Deauville 2017 : hommage à Darren Aronofsky et projection de Mother!

Posté par wyzman, le 10 août 2017

Adoré par la critique, Darren Aronofsky aura droit à un traitement bien particulier lors du prochain festival de cinéma américain de Deauville qui se tiendra du 1er au 10 septembre. Si l'on vous disait récemment que Laura Dern et Michelle Rodriguez seraient de la partie, le réalisateur de Requiem for a Dream devrait être la principale attraction de cette édition pour de nombreux festivaliers.

Et cela sans doute parce qu'outre la présence du cinéaste américain de 48 ans, l'édition 2017 du festival de Deauville sera aussi l'occasion de découvrir en avant première Mother!, son nouveau film porté par la superstar Jennifer Lawrence. L'affiche officielle vient d'être mise en ligne et la bande annonce dévoilée dans la foulée n'a laissé personne indifférent. Mother! sortira le 13 septembre en France.

Pour rappel, seul le dernier film de Darren Aronofsky a laissé la presse mitigée. Noé racontait entre autres le destin exceptionnel d'un homme se préparant à vivre l'Apocalypse avec sa famille. Sorti en avril 2014, Noé a tout de même amassé plus de 360 millions de dollars dans le monde, devenant ainsi son plus gros carton devant Black Swan.

Noé interdit dans combien de pays?

Posté par vincy, le 10 avril 2014

noé noahPour ceux qui ont vu le film, cela pourrait faire rire tant le film de Darren Aronofsky est loin de la Genèse. Noé a pourtant été interdit dans plusieurs pays. Comme toujours, nous nous élevons contre toute forme de censure, a fortiori quand elle est politique ou idéologique. Trois pays arabes ont décidé d'interdire la projection du film et trois autres pays devaient s'ajouter à la liste.

L'explication est simple : Noé (Nûh en arabe) est un prophète dans la religion musulmane. Or le film "va à l'encontre des enseignements de l'islam". Et pour cause, on ne doit pas représenter physiquement un prophète.

Les Emirats Arabes Unis, l'émirat de Bahreïn et celui du Qatar ont donc annoncé à la Paramount dès le début du mois de mars que le film ne serait pas distribué dans leurs territoires. Le piratage devrait contourner le problème. Ces derniers jours se sont ajoutés le Pakistan, l'Egypte, la Malaisie, l'Indonésie. Et la Turquie pourrait s'ajouter à la liste.

N'oublions pas des pays comme le Koweit et la Jordanie, qui devraient suivre le mouvement. Il reste à savoir comment les pays africains (hors Egypte) vont réagir. Au final, une quinzaine de pays pourraient interdire Noé.

Pour la Paramount, c'est un moindre mal. Du côté catholique et judaïque, les réactions ont été plutôt favorables à la fiction (car il s'agit d'une très libre interprétation du thème biblique comme le démontre notre entretien avec le bibliste Jesus Asurmendi).

Trois questions à Jesús Asurmendi, Bibliste, pour comprendre le « Noé » de Darren Aronofsky

Posté par MpM, le 10 avril 2014

NoéD'un point de vue cinématographique, le Noé de Darren Aronofsky nous a laissés au mieux perplexes, au pire assez excédés par la maladresse d'un scénario qui semble toujours rester au premier degré. Mais qu'en est-il du point de vue de la relecture contemporaine de ce grand mythe universel ? Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé à Jesús Asurmendi, Bibliste, de nous livrer quelques clefs sur le récit initial, et sur le regard qu'il porte sur cette adaptation tonitruante.

Ecran Noir : Quel regard portez-vous sur l'adaptation de l'histoire de Noé par Darren Aronofsky ?

Jesús Asurmendi : Le problème de fond, c'est qu'il s'agit d'un récit mythique. Il est très difficile de transcrire ce genre de récit en langage cinématographique. Il y a un piège énorme, c'est que les mythes sont des récits. Mais qui dit "récit" ne dit pas du tout "histoire". Or, nous, quand nous entendons "récit", nous pensons "histoire". Une sorte de compte-rendu de ce qui s'est passé. Des faits. Or le récit mythique, ce n'est pas du tout ça : c'est dire quelque chose dont on ne connait pas les raisons ni le pourquoi, et le dire sous forme non-rationnelle, parce qu'on n'a pas de réponse rationnelle. Toutes les grandes questions sont traitées par des mythes. Par exemple la mort. Il y a de supers récits sur la mort et sur le fait que l'homme n'a pas l'immortalité. Et dans ces mythes interviennent toujours des hommes et des Dieux. Là, c'est exactement le cas. Et curieusement, dans l'Antiquité, le mythe le plus répandu est celui du déluge, jusque dans les civilisations les plus "primitives". Plus que la création ! C'est assez surprenant, quand même. Donc pour un cinéaste, retranscrire en langage cinématographique ce genre de récit, cela implique déjà qu'il comprenne ce qu'est un mythe. Quels sont les moyens mis en œuvre pour dire ce qui est dit. Et ensuite les transcrire dans une forme cinématographique.

EN : On a l'impression que Darren Aronofsky n'y est pas du tout parvenu avec Noé...

JA : Ce qu'il a fait, c'est prendre le texte de la Bible agrémenté de textes apocalyptiques, et l'adapter de manière linéaire et littérale, sans aucune analyse, sans aucune posture qui lui aurait permis un traitement autre que linéaire. Mais je reconnais que ce n'est pas simple. D'autant que le réalisateur ne met pas en langage cinématographique un texte précis. Pour cela, il aurait fallu qu'il lise le texte en tant que tel et qu'il en traduise à sa manière la substantifique moelle. Mais il a ses propres idées de départ. Il se sert du récit de ceci et de cela pour faire quelque chose qui, dans sa tête même, n'est pas trop construit. En tout cas j'ai cette impression. On peut résumer le film à "ça ne fera pas de mal, ça ne fera pas de bien". Ca ne sert pas à grand chose...

EN : Le personnage de Noé tel qu'il est montré dans le film n'a rien à voir avec celui de l'Ancien testament. C'est quasiment un intégriste qui pense savoir ce que Dieu veut, mieux que Dieu lui-même...

JA : Exactement ! Il en fait quelqu'un qui fait sienne cette cause, interprétée à sa façon. Dans le texte, on lui dit de faire ceci, cela, il le fait, point à la ligne. Il est sous-entendu que Dieu est suffisamment fort pour en finir avec tout le monde s'il le veut. S'il laisse quand même ça, cette arche, c'est en vue d'un après, d'un recommencement. Alors le cinéaste en fait effectivement autre chose... mais sinon ça n'aurait pas duré deux heures et quart ! Bien sûr, c'est une trahison du texte. Il est écrit que les trois fils de Noé ont des femmes. Ils ne jouent aucun rôle, si ce n'est qu'ils seront le point de départ de la suite. D'ailleurs, en dehors de ce texte, dans l'Ancien testament, Noé n'est cité que deux fois. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas "Monsieur Noé", c'est une figure. Les mythes ne disent pas ce qui se passe un jour, mais ce qui se passe tout le temps. Ce n'est pas une histoire, c'est un paradigme.

Darren Aronofsky va livrer le premier tome de sa nouvelle BD en octobre

Posté par vincy, le 4 juillet 2011

Il y a cinq ans, Darren Aronofsky nous avait offert une version graphique de son film The Fountain. A l'époque, il s'était résigné à coucher son histoire sur papier parce qu'il ne parvenait pas à financer cette super-production de science-fiction. Après avoir transposé son scénario en bande dessinée, il avait écrit une seconde version qui allait donner le film sorti la même année.

Le réalisateur, aujourd'hui adulé et très courtisé, de Black Swan revient aux cases et aux bulles. Noé s'annonce comme une série en quatre tomes, dont le premier, Pour la cruauté des hommes, paraîtra en octobre prochain aux éditions du Lombard. Avec le co-scénariste Ari Handel et me dessinateur Niko Henrichon, ils réinterprètent la Genèse dans un univers fantastique et crépusculaire.

Le héros, Noé, homme viril et combattif, bon et tourmenté par des visions de déluge, cherche la paix et veut protéger sa famille.  Dans une terre sans pluie, sans récolte, dominé par des barbares et des chefs belliqueux, il cherche une Voie. Un miracle.

Le dessin a des allures de contes de science-fiction, l'ambiance paraît sauvage, le sang est omniprésent, le danger est partout. La tour de Bab-Ilim, des crânes humains, des bêtes meurtries, une terre asséchée (tout juste contrastée par les visions aquatiques et bleutés du héros), des monstres et le Créateur ponctuent ce voyage onirique et mystique où les grands mythes de la Bible se mélangent pour devenir une histoire certes singulière mais un peu classique.

Il faut croire que la Genèse inspire les auteurs de BD puisque deux ans après Crumb, Aronofsky s'attaque au même sujet avec ce temple du récit universel.

Le réalisateur envisage d'adapter au cinéma cette histoire diluvienne. Ce pourrait même être son prochain projet.