Edito: 2016, Terminus! Tout le monde descend!

Posté par redaction, le 23 février 2017

On en a (presque) fini avec 2016. Le week-end qui vient va sacrer les "meilleurs" films français côté Cesar et les "meilleurs" film américains côté Oscars. 2017 a pourtant déjà bien commencé avec les festivals de Sundance et de Berlin.

On se le dit chaque année, ce n'est pas trop tôt. Deux mois que l'année est révolue, que les Top 10 ont disparu. Bien sur, il reste un film parmi les huit nommé aux Oscars qui n'est pas encore sorti. Quelques films cannois issus d'Un Certain regard, de la Quinzaine des réalisateurs et de la Semaine de la critique attendent leur programmation en salles.

On a envie de se projeter en 2017, mais 2016 nous tire par le mollet. Tardivement, donc, les votants d'ici et d'ailleurs, récompensent des films qui ont de moins en moins besoin de ces statuettes dorées.

Côté Oscars, si on prend le box office comme étalon, Moonlight, Lion et Manchester by the Sea ont le plus à gagner. Ils sont encore en salles et n'ont pas rapporté plus de 50M$. Pour La La Land ou Premier Contact, respectivement 340M$ et 200M$ dans le monde, cela leur donnera surtout un titre de plus ou une aura de prestige. Pour des comédiens, cela peut être une consécration comme une malédiction, l'opportunité de voir sa carrière décoller ou de sceller à jamais sa filmographie sur un dernier bon film. C'est ce que nous vous expliquerons avec le débat que nous organisons, Ecran Noir, Toute la culture et Les Ecrans, dimanche soir au Club de l'Etoile.

Côté César, le distributeur devra ressortir le film en salles puisqu'ils ont déjà tous plus ou moins disparu des écrans. Il y aura certainement quelques milliers de spectateurs à séduire. Aucun des films nommés n'a dépassé les 700000 entrées. Un certain potentiel existe. mais comme ils sont tous déjà disponibles en DVD ou VàD, cela risque surtout de profiter au "home cinema" plutôt qu'aux salles de cinéma. Finalement, ce sont bien les Oscars qui pourraient avoir un véritable impact puisque les deux tiers des nommés sont encore bien présents dans les cinémas. Un paradoxe: les César n'ont plus vraiment d'utilité commerciale, en plus d'être souvent décriés pour leurs choix, et les Oscars continuent d'être "bankable" pour les vainqueurs.

Une chose est certaine, lundi matin, nous en aurons fini avec le crû 2016. Il nous lâchera les baskets. Même si, pour certains, la course aux prix de l'année prochaine a déjà commencé.

Salman Rushdie signe un vibrant hommage à « Lion »

Posté par cynthia, le 22 février 2017

Le célèbre romancier britannique et originaire de Mumbay, Salman Rushdie, a récemment écrit une tribune, pour ne pas dire un véritable plaidoyer, dans Deadline, afin d'expliquer l'importance des six nominations aux Oscars (dont celle du meilleur film) de Lion, qui sort en salles aujourd'hui en France.

"Pour les Oscars, en temps normal cette cérémonie ne me fait ni chaud ni froid. Mais cette année il y a un film qui m'interpelle particulièrement et je voudrais que tout le monde regarde: Lion. Je veux que Lion remporte tous les Oscars pour lesquels il a été nommé. Lion est ce qu'on appelle un film à mouchoirs. Je ne suis pas un grand pleurnichard mais je suis heureux d'avoir regardé ce film chez moi en DVD sans que personne ne me regarde pleurer. Il s'agit d'un film sensible au pouvoir intense, comme je dis que Le parrain est un film excitant ou encore que Laurence d'Arabie est superbe! Si Lion ne vous fait pas pleurer, il faudrait que quelqu'un jette un œil à votre conduit lacrymal car il ne doit pas fonctionner comme il se doit.

Je suis toujours sur la réserve lorsque des films occidentaux se tournent en Inde, mais Lion a été fait avec une authenticité, un réalisme et une vérité concernant ce pays. Chaque moment du voyage de ce petit garçon est une vérité, et n'est jamais exotique, ce qui conduit sa situation critique à nous toucher. L'image de Greig Fraser a su dresser le portrait de la beauté de ce pays tout en étant honnête et exquis.

"Nous vivons des temps où les politiciens et les démagogues autour du monde cherchent à nous diviser (...) en fabriquant la peur des gens qui sont différents de nous"

En parlant de ce petit garçon, Sunny Pawar, son jeu est d'une intense beauté. Je me souviens qu'en 1939, l'Académie a offert un prix spécial (Juvenile Award) à Judy Garland pour sa prestation dans Le magicien d'Oz. Aussi loin que je me souvienne, c'est la seule fois où cela est arrivé. S'il y a une autre opportunité pour donner ce prix c'est bien pour le travail incroyable de Sunny Pawar dans Lion. (...) Dev Patel et Nicole Kidman, livrent aussi des performances grandiosest. Dev Patel, incarne ce fossé entre l'Australie et l'Inde tout en étant habité par la grâce et le feu. Il a mérité son BAFTA et j'espère qu'il ajoutera un trophée à côté de celui-ci.

J'admire le scénario de Luke Davies et la réalisation de Garth Davis. Le monologue écrit de la main de Luke Davies est brillamment récité par Nicole Kidman qui décrit la vérité sur l'adoption de son fils avec une maîtrise incroyable. Les passages entre le présent et le passé sont réalisés avec brio et subtilité.

Je terminerais par le plus important concernant Lion. Nous vivons des temps où les politiciens et les démagogues autour du monde, de l'Inde à l’Angleterre et en passant par les USA, cherchent à nous diviser, à nous séparer entre nous et eux, en utilisant la peur comme arme de division, en fabriquant la peur des gens qui sont différents de nous. Nombreux sont les migrants et les réfugiés qui sont les cibles directes de ce procédé alors qu'ils ne cherchent qu'à avoir une nouvelle vie dans un nouveau monde, ou simplement un abri contre les horreurs qu'ils ont fui. Je suis moi-même un immigré aux États-Unis et oui, du côté où je suis, j'aime expliquer comment l'immigration peut autant enrichir les vies des migrants que celles des personnes qui nous accueillent. Il s'agit de la fusion entre deux mondes, une naissance sans peur mais avec amour. Il n'y a rien de meilleur que cet art pour nous raconter ces histoires, qui sont l'histoire de notre humanité commune."

Oscars 2017: une soirée ludique juste avant le tapis rouge

Posté par redaction, le 20 février 2017

Quelques heures avant la cérémonie Officielle des 89e Oscars, Les Ecrans, Ecran Noir et Toute la culture vous convient au Club de l'Etoile (14 rue Troyon, 75017 Paris) pour célébrer le cinéma américain lors d'une cérémonie très "lala" et peut-être un peu land!

Dimanche 26 février, de 18h30 à 23h30, juste avant de pouvoir rentrer chez soi et se goinfrer de pop-corn devant le tapis rouge hollywoodien.

Cela commencera avec un débat, "A quoi servent les Oscars?" avec Perrine Quennesson, rédactrice cinéma du magazine Les Ecrans, et Vincy Thomas, fondateur et directeur de publication de Ecran Noir. On y parlera notamment des enjeux pour les films et les célébrités nommés cette année.

A 19h45, on vous organise un Blind Test "spécial statuettes" organisé par Toute la culture, avec des lots cinéphiles à la clé.

Enfin, à 20h30, une projection du film Chicago de Rob Marshall avec Catherine Zeta-Jones, Renee Zellweger et Richard Gere, dernière comédie musicale primée avec 6 oscars en 2003, nous mettra dans l'ambiance "la la land" de l'année.

Sur place ce sera aussi Sunset Boulevard, question food & drinks.

Pour réserver votre place, il suffit de cliquer et pour vous inscrire il y a une page Facebook dédiée à l'événement!

Mel Gibson retrouve la confiance d’Hollywood

Posté par vincy, le 16 février 2017

La traversée du désert semble terminée pour Mel Gibson. Grâce à Tu ne tueras point, sa dernière réalisation, il a renoué avec le succès public (165M$ au box office international) et critique (6 nominations aux Oscars, dont meilleur film et meilleur réalisateur) Il efface ainsi le semi-échec d'Apocalypto sorti en 2006. Est-il bankable pour autant en tant qu'acteur. Depuis 2002 et Signs, Gibson n'a joué que dans 6 films (certes avec un statut de persona non grata pendant pas mal d'années à Hollywood). Arrêté en état d'ivresse et après avoir tenu des propos antisémites en 2006, il avait été condamné à trois ans de probation.

Hollywood aime les résurrection, ce qui ne déplaira pas à ce catholique traditionaliste, et a décidé de le remettre sur les rails.

Tout d'abord avec Vince Vaughn dans Dragged Across Concrete, un polar autour de la brutalité policière réalisé par S. Craig Zahler. Le duo incarnera deux flics suspendus quand une vidéo révèle leurs méthodes violentes. Ils vont s'introduire dans le milieu criminel pour réaliser leur vengeance. A noter que Vaughn faisait parti du casting de Tu ne tueras point et qu'il a joué devant la caméra de Zahler dans Brawl in Cell Block 99, film prévu en salles cette année.

Ensuite, Mel Gibson est en pourparlers finaux pour la suite de Very Bad Dads (Daddy's Home), avec Will Ferrell et Mark Wahlberg. Cette suite, toujours réalisée par Sean Anders, semble logique vu le carton international du premier épisode (240M$). Gibson interpréterait le rôle du père de Wahlberg tandis que John Lithgow ("The Crown") serait le père de Farrell. Gibson en voie de "deniroisation"?

Enfin, la Warner, qui a accompagné toute la franchise L'Arme Fatale, a ouvert les discussions pour trouver le réalisateur de Suicide Squad 2. Et devinez qui en retrouve parmi les finalistes? Mel Gibson! On doute un peu qu'il donne suite. Mais cela confirme qu'il est bien redevenu hype. Outre Gibson, Ruben Fleischer (Zombieland), Daniel Espinosa (Safe House) et Jonathan Levine (Warm Bodies) ont été approchés.

Jack Nicholson sort de sa retraite pour le remake de Toni Erdmann

Posté par vincy, le 8 février 2017

C'est une double nouvelle qu'on attendait vraiment pas: un remake du film allemand multi-récompensé Toni Erdmann et Jack Nicholson de retour au cinéma pour y jouer le père farceur...

C'est pourtant ce qu'annonce Variety. La fille sérieuse et affairée de Nicholson sera incarnée par Kristen Wiig. Dans le film de Maren Ade, les rôles étaient tenus respectivement par Peter Simonischek et Sandra Hüller.
Paramount a acquis les droits pour une version américain qui sera coproduite par Adam McKay, le réalisateur de The Big Short, Kristen Wiig et Will Ferrell.
Pour l'instant aucun réalisateur ni scénariste n'ont été engagés.

Toni Erdmann, en compétition à Cannes l'an dernier où il a reçu le prix FIPRESCI, est nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère et au César du meilleur film étranger. Il a obtenu 5 European Film Awards. Le film est distribué par Sony Classics aux Etats-Unis. Il a attiré 340000 spectateurs en France et séduit 800000 spectateurs en Allemagne.

Trois fois oscarisé, Jack Nicholson, qui va avoir 80 ans en avril cette année, semble être un grand fan du film et a directement approché la Paramount pour que le studio obtienne les droits d'une version américaine. Si le projet aboutit, ce sera son premier film depuis 2010 (Comment savoir de James L. Brooks, avec Reese Witherspoon, Paul Rudd, Owen Wilson). Il a refusé de nombreux scripts au cours de ses dernières années.

Kristen Wiig était à l'affiche l'an dernier de Zoolander 2, SOS Fantômes, Seul sur Mars et Les cerveaux. Elle est attendue dans The Heyday of the Insensitive Bastards et Downsizing d'Alexander Payne, avec Matt Damon et Neil Patrick Harris.

Edito: Clair de lune

Posté par redaction, le 2 février 2017

Il est clair que l'actualité n'est pas focalisée sur le cinéma ces temps-ci. Les feuilletons palpitants sont ailleurs, du côté de la Maison-Blanche où un milliardaire joue les Dr Folamour, de la course présidentielle française où on assiste à une sorte de télé-réalité éliminant presque tous les quinze jours tel ou tel candidat, ou encore sur les terrains de handball ou de tennis où des vétérans réalisent des exploits spectaculaires comme dans un bon feel-good movie qui fait triompher les outsiders.

Il est clair aussi que le cinéma d'auteur retrouve de la vigueur en cet hiver tempêtueux et capricieux. Les fans de blockbusters devront un peu patienter. Entre comédies françaises et films d'animation tous publics, les cartons critiques sont aussi des succès publics. La valeur Oscar a encore la cote. La La Land, qui a fait sombrer certains dans l'ennui (on l'avait dit, le scénario est le talon d'Achille de ce gracieux drame musical) et enchanter les autres, est un triomphe en salles. Manchester by the Sea continue de drainer suffisamment de spectateurs sur la longueur pour espérer atteindre les 500000 entrées en France, malgré un sujet - le deuil - pas franchement joyeux. Cette semaine, le cinéma américain nous offre deux œuvres plus que marquantes. D'abord un film puissant et prégnant, Moonlight. Ce portrait de l'autre Amérique, celle des minorités, qui commence comme un Spike Lee pour s'achever, bouleversant sur un film à la Ang Lee (qui sort cette semaine Billy Lynn, nous y reviendrons ce week-end), est bouleversant par sa pudeur et sa justesse. Un film audacieux qui n'aura pas l'Oscar. On ne compte plus le nombre de films excellents, récompensés un peu partout, qui n'ont pas eu la statuette simplement parce qu'il s'agissait d'une histoire d'amour entre deux personnes du même sexe. Moonlight a davantage d'intensité dramatique que La La Land, mais Hollywood préfèrera la glorification de son miroir. Another Day in the Sun.

Entre ombres et lumières, l'autre film de la semaine est Jackie. Filmé par un cinéaste chilien, d'ores et déjà dans la cour des grands, ce portrait de femme-épouse-mère-veuve-first lady n'est pas vraiment américain même si son sujet l'est, même si son financement l'est aussi en partie. Outre le style singulier de ce non-biopic, il s'agit d'une véritable réflexion entre le réel et la représentation, ce que l'on vit et ce que l'on montre. Jackie est incarné par une israélo-américaine, réalisé par un sud-américain, coproduit par des sociétés françaises (Wild Bunch et Why Not), et tourné aux deux tiers en France, dans la Cité du cinéma de Luc Besson.

Car il est tout aussi clair que la réforme du crédit d'impôt international a multiplié les tournages en France, rapportant 152M€ l'an dernier (trois fois plus qu'en 2015) et bénéficiant à 36 projets (au lieu de 22 en 2015). Christopher Nolan, Bollywood, les studios illumination, Cinquante nuances..., et peut-être le sixième Mission:Impossible: la France devient sexy pour tourner. Il était moins cher de reconstituer la Maison-Blanche de l'époque JFK à Saint-Denis qu'à Londres, Prague, Los Angeles ou Montréal.

En cette période un peu chaotique et assombrie, ce genre de nouvelles apporte un rayon de lune salvateur.

« Muslim Ban »: Asghar Farhadi boycotte les Oscars, Hollywood se révolte contre Trump

Posté par redaction, le 30 janvier 2017

Donald Trump a décidé par décret de bloquer l’accès aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés (Iran, Irak, Yémen, Somalie, Soudan, Libye et Syrie).

Il ne se doutait sans doute pas qu'il allait avoir des juges (qui ont suspendu le décret temporairement), des avocats et même Hollywood contre lui. Tout a commencé avec l'actrice iranienne Taraneh Alidousti, vedette féminine du film d'Asghar Farhadi, Le client, nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La comédienne a annoncé dès le jeudi 26 janvier qu'elle boycotterait la cérémonie pour protester contre le projet de décret «raciste» du président américain concernant les immigrants musulmans. Elle l'a fait directement sur Twitter: "L'interdiction de visa portée par Trump contre les Iraniens est raciste. Qu'elle s'applique ou non à un événement culturel, je n'assisterai pas aux #AcademyAwards 2017 en signe de protestation".

Dimanche 29 janvier, c'est le réalisateur lui-même Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film en langue étrangère et nommé à l'Oscar du meilleur scénario pour Une séparation, qui a finalement renoncé à faire le voyage à Los Angeles pour la cérémonie des Oscars le 26 février. Les agences de presse iraniennes étaient visiblement heureuses que le cinéaste s'oppose à l'administration Trump - pour l'Iran, ce décret est "un cadeau pour les extrémistes" et le pays a annoncé qu'il allait appliquer la réciprocité et interdire l'entrée des ressortissants américains.

"Pas acceptable"

Initialement le réalisateur devait venir aux Oscars, accompagné de son chef opérateur. Le communiqué d'Ashgar Farhadi a gelé sa décision qu'il justifie ainsi: "Mon intention n’était pas de ne pas assister à la cérémonie ou de la boycotter pour montrer mes objections (aux politiques de Trump), car je sais que beaucoup de gens dans l’industrie américaine du cinéma et au sein de l’Académie des arts et sciences du cinéma sont opposés au fanatisme et à l’extrémisme qui règnent plus que jamais aujourd’hui. Mais il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des “si” et des “mais” et ce n’est pas acceptable pour moi, même si l’on venait à faire exception pour mon voyage."

Il ajoute une tonalité engagée, plus surprenante quand on connait son discours plutôt consensuel et rarement polémique sur les sujets politiques. "Durant des années, des deux côtés de l’océan, des groupes de gens adeptes d’une ligne dure ont essayé de présenter à leur peuple des images irréalistes et effrayantes des gens d’autres cultures afin que les différences deviennent des désaccords, les désaccords des inimitiés et les inimitiés des peurs. Instiller la peur de l’autre est un des moyens préférés pour justifier des comportements extrémistes et fanatiques par des gens étroits d’esprit." Notons qu'il reprend là l'élément de langage du pouvoir iranien (qui, rappelons-le, n'a pas vraiment de leçons à donner concernant la liberté d'expression et l'ouverture au monde).

"Muslim Ban" et bouclier de protestations

A Hollywood aussi on s'offusque de ce décret. Les stars tweetent leur colère et leur choc. L'Académie des Oscars a officiellement protesté, "extrêmement troublée qu'on puisse barrer l'entrée du pays à cause de la religion ou du pays d'origine". Au festival de Sundance lors de la cérémonie du palmarès et à la soirée des Producers Guild Awards, toutes deux samedi soir, ou à la remise des prix des Screen Actors Guild Awards hier soir, les artistes n'ont pas eu leur langue dans la poche. Lily Tomlin a même comparé les tactiques de Trump à celles des Nazis.
Le "Muslim Ban" devrait être dans toutes les têtes (et quelques vannes) aux prochains Oscars. Aux SAG Awards, John Legend, producteur de La La Land, acteur, auteur et chanteur, a rappelé que "Los Angeles est le foyer de tellement d'immigrants, de tellement de personnes créatives, de tellement de rêveurs. Notre Amérique est grande, elle est libre et elle est ouverte aux rêveurs de toutes les races, de tous les pays, de toutes les religions. Notre vision de l'Amérique est directement antithétique de celle du président Trump. Je veux spécifiquement rejeter ce soir sa vision et affirmer que l'Amérique doit être meilleure que ça."

Le réalisateur Michael Moore s'est lui excusé au nom des "dizaines de millions d'Américains".

Oscars 2017: 14 nominations pour La La Land!

Posté par vincy, le 24 janvier 2017

Les 89e Oscars ont révélé leurs nominations qui seront décernés le 26 février. Elles ont été annoncées sous forme de clip compilé, une première, avec Demian Bichir, Dustin Lance Black, Glenn Close, Guillermo del Toro, Marcia Gay Harden, Terrence Howard, Jennifer Hudson, Brie Larson, Jason Reitman, Gabourey Sidibe et Ken Watanabe en présentateurs.

On retiendra d'abord le sacre du cinéma du "milieu" américain, aka le cinéma indépendant avec cins grands vainqueurs: La La Land, Moonlight, Arrival, Manchester by the Sea et Tu ne tueras point. La La Land atteint les 14 nominations, soit le record égalé de Titanic et All About Eve. Sinon tous les favoris sont là, même si la compétition semble tuée par le drame musical de Damien Chazelle.

On notera la énième nomination de Meryl Streep (absence de risque) mais l'audace d'avoir cité Isabelle Huppert qui glane ici sa première citation. Deux films d'animation français feront face à deux Disney dans la catégorie du meilleur film animé. Un exploit en soi. Et il ne faudrait pas oublier un court métrage suisse avec Jane Birkin (La femme et le TGV).
On ajoutera la consécration du québécois Denis Villeneuve, avec Arrival (Premier contact) un film de SF (ce qui est assez rare) nommé dans la catégorie meilleur film et lui-même dans celle du meilleur réalisateur. Avec 8 nominations, il est 2e ex-aequo en nombre de citations, égalant le score de Moonlight. Suivent Lion, Tu ne tueras point et Manchester by the Sea, six fois nommés. Notons que la présence de Manchester by the Sea dans la catégorie reine marque l'histoire d'Amazon Studios, pour la première fois cité en meilleur film.

Il y a bien sûr des snobés : Deadpool, Martin Scorsese et son Silence, The Birth of a Nation, grand prix du jury et prix du public à Sundance, Amy Adams, Nocturnal Animals, Grand prix du jury à Venise, Tom Hanks et Sully, Michael Keaton Hugh Grant, Annette Bening, Le monde de Dory, Tous en scène ...
Mais on constate surtout que les votants ont suivi les Golden Globes à peu de chose près (le gagnant du second rôle masculin Aaron Taylor-Johnson n'est même pas nommé mais la catégorie du second rôle féminin est entièrement identique). Il y aussi quelques surprises comme le rattrapage de The Lobster en scénario ou Fuocoammare en documentaire.

Et puis cette année, les Oscars ne sont pas "white" mais bien divers, avec des jeunes, des vétérans, des afro-américains (réalisateur, documentaire, film, acteurs...), un comédien d'origine indienne, etc...

Les Oscars ne feront peut-être pas un carton d'audience (les films nommés totalisent le box office cumulé le plus faible de ces dernières années, avec aucun film au dessus des 100M$) mais ils sacreront La La Land, ce qui en fera une soirée, assurément, fraiche et enchanteresse. Car, en bonus, il y a beaucoup de primo-nommés.

Film
Arrival, Fences, Tu ne tueras point, Comancheria, Les figures de l'ombre, La La Land, Lion, Manchester by the Sea, Moonlight

Réalisateur
Denis Villeneuve (Arrival), Mel Gibson (Tu ne tueras point), Damien Chazelle (La La Land), Kenneth Lonergan (Manchester by the Sea), Barry Jenkins (Moonligtht)

Acteur
Casey Affleck (Manchester by the Sea), Andrew Garfield (Tu ne tueras point), Ryan Gosling (La La Land), Viggo Mortensen (Captain Fantastic), Denzel Washington (Fences)

Actrice
Isabelle Huppert (Elle), Ruth Negga (Loving), Natalie Portman (Jackie), Emma Stone (La La Land), Meryl Streep (Florence Foster Jenkins)

Second-rôle masculin
Mahershala Ali (Moonlight), Jeff Bridges (Comancheria), Lucas Hedge (Manchester by the Sea), Dev Patel (Lion), Michael Shannon (Nocturnal Animals)

Second rôle féminin
Viola Davis (Fences), Naomie Harris (Moonlight), Nicole Kidman (Lion), Octavia Spencer (Les figures de l'ombre), Michelle Williams (Manchester by the Sea)

Film en langue étrangère
Land of mine, A Man called Ove, Le client, Tanna, Toni Erdmann

Film d'animation
Kubo et l'armure magique, Vaiana, Ma vie de courgette, La tortue rouge, Zootopie

Scénario original
Comancheria, La La Land, The Lobster, Manchester by the Sea, 20th Century Women

Scénario adaptation
Arrival, Fences, Les figures de l'ombre, Lion, Moonlight

Photo
Arrival, La La Land, Lion, Moonlight, Silence

Musique
Jackie, La La Land, Lion, Moonlight, Passengers

Montage
Arrival, Tu ne tueras point, La La Land, Moonlight

Chanson
Audition (La La Land), Can't stop the feeling (Les Trolls), City of Stars (La La Land), Empty Chair (Jim: The James Foley Story), How far I Go (Vaiana)

Décors
Arrival, Les animaux fantastiques, Avé! César, La La Land, Passengers

Costumes
Alliés, Les animaux fantastiques, Florence Foster Jenkins, Jackie, La La Land

Maquillage et coiffure
A Man called Ove, Star Trek Beyond, Suicide Squad

Effets visuels
Deepwater Horizons, Doctor Strange, Le livre de la jungle, Kubo et l'armure magique, Rogue One

Montage son
Arrival, Deepwater horizon, La La Land, Tu ne tueras point, Sully

Mixage son
Arrival, Tu ne tueras point, La La Land, Rogue One, 13 Hours

Documentaire
Fuocooammare, I am no your negro, Life animated, OJ: Made in America, 13th

Documentaire - court
Extremist, 4.1 Miles, Joe's violin, Watani My Homeland, The White Helmers

Court métrage
Ennemis intérieurs, la femme et le TGV, Silent Nights, Sing, Timecode

Court métrage animé
Blind Vaysha, Borrowed Time, Pear Cider and Cigarettes, Pearl, Piper

Le film que j’attends le plus en 2017 : Moonlight de Barry Jenkins

Posté par wyzman, le 29 décembre 2016

Bien que Moonlight dispose d'un confortable mini-buzz depuis plusieurs mois, c'est finalement le chapô d'un article du Huffington Post qui m'a contraint à m'intéresser pleinement au deuxième film de Barry Jenkins. "Le film n'explore pas seulement ce que cela signifie d'être un homme noir et gay, mais d'être un homme." A un moment où les polémiques autour de la diversité s'enchaînent à une vitesse ahurissante, dire que je suis impatient de découvrir Moonlight (ou l'histoire du passage à l'âge adulte d'un jeune homme noir et gay) serait un bel euphémisme.

L'une des premières raisons, c'est son caractère unique. Eh oui, à mieux y regarder, il n'existe à ce jour aucun film traitant principalement des problèmes d'un homme noir et gay sur plusieurs années. Cela peut paraître anodin, mais après une belle année 2016 en ce qui concerne la cause LGBT et 8 années de présidence Obama, 2017 ne pourrait pas mieux commencer à mes yeux qu'avec la sortie de Moonlight. Parce que l'homosexualité a déjà été régulièrement été traitée au cinéma par le biais de personnages blancs, Moonlight me rend également très réticent. Quand on sait que la recherche Google gay+black+movie ne mène qu'à des articles sur Moonlight ou des sites pornographiques, qui ne le serait pas ?

La violence y sera-t-elle gratuite ? Les personnages noirs secondaires seront-ils des stéréotypes ? Les prix me sembleront-ils mérités ? Moonlight sera-t-il à la hauteur de mes attentes ? Parviendrai-je à m'identifier à un quelconque personnage ? Serai-je touché par cette histoire ? Autant de questions que je me pose depuis plusieurs semaines et qui resteront certainement sans réponse jusqu'au 1er février, date de sortie du film en France. Cela étant dit, la question que je me pose le plus souvent est la suivante : à un moment où tous mes amis (queer et/ou blancs) sont capables de citer des personnages qui leur ont servi de modèles et au moins un film qui leur a ouvert les yeux, Moonlight et son héros Chiron auront-ils cet effet sur mois ?

Encensé par la critique, Moonlight est de toutes les cérémonies : Hollywood Film Awards, Gotham Awards, New York Film Critics Circle, British Independent Film Awards, Los Angeles Film Critics Association, American Film Institute, Boston Online Film Critics Association, Boston Society of Film Critics, Critics Choice Awards, Chicago Film Critics Association, etc. A l'heure actuelle, le seul film capable de barrer la route de Moonlight aux Oscars 2017 s'appelle... La La Land !

Oscars 2017: « Elle » recalé, « Ma vie de Courgette » et « Juste la fin du monde » dans la course

Posté par vincy, le 16 décembre 2016

Ils ne sont plus que neuf. La longue liste des 85 films soumis à l'Académie des Oscars ont été réduits à une courte liste de neuf films. Les cinq nommés définitifs seront révélés le 24 janvier. Le système est toujours opaque.

Six des neuf films ont été choisis par un vote de votants basés à Los Angeles. Trois titres ont été choisis par le comité en charge des films en langue étrangère au sein de l'Académie.

Surprise, Elle de Paul Verhoeven n'a pas atteint la demi-finale. C'est d'autant plus une surprise qu'il a été sélectionné aux Golden Globes. C'est la deuxième mauvaise nouvelle cette semaine pour le film français, après l'absence d'Isabelle Huppert aux nominations des Screen Actors Guild Awards il y a deux jours. De grands noms comme Pedro Almodovar, Pablo Larrain, Andrzej Wajda ont aussi été snobés.

Le Festival de Cannes est en force avec quatre films, dont trois en provenance de la compétition, dans cette liste. Mais surtout, c'est le cinéma nordique (avec trois pays scandinaves!) qui est en force, et plus généralement le cinéma européen (six sur neuf). On peut toujours consoler le cinéma français, très présent quand même dans cette liste à travers les coproductions.

Enfin, notons que Ma vie de courgette concoure aussi dans la catégorie animation.

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler (Australie)
Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada)
Land of Mine de Martin Zandvliet (Danemark)
Toni Erdmann de Maren Ade (Allemagne)
Le client d'Asghar Farhadi (Iran)
The King’s Choice d’Erik Poppe (Norvège)
Paradise d’Andrei Konchalovsky (Russie)
Mr Ove de Hannes Holm (Suède)
Ma vie de Courgette de Claude Barras (Suisse)