Edito: Mirage d’égalité avec fanfare

Posté par redaction, le 24 mars 2016

L'égalité homme-femme n'est toujours pas pour demain. Même dans un sport comme le tennis, pourtant assez exemplaire sur le sujet, l'égalité salariale entre joueurs et joueuses n'est pas acquise puisque le patron d'un grand tournoi a remis en cause cet équilibre sous prétexte que seul le tennis masculin remplirait les stades (ce qui est faux). Dans le cinéma, le débat se situe non seulement au niveau des salaires (on l'a vu avec la polémique lancée par Jennifer Lawrence l'automne dernier). Mais cela va plus loin: l'industrie est sexiste (comme l'a constaté l'étude de l'Université de San Diego) et a du mal à confier la réalisation d'un film à une femme dès qu'il y a un enjeu économique important, voire à valider des projets où seules des actrices seraient en tête d'affiche (lire notre édito du 14 janvier).

Toute la question est désormais de savoir quelle politique adopter. Certains misent toujours sur le fait que les choix ne peuvent se faire que sur la base du talent. Encore faut-il donner une chance à ce "talent" d'exister. D'autres prônent une politique plus pro-active, de type discrimination positive. Pour atteindre l'égalité, il faudrait déjà arriver à une forme de parité. En amont déjà, dans les écoles et dans les sociétés de production. La discrimination positive a ceci de contrariant qu'elle déstabilise même la notion d'égalité. On choisirait une mauvaise réalisatrice plutôt qu'un bon réalisateur? Mais à l'inverse, pourquoi une réalisatrice ne ferait pas mieux qu'un réalisateur avec un projet identique?

Il est alors intéressant d'observer avec attention les récentes initiatives sur le sujet. Depuis l'an dernier le Festival de Cannes a lancé avec le mécénat de Kering le programme Women in Motion, composé de tables rondes et conférences autour de la place et de la contribution de la femme dans l'industrie du cinéma, en vue de faire évoluer la profession vers une meilleure représentativité. Cette année, Women in Motion lancera aussi son prix le 15 mai.

Il y a trois semaines, a été annoncé le lancement de We Do It Together, société de production à but non lucratif créée par un collectif de stars: Juliette Binoche, Jessica Chastain, Queen Latifah, Ziyi Zhang, Catherine Hardwicke, Marielle Heller, Freida Pinto et Amma Assante. La société de production veut combattre les rôles clichés, sexistes et autres stéréotypes en finançant des projets participant à l'émancipation des femmes: films séries, documentaires. L'argent qui sera gagné sera réinvesti. We Do It Together débutera avec un projets de six courts métrages.

Enfin, l'Office national du film du Canada s'est engagé à investir 50% de son budget de production dans des films réalisés par des femmes.

Comme on le voit, du côté des minorités comme des femmes, les polémiques conduisent les professionnels à ne plus attendre que le cours de l'histoire change les choses. Le pieds sur l'accélérateur, les femmes, mais aussi les minorités ethniques ou sexuelles, ont décidé de ne plus attendre que les "décideurs" fassent évoluer leur mentalité ou leurs préjugés. Les choses bougent, ensemble.

L’Office national du film du Canada va lancer un « Netflix » international du documentaire

Posté par vincy, le 10 juin 2013
sarah polley venise 2012

Sarah Polley à Venise en 2012

L'Office national du film du Canada (ONF) va lancer une plateforme en ligne pour diffuser les documentaires d'auteur canadiens.  Face à la disparition des documentaires dans les programmes des chaînes TV, et constatant à l'inverse le succès des festival dans ce genre, l'ONF mise sur le développement des écrans et la croissance de la vidéo à la demande pour permettre au public de visionner ce qu'il veut quand il veut.

« Étant l'un des principaux centres de création de documentaires du monde, l'ONF a une responsabilité à l'égard des auditoires nationaux,  internationaux et de la communauté des documentaristes, soit répondre à un besoin bien présent, a déclaré Tom Perlmutter, commissaire du gouvernement à la cinématographie et président de l'Office national du film du Canada.  Forts de notre succès avec ONF.ca, nous prenons avantage de nos infrastructures technologiques, de notre expertise unique en contenu documentaire et de notre réseau de partenaires internationaux pour proposer une expérience innovante tant pour les créateurs que pour les auditoires. »

Si Netflix et même iTunes et YouTube proposent déjà des docus sur leurs plateformes, il n'y a rien de convaincant. Le succès d'une chaîne de ce type nécessite une hiérarchisation de l'offre, une éditorialisation fine et un véritable travail de promotion. L'ONF proposera des productions maison mais aussi d'autres documentaires hors catalogues. Cela pourrait commencer avec une offre de 2000 films.

Ce service sera multisupport (smartphone, tablette, ordinateur, TV connectée,...) et disponible au Canada, aux USA, en France et au Royaume Uni, avec un abonnement mensuel d'environ 8 CAN$. Le service devrait être inauguré en 2014.

Vendredi, l'ONF a par ailleurs lancé une application gratuite pour iPad, L'atelier McLaren où "les utilisateurs peuvent s'approprier les techniques de Norman McLaren et animer les images à la manière du cinéaste, fondateur de l'animation à l'ONF."