L’ordre et la morale sortira en décembre en Nouvelle-Calédonie

Posté par vincy, le 16 novembre 2011

Puisque l'unique cinéma néo-calédonien ne veut pas projeter le dernier film de Mathieu Kassovitz (voir notre actualité du 21 octobre), L'ordre et la morale, qui sort aujourd'hui dans les salles françaises, la production, Nord-Ouest Films, négocie actuellement une distribution parallèle.

Le film sera projeté au Centre culturel Tjibaou de Nouméa le 12 décembre, en présence du coproducteur, réalisateur, co-scénariste, co-monteur et acteur principal du film, Mathieu Kassovitz.

Selon l'AFP, "Trois ou quatre copies du film doivent être envoyées en Nouvelle-Calédonie où les projections auront ensuite lieu dans les cinémas municipaux de La Foa et Bourail, mais aussi dans des médiathèques, des salles de spectacle ou en tribu. Le cinéma itinérant Ciné-Brousse est en discussion avec la production pour mettre au point le dispositif."

L’ordre et la morale provoque le désordre et l’indignation en Nouvelle-Calédonie

Posté par vincy, le 21 octobre 2011

L'ordre et la morale, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, n'est décidément pas le bienvenue en Nouvelle-Calédonie. Déjà, le territoire ultra-marin avait refusé que la production s'installe sur l'archipel pour tourner ce film qui retrace les événements tragiques autour de la Grotte d'Ouvéa en 1988. Un député UMP s'était même offusqué de voir des financements publics dans une telle production. Le film a donc du tout reconstituer en Polynésie française.

La sortie ne s'annonce pas plus calme. Le distributeur local s'est désisté et suspend ainsi, de facto, la diffusion du film, qui était prévue, comme en France, le 16 novembre. Le seul exploitant de salles de cinéma "ne souhaite plus diffuser le film" sous prétexte qu'il attiserait les rancoeurs. Sic. "Les cinémas Hickson ont le monopole et je m'y attendais. Il y a eu des pressions politiques, bien évidemment", a déclaré à l'AFP Macky Wéa, un des acteurs du film.

Douglas Hickson, patron de Cinécity, a qualifié le film de "très caricatural, qui rouvre des plaies qui s'étaient cicatrisées". "Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter", a-t-il déclaré. Divertissement = abrutissement ?

Cet acte de censure révèle une volonté de penser à la place des citoyens. Proprement scandaleux sur le territoire français. C'est indigne d'une démocratie et d'un pays vantant la diversité culturelle. Que fait le Ministère de la Culture?

Ont-ils vu le même film que nous? Kassovitz est bien plus critique sur l'appareil de l'Etat français et l'Armée que sur les indépendantistes, pour lesquels on sent davantage d'empathie. mais les rôles et responsabilités sont assez équilibrés.

Les avant-premières sont donc reporter aussi bien à Ouvéa (le 29 octobre) qu'à Nouméa (le lendemain).

Mathieu Kassovitz s'est déclaré choqué, évoquant des pressions politiques. "On s'est battu dix ans pour faire ce film, personne n'a réussi à nous empêcher et tout à coup le dernier maillon de cette chaîne cède, c'est impossible... Ce serait très fort s'ils arrivaient à censurer un film au dernier moment", déclare-t-il, visiblement abattu, dans une vidéo en ligne sur le site du quotidien Presse-Océan.

Le film a déjà été montré à des officiels (kanaks et caldoches) ainsi qu'à des élus, des militaires, des gendarmes et aux familles des victimes des deux camps, et cela sans provoquer le moindre incident. "On organisera des projections ailleurs, dans les mairies. Il y a déjà eu des projections avec des gens de bords différents et à 99%, le film a été perçu positivement", se rassure Macky Wéa. A l'AFP, un responsable du FLNKS souhaite "que le film soit vu, même si c'est douloureux. Bien sûr, on peut craindre la réaction de jeunes, qui se sentent marginalisés, il faut expliquer."

Suite à Ouvéa et aux accords de Nouméa qui ont été signés dans la foulée du réferendum pour l'autonomie de la Nouelle Calédonie en 1988, un processus de décolonisation par étapes a été mis en place en 1998. La Nouvelle-Calédonie décidera de son avenir institutionnel par un référendum d’auto-détermination entre 2014 et 2018. Le Président de la République et le Premier Ministre se sont déplacés pour tenter de convaincre les calédoniens de rester dans la République. Des moments de tension de ce genre ne sont qu'une petite partie d'un problème politique, économique et géostratégique plus vaste.

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Kassovitz s’intéresse au drame d’Ouvéa

Posté par vincy, le 20 juillet 2009

La prise d'otages suivie de l'assaut de la grotte d'Ouvéa sera le prochain film réalisé par Mathieu Kassovitz. "C'est un très gros projet, le premier long métrage tourné en Nouvelle-Calédonie", a indiqué Aline Marteaud à l'AFP, responsable du Bureau d'accueil des tournages de la province sud de l'île. Le film, intitulé L'ordre et la morale, devrait être tourné dès la fin de l'année. Mathieu Kassovitz incarnera Philippe Legorjus, capitaine du GIGN en charge des négociations, qui quitta la gendarmerie après ce drame. Hormis des apparitions, Kassovitz n'avait pas été acteur depuis Munich en 2005.

Evénement politique en pleine campagne présidentielle de 1988, ce drame avait fait 21 morts lors des affrontements entre loyalistes et kanaks indépendantistes. Le 22 avril, quatre gendarmes d'Ouvéa avaient été tués par un commando indépendantiste, qui avait ensuite emmené plusieurs otages dans la grotte de Gossanah. L'assaut de l'armée pour libérer les otages le 5 mai avait fait 21 morts, deux militaires et dix-neuf kanaks, dont certains ont été sommairement exécutés, suscitant une vive controverse.

Un documentaire sur le sujet (Les médiateurs du Pacifique, scénarisé par Olivier Duhamel) avait été réalisé en 1997. L'an dernier, un autre, Retour sur Ouvéa, de Mehdi Lallaoui, et Grotte d’Ouvéa : autopsie d’un massacre, d'Elizabeth Drevillon, ont ravivé les souvenirs.