Le cinéma brésilien perd Nelson Pereira dos Santos (1928-2018)

Posté par vincy, le 22 avril 2018

Le cinéaste brésilien Nelson Pereira dos Santos est mort le 21 avril à l'âge de 89 ans. Né le 22 octobre 1928, il est considéré comme le père du mouvement Cinema Novo. Il a aussi été le premier réalisateur élu à l'Académie brésilienne des lettres, en 2006.

A ses débuts, il a été journaliste avant de découvrir la Cinémathèque française à Paris et de rencontrer Henri Langlois. Il tourne alors son premier court documentaire, Juventude en 1950, un portrait des jeunes communistes est-allemands. Dès 1954, avec Rio, 40 Graus, il dépeint la réalité sociale de son pays, inscrite dans une histoire mouvementée et une pauvreté omniprésente, que ce soit dans les métropoles ou les zones rurales du Nordeste. Il rompt ainsi avec un cinéma brésilien coloré, entre romances et comédies. Inspiré du néoréalisme italien, faisant la jonction avec la Nouvelle Vague française, le Cinema Novo, durant près de vingt ans, aura comme figure de proue des réalisateurs aussi prestigieux que Carlos Diegues, qui sera à Cannes le mois prochain, Ruy Guerra, et Joaquim Pedro de Andrade.

Les grands festivals européens n'ont jamais cessé de présenter son œuvre. A Cannes, il est en compétition avec Sécheresses (Vidas secas) en 1964, son film le plus emblématique d’après le roman éponyme de Graciliano Ramos. Il présentera sur la Croisette L'aliéniste en 1970, L'amulette d'Ogum (O Amuleto de Ogum) en 1974 et Mémoires de prison (Memórias do Cárcere), toujours adapté d'un roman de d’après Graciliano Ramos, et présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs en 1984. Le film obtient le prix FIPRESCI. Sa dernière visite cannoise est hors compétition avec La musique selon Antonio Carlos Jobim en 2012.

A Berlin, il est quatre fois en compétition avec Fome de Amor en 1968, Qu'il était bon, mon petit Français!, film historique aux allures de documentaires, sur les débuts de la colonisation du Brésil (1971), La boutique aux miracles (Tenda dos Milagres) (1977) et La troisième rive du fleuve (A Terceira Margem do Rio) (1994).

Il adaptait souvent des romans pour trouver ses histoires. Depuis le débit des années 200, il était retourné au documentaire. Son regard critique sur la société, parfois cruel, avec des images à la lumière crue et une caméra tenue à l'épaule, illustrait la vivacité des personnages dans un monde souvent désolé. Intellectuel et engagé (très à gauche), sa dernière fiction, Brasilia 18% (2006) explorait la corruption politique, le meurtre de témoins et le blanchiment de monnaie dans une société brésilienne pourrie. Douze ans plus tard, son sujet est toujours d'actualité. Il dénonçait les injustices et accompagnaient les mouvements de la jeunesse, oscillait entre cinéma abstrait et humour séducteur. Mariant littérature et cinéma, Nelson Pereira dos Santos était sans doute un peu utopiste...

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13ème édition de Jangada, le festival du film brésilien de Paris

Posté par mathilde, le 4 mai 2011

Festival du cinéma brésilienComme chaque année, le Nouveau Latina (Paris 4e) accueille Jangada, le festival du film brésilien. Cette 13e édition se déroule jusqu'au 17 mai et présentera, en plus de la compétition de longs-métrages de fiction et de la programmation de documentaires, deux hommages : l'un à Nelson Pereira dos Santos et l'autre à Jorge Amado.

Le premier est l'un des plus grands cinéastes brésiliens. A l'origine d'innovations techniques et narratives majeures, il a adapté plusieurs histoires de Jorge Amado à l'écran. Ses œuvres personnelles sont imprégnées à la fois de beauté, et de préoccupations sociales et politiques. Nelson Pereira dos Santos sera présent le jeudi 5 mai à 18h30, à la Maison de l'Amérique Latine (217 Boulevard Saint-Germain - 75007 Paris). Le second est l'une des plus importantes figures littéraires brésiliennes.

Cette année, huit fictions concourront pour le Prix du jury, le Prix de la meilleure actrice et le Prix du meilleur acteur. Dix documentaires nous inviteront à découvrir un autre Brésil. Pour les plus jeunes, le festival a retenu trois films : Les plus belles choses du monde, Déroule et 5 X favela.

Le mercredi 4 mai, Rio zone nord (Rio Zona Norte) de Nelson Pereira dos Santos ouvrira le festival, tandis que le vendredi 6 mai à 19h00 aura lieu l'avant-première mondiale du documentaire UPPs (La Pacification des favelas).

Le mardi 10 mai à 19h00, en ouverture de la cérémonie de remise des prix, sera projeté Quinquin la flotte (Quincas Berro D'Água) de Sérgio Machado, d'après Jorge Amado, tandis que le 17 mai à 19h00, Une nuit en 67 (Uma Noite em 67) clôturera le festival.

Parallèlement aux projections des films en compétition, une exposition de photographies de l'artiste Brésilien Pedro David se déroulera au 1e étage du Cinéma Le Nouveau Latina.
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Informations et programme sur le site du festival
A découvrir également : le site de l'artiste Pedro David