Cannes 2015: Carte postale du Mexique

Posté par vincy, le 22 mai 2015

C'est la révolution! A l'instar du cinéma roumain et sud-coréen, le Mexique s'est placé sur la carte du cinéma mondial en quelques années. Pourtant, il ne date pas d'hier. Le premier film mexicain date de 1896. La première fiction est tournée deux ans après. Mais le vénérable cinéma mexicain s'est offert une cure de jeunesse.

Avec un voisin hollywoodien encombrant, ce n'était pas forcément gagné d'avance. Le Mexique a bénéficié, avant tout, d'une immigration de talents qui fuyaient l'URSS, l'Argentine fasciste ou l'Espagne franquiste. Ainsi Eisenstein est passé par là et Bunuel s'y est installé. Dans un pays où les spectateurs appréciaient avant tout les grands mélos et les farces, l'âge d'or qui allait naître au sortir de la gueule n'était pas forcément prévisible. Pourtant, le Mexique devint le plus gros producteur de films en langue espagnole durant les années 40.

Le Festival de Cannes a ainsi sélectionné dès 1946 un cinéaste mexicain, Emilio Fernández, avec son film, María Candelaria (incarnée par la star mondiale Dolores Del Rio). La qualité technique du film impressionne déjà: ce sera l'une des marques de fabrique de ce cinéma. Evidemment, le symbole international de ce 7e art s'appelle Luis Bunuel, prix de la mise en scène à Cannes en 1951 avec Los Olvidados. D'autres grands cinéastes apparaîtront dans les décennies suivantes tels Arturo Ripstein, Alejandro Jodorowski, Ismael Rodríguez...

Mais c'est au tournant des années 2000 que le cinéma mexicain s'impose sur la Croisette. Pour ne pas parler d'invasion. Trois prix de la mise en scène (Alejandro González Iñárritu pour Babel en 2006, Carlos Reygadas pour Post Tenebras Lux en 2012, Amat Escalante pour Heli en 2013), un prix du jury pour Lumière silencieuse, toujours de Carlos Reygadas, une Caméra d'or en 2010 pour Michael Rowe et son Année bissextile (et une mention pour Reygadas en 2002 pour Japon), un Prix Un certain regard en 2012 pour Michel Franco (Después de Lucía), qui est en compétition cette année. Sans oublier le duo Gael Garcia Bernal/Diego Luna et Salma Hayek, régulièrement présents à Cannes comme réalisateur, producteur, acteur ou président/membre de jury.

Le Mexique a aussi conquis Hollywood avec Guillermo del Toro (membre du jury cette année, déjà sélectionné), et les deux oscarisés Inarritu et Alfonso Cuaron. Pourtant, le pays ne produit désormais que 70-80 films par an, et les spectateurs mexicains préfèrent largement les films venus du nord de la frontière.

Venise 2015: Alfonso Cuaron, président du jury

Posté par vincy, le 11 mai 2015

alfonso cuaron

Le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron sera le prochain président du jury du 72e Festival de Venise (2-12 septembre).  Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur montage pour Gravity, Cuaron est un habitué de la lagune puisque quelques uns de ses films ont fait leur avant-première mondiale à la Mostra: Y tu mamà tambien (prix du meilleur scénario et prix Marcello Mastroianni pour ses deux acteurs), Les fils de l'homme (prix de la meilleure image), et donc, Gravity.

Egalement producteur de films de Guillermo del Toro (Le labyrinthe de Pan) et Alejandro Gonzales Inarritu (Biutiful), Cuaron a aussi réalisé l'un des meilleurs épisodes de la franchise Harry Potter (Le Prisonnier d'Azkaban), A little Princess et De grandes espérances (adapté de Charles Dickens).

Il succède à Alexandre Desplat, dont le jury avait récompensé Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence, actuellement à l'affiche en France.

To Rome With Love: en tournant Spectre, 007 oblige la ville éternelle à se refaire une beauté

Posté par vincy, le 12 mars 2015

Généralement, les tournages de productions hollywoodiennes sont ressenties comme des nuisances par les habitants impactés. Pourtant, le tournage de Spectre, le prochain James Bond, a été plutôt vécu comme un bienfait pour les romains. La Ville éternelle a accueilli durant deux semaines les cascades de 007.

La presse italienne se fait plaisir en rapportant les avantages d'une telle production : hôtellerie, restauration, fournisseurs de matériel audiovisuel, prestataires divers et même taxes pour occupation de l'espace public (environ un million d'euros). On sait à quel point un tel tournage entraîne de très bonnes retombées économiques. Sans oublier la publicité que procurera le film pour le tourisme de la ville. Rome pourra ainsi se promouvoir avec de beaux ambassadeurs: Daniel Craig, évidemment, mais aussi la star '"maison" Monica Bellucci. D'autant que la production a promis à la municipalité de lui offrir un clip de trente secondes avec les vues aériennes de Rome prises pendant le tournage.

Cependant, le plus étonnant pour les romains est ailleurs: soudainement la capitale italienne, peu réputée pour ses investissements urbains, a fait le grand nettoyage de printemps avant l'heure. Les rues furent nettoyées, le mobilier urbain fut réparé, les graffitis et autres tags furent effacés des murs, des routes endommagées ont été reliftées à l'asphalte, des repas ont été distribués aux sans-abris... James Bond est un maire hors-pair.

Mieux, comme Linkiesta l'explique: "On raconte que les vigiles municipaux, qu'on avait eu tant de mal à réunir pour travailler le jour de l'an, se battent désormais pour assurer les veilles de nuit, alléchés par les généreuses indemnisations offertes par la production".

Mais tout n'est pas rose: James Bond a aussi causé des embouteillages insensés et des problèmes avec les résidants des quartiers bloqués à cause du tournage, même en pleine nuit.

007 quitte Rome à la fin du week-end. Direction Mexico (avec une nouvelle James Bond Girl enrôlée, Stephanie Sigman, et quelques scènes réécrites pour bénéficier du crédit d'impôts) où une station de métro sera fermée durant une semaine, puis le Maroc en juin.

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Lire aussi Un film, une ville: Rome

Cannes 2013 : Qui est Amat Escalante ?

Posté par MpM, le 18 mai 2013

amat escalante

Jusqu’à présent, la carrière d’Amat Escalante ressemble à un sans-faute. A moins de 35 ans, le cinéaste mexicain rencontre le succès partout où il passe et contribue largement au dynamisme et au renouveau du cinéma de son pays.

Il faut remonter à 2003 pour retrouver une première trace de son nom dans les registres internationaux. Il n’a pas 25 ans et présente à Berlin son premier court métrage, Amarrados, où un ado sans domicile fixe sniffe de la colle et tombe dans un cercle vicieux d’abus sexuels. Le film est récompensé et lance la carrière du jeune cinéaste.

Deux ans plus tard, il est doublement présent à Cannes. En compétition, à travers Bataille dans le ciel, le deuxième film de Carlos Reygadas dont il est l’ami et l’assistant réalisateur, et à Un certain regard, avec son propre long métrage (Sangre), justement produit par Reygadas.

Les deux films frappent les esprits et le sien repart avec le Prix de la critique internationale. Sa manière de filmer (tout en plans séquences), ses personnages (un couple au bord de l’implosion, perclus de jalousie et d’incompréhension), son regard sans fard (notamment sur les scènes de sexe) suggèrent immédiatement l’émergence d’un cinéaste atypique, dans la lignée de la nouvelle « nouvelle vague » mexicaine portée par Carlos Reygadas et Julián Hernández, soucieuse de montrer le Mexique dans toute sa complexité.

Escalante dit lui–même à propos du film : "Les différences sociales et économiques dans mon pays ont créé un déséquilibre culturel et humain flagrant. Cela engendre le désenchantement et la frustration d'une population désormais incapable de prendre en charge son propre avenir. Ces gens ont perdu toute capacité et tout désir de communiquer rationnellement avec les autres et particulièrement avec leurs proches." Tout le ferment de son cinéma est là.

Trois ans plus tard, après un passage par la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes (dans la même promotion que les Argentins Pablo Aguero et Lucia Puenzo), le réalisateur récidive avec Los bastardos, également sélectionné à Un certain Regard. Le film prend en quelque sorte le contrepied de Sangre en s’intéressant à la misère des immigrés clandestins mexicains aux Etats-Unis. Pour survivre, ses deux personnages n’ont d’autre choix que d’accepter le "travail" qu’on leur propose : exécuter une femme.

"Ce film, explique Amat Escalante, traite de la pire tragédie qui puisse arriver à un être humain ou à un pays, celle de devenir délibérément meurtrier. Je ne crois pas qu’il soit dans la nature humaine de commettre un meurtre de sang froid. Je suis persuadé que seule une dégénérescence de celle-ci peut conduire quelqu’un à cette extrémité. Je tiens absolument à différencier les meurtres de sang froid de l’auto-défense et/ou de la vengeance. Ces deux dernières formes ne sont pas les motivations premières des deux personnages du film..." Le regard qu'il porte sur notre époque, de même que son style sans concession, font une nouvelle fois froid dans le dos. Escalante, lui, creuse son sillon.

Après avoir participé au film collectif Revolucion qui célèbre les 100 ans de la révolution mexicaine, il revient à un projet plus personnel, Heli, qu’il présente comme une synthèse de ses deux premiers longs métrages. Au cœur du récit, une famille prise dans un engrenage de violence…

La sélection du film dans la course pour la Palme d’or 2013 coule plutôt de source : c’est à la fois une manière de saluer la vitalité époustouflante du jeune cinéma mexicain (doublement couronné en 2012 avec le prix de la mise en scène à Post tenebras lux de Carlos Reygadas et celui d’Un certain regard à Después de Lucia de Michel Franco) et une continuation logique pour Escalante, dont la carrière s’est jusqu’à présent jouée essentiellement sur la Croisette. S'il confirme l'essai, il pourrait bien devenir l'un de ces "habitués" de la compétition que les organisateurs du festival affectionnent tant.

Intouchables, film français le plus vu dans le monde depuis 1994…

Posté par vincy, le 10 septembre 2012


Le fabuleux destin d'Amélie Poulain a été détrôné par Intouchables, qui détient désormais le record historique du film français le plus vu à l'étranger. Selon Unifrance, le film d'Olivier Nakache et Eric Toledano a été vu par 23,1 millions de spectateurs dans le monde.

Record qu'il faut atténuer. En effet, contacté par Ecran Noir, l'organisme Unifrance précise qu'il "collecte les résultats en salles de films français depuis 1994. Toutefois un grand nombre de résultats relatifs à des titres sortis à la fin des années 1980 et au début des années 1990 a été récupéré."

Ainsi La Cage aux folles, plus gros succès en fréquentation aux Etats-Unis et d'autres films populaires comme ceux avec Belmondo, Delon, Pierre Richard ne peuvent être pris en compte. Matthieu Thibaudault, responsable des données économiques, convient qu'Unifrance est "dans l'incapacité de comparer les résultats de ce film avec les vieux De Funès à l'échelle mondiale tout comme Emmanuelle par exemple qui rassembla des millions de spectateurs étrangers en salles."

Cela n'enlève rien au "fabuleux" destin d'Intouchables. D'autant que le parcours n'est pas fini : le film doit encore sortir dans des marchés majeurs comme le Royaume Uni (21 septembre), l'Australie (25 octobre) ou la Scandinavie (novembre). Il vient de sortir au Japon. Au Mexique, le film a déjà séduit 55 000 spectateurs durant sa première semaine. En Argentine, le film a attiré plus de 90 000 cinéphiles en deux semaines. Aux Etats-Unis, le film continue d'engranger des entrées et s'approche du million. Au total le film a récolté 190 millions de $ de recettes dans le monde (bien plus que ses recettes françaises estimées à 166  millions de $).

Dans certains pays il a cartonné : en Allemagne, avec 8,6 millions de spectateurs, il est le film le plus vu de l'année ; en Espagne (2,5 millions de spectateurs), il est également le film le plus populaire toutes nationalités confondues ; en Italie (2,47 millions de spectateurs), il se situe à la 4e place annuelle ; en Corée du sud ((1,7 million de spectateurs), le film se classe 20e (et premier qui ne soit ni coréen ni américain). Intouchables est aussi le film français le plus vu aux Pays-Bas et en Autriche. Enfin, au Québec, la comédie a rapporté 2,8 millions de CAN$.

Locarno 2012 aux couleurs de l’Afrique et du Mexique

Posté par cynthia, le 4 mai 2012

Pour la 65e édition du festival de Locarno (1-11 août 2012), qui depuis soixante-cinq ans a su se forger une importante et singulière place dans le paysage cinématographique, la sélection s'annonce des plus prometteuses et audacieuses.

L'Afrique subsaharienne francophone sera à l'honneur cette année. En effet, 12 projets ont été sélectionné par l'Open Doors, le laboratoire de coproduction du festival, qui consiste a mettre en lumière des films en provenance des pays dont le cinéma est en voie de développement.

Martina Malacrida, la responsable de la section, se dit "particulièrement satisfaite de la variété et des projets proposés". Ces 12 projets ont été choisis parmi 213 candidatures de 17 pays différents. Jugés du 4 au 7 aout prochain, les réalisateurs et producteurs sélectionnés pourront avoir le privilège de participer au festival de Locarno où ils seront mis en contact avec des professionnels afin de financer leurs projets.

Parmi les réalisateurs, citons les burkinabè Idrissa Ouédraogo, présent sur la Piazza Grande en 1989 avec Grand-mère (Yaaba), et Gaston Kaboré, César du meilleur film francophone en 1983 avec Wend Kuuni (Le don de Dieu). Deux autres figures de proue du cinéma africain, le malien Cheick Oumar Sissoko et le mauritanien Abderrahmane Sissako, respectivement réalisateurs de Guimba (sélectionné à Locarno en 1995) et de Bamako (sélectionné à Cannes en 2006), participeront aussi à Open Doors.

Par ailleurs, pour l’édition 2012, le Festival se prévaut également de la contribution d’Alex Moussa Sawadogo, expert du cinéma africain et directeur du festival Afrikamera de Berlin.

Cet été la ville Suisse italienne fera sans aucun doute grimper la température... D'autant que la Carte blanche cette année sera donnée au Mexique. Cette nouvelle proposition du Festival, lancée l'an dernier avec la Colombie, permet d’offrir chaque année à un pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Europe du Sud-Est une visibilité sur des films en post-production. "Carte Blanche se déroulera le dimanche 5 août et, au terme de la journée, un jury composé de trois professionnels du secteur sera appelé à attribuer au meilleur projet un prix de 10’000 CHF, lui permettant ainsi d’achever sa production" explique le Festival. La sélection sera révélée en juillet.

La sélection Open Doors

Ailleurs (Away) de Leslie Tô (Burkina Faso)
Black Sunshine d’Akosua Adoma Owusu (Sénégal/Ghana)
De la rue à l'école (From Street to School) de Pape Tall (Sénégal)
Faso Fani, la fin du rêve (Faso Fani, the End of the Dream) de Michel K. Zongo (Burkina Faso)
Fragments de vies (Pieces of Lives) de Laza (Madagascar)
Il Faut Quitter Bamako (We've Got to Leave Bamako) d’Aïssa Maïga (Mali)
La prochaine fois, le Feu (Fire Next Time) de Mati Diop (Sénégal)
Le Président (The President) de Jean-Pierre Bekolo (Cameroun)
Lombraz Kan (Shadows of the Sugarcane) de David Constantin (île Maurice)
Nyè (The Eye) de Daouda Coulibaly (Mali)
Pakitalaki, portrait d’une famille (Pakitalaki, Portrait of a Family) d’Adama Sallé (Burkina Faso)
Toutes voiles dehors (Secret Faces) de Jean-Marie Teno (Cameroun)

Rencontres Henri Langlois 2011 : rencontre avec Arturo Ripstein

Posté par redaction, le 8 décembre 2011

arturo ripsteinInvité d’honneur des Rencontres Henri Langlois 2011, Arturo Risptein s’est présenté en conférence de presse aux côtés de sa compagne et scénariste Paz Alicia Garciadiego. Le réalisateur du Chateau de la pureté, L'Empire de la fortune, La Reine de la nuit, Carmin profond..., véritable monstre sacré du cinéma mexicain, a vite mis les journalistes à l’aise, répondant avec humour et ironie au feu nourri des questions. C’est donc une figure passionnante du 7e art contemporain qui a dévoilé son passé, ses expériences et son appréhension vis-à-vis du cinéma d’aujourd’hui…

Pourquoi les thèmes de la solitude, de la souffrance et de l’enfermement hantent-ils votre filmographie ? Pourquoi avez-vous plus d’aisance avec ces thèmes ? Est-ce pour vous le Mexique qui est comme ça ?
Quand on filme, on ne montre pas de passeport. Ce ne sont pas des films anthropologiques, sociologiques ou politiques. Je ne présente pas de portrait du Mexique. C’est inévitable de parler de ce qui nous entoure, mais l’enfermement et la solitude sont les thèmes auxquels je m’identifie le plus.

Y a-t-il donc un peu de votre solitude et de votre enfermement dans vos films, un peu de votre vécu ?
Je filme pour deux raisons. Par rancune à la réalité et par peur. Les choses qui me font le plus peur sont celles qui m’ouvrent le plus les yeux.

Filmer ces thémes vous a-t-il donc permis de vous guérir de cette peur ? Une sorte d’entreprise cathartique à travers la caméra ?
C’est comme se réveiller des cauchemars. Ils se terminent tôt ou tard et on se sent mieux. Je ne comprends pas comment on fait pour se réveiller tous les jours si on rêve avec une telle férocité. Je mène simplement mes rêves à l’écran. Parler de ces obsessions permet de s’ôter d’un poids sur nos épaules. L’église catholique la inventé, ils appellent ça la confession. Freud faisait la même chose, mais il demandait de l’argent. Les deux guérissent : on parle des choses et elles s’en vont.

A travers votre filmographie, quel message aimeriez vous laissez aux jeunes réalisateurs d’aujourd’hui ?
Aucun. Je leur recommande juste de travailler, et quand ces jeunes cinématographes me demandent des conseils, je leur réponds toujours avec la même phrase : « persister sans avoir d’espoir ».

C’est très pessimiste tout de même ?
Non, en fait c’était Alexandre de Macédoine qui avait cette inscription sur son bouclier. Et il s’en est très bien sorti !

Puisque vous êtes présents dans un festival en France, pouvez-vous nous dire quelles caractéristiques du film français vous plaisent le plus ?
C’est une question très difficile, car très vaste. Le cinéma français a été très important pour moi depuis longtemps. Ca a commencé avec « La Kermesse héroïque » de Jacques Feyder, et bien avant Méliès. C’était très fréquent lorsque je rêvais d’être réalisateur que nous puissions voir un certain nombre de films français au cinéma, notamment ceux de Robert Bresson qui ont été de gros succès ; chose qui est impensable aujourd’hui. On a découvert toute la Nouvelle Vague au Mexique dans les cinémas. Les films français ont donc été fondamentaux pour ma part car ils ont rempli mon regard de merveille. Je me souviens qu’on sortait du cinéma avec mes amis, on discutait passionnément jusqu’à 6 heures du matin, et on se disputait souvent sur ces films. Alors qu’aujourd’hui, plus personne ne se dispute sur les films.
Et comment le pouvez-vous ? Les films américains envahissent désormais tous les cinémas au Mexique. A peu prés 95% des films projetés au Mexique sont américains. Il n’y a pratiquement plus d’autres films, chose qui est regrettable.

Lire l'intégralité de la rencontre

Propos recueillis par Yanne Yager

Les 23e Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse sous le signe du Mexique

Posté par MpM, le 18 mars 2011

rencontres de cinéma d'Amérique latineLes 23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine se transformeraient-elles, le temps d'une édition, en Rencontres du cinéma mexicain ? Non, bien sûr, tant les cinématographies du continent sud-américain ont toutes leur place à Toulouse.

Toutefois, cette année, le Mexique sera particulièrement mis à l'honneur au travers de plusieurs hommages (le réalisateur Carlos Carrera, les comédiens Damián Alcázar et Gabino Rodríguez), d'un véritable tour d'horizon du cinéma local (fantastique, animation et films mettant en scène un "Mexico customisé") et de la présentation en compétition officielle de cinq longs métrages mexicains (sur les quinze sélectionnés).

Enfin, la production cinématographique mexicaine sera également très présente dans les autres sections du festival, comme le Panorama, la sélection documentaires, celle de courts métrages et la programmation jeune public. Même le ciné-concert propose un classique mexicain, El automóvil gris (1919), qui sera revisité par le DJ-producteur Maria y José !

Après la polémique sur l'année du Mexique en France, Toulouse a choisi son camp et emboîte le pas du Festival travelling de Rennes qui a très clairement pris position contre la position officielle française et notamment la décision de dédier cette année du Mexique à la Française Florence Cassez. La bonne nouvelle pour les festivaliers, c'est que la programmation a ainsi pu être maintenue. La jeune femme, elle, est toujours en prison, mais son dossier pourrait être réexaminé suite à un rebondissement judiciaire.

Mais concrètement, que verra-t-on pendant ce festival ? Des films, bien sur : environ 200, courts, longs, documentaires, fiction et animation confondus. On vous recommande par exemple le touchant et subtil Puzzle de Natalia Smirnoff, La barra d'Oscar Ruiz Navia, parenthèse contemplative et ténue dans un monde en train de disparaître , et surtout Santiago 73 post mortem de Pablo Larrain, formidable observation de la société chilienne au moment du coup d'état contre Salvator Allende en 1973, injustement passé inaperçu lors de sa sortie il y a plusieurs semaines. Et puis bien sûr il y a les inédits de la compétition, parmi lesquels beaucoup de premiers films qui réservent surprises, découvertes stylistiques et coups de coeur !

Ces dix jours sous le signe du cinéma sud-américain seront également l'occasion de rencontrer de nombreux invités comme Carlos César Arbelaéz qui ouvre la manifestation avec Les couleurs de la Montagne et Carlos Sorin à qui le festival consacre une soirée spéciale lors de laquelle sera projeté l'un de ses films les plus emblématique, Bonbon el perro.

Heureux Toulousains à qui le meilleur du cinéma d'Amérique latine tend les bras : surtout, ne le repoussez pas !

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23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse
Du 18 au 27 mars
Programme et informations sur le site de la manifestation

Le billet de Morgane : Alamar et Mundane History à Paris Cinéma

Posté par Morgane, le 9 juillet 2010

Paris Cinéma continue son petit bonhomme de chemin dans les salles obscures et la compétition révèle petit à petit ses films. J’ai eu pour le moment l’occasion de voir Alamar du mexicain Pedro Gonzales-Rubio et Mundane History de la thaïlandaise Anocha Suwichakornpong.

Ces deux films, fort différents dans leur conception même, ont tout de même un point commun?: celui de la relation entre un père et son fils. Mais si chez Pedro Gonzales-Rubio celle-ci est sublimée, chez Anocha Suwichakornpong elle est absente, inexistante et destructrice. Là où elle est au centre dans Alamar, elle se noie dans un cycle beaucoup plus large et plus grand qu’est celui de la vie dans Mundane History. L’un enchante, l’autre étonne, surprend mais abandonne le spectateur par une construction trop destructurée et qui parait non justifiée.

Et comme Alamar enchante, de par son histoire simple, sa frontière quasi invisible entre fiction et documentaire et ses paysages à couper le souffle, j’ai rencontré le réalisateur pour en savoir un peu plus sur l’origine de ce film et sa construction. Entretien avec Pedro Gonzales-Rubio.

Cannes 2010 : Abel s’impose au Mexique

Posté par vincy, le 8 juin 2010

Abel, le film de Diego Luna, présenté hors-compétition à Cannes, a réussi à séduire un public mexicain très avide en productions hollywoodiennes. Avec 233 000$ durant ses quatre premiers jours, il se classe dans le Top 10 et est le seul film national à parvenir à ce niveau de classement. C'est aussi le plus gros démarrage de l'année pour une production locale. Surtout, avec seulement 64 copies, il obtient la deuxième meilleure moyenne par salles, derrière la grosse nouveauté concurrente, Prince of Persia.
Du coup, le distributeur va lui offrir 40 copies supplémentaires à Mexico et ses alentours.