Avant-première tragique pour The Dark Knight Rises

Posté par matthieu, le 20 juillet 2012

Gros choc en cette première journée de la sortie du film le plus attendu de l'année aux USA, une des midnight-showing de The Dark Knight Rises à Aurora (banlieue de Denver) a engendré un fait divers de grande ampleur avec des spectateurs tués en pleine séance. Au total, James Holmes, le tueur plus tard interpellé sur le parking du cinéma, âgé d'une vingtaine d'années, a fait au moins 12 morts et plus d'une cinquantaine de blessés, soit 'lune des tueries les plus meurtrières de ces vingt dernières années. Certains spectateurs ont mis plusieurs secondes avant de se rendre compte que les coups de feu ne provenaient pas de la scène d'action du film qui défilait à l'écran, puis se sont rués vers la sortie. L'Amérique est sous le choc, allant jusqu'à mettre en pause la campagne politique, et l'évènement trouve des conséquences dans le reste du monde, ne serait-ce qu'à Paris où la promotion du film est elle-aussi annulée.

Le dernier volet de la trilogie devait être projeté en France vendredi soir dans un cinéma sur les Champs-Elysées mais la soirée est tombée à l'eau alors même que l'essentiel avait déjà été installé devant le cinéma : tapis noir, affiches, accueil pour photographes etc. Selon des membres du personnels, quelques dizaines de futurs spectateurs attendaient déjà leur séance devant le cinéma lorsque les opérations de démontage ont débuté. Sans surprise, les interviews prévues à la télévision française (le 20h de TF1 avec Marion Cotillard et Morgan Freeman, devant être enregistré en fin de matinée) ont elles aussi été annulées.

La Warner Bros a donc tout logiquement décidé de respecter les victimes en arrêtant sa campagne promotionnelle qui sévissait pourtant depuis des mois et s'accentuait ces dernières semaines.

Recettes records

Frank Fania, porte-parole de la police, a déclaré à CNN que le tireur était muni d'un fusil et de deux armes de poing en plus de porter un gilet pare-balles. Les témoins ont été rassemblés par la police dans un lycée des environs, selon M. Oates. Un témoin interrogé par CNN a raconté avoir vu "un type qui montait lentement les marches et a ouvert le feu au hasard". Une autre personne interrogée a déclaré à CNN : "Nous avons entendu 10 à 20 tirs et de petites explosions venant de partout. Nous avons entendu des gens hurler peu après. Puis on nous a dit d'évacuer les lieux par haut-parleur. Dès que nous sommes sortis, nous avons vu les gens courir partout en hurlant."

Cet évènement qui marque non pas seulement la sortie du film mais l'Amérique toute entière n'a toutefois pas empêché au film de réaliser des recettes records attendues avec $80M-$85 ce vendredi. Reste que si le bouche à oreille quant à sa qualité sera présent, c'est surtout les caméras portées sur l'affaire qui vont à la fois pouvoir restreindre ou bénéficier au succès du film, entre la crainte générale d'une récidive d'un tueur fou en quête de buzz et engouement soudain qui va amener Batman à se faire connaître dans des publics moins occupés par le cinéma. Des doutes persistent quant à sa diffusion à venir, des rumeurs dans la soirée faisaient même état d'un report de sortie voire annulation de certaines séances, démenties depuis. La sécurité sera par contre augmentée à certains endroits.

En fin de journée, Christopher Nolan s'est enfin exprimé (exceptionnellement, nous laissons le texte en anglais, ndlr) : "Speaking on behalf of the cast and crew of The Dark Knight Rises, I would like to express our profound sorrow at the senseless tragedy that has befallen the entire Aurora community. I would not presume to  know anything about the victims of the shooting but that they were there last night to watch a movie. I believe movies are one of the great American art forms and the shared experience of watching a story unfold on screen is an important and joyful pastime. The movie theatre is my home, and the idea that someone would violate that innocent and hopeful place in such an unbearably savage way is devastating to me. Nothing any of us can say could ever adequately express our feelings for the innocent victims of this appalling crime, but our thoughts are with them and their families."

Rememeber Columbine

C'est donc une sortie nationale endeuillée pour ce troisième opus tant attendu et qui risque à la longue d'impacter sur ce film puisque l'on parle aujourd'hui autant de ses qualités ou de ses défauts que du fait divers auquel il est malgré lui désormais lié. Triste sort pour cette fin de trilogie donc, mais ayant peu de risque d'impacter son box office.

En tout cas, entre la relance du débat sur la diffusion d'armes librement aux États-Unis, arrêt subit de promo et trauma général, The Dark Knight Rises vient de se faire une place dans l'histoire de l'Amérique. Pas sûr que cette place au côté du massacre de Columbine fut celle souhaitée. Columbine (rappelez vous le documentaire de Michael Moore sur une tuerie dans un lycée) est à 30 kms d'Aurora.

Cannes 2012 : de la pluie, des morts, des bagnoles et du sexe

Posté par vincy, le 29 mai 2012

Si on ne se concentre que sur la compétition du 65e Festival de Cannes, les tendances de la saison montrent un cinéma où l'amour est désenchanté et la mort une finalité. Après il y a bien sûr quelques variations.

Commençons par la pluie, vedette récurrente de ce Festival qui résista tant bien que mal au déluge. Elle était assez présente dans les films. Dans Moonrise Kingdom, elle est même tempête, entraînant catastrophes sur catastrophes. Dans Cogan, la mort en douce, elle est intermittente, mais on la sent menaçante. Dans le Hong sang-soo, Dans un autre pays, elle s'invite quand elle veut, obligeant à pense au parapluie en sortant, ou en rentrant à l'hôtel. Sans citer tous les films, la pluie coulait sur les vitres, inondait les têtes, faisait monter les eaux. C'est évidemment dans Les bêtes du sud sauvage qu'elle a eut le plus d'impact mais c'était à Un certain regard.

Mais Cannes cette année, c'était surtout une histoire de mort. La Palme d'or à Amour en est le plus parfait symbole, film sur la fin de vie d'un couple qui aspire à mourir dignement. Les morts pleuvaient sur la Croisette. Il n'y a bien que dans Holy Motors où il ressuscitaient. Avec Des hommes sans loi, c'est un carnage collectif, notamment vers la fin, où les flics sont moins forts que les gangsters. Ceci dit, The Paperboy finit aussi dans l'hémoglobine, à coups de gorges tranchées. Dans L'ivresse de l'argent, il y a une pauvre femme qui est retrouvée noyée dans une piscine et son amant qui se suicidera dans son bain. Chez Lozintsa, sans révéler la fin, on peut dire que Dans la brume a une issue fatale. Au-delà des collines de Cristian Mungiu n'est pas plus joyeux avec une femme abandonnée à son sort, pas brillant. Pour Resnais (Vous n'avez encore rien vu), il utilise la mort comme subterfuge scénaristique, mais, il ne faut jamais se moquer de la grande faucheuse... Finissons avec Post Tenebras Lux. Un homme meurt bêtement tué froidement. L'assassin, hanté, perdu, va s'en arracher la tête, geyser d'hémoglobine inclus. Enfin dans Cogan, la mort en douce, tous les coupables sont butés un à un. Au fusil à pompe, au flingue, à bout portant. A côté ou dans une voiture.

Habile transition vers l'autre grande star du 65e Festival de Cannes, la bagnole. Déjà, elle est sur l'affiche officielle, puisque Marilyn y souffle une bougie, à l'intérieur. Voiture de shérif (Moonrise kingdom), caisses vintage d'occase dans Cogan la mort en douce, transport amoureux dans The Paperboy, vieux modèles des années 20 et 30, avec les nouveaux moteurs de l'époque, pour transporter de la gnôle de contrebande dans Des hommes de loi, beaux 4x4 noirs cachant des valises de fric dans L'ivresse de l'argent, lien sur roues entre le centre bourgeois et révolté du Caire et les faubourgs pauvres et politiquement influencés dans Après la bataille... on continue? Kiarostami (Like someone in Love) nous enferme quasiment tout le film dans une voiture avec laquelle on faire le tour de Tokyo, tout en discutant. Même punition chez Cronenberg pour Cosmopolis. Avec son immense limousine blanche, Robert Pattinson y baise, y pisse, y philosophe et se délecte de sa visite médicale, avec toucher rectal apparemment jouissif. La limousine blanche de chez Carax, dans Holy Motors, est une loge de comédien. Un endroit de transformation. Elle y dépose son professionnel à chaque rendez vous avant d'aller se reposer dans un garage avec ses collègues, encore à l'essence. Pour Sur la route, Walter Salles s'est fait plaisir à exhiber ses voitures de l'époque de Kerouac sur la Croisette. Elles en font du kilomètre dans le film, jusqu'à griller les limitations de vitesse et servir de baisodrome (une femme au milieu de de hommes, tous nus...). Nous finirons avec Au-delà des collines. La dernière séquence est dans un panier à salade. L'ultime plan montre une vitre salie par des éclats de neige boueuse.

Reste le dernier thème : le sexe. Sous toutes les formes. Un dépucelage adolescent adorable (Moonrise Kingdom) ou une perte de virginité sans orgasme (Thérèse Desqueyroux), l'orgasme était multiple cette année. Il y a bien sûr la redécouverte des sensations charnelles de Marion Cotillard avec son corps mutilé, dans De rouille et d'os, empalé par Matthias Schoenaerts, plan cul toujours dispo. Pattinson n'est pas en reste avec Binoche dans la limousine (assise sur lui) ou encore une garde du corps qui le tease avec son taser. Kidman offre une séquence à la Basic Instinct, déchirant son collant et simulant une fellation devant un John Cusack se masturbant sans pudeur. Mais The Paperboy, c'est aussi la scène où l'actrice pisse sur Zac Efron et une autre où Matthew McConaughey, cul à l'air s'adonne à ses jeux SM. Il pleuvait peut-être à Cannes, mais la chaleur montait dans la salle. "Holy" Carax s'est amusé à filmer un satire prêt à sauter sur la Beauté, sexe un peu tordu, ni grand ni épais, mais bien raide. De son côté, Im Sang-soo a toujours aimé préférer l'érotisme. Dans L'ivresse de l'argent, une femme de ménage se fait faire un cuni par son patron, tandis que la maîtresse des lieux se venge en "violant" l'assistant de son mari, qui l'honore péniblement. Paradoxalement, on a aussi le droit à une scène de coucherie platonique qui vaut celle, dans Like someone in Love, où la jeune prostituée ne baise pas avec son client. Le sexe est aussi présent sous forme de prostitution colonialiste dans Paradis : Amour. Et dans Post Tenebras Lux, le fantasme est illustré avec une scène d'échangisme (dans un club à Paris) où l'héroïne se fait prendre alors que sa tête frôle les seins lourds d'une autre femme, le tout devant les yeux de son mari. Le couple semble ouvert, excepté lorsqu'elle a la migraine et rejette une sodomie promise. Finissons avec le feu d'artifice de Sur la route. Une enculade homosexuelle dans un motel, une branlette partagée dans une voiture, quelques orgies, du voyeurisme, du sexe éphémère, une simulation de pipe par Amy Adams), des seins, des fesses... tout y passe. Le cul pour défier la mort.

Et l'amour dans tout ça? Il transpirait partout. Dans tous les films. Le cinéma ne raconterait presque que ça... Peu importe la météo, l'âge, le transport ou les corps.

Pierre Schoendoerffer (1928-2012) : le dernier combat

Posté par vincy, le 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer, 83 ans, est mort dans la matinée de ce mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à quelques kilomètres de Paris. Grand reporter, écrivain, cinéaste, sa carrière polymorphe est centrée sur la grande histoire : la guerre, et la décolonisation.

Témoin d'événements sanglants et violents, il a voulu les restituer avec justesse et vérité que ce soit dans l'écriture ou l'image. Observateur à distance, artiste individualiste, il était pourtant au coeur du XXe siècle.

Membre fondateur des César, académicien aux Beaux-Arts dans le collège du cinéma, récipiendaire de multiples honneurs militaires et culturels, Pierre Schoendoerffer a filmé les combattants, entre grandeur et décadence.

Cela vient de son enfance. Adorateur de Joseph Kessel, qu'il rencontrera à Hong Kong, et de Joseph Conrad, cet ancien cancre s'embarque sur un bateau suédois à la sortie de l'adolescence. Ce garçon auvergnat rêve d'aventures et de grand large. Après la Baltique, il s'engage en 1952 au service cinématographique des armées, où il fait ses débuts de caméraman en Indochine. Il apprend le cinéma en filmant la guerre durant trois ans. En 1954, il est fait prisonnier par le Viêt Minh à Diên Biên Phu, passant quatre mois en captivité. Il transcrira l'expérience de cette défaite française ça dans son film Diên Biên Phu (1992), fresque puissante et brutale.

Une fois libéré, il quitte l'armée et devient reporter photographe pour le magazine Life. 4 ans plus tard, il adapte La Passe du diable, roman de Kessel, à l'écran. Il s'agit de sa première réalisation. L'année suivante, il adapte un roman de Pierre Loti, autre romancier du voyage, avec Le pêcheur d'Islande.

Mais c'est en 1963 que Schoendoerffer se fait un nom. Il écrit La 317e section qu'il adapte deux ans plus tard pour le cinéma. Jacques Perrin et Bruno Cremer donnent corps à cette guerre d'Indochine, dans l'ombre de la seconde guerre mondiale pas si lointaine. Déjà il pose les fondations de son oeuvre : les sacrifices inutiles de la chair à canon, l'honneur de l'armée, les illusions saccagées, la dureté des combats. Ses films sont aussi documentaires que fictifs, francs et humains. Prix du scénario à Cannes, 45 ans plus tard, il s'agit toujours du film symbolique sur la guerre d'Indochine.

En 1967, il réalise un documentaire, toujours sur le Vietnam, La section Anderson, où l'on suit une troupe de soldats américain en pleine guerre. Oscar à Hollywood. Puis il y aura une longue absence au cinéma. Il écrit en 1969 L'adieu au Roi, qui sera transposé au cinéma 20 ans plus tard par John Milius, prix Interallié.

En 1976, il écrit un autre roman, Le Crabe-tambour. Grand prix du roman de l'Académie française, le livre croise les guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). Il réalise le film un an plus tard, inspiré de la vie du Commandant Pierre Guillaume, avec Jean Rochefort, en officier austère proche de la retraite, et Claude Rich. 6 nominations aux César (dont film et réalisateur), dont trois prix : acteur (Rochefort), second-rôle masculin (Dufilho), photo.

5 ans plus tard, il filme L'honneur d'un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia,de nouveau un portrait de soldats, durant la Guerre d'Algérie. Toute cette filmographie a fait de Schoendoerffer une icône de l'Armée comme de l'extrême droite, rôle qu'il refusait obstinément. Lui préférait se voir en contributeur d'un récit de l'Histoire de France contemporaine, réveillant les mémoires et affrontant les sujets tabous.

La guerre et l'humanité, voilà son oeuvre. Un homme d'honneur, pudique, tourmenté, nostalgique que le goût des horizons lointains a mené à l'horreur des émotions intimes. L'homme en gros plan dans des situations extrêmes où la vie de chaque des personnages est en jeu. Un cinéma hanté, lucide, réaliste, prenant tous les risques, voulant flirter avec ses souvenirs atroces.

Loyal et fidèle, cet ancien combattant détestait les artifices et faisait l'éloge de la liberté. Sa caméra héroïsait des hommes à son image. Des individus défaits. Comme pour vouloir se prouver qu'il n'avait pas subit son calvaire indochinois en vain. Il préférait l'universalité de son propos à la récupération politique. De même sa condition d'artiste, d'artisan selon lui, sublimait son passé militaire.

En 1981, il écrit son avant-dernier roman, Là haut (le dernier date de 2003, L'aile du papillon), qui deviendra son dernier film, en 2004. Bruno Cremer, Jacques Perrin et Claude Rich retrouvent leur cinéaste d'autrefois. Il utilise d'ailleurs des images de ses précédents tournages avec ces comédiens pour des flash backs dans cette histoire qui revient en Indochine, période post-coloniale. Un film testament.

Comme une étoile dans la nuit : l’amour à mort

Posté par Morgane, le 1 décembre 2008

commeuneetoile.jpgL'histoire : Alors qu'ils ont décidé de faire un enfant, Anne et Marc découvrent que ce dernier est atteint d'un cancer. Face à la tristesse et à la peur de la mort, leur histoire d'amour demeure la meilleure réponse.

 Ce qu'on en pense : Le film s’ouvre sur deux corps qui se dénudent, qui s’aiment. Sans un mot. Le bonheur se faufile et très vite s’effiloche ; mais les corps vibrent, restent nus, libres et beaux comme un pied de nez magistral fait à la maladie. Comme une étoile dans la nuit se déroule telle une scène de la vie quotidienne, certes dramatique, une de celles qui n’arrivent qu’aux autres, mais peuvent frapper chacun.

Au début maladroits, les corps de Salomé Stévenin et Nicolas Giraud s’étreignent, se caressent, flottent dans un univers ordinaire. Leur maladresse surprend, étonne mais peu à peu leur jeu s’affirme, s’affine et prend alors tout son sens. René Féret réussit dès lors le pari de raconter la maladie. Sans pathos mais avec une grande dignité, il filme ces deux corps séparés petit à petit par la maladie dévastatrice. Lentement, celle-ci infiltre le corps de Marc tout comme le couple qu’il forme avec Anne. Elle s’incruste dans leur quotidien, "flirte" avec eux comme se plaît à le dire Anne.

Les projets s’égrènent et l’évocation du futur s’efface pour laisser place à un présent qui s’échappe. Les corps, malades ou non, puisent ici toute leur puissance. La maladie vainc mais ne détruit pas. Elle transforme faiblesse en force et, loin des clichés, donne un souffle nouveau à Anne et Marc. Film touchant, à la fois tendre dans les sentiments évoqués et violent dans sa réalité, Comme une étoile dans la nuit effleure avec tendresse et sincérité un sujet difficile. Ou comment la maladie s’invite dans une histoire d’amour

La famille Suricate : au pays des géants…

Posté par vincy, le 12 octobre 2008

suricate.jpg Synopsis : Ce documentaire animalier suit la première année d'existence de Kolo, petit Suricate à peine né, en plein désert du Kalahari, dans le sud de l'Afrique. Il ouvre les yeux en pleine période de sécherese. tous les animaux sont à l'affût de la moindre nourriture. Véritable loi de la jungle, avec ses menaces, Kolo va-t-il survivre à la famine, aux rapaces, aux serpents? Va-t-il pouvoir avoir le temps d'apprendre comment chasser et manger un scorpion? Aventurier, audacieux, un jour, en combattant une bande rivale, il se perd et s'éloigne de son territoire. Seul, il n'a, a priori, aucune chance de s'en sortir et encore moins de revenir...

Notre avis : Il y a une frustration dans ce documentaire animalier. Car tout y est : une espèce animale curieuse et attachante, un décor digne du cinémascope, des plans esthétiquement somptueux, des ennemis randeur nature nommés lion, cobra, aigle, scorpion... Cela justifierait assez bien la motivation cinématographique de ce documentaire, genre plutôt adapté à la télévision. La famille Suricate doit malgré tout surmonter deux défauts. Une mise en place assez longue qui attend la fin des trois premiers quart d'heure pour partager les palpitations de ce carnivore pas plus grand qu'un double décimètre. Et la voix de Guillaume Canet. L'acteur semble en mode éteint, terne, appliqué, prononçant chaque syllabe, telle une lecture trop sage. Cela contraste évidemment avec l'ampleur et la vivacité du film.

Car "ces petits animaux sont bien plus coriaces qu'il n'y paraît." Ils ont du chat, du rat, du renard, de l'humain, du singe... Véritablement touchants, ces nano-mammifères, cousins de la mangouste, ont de l'enfant le goût du jeu et la peur de l'inconnu. On vit ainsi tous les traumas de l'initiation à la vie (ou plutôt la survie) de Kolo. Dans sa construction, le film n'a rien de novateur : il alterne les moments intenses et dramatiques avec des scènes plus légères, la musique passant alors du symphonique au chorale, du tragique au festif. Mais reocnnaissons un sacré travail de montage. Car lorsque le cobra se faufile à l'intérieur du terrier, l'image passe au noir et blanc, et nous vivons des minutes terrifiantes dans les couloirs souterrains, dignes d'un film à suspens. Une bête de deux mètres de long, dotée d'un venin pouvant tuer dix hommes.

De ce moment, et parce que Kolo va progressivement être livré à lui même, on se sent, grâce à la caméra subjective, à hauteur de Surricate.  Si la voix off en rajoute sur la fatlité, le destin scellé, l'inéluctable fin, la tension atteint son paroxysme avec une séquence finale hollywoodienne : notre petit héros pourchassé par l'aigle qui a tué son frère et le cobra. Telle est proie qui croyait prendre... Impressionnant.

The Talented Mr. Minghella (1954-2008)

Posté par vincy, le 18 mars 2008

7 films réalisés. Un autre qui ne sera jamais tourné. 11 films produits, dont Michael Clayton. Anthony Minghella vient de mourir à l'âge de 54 ans. Lauréat de nombreux prix, d'Avoriaz (Truly Madly Deeply) aux Bafta (9 nominations, 3 récompenses), il a surtout décroché l'Oscar du meilleur réalisateur, parmi les 9 statuettes de son film Le patient anglais. Cette épopée romantique, dramatique et historique l'avait conduit à écrire de grandes fresques. En 1999, il livre Le talentueux Monsieur Ripley, avec Matt Damon et Jude Law, thriller homo-refoulé, et en 2003, il réitère avec Retour à Cold Mountain, sorte d'Odyssée durant la Guerre de Sécession, avec Nicole Kidman et Jude Law. Le dernier film sorti, Par effraction, réunit Jude Law et Juliette Binoche. Ecran Noir l'avait rencontré à cette occasion.

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Le cinéaste aimait filmer les tourments de la passion, les contradictions humaines, les amours impossibles sous la pression de la société. L'image toujours léchée, les plans fluides et lisses, il incarnait l'hériter de David Lean, même s'il manquait souvent l'absolutisme de l'histoire qui rendait les oeuvres de Lean atemporelles.

Son fils Max est comédien, sa fille Hannah est assistante de production. Son dernier bébé, The No.1 Ladies Detective Agency, tourné en Afrique australe (40 millions de $ de budget, aucune vedette), est une série TV adaptée d'une collection de huit romans. Le pilote est normalement diffusé sur la BBC à Pâques.

Il était aussi le président de l'Institut du film britannique.