Les relations ambivalentes entre la Chine et Hollywood

Posté par vincy, le 11 mars 2014

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Les deals se multiplient entre Hollywood et la Chine. Il est loin le temps où les studios et producteurs craignaient une invasion japonaise dans les années 80. Désormais, ils signent avec les Emirats, l'Inde, et la Chine pour trouver des accords de financement et de production. La Chine est devenue en moins de dix ans un géant du cinéma : 2e marché mondial (recettes en salles), dépassant ainsi le Japon, un cinéma réputé et respecté (grands prix dans les Festivals comme l'Ours d'or à Berlin en février), production de films en hausse (638 en 2013, dont 45 exportés), accroissement du nombre de cinémas (5 000 écrans supplémentaires rien qu'en 2013).

Hollywood se laisse donc séduire par les dragons de l'Empire du milieu. Les annonces se bousculent depuis trois mois.

Derniers contrats en date :

    • Robert Simonds et Gigi Pritzker avec le géant TPG et le chinois Hony Capital (10 films par an) ;
    • Walt Disney avec Shanghai Media Group pour développer des films chinois à la Disney ;
    • Disney (toujours) avec You On Demand (pour la diffusion de produits sur les mobiles) et BesTV (contenus numériques);
    • Disney (encore) qui va créer un parc d'attraction à Shanghai ;
    • Relativity a pactisé avec le fonds d'investissements IDG ;
    • Le chinois DMG a signé des accords avec Alcon Entertainment (Transcendance, avec Johnny Depp et le remake de Point Break)
    • Studio 8, société de l'ancien patron de Warner Jeff Robinov, avec Huayi Brothers (qui a injecté 120 millions de $) ;
    • L'agence de talents Resolution a accepté le chinois Bison Capital dans son capital ;
    • Bona Film possède 20% de 21st Century Fox ;
    • After Dark Films va faire 5 films avec la télévision chinoise Shengshia Entertainment ;
    • DreamWorks qui a créé son studio Oriental DreamWorks et qui a signé un accord avec le site de streaming local Youku, etc... (lire nos actualités)
    • La transaction la plus impressionnante reste le rachat de la chaîne de cinéma américaine AMC Entertainment par le géant de l'immobilier chinois Wanda pour 2,6 milliards de $ en 2012.
    • Le même Wanda a signé un partenariat de grande ampleur avec le canadien IMAX pour construire 120 salles dotées d'écrans géants.

Tous ces deals permettent évidemment d'obtenir de l'argent frais, mais avant tout de conquérir le marché chinois : d'abord en contournant le problème des quotas (la Chine limite le nombre de films étrangers qui sortent en salles) mais aussi en évitant la censure en produisant des films spécifiquement pour le marché chinois (avec les normes et le formatage imposé pour un public encore plus puritain que les Américains : les Chinois n'ont pas pu voir le sein de Kate Winslet dans Titanic).

Le système de quotas a légèrement évolué en augmentant le nombre de films étrangers (principalement américains) autorisés sur le sol chinois. Avant 2012, 20 films étrangers étaient diffusables en Chine. Depuis un an, le nombre a été porté à 34 (lire notre actualité). La Chine réfléchit actuellement à faire passer le nombre à 44. Le système de censure est en passe de changer également puisque le gouvernement chinois souhaite décentraliser la censure en donnant l'autorité à chaque province.

Un conflit financier

Pourtant, Hollywood devrait se méfier de cet eldorado. L'an dernier, la Chine a cessé de payer aux studios hollywoodiens leur part sur les recettes locales de leurs films. Le conflit a commencé avec l’introduction d’une nouvelle taxe sur les bénéfices (2%), taxe refusée par les studios.

Les arriérés se chiffraient à plusieurs dizaines de millions de dollars, selon The Hollywood Reporter, et les six «majors» hollywoodiennes - Disney, Warner, Universal, Paramount, Fox et Sony - semblaient concernées.

Selon les calculs du magazine, les autorités chinoises, à travers le China Film Group, plus gros distributeur du pays, devraient notamment plus de 31 millions de dollars à Warner pour Man of Steel, 23 millions à Sony pour Skyfall et 20th Century Fox pour L’Odyssée de Pi.

La Motion Picture Association of America (MPAA), qui représente les intérêts des studios, a négocié durant un mois avec les autorités chinoises pour déterminer qui devra payer cette taxe. On ne sait pas comment cela s'est résolu - le contenu de l'accord a été maintenu secret - mais en août dernier, la MPAA a annoncé que l'affaire était close.

Hollywood soumis au système chinois

Pour Hollywood, le marché chinois n'est pas sans danger : les dates de sorties de films sont décidées par les autorités chinoises et peuvent être changées au dernier moment (comme pour Django Unchained, censuré quelques jours avant son lancement en Chine : lire notre actualité). Evidemment, les périodes les plus sollicitées (comme l'automne et le Nouvel An chinois) sont quasiment inaccessibles pour les films étrangers. C'est aussi le gouvernement qui décide des films qu'ils veulent montrer aux Chinois. Cela rend les studios américains très dépendants : la plupart d'entre eux préfèrent se soumettre à ce diktat plutôt que de se voir refuser la sortie d'un film. C'est aussi ce qui les incite à trouver des partenaires locaux pour augmenter leurs chances d'avoir une (petite) part de ce gâteau grandissant. Ainsi Iron Man 3 a été cofinancé avec le chinois DMG Entertainment (lire notre actualité et Lionsgate (Hunger Games) est en quête d'un partenaire.

L'autre gros problème chinois qui menace Hollywood c'est évidemment le piratage. Le gouvernement chinois tarde à prendre des mesures pour atténuer le problème. Il est possible de trouver n'importe quel film, d'Amour de Michael Haeneke à Iron Man 3, dans un vidéoclub ou sur le trottoir d'une ville chinoise, le film à peine sorti en salles aux Etats-Unis. Autant de revenus en moins dans les caisses hollywoodiennes.

Prometheus : quelle classification pour le film de Ridley Scott ?

Posté par geoffroy, le 2 avril 2012

Alors que la promotion de Prometheus bat son plein entre bandes-annonces plutôt stylées et vidéos sur l’univers du film (on appelle cela une campagne virale), la question de sa classification aux États-Unis a été soulevée par Ridley Scott lui-même, contredisant ses déclarations lors du Comic-Con de juillet dernier où il affirmait que son film serait PG-13.

La MPAA (Motion Picture Association of America), qui assure cette classification des films aux États-Unis, hésiterait entre deux "notes". Le PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans) ou le R (interdit aux 17 ans et moins non accompagnés d’un adulte). Sur ce point, voilà ce qu’en pense le réalisateur :

« À l’heure actuelle, je ne sais pas où on en est. La question est de savoir si on va vers un PG-13, qui financièrement serait une véritable différence, ou si on va au bout de ce que l’on veut faire et proposer un film avec un classement R. Je penche pour la seconde solution. Il ne s'agit pas forcément de violence et de sang mais d'idées qui peuvent être très stressantes. Je ne suis pas inconscient, mais je vais tout faire pour obtenir le film le plus agressif possible. »

Ces quelques précisions ne rassureront pas forcément les cinéphiles du monde entier, même si nous voyons mal Prometheus récolté un PG-13 alors que tous les films de la saga d’Alien (dont il est une émanation directe) ont récolté une classification R. Là encore, tout n’est qu’une question de gros sous. Mais attention, qui dit rentabilité ne dit pas forcément sacrifice de la création artistique. Certains films, durs et violents, ont touché leur cible et ont rapporté gros. Les plus gros succès au Box office pour un film classé R sont La Passion du Christ (371 millions de $); le 2e Matrix (282 millions de $), Very Bad Trip et sa suite (respectivement 277 et 254 millions de $), et Le flic de Beverly Hills (235 millions de $). Souvent ces films subissent une classification R à cause du langage ou de la violence. Un R n'a pas empêché L'Exorciste de devenir l'un des dix films les plus populaires depuis 1939, ni Gladiator ou Rainman d'être oscarisés. Quand le sujet, le genre et l’univers le demandent, il n’est pas bon de vouloir plaire au plus grand nombre pour des questions financières. D’ailleurs, c’est souvent du quitte ou double. En effet, rien ne dit qu’en aseptisant Prometheus de ses scènes les plus difficiles, le film engrange plus de bénéfices.

L’attente autour du film est si grande qu’il ne faudrait pas tout gâcher avant même sa sortie en salles. Rappelons que les 6 épisodes de la série Alien ont rapporté l'équivalent de 760 millions de $ de recettes (au prix du billet actuel). Même si aucun n'a dépassé les 100 millions de $ en Amérique du nord.

Prometheus sera dans les salles françaises le 30 mai et sortira aux USA le 8 juin. Le film est interprété par Noomi rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba et Guy Pearce.

Les studios d’Hollywood ne veulent pas de Zediva

Posté par vincy, le 10 avril 2011

Les studios Disney, Paramount, Warner Bros et la 20th Century Fox ont porté plainte contre Zediva, start-up proposant le visionnage de films en streaming sur internet, qu'ils accusent de ne pas payer les droits d'auteurs liés aux oeuvres diffusées.

L'association Motion Picture Association of America (MPAA) considère que la société enfreint la loi sur les droits d'auteurs sur les films en utilisant un faux modèle de location de DVD pour ce qui est en réalité un service de visionnage de films en streaming. Pourtant, selon les conditions générales de vente du site Zediva, l n'est pas possible de regarder le film sans connexion ou de le télécharger.

Cependant les studios expliquent que Zediva propose un service équivalent à celui de Netflix ou Amazon. La start-up réplique qu'elle est une entreprise de location de DVD à distance.  Les utilisateurs de Zediva paient (à partir d'1$99) pour louer des "DVD par internet" qu'ils peuvent regarder sur leurs ordinateurs personnels, un iPad ou un smartphone. La durée d'utilisation est de 14 jours! Les films peuvent être sous-titrés en espagnols et en français.

Lancée le 16 mars, cette offre semble cartonner. Mais la MPAA compte bien arrêter ce service, tout en réclamant  150 000 dollars par film diffusé.

Zediva se vante de proposer des films plusieurs semaines et même mois avant les plateformes de Netflix ou Redbox. Par ailleurs, Google a annoncé le lancement d'une chaîne VOD sur YouTube.

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site de Zediva