoque sa quête de judéité, sa renaissance après son accident vasculaire cérébral en 1996, sa dépression, l'overdose de son plus jeune fils... Sa part de douleur dans son parcours de gloire.

Le vice plutôt que la vertu

Issur Danielovitch Demsky, né le 9 décembre 1916, était ambitieux et séducteur, artiste dans l'âme et patriarche, impliqué dans ses films et fidèle à des artistes souvent mégalos ou persécutés. Comme Trumbo, qui signe le scénario de Seuls sont les indomptés en 1962, le film préféré de la star, qui y incarne un cow-boy refusant de se soumettre aux contraintes du monde moderne. Tout un symbole.

"Je dois ma carrière à ma mère si elle avait cru en moi, je me serais contenter d'être secrétaire" écrivait-il, soulignant qu'il avait eu la chance d'être né dans la pauvreté "la plus abjecte", un net avantage pour se construire un destin. "Les acteurs sont des enfants qui refusent de grandir" expliquait ce géant du cinéma. Il assumait ses personnages de "fils de pute" qui l'ont grandit justement. "La vertu n'est pas photogénique. Qu'est-ce que c'est d'être un bon gars? Ce n'est rien en fait. Juste un gros nul avec un sourire pour tout le monde..." Il aimait cette ambiguité, ces rôles que peu pouvaient assumer et incarner, comme celui du Major dans Ville sans pitié de Gottfried Reinhardt, devant défendre quatre soldats accusés de viol (et pour lequel il touche alors un cachet record d'un million de dollars en 1961). Cela ne l'empêchait pas d'avoir l'image d'un homme bon et généreux.

"Ils disent qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Depuis ma naissance, notre planète en a fait le tour 100 fois. Avec chaque orbite, j'ai vu notre pays et notre monde évoluer d'une manière qui aurait été inimaginable pour mes parents - et je continue de m'étonner chaque année." Jusqu'à aujourd'hui. Mais il sera toujours Spartacus dans l'éternité. Un homme de rien qui s'est battu contre les empereurs, au coeur de l'arène hollywoodienne.

[Lumière 2019] Frances McDormand, quand cinéma rime avec engagement

Posté par Morgane, le 16 octobre 2019

Festival Lumière. Lyon. Début de semaine. La salle de la Comédie Odéon est pleine et c'est une véritable ovation qui est faite à Frances McDormand. Thierry Frémaux, fidèle au poste, accueille l'actrice et Didier Allouch est là pour mener la discussion. L'actrice oscarisée (Fargo, Three Billboards) est évidemment l'une des muses des frères Coen (elle en a d'ailleurs épouser un des deux), mais elle a aussi tourné avec Wes Anderson, Sam Raimi, Alan Parker, Ken Loach, Robert Altman, John Boorman, Curtis Hanson, ou encore Gus Van Sant.

Indépendance de ses personnages
Un trait de caractère qui revient chez beaucoup de ses personnages c'est cette indépendance. Est-ce quelque chose qu'elle recherche particulièrement?
"Le seul truc qui revient souvent, ce sont mes fesses trop larges!" Plus sérieusement, l'actrice explique qu'au début de sa carrière elle faisait principalement des seconds rôles qui mettaient en avant des personnages masculins (elle le fait très bien d'ailleurs dans Mississipi Burning). "Mais je savais qu'un jour mon fils partirait de la maison et que j'aurais envie de faire autre chose, d'avoir les premiers rôles et ce fut le cas. Depuis que j'ai 50 ans j'ai la chance d'avoir des rôles de femmes très intéressants et je ne compte pas m'arrêter là."

Qu'est-ce qu'être une actrice à l'âge de Netflix?
Elle répond en tant que productrice. "J'ai eu la chance de travailler avec HBO. Quand j'ai développé Olive Kitteridge j'ai regardé The Wire et je me suis rendue compte du réel pouvoir de la série. Il est difficile de raconter l'histoire d'une femme en 90 minutes car il y a beaucoup de choses qui partent dans tous les sens. 30 ans de sa vie en 90 minutes c'est impossible, il fallait bien quatre heures! J'adore les pièces de théâtre qui durent six, huit, neuf heures. On regarde une partie puis on va prendre un café, une autre partie puis on va déjeuner et enfin la dernière partie et on va diner.  Aujourd'hui on a pris l'habitude de faire la même chose à la maison avec les séries. Moi je fais ça avec Fleabag. Je regarde cette série pendant des heures et je m'arrête juste pour manger et aller aux toilettes."

Ses débuts au cinéma
Son premier film c'était Blood Simple des frères Coen en 1984. "C'était une expérience formidable. Tout le monde était débutant. Ça a été mon école de cinéma!" Puis elle a tourné Mississipi Burning dont elle dit avoir obtenu le rôle grâce à Stella qu'elle jouait sur Broadway dans Un tramway nommé désir. "Venant du théâtre j'avais peur d'en faire trop, surtout avec mon visage. Avec Mississipi Burning j'ai pu utiliser tout mon corps, comme au théâtre mais d'une manière plus subtile."

Les Frères Coen, 9 films depuis 1984. Comment la relation évolue?
"J'ai beaucoup appris sur le mariage venant d'eux! En ce moment je travaille avec Joel sans Ethan. Pour la première fois je travaille sur le début de la création du film. Mais après une réunion, Joel m'a dit: 1, il vaut parfois mieux écouter que parler. 2, quand je ne parle pas je pense et 3, avec Ethan on travaille en se comprenant sans dire un mot." Il est souvent bien difficile de séparer les deux frangins. Et pourtant Frances McDormand dit qu'ils fonctionnent bien évidemment ensemble mais sont très différents. "Ethan a l'esprit très littéraire alors que Joel lui est plutôt visionnaire, invente des technologies, travaille le visuel." Et vous, où êtes-vous là-dedans? "Après quelques martinis un soir j'ai demandé à Joel mon mari, est-ce que je suis ta muse? Il a répondu: Mmm, non! Mais au final je préfère être sa productrice!"

Quand on pense Frances McDormand et les frères Coen on revoit directement Marge Gunderson dans Fargo. "Je le vois comme un film de famille. Je n'étais pas enceinte mais notre fils que nous adoptions arrivait quatre mois plus tard. C'était donc un film très personnel."

Les autres réalisateurs
Neuf films avec les frères Coen c'est pas rien, mais Frances McDormand n'a pas travaillé uniquement avec eux. Après Miller's Crossing elle a joué dans Darkman de Sam Raimi. Elle revient alors sur leur période de colocation avec Sam Raimi et les frères Coen à Los Angeles. "J'adore Sam mais je n'ai pas trop aimé jouer dans Darkman. C'est d'ailleurs sur ce tournage que j'ai rencontré Ken Loach. Il cherchait de l'argent et les producteurs voulaient un nom. Je n'étais pas un nom mais comme je jouais dans Darkman ils m'ont embauchée pour Hidden Agenda. J'étais ravie car après Darkman, j'avais besoin de rédemption alors je l'ai suivi en Irlande du Nord et j'ai adoré ça! D'ailleurs je continue de faire cela. Quand je tourne dans des films à gros budget j'ai besoin ensuite de faire des pièces off off Broadway ou de jouer dans des films à petit budget." On la retrouve également chez Wes Anderson. "Comme avec Sam Raimi, on rentre dans son monde, dans son esprit et on doit obéir à leurs règles. Mais je ne suis pas très douée pour ça. Ce dont j'ai besoin c'est de quelque chose de plus organique."

Féminisme et cinéma
"Une femme cinéaste, si elle se plante une fois elle n'aura pas d'autres chances contrairement à un homme. Il faut qu'il y ait des gens au pouvoir qui leur permettent de se planter plus d'une fois." Concernant son discours lors de la Cérémonie des Oscars: "Pour 3 Billboards, j'allais de cérémonie en cérémonie avec les mêmes femmes nommées. J'ai partagé de longs moments avec elles et j'avais donc envie de les inclure dans mon discours. Sur scène, j'appelle les femmes à se lever et elles le font. Je suis tellement excitée que j'en oublie complètement mon discours alors je finis par: J'ai deux mots à vous dire, inclusion rider! et depuis, ma vie est un enfer! (rires) Ce but est inatteignable je le sais et je réalise qu'il faut que les choses évoluent de manière organique."

"Je suis actrice car je veux faire partir de l'échange humain?"
"Plus jeune je trouvais dérangeant quand les gens venaient me voir dans la rue. Les gens pensent qu'on demande la célébrité alors que pas du tout. J'ai donc décidé de me retirer de la promotion des films. Le deal pour moi c'est une photo avec le reste de l'équipe lors d'une première du film et c'est tout. Ainsi ça m'a rendu mon pouvoir de dire non et ça m'a même donné le droit d'être parfois malpolie. Mais mon fils me demandait justement pourquoi j'étais malpolie avec les gens dans la rue. Alors j'ai fait ça autrement. Je répondais non pour la photo mais je disais qu'à la place on pouvait se serrer la main et échanger quelques mots."

C'est ça être actrice pour Frances McDormand, l'échange humain. Pour preuve, sa masterclasse a été l'une des plus longues de l'histoire du festival, dépassant largement le temps prévu.

Un record de 93 films candidats à l’Oscar du meilleur film international

Posté par vincy, le 8 octobre 2019

93 films sont en course pour l'Oscar du meilleur film international (nouvelle dénomination de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère). Une liste de semi-finalistes (10 films) sera dévoilée le 16 décembre tandis que les nominations finales  tomberont le 13 janvier 2020. le successeur de Roma sera connu le 9 février.

- Le précédent record datait d'il y a deux ans avec 92 films. L'an dernier, 87 films avaient tenté leur chance. Le Ghana, le Nigéria et l'Ouzbékistan concourent pour la première fois.

- Parmi les favoris, on note la présence de nombreux films cannois comme Parasite, Douleur et Gloire, Les Misérables, It must be Heaven, Atlantique, Les siffleurs, Le traître, La vie invisible d'Euridice Gusmao, And then we danced et Papicha, malgré l' interdiction de projection dans son pays, ce qui aurait du le disqualifier et en fait, finalement, une exception.

- Le Japon présente un film d'animation, une première depuis Princesse Mononoke, et le Royaume Uni ose un film Netflix du comédien Chiwetel Ejiofor.

- Si l'on dénombre aussi pas mal de primo-réalisateurs, on peut aussi remarquer que le truchement des coproductions permet à des pays comme la Belgique, le Luxembourg ou le Royaume-Uni justement de présenter des films qui sont davantage latino-aémricain, israélien ou africain, respectivement.

- De toute cette liste on retiendra aussi que seul Pedro Almodovar a déjà obtenu cet Oscar, pour Tout sur ma mère en 2000.

La liste

Afrique du sud: Knuckle City de Jahmil X.T. Qubeka
Albanie: The Delegation de Bujar Alimani
Algérie: Papicha de Mounia Meddour
Allemagne: System Crasher de Nora Fingscheidt
Arabie Saoudite: The Perfect Candidate de Haifaa Al Mansour
Argentine: Heroic Losers de Sebastián Borensztein
Arménie: Lengthy Night de Edgar Baghdasaryan
Australie: Buoyancy de Rodd Rathjen
Autriche: Joy de Sudabeh Mortezai

Bangladesh: Alpha de Nasiruddin Yousuff
Biélorussie: Debut de Anastasiya Miroshnichenko
Belgique: Nuestra Madres de César Díaz
Bolivie: I Miss You de Rodrigo Bellott
Bosnie-Herzégovine: The Son d'Ines Tanovic
Brésil: La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz
Bulgarie: Ága de Milko Lazarov

Cambodge: In the Life of Music de Caylee So et Sok Visal
Canada: Antigone de Sophie Deraspe
Chilie: Spider de Andrés Wood
Chine: Ne Zha de Yu Yang
Colombie: Monos de Alejandro Lande
Corée du sud: Parasite de Bong Joon Ho
Costa Rica: The Awakening of the Ants de Antonella Sudasassi Furniss
Croatie: Mali de Antonio Nuic
Cuba: A Translator de Rodrigo Barriuso et Sebastián Barriuso
Danemark: Queen of Hearts de May el-Toukhy
République Dominicaine: The Projectionist de José María Cabral

Equateur: The Longest Night de Gabriela Calvache
Egypte: Poisonous Roses de Ahmed Fawzi Saleh
Espagne: Douleur et gloire de Pedro Almodóvar
Estonie: Truth and Justice de Tanel Toom
Ethiopie: Running against the Wind de Jan Philipp Weyl
Finlande: Stupid Young Heart de Selma Vilhunen
France: Les Misérables de Ladj Ly
Géorgie: Shindisi de Dimitri Tsintsadze
Ghana: Azali de Kwabena Gyansah
Grèce: When Tomatoes Met Wagner de Marianna Economou

Honduras: Blood, Passion, and Coffee de Carlos Membreño
Hong Kong: The White Storm 2 Drug Lords de Herman Yau
Hongrie: Those Who Remained de Barnabás Tóth
Islande: A White, White Day de Hlynur Pálmason
Inde: Gully Boy de Zoya Akhtar
Indonésie: Memories of My Body de Garin Nugroho
Iran: Finding Farideh de Azadeh Moussavi et Kourosh Ataee
Irlande: Gaza de Garry Keane et Andrew McConnell
Israël: Incitement de Yaron Zilberman
Italie: Le traître de Marco Bellocchio
Japon: Weathering with You de Makoto Shinkai

Kazakhstan: Kazakh Khanate. The Golden Throne de Rustem Abdrashov
Kenya: Subira de Ravneet Singh (Sippy) Chadha
Kosovo: Zana de Antoneta Kastrati
Kirghizistan: Aurora de Bekzat Pirmatov
Lettonie: The Mover de Davis Simanis
Liban: 1982 de Oualid Mouaness
Lituanie: Bridges of Time de Audrius Stonys et Kristine Briede
Luxembourg: Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi

Macédoine du nord: Honeyland de Ljubo Stefanov et Tamara Kotevska
Malaisie: M for Malaysia de Dian Lee et Ineza Roussille
Maroc: Adam de Maryam Touzani
Mexique: The Chambermaid de Lila Avilés
Mongolie: The Steed de Erdenebileg Ganbold
Monténegro: Neverending Past de Andro Martinovi
Népal: Bulbul de Binod Paudel
Nigéria: Lionheart de Genevieve Nnaji
Norvège: Out Stealing Horses de Hans Petter Moland
Ouzbekistan: Hot Bread de Umid Khamdamov

Pakistan: Laal Kabootar de Kamal Khan
Palestine: It Must Be Heaven de Elia Suleiman
Panama: Everybody Changes de Arturo Montenegro
Pays-Bas: Instinct de Halina Reijn
Pérou: Retablo de Alvaro Delgado Aparicio
Philippines: Verdict de Raymund Ribay Gutierrez
Pologne: Corpus Christi de Jan Komasa
Portugal: The Domain de Tiago Guedes
République Tchèque: The Painted Bird de Václav Marhoul
Roumanie: The Whistlers (Les siffleurs) de Corneliu Porumboiu
Royaume-Uni: Le garçon qui dompta le vent de Chiwetel Ejiofor
Russie: Beanpole de Kantemir Balagov

Sénégal: Atlantique de Mati Diop
Serbie: King Petar the First de Petar Ristovski
Singapour: A Land Imagined de Yeo Siew Hua
Slovaquie: Let There Be Light de Marko Skop
Slovénie: History of Love de Sonja Prosenc
Suède: And Then We Danced de Levan Akin
Suisse: Wolkenbruch’s Wondrous Journey into the Arms of a Shiksa de Michael Steiner
Taïwan: Dear Ex de Mag Hsu et Chih-Yen Hsu
Thaïlande: Krasue: Inhuman Kiss de Sitisiri Mongkolsiri
Tunisie: Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia
Turquie: Commitment Asli de Semih Kaplanoglu

Ukraine: Homeward de Nariman Aliev
Uruguay: The Moneychanger de Federico Veiroj
Vénezuela: Being Impossible de Patricia Ortega
Vietnam: Furie de Le Van Kiet