Venise 2019 : Noah Baumbach, Steven Soderbergh, David Michôd et Netflix

Posté par kristofy, le 4 septembre 2019

L'année dernière, le Lion d'or du Festival de Venise avait été décerné  à Roma d'Alfonso Cuaron (qui aura ensuite quelques Oscars), soit pour le première fois une récompense de catégorie A pour un film uniquement diffusé sur la plateforme Netflix, sans qu'il puisse être vu par le public dans les salles de cinéma. Venise, contrairement a Cannes,  est encore cette année une vitrine promotionnelle pour Netflix, quitte a faire grincer des dents les exploitants...

Le directeur artistique Alberto Barbera expliquait dans Le Film Français: "Si Netflix propose un film, je ne vois pas quelles pourraient être les raisons de le refuser hormis sa qualité. Ce sujet est pour le moment d’actualité mais dans deux ou trois ans tout aura changé. C’est déjà, d’une certaine manière, une problématique du passé. Il est vrai toutefois qu’il y a un problème entre les circuits de salles et les plateformes. Mais on ne peut pas demander à un festival de prendre en charge un problème qui fait partie de l’industrie du cinéma dans sa globalité."

Dans Libération, François Aymé, président de l'Association française des cinémas Art et essai, répliquait que la Mostra faisait une erreur historique: "A Cannes, il y a deux ans, nombre de commentateurs considéraient que la présence de Netflix dans les grands festivals «sans conditions» faisait partie du «sens de l’histoire», comme si c’était un impératif, que tout était écrit d’avance et que la logique libérale non régulée devait forcément s’imposer. En 2019, pourtant, revirement de ces mêmes commentateurs qui considéraient que la sélection de Cannes (sans Netflix) était la meilleure depuis des années."

Face à la dictature de l'algorithme, qui parait-il renvoie Roma aux oubliettes et place Meryl Streep au centre de tout, Venise opte pour un non-débat. Deux films sont ainsi sélectionnés en compétition officielle : Mariage Story de Noah Baumbach (avec Adam Driver et Scarlett Johansson) et The Laundromat de Steven Soderbergh (avec Meryl Streep et Gary Oldman), et hors-compétition, The King de David Michôd (avec Timothée Chalamet, Joel Edgerton, Sean Harris, Ben Mendelsohn, Lily-Rose Depp, Robert Pattinson...). Ces cinéastes tout comme ces casting sont prestigieux, mais ces films ne seront visibles qu'en étant abonnés à Netflix. Le cinéma reproduit ainsi le business model des séries exclusives, devenant des fictions unitaires de longue durée.

Mariage story de Noah Baumbach, avec Adam Driver et Scarlett Johansson

Le début du film est particulièrement enthousiasmant avec chacun des personnages décrivant les petits défauts mignons et les grandes qualités de l'autre. Cela pose à la fois leur relation, en même temps que le sujet : ce couple va se séparer. On y retrouve le ton qui fait la particularité des meilleurs films passés de Noah Baumbach (en fait sa période 2005/2013 avec Les Berkman se séparent, Margot va au mariage, Greenberg, Frances Ha), mais malheureusement on se retrouve aussi face à une œuvre de qualité très inégale à l'instar des déceptions de ses films suivants (While We're Young, Mistress America, The Meyerowitz Stories déjà une production Netflix). Ce Mariage Story contient pourtant son lot de bonnes séquences amusantes, mais la moitié de l’histoire  se fourvoie dans le type de ‘film de combat d’avocats’ qui plombe l'ensemble. Les personnages de Scarlett Johansson et Adam Driver sont traités à égalité, jusqu’à avoir chacun une scène chantée (Driver repoussera la chansonnette dans le prochain Léos Carax, calé pour Cannes 2020). Ils sont tous les deux très bons individuellement, mais leur jeu est un peu moins convaincant dans leurs scènes communes. L’histoire aurait été en partie nourrie pour certains scènes par les divorces respectifs de Baumbach et Johansson, cette chronique d'un couple qui se sépare - en souhaitant que ça se passe au mieux pour l'autre - va se compliquer parce qu'ils vont se retrouver géographiquement à l'opposé (lui voulait rester a New-York, elle revient près de sa famille à Los Angeles). Le coût des dépenses pour venir régulièrement passer du temps avec leur enfant devient un enjeu... Si Adam Driver impressionne beaucoup (il est plutôt victime de la situation), on imagine que le film n'aurait pas été un énorme succès en salles. Tant mieux pour Netflix qui peut viser quelques nominations aux Oscars.

The Laundromat de Steven Soderbergh, avec Meryl Streep et Gary Oldman...

C’est la grande déception des films en compétition, au point de supposer qu'il a été sélectionné parce que cela permettait d’amener Meryl Streep et Gary Oldman sur le tapis rouge. Peut-être symptomatique d’une relation trop privilégiée entre Venise et Netflix. Des stars, le sujet de l’affaire des ‘Panama Papers’, Steven Soderbergh à la réalisation : tout était attirant sur le papier, mais c’est douloureusement raté. La caution Soderbergh a permis un casting de grands noms mais il y font pâle figure : Meryl Streep joue une candide un peu ridicule qui sert de fil rouge à l’ensemble du puzzle, Gary Oldman et Antonio Banderas se retrouvent là à faire les narrateurs de luxe du récit, Matthias Schoenaerts est venu se montrer le temps d’une séquence, Jeffrey Wright assure sa petite partie.

En fait, ce sont tout les autres noms pas connus qui relèvent le niveau. The Laundromart est structuré comme un film à sketchs (l'influence du film argentin Les nouveaux sauvages) avec une suite de différents courts-métrages reliés ensemble. Meryl Streep perd son mari noyé lors d’un accident de bateau, mais elle n’obtient pas de grosse compensation financière car l’assurance avait été rachetée par une autre compagnie, elle-même dépendant d’une autre société cachée : le film évoque là les montages de sociétés-écrans liées à d’autres sans aucune possibilité d'identifier un véritable responsable. Le film évoque certaines formes juridiques de compagnie (de type trust, holding, off-shore...) domiciliées dans des iles faisant office de paradis fiscaux, et s’attarde sur une en particulier, qui utilise le même nom sur des milliers de formulaires pour que ses clients restent anonymes. En fait peu de choses relie ce film aux ‘Panama Papers’, sauf à montrer que plein de gens utilisent ce système pour une évasion fiscale condamnable (à ne pas confondre avec le plus acceptable 'optimisation fiscale'). Parmi ces gens se trouvent autant d'individus louches (trafiquants de drogues, oligarques russes…) que de millionnaires américains qui financent les campagnes électorales. The Laundromart aligne surtout différentes historiettes fantaisistes autour de plusieurs personnages et leur rapport avec l’argent (un père de famille qui propose des bons au porteur à sa fille en échange de son silence à propos de son infidélité à sa mère, des chinois qui contournent des lois pour investir à l’étranger), le tout sous une forme de vaste farce. La première image du film indiquait pourtant avec un certain humour ‘based on actual secrets’, promesse non tenue, diffusion hors salles de cinéma et uniquement via Netflix. Logique. Le film peut cartonner côté algorithmes.

The King de David Michôd, avec Timothée Chalamet, Joel Edgerton, Sean Harris, Ben Mendelsohn, Lily-Rose Depp, Robert Pattinson...

Au 15ème siècle, les Anglais sont en guerre contre les écossais, et le roi Henri IV, malade, se meurt. Il désigne le cadet de ses deux jeunes fils pour lui succéder, mais celui trouvera vite la mort pour avoir voulu s'imposer sur un champs de bataille. L'autre fils, l'aîné, qui d'ailleurs ne voulait pas vraiment être roi et qui se gardait à distance de la cour, va alors devoir être couronné sous le nom d'Henry V, incarné par Timothée Chalamet, le héros du film (et la star montante du moment). Entre intrigues de palais avec les religieux, ses conseillers, son fidèle compagnon d'antan, et surtout ce qui semblent être des provocations en provenance de la France, il va devoir réagir et agir : une guerre avec le royaume de France va commencer... The King coécrit par les australiens David Michôd et Joel Edgerton s'inspire à la fois de la pièce Henri IV de Shakespeare, de recherches historiques et d'inventions scénaristiques pour un gros film médiéval conduisant à une bataille épique avec une centaine de figurants dans la boue. Le film évoque les coulisses de la royauté aussi bien que des stratégies de guerre, mais c'est aussi une réflexion sur le pouvoir et son usage. Pour le coup, c'est dommage que The King soit réservé aux abonnés Netflix car le film aurait mérité d'être vu sur les grands écrans des salles de cinéma... A défaut, il peut lui aussi viser quelques Oscars et contribuer à la notoriété de Chalamet.

Little Women : Emma Watson remplacera Emma Stone dans l’adaptation de Greta Gerwig

Posté par wyzman, le 25 août 2018

La nouvelle est tombée il y a quelques heures sur Variety : Emma Watson est sur le point de rejoindre l'adaptation de Greta Gerwig des Quatre Filles du Docteur March.

Un casting impressionnant

Si l'on en croit les informations du magazine américain, Emma Watson prendrait la place d'Emma Stone qui ne peut se joindre au tournage en raison d'obligations contractuelles liées à The Favourite, le film de Fox Searchlight déjà en route pour les Oscars 2019. Si l'arrivée d'Emma Watson devrait donner un véritable coup de boost à la production de Little Women, le média révèle que l'attribution des rôles n'a pas encore été dévoilée et que l'on ne sait donc pas qui Emma Watson interprétera dans cette nouvelle adaptation du du roman de Louisa May Alcott.

Néanmoins, et comme on vous le disait un peu plus tôt, Little Women dispose déjà d'un casting quatre étoiles. En effet, outre Emma Watson, Greta Gerwig qui écrit et réalise le film, a déjà trouvé un accord avec Meryl Streep (Mamma Mia! Here We Go Again), Laura Dern (Star Wars : Les Derniers Jedi), Saoirse Ronan (Lady Bird), Timothee Chalamet (Call Me By Your Name) et Florence Pugh (The Young Lady).

Pour rappel, Les Quatre Filles du Docteur March suit les péripéties de jeunes sœurs issues de la classe moyenne alors que leur père, un pasteur nordiste, est engagé comme aumônier pendant la guerre de Sécession. Publié en 1868 aux Etats-Unis, le roman de Louisa May Alcott est aujourd'hui un classique de la littérature américaine. Le film de Greta Gerwig est d'ores et déjà programmé pour une sortie le 8 janvier 2020 en France et devrait concourir pour les Oscars de cette année-là !

Sacré casting en vue pour « Les quatre filles du docteur March » de Greta Gerwig

Posté par vincy, le 30 juin 2018

Sony accélère la production de Little Women (aka Les quatre filles du Docteur March). Le studio veut absolument que ce soit le prochain film de Greta Gerwig, nommée à l'Oscar de la meilleure réalisatrice cette année pour son premier film Lady Bird.

Le film semble attirer les talents: Meryl Streep, Emma Stone et Florence Pugh (The Young Lady) sont en négociations pour rejoindre ce projet, tout comme Saoirse Ronan et Timothee Chalamet, qui étaient tous deux déjà dans Lady Bird.

Le casting doit encore être complété par l'actrice qui incarnera Beth aux côtés d'Emma Stone, Saoirse Ronan et Florence Pugh, qui pourraient être respectivement Meg, Jo et Amy. Une série d'auditions est prévue cette semaine.

Columbia Pictures et Amy Pascal cherchent depuis plusieurs années à faire "revivre" au cinéma l'histoire des Quatre filles du Docteur March, grand classique adapté du roman de Louisa May Alcott plusieurs fois adapté au cinéma.

La dernière version hollywoodienne de 1994, réalisée par Gillian Armstrong, avait déjà un casting de luxe: Winona Ryder, Claire Danes, Kirsten Dunst , Christian Bale, Susan Saranadon, John Neville, Gabriel Byrne... Le film avait reçu trois nominations aux Oscars dont une pour Winona Ryder en tant que meilleure actrice. On peut aussi rappeler la version de 1933, réalisée par George Cukor, avec Katharine Hepburn et Joan Bennett. Sans oublier les multiples déclinaisons en série TV (dont celle de la BBC l'an dernier en minisérie).

Les étoiles semblent alignées

L'histoire se déroule pendant et après la Guerre de Sécession. En l’absence de leur père Robert, pasteur nordiste engagé comme aumônier dans cette guerre civile, quatre jeunes sœurs font face aux difficultés de la vie quotidienne. La raisonnable Margaret (surnommée Meg), l'intrépide Joséphine (surnommée Jo), la charitable Élisabeth (surnommée Beth) et l'orgueilleuse Amy vivent dans l'État du Massachusetts avec leur mère et leur fidèle domestique, Hannah. Autrefois riche, la famille March a été ruinée lorsque Mr March avait aidé un ami dans ses affaires, ce qui avait entraîné la faillite. Malgré cela, la famille est heureuse et généreuse.

Greta Gerwig adaptera elle-même le livre. Si le scénario ne semble pas encore complètement finalisé, la presse professionnelle souligne l'impatience du studio et des producteurs à vouloir commencer la production au plus vite. D'autant qu'à la fin de l'été tout le monde semble être disponible et sans engagement immédiat. Emma Stone a terminé le tournage de The Favourite. Saoirse Ronan vient d'achever celui de Mary Queen of Scots. Timothee Chalamet tourne cet été The King pour Netflix. Et Meryl Streep a encore quelques jours de tournage pour la série Big Little Lies.

Gary Oldman, Meryl Streep, Antonio Banderas vont-ils tourner pour Steven Soderbergh ?

Posté par wyzman, le 19 juin 2018

C'est sans aucun doute l'un des projets dont on devrait énormément entendre parler prochainement. Selon Deadline, Gary Oldman, Meryl Streep et Antonio Banderas s'apprêtent à tourner The Laundromat, un film réalisé par Steven Soderbergh traitant directement du scandale des Panama Papers.

Un scandale porteur

Développé autour du script de Scott Z. Burns, lui-même inspiré de l'ouvrage de Jake Bernstein (Secrecy World: Inside the Panama Papers Investigation of Illicit Money Networks and the Global Elite), il se murmure que The Laundromat atterrira prochainement dans le catalogue toujours grandissant de Netflix.

Et comme le rappelle très justement Deadline, ce n'est pas la première fois que Netflix s'intéresse au scandale des Panama Papers. Il y a deux ans, le géant du streaming a acquis les droits du livre Le secret le mieux gardé du monde : le roman vrai des Panama Papers écrit par les journalistes allemands Frederik Obermaier et Bastian Obermayer. Ce projet est toujours en cours de développement. John Wells le produit.

Pour rappel, le scandale a éclaté en avril 2016 lorsque plus de 11 millions de documents contenant des informations confidentielles et d'ordre financier sur des centaines de milliers de sociétés offshore ainsi que leurs actionnaires ont fuité. Nommé en référence aux Pentagon Papers - que Meryl Streep connaît bien - , les Panama Papers auraient été fournis par un whistleblower anonyme et non rémunéré. C'est cette histoire que racontera le film produit par John Wells. Pour ce qui est du film de Steven Soderbergh, aucune information supplémentaire n'a été donnée au cours du mois qui s'est écoulé.

Oscars 2018: les perdants et les gagnants

Posté par vincy, le 23 janvier 2018

La forme de l'eau domine largement les nominations aux Oscars avec 13 citations, devant Dunkerque (8), 3 Billboards, les panneaux de la vengeance (7), Phantom Thread et Les heures sombres (6). Dunkerque et Phantom Thread sont sans doute les élus les moins attendus, boudés par les palmarès des critiques comme par les Golden Globes. Au total, l'Académie a retenu 28 films dont 17 reçoivent au moins 2 nominations.

Studios

Grand vainqueur, la Fox, dans l'attente d'être rachetée par Disney. La filiale Fox Searchlight et le studio 20th Century Fox cumulent 27 nominations. C'est loin devant les autres majors que sont Universal/Focus Features (18), Warner Bros (14), Sony / Sony Classics (11) et Walt Disney (10). Les nouveaux venus Netflix et A24 obtiennent 7 nominations chacun. Amazon n'a été retenu qu'une seule fois. Mais le séisme c'est du côté de la Paramount qui repart avec un zéro pointé.

Genres

Ce qu'il faut retenir de ces Oscars 2018 c'est le surgissement du film de genre dans les catégories reines du meilleur film et du meilleur réalisateur avec le fantastique (La forme de l'eau) et l'horreur (Get Out). C'est une vraie reconnaissance. A ces deux films, les votants ont choisi un polar noir, un mélo gay, un film de guerre, un drame élégant, un thriller politique, une comédie dramatique, un biopic historique. Une véritable diversité de styles, qui couvre aussi bien le film d'auteur qui a gagné moins de 20M$ au box office que le blockbuster mondial.

Femmes et diversité

En s'invitant dans la course pour l'Oscar du meilleur réalisateur, l'actrice Greta Gerwig a éjecté quelques favoris avec Lady Bird. C'est seulement la 5e femme à avoir été nommée dans cette catégorie après Lina Wertmüller, Jane Campion, Sofia Coppol et Kathryn Bigelow. C'est aussi la première fois qu'une femme concoure dans la catégorie meilleure image grâce à la chef op' Rachel Morrison (pour Mudbound).

Cette année, les Oscars ont décidé en effet d'innover: la preuve avec Logan, premier super-héros nommé pour une catégorie majeure (le scénario adapté qui plus est). Là encore les genres se diversifient. Leur LGBT-philie se prolonge après l'Oscar du meilleur film pour Moonlight en 2017: Call Me By Your Name et Une femme fantastique n'ont pas manqué à l'appel.

Plus globalement, on peut noter que sur les 9 films nommés à l'Oscar suprême, 4 sont portés par des rôles féminins principaux (et des femmes fortes), et autant par des personnages "jeunes". Et hormis deux films, tous ont un discours politique soutenu.

Habitués

Ils aiment aussi les valeurs sûres: le compositeur John Williams reçoit sa 51e nomination (un record tout juste dépassé par Walt Disney. Meryl Streep bat son propre record avec sa 21e nomination. L'actrice comme Daniel Day-Lewis, lui aussi nommé cette année, a déjà gagné trois Oscars. D'ailleurs parmi les comédiens (premiers et seconds rôles), six ont déjà été Oscarisés sur vingt. Mais 8 comédiens et comédiennes sont nommées pour la première fois.

Not so whites

Et là pas d'#OscarsSoWhite avec 4 afro-américains (mais aucun asiatiques en l'absence de Hong Chau pourtant très attendue en second-rôle féminin, ni latino-américains). Côté réalisateurs, on compte un latino-américain, Del Toro qui rejoint Cuaron et Inarritu dans le club des mexicains oscarisables, et un afro-américain, Jordan Peele (c'est la cinquième fois seulement qu'un cinéaste afro-américain accède à ce club). Côté scénaristes, là encore, la diversité est très présente avec Dee Rees, Virgil Williams, Kumail Nanjiani, Guillermo del Toro et Jordan Peele.

Pas si Golden les Globes

Mais les Oscars 2018 ont aussi une autre particularité: l'émancipation croissante par rapport aux Golden Globes. Autrefois, un Golden Globe, voire une nomination suffisait à garantir une nomination aux Oscars. Dans la catégorie réalisateur, seuls deux nommés au Golden Globes sont nommés aux Oscars. Côté acteurs, le vainqueur du Golden Globe pour une comédie, James Franco, n'est pas nommé. Et le gagnant du Golden Globe du film en langue étrangère, In The Fade, n'a même pas été choisi parmi les cinq finalistes de cette catégorie aux Oscars. Dans cette catégorie, les films retenus viennent du Chili, du Liban, de Russie, de Hongrie et de Suède. Soit l'Ours d'or et la Palme d'or en face à face. Un film de Venise, deux films de Berlin et deux films de Cannes. Ne déformons pas trop ce prisme: la Mostra de Venise est la grande gagnante avec La forme de l'eau et 3 Billboards (20 nominations à eux deux). Le festival de Berlin ne cumule finalement que 6 nominations au total tandis que celui de Cannes n'en aligne que 3. Mais l'autre grand gagnant est sans doute Sundance avec Get Out, Call Me By Your Name, Mudbound et The Big Sick, soit 13 nominations à eux quatre.

Losers

James Franco a clairement payé les rumeurs de harcèlement sexuel qui le concernent. "Time's Up" pour ceux qui se comportent mal avec les femmes. Toute la question est de savoir si l'Oscar du meilleur acteur d2017, Casey Affleck, qui a souvent acheté le silence de ses "conquêtes" pas forcément consentantes sera le bienvenu pour remettre l'Oscar de la meilleure actrice. Plus étonnant, Armie Hammer s'est fait volé sa nomination par Woody Harrelson. Le second-rôle de Call Me By Your Name a semble-t-il été concurrencé par un autre second-rôle du film, Michael Stuhlbarg, très présent à l'écran cette année (Miss Sloane, La forme de l'eau, Pentagon Papers), qui a récolté plus de votes que prévu (et aurait mérité une citation pour son formidable monologue à la fin du film).

Parmi les snobés, on compte aussi au registre des actes manqués Tiffany Haddish, Diane Kruger, Helen Mirren, Judi Dench, Emma Stone côté actrices, Tom Hanks et Jake Gyllenhaal côté acteurs (où Denzel Washington parvient une fois de plus à créer l'événement avec sa 8e nomination pour un film qui n'a pas convaincu ni les critiques ni le public). Le vétéran Steven Spielberg (Pentagon Papers) et l'étoile montante Martin McDonagh (3 Billboards, l'un des deux favoris pour l'Oscar du meilleur film) ont été recalés côté réalisateurs.

Cela donne une indication d'ailleurs sur le vote final: les électeurs pourraient choisir Del Toro en réalisateur (comme ils ont choisi par le passé Ang Lee et Alfonso Cuaron sans les couronner par un Oscar du meilleur film) et 3 Billboards en film. Ce qui ferait, quoiqu'il arrive, un doublé pour Venise, où les deux films ont été primés (respectivement Lion d'or et scénario).

L'Académie a aussi préféré Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, pourtant peu récompensé durant la saison des prix, à Wonder Woman, complètement absent de la liste des nominations y compris dans les catégories techniques. Ce n'est pas forcément une injustice. Mais assurément c'est une surprise, d'autant que Wonder Woman avait un bon buzz derrière lui. Phantom Thread et ses 6 nominations, dont film, réalisateur, acteur et second-rôle féminin, c'est au moins inattendu. D'autres films ont récolté moins de citations que prévu ou espéré comme The Florida Project et Moi, Tonya.

French touch

Finissons avec les Français: Florian Babikian, Vincent Bayoux, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon, Lucas Navarro pour Garden Party, Max Porter et Ru Kuwahata pour Negative Space en court métrage animé, Agnès Varda en documentaire (Visages Villages), Alexandre Desplat en compositeur de musique (La forme de l'eau), Bruno Delbonnel en chef opérateur (Les heures sombres) et Emilie Georges en coproductrice de Call Me By Your Name ont été nommés aux Oscars cette année. Il faut ajouter Julie Gayet, Rachid Bouchareb, Genevieve Lemal et Jean Bréhat (L'insulte), Philippe Bober (The Square) et Pascal Caucheteux (Faute d'amour) s'ajoutent à la liste. Pas un grand cru en quantité, mais un excellent cru en qualité.

Le National Board of Review choisit The Post

Posté par vincy, le 28 novembre 2017

Le National Board of Review a été la première association de critiques à rendre son verdict de la saison. The Post, le nouveau film de Steven Spielberg, a remporté le prix du meilleur film de l'année. Spielberg avait déjà reçu ce prix avec La couleur pourpre, L'empire du soleil et La liste de Schindler.

Les deux stars du film, Tom Hanks et Meryl Streep, ont été choisis comme meilleurs acteur et actrice. Pour Hanks comme pour Streep, c'est la deuxième fois qu'il sont honorés par le NBR.

Lady Bird et Get Out sont les deux autres films plusieurs fois primés. Le premier a été récompensé pour sa réalisation (Greta Gerwig) et pour le second-rôle féminin (Laurie Metcalf). Le second a été distingué comme meilleure première réalisation et pour l'ensemble de son casting.

Les autres prix sont allés à Willem Dafoe (The Florida Project), meilleur second rôle masculin, The Disaster Artist et Phantom Thread (scénario et adaptation), Coco (animation), Jane (documentaire) et Foxtrot, le film israélien de Samuel Maoz, Grand prix du jury à Venise (film étranger). On notera que même dans la liste Top 10 du NBR, 120 battements par minute est complètement absent. En revanche, Frantz de François Ozon est bien présent.

Timothée Chalamet a été distingué comme meilleur espoir (comme la veille aux Gotham Awards) pour son rôle dans Call be My Your Name tandis que le prix Spotlight a distingué Patty Jenkins et Gal Gadot pour Wonder Woman.

Top 10 Films
Baby Driver, Call Me by Your Name, The Disaster Artist, Downsizing, Dunkirk, The Florida Project, Get Out, Lady Bird, Logan, Phantom Thread

Top 10 films indépendants
Beatriz at Dinner, Brigsby Bear, A Ghost Story, Lady Macbeth, Logan Lucky, Loving Vincent, Menashe, Norman: The Moderate Rise and Tragic Fall of a New York Fixer, Patti Cake$, Wind River

Top 5 films étrangers
A Fantastic Woman, Frantz, Faute d'amour, Summer 1993, The Square

Top 5 Documentaires
Abacus: Small Enough to Jail, Brimstone & Glory, Eric Clapton: Life in 12 Bars, Faces Places, Hell on Earth: The Fall of Syria and the Rise of Isis

Tom Hanks et Meryl Streep sous la direction de Steven Spielberg?

Posté par vincy, le 7 mars 2017

C'est ce qu'on appelle un "all-star cast". Steven Spielberg, Tom Hanks et Meryl Streep vont se réunir pour The Post. Si Spielberg et Hanks collaborent ensemble depuis des années, c'est la première fois que l'actrice multi-oscarisée sera sous la direction de Spielberg et partenaire de Hanks à l'écran.

The Post, scénarisé par Liz Hannah, est l'histoire des "Pentagon Papers", du nom des révélations du Washington Post sur des documents secret-défense autour de la guerre du Vietnam. l'affaire remonte à 1971 et a opposé le directeur et l'éditrice du journal, respectivement Ben Bradlee (incarné par Tom Hanks) et Kay Graham (interprétée par Meryl Streep) au gouvernement de Richard Nixon. Leur défense s'est concentrée sur le premier amendement, garantissant la liberté d'expression, et est considéré aujourd'hui comme la première affaire de "fuites" (à l'instar des Wikileaks et autres "Panama Papers) et du premier procès confrontant des lanceurs d'alerte et le gouvernement. C'est aussi la défense de la liberté de la presse: on imagine bien pourquoi le sujet intéresse tant Hollywood ces temps-ci puisque Daniel Trump, actuel président des USA, ne cesse de s'attaquer à la presse, jusqu'à bannir des journalistes de la Maison Blanche.

La Fox distribuera ce film, qui pour l'instant n'a aucune date de tournage. On devra donc attendre un peu pour voir si le projet se concrétise et quand il pourra sortir... A priori pas avant 2019 puisque Spielberg continue de travailler sur son film SF Ready Player one, prévu dans les salles dans un an, et de préparer son prochain projet, The Kidnapping of Edgardo Mortara. Il a aussi dans ses cartons le biopic sur la photographe de guerre Lynsey Addario, avec Jennifer Lawrence, et un cinquième Indiana Jones.

Tom Hanks, qui a enchaîné en un an et demi Le pont des espions, Inferno, Sully et Un hologramme pour le Roi (toujours inédit en France), est attendu en avril aux USA dans The Circle, avec Emma Watson et doit ensuite réaliser Greyhound. Quant à Meryl Streep, pour la 20e fois nommée aux Oscars avec son personnage de Florence Foster Jenkins, elle tourne la suite "live" de Mary Poppins, Mary Poppins Returns, avec Emily Blunt, où elle incarne le personnage de Topsy Poppins, la cousine de la nounou magicienne.

Golden Globes 2017: La La Land au firmament, Moonlight et Elle dans les étoiles

Posté par vincy, le 9 janvier 2017

7 Golden Globe Awards pour La La Land. Une razzia, et surtout un record. Le jeune cinéaste Damien Chazelle a réussi l'exploit de tout rafler ou presque dans une cérémonie dont le nombre de prix permet généralement un certain éparpillement. Son hommage à Los Angeles, son ode à l'amour impossible, son hymne à la musique et aux musicals de Minnelli et Demy a séduit les votants (les correspondants de la presse étrangère) du scénario à la chanson, des acteurs principaux à la réalisation.

Jusqu'ici il fallait remonter à Vol au dessus d'un nid de coucou et Midnight Express pour trouver un film ayant remporté 6 Golden Globe Awards.

Il ne reste donc pas grand chose pour les autres films. Moonlight a quand même réussi à récolter le convoité prix du meilleur drame tandis que Casey Affleck a reçu le prix du meilleur acteur pour Manchester by the Sea. Il apparaît comme l'unique favori pour les Oscars dans sa catégorie.

Amazing Huppert

La surprise a quand même été de voir Elle doublement récompensé: meilleur film en langue étrangère et surtout meilleure actrice dans un drame pour Isabelle Huppert. Elle était elle-même étonnée de supplanter ses concurrentes (et notamment une Natalie Portman a priori favorite). C'est seulement la deuxième française à recevoir ce prix dans la catégorie drame après Anouk Aimée en 1967 pour Un homme et une femme, la troisième avec Marion Cotillard dans la catégorie comédie/musical.

"Merci de m'avoir fait gagner dans un film français dirigé par un réalisateur néerlandais, ici aux Etats-Unis" a déclaré Huppert dans son discours de remerciement. "Il y a des gens du monde entier dans cette salle, de Chine, d'Amérique, d'Europe. N'attendez pas du cinéma qu'il dresse des murs et des frontières" a-t-elle ajouté en référence aux programmes politiques de nombreux dirigeants dans le monde, à commencer par Donald Trump, prochain président des Etats-Unis.

Meryl Streep, récompensée pour l'ensemble de sa carrière, n'a pas non plus ménagé ses critiques à l'égard des idées de Trump. "Vous tous dans cette salle appartenez aux segments les plus diabolisées de la société américaine en ce moment". Elle a rappelé que "Hollywood croule sous les gens venus d'ailleurs et les étrangers". "Si vous les mettez tous dehors, vous n'aurez plus rien à regarder que du football américain et des arts martiaux mixtes, qui ne sont pas de l'art" a-t-elle rappelé. L'actrice multi-oscarisée, dans un discours engagé, a fait sa petite leçon et son petit effet: "L'irrespect amène l'irrespect. La violence incite à la violence. Et quand les puissants se servent de leur rang pour brutaliser les autres, nous sommes tous perdants."

Palmarès cinéma

Meilleur film - drame: Moonlight
Meilleur film - comédie/musical: La La Land
Meilleur réalisateur: Damien Chazelle (La La Land)

Meilleur acteur - drame: Casey Affleck (Manchester by the Sea)
Meilleure actrice - drame: Isabelle Huppert (Elle)
Meilleur acteur - comédie/musical: Ryan Gosling (La La Land)
Meilleure actrice - comédie/musical: Emma Stone (La La Land)
Meilleur second-rôle masculin: Aaron Taylor-Johnson (Nocturnal Animals)
Meilleur second-rôle féminin: Viola Davis (Fences)

Cecil B. DeMille Award pour l'ensemble de sa carrière: Meryl Streep

Meilleur scénario: La La Land
Meilleur film en langue étrangère: Elle
Meilleur film d'animation: Zootopie
Meilleure chanson: "City of Stars" (La La Land)
Meilleure musique: Justin Hurwitz (La La Land)

Les stars hollywoodiennes se lancent dans les séries TV

Posté par vincy, le 8 janvier 2017

Pour la première fois, Julia Roberts va être la star d'une série télévisée, en l'occurrence l'adaptation du best-seller Today Will Be Different (Aujourd'hui tout va changer, qui sera bientôt publié en France) de Maria Simple. La série suivra Eleanor Flood durant une journée pas comme les autre. Ce jour-là Eleanor veut enfin gérer tout ce qu'elle reporte indéfiniment. Hélas rien ne va se passer comme prévu et ces 24 heures vont avoir bien plus de conséquences qu'elle ne l'imaginait.

Ce n'est pas la seule star à avoir franchit le cap. Si Hollywood peut compter sur ses "grands noms" oscarisés ou populaires pour des téléfilms de prestige, la tendance à être au générique d'une série TV est assez récente. Le projet de Julia Roberts est particulier puisqu'elle co-produit la série, alors qu'aucun diffuseur n'est attaché au projet (mais nul ne doute que les enchères vont s'envoler).

Meryl Streep a aussi sauté le pas en septembre dernier en signant pour la série The Nix, adaptation du roman de Nathan Hill sorti l'été dernier. Produite par J.J. Abrams, qui devrait réaliser quelques épisodes, la série est centrée sur un professeur d'université dont l'étrange mère réapparait des décennies après avoir abandonné sa famille.

Autre "package" étoilé confirmé ce week-end: Kirsten Dunst, George Clooney (en producteur avec Smokehouse) et Yorgos Lanthimos (The Lobster) pour la réalisation d'une série à l'humour noir, On Becoming A God In Central Florida. Dunst incarnera une jeune veuve complètement démunie, employée d'un parc d'attraction au salaire minimum et qui ment, manipule et arnaque à sa manière après avoir été elle-même victime d'une escroquerie dont elle veut se venger.

Il y a deux mois, c'est le trio David O. Russell, Julianne Moore et Robert De Niro qui s'associait pour une série (sans titre) produite par The Weinstein Company pour le compte d'Amazon. La série sera écrite et réalisée par le cinéaste d'Happiness Therapy.

S'ajoutent Daniel Craig dans Purity, adaptation du dernier roman de Jonathan Franzen, écrite et réalisée par Todd Field ; ou encore Emma Stone et Jonah Hill dans Maniac, série en 10 épisodes réalisée par Cary Fukunaga et inspirée d'une série norvégienne. True Detective a fait des émules...

Avant c'était les vedettes du petit écran qui rêvaient du grand. Désormais, parce que la qualité des scénarios et des productions a donné à la série ses lettres de noblesses, et parce que l'audience globale est stratosphérique pour certaines d'entre elles, ce sont les stars du grand écran qui veulent s'inviter dans le petit.

Meryl Streep recevra le Cecil B. DeMille Award aux Golden Globes

Posté par vincy, le 3 novembre 2016

Il est presque étonnant que nous ayons du attendre 2017 pour voir Meryl Streep sur la liste prestigieuse des Cecil B. DeMille Awards, l'équivalent d'un golden Globe d'honneur pour l'ensemble d'une carrière. S'il y a bien une actrice américaine qui pouvait y prétendre c'est elle. Ce sera le cas cette année puisque l'Association des correspondants de la presse étrangère à Hollywood l'a choisie pour succéder à Denzel Washington, George Clooney, Jodie Foster, Robert De Niro, Martin Scorsese et autres Woody Allen. Elle recevra son prix lors de la 74e cérémonie des Golden Globes le 8 janvier prochain.

Il n'est pas impossible qu'elle soit en plus nommé dans la catégorie meilleure actrice de comédie/musical avec son rôle dans Florence Foster Jenkins. Car Meryl Streep a plusieurs records à son actif: 8 Golden Globes (de 1979 à 2011), 29 nominations, deux fois doublement nommée la même année (en 2002 et 2008). Elle déteint aussi le record de nominations aux Oscars (19, pour trois obtenus). On pourrait ajouter deux prix BAFTA, un prix d'interprétation à Cannes en 1989 et un autre à Berlin en 2003.

En 2017, elle fêtera aussi ses 40 ans de cinéma (Julia, de Fred Zinnemann). C'est la première fois depuis Jodie Foster (en 2013) qu'une femme est ainsi honorée par les journalistes étrangers basés à Los Angeles. Et depuis que ce prix existe, créé en 1952, c'est seulement la 14e personnalité de sexe féminin à recevoir le Cecil B. DeMille Award.