En compétition à Cannes, ils ont cartonné dans leurs pays

Posté par vincy, le 14 janvier 2015


Les nouveaux sauvages (Relatos Salvajes) débarque sur les écrans français ce mercredi 14 janvier. En compétition à Cannes, le film a cartonné dans son pays. Et pas seulement aux Premios Sur, les Oscars argentins remis début décembre, où il a récolté 15 prix sur 21 nominations. Les nouveaux sauvages a surtout attiré 3,4 millions de spectateurs, ce qui en fait le plus gros succès argentin de l'Histoire. Il a tenu deux mois au top du box office, et a battu tous les blockbusters hollywoodiens cette année. En 2009, dernière année où un film argentin a dominé le box office local, Dans ses yeux avait séduit moitié moins de spectateurs.

Mais ce n'est pas le seul film cannois à avoir cartonné dans son pays. Ainsi la Palme d'Or Winter Sleep, avec 1,7M$ de recettes se classe 35e dans le top annuel, ce qui est exceptionnel pour un film d'auteur de cette durée. Mr Turner de Mike Leigh est le plus gros succès du réalisateur au Royaume Uni avec 9,4M$ de recettes et une honorable place dans le Top 50 (là encore malgré sa durée). Mommy de Xavier Dolan est aussi le plus gros succès du jeune cinéaste dans son Québec. Avec 355 000 entrées, il est même le film québécois le plus populaire de l'année.

Par ailleurs, des films comme Deux jours une nuit ou Leviathan sont de loin les champions nationaux à l'étranger.

Mais il y a toujours une exception à la règle. Malgré un Grand prix du jury à Cannes, Les merveilles a subit une grosse déconvenue en Italie, ne récoltant même 1 million d'euros de recettes.

Pride sacré meilleur film aux British Independent Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2014

Pride Queer PalmOn reste un peu stupéfait par le choix des 17e British Independent Film Awards. Non pas que Pride, cette comédie sociale typiquement britannique, mélangeant la lutte des mineurs se mélangeant aux revendications des homosexuels dans l'Angleterre thatchérienne, soit un mauvais film (loin de là). Mais face à Mr. Turner, Calvary, '71 et The Imitation Game, il créé la surprise. Et soyons honnêtes, Mr. Turner, '71 et Calvary lui sont supérieurs cinématographiquement.

Mais passons. Pride est le vainqueur de l'année. Le film de Matthew Warchus succède à des films aussi populaires que Le discours d'un roi, Slumdog Millionaire, This is England, Vera Drake, The Constant Gardner, Billy Elliot ou My Name is Joe. Parfait feel-good movie, Pride avait fait la clôture de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le film a aussi raflé les deux prix dans la catégorie meilleur second-rôle pour Imelda Staunton (meilleure actrice en 2004) et Andrew Scott, la nouvelle coqueluche anglaise.

Pour le reste du palmarès, les britanniques ont logiquement récompensé Boyhood (film étranger), soit le premier film américain a gagné ce prix depuis la création de cette catégorie en 2003, Yann Demange comme réalisateur (pour son premier film '71), le scénario et la musique de Frank, l'actrice Gugu Mbatha-Raw (Belle), également nominée en meilleur espoir, l'acteur Brendan Gleeson (Calvary) qui a battu les favoris Benedict Cumberbatch et Timothy Spall, l'espoir Sameena Jabeen Ahmed (Catch Me Daddy), aussi nominée comme meilleure actrice, et le documentaire Next Goal Wins.

Grand perdant : Mr. Turner, qui repart bredouille malgré cinq nominations. The Imitation Game (quatre nominations) sauvent l'honneur avec le prix Variety pour Benedict Cumberbatch.

Enfin, les British Independent Film Awards ont honoré Emma Thompson du Prix Richard Harris pour sa contribution au cinéma britannique et John Boorman d'un Prix spécial du jury.

Mike Leigh: « Je pense que la révolution digitale rend possible l’arrivée des jeunes réalisateurs »

Posté par cynthia, le 7 décembre 2014

mike leigh sur le tournage de Turner

Mr. Turner réalise un joli succès en salles en France depuis sa sortie mercredi dernier. Au Royaume Uni, le film de Mike Leigh est déjà le plus grand succès public du cinéaste en son pays, entrant dans le Top 40 de l'année. C'est même son premier film à franchir le cap des 10M$ de recettes.

La renommée du cinéaste, la popularité du peintre Turner, l'excellence de l'acteur Timothy Spall, prix d'interprétation à Cannes, et la qualité de l'oeuvre ont produit l'alchimie toujours imprévisible qui conduit une longue fresque à rencontrer son public.

Dans son entretien avec Ecran Noir, le cinéaste a, notamment, évoqué la fascination de Turner pour la photographie, nouveauté technologique de l'époque, ce qui conduit inévitablement à la question du rapport entre un réalisateur et l'outil numérique, mutation des temps modernes.

Écran Noir: Turner était inquiet mais fasciné par l'arrivée de la photographie, êtres-vous inquiet par le numérique, la 3D...?
Mike Leigh: Non pas du tout. D'ailleurs j'ai fait ce film avec une caméra numérique. Et c'était vraiment super. Je pense que la révolution digitale rend possible l'arrivée des jeunes réalisateurs dans le septième art. Je pense même que c'est le futur du cinéma. Tout cela est très positif.
Concernant Turner et la photographie, oui, il en était fasciné et je pense que dans un certain sens, il considérait cela comme un nouvel art. D'ailleurs, comme nous tournions avec une caméra numérique, à chaque prise on se demandait ce que Turner aurait pu dire. Je pense que c'est une excellente dédicace pour lui, il aurait aimé.

Écran Noir: Est-ce que c'est la caméra numérique qui transpose si fidèlement la magnifique lumière de ses tableaux?
Mike Leigh: Et bien nous avons passé beaucoup beaucoup de temps à regarder le travail de Turner. Je voulais que l'on ressente Turner, qu'on regarde Turner. Parfois on a vraiment l'impression de regarder sa peinture avec les couleurs. C'est en quelque sorte une expérience visuelle.

L'intégralité de l'entretien avec Mike Leigh

Films piratés, salaires révélés: qui en veut à Sony Pictures?

Posté par vincy, le 2 décembre 2014

Une attaque pirate par les Gardiens de la Paix le 24 novembre contre les sites internes de Sony Pictures n'en finit pas de faire des dégâts. Cinq films ont d'abord été propagés sur des sites de partage, de manière illégale: Fury, déjà en salles, Annie, la grosse sortie de Noël du studio, Mr. Turner et Still Alice, qui espèrent de nombreuses nominations dans les prochaines remises de prix et To Write Love on Her Arms, un biopic prévu en 2015.

Pour Sony, le manque à gagner est difficile à calculer. Mais si l'on prend en compte le nombre de téléchargements - 206000 pour Annie, 103832 pour Still Alice, 63 379 pour Mr. Turner, 19 946 pour TWLOHA et surtout 1,2 million pour Fury selon le recensement effectué par Variety - et un ticket en moyenne à 8$, ce sont 12,7 millions de $ de recettes potentielles qui se sont envolées.

Lundi 1er décembre, ce sont les salaires de 17 cadres dirigeants de Sony Pictures Entertainment qui ont été divulgués.

L'attaque pirate est dorénavant une affaire criminelle sur laquelle le FBI enquête. L'une des pistes pourrait être la Corée du Nord. Le dictateur Kim Jong-un n'apprécie pas que le studio sorte le film The Interview, avec Seth Rogen et James Franco, qui raconte comment deux journalistes missionnés par la CIA doivent l'assassiner le despote nord-coréen.

Trop tard pour en faire le pitch du prochain James Bond, que Sony distribue.

Boyhood triomphe auprès des critiques de New York

Posté par vincy, le 1 décembre 2014

Non content d'être parmi les favoris des Independent Spirit Awards, Boyhood de Richard Linklater, prix de la mise en scène au dernier Festival de Berlin, a glané un laurier supplémentaire dans la course aux prix.

Le New York Film Critics Circle l'a choisi comme meilleur film de l'année. Mais les critiques de New York lui ont ajouté deux autres prix avec la réalisation et le second rôle féminin.

Notons que Marion Cotillard est consacrée meilleure actrice et que Timothy Spall, prix d'interprétation à Cannes, reçoit encore cet honneur dans la Grosse pomme.

Enfin que ce soit pour Linklater, Spall, Cotillard et Anderson sont honorés pour la première fois par les critiques new yorkais.

Le palmarès
Meilleur film: Boyhood
Meilleur réalisateur: Richard Linklater (Boyhood)
Meilleure actrice: Marion Cotillard (The Immigrant, Deux jours Une nuit)
Meilleur acteur: Timothy Spall (Mr. Turner)
Meilleure image: Darius Khondji (The Immigrant)
Meilleur scénario: The Grand Budapest Hotel
Meilleur second-rôle féminin: Patricia Arquette (Boyhood)
Meilleur second-rôle masculin: J.K. Simmons (Whiplash)
Meilleur documentaire: Citizenfour
Meilleur film en langue étrangère: Ida
Meilleur film d'animation: The Lego Movie
Meilleur premier film: The Babadook
Prix spécial: Adrienne Mancia (mécène)

Les films de Cannes brillent dans les festivals en Europe

Posté par vincy, le 22 novembre 2014

snow therapy force majeure amour fou party girl cannes 2014

Trois festivals en Europe ont récemment couronné des films en sélection officielle au dernier Festival de Cannes. Particulièrement significatif, cinq films de la sélection Un certain regard ont récolté de nouveaux lauriers.

Le Festival du cinéma européen de Séville (Espagne), qui se tenait du 7 au 15 novembre, a remis son Giraldillo d'or à Force majeure (Snow Therapy) du suédois Ruben Östlund, qui a également reçu le prix du meilleur scénario Le film avait déjà le Prix du jury Un certain regard à Cannes. Il est en course pour le European Film Award du meilleur film. Il sort le 25 janvier 2015 en France.
Le jury présidé par le réalisateur espagnol Carlos Vermut a donné le Giraldillo d'argent L'institutrice de Nadav Lapid, qui avait été présenté à la Semaine de la critique à Cannes. Grand prix du jury sur la Croisette, Les Merveilles d’Alice Rohrwacher a reçu le Prix spécial du jury et le prix de la meilleure actrice pour Maria Alexandra Lungu (ex-aequo avec Arielle Holmes dans Heaven Knows What).
Autre film cannois primé,  Mr Turner: prix du meilleur réalisateur pour Mike Leigh et prix du meilleur acteur pour Timothy Spall, déjà primé pour son interprétation à Cannes. Avec Leviathan, prix du scénario sur la Croisette, le russe Andrei Zvyagintsev a été distingué pour la photographie.
Le prix du public a été décerné au film italien de Paolo Virzi, Les Opportunistes, sorti cette semaine en France. Rare film non cannois à avoir été couronné. D'autant que c'est le Grand prix Un certain regard, White God du hongrois Kornel Mundruczo qui a emporté le Prix Eurimages de la meilleure coproduction européenne.

Pas très loin de l'Andalousie, le Festival du film de Lisbonne et d'Estoril (Portugal) se tenait du 7 au 16 novembre. Amour fou de Jessica Hausner, sélectionné à Un certain regard en mai dernier, a remporté le Prix du meilleur film. Le jury a aussi récompensé Phoenix de l'Allemand Christian Petzold (qui avait reçu le prix de la critique internationale à San Sebastian) et Heaven Knows What des Américains Joshua et Ben Safdie (primé à Séville, Venise et surtout Grand prix à Tokyo). Ingrid García Jonsson a été choisie comme meilleure actrice (La Belle Jeunesse de Jaime Rosales, qui était lui aussi dans la sélection Un certain regard à Cannes. L'actrice a été récemment primée pour son interprétation à Cinespana à Toulouse.

Enfin, en Europe centrale le Festival international du film de Bratislava (Slovaquie), du 7 au 14 novembre, a distingué le cinéma français. Le Grand Prix de la compétition internationale a sacré Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis pour leur premier long métrage Party Girl. Angélique Litzenburger est repartie de son côté avec le prix d'interprétation féminine. A cela ajoutons le Prix du jury étudiant. Le film cumule les lauriers: prix d'interprétation (pour l'ensemble de ses acteurs) par le jury d'Un Certain Regard et Caméra d'or au Festival de Cannes, et le Grand prix au Festival du film de Cabourg. Il est aussi en lice pour le European Film Award du meilleur premier film.

Le jury de Bratislava a donné le prix de la meilleure réalisation à Nguyen Hoang Diep (Flapping in the Middle of Nowhere) et le prix du meilleur acteur à Fabrício Boliveira (Brazilian Western).

Toronto en tenue de gala, avec Samba, Une nouvelle amie et Eden

Posté par vincy, le 22 juillet 2014

toronto 2014Le 39e Festival de Toronto a révélé aujourd'hui ses 13 soirées de Galas et ses 46 séances spéciales qui rempliront son programme du 4 au 14 septembre.

37 films seront en avant-première mondiale, ce qui les exclut de facto d'une sélection à Venise. Mais on note deux surprises : ni Egoyan ni Dolan ne sont dans ces listes. Et quid du dernier Arcand?

Black and White de Mike Bender (Kevin Costner), The Equalizer d'Antoine Fuqua (Denzel Washington), Foxcatcher de Bennett Miller (prix de la mise en scène à Cannes), Haemoo de Shim Sung-bo (Kim Yoon-seok), The Judge de Davin Dobkin (Robert Downey Jr.), Maps to the Stars de David Cronenberg (prix d'interprétation féminine à Cannes), Une nouvelle amie de François Ozon (Romain Duris), Pawn Sacrifice d'Ed Zwick (Tobey Maguire), The Riot Club de Lone Scherfig, Samba d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano (Omar Sy), This is Where I Leave You de Shawn Levy (Jason Bateman) et Wild de Jean-Marc Vallée (Reese Witherspoon) feront chaque soir le bonheur des paparazzis pour les soirées de Gala. En clôture, on ajoutera A Little Chaos d'Alan Rickman (Kate Winslet).

Parmi les séances spéciales notons le film réalisé par Chris Evans (Before We Go), le nouveau Jennifer Aniston (Cake), le Zhang Yimou présenté à Cannes (Coming Home), le dernier Peter Chan (Dearest), le très attendu film avec Tom Hardy et Noomi Rapace (The Drop), le non moins attendu film de Mia Hansen-Love (Eden), le jouissif film primé à Un certain Regard Force majeure, le film cambodgien de Régis Wargnier (Le temps des aveux), un Philippe Falardeau avec Reese Witherspoon (The Good Lie), le prometteur biopic avec Benedict Cumberbatch dans le rôle d'un génial mathématicien (The Imitation Game), le film d'animation produit par Salma Hayek avec des réalisateurs comme Bill Plympton et Joann Sfar (Le prophète), le dernier film en date d'Isabel Coixet (Learning to Drive), la comédie musicale de Richard LaGravenese (The Last Five Years), le retour d'Al Pacino (Manglehorn), le Jason Reitman annuel, avec Jennifer Garner (Men, Women and Children), un Liv Ullmann pour le prestige, avec Jessica Chastain en prime (Mademoiselle Julie), le Mike Leigh primé à Cannes (Mr. Turner), le film parisien d'Israel Horovitz (My Old Lady), le premier film d'Hal Hartley depuis 3 ans (Ned Rifle), un thriller hollywoodien avec Jake Gyllenhaal (Nightcrawler), un biopic d'Abel Ferrara (Pasolini), le nouveau Christian Petzold-Nina Hoss (Phoenix), un Michael Douglas (The Reach), le chinois Wang Xiaoshuai (Red Amnesia), le Laurent Cantet qui fera son avant-première mondiale aux Venice Days (Retour à Ithaque), le premier long métrage de l'humoriste culte Jon Stewart (Rosewater), une curiosité signée Noah Baumbach avec Ben Stiller et Naomi Watts (While we're young), et enfin la comédie à sketches qui nous a régalé à Cannes (Les nouveaux sauvages).

Cannes 2014 : les favoris de la Fipresci

Posté par vincy, le 28 mai 2014

Le jury des critiques internationaux (Fipresci) présents au 67e Festival de Cannes a rendu son verdict vendredi dernier.

En compétition, la Palme d'or Sommeil d'hiver de Nuri Bilge Ceylan a été plébiscitée. À Un certain regard, c'est Jauja de Lisandro Alonso qui a séduit. Pour les sélections parallèles - Quinzaine des réalisateurs et Semaine de la critique - Les combattants de Thomas Cailley a remporté leurs suffrages.

De leur côté, les autres membres de la Fipresci présents à Cannes avaient la possibilité de noter les films tout au long du Festival. Si l'on regarde le tableau précis des votes on constate que les goûts des critiques "lambda" sont relativement proches de ceux des jurés. Avec 4,00 de moyenne, le film de Nuri Bilge Ceylan domine de peu Mommy de Xavier Dolan (3,94), Leviathan d'Andrey Zvyagintsev (3,79) et Mr. Turner de Mike Leigh (3,61). Trois films ont été rejetés avec une note inférieure à la moyenne : Captives d'Atom Egoyan (1,65), The Search de Michel Hazanavicius (1,88) et Saint Laurent de Bertrand Bonello (2,06).

Côté Un Certain Regard, la meilleure moyenne (4,40) revient en revanche à White God de Kornél Mundruczó, qui d'ailleurs à reçu le Prix du meilleur film dans cette sélection. Jauja, qui a empoché le prix de la Fipresci, n’atteint que 3,38. Trois autres films - Force majeure (Turist), Amour fou et Le sel de la terre - tutoyaient les scores du gagnant. C'est là toute la différence entre une distinction purement chiffrée et de vraies délibérations.

A noter malgré tout que le vainqueur des sélections parallèles remporte à la fois la meilleure note dans le tableau des critiques et le prix décerné par le jury Fipresci. Là encore, la profession se retrouve.

Toutefois, au-delà de ces constatations, on remarque surtout que les journalistes accrédités sont loin de voir tous les films, y compris en compétition. Un comble.

Cannes 2014 : Qui est Timothy Spall?

Posté par vincy, le 15 mai 2014

timothy spallL'ACTEUR NORMAL

A 57 ans, Timothy Spall est loin d'être un inconnu. Certes, il n'a toujours pas de prix BAFTA à son actif, mais en 35 ans de carrière, il a été 5 fois nommé pour la récompense. Ce britannique de 57 ans est en course pour un prix d'interprétation cannois grâce à Mike Leigh, une fois de plus. Il incarne le peintre Turner, icône de l'art anglais. Son jeu, très subtil, loin d'en faire une figure hagiographique, montre l'étendue d'un talent souvent ignoré.

Il faut dire que Spall n'a pas le physique pour être une star. Et il a du longtemps patienter avant que son heure ne vienne. Jusqu'en 1990, il ne tourne que quelques films (Gothic de Ken Russell, Le Complot d'Agnieszka Holland, Chasseur blanc, cœur noir de Clint Eastwood et Un thé au Sahara de Bernardo Bertolucci). Son physique banal d'anglais mal dégrossi est parfait pour incarner un fonctionnaire, bourgeois ou notable...

La télévision est plus généreuse où il enchaîne séries et téléfilms. C'est d'ailleurs pour le petit écran qu'il croise un certain Mike Leigh : un épisode du feuilleton policier Play for Today (Home Sweet Home) en 1982. Sinon il se produit au théâtre, sa passion, ses racines, là où il a pu jouer Shakespeare et Tchekhov.

En 1991, Leigh l'enrôle dans le méconnu Life is Sweet. Mais ce n'est que cinq ans plus tard que Timothy Spall va enfin pouvoir s'imposer. Mike Leigh lui offre le personnage du photographe de mariage dans Secrets et mensonges, Palme d'or en 1996. Dès lors, il va devenir une figure incontournable du cinéma anglais, souvent en second-rôle : Hamlet et Peines d'amour perdues de Kenneth Branagh, Still Crazy de Brian Gibson, Topsy-Turvy de Mike Leigh. Mais paradoxalement c'est le cinéma étranger qui va lui donner ses rôles les plus populaires. Car Spall tourne partout et de tout : Vatel de Roland Jouffé, Intimité de Patrice Chreau, Vanilla Sky de Cameron Crowe, Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Rolf De Heer...

Fils d'un postier et d'une coiffeuse, marié depuis 33 ans à la même femme, l'acteur voit sa carrière prendre une tournure inimaginable avec un autre film de Mike Leigh, qui cette fois-ci lui offre le rôle principal d'All or Nothing. Il incarne un chauffeur de taxi proche du pétage de plomb. Anthologique. Le grand public va alors ne voir que lui : Le Dernier Samouraï, Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, les deux meilleurs Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban et La Coupe de feu, et tous les suivants, où il est le "rat" Peter Pettigrow, Sweeney Todd, Il était une fois..., Le Discours d'un roi où il incarnait Winston Churchill. Avec Turner, il met à son tableau de chasse les deux plus grands mythes non royaux de l'empire britannique à son tableau de chasse.

Il est formidable en Joseph Mallord William Turner. Montrant qu'un personnage se joue sur la durée et dans le moindre détail. Il aime ces hommes sombres, irrévérencieux, incorrects, presque fous. "Les gens pensent que ce sont des losers. Je considère qu'ils sont représentatifs de la vie normale" explique Spall, homme affable et acteur talentueux. Loin de tout star système.