Harvey Weinstein condamné pour agression sexuelle et pour viol

Posté par vincy, le 24 février 2020

Lundi, en fin d'après midi, le producteur américain Harvey Weinstein a été reconnu coupable de l'agression sexuelle de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi en 2006, et le viol de l'aspirante actrice Jessica Mann en 2013. Un verdict qu'on attendait depuis la fin de semaine dernière avant que les jurés n'hésitent sur une des accusations.  Cependant, il a échappé à une condamnation pour les accusations les plus lourdes, notamment le viol aggravé (au premier degré) de Jessica Mann et la circonstance aggravante d'un comportement de "prédateur sexuel". Le jury a aussi déclaré Harvey Weinstein non coupable du viol de l'actrice Annabella Sciorra, en 1993.

L'actrice Ellen Barkin a rappelé: "0.7% des criminels sexuels sont condamnés. Weinstein a été condamné."

Car, c'est malgré tout une victoire pour les victimes de cet agresseur sexuel, dont les premières accusations d'actrices et de mannequins fin 2017, avaient lancé l'ère #MeToo. Le mouvement Time's Up, né de ce scandale, a d'ailleurs réagit en parlant d'une "nouvelle ère de justice" pour les victimes. Car pour la jurisprudence de ce genre d'affaires, jusque là, les condamnation étaient très rares. Ce qui change la donne.

Harvey Weistein est donc envoyé en prison, en attendant de connaître sa peine le 11 mars. La journaliste féministe Gretchen Carlson a tweeté: "J'espère que les menottes sont bien serrées".

Ses avocats ont déjà annoncé qu'ils feront appel. Il risque jusqu'à 29 ans de prison. Cependant, il a évité la prison à vie puisque les jurés n'ont retenu que deux des cinq accusations, et ne l'ont pas inculpé en tant que prédateur sexuel.

Ce qui fait dire à certains que le verdict est mitigé, empêchant à un camp ou un autre d'être totalement satisfait.

Lire aussi: Harvey Weinstein : anatomie d’une sale affaire

Mais pour Harvey Weinstein, c'est une défaite. Il a, durant tout le procès, malgré les détails des faits évoqués par trois de ses victimes, nié toute forme d'agressions sexuelles, clamant que les relations étaient consenties. Clairement, après cinq jours de délibération, le jury l'a unanimement reconnu coupable, même partiellement.

Avouons-le, ce procès était sordide. Les témoignages des femmes étaient poignants (certains détails sur l'anatomie et les pratiques sexuelles du producteur ne parvenaient pas à faire rire). La défense n'a pas arrêter de vouloir les discréditer, à plaider le consentement, jusqu'à les humilier. Faisant fi du trauma psychologique ou de l'emprise de leur client, ils les ont présentées comme des profiteuses, cherchant à tenir des dommages et intérêts et même un surplus de gloire.

L'accusation n'a pas flanché, rappelant la peur qu'il inspirait et le pouvoir qu'il détenait. L'actrice Ashley Judd, harcelée sexuellement par Weinstein en 1997, a tweeté: "Pour les femmes qui ont témoigné dans ce dossier et vécu un enfer traumatique, vous avez rendu un service public aux filles et femmes du monde entier."

Ce n'est pas terminé. L'ancien producteur doit affronter un autre procès, pour d'autres agressions sexuelles, à Los Angeles. Le scénariste et réalisateur Judd Apatow lançait de son côté sur Twitter: "Ce n'est que le début pour qu'il soit jugé responsable de ses actes"

2017 dans le rétro: #MeToo, le hashtag qui a fait vaciller Hollywood

Posté par wyzman, le 29 décembre 2017

Souvent critiqué pour la lenteur de son processus, le journalisme d'investigation a prouvé en 2017 qu'il avait encore de beaux jours devant lui. En effet, il a suffi de trois articles pour dévoiler au monde entier les travers de Hollywood. Ces articles, ce sont bien évidemment ceux de Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times, celui de Ronan Farrow pour le New Yorker et enfin celui d'Adam B. Vary pour BuzzFeed.

Le pouvoir des témoignages

Si les deux premiers s'intéressent à Harvey Weinstein et donnent la parole à des victimes présumées de harcèlement sexuel, d'agressions sexuelles et de viol, le troisième évoque le cas d'Anthony Rapp. L'acteur de Star Trek Discovery y raconte la nuit où Kevin Spacey a tenté de l'agresser sexuellement. Ces articles auraient pu faire le buzz et disparaître tout aussi vite s'ils ne comportaient pas autant de témoignages de personnalités. Parmi les victimes de Harvey Weinstein, on trouve ainsi Asia Argento, Rosanna Arquette, Kate Beckinsale, Emma de Caunes, Cara Delevingne, Judith Godrèche, Romola Garai, Heather Graham, Claire Forlani, Eva Green, Jessica Hynes, Florence Darel, Mira Sorvino, Ashley Judd, Angelina Jolie, Minka Kelly, Gwyneth Paltrow, Sarah Polley, Mia Kirshner, Léa Seydoux.

Et ceci n'est qu'un aperçu des victimes les plus célèbres du producteur de Pulp Fiction et Sin City. Aujourd'hui, qui sait combien de jeunes actrices pleines de rêves ont été agressées par l'homme de 65 ans. Du côté de Kevin Spacey, son tweet d'excuses adressées à Kevin Rapp et dans lequel il fait son coming out n'a fait que confirmer ce que beaucoup dans l'usine à rêves redoutaient : l'acteur principal de House of Cards a énormément de choses à se reprocher…

L'explosion de #MeToo

A l'origine issu de l'esprit de l'activiste Tarana Burke, l'expression avait pour ambition de dénoncer les violences sexuelles vécues par les femmes noires. Nous sommes alors en 2006 et l'expression n'est qu'une phrase. Mais dans la foulée des multiples accusations portées à l'encontre de Harvey Weinstein, l'actrice de Charmed Alyssa Milano décide de transformer la phrase en hashtag et veut, par son utilisation, inciter toutes les victimes de violences à caractère sexuel à parler. Nous sommes le 15 octobre et personne n'est en mesure de prévoir ce qui va se passer par la suite.

Car ce ne sont pas quelques réponses que l'actrice de 45 ans va recevoir mais bien des milliers. Son tweet est partagé 25.000 fois et plus de 68.000 internautes lui déclarent avoir également été victimes de violences sexuelles. Mais ça ne s'arrête pas là. Le groupe d'internautes déclarant avoir été agressés comporte aussi des personnalités publiques et des figures majeures de Hollywood.

C'est ainsi le cas de Reese Witherspoon, America Ferrera, Jennifer Lawrence, Lady Gaga, Gabrielle Union, Evan Rachel Wood, Björk, Hilarie Burton, Jenny Slate, Rosario Dawson, Debra Massing, Anna Paquin, Viola Davis, LauraDern, Anna Faris, Ellen Degeneres, Pauley Perrette, Busy Philipps, etc. Quelques hommes auront également le courage d'évoquer le harcèlement et les attouchements qu'ils ont subis. On peut notamment citer Terry Crews, James Van Der Beek et Javier Munoz.

Des accusés de plus en plus célèbres

La viralité de l'hashtag est si impressionnante que très vite, ce sont d'autres noms qui commencent à faire surface. Si Harvey Weinstein a très vite été renvoyé de The Weinstein Company et Kevin Spacey a perdu son rôle dans House of Cards et sa place dans la course aux Oscars avec Tout l'argent du monde, ils sont rejoints dans la tourmente par des célébrités auxquelles on n'aurait sans doute jamais pensé.

Parmi celles-ci, on peut citer Ben Affleck, Oliver Stone, Lars Von Trier, Terry Richardson, George H.W Bush, Jeremy Piven, Brett Ratner, Dustin Hoffman, Ed Westwick, Charlie Sheen, Jeffrey Tambor, Steven Seagal, Louis C.K., Matthew Weiner, Russell Simmons, Andrew Kreisberg, George Takei, Mark Schawhn, Nick Carter, Matt Lauer, Bruce Weber, Bryan Singer, Larry King, L.A. Reid et la liste est encore longue !

A l'heure actuelle, la plus grande action collective entamée par les victimes présumées est d'appeler à modifier la législation sur le délai de prescription des viols. A côté, de multiples associations tentent de capitaliser sur l'essor de l'hashtag #MeToo pour modifier la vision que l'on a des victimes d'agressions sexuelles. Exporté dans des dizaines de pays, #MeToo a trouvé une résonance toute particulière en France où il a été transformé en #BalanceTonPorc par Sandra Muller.

Pour rendre hommage aux victimes de ces agressions, de nombreux acteurs et actrices porteront du noir à la prochaine cérémonie des Golden Globes qui se tiendra le 7 janvier prochain à Beverly Hills.