Cannes 2017: Qui est Carine Tardieu ?

Posté par vincy, le 26 mai 2017

Ce sera peut-être d'elle que viendra le "feel-good movie" cannois de l'année, successeur de Camille redouble. Ôtez-moi d'un doute est l'un des films français inattendus de la Quinzaine des réalisateurs, aux côtés de vétérans comme Garrel, Dumont et Denis. Carine Tardieu est une des nouvelles venues sur la Croisette. Cette auteure pour la jeunesse et cinéaste tâtonnante a commencé à aimer les livres fantastiques - ceux de Roald Dahl et ceux d'anticipation - avant d'étudier le cinéma.

A petits pas, elle construit son itinéraire singulier. D'abord comme stagiaire régie sur Portraits chinois de Martine Dugowson puis assistante réalisateur pour Jeanne et le garçon formidable, mélo musical coloré et hommage à Demy de Duscastel et Martineau. Ensuite en écrivant des scénarios pour la télévision. Puis en 2002 en réalisant son premier court métrage. Le deuxième, L'aîné de mes soucis remporte le prix du public au festival de Clermont-Ferrand. De quoi se lancer dans le grand bain.

Entre temps Carine Tardieu écrit des romans pour la jeunesse, tous publiés chez Actes sud Junior. Elle inaugure ainsi en 2003 la collection ciné-roman avec l'adaptation de son premier court-métrage, Les Baisers des autres. Elle y met en scène une adolescente de 15 ans qui aimerait grandir plus vite tout en cessant de jalouser ceux qui s'embrassent. Elle adapte ensuite en livre L'aîné de mes soucis, l'histoire de la maman de Thomas, chauve à cause d'un traitement contre le cancer. Sa perruque s'envole au moindre courant d'air malgré les trésors d'ingéniosité pour la coller à son crâne. L'auteure signe aussi Des poules et des gâteaux, qui suit Lucas, dont le papi qui vient de mourir, lui laisse en héritage un élevage de poulets. Et enfin Je ne suis pas Sœur Emmanuelle, qui part d'un vol pulsionnel d'un paquet de chewing-gums dans une supérette.

La culpabilité et la quête du bonheur, les questions existentielles et les combats vains pour chercher à être "normal" traversent ainsi son œuvre littéraire. Il en sera de même avec ses films. En 2007 avec La Tête de maman, coécrit avec Michel Leclerc, raconte l'histoire d'une jeune fille dont la mère a perdu son sourire depuis vingt ans, depuis qu'un con l'a quittée. Un très beau rôle pour Karin Viard. Cinq ans plus tard, elle adapte Du vent dans mes mollets avec son auteure, Raphaële Moussafir. Joli succès en salles (615000 entrées), le film racontait l'histoire d'une gamine qui doit affronter l'adversité et un mauvais karma (selon elle) au milieu de sa maman merveilleusement étouffante, de son papa drôlement cynique, et de sa mémé adorablement mortifère. Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Judith Magre et Isabelle Carré formaient un quatuor inédit et délicieux.

Avec Ôtez-moi d’un doute, coécrit avec ses deux anciens compères Raphaële Moussafir et Michel Leclerc, elle revient au monde des adultes avec un couple incarné par François Damiens et Cécile de France. Un démineur breton qui apprend que son père n’est pas son père. Toujours ses histoires de filiation. D'autant que la fille qu'il veut séduire s'avère être sa demi-sœur.

Chez Carine Tardieu, les petites mesquineries et les cruautés de la vie s'imprègnent d'un ton sensible, drôle, fantaisiste même, émouvant. Son cinéma s'adresse à différentes générations et publics, s'amusent de ses variations graves et légères.

"Le cinéma était un refuge pour moi. J’avais besoin de me perdre dans un autre monde et je me suis toujours sentie très heureuse dans une salle de cinéma" expliquait-elle dans une interview. Son frère voulait devenir acteur. Elle a souhaité suivre son chemin. Sa rencontre avec Michel Leclerc a été déterminante. C'est grâce à lui qu'elle a écrit une série télé de France 2 sur les ados, Age sensible, qui la conforte dans le métier. "Très sincèrement, je ne pensais pas avoir une once de talent. J’étais très peu sûre de moi" avoue-telle.

Fan de E.T. comme de Pierre Richard, de Cassavetes comme d'Alien (son chat s'appelle Ripley, c'est dire), de Truffaut comme de Melancholia, de Tout sur ma mère comme d'Arthur Penn, elle ne se définit par avec des étiquettes. Elle veut juste raconter des histoires, partager son besoin de lâcher prise. C'est sans doute pour ça que ses films sont dans l'air du temps. Il faut "être dans l’instant présent et pas dans la réflexion, se faire plaisir, ne pas se laisser enfermer dans des angoisses que nos parents nous ont gentiment transmises sans le vouloir" dit-elle.

Arras 2012 : retour en vidéo sur la cérémonie d’ouverture

Posté par MpM, le 12 novembre 2012

Avec : Eric Miot et Xavier Leherpeur pour la cérémonie d'ouverture ; Sara Forestier, Michel Leclerc et Félix Moati pour Télégaucho.

Merci à l'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival et à David Lesage.

Arras 2012 : Télé gaucho ouvre la 13e édition du Festival

Posté par MpM, le 9 novembre 2012

La 13e édition du Arras Film Festival s'est ouverte avec la première projection publique du nouveau film de Michel Leclerc, Télé gaucho. Le réalisateur avait fait le déplacement en compagnie de deux de ses acteurs principaux, Sara Forestier et Félix Moati, pour présenter cette comédie joyeusement foutraque qui s'inspire de ses années de participation à la télé libre Télé Bocal.

Avec le ton qui le caractérise, burlesque et décalé, le cinéaste dresse le portrait critique mais bienveillant d'une petite bande de doux rêveurs  bien décidés à inventer leur propre télé, à contre-courant des chaînes commerciales et lénifiantes. Mi-nostalgique, mi-satirique, le cinéaste évoque ainsi une "parenthèse enchantée" de son existence, faite d'idéalisme, d'engagement sincère et d'action collective, mais aussi de système D délirant et de grandes causes à défendre.

"Je faisais partie de l'équipe qui a démarré Télé Bocal, explique-t-il. Je n'étais pas là tout le temps mais j'ai fait ça pendant quatre ou cinq ans pendant les années 90. Le film est inspiré de ces moments-là. C'est vraiment un film de groupe sur ce que c'est de fonder une télé libertaire, engagée  et bordélique à cette époque-là. Mon implication était réelle parce que j'ai adoré ça. On a tous envie à un moment donné de partager quelque chose de collectif. C'est un peu ce qu'on vit sur un film, d'ailleurs... Mais c'est quelque chose que l'on garde, surtout lorsque l'on est encore jeune."

"Je voulais aussi parler d'une certaine forme de cinéphilie, continue-t-il. Surtout quand on ne fait pas encore de films, il y a une espèce de plaisir à sortir des noms de cinéastes rares ou au contraire très connus. Je voulais aussi parler de quelque chose d'un peu ridicule, et là pour le coup c'est de l'autodérision : quand on a 20 ans et qu'on a l'impression de vivre dans un film, qu'on sort tout le temps des citations de tel ou tel film parce qu'on a l'impression que ça nous fait exister. Mais l'ironie n'empêche pas la sincérité, c'est-à-dire que les cinéastes dont parle le personnage de Victor, ce sont des cinéastes qu'en général j'aime bien. Mais on peut quand même se moquer de cette manière de se faire valoir en passant par les oeuvres des autres."

"J'espère que je porte un regard tendre sur l'époque, et que c'est un regard juste. En tout cas je ne crois pas que ce soit un regard méchant. Il faut être lucide sur les travers... mais il me semble quand même que la tendresse domine", conclut-il.

Assez tendre en effet, Télé gaucho s'inscrit dans la lignée du Nom des gens, à la fois engagé et bourré de fantaisie, souffrant parfois de vouloir trop en dire et de manquer de cohésion, mais plein d'une vitalité et d'une finesse qui en font une comédie intelligente plutôt qu'un pensum prêt-à-penser. Extrêmement bien accueilli par le public arrageois, preuve qu'il ne heurte finalement aucune sensibilité politique, le film pourrait connaître un joli succès en salles et marcher sur les pas de son prédécesseur... Réponse le 12 décembre prochain.

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret

Après Le nom des gens, Michel Leclerc lance Télé-gaucho avec Sara Forestier et Eric Elmosnino

Posté par vincy, le 3 avril 2011

Un succès à la Semaine de la critique l'an dernier à Cannes, 800 000 spectateurs dans les salles, deux César (meilleure actrice et meilleur scénario original) : Le nom des gens aura marqué les esprits, et pas seulement à cause de la présence de l'ancien premier ministre Lionel Jospin au générique. Autant dire que dorénavant le scénariste et réalisateur Michel Leclerc a le vent en poupe.

Il n'a eu aucun mal à réunir les deux césarisés de l'année : son actrice fétiche, Sara Forestier, et le Gainsbourg de Joann Sfar, Eric Elmosnino pour Télé-gaucho, co-écrit avec Thomas Lilti (réalisateur de Les yeux bandés). Le casting se compose aussi d'Emmanuelle Béart, qui revient à la comédie, Maïwenn et l'une des révélations de LOL, Félix Moati.

Le film a été écrit avant le scénario du Nom des gens. Le tournage débutera fin juillet.

Arras 2010 : Jacques Gamblin, Le nom des gens et Damjan Kozole dans le quotidien vidéo

Posté par MpM, le 7 novembre 2010

Chaque jour, le festival d'Arras diffuse un magazine vidéo réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir. Dans cette édition, retrouvez Jacques Gamblin, Michel Leclerc et Baya Kasmi pour Le nom des gens.

A découvrir également : les premières animations du festival, la lithographie exceptionnelle réalisée en l'honneur d'Anna Karina, la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik, Damjan Kozole et son film Slovenian girl.