4 robots mythiques du cinéma s’exposent à Paris

Posté par vincy, le 2 novembre 2012

Le Musée des Arts et Métiers (60 rue Réaumur, Paris 3e arrondissement) vient de lancer une exposition sur les Robots. Depuis son ouverture mardi 30 octobre, elle ne désemplit pas. Vous avez jusqu'au 3 mars 2013 pour en profiter. Le directeur du Musée le concède : au-delà de la science, le robot est devenu une icône contemporaine grâce à la culture : "Ce concept a donné lieu au développement d’une mythologie débridée pendant tout le 20e siècle, inspirant la littérature, le théâtre et surtout le cinéma, de Metropolis, de Fritz Lang, à Terminator, de James Cameron, en passant plus récemment par I-Robot, d’Alex Proyas." On pourrait en citer d'autres : Wall-e, Robots, A.I., Star Wars...

Les robots semblent être nés dans l'imaginaire des écrivains et des cinéastes, incarnations essentielles des oeuvres de science-fiction, même si la réalité est en train de dépasser la fiction. Le Musée expose cependant quatre authentiques mécaniques du 7e art: le Terminator de James Cameron, R2-D2 et C-3PO de Star Wars, et bien entendu la réplique de Robotrix de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Le communiqué indique que "cette réplique a été réalisée en 1995, d’après la conception originale de Walter Schulze-Mittendorff. Le robot original était un costume qui n’a pas survécu aux rigueurs du tournage. Maria est le premier androïde de l’histoire du cinéma et reste à ce jour l’un des rares robots féminins. Son design résolument Art Déco a contribué à en faire une icône de la modernité."

Outre ce passage entre réalité et fiction, l'exposition "Et l'homme... créa le robot" démarre sous l'antiquité, passe les époques pour arriver aux automates puis aux premiers androïdes. Sans oublier les jouets, les machines productives, la cybernétique ou ceux utilisés pour parcourir la Lune, Mars ou encore plonger dans les abysses des océans (et utilisés pour les documentaires).

Toutes les informations sur le site dédié du Musée

518 000 visiteurs à la Cinémathèque française en 2011

Posté par cynthia, le 26 juin 2012

L'Assemblée générale de la Cinémathèque française s'est réunit le 18 juin dernier et a rédigé un rapport d'activités des plus fructueux concernant la fréquentation de celle-ci durant l'année dernière.

518 000 spectateurs en 2011, soit une augmentation de 35% par rapport à l'année 2010, ont été enregistrés. Les cinéphiles ont été nombreux à visiter les expositions majeures comme celle autour du cinéaste Stanley Kubrick (140 000 entrées) ou celle autour du chef d'oeuvre de Fritz Lang, Metropolis (51 000 entrées).

Grâce à ces deux évènements, les activités régulières présentes dans la cinémathèque ont connu une affluence importante, en particulier les rétrospectives dédiées à Alfred Hithcock, Blake Edwards, Roberto Gavaldòn, Nanni Moretti ou Hong Sang-soo.

Même la librairie de la Cinémathèque voit son chiffre d'affaire en progression et devient par là "un lieu de référence pour les cinéphiles".

L'Assemblée générale a aussi changé une partie de son conseil d'administration.

Cette année le mandat de neuf administrateurs arrivaient à échéance. Ont été élus : le cinéaste Olivier Assayas, l'actrice Nathalie Baye, l'exploitant Bruno Blanckaert (le Grand Rex), le scénariste Jacques Fieschi, les réalisateurs Laurent Heynemann et Jean-Paul Rappeneau, l'actrice-réalisatrice Tonie Marshall, le documentariste Nicolas Philibert et enfin l'acteur et metteur en scène Denis Podalydès. Ils rejoignent les 9 autres administrateurs (dont le manda s'achèvera en 2014) : Jean-Michel Arnold, Laurence Braunberger, Serge Bromberg, Denis Freyd, Costa-Gavras, Pierre Grunstein, Martine Offroy, Sophie Seydoux et Alain Sussfeld.

L’instant vintage : La restauration donne une seconde vie aux films

Posté par Benjamin, le 30 octobre 2011

Ce n’est que dans les années 1930 que des personnalités du cinéma telles qu’Henri Langlois se sont mobilisées pour sauver les richesses du cinéma muet. Les cinémathèques à travers le monde se sont créées (la Cinémathèque française, en 1936, fut l’une des dernières, bien après l’Allemagne, le Royaume Uni ou les Etats-Unis) pour, d’une part, stocker ces films, et d’autre part, les projeter et leur donner une seconde naissance.

Car après tout, le but de la conservation et de la restauration est d’apporter un regard nouveau sur une œuvre plus ou moins datée. Lorsque le festival de Cannes organise la projection du Guépard, d’Orange mécanique ou même du Sauvage en version restaurée, il soumet ces films au jugement du temps. Ont-ils passablement vieilli ? Ont-ils au contraire gardé (ou amplifié) la force qu’ils possédaient à leur sortie ? Sont-ils toujours des classiques que le temps n’effleure même pas ?

La restauration met les films à l’épreuve. C’est un second jugement, un second regard car, dans l’art comme dans toutes choses, il faut souvent y regarder à deux fois. Combien de films ont été massacrés lors de leur sortie pour être auréolée 20 ans plus tard (Citizen Kane en est un parfait exemple). Mais aussi combien de films subissent le sort inverse ? Ils sont, lors de leur première diffusion, jugée, perçue comme une œuvre agréable et ils souffrent cruellement aujourd’hui des années qui leur sont passées dessus. Et ce film qui était alors autrefois un succès n’est plus que le témoin de cette époque résolue. On le regarde en souriant. Ces défauts deviennent comiques mais il ne faut pas le jeter ou le détruire pour autant. Et la restauration, grâce aux recherches des restaurateurs, permet enfin de découvrir des versions inédites de chefs d’œuvres, comme Metropolis pour ne citer que lui qui a gagné près de 30 minutes (pas inutiles) de métrage !

Les films restaurés sont aussi un musée des souvenirs, ils revêtent un costume qu’on ne leur connaissait pas. Par exemple, un film que l’on juge mauvais peut avoir un intérêt historique, être le témoin privilégié, la transmission vers la postérité d’une ville, d’un métier, d’un trait d’époque qui n’existe plus. Le film se pare d’une valeur historique et/ou sociologique. Il nous informe également sur une façon de faire du cinéma qui n’est certainement plus la même aujourd'hui. La version restaurée inédite du Voyage dans la lune de Méliès, coloriée au pochoir, nous apprend que le cinéma en couleur existait dès les années 1900 mais qu’il fallait pour cela que les artisans du cinéma peignent à la main chaque carré de pellicule !

Grâce à la restauration, c’est aussi le jugement critique qui peut être mis de côté pour ne faire ressortir que le simple plaisir de voir un film un brin provocateur pour son époque, un cartoon des premiers temps ou les premières actualités filmées. Le cinéma est un œil braqué sur le monde. Il a mille fonction mais toujours le même objectif : divertir. La critique perd alors un peu de son sens (éclairer le spectateur) pour ne devenir qu'un reflet déformant, souvent valorisant.

En restaurant les tout premiers films de Chaplin, Losbter Films, la Cinémathèque de Bologne et le British Film Institute donnent à voir la naissance pour ne pas dire la création de Charlot ! Ce n’est pas rien. Ces films de 1914 nous offrent une connaissance plus approfondie de ce qu’était le cinéma burlesque à cette époque, de la position de Chaplin et de son développement artistique en une seule année. Mais aussi de précieuses informations sur les techniques de réalisation, de montage, de production, etc. Il y a une foule de détails dans ces films ! Un spectateur lambda appréciera les gags un peu grossiers et le rythme haletant de ces comédies Keystone.

Serge Bromberg, célèbre restaurateur admiré de tous, désire que le spectateur regarde ses films avec son âme d’enfant. La restauration doit aussi ramener cela : le simple et pur plaisir du spectateur qui se prélasse devant un film, et peu importe sa date de production tant qu'il reste une copie, même abîmée. Car après tout, il n’y a que la contemplation qui compte.

Il ne faut pas oublier ce conseil d’Henri Langlois : « tout conserver ! » Pour cela Ecran Noir a décidé de consacrer une rubrique dédiée à ces films "vintage" sur son blog. En parler comme on parle des autres films. Ce n'est pas seulement faire revivre le patrimoine, c'est aussi le rendre indispensable à nos mémoires.

Car, malheureusement, la place manque pour la conservation et la restauration ne rapporte pas d’argent, malgré les re-sorties en salles souvent réussies et des DVD bien soignés. La VOD/VàD reste un modèle économique à suivre pour rentabiliser les coûts.

Elle n’est nourrie que par le temps et la passion de certains cinéphiles. Si vous trouvez un film chez vous, chez votre voisin, une pépite ou une pellicule, quelque chose qui pourrait être intéressant, n’hésitez pas à le signaler car il peut être sauvé et diffusé au plus grand nombre. Ces films sont comme les trésor des pirates enfouis : la quête devient inestimable...

Metropolis retrouve sa splendeur originelle et s’expose à la Cinémathèque

Posté par MpM, le 20 octobre 2011

A l'échelle du cinéphile, c'est un petit miracle. Metropolis, dont chacun connaît l'histoire mouvementée (des pans entiers du film avaient disparu suite au 2e montage imposé par les distributeurs de l'époque, puis retrouvés en 2008 grâce à la découverte d'une copie argentine complète), est de retour à Paris, dans une version restaurée et flamboyante, presque identique à celle souhaitée par Fritz Lang en 1927. Et de ce fait, à la fois plus compréhensible et surtout plus impressionnante.

Bien sûr, le métrage conserve à jamais les traces des mutilations passées (la copie retrouvée était un contretype négatif 16mm, donc de qualité inférieure), mais il n'en a pas moins retrouvé une force d'évocation et une puissance visuelle suffisantes pour laisser bouche bée les spectateurs de 2011, pourtant gavés à la science fiction ultra spectaculaire. Il faut dire que la fluidité du film, l'adéquation entre les images et la musique exceptionnelle de Gottfried Huppertz, ainsi que la démesure des décors, apportent à Metropolis une modernité saisissante, confirmant son statut de chef d’œuvre futuriste et atemporel. On y retrouve non seulement des éléments qui ont influencé des générations de cinéaste, mais également une qualité de production artistique désormais exceptionnelle.

La première française du film (plus d'un an après sa projection en ouverture de la 60e Berlinale), s'est tenue mardi soir à la cinémathèque Metropolisfrançaise, lors de l'inauguration de la grande exposition que la Cinémathèque consacre à l'histoire de Metropolis, et en présence de Micheline Presle (qui a tourné avec Fritz Lang dans Guérillas en 1950) et de Jeff Mills, mais surtout d'une foule de spectateurs allant de 8 à 88 ans. Pour l'exposition, qui se tient jusqu'au 29 janvier prochain en partenariat avec Groupama, grand mécène de la Cinémathèque, l'affluence était même telle que de longues files se sont formées sous la pluie à l'entrée du bâtiment. Mais une fois l'attente passée, la récompense était là : photos de tournage, pages du scénario, partition, reproduction de costumes, projets de décors et de maquettes, extraits... C'est toute l'aventure Metropolis qui défile sous les yeux du visiteur, agencée par "espaces" faisant références aux différents lieux du film (la cité moderniste, la ville ouvrière, les catacombes... )

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La Cinémathèque française, voyages à Métropolis et chez Tim Burton

Posté par vincy, le 28 août 2011

Pour l'année 2010/2011, la Cinémathèque française va nous en mettre plein les yeux. Après le triomphe de l'exposition Stanley Kubrick (un record de 140 000 visiteurs!), la Cinémathèque proposera des voyages autour du monde : USA, Italie, Japon, Outre-mer, Estonie, Japon, Hong Kong, Israël, Egypte, Argentine,...

Voici un choix non exhaustif et subjectif de la part de la rédaction : les 7 événements à ne pas manquer.

Blake Edwards (24 août -17 octobre) : le prince de la comédie américaine élégante récemment disparu (voir actualité du 16 décembre 2010)a les honneurs d'une rétrospective, qui voit défiler la Panthère rose, Boire et déboires, The Party, La grande course autour du monde, Le jour du vin et des roses, S.O.B., Victor Victoria et le mythique Diamants sur canapé.

Shirley Maclaine (29 août - 5 septembre) : hommage à l'une des reines du cinéma américain, conjointement à celui du Festival de Deauville. La soeur de Warren Beatty reste l'une des rares comédiennes à avoir su traverser les époques. Au programme, Bienvenue Mister Chance, Comme un torrent, La garçonnière, Irma la Douce, Mais qui a tué Harry? (un Hitchcock délicieux), Tendres passions, La rumeur...

Metropolis (19 octobre -29 janvier) : le film culte de Fritz Lang avait fait l'objet d'une projection en plein air Porte de Brandebourg lors de la Berlinale 2010. Voici l'exposition qui était, à l'époque, au Musée du cinéma de Berlin, à la fois making of du film et de sa restauration. A cela s'ajoutera une rétrospective Fritz Lang, des conférences (dont l'une sur l'invention du décor), une lecture, un cycle Cités futuristes (d'Akira à Total Recall), une sortie DVD de Metropolis et deux livres (Fritz Lang au travail, Metropolis). / voir aussi notre actualité du 13 février 2010

Steven Spielberg : avec deux films cette année, la Cinémathèque ne pouvait pas passer à côté du cinéaste. Pour Cheval de guerre, une rétrospective, qui sera inaugurée en sa présence, est prévue. Spielberg lancera ainsi les festivités de ses 40 ans de cinéma (Duel), en attendant un livre-anthologique prévu avant l'été.

Alain Cavalier : le succès de Pater légitime d'autant plus le cycle qui lui sera consacré au printemps. Le cinéaste libre fera une "conversation informelle" avec les cinéphiles et permettra de (re)découvrir ses oeuvres intimes souvent passées inaperçues, mais aussi ses films "plus classiques" qui ont bâti sa réputation. Il sera là tous les jours pour dialoguer avec le public.

Tim Burton (7 mars 2012) : première étape de la tournée mondiale de l'exposition lancée au Museum of Modern Art de New York avec succès (700 000 visiteurs!), "L'art dans tous ses états" sera l'un des événements culturels de l'année. Toutes les facettes de l'artiste seront dévoilées : photographe, illustrateur, scénariste, ... le décor sera encore au coeur de cette exposition phare qui revisitera ses films et son univers. Une Master class avec Burton est programmée, en plus de l'intégrale des films et d'une carte blanche!

Bernardo Bertolucci : l'un des derniers géants du cinéma italien mérite cette rétrospective. En sa présence, "il maestro" reviendra sur cet itinéraire peu conformiste, son engagement politique et social... il parlera aussi sans doute de son nouveau film en 3D, moins d'un an après sa Palme d'or d'honneur à Cannes (voir actualité du 11 mai 2011).

et aussi : la France de l'outre-mer au cinéma, le cinéma fantastique français, les 100 ans du cinéma estonien, un hommage à Nanni Moretti (en sa présence), la musique de films avec Gabriel Yared, une rétrospective Robert Altman, une histoire du cinéma égyptien, un cycle Kiyoshi Kurosowa, Serge Daney... et un colloque international sur le cinéma numérique les 13 et 14 octobre ("Quel avenir pour les Cinémathèques?").

Festival Cinéjunior : l’animé japonais à l’honneur avec Osamu Tesuka (1928 – 1989)

Posté par Claire Fayau, le 2 février 2011

La 21e édition du festival Ciné Junior du Val de Marne a pour thématique la littérature jeunesse portée  à l'écran (romans, BD ... ) .

Dans ce cadre, le festival a eu la bonne idée de rendre hommage  au  Japonais Osamu Tesuka en projetant  deux de ses créations Léo roi de la jungle et le futuriste  Metropolis (rien à voir avec le film de Fritz Lang).

Diplômé de l'université de médecine d'Osaka, Osamu Tesuka débute dans le manga après la Seconde Guerre Mondiale avec Le Journal de Mâtchan et obtient son premier succès dès l'année suivante avec La Nouvelle île au trésor. Dès lors, il  partage sa carrière entre  mangas et  films d'animation. Parmi ses réalisations les plus célèbres, citons le fameux "Astro Boy" : Astro, le  robot qui ressemble  à un petit garçon, est une sorte de Pinocchio avec une sensibilité manga... Un tel succès que de nombreux adulescents regardent encore aujourd'hui le dessin animé de leur enfance !

Un remake d'Astro a d'ailleurs été réalisé en  2009, avec des effets spéciaux ad hoc et la voix de Freddie Highmore (le visage de Charlie  dans Charlie et la chocolaterie, la voix d' Arthur 1, 2, 3 dans les séries Arthur de Luc Besson) .

Le pendant féminin  d'Astro pourrait être la jeune androïde Tima de Metropolis (Rintarô / 2001),  au visage d'ange mais au corps bionique. Chez Osuka, l'innocence peut rimer avec force insoupçonnée,violence, pouvoir de destruction et désillusions... Ce n'est donc pas pour les touts-petits, comme bon nombre de mangas japonais.  Selon le festival, le film n'est visible qu'à partir de douze ans.

En revanche, Léo, roi de la jungle, peut se voir dès l'âge de  six ans. L'histoire a des airs de Roi  Lion de Disney (1994), les deux oeuvres s'inspirant d'Hamlet de Shakespeare ... Si le film de  Yoshio Takeuchi (CobraCat's Eyes) que vous allez voir  est sorti trois ans après Le Roi  Lion, la version de Tezuka est bien plus ancienne que le hit de Disney. Son manga date en effet de 1951, et la première adaptation en séries télévisées animées a commencé en 1965. Les fans ont même fait remonter une pétition à Disney pour se plaindre que le studio américain n'avait pas demandé l'autorisation pour s'inspirer de Tezuka. Lettre morte jusqu'en  2001, où Disney a enfin consenti à des excuses publiques ! Les futurs et les anciens fans peuvent visionner et écouter le générique de début du dessin animé (en français).

Citons aussi parmi les oeuvres (pêle-mêle) du mangaka : L'Histoire des trois Adolf, Phénix, Black Jack, La vie de Bouddha...

Honneur suprême,  un  prix Tezuka a été créé en 1971  pour récompenser les mangakas les plus talentueux.

Pour conclure, nous vous avons déniché l'auto portrait du maître . On n'est jamais mieux servi que par soi-même !

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Plus d'informations : Retrouvez toute la programmation en ligne !

La comédie du travail au programme des 11è Journées Cinématographiques Dionysiennes

Posté par Claire Fayau, le 25 janvier 2011

Les Journées cinématographiques dionysiennes , "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?"  se tiendront au cinéma l'Écran de Saint-Denis du 2 au 8 février 2011.

Le thème et le titre officiel de cette année sera "La comédie du travail" avec Luc Moullet en (saint) patron. Logique, le cinéaste avait réalisé un film en 1987 qui portait ce nom : à l'époque il en parlait ainsi (et rien n'a changé depuis) : "Parfois, pour mieux vivre, les gens s'accrochent à leur "métier" de façon névrotique, donnant une aura exceptionnelle à l'insignifiant. C'est peut-être la forme suprême de l'aliénation. Cette situation, et cette contradiction, tragiques en soi, révèlent aussi, surtout si l'on confronte les modes très variés de réactions face à ce dilemme, une part considérable de comique." Voilà pour la note de service.

Ces 11èmes journées vous embauchent pour (re)découvrir le monde du travail, à  travers  une programmation de films et de rencontres autour d'Aki Kaurismäki, Jean-Claude Brisseau, Benoît Delépine, Yolande Moreau, Rabah Ameur-Zaïmeche, Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, Marcel Hanoun, Cécile Decugis, Marcel Trillat, Jean-Pierre Léaud, HPG ( les travailleurs du sexe ne sont pas tous des glandeurs) … N'oubliez pas de pointer !

Cinq rendez-vous à noter sur votre agenda :

  • Hommage à  Aki Kaurismäki
  • Carte blanche  à Luc Moullet ( La comédie du travail, Toujours  moins) en sa présence et les rencontres avec des artistes cités ci- dessus.
  • Tables rondes : "L’écran gréviste" et "les images à la chaîne"
  • ciné-concert Métropolis de Fritz Lang (version longue et inédite) par Murcof
  • Nuit "Japon : quartiers des plaisirs"

Les films  à voir  (sélection) :

Ailleurs, Lixin Bao ; Ariel /Shadows in paradise/La Fille aux allumettes,  A.Kaurismäki ; La Classe ouvrière va au paradis, E.Petri ; Chemin d'humanité, M.Hanoun ; Dionysos, Jean Rouch ; Le Direktor, Lars Von Trier ; La Comédie du travail, Luc Moullet ; Toujours moins, Luc Moullet ; The Molly Maguires, ( VF : Traître sur commande),  Martin Ritt ; Pain et chocolat , Franco Brusati ; La Terre tremble, Luchino Visconti

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Pour en savoir plus, le site officiel : www.estceainsi.fr

Berlin 2010 : La résurrection de Metropolis

Posté par vincy, le 13 février 2010

metropolis_berlin10.jpgIl avait beau faire froid, la neige imprégnant son humidité à travers les semelles, un bon millier de Berlinois et d'étrangers sont venus découvrir un film vieux de... 83 ans en plein air. Métropolis, de Fritz Lang. La toile blanche couvrait la Porte de Brandebourg. Cinéma de plein-air monumental, avec les invités de l'Ambassade de France (au chaud), aux premières loges. Jeunes ou vieux, attentifs ou l'esprit bon enfant, l'événement fera date dans la Berlinale, qui avait organisé cet happening, en plus des traditionnelles projections de presse et de gala (où l'orchestre interprétait en direct la partition d'origine composée par Gottfried Huppertz. La Berlinale recréait ainsi les conditions de la première mondiale du film, le 10 janvier 1927 à Berlin (au cinéma berlinois Ufa-Palast am Zoo).

Vendredi 11 février à 20h, le projecteur éphémère lançait sa première "bobine" tandis que le son enregistré par 'orchestre symphonique de la Radio de Berlin, jouait la partition qui accompagne le film muet de 1927, réalisé par l'immense Fritz Lang. Outre qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre épique, Metropolis est une somptueuse synthèse allégorique où le progrès se confronte aux dogmes et à l'espérance des Hommes. Sa narration, très ambitieuse pour un film de l'époque, lui donne encore un aspect "moderne" et en fait une oeuvre atemporelle. Surtout,il fut le premier grand film de science-fiction de l'histoire du cinéma (si l'on excepte les Méliès).

L'événement n'était pas seulement de voir ce film dans un cadre aussi singulier. Il s'agissait surtout de la renaissance d'un film grâce à la découverte de 26 minutes de pellicules qu'on croyait disparues. La quasi-totalité des scènes manquantes ont été retrouvées en juin 2008 en Argentine. Lorsque la fondation Friedrich Wilhelm Murnau, propriétaire des droits du film a annoncé que "presque toutes les scènes qui manquaient jusqu'à présent ont été retrouvées dont deux grandes scènes importantes" . Une pellicule 16 millimètres a été découverte chez un particulier par des collaborateurs du musée du cinéma de Buenos Aires.  "Grâce à cette découverte sensationnelle" et en dépit de la mauvaise qualité des images, le film pouvait retrouver sa durée originelle. Paramount, producteur du film avait en effet, par la suite, largement amputé l'oeuvre, afin d'en simplifier l'histoire. Le studio avait retiré un quart de sa durée par un nouveau montage qui en obscurcissait l'intrigue. En fait cette mutilation (le film fait 4 189 mètres de longueur) était due à un énorme flop. Quatre mois de présence dans une salle sans succès. On le raccourcit alors à 3 241 mètres pour la sortie nationale.

Metropolis avait été assassiné par la critique (et par H.G. Wells, au passage) et boudé par le public. Oeuvre incomprise, devenue culte et source d'inspiration de Kubrick, Lucas, Scott et Cameron, il a été le premier film à avoir été inscrit sur le Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO, dans sa version transformée. On considérait que les scènes manquantes avaient été disparues. En 2002 une version numériquement remastérisée (et reconnue comme l'une des meilleures restauration cinématographique de la décennie) avait été réalisée, accompagnée de fiches résumant aux spectateurs les scènes manquantes.Un DVD de cette version intégrale (145 minutes) va être prochainement disponible. metropolis2_berlin10.jpg

C'est donc un véritable miracle cinématographique qui eut lieu lorsqu'on retrouva les négatifs manquants.  On a pu admirer hier l'imposant travail de Fritz Lang (quatre ans avant M le Maudit). Incroyable production qui dura deux ans et employa jusqu'à 37 000 figurants, elle coûta 5 millions de marks (150 millions d'euros actuels) de l'époque dans une Allemagne qui ne parvenait pas à se remettre de la première guerre mondiale.

Ecran Noir vous offre quelques courts films pour revivre la soirée du 12 février. Pardon pour les tremblements (le froid) de l'image. Si vous passez à Berlin, ne manquez pas, en plus, l'exposition "The Complete Metropolis" au Musée du cinéma et de la Télévision, jusqu'au 25 avril, avec 200 objets (caméras, pages du scénario, décors en trompe-l'oeil, extraits de la partition de la musique du film ...)

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Ecran Noir, en direct de la Porte de Brandebourg

Extrait 1

Extrait 2

3 autres extraits à venir durant le week-end...

Festival « Filmer le travail »: l’initiation…

Posté par Benjamin, le 6 novembre 2009

La ville de Poitiers, déjà fréquentée chaque année par les Rencontres Henri Langlois dont Ecran Noir est partenaire, s'arme cette semaine d'un nouveau festival intitulé "Filmer le travail".

Du 3 au 8 novembre, le festival présente une sélection "internationale" (le terme est mis volontairement entre guillemets pour porter l'évènement à une échelle importante, la grande majorité des films présentés étant français) avec la présence des réalisateurs qui viennent parler, voire débattre de leurs films; un colloque autour d'un sujet précis ("Images du travail, travail des images") et des rétrospectives, des projections de films connus (ou méconnus) de cinéastes plus que confirmés: un hommage est rendu aux premiers films de Ken Loach par exemple ou encore à la trilogie "Profils paysans" de Raymond Depardon.

Parmi les films en compétition étaient projetés mardi, en début d'après-midi, deux films, l'un d'une durée de 63 minutes, l'autre de 16 minutes.

Le premier film a pour titre L'initiation et est réalisé en duo par Boris Carré et François Xavier Drouet (tous deux absents). Le film suit un groupe de jeunes qui, le temps d'un week-end, vont préparer l'épreuve des concours d'entrée en école de commerce. Un entretien de personnalité. Dans un bel hotel entièrement mis à leur disposition, des formateurs vont leur apprendre à devenir les meilleurs.

Sans se préoccuper de la lumière, sans rechercher le moindre effet de style, les deux réalisateurs se contentent de suivre les différents protagonistes, filmant souvent de front la personne concernée. Il en résulte une prise directe avec les dires, et ceux notamment du formateur "en chef". Un chef d'entreprise qui vend la méthode à l'américaine, qui critique la vieille France et qui vante la culture du winner. Son entrain fait sourire mais ses propos effraient et accablent, surtout lorsqu'il apprend à ces futurs cadres supérieurs comment licencier le petit personnel pour garder le bateau à flot. Individualisme forcé, culture du meilleur, écrasement des autres. Certainement le capitalisme dans toute sa splendeur.

Comment j'ai quitté TBWA de Boris du Boullay (également absent mais présent en fin de semaine) vient se placer à l'opposé de L'initiation. Il prend le problème de face et donne à voir un film frappant et tout à fait singulier. Jour après jour, matin après matin, soir après soir, Boris du Boullay se filme avec son téléphone portable sa propre image dans le miroir de son ascenseur. Dans le même temps, en voix-off, il livre son état lamentable qui pourtant ne cesse de se dégrader. Rongé par son entreprise, diminué par le poids des responsabilités, il perd son dimanche et sa vie sociale. Il ne vit plus.

Le film est bref et percutant mais son procédé qui fait son originalité s'essouffle dans la longeur et son propos donc perd en puissance.

Deux films très différents mais qui, au fond, donnent à penser un même constat: on continue à donner sa vie pour son travail. Dommage cependant que les curieux ne fussent pas plus nombreux.

La version étendue de Métropolis attendra Berlin

Ce soir (le jeudi 5 novembre), il nous est permis de (re)découvrir l'un des plus célèbres chefs d'oeuvres de Fritz Lang (tout aussi absent que les autres d'ailleurs !), Metropolis. A noter que, bien qu'une version du film plus longue de 25 minutes fut découverte en juillet 2008 à Buenos Aires, c'est la version de deux heures (modelée dans les années 90) qui nous fut présentée. Un des professeurs de cinéma de l'université de Poitiers, qui présentait le film, s'est chargé de le spécifier. Il a rappelé également les nombreux niveaux de lecture que le film offrait, qu'il soit socialistes, religieux, politique voire même fascistes pour certains ! Un film qui, ajourd'hui encore, nourrit une certaine controverse.

Le festival pour cette soirée spéciale, a tenu à projter aux spectateurs le film dans le cadre d'un ciné-concert et, avec donc, un accompagnement au piano de Jacques Cambra (un habitué de ce genre d'évènements puisque depuis 1997, il accompagne de façon régulière les films muets au piano) qui, rien que pour nos oreilles, s'est prêté au jeu de l'improvisation. Et une fois, les petits problèmes techniques réglés, la musique de Cambra peut aller se frotter au gigantisme du film de Lang. Parfois pris au dépourvu par les changements de plans et de rythme du film, le pianiste n'en perd jamais pour autant le fil de sa création. Et le public, venu nombreux, peut se délecter de ses flamboyances musicales qui accompagnent si parfaitement les intensités dramatiques de Metropolis. Une expérience à la fois sonore et visuelle qui réconcilie les plus réticents avec le cinéma muet et qui rapproche le public de l'oeuvre, véritablement intemporelle.

"Filmer le travail" est un premier festival timide mais dont l'intérêt porté par les spectateurs est certain. Il ne lui reste plus qu'à poursuivre sa route jusqu'au 8 novembre, pour revenir l'an prochain, plus hardi et plus étoffé pourquoi pas.