[On va tous au cinéma] Kajillionaire (30 septembre)

Posté par redaction, le 17 juin 2020

Le pitch: La vie d'Old Dolio est chamboulée le jour où ses parents, escrocs professionnels, préparent leur plus gros coup avec un étranger.

Le cast: Réalisé par Miranda July , avec Evan Rachel Wood, Gina Rodriguez, Richard Jenkins et Debra Winger.

L'atout: Après 9 ans d'absence en tant que réalisatrice, l'artiste pluridisciplinaire Miranda July (Caméra d'or en 2005 à Cannes) revient avec une nouvelle comédie décalée, produite par Brad Pitt et présentée en janvier dernier à Sundance. Si désormais ce genre de films ne peut séduire que s'il y a un consensus critique et une bonne diffusion, on peut espérer que le ton et le style singuliers de July séduira au milieu des comédies françaises et grosses productions américaines.

Miranda July interrompt sa si longue absence

Posté par vincy, le 27 janvier 2020

Neuf ans après The Future, son dernier long métrage, Miranda July revient au Festival de Sundance avec son nouveau film, Kajillionaire. La cinéaste révélée en 2005 avec Moi, toi et tous les autres, a réunit pour son troisième film Evan Rachel Wood, Gina Rodriguez, Richard Jenkins et Debra Winger.

Kajillionaire est une comédie décalée autour d'une famille d'arnaqueurs, une satire absurde sur des gens dysfonctionnels. Le pitch est simple: La vie d'Old Dolio (Evan Rachel Wood) est chamboulée le jour où ses parents, escrocs professionnels, préparent leur plus gros coup avec un étranger.

Mais c'est avant tout le retour de l'artiste pluridisciplinaire, qui va occuper le terrain cette année après une si longue absence. Même si July n'a pas chômé puisqu'elle a écrit deux livres (un roman, Le premier méchant, et un essai, Il vous choisit : petites annonces pour vie meilleure, tous deux parus chez Flammarion en France), ouvert une boutique et multiplier les projets artistiques.

Moi, toi et tous les autres - Grand prix de la Semaine de la critique et Caméra d'or à Cannes - va ressusciter sur les plateformes de vidéo à la demande. Prestel va publier le 20 avril une monographie consacrée à sa carrière, entre cinéma, courts métrages, documentaires, spectacles vivants, arts, publicités et créations numériques.

Kajillionaire, coproduit par Plan B (Brad Pitt) et Annapurna, a été développé et filmé en très peu de temps. Dans un entretien à Deadline, elle confie que c'est "le premier film où elle n'a pas perdu de temps à obtenir des financements".

Le film, s'il n'est pas retenu à Berlin, où a été présenté The Future, pourrait être présenté à Cannes. En attendant une date de sortie.

Venise 2014 : Laurent Cantet, Christophe Honoré, Kim Ki-Duk et Alex de la Iglesia aux Venice Days

Posté par vincy, le 22 juillet 2014

La sélection des 11e Venice Days a été révélée aujourd'hui. Deux cinéastes français réputés (dont une Palme d'or), un ancien Lion d'or et le retour de Miranda July sont annoncés. Au total, 20 films (dont six premiers films) de 12 pays seront présentés du 27 août au 6 septembre. par ailleurs, les trois finalistes du Prix Lux ont été choisis et seront projetés dans le cadre de cette section parallèle du Festival de Venise.

One on one de Kim Ki-duk (Corée du Sud) - Ouverture
Messi d'Alex de la Iglesia - Clôture

Sélection officielle
El 5 de talleres d'Adrian Biniez (Argentine)
Retour à Ithaque de Laurent Cantet (France, Belgique)
Before I disappear de Shawn Christensen (Etats-Unis, Royaume-Uni)
The Dinner d'Ivano De Matteo (Italie)
Les nuits d'été de Mario Fanfani (France)
Patria de Felice Farina (Italie)
Métamorphoses de Christophe Honoré (France)
Between 10 and 12 de Peter Hoogendoom (Belgique, France, Pays-Bas)
The Farewell Party de Sharon Maymon et Tal Granit (Israël)
The Goob de Guy Myhill (Royaume-Uni)
Labour of love d'Adityavikram Sengupta (Bengale, Inde)
They have escaped de Jukka Pekka Valkepaa (Finlande, Pays-Bas)

Séances spéciales
9X10 Novanta de Marco Bonfanti, Claudio Giovannesi, Alina Marazzi, Pietro Marcello e Sara Fgaier, Giovanni Piperno, Costanza Quatriglio, Paola Randi, Alice Rohrwacher, Roland Sejko (Italie)
The show mas go on de Rä di Martino (Italie)
The lack de Masbedo (Italie)
Five star de Keith Miller (Etats-Unis)

Miu Miu Women's Tales

Spark and Light de So Yong Kim
Somebody de Miranda July (Etats-Unis)

Prix Lux

Class Enemy de Rok Bicek
Ida de Pawel Pawlikowski
Bande de Filles de Céline Sciamma

Berlin 2011 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 18 février 2011

Berlin 11Le maître-mot de cette 61e Berlinale aura sans conteste été l'hétérogénéité. Hétérogénéité des sujets et des styles mais aussi des films qui vont du très bon au médiocre. A plusieurs reprises pendant cette quinzaine, on se sera interrogé sur les critères de choix des sélectionneurs. Les très bons films étaient-ils si peu nombreux cette année, ou se réservent-ils tous pour Cannes ? Toujours est-il que pour le festivalier, la frustration le dispute à l'excitation. Car si ce n'était pas un millésime d'exception, on a malgré tout vu de bonnes choses, et une poignée de films profitent indéniablement de l'absence sérieuse de concurrence pour s'affirmer comme favoris au moment de la distribution des prix.

Asghar Farhadi et Bela Tarr bien placés

Deux longs métrages ont notamment fait forte impression sur la critique internationale, jusqu'à obtenir la note record de 3,6 étoiles (le maximum est de 4) dans le classement effectué par le quotidien 'Screen' à partir du vote de plusieurs journalistes internationaux. Il s'agit de Nader et Simin, une séparation d'Asghar Farhadi et du Cheval de Turin de Bela Tarr (voir actualité du 15 février). Le premier est iranien, ce qui peut influencer favorablement le jury : quel meilleur symbole de l'engagement en faveur de Jafar Panahi ? D'autant que sous ses dehors de drame familial, le film parle sans fard de l'Iran d'aujourd'hui.

Mais attention, le second est un concurrent de poids. Bela Tarr est un cinéaste envoûtant qui possède un véritable fan club... et Le turin horsecheval de Turin est annoncé comme son dernier film. Une oeuvre-somme qui peut être prise comme un testament, ou un ultime pied de nez. Pour les jurés, ce serait à la fois couronner une carrière magistrale et récompenser la quintessence d'un cinéma esthétique et sensoriel qui réinvente l'expérience même du cinéma. Chiche ? De toute façon, donner l'ours d'argent de la mise en scène à quelqu'un d'autre que Bela Tarr tiendrait du camouflet... à moins que le Maître n'obtienne carrément la récompense suprême.

Les oeuvres socio-politiques ont une carte à jouer

Bien sûr, le jury peut aussi partir dans une direction totalement opposée. On sait que les thématiques "lourdes", c'est-à-dire politiques, sociales ou historiques, font toujours leur petit effet. The forgiveness of blood de Joshua Marston entre dans cette catégorie (il raconte l'histoire d'un adolescent albanais contraint de vivre reclu chez lui pour éviter d'avoir à payer la dette de sang qui oppose sa famille à une autre) et a en plus l'avantage d'être maîtrisé et réussi. Sécheresse scénaristique, mise en scène nerveuse, acteurs qui sonnent justes... Le cinéaste américain  indépendant cumule les bons points.

Dans cette catégorie, Yelling To The Sky de Victoria Mahoney (sorte de Precious 2), Innocent Saturday d'Alexander Mindadze (avec la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en toile de fond), Margin Call de JC Chandor (sur fond de crise financière) ou Coriolanus de Ralph Fiennes (adaptation moderne de Coriolan de Shakespeare) peuvent également avoir touché le jury. Enfin, If not us, who ? d'Andres Veiel s'attaque à l'histoire récente de l'Allemagne (l'après-guerre et la montée des idéaux révolutionnaires) sans lui donner suffisamment de souffle et de fond pour véritablement convaincre. Pourtant, il bénéficie d'un casting de choix, et August Diehl comme Lena Lauzemis pourraient être récompensés.

Intimité et histoires de couples

Dans un style plus intimiste, The future de Miranda July, même s'il a déçu les fans de la première heure, est suffisamment rafraîchissant et profond pour mériter de figurer dans un palmarès (voir actualité du 15 février). D'autant que l'on a vu pas mal de couples se séparer lors de cette compétition, et celui de The future est celui qui a à la fois le plus d'humour et de style. En revanche, Come Rain Come Shine de Lee Yoon-ki (un homme aide sa femme qui le quitte à emballer ses affaires) et A Mysterious World de Rodrigo Moreno (un homme se retrouve seul et largué lorsque sa petite amie décide de faire une pause dans leur relation) ont choisi un style non narratif et minimaliste qui réduit très largement leur portée. N'est pas Bela Tarr qui veut, et l'on s'ennuie ferme devant ces deux tentatives de capter des instants et des émotions ténues dans un quotidien banalisé.

Les histoires d'amour finissent mal en général, et en particulier dans cette compétition berlinoise, puisque deux autres films intimistes présentent des couples qui échouent à exister. Dans Lipstikka de Jonathan Sagal, deux Palestiniennes vivent une histoire d'amour intermittente, qui les conduit toutes deux à une forme de folie et de malheur. Dans Our Grand Despair de Seyfi Teoman, deux Turcs amoureux de la même femme font semblant de ne pas voir que c'est leur amour l'un pour l'autre qui s'exprime de manière détournée. Dans les deux cas, on peut imaginer un double prix d'interprétation, tant les acteurs apportent finesse et profondeur aux deux intrigues, ou alors un  prix de moindre importance.

Quoi qu'il en soit, on retiendra de cette 61e compétition la difficulté des cinéastes à raconter de bonnes histoires ainsi que le pessimisme ambiant. Les couples se séparent, mais sans  passion, comme si au fond tout cela leur était égal. L'avenir est compromis. La liberté est peu de chose face au destin tout tracé par la vie. Et bien sûr, l'apocalypse n'est pas loin...

C'est pourquoi le palmarès consacrera-t-il au final bien plus qu'un film ou un réalisateur. En faisant son choix, le jury optera en effet d'une certaine manière pour une vision du monde et une proposition cinématographique déterminées.

Berlin 2011 : Asghar Farhadi, Miranda July, Bela Tarr, trio gagnant

Posté par MpM, le 15 février 2011

turin horseAlors que cette 61e Berlinale vient déjà d'entrer dans sa seconde partie, la compétition proposait aujourd'hui trois captivantes propositions de cinéma, quoi que chacune dans une direction très particulière.

Asghar Farhadi (A propos d'Elly) propose dans Nader et Simin, une séparation un regard aigu et profond sur la société iranienne contemporaine. On y découvre la mesquinerie de certains rapports  sociaux, l'hypocrisie des rouages administratifs ou judiciaires, ou encore la difficulté du "vivre ensemble", que ce soit entre homme et femme ou entre individus issus de classes différentes. Le film démonte les préjugés et oppose deux visions totalement opposées de la vie, l'une consistant à être prêt à tout pour sauver sa peau, tandis que l'autre conduit à privilégier la droiture et la vérité, même si les conséquences s'avèrent terribles.

Miranda July (You, me and everyone we know) explore elle-aussi les tréfonds de l'âme humaine en proposant une réflexion à la fois tendre, amère et pleine de dérision sur l'existence, le temps qui passe et la sensation de passer à côté de sa vie. Dans The Future, les personnages qu'elle met en scène ressemblent à un couple de pré-ados immatures qui jouent à se faire peur ("Et si... ?") pour masquer la réalité de leurs angoisses. Ils arrivent à ce moment de l'existence où l'on commence à compter les points, à faire la liste de ce que l'on ne sera jamais, à restreindre celle de ce que l'on fera un jour. Malgré leur finesse, l'humour et l'absurdité des dialogues et des situations ne parviennent guère à dissimuler l'aspect désespéré du constat.

Bela Tarr (Les harmonies Werckmeister), de son côté, propose The Turin horse (notre photo), une oeuvre à l'esthétisme envoûtant, portée par la musique lancinante et hypnotique de Mihaly Vig. On suit le quotidien austère et répétitif d'un fermier et de sa fille, filmé dans un noir et blanc riche en contrastes et en clairs-obscurs. La mise en scène est moins immédiatement impressionnante que dans L'homme de Londres, mais elle est entièrement au service du projet poursuivi par le réalisateur, capter le rythme de la vie et s'ouvrir à la conscience de chaque moment. On est ébloui (mais aussi effrayé) par la radicalité du cinéaste qui refuse toute concession à la narration traditionnelle.  Cet aspect jusqu'au boutiste confère au film un statut d'expérience sensorielle et esthétique qui ne s'appelle plus vraiment du cinéma. Il provoque un état de flottement, presque de léthargie, voire d'ennui pour les moins réceptifs, et s'avère pour le cinéphile un peu las un véritable bain de jouvence.