Mon film de l’année : Juste la fin du monde, magnifique huis-clos

Posté par wyzman, le 22 décembre 2016

Grand prix du Jury au dernier Festival de Cannes, Juste la fin du monde aurait pu être une adaptation quelconque de la pièce de Jean-Luc Lagarce. Mais c'était sans compter le talent de Xavier Dolan. Après l'encensé Mommy et avant l'américain The Death and Life of John F. Donovan, Juste la fin du monde se pose là, en oeuvre complexe de 95 minutes doté d'un casting de rêve. Eh oui, ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de faire jouer Nathalie Baye, Vincent Cassel, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux et Marion Cotillard ensemble.

Mais au-delà de sa distribution, Juste la fin du monde demeure un film à mon sens brillant sur la complexité des rapports familiaux. Louis est le fils cadet, il rentre après des années d'absence pour annoncer sa mort à venir. De quoi va-t-il mourir ? Va-t-il réussir à le dire à ses proches ? Pourquoi est-il parti ? Avait-il besoin de revenir ? Tant de questions que le film pose et auxquelles les protagonistes tentent de répondre… parfois avec beaucoup de mal.

Pas aussi apprécié que Mommy, Juste la fin du monde condense tout ce que Xavier Dolan sait parfaitement mettre en scène. Des actrices remarquables, une bande originale pop et nostalgique, des choix de cadrage qui surprennent, des répliques prenantes et des personnages plus torturés les uns que les autres. Voilà sans doute pourquoi l'incommunicabilité se retrouve ici magnifiée. Xavier Dolan grandit, il prend des risques. Sur certaines scènes cela paye, avec d'autres pas vraiment. Mais il essaye, et cela efface tous les petits défauts que certains qualifieront de "paresse".

Rempli de cris et de douleur, Juste la fin du monde reflète parfaitement certaines bulles familiales. On aime ses proches mais on ne peut plus les voir. Et lorsqu'on les retrouve, on attend patiemment l'événement qui fera tout chavirer. Mélo familial certes, Juste la fin du monde est avant tout un très beau film qui irrite par les vérités qu'il balance à la figure.

Mes autres coups de cœur : Divines (pour ses deux actrices principales), Demolition (pour la remarquable performance de Jake Gyllenhaal), Spotlight (pour son intensité), Steve Jobs (pour son scénario absolument ahurissant) et La Saison des femmes (pour l'engagement de sa réalisatrice).

Xavier Dolan s’insurge, Netflix s’excuse, le Web s’enflamme

Posté par wyzman, le 6 janvier 2016

Le web ne parle que de ça depuis deux jours : le réalisateur canadien Xavier Dolan s'est légèrement fâché contre Netflix UK. La raison ? Son dernier film, Mommy, était diffusé sur le site de streaming au mauvais format (1:85 au lieu de 1:1). Certains parmi vous seraient tentés de dire que ce n'est pas bien grave, mais qui a vu Mommy sait que ce "petit" changement est inacceptable, injustifiable, impardonnable. Alerté par certains abonnés du service de streaming, le réalisateur de Tom à la ferme n'a pas hésité un seul instant avant d'écrire une lettre qui a été rendue publique sur Twitter. Pour les non-anglophones, une traduction est disponible sur Le Huffington Post.

"Qui vous a donné le droit d'ainsi réévaluer mes choix, et par quelle abstraite compétence en avez-vous examiner l'impact sur mon film et le public ? (…) Vous n'avez pas réalisé ce film. Vous ne l'avez pas écrit. Vous ne l'avez pas produit. (…) Vous pouvez recadrer et distordre comme bon vous semble vos propres productions, mais ne touchez pas à mon film" écrit le jeune homme de 26 ans. Et bien évidemment, à ce moment-là, impossible de ne pas le soutenir. Tout comme il est impossible de ne pas être déçu par Netflix qui, jusqu'ici, s'était toujours montré comme le site sur lequel les œuvres sont traitées avec le respect qu'elles méritent. Alors que s'est-il passé ? A quel moment décide-t-on de gâcher le Prix du Jury du festival de Cannes 2014 ? Quel est le malin assez bête pour penser que personne ne verrait la différence ?

La réponse est simple : personne. Comme l'explique Xavier Dolan par la suite sur Twitter "Netflix UK a réglé le problème. Cela n'a jamais été leur intention de streamer Mommy dans le mauvais format, juste une erreur technique" avant d'ajouter "Netflix UK s'excuse d'avoir mal interprété la situation". Voilà qui est dit, le malentendu est réglé, les angles ont été arrondis. Tout le monde peut circuler, il n'y a définitivement plus rien à voir. Malheureusement, le garçon que l'on adore depuis J'ai tué ma mère a beau tweeter vite, le web est plus rapide que son ombre. Médias traditionnels ou pure players se sont faits plaisir ! Télérama parle de "coup de gueule", Libération laisse entendre que "Netflix maltraite un film de Xavier Dolan", GQ assure que ce dernier a "fait plier Netflix" quand Vanity Fair évoque un "massacre". Et dans le reste du globe, même son de cloche ! Pour Indie Wire, "Xavier Dolan se déchaîne sur Netflix" quand Screen International affirme que le Canadien "a écrasé Netflix UK".

Vous l'aurez compris, pour générer des clics, certains sont prêts à tout, même aux plus gros raccourcis et à des hyperboles honteuses. Il est évident qu'en s'adressant à Netflix via Twitter, le réalisateur de Mommy savait précisément quel type de buzz il allait créer. Mais nous sommes tout de même en droit de regretter une chose : au moment d'évoquer les excuses du service de streaming et l'humilité de Dolan, il n'y a plus personne. Soudainement, certains sites se font beaucoup plus timides quitte à ne même pas évoquer cet aspect du malentendu. Et comme c'est souvent le cas sur Twitter, et plus généralement sur les réseaux sociaux, au moment de parler de clash, il y a du monde au balcon. Mais en cas de réconciliation, c'est pause pipi pour tout le monde. Morale : avant de publier, certains devraient vraiment penser à appuyer sur "Supprimer".

Cinéma Paradiso : tout ce qu’on a aimé, vu, fait ou subi

Posté par wyzman, le 17 juin 2015

Pour la seconde édition de son Cinéma Paradiso, MK2 Agency a vu les choses en grand. Budget confortable (3,5 millions d'euros), lieu confortable (la Nef du Grand Palais) et buzz confortable (partenariats avec Uber, Chic Types, Society, Konbini, Trois Couleurs, GQ, Yard, etc.). Si la soirée d'inauguration qui avait lieu hier soir a tenu toutes ses promesses en terme d'attractivité, difficile d'être pleinement satisfait. Voici donc une liste exhaustive de tout ce qu'on a aimé, vu, fait ou subi pendant cette inoubliable soirée d'ouverture !

On a aimé :
- le bowling CHANCE de Chanel ultra girly
- la scénographie globale pensée par Martin Méry
- le Just Dance by Coca-Cola
- la numérotation des places dans les salles de projection
- les Love Seat de Martin Szekely. So MK2 !

On a vu :
- des personnes tourner en rond pendant plus de 2 heures après avoir vu tout le parcours d'activités
- des couples manger par terre faute de place
- des cadres sup' se servir d'une poubelle comme table à manger
- un père entrer dans la salle pour Entourage avec son fils – sans avoir conscience du contenu très explicite du film
- ou plutôt entraperçu un Adrian Grenier dont la venue n'était pas annoncée et à peine enthousiaste à l'idée de faire la promo de son film
- certains retardataires encore dans la queue à 2 minutes du lancement du film de la soirée
- une ribambelle de fêtards prêts à dépenser 30€ pour la soirée Boiler Room

On a fait :
- 35 minutes de queue pour entrer dans le Grand Palais, même en étant invité
- des slaloms dans la foule pour atteindre les comptoirs, l'espace fumeur, les toilettes, les activités et la salle de projection
- 10 minutes de queue pour avoir droit à deux bières
- semblant que racheter un gobelet (1€) pour chaque verre commandé n'était pas un problème
- mine de trouver ça normal que personne ne nous propose des protections auditives pour le SuperClub
- l'impasse sur une partie du SuperClub pour garder nos tympans intacts

On a subi :
- les regards méprisants des 40 convives du restaurant éphémère de Jean Imbert (oui, oui!)
- l'absence d'explication concrète quant au réglage des casques
- les pop corns offerts en sachet et non en seau
- les dialogues intempestifs de Mommy devant Entourage
- l'odeur de produits illicites dans l'espace fumeur
- les 20 minutes réglementaires pour trouver un taxi à la sortie

Cinéma Paradiso continue au Grand Palais jusqu'au 26 juin. Pour plus d'informations, direction le site web et les quelques places encore disponibles !

Cinema Paradiso: cinoche, babyfoot, bagels, clubbing et carte bancaire

Posté par wyzman, le 6 mai 2015

Deux ans après avoir enchanté des milliers de spectateurs et tenté de réinventer l'expérience cinématographique, Elisha Karmitz et MK2 Agency reviennent avec leur Cinema Paradiso du 16 au 26 juin. La formule reste fondamentalement la même (cinéma, restauration et clubbing), le lieu aussi (la Nef du Grand Palais) mais l'équipe a vu les choses en grand, en très grand.

Doté d'un budget doublé par rapport à 2013 (on parle de 3,5M€), Cinema Paradiso offre une programmation unique : 22 films cultes, une dizaine d'animations, 15 points de restauration, 3 pistes de bowling, un restaurant gastronomique signé Jean Imbert et un SuperClub. Dans "la plus grande salle de cinéma éphémère", Cinema Paradiso accueillera jusqu'à 10.000 personnes par jour. Outre les points animations et restauration, le SuperClub pourra, lui, accueillir 5000 noctambules venus faire la fête.

Animations. Pendant 11 jours, il sera possible d'admirer et de s'admirer dans les 1500m² de miroirs conçus par Martin Méry, de danser sur du west coast swing, de la salsa ou de la zumba, de tenter le bowling "Chance" de Chanel, d'essayer les babyfoots ou le GIF painting.

Gastronomie. Pour éviter les longues files d'attente de 2013, l'équipe du Cinema Paradiso a repensé son système de restauration et multiplié les stands de nourriture. Vous pourrez entre autres, essayer les bagels, les hot-dogs, les smoothies et les gaufres, tester les glaces et les bières. Le combo plat + dessert + soft drink tournera autour de 14€.

Cinéma. Sous "la plus grande verrière d'Europe", ce sont 22 films que Cinema Paradiso propose de (re)découvrir. Parmi eux, on compte Mommy, Kill Bill - volume 1, Top Gun, Orange mécanique, Carrie au bal du diable, Jurassic Park ou encore American Beauty. Pour fluidifier l'accès aux salles, les places de cinéma sont désormais numérotées, une plus-value non négligeable. Les plus fortunés pourront dépenser 150€ (par personne) pour le Jean Imbert Cinema Club (un restaurant de 40 couverts installé à 10 mètres de hauteur) ou 180€ pour un billet lit 2 places (animations, bouteille de champagne, pop corn et accès au SuperClub compris). Et si cela vous paraît excessif, n'oubliez pas qu'une place de cinéma en gradins (à 22€ pour les moins de 26 ans et 34€ pour les autres) vous donne accès aux animations, à du pop corn offert... et au SuperClub !

Clubbing. Que serait une soirée au Cinema Paradiso sans un passage au SuperClub ? Pour chouchouter leurs visiteurs, Elisha Karmitz et MK2 Agency ont fait appel aux labels et organisateurs les plus en vue du moment. Du hip-hop au disco, en passant par l'électro, il y en aura visiblement pour tous les goûts. Comme en attestent les présences de Breakbot, Cassius, Cerrone ou encore Kavinsky.

Pour plus d'informations, Cinema Paradiso vous accueille sur son site web, ses pages Facebook, Twitter et Instagram. Et le hashtag star reste le même : #CinemaParadiso.

Enfin, sachez que les places de cinéma sont déjà en ventes sur le site de la Fnac et celles du SuperClub sur Digitick.

Prix Ecrans canadiens: la grande razzia de Mommy et le sacre de Xavier Dolan

Posté par vincy, le 2 mars 2015

xavier dolan

Mommy, Prix du jury à Cannes en 2014, a tout raflé à la 3e cérémonie des Prix Ecrans Canadiens/Canadian Screen Awards. Parti favori avec 13 nominations, le film de Xavier Dolan, César du meilleur film étranger il y a 10 jours, est reparti avec 9 prix. Xavier Dolan, sur son seul nom, en a remporté quatre: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur montage. Le film a également trusté les catégories d'interprétation puisque le trio Anne Dorval (première nomination), Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément (troisième nomination) ont été récompensés respectivement en meilleure actrice, meilleur acteur et meilleur second-rôle féminin. Mommy a aussi été distingué pour son image et ses maquillages.

Si l'on fusionne les anciens Prix Genie et les nouveaux Prix Ecrans Canadiens, c'est une première pour Xavier Dolan dont seuls Tom à la Ferme et Les amours imaginaires avaient été nommés dans la catégorie du meilleur film et celle du meilleur réalisateur. Il avait gagné le Prix Claude-Jutra (meilleur premier film) en 2010 pour J'ai tué ma mère et le prix des meilleurs costumes pour Les amours imaginaires.

Autant dire qu'il ne restait rien aux autres. Seul Pompéi, par ailleurs champion du box office de l'année, a pu gagner plus d'un prix dans les catégories techniques. Maps to the Stars et Captives, deux autres films canadiens en compétition au dernier festival de Cannes, ont reçu un lot de consolation.

Dans la catégorie du meilleur film, Mommy affrontait Cast No Shadow, Fall, In Her Place, Maps to the Stars et Tu dors Nicole.

Le palmarès
Meilleur film: Mommy
Meilleur réalisation: Xavier Dolan (Mommy)
Interprétation féminine dans un premier rôle: Anne Dorval (Mommy)
Interprétation masculine dans un premier rôle: Antoine Olivier Pilon (Mommy)
Interprétation masculine dans un rôle de soutien: John Cusack, (Maps To The Stars)
Interprétation féminine dans un rôle de soutien: Suzanne Clément (Mommy)
Meilleur scénario original: Xavier Dolan (Mommy)
Meilleure adaptation : Charles Binamé (Elephant Song)
Meilleure musique originale: Howard Shore (Maps to the Stars)
Meilleure chanson: Manjeet Ral ("Dal Makhani" dans Dr. Cabbie)
Meilleure image: Mommy
Meilleur montage: Mommy
Meilleurs décors: Captives
Meilleurs costumes: Pompéi
Meilleurs maquillages: Mommy
Meilleurs effets visuels: Pompéi
Meilleur son: Pompéi
Meilleur montage son: Pompéi
Meilleur documentaire: Super Duper Alice Cooper
Meilleur court métrage documentaire : Jutra
Meilleur court métrage: Hole
Meilleur court métrage d'animation : Ma Moulton et moi
Prix Claude-Jutra (premier film): Bang Bang Baby
Bobine d'or (champion du box office): Pompéi

César 2015: Timbuktu triomphe avec 7 récompenses

Posté par vincy, le 20 février 2015

cesarMeilleur film (remis par Dany Boon): Timbuktu

César d'honneur (remis par Marion Cotillard): Sean Penn Producteur, réalisateur, acteur, scénariste

Meilleur réalisateur (remis par Nathalie Baye et Guillaume Canet): Abderrahmane Sissako (Timbuktu)

Meilleur premier film (remis par Zabou Breitman et Pierre Deladonchamps): Les combattants

Meilleur film d'animation (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Minuscule

Meilleur film documentaire (remis par Charlotte Le Bon et Jalil Lespert): Le sel de la terre

Meilleur film étranger (remis par Emilie Dequenne et Lambert Wilson): Mommy (Canada)

Meilleure actrice (remis par Guillaume Gallienne): Adèle Haenel (Les combattants)

Meilleur acteur (remis par Juliette Binoche et Kristen Stewart): Pierre Niney (Yves Saint Laurent)

Meilleure actrice dans un second-rôle (remis par Céline Sallette et Joey Starr): Kristen Stewart (Sils Maria)

Meilleur acteur dans un second-rôle (remis par Géraldine Nakache et Leila Bekhti): Reda Kateb (Hippocrate)

Meilleur espoir féminin (remis par Cédric Klapisch et Cécile de France): Louane Emera (La famille Bélier)

Meilleur espoir masculin (remis par Julie Gayet et Denis Podalydès): Kévin Azaïs (Les combattants)

Meilleur scénario original (remis par Pascal Elbé): Abderrahmane Sissako, Kessen Tall (Timbuktu)

Meilleure adaptation (remis par Sylvie Testud et Abd Al Malik): Cyril Gely, Volker Schlöndorff (Diplomatie)

Meilleure musique de film (remis par Cécile Cassel et Etienne Daho): Amine Bouhafa (Timbuktu)

Meilleure photographie (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Sofian El Fani (Timbuktu)

Meilleur montage (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Nadia Ben Rachid (Timbuktu)

Meilleur son (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Philippe Welsh, Roman Dymny, Thierry Delor (Timbuktu)

Meilleurs décors (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Thierry Flamand (La Belle et la bête)

Meilleurs costumes (remis par Marilou Berry et Jean-Paul Gaulthier): Anaïs Romand (Saint Laurent)

Meilleur court-métrage (remis par Sabrina Ouazani et Félix Moati): La femme de Rio

Meilleur film d'animation - court métrage (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Les petits cailloux

Festival « Télérama » 2015: Mommy triomphe

Posté par cynthia, le 10 février 2015

mommy anne dorval

La 18ème édition de ce festival, organisé dans 249 salles adhérentes de l'Afcae, offre un bilan plus que favorable. Du 21 au 27 janvier, 250 000 spectateurs se sont déplacés pour retrouver l'un des 16 films sélectionnés dans le cadre du 18e opus du Festival, coorganisé par le magazine Télérama et l'Afcae. C'est évidemment moins que les 288 000 entrées de l'an dernier mais le contexte compliqué de ce début d'année a sans doute impacté sur le box office final.
Cette 18e édition aura, comme les précédentes, boosté la fréquentation des 249 salles art et essai participantes (7 de plus que l'an passé) à Rennes, Lyon, Besançon... En Île-de-France, le festival a concentré 73 228 entrées (dont 50 000 à Paris) dans 55 salles participantes.

Parmi les 16 films de la sélection, les trois oeuvres ayant rencontré le plus de succès à l'occasion de leur reprise en salle furent sans grande surprise l'excellent Mommy de Xavier Dolan, avec 39 000 entrées supplémentaires (un petit surplus pour un film qui a déjà séduit 1,2 million de spectateurs en France), le grandiose The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (28 000 tickets) et le film français Hippocrate de Thomas Lilti (26 000 billets). La Palme d'or Winter Sleep en a profité pour franchir le cap des 300 000 entrées à cette occasion.
Ce sont pour les petits films que le Festival a un effet salvateur, en augmentant considérablement leur fréquentation : Au bord du monde de Claus Drexel, qui a réuni 10 110 spectateurs (20,5% de son total) ou Eastern Boys de Robin Campillo, nommé au César du meilleur film, qui a gagné 7 000 spectateurs (14% de son total).

Enfin, le prix des festivaliers, attribué pour la troisième année par le public du festival, distingue cette année Mommy de Xavier Dolan, arrivé largement en tête des suffrages. Une distinction qui sera l'occasion d'une soirée spéciale proposée aux lecteurs de Télérama le 24 février au Cinéma des Cinéastes à Paris.

Bilan 2014: un box office français très en forme

Posté par geoffroy, le 29 janvier 2015

Les salles françaises se portent bien. Très bien même. En 2014, elles ont attiré un public nombreux pour un cumul dépassant la barre des 200 millions de spectateurs. Avec 208,43 millions d’entrées (chiffres non définitifs publiés par le CNC), l’exercice 2014 est en augmentation de 7,7% par rapport à celui de 2013. Un quasi record puisque en 47 ans (1967 et ses 211, 5 millions d’entrées) seule l’année "Intouchables" 2011 a fait mieux (217,2 millions d’entrées).

L’année 2014 est également bien au-dessus de la moyenne nationale depuis dix ans (196,47 millions d’entrées). Devant ce plébiscite pour les salles obscures, la part de marché des films français s’avère plutôt élevé avec 44%, soit 11 points de mieux qu’en 2013. La fréquentation des films français atteint, quant à elle, 91,62 millions d’entrées, soit le score le plus haut depuis trente ans et ses 94, 12 millions d’entrées. Même si légèrement devant, les films américains subissent une chute de 9,9% pour atteindre 93, 93 millions d’entrées. Idem pour leur part de marché tombant à 45,1% en 2014 contre 54,2 % en 2013.

Le carton national

Comme de coutume depuis plusieurs années, un film booste la fréquentation. Nous vous le donnons en mille, il s’agit d’une comédie française. Avec 12,2 millions d’entrées Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, se classe à la 14ème France. Signalons qu’avec ce triomphe, Christian Clavier établit un record inédit au box-office en devenant le seul acteur, toutes nationalités confondues, à avoir tenu un rôle principal dans quatre films à plus de 10 millions d’entrées.

Christian Clavier au box office
1. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002) : 14,5 millions d’entrées
2. Les Visiteurs (1993) : 13,7 millions d’entrées
3. Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (2014) : 12,2 millions d’entrées
4. Les Bronzés 3 : Amis pour la vie : 10,3 millions d’entrées

Autre satisfaction. Les quatre premières places du B.O sont occupées par des films français qui, de surcroit, dépassent également les 5 millions d’entrées. Outre le film de Christian Clavier notons la présence du trublion Dany Boon avec un Supercondriaque à 5,3 millions d’entrées. Même score pour le retour de l’enfant prodigue, Luc Besson. Sa Lucy, plus américaine que vraiment française, dépasse, elle aussi, les 5 millions d’entrées (5,2). Hormis
les bouillies infâmes en images de synthèse du réalisateur (la trilogie Arthur et les Minimoys), le dernier carton live de Besson remonte tout de même à 1997 et le Cinquième Élément (7,7 millions d’entrées). Dans quelques jours La Famille Bélier les dépassera pour terminer sa course à la deuxième place 2014, aux alentours des 6-7 millions d’entrées.

Nous aurons donc une année avec quatre films français aux quatre premières places. Ce qui n’était plus arrivé depuis 1970 !

Au final, il faut noter la présence de 8 films français dans le top 20 (dont 7 comédies !), tous à plus de 2 millions d’entrées (Samba, Les vacances du petit Nicolas, Babysitting et Les trois frères, le retour). Outre les sempiternelles comédies cartonnant au côté du dernier Besson, saluons la belle performance du film d’animation de Louis Clichy et Alexandre Astier, Astérix : Le domaine des Dieux (près de 3 millions d’entrées pour cette nouvelle adaptation du célèbre gaulois, plus gros succès de la franchise en film d'animation). Les premiers films de genre français – néanmoins « marketés » comme il le faut avec stars à l’appui –, se retrouvent relégués à la 27e place (La belle et la bête à 1,8 million d'entrées), 30e place (Yves Saint-Laurent à 1,6 million d’entrées) et 34e (La French, le dernier film avec Jean Dujardin vient de dépasser les 1,5 million d’entrées). Bref, il reste peu d’espace pour des films alternatifs en demande de reconnaissance. Seul Hippocrate, flirtant avec la barre symbolique du million d’entrées (914 651 entrées), aura su tirer son épingle du jeu.

Le cinéma français a cependant connu quelques déconvenues: Tu veux ou tu veux pas, Les yeux jaunes des crocdiles, Le grimoire d'Arkandias, Gemma Bovery, Bon rétablissement... Les surprises sont plutôt venues de François Ozon, Céline Sciamma, Robin Campillo et Thomas Cailley qui, avec des films très singuliers, ont pu remplir les salles durant de nombreuses semaines. Et le champion des premiers films français n'est autre que Sous les jupes des filles, qui a atteint 1,3 million de voyeurs.

Un dernier mot au sujet de Timbuktu. L’excellent film franco-mauritanien d’Abderrahmane Sissako continue de bénéficier d’un très bon bouche-à-oreille pour dépasser les 650 000 entrées.

Le bide made in US

Petite surprise pour la production américaine. Un seul film dépasse les 4 millions d’entrées au cours de l’année écoulée avec le dernier épisode de la trilogie de Peter Jackson, Le Hobbit : La bataille des 5 armées à 4,7 millions d’entrées. Il faut remonter à 1995 pour retrouver un tel fiasco hollywoodien où seul Pocahontas avait dépassé ce cap (5,6 millions d’entrées). Tous les autres blockbusters sont en retrait par rapport à l’année dernière, oscillant péniblement entre 2 millions (Maléfique) et 3,7 millions d’entrées (La planète des singes : l’affrontement).

Signalons quelques beaux échecs comme la suite du reboot de Spiderman (2 millions d’entrées pour The Amazing Spiderman : le destin d’un héros, là où les films de Raimi attiraient en moyenne 5-6 millions de spectateurs), ou du troisième opus des Expendables tout juste millionnaire. Nous ne parlerons pas des fours, des vrais, comme Transcendance (780 000 entrées), le remake de Robocop (681 000 entrées) ou, pour ne citer que lui, Sin City, j’ai tué pour elle (375 000 entrées contre 1,2 million d’entrées pour le premier opus). À sa décharge, le film s’est également planté aux États-Unis...

Nous avons eu de cesse de le répéter, la politique de la franchise des productions américaines séduit de moins en moins un public blasé de voir se succéder super-héros, suites à rallonge et autres reboot inutiles. En cumul, ces films font des entrées. Certes. Mais elles s’effritent interdisant à un film de sortir du lot. Il y a bien sûr des sagas qui continuent de séduire comme les X-Men (3,3 millions d'entrées), les dessins animés  (Dragons 2 a attiré 3,4 millions d'entrées, Rio 2 avec 3,3 millions d'entrées) et Hunger Games (qui dépasse les 3,3 millions d'entrées).

Reste que sur les 20 premiers films de l’année 2014, 11 sont américains. Mention spéciale pour Le Labyrinthe, petite production de 35 millions de dollars venue de nulle part et qui a su attirer plus de 3 millions de spectateurs, soit plus que Interstellar (qui déçoit avec 2,6 millions d'entrées). Idem pour le nouveau Fincher, toujours très populaire chez nous. Son remarquable Gone girl flirte avec les 2 millions d’entrées là où le Scott (Exodus) se plante à moins de 1,5 million d’entrées. C’est-à-dire au même niveau que l'oscarisé 12 Years a Slave, le réjouissant The Grand Budapest Hotel (plus gros succès de Wes Anderson), le chargé Noé ou le stupéfiant Godzilla.

Mais que de fiascos! Planes 2, Hercule, Fury, Equalizer, Pompéi, 22 Jump Street ont tous terminé en dessous du million de spectateurs.

Un dernier mot pour dire que le carton US de l’été, à savoir Les gardiens de la galaxie, n’a pas fait recette chez nous avec son cumul juste acceptable de 2,3 millions de spectateurs. Pas grave, sa suite, prévue pour 2017, saura rectifier le tir.

Le reste du monde un peu rétrécit

Les films non français et non américains reculent eux-aussi en passant de 12% en 2013 à 11% en 2014. La fréquentation est également en baisse à 22,8 millions d’entrées (-4,7%). La chute est faible. Soit. Mais ce léger déclin confirme une tendance. Celui d’un souci, réel, de visibilité, comme de diffusion, de films considérés moins grand public. Pas étonnant, donc, de retrouver à la première place des films étrangers le célèbre ours en peluche Paddington qui a eu le droit à sa première adaptation cinématographique. Si, avec 2,6 millions d’entrées, Paddington n’est pas le carton attendu, le film talonne néanmoins Astérix : le Domaine des Dieux.

Le deuxième film étranger est 44ème. Il s’agit de Mommy, dernier long-métrage de Xavier Dolan. Celui-ci, de qualité, a très certainement bénéficié de son passage cannois (Prix du Jury), d’une très bonne presse et d’un bouche à oreille solide pour assurer son succès. Avec 1,1 million d’entrées, Mommy «atomise» la moyenne des quatre derniers films du réalisateur (108 000 entrées). cela faisait plus de 10 ans qu'un film québécois n'avait pas atteint ce score. Par contre, le troisième film étranger en termes d’entrées (64ème) est une déception. Pour ses adieux à la réalisation, Hayao Miyazaki nous laisse une œuvre réussie qui n’a pas su, hélas, toucher plus largement le public. Avec 776 769 entrées, Le vent se lève laisse un goût d’inachevé presque dommageable.

Cette année, comme en 2013, 6 films étrangers font partis des 100 films ayant attirés le plus de spectateurs. C’est peu. Trop peu, hélas. Outre les trois longs-métrages déjà cités, Philomena, Ida et Khumba complètent la liste. Il est à noter que la palme d’or 2014, Winter Sleep, réalise 344 207 entrées, soit la pire performance pour une Palme depuis Oncle Bonmee en 2010. À titre de comparaison, La Vie d’Adèle, palme d’or 2013, avait réalisé un peu plus d’un million d’entrées. Comme à l’habitude, plus nous descendons dans la hiérarchie, plus l’éclectisme du cinéma mondial prend le dessus mais reste drastiquement anecdotique, même si les grandes signatures comme Ken Loach, Mike Leigh ou les Dardenne ont trouvé leur public.

En compétition à Cannes, ils ont cartonné dans leurs pays

Posté par vincy, le 14 janvier 2015


Les nouveaux sauvages (Relatos Salvajes) débarque sur les écrans français ce mercredi 14 janvier. En compétition à Cannes, le film a cartonné dans son pays. Et pas seulement aux Premios Sur, les Oscars argentins remis début décembre, où il a récolté 15 prix sur 21 nominations. Les nouveaux sauvages a surtout attiré 3,4 millions de spectateurs, ce qui en fait le plus gros succès argentin de l'Histoire. Il a tenu deux mois au top du box office, et a battu tous les blockbusters hollywoodiens cette année. En 2009, dernière année où un film argentin a dominé le box office local, Dans ses yeux avait séduit moitié moins de spectateurs.

Mais ce n'est pas le seul film cannois à avoir cartonné dans son pays. Ainsi la Palme d'Or Winter Sleep, avec 1,7M$ de recettes se classe 35e dans le top annuel, ce qui est exceptionnel pour un film d'auteur de cette durée. Mr Turner de Mike Leigh est le plus gros succès du réalisateur au Royaume Uni avec 9,4M$ de recettes et une honorable place dans le Top 50 (là encore malgré sa durée). Mommy de Xavier Dolan est aussi le plus gros succès du jeune cinéaste dans son Québec. Avec 355 000 entrées, il est même le film québécois le plus populaire de l'année.

Par ailleurs, des films comme Deux jours une nuit ou Leviathan sont de loin les champions nationaux à l'étranger.

Mais il y a toujours une exception à la règle. Malgré un Grand prix du jury à Cannes, Les merveilles a subit une grosse déconvenue en Italie, ne récoltant même 1 million d'euros de recettes.

Nos coups de cœur de l’année: Mommy de Xavier Dolan, ou la métaphore du cinéma

Posté par MpM, le 27 décembre 2014

mommy anne dorval

L'image qui me restera de 2014, c'est celle d'un cadre qui, par la magie du cinéma, s'élargit tout à coup, passant d'un format carré au cinémascope, pour donner de l'ampleur et de l'oxygène aux personnages du film.

Cette simple idée de Xavier Dolan dans Mommy, c'est un peu une métaphore du cinéma, ou tout au moins de ce qu'il fait à nos esprits et nos vies: les ouvrir, les élargir, les étendre. Jour après jour, l'année 2014 aura ainsi été transcendée par les images qui s'y seront succédé.

En vrac, un couple immobile plongé dans la contemplation d'une fresque invisible aux yeux du spectateur (Les chiens errants de Tsai Ming-Liang), la vie qui s'écoule sans heurts sous nos yeux (Boyhood de Richard Linklater), une réflexion ambiguë sur l'humanité perçue à travers le regard froid d'une extra-terrestre mangeuse d'hommes (Under the skin de Jonathan Glazer), un couple de vampires au charme radical et à l'élégance folle (Only lovers left alive de Jim Jarmusch, que nous avions vu en 2013 sur la Croisette), un labyrinthe effréné et vertigineux où chaque porte et chaque mur dissimulent un secret enfoui (L'étrange couleur des larmes de ton corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani), un conte surnaturel sur le degré de conscience des intelligences artificielles (Computer chess d'Andrew Bujalski), un homme qui va à la mort (Near death experience de Benoît Delépine et Gustave Kervern), et même le paradis (Le paradis d'Alain Cavalier).

Des histoires et des personnages, des gestes, des dialogues et des regards, des mouvements de caméra, des plans et des ellipses qui auront tous concouru à leur manière à faire de nous ce que nous sommes à la veille de cette nouvelle année. Prêts à enchaîner sur les films de l'année 2015 ?!