Dernier tour de piste pour Guy Bedos (1934-2020)

Posté par vincy, le 28 mai 2020

Nicolas Bedos a annoncé le décès de son père Guy Bedos, à l'âge de 85 ans, et ce quelques jours après le départ de son complice Jean-Loup Labadie.

Star du One-Man Show (et Molière pour un de ses Zénith), humoriste de gauche mordant un camp comme l'autre, polémiste moqueur et provocateur, admirable dans l'exercice de la revue de presse, Guy Bedos a été durant plus de trente ans l'un des comédiens les plus en vue sur scène, sur le petit écran, et même sur le grand.

Il a débuté au cinéma avec des petits rôles (Les tricheurs de Marcel Carné, Ce soir ou jamais de Michel Deville, Le caporal épinglé de Jean Renoir). Le succès sur scène l'empêche de s'épanouir au cinéma, contrairement à Coluche à la même époque. Mais, à l'inverse de Thierry Le Luron et Pierre Desproges, Bedos va quand même briller au cinéma. En 1970, il incarne Claude Langmann, dans le film autobiographique de Claude Berri, Le pistonné, chronique anti-militaire. Et puis grâce à Yves Robert, qui l'avait enrôlé un première fois dans Les copains en 1965, et avec Jean Labadie au scénario, il devient l'éternel Simon dans la bande de copains du diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au Paradis (1976 et 1977). Robert l'engagera de nouveau dans Le Bal des casse-pieds, toujours scénarisé par Labadie.

Trop occupé à faire rire la France dans des salles de spectacles de plus en plus grande, on ne le voit qu'en second-rôle ou de passage dans des comédies d'époque comme Il est génial Papy et La jungle. Cependant, il a aussi fait une incursion dans les drames comme Sauve-toi Lola, le film collectif Contre l'oubli, Survivre avec les loups... Sa dernière apparition, aux côtés de Pierre Richard, Jane Fonda, Geraldine Champlin et Claude Rich, date de 2012 avec Et si on vivait tous ensemble?, jolie comédie douce amère sur le vieillissement.

A la TV, on le croise dans la série Chère Marianne, Une famille pas comme les autres, sur l'homoparentalité, et Kaamelott dans le personnage d'Anton.

Monstre de la scène

On se souviendra surtout de Guy Bedos sur les planches. Pour sa gueule d'abord. Précoce metteur en scène, l'élève de la rue Blanche débite en interprètan un premier sketch, signé Jacques Chazot, qui confronte l'auteur en homo de droite et Bedos en hétéro de gauche.  Vedette du music-hall, il partage Bobino avec Barbara, puis ses sketches, écrits par Labadie pour les meilleurs, avec Sophie Daumier ("La drague"), avant de se lancer en solo. Dès les années 1980 avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, Bedos devient un symbole de la gauche caviar, sans jamais perdre son esprit critique, combattant inlassablement contre le racisme, pour les sans-papiers, pour les mal-logés, contre l'intolérance et contre l'homophobie. En 1992, il s'offre un Bedos/Robin  d'anthologie, avec Muriel Robin. En 2003, son fils Nicolas Bedos et Gérard Miller, sur une mise en scène de Jean-Michel Ribes, lui offrent un retour au sommet. Nicolas Bedos lui écrit aussi Sortie de Scène et Le voyage de Victor. Labadie reprend sa plume pour Hier, aujourd'hui, demain. Guy Bedos signe lui-même En piste! et Rideau! en 2009, pour ses adieux.

Il a travaillé avec Jean-Paul Belmondo à leurs débuts (il était de la bande avec Marielle, Rochefort & co), Jérôme Savary (dans La résistible ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht, sans doute son plus grand rôle) et Samuel Benchetrit pour ses adieux définitifs à la scène, avec Moins 2.

"Je préfère arrêter avant de me retrouver un jour dans l’obligation d’arrêter"

De nombreux recueils de gags en digressions rédigées, il a aussi publié plusieurs livres, y compris des livres autobiographiques comme Mémoires d'outre-mère et Je me souviendrai de tout. De drôleries assumées en méchancetés insignifiantes, cette bête de scène qui maniait si bien l'autodérision, effaré par les époques qu'il a traversées, doucement mélancolique, sérieusement nostalgique, forcément coupable de ses erreurs, droit dans ses bons mots, et rigolard aux tribunaux, était une figure paternelle familière pour les uns insupportable, pour les autres salutaire.

Dans Libération, il rappelait: "J’ai passé ma vie à flirter avec la mort et l’ai même souvent espérée, depuis l’enfance. N’oublions pas aussi que je milite depuis longtemps pour le droit à mourir dans la dignité, la fin est parfois d’une telle violence et cruauté, j’ai accompagné suffisamment d’amis, comme Desproges, par exemple, pour le savoir. Mais pour en revenir à ces adieux, c’est sûr que quelque chose va mourir en moi. Comme une histoire d’amour qui s’achève. Pendant un demi-siècle, ce contact physique, charnel avec le public m’a enchanté."

Car la scène était bien une histoire d'amour, dévorante et passionnante, souvent en détriment de sa vie personnelle. Il avait pour lui une liberté de paroles qui ne serait sans doute plus possible aujourd'hui. Mais n'ayant pu être ni Woody Allen, ni Charlie Chaplin, il a du se contenter de jouer ce saltimbanque qui s'amusait à piquer les rois pour mieux conquérir les coeurs de son public. Mais derrière ce barnum, l'homme, fragile et sensible, était surtout entouré de fantômes, ceux de Desproges, de Jean Yanne, de Françoise Dorléac, avec qui il avait eu une liaison, de Simone Signoret, sa "marraine". Sans doute le départ de Jean-Loup Labadie a-t-il été celui de trop pour le gamin d'Alger qui aimait la Corse et flirter avec une certaine morbidité. Le rire était sans doute la seule arme qu'il avait pour la repousser.

Quatre comédies françaises parmi les 100 meilleures audiences de l’année

Posté par vincy, le 20 décembre 2018

qqu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?2018 aura été avant tout sportive pour les téléspectateurs. Le football a squatté l'essentiel des audiences les plus importantes sur le petit écran : le Mondial a ainsi réalisé un quart des plus grosses audiences de l'année, dont les 9 plus importantes. Et TF1 s'avère la grande gagnante avec 91 des 100 meilleures audiences de l'année.

Le cinéma apparaît comme l grand perdant avec seulement 4 films parmi les 100 meilleures audiences de l'année, contre 8 l'an dernier. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? (8,5 M - 34,6% Part d'audience, 9 décembre), dont la suite est attendue en janvier, devance Les Tuche (7,7 M - 28,8% PDA, 4 février),  diffusé au moment de la sortie des Tuche 3 au cinéma, et Rien à déclarer (7,1 M - 28,8% PDA, 11 mars), diffusé quand le nouveau Dany Boon, La Ch'tite famille, sortait en salles.

Finalement le seul film inédit sur une chaîne nationale non payante à avoir cartonné est Retour chez ma mère, qui en 2016 avait séduit 2,2 millions de spectateurs dans les salles, et qui a réunit le 7 octobre 6,8 millions de téléspectateurs (soit 27,3% PDA).

Les quatre films, quatre comédies françaises, ont été programmés sur TF1.

A côté les séries cartonnent avec 25 fictions françaises et 18 fictions étrangères (Good Doctor étant largement dominante). Et c'est souvent un bon pari pour les comédiens parfois oubliés par le 7e art comme Muriel Robin a attiré 8,3M de téléspectateurs avec Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, ou Tomer Sisley a cartonné avec Balthazar (6M de téléspectateurs en moyenne, 7,3M au plus haut). La vérité sur l’affaire Harry Quebert permet au cinéaste Jean-Jacques Annaud de retrouver le succès, après quelques échecs au cinéma.

Fin de tournage pour la version cinéma de Momo

Posté par vincy, le 15 décembre 2016

Ni Muriel Robin, ni François Berléand. L'adaptation de la pièce de théâtre Momo aura Catherine Frot et Christian Clavier comme têtes d'affiche.

Commencé il y a deux mois, le tournage (en Belgique) se termine cette semaine. Momo, pièce écrite par Sébastien Thiéry mise en scène par Ladislas Chollat, et succès de la saison théâtrale parisienne 2015-2016 malgré son annulation précoce à cause des problèmes de santé de Robin, sera en tournée à travers la France à partir de février 2017, avec Robin et Berléand. La pièce a été nommée 4 fois aux Molières (actrice, comédie, second rôle masculin, auteur francophone vivant).

Sébastien Thiéry reprend le rôle qu'il tenait sur scène, celui de Momo et Pascale Arbillot, qui remplace Nini Lavallée.

Momo commence un soir, quand Monsieur et Madame Prioux découvrent stupéfaits qu’un certain Patrick s’est installé chez eux. Cet étrange garçon est revenu chez ses parents pour leur présenter sa femme. Or les Prioux n’ont jamais eu d’enfant. Pourtant, tout semble prouver que Patrick est bien leur progéniture. Mythomane, manipulateur, qui est ce Momo? Les Prioux ont-ils oubliés qu’ils avaient un gamin ? Madame Prioux, qui souffre de ne pas être mère, s’invente-t-elle un fils ?

Sébastien Thiéry, Molière de la pièce comique pour Cochons d'Inde en 2009, coréalise pour la première fois un film de cinéma, avec Vincent Lobelle.

Le palmarès très hétéroclite de la SACD

Posté par vincy, le 17 juin 2014

prix sacd 2014Parmi la multitude de prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) décernés hier soir, le cinéma a été particulièrement choyé. Le Grand prix est revenu au scénariste (mais aussi écrivain et acteur) Jean-Claude Carrière (Viva Maria!, Belle de jour, La piscine, Le retour de Martin Guerre, Cyrano de Bergerac, Birth, Le ruban blanc), tandis que le Prix Européen a couronné les frères Dardenne dont leur dernier film, Deux jours une nuit est actuellement à l'affiche.

Le Prix Cinéma a été attribué au réalisateur de Mon âme par toi guérie, François Dupeyron. le Prix Nouveau Talent Cinéma a été décerné à la réalisatrice de Suzanne, Katell Quillévéré. Deux auteurs qui ne touchent pas forcément le grand public mais qui séduisent par leur singularité, film après film.

Le Prix Suzanne-Bianchetti, qui récompense un espoir du cinéma français a été remis à la jeune Adèle Haenel, vedette de Suzanne justement, mais aussi du prochain André Téchiné, L'homme que l'on aimait trop et du film acclamé à Cannes de Thomas Cailley, Les combattants. Elle est également attendue chez Catherine Corsini avec La belle saison.

Le Prix de l'animation a logiquement récompensé les auteurs de Minuscule, succès public cet hiver dans les salles, Hélène Giraud et Thomas Szabo. Le Prix Nouveau Talent animation est revenu à Augusto Zanovello et Jean-Charles Finck pour le court-métrage Lettres de femmes, Prix du public à Annecy l'an dernier et nommé au César du meilleur court métrage d'animation en février.

Muriel Robin a été consacrée avec un Prix de l'Humour pour son excellent spectacle Robin revient, tsoin, tsoin.

Enfin les médailles Beaumarchais ont honoré, entre autres, Gisèle Casadesus, qui vient de fêter ses 100 ans et trois commissaires européens qui quittent leur fonction, la chypriote Androulla Vassiliou (culture), Michel Barnier (marché intérieur) et Antonio Tajani (industries).

Le palmarès intégral en 24 prix