Paysages de cinéma: une promenade visuelle et sonore

Posté par vincy, le 7 juillet 2020

A partir du 10 juillet, au Parc de Saint-Cloud, près de Paris, une installation intitulée Paysages de cinéma va être lancée pour tout l'été, jusqu'au 31 ans.

Six artistes ont été invités : Vincent Dupont-Rougier, Nicolas Pariser, Esther Mysius et Peyo Jolivet, Sophie Berger et Mathilde Guermonprez.

Initiée par la région Ile de France, avec le concours du Centre des monuments nationaux, et produite par Emergence, association qui accompagne la création dans les domaines du cinéma, des séries et des podcasts, il s'agit d'une promenade visuelle et sonore, qui propose un dialogue entre le cinéma et le paysage. Une expérience pour se faire son propre cinéma.

Un podcast sera créé in situ les 11 et 12 juillet.

Cannes 2019: Sciamma, Guzman, Pariser, Dumont et Breitman en avant-première au Louxor

Posté par vincy, le 25 juin 2019

Une semaine d'avant-premières de films du Festival de Cannes 2019 et de nombreuses rencontre se tiendront au cinéma Le Louxor à Paris du 26 juin au 2 juillet.

Demandez le programme de "Cannes au Louxor":

- MERCREDI 26 JUIN - 20H / SORRY WE MISSED YOU
Ken Loach - Sélection Officielle / Compétition

- JEUDI 27 JUIN - 20H / LA CORDILLÈRE DES SONGES
Patricio Guzman - Sélection Officielle / Séance spéciale - Prix de L'œil d'or du meilleur documentaire
séance suivie d'une rencontre avec Patricio Guzman

-VENDREDI 28 JUIN - 20H / LES HIRONDELLES DE KABOUL
Zabou Breitman, Éléa Gobbé-Mévellec - Sélection officielle / Un Certain Regard
séance suivie d'une rencontre avec Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec

- SAMEDI 29 JUIN - 16H / J'AI PERDU MON CORPS
Jérémy Clapin - Semaine de la Critique - Grand prix de la Semaine de la Critique

- 18H / ALICE ET LE MAIRE
Nicolas Pariser - Quinzaine des Réalisateurs - Label Europa Cinémas
séance suivie d'une rencontre avec Nicolas Pariser

- 20H30 / JEANNE
Bruno Dumont - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Mention spéciale du Jury Un Certain Regard
séance présentée par Bruno Dumont

- DIMANCHE 30 JUIN - 15H / CHAMBRE 212
Christophe Honoré - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Prix d'interprétation pour Chiara Mastroianni

- 17H / BACURAU
Kleber Mendonça Filho - Sélection Officielle / Compétition - Prix du Jury

- 20H / FIRST LOVE
Takashi Miike - Quinzaine des Réalisateurs

- LUNDI 1er JUILLET - 20H / PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Céline Sciamma - Sélection Officielle / Compétition - Prix du scénario
séance suivie d'une rencontre avec Céline Sciamma

- MARDI 2 JUILLET - 20H / LE TRAÎTRE
Marco Bellocchio - Sélection Officielle / Compétition

Cannes 2019 : Le palmarès de la Quinzaine des Réalisateurs

Posté par wyzman, le 23 mai 2019

C’est donc Alice et le Maire qui le remporte le Label Europa Cinemas décerné au meilleur film européen de la section, et considéré comme le prix le plus important de la Quinzaine. Second long-métrage de Nicolas Pariser, Alice et le Maire est une comédie politique dans laquelle Fabrice Luchini incarne le maire de Lyon, qui, à court d'idées nouvelles, demande à une brillante jeune philosophe, Alice Heimann (Anaïs Demoustier) de lui en donner. Le film sortira le 2 octobre.

En ce qui concerne le prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs, celui-ci a été a été décerné ce soir par Dominique Sampiero (scénariste membre de la commission cinéma de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques), au film de Rebecca Zlotowski Une fille facile dont le scénario est co-écrit avec Teddy Lussi-Modeste. Très attendu sur la Croisette le quatrième long-métrage de la scénariste et réalisatrice française raconte les vacances que passent ensemble deux cousines. Sofia (Zahia Dehar) s'épanouit en laissant les hommes qu'elle fréquente l'entretenir tandis que Naïma (Mina Farid) tente de savoir de quoi son avenir sera fait. Le film sera visible en salle dès le 28 août.

Label Europa Cinemas : Alice et le Maire de Nicolas Pariser
Prix SACD : Une fille facile de Rebecca Zlotowski
Prix Illy du court métrage : Stay awake, be ready de Pham Thien An
Carrosse d'or : John Carpenter

Cannes 2019: Qui est Antoine Reinartz ?

Posté par vincy, le 19 mai 2019

Il y a deux ans, les festivaliers cannois découvraient sa tête dans 120 battements par minute. Antoine Reinartz sera sacré quelques mois plus tard par un César du meilleur second-rôle masculin. A 34 ans, l’acteur lorrain est finalement révélé tardivement. Si le théâtre l’a très vite habité – il en avait fait une option au lycée – il s’engage par la suite dans un parcours très différent, voyageant de New York au Japon, et décrochant un diplôme en management de la solidarité. Il s’occupe alors de personnes en réinsertion. C’est en voyant Les chansons d’amour de Christophe Honoré en 2007 qu’il a le déclic : « Je me suis dit, pourquoi je ne joue pas dans ce film ? Parce que c’était ça, que je voulais faire ! ». Il attend 2009 pour reprendre sa formation de comédien, jusqu’à obtenir son diplôme au Conservatoire de Paris il y a cinq ans.

Aussi, sa carrière ne commence qu’à cette époque. Il a déjà presque 30 ans. Mais là aussi, plus vadrouilleur que sédentaire, il brûle les planches un peu partout, à Milan et Malmö, à Nancy et à Lyon. Pas de quoi forcément le repérer dans le milieu très parisien, même s’il incarne Louis XVIII dans les Trois Mousquetaires mis en scène par Clara Hedouin et Jade Herbulot.

Il a du attendre neuf mois pour savoir s’il était du casting de 120 battements par minute, qui n’est alors que son troisième long métrage. Mais c’est évidemment un bâton de dynamite tant le succès critique et public est au rendez-vous. Il y incarne Thibault, un président d'Act Up déterminé à mobiliser l’opinion sur le virus HIV, « avatar de Didier Lestrade ». Son passé associatif l’aide, sa nature de citoyen engagé a fait le reste. Il perd du poids, se muscle, avoue que le tournage a été très dur. Mais ça valait le coût : depuis, il n’arrête plus de tourner. On le croise cet hiver dans Doubles vies d’Olivier Assayas, petit-tôle de libraire arlésien, et en adjoint au maire insupportable dans la comédie sociale Les Invisibles de Louis-Julien Petit.

A Cannes, il est doublement présent cette année : en compétition avec Arnaud Desplechin dans Roubaix, une lumière, et à la Quinzaine avec Nicolas Pariser dans Alice et le maire. Et ce n’est pas terminé puisqu’il est attendu cette année dans La vie scolaire, le nouveau film de Mehdi Idir et Grands Corps Malade et dans l’adaptation du Goncourt Chanson douce par Lucie Borleteau, où il incarne le mari de Leïla Bekhti. Une sacrée année pour ce rouquin nancéen sincèrement engagé.

Cannes 2019 : Qui est Maud Wyler ?

Posté par MpM, le 18 mai 2019

Maud Wyler a eu très tôt, à cinq ans, la vocation de comédienne. En grandissant, elle apparaît donc dans quelques spots publicitaires et conserve intact son désir de jouer. En 2005, elle intègre ainsi le Studio-théâtre d’Asnières, avant de rejoindre le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique dont elle sortira en 2008. On la voit beaucoup au théâtre, notamment dans Mademoiselle Julie de Strindberg, ou Cyrano de Bergerac d'après Edmond Rostand, et dans quelques courts métrages signés Agathe Riedinger ou Jean-Baptiste Saurel.

Son premier long métrage, Vertige d’Abel Ferry, est un film d’horreur en pleine montagne, aux côtés de Johan Libéreau et Fanny Valette. Suivent La brindille d’Emmanuelle Millet (avec Christa Théret) et Louise Wimmer de Cyril Mennegun, dans lequel elle incarne la fille du personnage principal, puis La mer à boire de Jacques Maillot et Low Life de Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval (2012).

C’est justement en la voyant dans Louise Wimmer et Low life que le réalisateur Sébastien Betbeder la remarque et lui confie le rôle féminin principal de Deux automnes, trois hivers dans lequel son talent dans le domaine du drame comme de la comédie ne laisse plus aucun doute. On aime sa fausse fragilité, sa fantaisie à fleur de peau, son regard profond et intrigant.

On la revoit alors régulièrement sur grand écran, chez Benoit Jacquot (Journal d’une femme de chambre, 2015), Laurent Tuel (Le Combat ordinaire, 2015), Nobuhiro Suwa (Le Lion est mort ce soir, 2017), Fabrice Gobert (K.O., 2017)... En parallèle, elle continue sa carrière au théâtre (en 2017 elle est dans Notre Faust, saison 2 de Robert Cantarella au Théâtre des Amandiers). Le cinéma a de plus en plus de mal de se passer d’elle, et rien qu’en ce début d’année, on l’aura vue dans L’ordre des médecins de David Roux, où elle est la sœur de Jérémie Rénier, et dans La Lutte des classes, toujours à l'affiche, où elle joue une avocate jalouse de sa consœur Leïla Bekhti. Prochainement, elle sera même Marie-Antoinette pour la télévision (Ils ont jugé la Reine d’Alain Brunard).

Mais d’ici là, on a le bonheur de la retrouver deux fois à Cannes, deux fois à la Quinzaine des réalisateurs. Tout d’abord dans Alice et le Maire de Nicolas Pariser, dans lequel elle incarne une artiste torturée, obsédée par la fin du monde. Un rôle à la fois dramatique et comique, entre lucidité terrible sur le temps, et folie lunaire. Mais elle sera surtout le personnage féminin principal dans Perdrix d’Erwan Le Duc, le premier long métrage du réalisateur.

Leur première collaboration remonte en 2013, pour le court métrage Jamais, Jamais. Ils se sont ensuite retrouvés pour Miaou miaou fourrure (2015) et Le Soldat vierge (présenté à la Semaine de la Critique en 2016). Dans Perdrix, la comédienne est l’insaisissable Juliette Webb qui chamboule l’existence trop rangée de Pierre Perdrix (Swann Arlaud) et de sa famille (Fanny Ardant, Nicolas Maury). On l’imagine parfaite en tornade incontrôlable, drôle et légère, en diapason avec l’univers singulier d’Erwan Le Duc.

On aurait envie d’écrire que le cinéma ne confie pas assez de rôles à Maud Wyler, mais ce serait nier le désir de la comédienne de construire les choses sur la longueur, en s’offrant la liberté de choisir soigneusement ses personnages. Rare, peut-être, bien que cela soit de moins en moins vrai, mais au fond plus présente, plus singulière, plus intense.

Prix Louis-Delluc 2015: Fatima et Le Grand jeu récompensés

Posté par vincy, le 16 décembre 2015

Le Prix Louis-Delluc 2015 a été décerné à Fatima, le film de Philippe Faucon. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film a déjà séduit plus de 250 000 spectateurs depuis sa sortie le 7 octobre, distribué par Pyramide. L'histoire est celle de Fatima, qui vit seule avec ses deux filles, deux adolescentes aux destins différents. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.

Il s'agit d'une libre adaptation du recueil de poèmes de Fatima Elayoubi, Prières de lune. Philippe Faucon (La désintégration, 2011) reçoit là le prix le plus important de sa carrière.

Le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film a été attribué au thriller politique de Nicolas Pariser, Le grand jeu, qui sort aujourd'hui en salles, distribué par Bac Films. Quatre ans après avoir reçu le prix Jean Vigo pour son court métrage La République, le cinéaste piège un écrivain has-been dans un complot d'état où le pouvoir s'entretue et prend comme bouc-émissaire des anarchistes d'extrême gauche.

Poitiers Film Festival 2015 : le tour du monde en 47 films

Posté par MpM, le 11 novembre 2015

poitiers20151412 candidats, 47 sélectionnés. Des chiffres toujours plus vertigineux pour le Poitiers Film Festival dont la 38 édition se tiendra du 27 novembre au 4 décembre, et qui met à l'honneur les films de cinéastes en devenir issus de 34 écoles et 22 pays.

Les festivaliers voyageront donc de Cuba au Japon, de Pologne au Canada, de Thaïlande en Israël pour une compétition mêlant tous les genres et les styles.

Pour accompagner cette belle fenêtre ouverte sur la jeune création cinématographique mondiale, plusieurs temps forts rythmeront les dix jours du festival :

- une ouverture sous le signe du premier long métrage avec Le grand jeu de Nicolas Pariser, déjà précédé d'une belle réputation, un focus sur le cinéma allemand en présence de l'acteur Rüdiger Vogler (acteur fétiche de Wim Wenders) et du réalisateur Christoph Hochhäusler (Les Amitiés invisibles, L’Imposteur...),

- une master class sur la restauration de films en hommage aux 120 ans du cinéma et de la Gaumont, avec Jean-Paul Rappeneau en guest star,

- et une leçon de cinéma proposée par Pierre Schoeller (L’Exercice de l’État, Versailles...), Jean-Pierre Laforce et Philippe Schoeller.

Un rendez-vous à ne pas manquer pour les amoureux du 7e art, les simples amateurs et bien sûr les aspirants étudiants en cinéma ! Car comme le rappelle le festival, quand ces jeunes cinéastes "seront à l’affiche des salles de cinémas avec leurs longs métrages, le public du Poitiers Film Festival pourra dire qu’il les a vus à Poitiers. Et même qu’ils les a rencontrés."

Arras 2015 sort Le grand jeu pour sa 16e édition

Posté par MpM, le 6 novembre 2015

le grand jeu

La 16e édition du Arras Film Festival s'est ouverte avec un premier film envoûtant, Le grand jeu de Nicolas Pariser, qui s'avère la grande révélation de cet automne, présenté à Locarno dans la section "Cinéaste du présent" et sélectionné également au Festival international du Film de la Roche-sur-Yon, au Poitiers Film Festival (ouverture) et au Festival des Arcs.

Thriller politique qui prend le temps, Le grand jeu raconte la rencontre en apparence fortuite entre Pierre Blum (Melvil Poupaud), ancien écrivain prometteur désormais complètement désœuvré, et Joseph Paskin (André Dussollier), un homme mystérieux qui "rend des services" à des hommes importants et évolue dans les hautes sphères du pouvoir. Leur collaboration replonge Pierre dans son passé de militant gauchiste et met surtout sa vie à la fois en danger et en perspective.

C'est rien de dire qu'on a été totalement bluffé par la maîtrise formelle du film qui prend le contre-pied des tics propres aux films de genre contemporains. Ses scènes sont longues, parfois statiques, toujours très écrites, mais jamais ennuyeuses ou poussives. L'action se niche plus au cœur des dialogues (presque toujours savoureux) et des ellipses entre deux séquences qu'à l'écran, et pourtant la tension est communicative. Les personnages existent tous, même les seconds rôles, et tiennent le récit, malgré leur fonction parfois un peu archétypale. On est face à un film certes exigeant, mais éminemment romanesque, et très brillamment ancré dans son époque.

Nicolas Pariser esquisse en effet le portrait d'une époque où le cynisme semble avoir contaminé tous les camps : cynisme envers le monde politique, cynisme envers les idéologies gauchistes qui rêvent de changer le monde, cynisme envers les valeurs démocratiques... L'écrivain est blasé et revenu de tout, dégoûté par le succès rencontré dans sa jeunesse comme par l'échec qui lui a succédé. Le conseiller occulte ne croit plus en rien, à part en sa propre capacité de nuisance. La clef du film est sans doute dans les premières scènes du film, lorsqu'il avoue être joueur. Un joueur qui ne sait pas s'arrêter...

Il y a aussi le constat d'un monde qui a profondément changé, entre les trois générations de militants de gauche : celle de mai 68 qui croyait en l'action politique, celle des années 90 qui n'a pas réussi à produire quoi que ce soit, et celle d'aujourd'hui qui est persuadée que le système s'est déjà effondré et qu'il n'y a juste plus besoin de s'en préoccuper. Comme l'explique le réalisateur, on est après la perte de l'innocence, lorsque toutes les illusions ont été perdues et qu'il faut retrousser ses manches pour continuer à avancer malgré tout.

"Politiquement, il ne reste pas grand chose de la décennie de nos 20 ans..."

Quelques heures avant la présentation du film devant une salle archi-comble, à l'issue de la traditionnelle soirée d'ouverture qui a donné le ton de cette 16e édition, Nicolas Pariser est revenu sur cet aspect très personnel de son film.

Ecran Noir : Qu'est-ce qu'y est venu au départ ? L'envie de faire un film de genre, ou celle de parler de notre époque... à travers un film de genre ?

Nicolas Pariser : Bonne question ! Je ne dirais pas que la question du film de genre se soit posée en premier parce que ce qui est venu en premier c'est plutôt le rapport du film à la littérature. C'est-à-dire d'abord au roman de Conrad Sous les yeux de l'occident puis aussi à certains romans de Balzac, voire d'Alexandre Dumas. S'il y a une référence directe, ce n'est pas le cinéma de genre, ce n'est pas le cinéma d'espionnage, c'est plutôt mon rapport à la littérature. Et ensuite, le cinéma de genre est venu plutôt au moment de l'écriture précise des scènes, du scénario, où là j'ai revu des années 70 de type Conversation secrète, A cause d'un assassinat, Les hommes du président... Ce type de films. Très vite, avant l'écriture du scénario, j'ai eu envie de profiter d'un récit un peu policier pour parler effectivement des gens de ma génération, en gros des gens qui ont eu vingt ans dans les années 90. Il y a dans le film un aspect important qui est l'aspect générationnel, et le fait de parler des années 2010.

EN : Avec un constat un peu amer...

NP : Le constat est un peu désabusé sur un point qui est l'empreinte que la génération des gens qui ont 40 ans aujourd'hui a laissé dans sa jeunesse. Qu'est-ce qui reste aujourd'hui de la décennie où on a eu vingt ans ? L'impression que j'ai c'est que politiquement, il n'en reste pas grand chose. On ne peut pas se référer à nos 20 ans en se disant on a vécu quelque chose de commun quand tous les autres ont eu 20 ans. Dans les années 60, il y a à la fois une culture populaire commune à tous (le rock, les Beatles, même Johnny Haliday) et puis il y avait la politique. Un rapport des gens à la gauche. Mai 68... Nous, dans les années 90, on a l'impression qu'il y avait eu un engagement mais qui s'est complétement délitté et dont il ne reste rien. Même d'un point de vue de références communes, c'est très compliqué. Il y a comme une sorte de trou noir. On a eu 18 ans, on est sorti de l'école, et bim, on a 40 ans, et entre, on a vécu une vie privée, par contre en terme de rapport à l'époque, en terme d'histoire, rien.

EN : Dans le film, c'est mis en perspective avec la génération de 68 et celle de maintenant.

NP : On est un peu un entre-deux. Evidemment, les gens qui ont fait mai 68 ont une espèce de jeunesse mythologique gravée dans le marbre. Aujourd'hui, il y a un engagement nouveau possible. Pour ma génération, si on me demandait ce qu'était l'altermondialisme dans les années 90 et ce qui est en reste 20 ans plus tard, je serais incapable de le dire. Par contre, je pourrais parler de ce qui se passe aujourd'hui et de ce qui s'est passé en mai 68, mais de mes 20 ans, c'est très difficile. Après c'est très personnel. Peut-être que personne ne le partage, mais c'était un des constats que je voulais faire dans le film, même si ce n'est pas le sujet du film. C'est un film d'espionnage, un film d'amour...

EN : Vous dites quelque chose de très juste dans le dossier de presse du film... Vous dites : "Ce n'est pas un film sur des gens qui n'y croient plus, c'est un film sur l'étape d'après."
NP : Oui, en fait, les sujets classiques c'est l'idéaliste qui se retrouve confronté au réel et qui a une descente, voilà, sauf que là, elle arrive très vite, très tôt, chez des gens qui ont 40 ans. Qu'es-ce qu'on fait à 40 ans quand on a dépassé le moment où on a perdu ses illusions ? Qu'est-ce qu'on peut construire sur ces décombres-là ? Je pense que le sujet intéressant c'est qu'est-ce qu'on fait quand on a perdu ses illusions, et pas la perte des illusions.

Crédit photo : Jovani Vasseur pour l'Arras Film Festival

Dussollier, Poésy et Poupaud sortent Le grand jeu

Posté par vincy, le 5 janvier 2015

andré dussollier clémence poésy melvil poupaudLe grand jeu est un thriller politique, actuellement en tournage. Premier long métrage de Nicolas Pariser (dont le court métrage La République avait remporté le Prix Jean Vigo et Agit prop avait été sélectionné à la Semaine de la critique), le film réunit André Dussollier, Melvil Poupaud et Clémence Poésy, mais aussi Antoine Chappey et Thomas Chabrol.

Poupaud incarne Pierre, 40 ans, qui a écrit un roman à succès il y a 10 ans. Aujourd'hui oublié, solitaire, il reste proche de Caroline, son ex-femme, ancienne militante altermondialiste, aujourd'hui directrice de galerie. Dussollier interprète Joseph, un homme de l'ombre, au centre d'un puissant réseau d'influence à l'intérieur de l'appareil d'Etat. Fragilisé depuis quelques mois, Joseph prépare un complot, dont Pierre est l'un des pions, contre le Ministre de l'intérieur. Manipulé, épié, menacé, Pierre tombre amoureux de Laura (Clémence Poésy), une jeune activiste, elle aussi partie prenante de cette vaste conspiration. Laura, Caroline, Pierre et Joseph seront ainsi pris dans une suite d'événements tragiques dont aucune ne sortira indemne.

Inspiré par l'affaire de Tarnac, Le grand jeu, qui avait reçu la bourse d'écriture de la Fondation Beaumarchais, a mis trois ans à s'écrire et se financer. Le tournage s'achèvera fin janvier. Le film, au budget modeste, sera distribué par Bac films à la fin 2015.

Nicolas Pariser a réalisé le court Le jour où Ségolène a gagné et la série TV Matignon.