Gebeka films rejoint Folimage et Les Armateurs

Posté par vincy, le 29 mai 2018

La société de production et de distribution Gebeka Films va être reprise par la holding Hildegarde selon les informations du Film Français. Hildegarde est déjà l'actionnaire majoritaire des sociétés de production Folimage (La prophétie des grenouilles, Une vie de chat, Phantom boy), reprise il y a deux ans, et Les Armateurs (la trilogie Kirikou, Les triplettes de Belleville, Ernest et Célestine), et consolide ainsi son poids dominant dans la production de films d'animation en France.

Jusqu'ici détenue par Marc Bonny, Gebeka Films, créée en 1997, a connu son décollage en distribuant Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot en 1998 avant de distribuer Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, Princes et Princesses de Michel Ocelot, Mia et le Migou de Jacques-Rémy Girerd, Panique au village de Stéphane Aubier et Vincent Patar ou encore Ma vie de Courgette de Claude Barras (César du meilleur film d'animation). Gebeka a aussi sorti Brendan et le secret de Kells, la version restaurée du Roi et l'Oiseau, Corto Maltese, la cour secrète des Arcanes, Le tableau, L'île de Black Mor, Louise en hiver, Les Moomins sur la riviera, U, ou Bécassine le trésor viking.

Ses plus gros succès sont Kirikou et les bêtes sauvages, Kirikou et la Sorcière, Kirinou et les Hommes et les Femmes, tous millionnaires.

Malheureusement, ses deux derniers longs métrages très coûteux, Drôles de petites bêtes et Zombillénium, n'ont pas rencontré le public. Deux longs sont en préparation: Le voyage du Prince et Slocum.

Marc Bonny restera responsable des acquisitions et des coproductions de Gebeka et conserve la propriété du multiplexe Le Comœdia de Lyon.

La holding Hildegrade, créée par Reginald de Guillebon, connaît un rapide développement dans les médias. Outre Le Film français acquis en 2013, la société édite désormais Première, Causette et la nouvelle version de Studio (ex Studio Ciné Live).

Edito: Grand froid sur le cinéma français

Posté par redaction, le 29 juin 2017

C'est une longue traversée du désert que vit le cinéma français. Cela fait quatre mois que la pôle position du box office est occupée par le cinéma hollywoodien. Seuls deux films sont dans le Top 10 annuel (5 pour le Top 20). On ne compte plus les fiascos. Le dernier film français millionnaire est A bras ouvert, sorti début avril. Les comédies, genre favori des spectateurs et genre préféré des producteurs, ont subit de sérieux revers. Seulement six ont passé le cap du million d'entrées en 6 mois. Certaines ont signé de sacrées contre-performances. Hormis Raid Dingue et Alibi.com, aucune n'a vraiment fédéré au premier semestre. Ni Camille Cottin, ni Kev Adams, ni Alexandra Lamy, ni même Franck Dubosc n'ont sauvé des films que les critiques ne veulent même plus voir...

On peut aussi se désoler, dans le pays de la cinéphilie, qu'aucun autre film dramatique, d'auteur, d'action/aventures ou de "genre" n'ait pris le relais. Mais comment pourrait-il en être autrement? Qui parle de ces films à la télévision et hors des radios publiques? Le marketing hollywoodien a imposé sa toute puissance. Sans l'effet Cannes, comment Desplechin pourrait-il attirer plus de 400000 spectateurs quand, en face, les médias généralistes choisissent un Alien, des Pirates ou des Super-héros?

Le buzz sur les réseaux sociaux, le star-système est incomparablement plus puissant quand il est made in USA. Les distributeurs français ne manquent pas d'initiatives mais de moyens et de solidarité.

Consanguinité entre télé et ciné

L'INA vient de publier une étude (pour la période du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2015) sur les talk-shows et divertissements TV et radios, ce genre où les invités sont convoités et les audiences ciblées. On constate que les invités venant du cinéma et de la musique sont les plus sollicités. En cinq ans, c'est Franck Dubosc qui a été le plus invité (95 fois!!!! dont 21 fois sur France 2), devançant François-Xavier Demaison et François Berléand, tous trois avec une carrière d'humoristes ou de théâtre. Champion toutes catégories, l'acteur-chanteur Patrick Bruel (99 fois). Et ajoutons parmi les chouchous Charles Berling, Daniel Auteuil, Isabelle Nanty, Pierre François Martin Laval, Denis Podalydès, Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Jamel Debbouze. En clair beaucoup de plus de 40 ans, beaucoup d'hommes, beaucoup de multi-tâches, beaucoup de comédiens issus de la comédie. Et pourtant ça ne suffit pas à faire des entrées.

"On observe une importante densité au niveau des connexions entres les animateurs et leurs invités, ce qui illustre bien la tendance de la part des animateurs du corpus à inviter globalement les mêmes personnes dans leurs émissions. S’il est vrai que les animateurs ont des affinités avec certains invités, celles-ci sont la plupart du temps « non exclusives » ; autrement dit la plupart des personnes invitées régulièrement sur les plateaux des talk-shows et des divertissements ont été invitées à peu de reprises par un même animateur. En effet, de manière générale, les personnalités qui sont les plus souvent invitées ne sont pas liées à un seul présentateur, mais sont au contraire connectées à un grand nombre d’animateurs."

Voilà. En d'autres termes la consanguinité entre animateurs et invités empêche, comme en génétique, une régénérescence de la famille. A force de voir toujours les mêmes têtes, il n'y a plus de désir, mais plutôt une lassitude. A trop produire des comédies fades et mal écrites, à trop vendre le cinéma avec les mêmes acteurs/actrices, à trop coloniser les émissions de divertissements et les talk-shows avec ces mêmes acteurs pour ces mêmes comédies, on ne produit qu'une seule chose: l'indifférence.

Un nouveau magazine pour les professionnels de l’audiovisuel

Posté par vincy, le 20 janvier 2017

Les Ecrans. C'est le nouveau titre pour les professionnels de l'audiovisuel lancé mercredi 18 janvier en ligne. Il s'ajoute aux deux hebdomadaires, Le Film Français et Ecran Total.

Une offre gratuite de quinze jours permet de découvrir ce nouveau venu. L'abonnement est dans la lignée de ceux de ses confrères, à 350€. Si le site est un pure-player, il publiera des numéros spéciaux thématiques imprimés à l’occasion de festivals et d'événements.

"Les Écrans, c’est toute l’actualité du cinéma, de l’audiovisuel et des nouveaux médias, tout sur les entreprises du secteur et leurs stratégies de développement, les informations essentielles et des infos exclusives, les plans de financement des longs métrages, les films et les séries TV en développement et en préparation, les livres en cours d’adaptation, les mouvements et nominations..." explique la présentation du site, qui proposera, comme ses concurrents, les box offices et audiences TV mais aussi davantage d'infographies.

Présidé par Max Azoulay (à la tête de l'ESRA, un groupe de quatre écoles d'audiovisuel en France et en Belgique), ce magazine de la société d'édition Les Ecrans ne sort pas de nulle part.
Le rédacteur en chef, Olivier du Jaunet, était au même poste chez Ecran Total depuis 1997, en plus de collaborations aux magazines Synopsis et Nouveau Cinéma.
Le directeur éditorial, Serge Siritzky, ancien président de la FNCF (Fédération nationale des cinémas français) et ancien P-DG du circuit Parafrance (1982-1986), a créé en 1988 les lettres d’information Téléscoop et Ciné Finances, destinées aux professionnels du cinéma et de la télévision qui fusionneront pour devenir Ecran Total en octobre 1993. Il en resté le conseiller éditorial jusqu’en novembre 2016. Ecran Total a donc perdu ses deux têtes à la fin 2016.
Les Ecrans, société créée en novembre et sise dans le XVe arrondissement de Paris, a aussi débauché Perrine Quennesson, journaliste au Film Français et collaboratrice à Cinemateaser et Illimité, après être passée chez Mad Movies et Première, et Manuel Raynaud, cofondateur du site sur les séries Spin-Off.fr, en plus d'avoir géré le blog d'Arte dédié au sujet, Dimension Séries, pendant plusieurs années.
A cela s'ajoutent quatre chroniqueurs: René Bonnell, Pascal Josèphe, la rubrique juridique de Maître Gérard Bigle et Vincent Colonna pour les séries.

Edito: Jamais contents

Posté par redaction, le 12 janvier 2017

C'est le propre de la critique paraît-il de toujours râler sur les films: pas assez ci, pas assez ça, c'était quand même mieux avant, non mais là franchement c'est pas possible, souviens toi en 69!, etc... Alors on fait taire les critiques. La radio (publique surtout), la presse écrite et le web laisse encore de la place aux autres films que les très gros canons anglo-saxons (et ses stars si people) et les productions françaises à 5 millions d'euros et plus (et ses acteurs si populaires). En revanche pour la télévision, c'est une autre histoire. Il y a bien Ça balance à paris sur Paris Première (chaîne qui cumule à 0,5% d'audience), Le cercle sur Canal plus et puis c'est à peu près tout. Le petit écran qui aime tant les vedettes du grand pour ses séries et téléfilms, pour ses plateaux télé et ses cérémonies à la gloire du 7e art, laisse de moins en moins de place au cinéma.

Le cinéma est partout à la télévision: en soirée, sur à peu près toutes les chaînes, il attire des millions de téléspectateurs. Aucun talk show ne refuse une star hollywoodienne ou un comédien français réputé. Les JT du week-end se bagarrent pour avoir la tête d'affiche du gros film de la semaine (le réalisateur doit vraiment s'appeler Spielberg pour que ça les intéresse). Cela reste sexy, glam, attractif. La promo bat ainsi son plein autour de quelques films. Parfois jusqu'à l'overdose quand les acteurs/actrices font le tour des émissions. On pourrait donc croire que le cinéma est bien traité dans le poste.

Et bien non. Hors Canal Plus, chaîne dont le cinéma est inscrit dans l'ADN, quelles émissions sont dédiées au cinéma? Le nouveau "Mardi cinéma" de Ruquier sur France 2? Le concept est raté. l'audience manque. C'est plutôt la réunion des acteurs dont les bons films sortaient en VHS. Un truc vintage où il n'est question que d'un certain type de cinéma, dit populaire. Sur France 3, on parle des films de manière décalée avec Le Pitch cinéma. Certes, le programme est un peu plus varié, mais pas sûr que ça donne envie d'y aller. Ça s'arrête là. Pour cause de traduction (qui ne gêne pas quand il s'agit d'accueillir Madonna, Tom Hanks ou Novak Djokovic) ou par peur de faire fuir les téléspectateurs faute de vedettes identifiées, on promeut rarement les films asiatiques, européens, latino-américains etc... Même les films indépendants américains ou les petits budgets français sont globalement snobés par les programmes les plus forts en audience.

Avec sa force de frappe indépassable, la télévision gagnerait à prendre quelques risques, à défendre des films de tous genres et de tous horizons. Au lieu de cela, elle incite le téléspectateur à aller voir l'un des deux ou trois films dont tout le monde parle, accentuant le phénomène de concentration. Si bien que le spectateur lambda, pas particulièrement cinéphile, mais qui aime bien regarder les César ou vivre par procuration le festival de Cannes, se retrouve déboussolé quand il regarde ces événements, ne connaissant pas la moitié des films ou des talents qui y sont attachés. La télévision lui avait donné envie de voir Les Tuche 2, Radin! ou Camping 3 et le voici face à Une vie, Divines ou La mort de Louis XIV. Imaginez le choc.

Le plus ironique dans l'histoire est ailleurs: les journalistes qui travaillent dans ces chaînes aiment bien les films d'auteurs et ne sont pas de grands fans des blockbusters et farces frenchys. Le critique peut encore râler, cette fois-ci contre les choix éditoriaux de ses supérieurs.

Edito: 2017, année de l’esthète?

Posté par redaction, le 5 janvier 2017

Une nouvelle année commence. Même si la plupart des films qui sortent en salles ont été tournés l'an dernier, ont déjà été vus dans des festivals ces douze derniers mois, ont déjà bénéficié d'avant première en 2016, on remet les compteurs à zéro.

2017 s'annonce riche en respectables ou vénérables signatures. Scorsese, Kaurismäki, Haneke, Coppola (fille), Villeneuve, Lelouch, Gray, Payne, Dolan, Desplechin, etc... Il y aura aussi la dose de blockbusters, des Marvel aux DC Comics, de Transformers à World War Z, de Ghost in the Shell à l'épisode VIII de Star Wars. Sans oublier les suites de Alien et Blade Runner.

Une année prometteuse, d'autant qu'on découvrira aussi des nouveaux talents inattendus, des propositions cinématographiques audacieuses et des coups de cœur qui marqueront nos esprits. Plus de 700 films sont sortis l'an dernier en France. Autant dire que le choix sera vaste, sans doute trop vaste. Qu'il y en aura pour tous les goûts (même si une écrasante majorité ira voir à peu près les mêmes films que les autres).

Spotlight

Si la critique a de moins en moins d'impact comparé au marketing publicitaire, elle a encore son importance pour des films art et essai. La bonne visibilité du cinéma dans les médias en France contribue sans doute au succès public de films comme ceux de Dolan, Loach, Farhadi ou Almodovar.

On peut mépriser la critique, parce qu'elle ne va pas dans le sens du goût populaire, parce qu'elle est parfois trop radicale ou exigeante. Néanmoins, elle est avant tout là pour éclairer le spectateur. Elle décrypte une œuvre, tente de départager les grands films des bons films. Elle n'est pas si méchante que ça même avec des films dits populaires (Deadpool, Zootopie ont été plutôt très apprécié). Mais le travail de la critique cinématographique, musicale ou littéraire c'est de défendre un film bien, davantage que de descendre un film médiocre.

Mais comme chaque année, on veut y croire, on a l'espoir, on a même la foi de découvrir des films enthousiasmants. On veut être éblouis, séduits, stupéfaits. L'art doit déranger. Il n'y a pas de recettes: un film peut transporter chaque spectateur par son récit, son émotion, son esthétique. C'est une expérience unique. C'est ça le cinéma: une religion, qui relie les gens, où il faut garder les yeux ouverts, et s'éloigner de l'esprit de chapelles.

Le Film Français reprend les éditions Dixit et relance le magazine Première

Posté par vincy, le 18 novembre 2016

Il y a quelques semaines, LFF Média, la société d'édition du Film français, a pris une part majoritaire dans le capital du leader de l'édition et de la formation professionnelle aux métiers du cinéma et de l'audiovisuel, Dixit.

LFF Media est entré au capital du groupe Dixit à hauteur de 51%. La société sera rebaptisée Dixit Le Film français, et dirigée par Jean-Marc Berne. Ce dernier restera actionnaire à hauteur de 49%. Les négociations ont été bouclées par les deux parties le 19 septembre.

Dixit est le leader de la formation professionnelle dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, en proposant 12 modules différents abordant tous les secteurs de la filière - la production, la distribution, l’écriture et les nouveaux médias notamment - répartis en 25 sessions organisées chaque année. Cette activité représente 60% de son chiffre d’affaires tandis que le pôle éditorial, un catalogue actif de 59 ouvrages (10 000 exemplaires vendus par an) amène 40% des recettes. L’activité d’édition devrait être renforcée avec de nouvelles thématiques.

Objectif 100000 ex

Cette acquisition fait suite à celle du magazine Première, dans le domaine de la presse grand public. Lourdement déficitaire, Première a été repris en mai 2016 par LFF Médias. Avec un tirage et une fréquentation de son site internet en forte baisse, Première essaie de trouver un nouveau souffle dans un contexte dramatique pour la presse magazine. L'objectif est de repasser au dessus des 100000 exemplaires.

Le magazine, qui fête cette année ses 40 ans, est toujours bimestriel (tous les deux mois si vous préférez). La nouvelle formule a été lancée le 2 novembre avec Valerian en couverture. Plus grand, avec une maquette refondue, des nouvelles rubriques et des reportages de films à venir, Première cherche à être la référence dans la “culture cinéma et de séries TV”, à la manière du magazine Empire.

Le cahier critique est profondément transformé misant davantage sur les films que la rédaction veut encourager et oubliant ainsi l'exhaustivité des sorties (devenue impossible à raison de 10 à 15 films par semaine). Selon l'APCM (ex-OJD, Première est tiré à 93 659 exemplaires (-5,36% en un an), dominant toujours la presse cinéma puisqu'il devance Studio-Ciné Live (47 444 ex, -13,70%) et Les Cahiers du cinéma (15 038 ex, - 4,2%). La refonte du site internet et de son application est prévue pour le 1er semestre 2017.

Les Visiteurs peuvent-ils retrouver leurs spectateurs?

Posté par vincy, le 6 avril 2016

Ça commence mal. Une polémique sur l'affiche, une projection en avant-première annulée, quelques journalistes privilégiés limitant l'impact critique (préjugé)... Les Visiteurs veulent contourner toutes les voix discordantes avec ses moyens marketing. Mais cela suffira-t-il à en faire un succès?

Certes, avec 7,2 millions de téléspectateurs dimanche soir sur TF1 pour revoir les premières aventures de Jacquouille, les héros médiévaux restent incontestablement populaires dans l'esprit des français. Rappelons que ce film sorti en 1993 avait fait rire 13,8 millions de spectateurs dans les salles, soit le 11e plus gros succès du cinéma en France depuis la seconde guerre mondiale. 5 ans plus tard, Les Visiteurs II: Les couloirs du temps, avec une légère variante de casting dans les rôles secondaires, parvient à rassembler 8 millions de fans (pas assez pour rentabiliser le budget ceci dit). Toujours dans le Top 50 des films les plus populaires. En 2001, Les Visiteurs tentent l'aventure américaine avec Les Visiteurs in America. Honnête succès mondial (et aux Etats Unis, quand même 4 millions de $ de recettes) mais fiasco dans l'Hexagone avec 1,2 million d'entrées. Et surtout le goût amer d'un tournage pas très joyeux après un travail tendu avec l'un des coscénaristes, John Hughes, paranoïaque.

Comme Les Bronzés 3?

Alors quel score pour ce numéro 3 ou 4 selon si on assume la variante US, Les Visiteurs: la Révolution? En dessous de 4 millions d'entrées, ce sera un échec. C'est désormais le seuil minimal pour une comédie populaire française qui veut triompher au box office. L'objectif est plus modeste en fait (2,5 millions) et personne dans cette aventure n'est vraiment sûr du (bon) coup. Mais les ambitions sont certainement plus grandes. Le pari reste risqué. Certes, Les Bronzés 3, 27 ans après le deuxième épisode, et malgré de mauvaises critiques (car le film avait quand même été montré à la presse) avait su rassembler 10 millions de curieux dans les salles. Aujourd'hui personne ne se souvient vraiment du film (contrairement aux deux premiers épisodes) alors qu'il a été le plus vu au cinéma des trois opus. Dans un contexte où le vintage fonctionne à plein (Jurassic Park, Star Wars, ...), la comédie a ses chances.

18 ans après Les Visiteurs 2, l'humour de la franchise parviendra-t-il à traverser le temps? Gaumont peut miser sur la popularité intacte de Christian Clavier, sur l'apport d'actrices populaires comme Karin Viard et Sylvie Testud, sur des émissions spéciales pour montrer qu'on s'amuse bien dans le monde du cinéma. Quoique. Les enfants de la télé spéciale Les Visiteurs, diffusée hier en première partie de soirée sur TF1, n'a rassemblé que 2,9 millions de téléspectateurs, soit 13,7% de part d'audience. Un échec. Reste le sujet de la Révolution qui peut être un bon sujet de divertissement.

A l'inverse, Jean-Marie Poiré n'a rien réalisé depuis le désastreux Ma femme s'appelle Maurice, qui date de 2002. Jean Reno a cumulé les flops depuis 10 ans. Et puis à l'heure des réseaux sociaux, comment ne pas vouloir faire monter le désir ? Or, il n'y a nul buzz sur twitter autour des Visiteurs 3. Hormis les polémiques. A la première séance du matin à l'UGC des Halles, Les Visiteurs : La Révolution domine les nouveautés avec 60 tickets vendus, ce qui n'a rien d'exceptionnel (ce n'est que 17 de plus que L'avenir et 19 de plus que Gods of Egypt) puisque Médecin de campagne avait conquis 77 spectateurs, Five 78 et Batman v Superman 250 à cette même séance lors de leur sortie.

L'affaire N'zonzi

Déjà l'affiche qui présente neuf acteurs sur le visuel ne comporte que huit noms. Pascal N'zonzi a été zappé. Parce qu'il est noir? N'abusons pas, mais il est regrettable que ça tombe sur lui. En tout cas ce n'est pas son absence de notoriété. L'acteur a été vu récemment dans Paulette, Le Crocodile du Botswanga et Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?. Interrogé par le magazine Challenges, Gaumont plaide d'un argument contractuel: “Lorsqu'un comédien signe pour tourner un film, sont décidés également la présence de son nom sur l'affiche mais aussi le lettrage ou la typographie, et que le contrat de Pascal N'Zonzi ne devait donc pas mentionner l'impression de son nom en haut de l'affiche”. La faute à l'agent donc... On peut mal accuser le producteur et distributeur de Chocolat de racisme. Mais le mal est fait. Merci donc au photographe Paps Touré d'avoir rectifié au marqueur l'affiche dans le métro.

Ensuite, le BIFFF devait présenter le film en avant première à Bruxelles vendredi dernier. Le distributeur belge Paradiso avait demandé à Gaumont de pouvoir le projeter mais Gaumont a décidé "à la dernière minute de ne pas permettre la diffusion dans les festivals avant la date de sortie en France et en Belgique", explique Paradiso dans un communiqué. Seulement cinquante billets avaient été pré-vendus. Les deux autres avant-premières prévues mardi 5 avril au Kinépolis de Liège et celle à l'UGC de Brouckère ont aussi été supprimées.

Sans papiers

Enfin, si le public n'a pas le droit aux avant premières, les journalistes non plus. C'est de plus en plus courant pour des films à gros budget. Il ne faut pas mettre en péril le sacro-saint premier jour avec une avalanche de critiques négatives ou dubitatives. Le fantôme de Canterville, concurrent UGC avec Michael Youn qui sort en face des Visiteurs et se partagent les plateaux télé, n'a pas été projeté aux journalistes non plus . Il faut remplir les fauteuil des 650 salles qui vont le diffuser (400 pour le Fantôme de Canterville). Le JDD a quand même recueilli les avis de quelques privilégiés (pas ceux comme Paris Match qui servent la soupe avec un grand dossier flagorneur). Ce ne serait pas si mauvais mais un peu désuet, c'est bien joué mais on ne rit pas, il n'y a pas de mise en scène et le scénario est laborieux, c'est spectaculaire et vulgaire, ... Bref pas de quoi couper des têtes.

Au-delà de ces polémiques, ambitions, peurs et autres plaisirs coupables, on a surtout l'impression que la saga de Jacquouille la Fripouille et des Montmirail (qui ont quand même pris deux décennies dans la gueule, un peu comme Harrison Ford dans Star Wars et Indiana Jones) n'a pas su/voulu/pu se renouveler complètement. Il y a 23 ans, entre le binz et le okay, toute la France parlait Visiteurs. Aujourd'hui la Révolution est ailleurs. Connasse, Kev Adams, TucheBabysitting sont les farces du moment.

Mais comme le dit l'un des journalistes anonymement: "Néanmoins, je pense que c'est une grosse connerie de ne pas montrer le film car ça installe un doute alors que ces Visiteurs, même décevants et à l'ancienne, sont regardables." Si déjà, il n'y a pas le désir, et en plus que le doute s'installe, alors en effet, la stratégie de l'obstruction n'est peut-être pas la bonne. Pire, cela ouvre un espace à tous les concurrents: l'espace que Les Visiteurs auraient pu occuper dans les journaux (web et imprimés) est rempli par les autres films en face, leur donnant une visibilité accrue, et diminuant, par conséquent, celle de la comédie française du mois.

Mais il est certain que Pathé, la cousine de Gaumont, va être très attentive à la sortie des Visiteurs. En juin, le distributeur sort Camping 3, six ans après le deuxième film.

Le magazine « Première » de nouveau en vente

Posté par vincy, le 13 mars 2016

Le mensuel de cinéma Première serait de nouveau à vendre. Créé en 1976, Première doit fêter ses 40 ans en novembre. L'anniversaire reste assez incertain...
Vendu en juillet 2014 par son propriétaire historique Lagardère au groupe belge Rossel, il aurait été placé en redressement judiciaire le 24 février par le tribunal de commerce de Paris selon Presse News. Rossel, qui l'avait acquis pour une bouchée de pain, n'a semble-t-il pas été capable de trouver une stratégie pour le titre ni des synergies avec les autres marques de son groupe.Rossel avait envisagé des synergies entre Première et le quotidien belge Le Soir en créant des suppléments cinéma ou encore des abonnements couplés.

Selon Libération, il y a déjà un nombre impressionnant de prétendants parmi lesquels Altice Media (Libération, Numéricable-SFR), et nouveau propriétaire de Studio Ciné Live depuis son rachat du groupe L'Express, les magazines professionnels Ecran Total et Le Film Français, Sophia Publications (Le Magazine littéraire, Historia), ou encore Link Digital Spirit (Jeux vidéos Magazine).

Les offres sont à déposées jusqu'au 1er avril.

Première, déficitaire depuis plusieurs exercices, n'a pas réussit son rebond. Toujours selon une source de Libération, le mensuel dégage "une marge brute négative de 40 %."

Des ventes et des clics en chute libre

Employant 23 personnes et réalisant un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros par an, il continue à subir l'érosion de ses ventes. Selon l'OJD, le magazine est désormais diffusé à 97 642 exemplaires en 2015 (avec un pic en juillet à 115 000 exemplaires). Soit une baisse de 5,84% par rapport à 2014 et très loin des 200 000 exemplaires lors de son âge d'or ou même des 135 000 exemplaires en 2011. Ses concurrents ne vont pas beaucoup mieux: Studio Ciné Live n'est désormais diffusé qu'à 51 094 exemplaires (-12,29% en un an) et Les Cahiers du cinéma sont sous la barre des 20 000 exemplaires.

Première peut compter sur un solide socle d'abonnés (66% de ses ventes selon l'OJD) et un site web qui a atteint en février 2,7 millions de visites (l'appli smartphone n'attirant que 16 000 "clics"). Mais là encore, les résultats sont très décevants puisqu'il y a un an le site du magazine séduisait 8 millions de visiteurs mensuels.

Nommée aux César, menacée de mort, réfugiée en France, Loubna Abidar est « sans papiers »

Posté par vincy, le 23 février 2016

loubna abidar much loved

Loubna Abidar sera vendredi sur le tapis rouge des 41e César. Sans papiers, menacée de mort et exilée. L'actrice de Much Loved (Quinzaine des réalisateurs à Cannes, 275 000 spectateurs en France, des prix en pagaille à Namur, Gijon, Angoulême) se console sans doute d'être nommée au César de la meilleure actrice dans le film de Nabil Ayouch. Elle y incarne une prostituée marocaine, à la fois chef de bande et fille rejetée, business woman et femme émancipée.

Une plainte rejetée

Depuis la présentation du film à Cannes, elle n'est plus tranquille. Le film a soulevé une polémique nationale au Maroc, avant même d'avoir été vu. La comédienne a été agressée physiquement en novembre, à Casablanca par trois fêtards qui la séquestrent dans leur voiture pour la frapper plusieurs fois. Elle est même poursuivie par une association, Défense du citoyen, pour "attentat à la pudeur", "pornographie" et "incitation de mineurs à la débauche". On croit rêver. Elle risque, avec le cinéaste Nabil Ayouch, une peine de cinq ans de prison et 100 000 euros d’amende. Le procès a eu lieu il y a douze jours et la plainte a été rejetée pour vice de forme.

Une presse aux ordres

Dans un entretien à Télé Obs, Loubna Abidar explique que "Le problème, aujourd’hui, n’est même plus la nature soi-disant pornographique de Much Loved, mais ma réussite personnelle." Son rôle a attisé les passions, suscitant le mépris des uns, la haine des autres. Pourquoi une telle folie? Elle n'est que l'interprète d'un personnage dans un film qui dénonce les hypocrisies d'une société schizophrène.

Aujourd'hui, elle est réfugiée en France. Suite à son agression, menacée de mort, persécutée par une presse devenue hystérique à son encontre ("la plupart des sites internet marocains reprennent les articles de la presse d’Etat, qui se montre à la fois très hostile et très inventive à mon égard"), elle est partie du Maroc, avec un simple visa touristique de trois mois. Le visa a expiré. "Aujourd’hui, je suis en situation illégale en France. Je n’ai pas de papiers" explique-t-elle.

Un visa expiré

Elle ne peut plus retourner au Maroc. Ses projets sont en France: "Je veux vivre ici, continuer à défendre la femme et l’enfant arabes, tourner des films engagés. Je vais monter une association qui vient en aide aux prostituées. J’ai quelques économies, des projets de tournage, un contrat de travail avec les éditions Stock pour un livre. Je loue un appartement... La procédure normale m’impose de me rendre au Maroc pour y faire une demande de visa long séjour. Mais si je retourne là-bas, je crains qu’on ne me laisse plus repartir. J’ai demandé l’aide de Fleur Pellerin" (à l'époque ministre de la Culture et de la Communication). "Elle est la première Française à m’avoir téléphoné à la suite de mon agression. Mais, pour l’instant, je n’ai pas de réponse. J’ai laissé ma fille de 6 ans au Maroc avec mon mari. Je ne peux pas la ramener" poursuit la comédienne. Mais elle précise: "Ma fille a déjà des problèmes. Elle ne joue plus avec les enfants des voisins, qui lui disent que sa mère est une prostituée. Sa maîtresse d’école lui a fait la même réflexion."

Le dossier est entre les mains de la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, franco-marocaine, et fille de fille du journaliste, banquier et homme politique André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Hassan II puis de Mohammed VI. Epineux.

Lenny Abrahamson (Frank): « Il faut que certains aient conscience de ce qu’ils disent »

Posté par vincy, le 4 février 2015

Lenny Abrahamson

Lors de son entretien avec Ecran Noir, Lenny Abrahamson, réalisateur de Frank, film très décalé primé aux Festival des Arcs, de Dinard, de Dublin et prix du meilleur scénario aux British Independent Film Awards, est revenu sur l'attentat de janvier perpétré contre Charlie Hebdo quelques jours avant la rencontre.

Ecran Noir: En tant qu'artiste, que pensez-vous des atteintes à la liberté d'expression qu'a connues récemment la France et plus généralement dans le monde ?

Lenny Abrahamson: Je pense que ce qui s'est passé à Paris récemment est absolument épouvantable. C'était barbare, brutal et écœurant. Je pense que le débat sur la liberté d'expression est une autre chose, un autre débat. J'ai surtout peur que le principal effet d'attaques terroristes comme celles-ci soit que le gouvernement réduise cette liberté. Quand on lit des Unes de journaux comme "La France en guerre" ou "La France a changé", je pense que c'est juste des conneries. C'est de l'exagération pure, de la surenchère et ça va simplement accentuer des tensions déjà existantes.

Ecran Noir: Comme Fox News avec ses "no go zones" dans Paris ?
Lenny Abrahamson: Exactement ! C'est normal qu'il y ait des limites à la liberté de parole ou que l'on ne tolère pas l'incitation à la haine raciale. Donc dans le cas où la maire de Paris poursuivrait la chaîne, je pense qu'elle a raison. Pour réussir à vivre dans une société tolérante, et plus généralement un monde tolérant, il faut un minimum de respect et que certains aient conscience de ce qu'il disent, des responsabilités qu'ils ont et qu'ils fassent attention à leur politique étrangère.