Le Festival des cinémas d’Asie de Vesoul célèbre en fanfare son 25e anniversaire

Posté par kristofy, le 5 février 2019

Le FICA de Vesoul va ouvre une nouvelle fois ses portes ce 5 février jusqu'au 12 février : cette année le Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul va fêter (déjà) son 25ème anniversaire et, pour l'occasion, il sera inauguré par le ministre de la Culture, Franck Riester.

Cette année le président du jury international est de réalisateur de Singapour Eric Khoo, deux fois sélectionné à Cannes et dont le dernier film était en salles La saveur des ramens en octobre dernier. En plus des nouveaux films en compétition et des diverses Vesoul va présenter dans une section Japonisme une quinzaine de films à (re)découvrir pour leur influence sur le 7e art, et rendre un hommage à l'immense actrice Hiam Abbass.

C'est le plus ancien festival asiatique, et le seul de cette ampleur. Il attire plus de 30 000 spectateurs dans ses multiples salles de projections, avec presque une centaine de films chaque année. Le FICA de Vesoul est ainsi devenu la première manifestation cinématographique asiatique de France, tant en nombre de films que de spectateurs, et même l'un des dix plus importants festival de cinéma en France. «Il a fallu s'adapter au terrain, tisser des liens de confiance, constituer une équipe... Car un festival, c'est aussi une équipe fidèle : les projectionnistes, les photographes, les chauffeurs, ceux qui s'occupent des plannings... Tous participent à l'âme du FICA. » expliquent les organisateurs.

À l'origine de la création de cette manifestation en 1995, Martine et Jean-Marc Thérouanne ont fait de ce festival un rendez-vous incontournable pour les amateurs de cinéma asiatique, des rives de la Méditerranée à la mer de Chine, de l'Océan indien aux steppes de Sibérie. Au fil de ces 25 éditions Vesoul a accueilli des cinéastes majeurs comme Kore-Eda Hirokazu, Hou Hsiao-Hsien, Im sang-soo, Brillante Mendoza, Wang Chao, Jia Zhang-Ke, Stanley Kwan, Wang Xioshuai, Garin Nugroho, Eugene Domingo, Jocelyne Saab, Tran Anh Hung...

La convivialité et l'esprit de découverte ont toujours animé le festival : pour l'ancien membre du jury Li Yang (et réalisateur de Blind shaft et Blind mountain): "C’est bien mieux que dans les grands festivals, ici il n’y a pas tout le cirque autour du show-business…". Selon Mohsen Makhmalbaf (invité d’honneur en 2009) "d’habitude, dans les festivals, il y a beaucoup de monde devant la porte pour voir passer les stars et peu à l’intérieur. Ici, c’est le contraire : les salles sont pleines! En général, c'est un signe qui ne trompe pas." La curiosité ancrée dans l'identité de Vesoul qui place la découverte et la singularité au cœur de ses programmations, en privilégiant les cinématographies atypiques tout comme des premiers films.

Inédits et invisibles

« Si l’une des missions du FICA de Vesoul est de mettre à l’honneur les films totalement inédits de futurs talents de demain dans les sections compétitives, elle est aussi de faire connaître et reconnaître des cinématographies peu ou mal connues. Proposer une rétrospective implique pendant plusieurs années l’étude de l’histoire du cinéma et de l’histoire du pays souvent intimement mêlées, le visionnement de centaines de films, des déplacements et des contacts sur place, l’aide à la restauration de certaines copies, la traduction et la création de sous-titres en français… » rappellent les fondateurs.

C’est une des spécificités du Festival de Vesoul : aller dénicher des films inédits, et même des films devenus invisibles. Les Cinémas d'Asie sont ici à découvrir au sens géographique : outre bien sûr les pays phares comme le Japon, La Chine, La Corée du Sud, etc ; on y a programmé des rétrospectives uniques en provenance du Skri-Lanka, de Georgie, des Philippines, du Vietnam, d'Indonésie par exemple. Autant de cinéphilies oubliées. Et le public répond présent de plus en plus nombreux chaque année. « Nous avons donné le goût du cinéma asiatique à des gens qui n'auraient jamais pensé aller voir ce genre de films »

600000 asiatophiles

Déjà 25 années que le Festival de Vesoul fait rayonner en France les diverses cultures asiatiques, et mêmes au delà de l'Europe où certaines rétrospectives sont demandées ailleurs. Certains films, restaurés, redeviennent même visibles dans leurs pays d'origine. Ces 25 années sont synonymes de 1600 films, 550 personnalités de cinéma invitées, 600000 spectateurs. Avant de souffler ces 25 bougies les créateurs du Festival Martine et Jean-Marc Thérouanne ont reçu fin 2018 le 23e Korean Cinema Award, qui honore chaque année une personnalité du monde du cinéma lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Busan en Corée du sud (le plus grand festival d'Extrême Orient), pour couronner une vie dédiée à la connaissance et au partage des cinémas d’Asie, et plus particulièrement du cinéma coréen.

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25e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul

Du 5 février janvier au 12 février 2019
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Vesoul 2014 : 5 invités d’honneur qui ont marqué le Festival

Posté par MpM, le 11 février 2014

A l'occasion de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul qui débute ce mardi 11 février, retour sur les temps forts qui ont jalonné l'histoire de la manifestation.

Entre 1995 et 2014, le FICA a présenté le travail de 684 réalisateurs venus de 49 pays et a remis 13 Cyclos d'honneur aux plus hautes personnalités du cinéma asiatique. Cette année, c'est le cinéaste philippin Brillante Mendoza, président du jury international, qui sera ainsi distingué.

En attendant ce temps fort de l'édition anniversaire, sélection arbitraire de cinq réalisateurs ayant reçu un Cyclo d'honneur, qui ont à la fois marqué l'histoire du festival et celle du cinéma mondial.

Hou Hsiao Hsien (2006)

Hou Hsiao Hsien et Jean-Marc ThérouanneCe maître taïwanais figure parmi les plus grands réalisateurs du monde, toutes nationalités confondues. Sélectionné et primé à plusieurs reprises dans les grands festivals internationaux (Lion d’or à Venise en 1989 pour La Cité des douleurs, Prix du Jury à Cannes pour Le Maître de marionnettes en 1993...), il est venu à Vesoul en toute amitié pour une rétrospective d'envergure autour de son œuvre en tant que réalisateur, mais aussi scénariste et même acteur.

Les festivaliers se souviennent de sa simplicité et de son goût immodéré pour la marche à pied dans les rues vésuliennes. Peut-être l'un des seuls endroits au monde où personne ne vient l'importuner ?

A l'occasion de sa "leçon de cinéma", le cinéaste avait révélé la préoccupation qui est au cœur de son travail : "Je ne veux pas être un moraliste : je m’intéresse à l’être humain, à la manière dont il coexiste avec la nature. Autrefois, les gens naissaient de la nature. Aujourd’hui, ils naissent de la société. Mon but, c’est de retrouver la place de l’être humain."

Stanley Kwan (2008)

stanley kwan Injustement méconnu en France où nombre de ses films n'ont jamais été distribué, Stanley Kwan est pourtant un cinéaste et producteur majeur de Hong Kong. Son esthétisme flamboyant et la manière très intime qu'il a de parler des femmes rendent son style reconnaissable entre tous. Il a d'ailleurs reçu un Ours d'argent au festival de Berlin en 1992 pour Center stage, qui valut à Maggie Cheung le prix d'interprétation féminine.

A Vesoul, il a obtenu le Cyclo d'or en 2002 pour Lan Yu, magnifique histoire d'amour entre deux hommes, puis est revenu présenter une vaste rétrospective de son travail, et recevoir le Cyclo d'honneur de la 14e édition du Festival. Les festivaliers qui l'ont croisé cette année-là ont tous été frappés par sa simplicité, sa grande disponibilité et son immense gentillesse.

Mohsen Makhmalbaf (2009)

famille makhmalbafMohsen Makhmalbaf, considéré avec Abbas Kiarostami comme l'un des chefs de file de la nouvelle vague iranienne, a reçu à Vesoul le 100e prix de sa carrière. Il avait d'ailleurs tenu à partager ce Cyclo d'honneur avec sa femme Marzieh Meshkini et sa fille Hana, également réalisatrices. A l'occasion de leur présence à Vesoul, le FICA avait présenté une rétrospective des films de la Makhmalbaf film house, la maison de production du cinéaste, dont certains sont inédits en France.

Il s'expliquait alors ainsi sur la nature singulière de son cinéma : "Je suis à la recherche d’un réalisme poétique. Réalisme, car si le cinéma s’éloigne trop de la vie, il perd son âme. Et poétique car, s’il s’approche trop de la vie, s’il est trop réaliste, cela ressemble à la vie de tous les jours et ça n’a pas d’intérêt non plus. Le mouvement de balancier entre ces deux aspects m’intéresse pour ne pas rester trop terre à terre."

Jafar Panahi (2010)

jafar panahiLe prisonnier politique le plus connu d'Iran, sous le coup d'une interdiction de travailler depuis décembre 2010, est venu à Vesoul en 2004 pour présider le jury international. Il aurait dû être de retour six ans plus tard à l'occasion de la 16e édition du festival qui rendait hommage aux artistes iraniens engagés en lui décernant, ainsi qu'à l'actrice Fatemeh Motamed-Arya, un Cyclo d'honneur. Privé de visa, il n'avait pu faire le voyage, et, quelques mois plus tard éclatait le scandale autour de sa condamnation.

En 2011, Jafar Panahi était une fois de plus absent du FICA qui lui réaffirmait son soutien en montrant en clôture l'un de ses films les plus emblématiques, Le cercle (lion d'or à Venise). Le cinéaste, dont on a découvert avec beaucoup d'émotion le dernier film Pardé à Berlin en 2013, ne sera vraisemblablement pas l'invité surprise de l'édition anniversaire de la manifestation, dans la mesure où il est toujours officiellement assigné à résidence.

Kore-eda Hirokazu (2012)

Le Japonais Kore-Eda Hirokazu, sélectionné et primé à plusieurs reprises à Cannes (Nobody knows, Tel père, tel fils), était présent au FICA lors de sa 18e édition pour présenter en avant-première son film I wish et accompagner une rétrospective de ses 14 films (documentaires et fictions réunis pour la première fois), dont la moitié étaient jusque-là inédits en France.

Extrêmement modeste, le réalisateur s'était dit "intimidé" à l'idée que les festivaliers puissent ainsi découvrir l'ensemble de son oeuvre. "J’ai honte", déclarait-il. "J’ai aussi beaucoup de nostalgie. Je trouve que c’est important de revoir ce que l’on a fait dans le passé, ça me permet de reconsidérer ce que je pensais à l’époque et aussi certaines erreurs, c’est important pour avancer. Mais j’ai un peu honte parce que c’est un peu la même impression que lorsqu'on regarde une vielle photo de l’époque étudiant avec un motif de tshirt ringard et une coupe de cheveux démodée."

Crédits photo : Michel Mollaret et MpM

Soirée de soutien aux cinéastes iraniens condamnés

Posté par MpM, le 29 janvier 2011

liberté pour jafar panahiAlors qu'on attend d'un jour à l'autre la décision des autorités iraniennes sur la recevabilité de l'appel déposé par Jafar Panahi après avoir été condamné à six ans de prison et vingt années d'interdiction de travailler, une soirée de soutien aux trois cinéastes iraniens condamnés (Jafar Panahi bien sûr, mais aussi Mahamad Rasoulov et Mohammad Nourizad) se tiendra le 1er février au cinéma La Pagode.

De nombreux artistes (Agnès Varda, Amos Gitai, Michel Piccoli, Mohsen Makhmalbaf, Romain Goupil, Rafi Pitts...) viendront s'exprimer sur scène tandis que des messages de soutien seront lus (Vincent Lindon, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Mocky...). Le dernier long métrage de Jafar Panahi, Hors jeu, sera également projeté.

En mai 2010, le cinéaste iranien déclarait au New York Times : "Lorsqu’un réalisateur ne fait plus de films, c’est comme s’il demeurait en prison". C'est donc une double peine qui le menace, ainsi que Mahamad Rasoulov, coupable seulement d'avoir participé au dernier projet de Jafar Panahi. Les organisateurs de cette soirée de soutien (La Règle du Jeu et le Cinéma La Pagode) veulent également médiatiser le cas de Mohammad Nourizad,  arrêté en décembre 2009 pour avoir écrit une lettre de contestation à l'Ayatollah Ali Khamenei et qui a entamé une grève de la faim en décembre 2010.

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Contacts et informations
La Pagode - Marie Durand 01 46 34 82 54 -
La Règle du Jeu - Maria De França 01 45 44 98 74 -

Vesoul 2010 : un documentaire sur le festival en guise de miroir

Posté par kristofy, le 30 janvier 2010

frederic ambroisineComme toutes les belles histoires, celle de Vesoul commence par "il était une fois"… Il était une fois dans la ville de Vesoul en Franche-Comté deux professeurs et documentalistes, Martine et Jean-Marc Thérouanne, qui ont commencé à organiser un festival de cinéma dédié aux films asiatiques, puis les ont rejoint une troisième personne puis d’autres encore. Maintenant en 2010 c’est la 16ème édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, le FICA est reconnu au niveau international. Le 15ème anniversaire l’année dernière était l’occasion de filmer les coulisses du festival, et ces images sont devenues un documentaire projeté cette année.

C’est Frédéric Ambroisine (notre photo), journaliste et réalisateur de bonus dvd de films asiatiques, qui a réalisé ce documentaire FICA : du proche à l’extrême orient, soit un montage de plus d’une heure de la vie du festival de 2009. On y voit les organisateurs se souvenir des débuts qui était presque un ciné-club avec la conviction que la culture n’est pas réservée aux grandes villes ni à une élite intellectuelle.

Depuis le festival s’est développé et a changé de lieu, c’est environ 25 000 spectateurs en une semaine et 700 films qui ont été montré en 15 ans. On revoit certains temps forts de l’année dernière comme la venue du réalisateur Mohsen Makhmalbaf avec sa famille ou les échanges de points de vue entre les membres du jury jeunes. Le documentaire fait aussi la part belle aux passionnés bénévoles qui participent activement à son organisation.

On découvre Wafa Ghermani gère l’accueil des professionnels et qui fait la traductrice, Eugénie Zvonkine évoque la chance de pouvoir découvrir des films russophones ici, ou encore Anaïs qui conduit les invités en discutant avec eux dans la voiture, et même la directrice Martine Thérouanne qui vérifie un sous-titrage. Les différents cinéastes et acteurs invités sont heureux de la réelle proximité avec le public avec des échanges après les séances ou même des discussions autour d’un verre.

Vesoul est devenue capitale de l’Asie et souvent la première fenêtre européenne de distributions de certains films, dont certains ne peuvent même pas être vus dans leurs pays d’origine. Le réalisateur Frédéric Ambroisine avec ce documentaire FICA : du proche à l’extrême orient a réussi à synthétiser l’esprit de Vesoul, ce que Jean-Marc Thérouanne définit comme une recherche d’émotions collectives partagées.

Crédit photo : Christophe Maulavé

L’enfant-cheval : un attelage au symbolisme éprouvant

Posté par MpM, le 3 mai 2009

enfantcheval.jpg"Quelle chance de gagner un dollar par jour !"

L’histoire : Dans un village d’Afghanistan, un jeune handicapé mental est engagé par une riche famille pour porter sur son dos leur fils qui n’a plus de jambes. Il se tisse entre les deux une relation de maître-esclave faite de domination, d’humiliation et de cruauté.

Ce que l’on en pense : Samira Makhmalbaf (sur un scénario écrit par son père Mohsen, qui est également crédité en tant que monteur) revient au cinéma avec un film parlant une nouvelle fois de l’Afghanistan d’aujourd’hui. Cette fois-ci, elle pose un regard mi-réaliste, mi-onirique sur deux enfants dépendant l’un de l’autre pour survivre dans une société parfaitement indifférente à leur sort. Si sa démarche est captivante, sa mise en scène est malheureusement insupportable. Plans interminables sur les membres mutilés du jeune handicapé, visage déformé et bafouillant filmé au grand angle, répétition de séquences mettant en parallèle le sort de l’enfant-cheval et d’un jeune poulain venant de naître… La jeune réalisatrice iranienne s’empêtre dans un symbolisme appuyé qui lui font perdre de vue subtilité et justesse.

Ainsi, elle dépeint un milieu si parfaitement dépourvu d’empathie, d’entraide et de dignité que le misérabilisme envahit chaque scène et chaque dialogue. Cette séquence où la petite mendiante court derrière le fils du riche pour ramasser les piécettes qu’il jette rappelle d’ailleurs celle de La pomme, où un jeune garçon faisait pareillement courir des petites filles derrière une pomme accrochée à un bâton. Est-ce là le destin des personnages de Samira Makhmalbaf que d’être perpétuellement manipulés et trompés, traités comme des animaux à qui l’on peut faire faire des tours ? Le pire est probablement qu’il ne s’agit pas tant de cruauté gratuite que de l’unique mode de communication que les personnages maîtrisent : derrière chaque brimade se cache en effet la nécessité de mendier quelque-chose, qu’il s’agisse d’argent, d’aide, de pouvoir ou tout simplement d’affection. L’espoir, lui, semble irrémédiablement hors de portée.

Reflets du cinéma iranien : un voyage essentiel

Posté par MpM, le 13 mars 2009

IranDepuis 1997, l’association Atmosphères 53 organise pendant quinze jours un festival de cinéma disséminé dans toutes les salles du département de la Mayenne, sans le but de "faire découvrir des cinématographies étrangères et/ou différentes" se voulant le plus possible le "reflet de la cinématographie d’un pays ou de l’ensemble cinématographique choisi". Après des éditions consacrées au cinéma nordique (1998), du Maghreb (2005) ou encore aux "frontières" (2007), ces reflets du cinéma s’intéressent cette année à la cinématographie iranienne.

Jusqu’au 24 mars prochain, les Mayennais pourront ainsi découvrir dans plus d’une quinzaine de lieux des films de fiction, des documentaires et des courts métrages, mais aussi des conférences, stages de formation, soirées festives, expositions, rencontres, spectacles… en lien avec l’Iran. Ce qui est particulièrement intéressant dans le choix des films présentés, c’est la présence à égalité d’une sélection de films majeurs sortis sur nos écrans depuis 1979 (Où est la maison de mon ami d’Abbas Kiarostami, Le cercle de Jafar Panahi, Mariage à l’iranienne de Hassan Fathi…), mais aussi de longs métrages antérieurs (La Vache de Dariush Mehrjui ou Nature morte de Sohrab Shahid Saless) ou récents mais inédits en France (Le Lézard de Kamal Tabrizi).

Car, malgré les contraintes et la censure, la cinématographie iranienne garde un véritable dynamisme, avec une centaine de films produits par an. Il faut dire qu’il existe dans le pays une véritable tradition cinématographique. En effet, dès 1900, le roi Mozaferedin Chah découvre le cinéma lors de l’exposition universelle de Paris. Enthousiaste, il demande à son photographe (Akkas Bashi) de se procurer tout le matériel nécessaire pour ramener cet art merveilleux dans son pays. Trois ans plus tard ouvre à Téhéran la première salle de cinéma. Rapidement, certains religieux manifestent leur mécontentement : les films, qui montrent des femmes non voilées, sont jugés blasphématoires.

"Nous ne sommes pas opposés au cinéma"

Pourtant, une petite production locale voit le jour : films ruraux, mélodrames sociaux, comédies… entre 1930 et 1979, on répertorie ainsi environ 1100 films de fiction diffusés dans les 420 salles du pays, toujours sous le regard réprobateur des religieux. Curieusement, c’est l’ayatollah Khomeiny lui-même qui offre sa vraie légitimité au 7e art. "Nous ne sommes pas opposés au cinéma, mais contre son utilisation en faveur de la prostitution" déclare ainsi le grand leader après avoir vu La Vache de Dariush Mehrjui (l’histoire d’un paysan tombant malade quand sa vache meurt) à la télévision. Son discours donne le coup d’envoi à un cinéma respectant les "valeurs islamiques" et montrant le "bon chemin". Bien sûr, en parallèle, naît une autre sorte de cinéma, critique et engagée, qui tente de dénoncer ce qui ne va pas en Iran. Il est porté par des cinéastes comme Abbas Kiarostami, Mohsen Makhmalbaf, Bahram Beyzaie, Kiomars Pourahmad…

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Vesoul : Record de fréquentation pour la 15e édition du FICA

Posté par MpM, le 18 février 2009

VesoulPour son 15e anniversaire, le Festival des cinémas d’Asie a une nouvelle fois battu son record de fréquentation avec 26 000 spectateurs, soit une progression de plus de 8% par rapport à l’édition précédente. Pour Jean-Marc Thérouanne, délégué général de la manifestation, ces chiffres confirment "le statut de première manifestation cinématographique asiatique de France" du FICA, "tant en nombre de films [75] que de spectateurs". Le Festival des cinémas d’Asie de Vesoul, qui est par ailleurs le plus ancien d’Europe, se classe ainsi parmi les "dix premières manifestations cinématographiques de France".

L’engouement du public et des professionnels pour Vesoul s’explique sans conteste par le choix minutieux apporté à la sélection des films (souvent rares ou inédits, et globalement peu diffusés) mais aussi par l’ambiance chaleureuse et familiale qui règne au Majestic, lieu unique où ont lieu à la fois les projections, les rencontres et les soirées festives. Bavarder avec Mohsen Makhmalbaf au détour d’un couloir, croiser Hou Hsiao-Hsien dans la rue, danser en compagnie de la star taïwanaise Van Fan… peu d’autres festivals parviennent à ce point à supprimer les barrières entre personnalités et festivaliers, jusqu’à créer de véritables liens entre tous ces individus qui ont en commun leur amour du cinéma.

"On a l’impression que les gens ici sont tous de la même famille", confirme Li Yang, réalisateur de Blind shaft et Blind mountain, membre du jury international. "C’est bien mieux que dans les grands festivals, ici il n’y a pas tout le cirque autour du show-business…" D’ailleurs, ceux qui y ont goûté une fois refusent rarement de revenir. "J’aurais pu juste envoyer mes films", explique par exemple Jocelyne Saab, invitée dans le cadre d’un hommage aux réalisatrices libanaises, et membre du jury en 2008. "Mais j’ai arrêté un début de tournage pour venir car Vesoul est un lieu où je me retrouve. Le regard que Martine et Jean-Marc Thérouanne portent sur ces pays d’Asie est très joli, parfaitement exempt de clichés. Je me sens à nouveau naïve comme une élève à qui ils apprennent plein de choses." Même Mohsen Makhmalbaf, l’invité d’honneur 2009, qui est un grand habitué des festivals, a avoué être épaté : "d’habitude, dans les festivals, il y a beaucoup de monde devant la porte pour voir passer les stars et peu à l’intérieur. Ici, c’est le contraire : les salles sont pleines ! En général, c'est un signe qui ne trompe pas."

Fort de cette reconnaissance, il ne reste plus au FICA qu’à entamer une réflexion en profondeur sur le moyen de faire face à cette affluence (de nombreuses séances affichent complet) sans perdre ni son âme, ni son unité. Une augmentation de la capacité des salles ou l’allongement de la durée du Festival, afin de favoriser les multi-diffusions, sont deux des pistes possibles pour cette manifestation qui, à 15 ans, n’est encore qu’au tout début de son existence !

Crédit photo : Martine (présidente) et Jean-Marc Thérouanne (délégué général) sur scène lors de la soirée de clôture ; Marie-Pauline Mollaret

Vesoul : Trois questions à Li Yang

Posté par MpM, le 15 février 2009

li yangLe réalisateur chinois de Blind shaft et Montagnes oubliées (Blind moutain) fait partie du jury international du festival de Vesoul. Aux côtés de la présidente Fatemeh Motamed-Arya, de Jeffrey Jeturian et d'Indu Shrikent, il a la lourde tâche de remettre le cyclo d'or de cette 15e édition. L'occasion de revenir sur son oeuvre de cinéaste et sa vision du cinéma.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
L'an dernier, j'ai voulu faire un film sur les enfants qui quittent la campagne pour la ville et se retrouvent dans la rue, sans nulle part où aller. Le titre aurait pu en être "Blind exode"... mais le sujet a été censuré, donc je ne pourrai pas le faire. Du coup, j'ai trouvé un autre sujet et je suis en train d'écrire le scénario. Cette fois-ci, cela n'a rien à voir avec quoique ce soit de "blind" : trois fois, ça suffit ! Même si, comme il s'agit d'une histoire d'amour, j'aurais pu l'intituler Blind date... (il rit). Jusque-là, je m'intéressais aux problèmes sociaux, mais l'amour aussi est d'ordre social.

Qu'aimez-vous dans le cinéma ?
Je cherche une bonne histoire dans un bon film.Seule une belle histoire peut transmettre ce que le réalisateur veut dire au public. Mais bien sur, une belle histoire ne suffit pas : il faut aussi la bonne façon de la transmettre. Personnellement, j'aime les metteurs en scène européens en général, mais je n'ai pas d'idole en particulier. Ce qui m'a influencé, c'est la manière dont les films européens rendent compte de la réalité sociale. La nouvelle vague français, le néo-réalisme italien, des cinéastes allemands du renouveau comme Wenders ou Fassbinder... Si mes films ressemblent parfois à des documentaires, c'est pour raccourcir la distance qu'il y a entre le cinéma et le public, pour qu'il pense que les choses montrées à l'écran ont vraiment lieu dans la vie. C'est ce à quoi j'aspire, montrer la réalité.

Pensez-vous comme l'invité d'honneur Mohsen Makhmalbaf que le cinéma peut changer le monde ?
Non, je ne pense pas. Par contre, il peut faire réfléchir les gens. Créer de nouveaux regards sur les choses. Pour moi, un film, c'est avant tout un moyen de communication entre un réalisateur et un public.

Lire l'intégralité de l'interview de Li Yang

Vesoul : Mohsen Makhmalbaf reçoit le cyclo d’honneur

Posté par MpM, le 12 février 2009

Mohsen Makhmalbaf, Marzieh Meshkini et Hana MakhmalbafLa 15e édition du Festival des cinémas d’Asie de Vesoul s’est ouverte en présence d’un invité de marque, le réalisateur Mohsen Makhmalbaf (Le silence, Kandahar), chef de file avec Abbas Kiarostami de la nouvelle vague iranienne. Pour l’occasion, le fondateur de la Makhmalbaf Film House (école de cinéma et maison de production) s’est vu remettre un Cyclo d’or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Il a tenu à partager ce prix (le 100e qu’il ait reçu dans sa carrière) avec son épouse Marzieh Meshkini et sa fille Hana (notre photo) qui sont également réalisatrices. Lors de la remise des prix, le cinéaste a expliqué les "deux voies pour échapper à la censure: faire des films à l'étranger ou mettre les autorités iraniennes sous pression en parlant de la censure." Cesnuré dans son pays, il se déifinit comme artiste sans frontière. Pour son dernier tournage, il a vécu un an en Afghanistan.

"En Iran, "le sexe, la violence et la politique sont censurés, c'est pourquoi les réalisateurs essayent de développer une nouvelle vague: le style poétique", explique Mohsen Makhmalbaf qui définit ce style comme "un cinéma symbolique qui parle des humains".

Cela explique peut-être pourquoi l’Iran est  bien représenté à Vesoul cette année. Car, outre cette prolixe famille, à qui une rétrospective est consacrée, on pourra également croiser dans les différentes salles du festival l’actrice iranienne Fatemeh Motamed Arya (Il était une fois le cinéma), star particulièrement populaire dans son pays, qui a accepté la lourde tâche de diriger le grand jury international. Elle est entourée d’Indu Shrikent, directrice d’Osian’s-Cinefan Festival of cinema de New Delhi, du réalisateur philippin Jeffrey Jeturian (Larger than life) et du cinéaste chinois Li Yang (Blind shaft, ours d’argent à Berlin en 2003). Ils devront déterminer lequel des 9 films en compétition succédera au Vieux barbier de Hasi Chaolu, cyclo d’or en 2008.

Crédit photo : Michel Mollaret