Berlin 2014 : hommages à Philip Seymour Hoffman et Maximilian Schell

Posté par vincy, le 6 février 2014

Il était logique que la 64e Berlinale, qui s'ouvre aujourd'hui, rendent hommage aux deux grands comédiens disparu la week-end dernier : l'américain Philip Seymour Hoffmann et l'autrichien Maximilian Schell.

Pour Philip Seymour Hoffman, le Festival projettera le film Truman Capote mardi 11 février, qui était en compétition à Berlin en 2006. Plusieurs de ses films avaient été projetés dans l'histoire récente de la Berlinale : Owning Mahowny, La 25e heure, Le talentueux Monsieur Ripley et Magnolia, qui emporta l'Ours d'or en 2000. Truman Capote de Bennett Miller avait valu à l'acteur le Golden Globe et l'Oscar du meilleur acteur.

Deux jours avant, le dimanche 9 février, c'est la mémoire de Maximilian Schell qui sera honoré avec la projection du documentaire qu'il consacra à sa soeur l'actrice Maria Schell, Meine Schwester Maria. Maximilian Schell, qui fut oscarisé pour son rôle dans Jugement à Nuremberg, avait été deux fois en compétition au Festival de Berlin : en tant que réalisateur avec son documentaire Marlene et en tant qu'acteur avec le film Left Luggage.

Maximilian Schell, star mondiale oscarisée et oubliée (1930-2014)

Posté par vincy, le 1 février 2014

maximilian schell en 1970Qui connaît encore Maximilian Schell? Pourtant ce comédien et cinéaste allemand fut l'une des rares stars germaniques à Hollywood. Schell a longtemps été, avec Maurice Chevalier et Marcello Mastroianni, l'un des comédiens européens les plus populaires en Amérique. Accessoirement, il est le parrain d'Angelina Jolie. Il vient de décéder à Innsbruck (Autriche), d'une "maladie grave et soudaine", à l'âge de 83 ans. Maximilian Schell était né le 8 décembre 1930 à Vienne en Autriche.

Un acteur populaire et oscarisé

Oscar du meilleur acteur en 1961 pour son rôle d'avocat d'accusés nazis dans Jugement à Nuremberg (de Stanley Kramer), deux fois nominé (meilleur acteur en 1976 pour The Man in the Glass Booth et meilleur acteur dans un second rôle en 1978 pour Julia), il avait alterné les projets personnels et les productions hollywoodiennes, refusant de se laisser enfermer dans un personnage stéréotypé. Il débute sur le sol américain en 1958 avec Le Bal des Maudits, d'Edward Dmytryk, aux côtés de Marlon Brando.

A Hollywood, il tourne pour les plus grands cinéastes, que ce soit pour le cinéma ou la télévision - George Roy Hill, John Frankenheimer - avant d'être engagé pour Jugement à Nuremberg (11 fois cité aux Oscars). Beau, charismatique, il a tout pour séduire les studios. Un visage anguleux taillé comme une sculpture de bois avec un couteau et un regard profond, qu'un sourire dévastateur pouvait adoucir.

Tête d'affiche aux côtés des plus grandes stars

Sa carrière prend alors son envol : Les Séquestrés d'Altona de Vittorio De Sica, Topkapi de Jules Dassin, The Deadly Affair de Sidney Lumet, La symphonie des héros de Ralph Nelson. Il était ainsi en haut de l'affiche, à égalité avec Sophia Loren, Spencer Tracy, Burt Lancaster, Peter Ustinov, James Mason, Simone Signoret ou encore Charlton Heston.

Au début des années 70, il revient en Europe, tournant avec Michael Anderson (et Liv Ullmann), Alessandro Blasetti (et Francisco Rabal), Jean-Louis Bertuccelli (et Michel Bouquet), et passant lui-même à la réalisation : Erste Liebe (1970), Der Fußgänger (1973), tous deux nominés à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, et Le juge et son bourreau (1975), d'après un scénario de l'écrivain Friedrich Dürenmatt, son meilleur ami.
Il retourne alors aux Etats-Unis. Rencontre son ami Jon Voight (le père d'Angelina Jolie, on y revient) pour Le dossier Odessa. Voight fut aussi la star du Juge et son bourreau. Retrouve Jules Dassin pour The Rehearsal. Incarne médecin, aristocrate, militaire, commerçant... Croise Charles Bronson, Jacqueline Bisset (avec qui il a souvent joué), James Coburn (chez Sam Peckinpah tout de même), mais aussi Sean Connery et Michael Caine (Un pont trop loin de Richard Attenborough). Une filmographie impressionnante pour un non anglophone.

La seconde guerre mondiale, marqueur de sa carrière

Avec Julia de Fred Zinnemann, aux côtés de Jane Fonda, Vanessa Redgrave, Jason Robards et Meryl Streep, il est de nouveau immergé dans une histoire liée au IIIe Reich. Le film obtient 11 nominations aux Oscars.

Ironique que l'Allemagne nazie et la seconde guerre mondiale lui aient procuré autant de grands rôles quant il a du fuir l'Autriche au moment de l'invasion allemande en 1938. Fils de l'écrivain suisse Ferdinand Schell et de la comédienne autrichienne Margarethe Noe von Nordberg, petit frère de l'actrice Maria Shell, elle-même star mondiale, cet helvéto-autrichien refusait de se laisser enfermer dans le simple métier d'acteur. Cinéaste indépendant, il réalisait aussi des documentaires (dont celui sur sa soeur La soeur Maria en 2002 et celui sur Marlene Dietrich, Marlene, en 1984) et mettait en scène des pièces de théâtre ou des opéras (sa passion). Lui-même était bon pianiste.

Il aura tout joué, du père d'Anne Frank à Pierre le Grand, de la série TV Heidi au Fantôme de l'opéra, de Lénine à un Pharaon. Depuis ses premiers pas au théâtre à Bâle en Suisse, en 1953, Schell aura parcouru les planches en Autriche, en Allemagne, à Londres et à New York. Robert Altman le dirigera dans la pièce d'Arthur Miller, en 2006, Resurrection Blues.

Il a continué à être sollicité par Hollywood durant toute sa vie : Premiers pas dans la mafia, avec Marlon Brando et Matthew Broderick, Little Odessa de James Gray, Vampires de John Carpenter, Deep Impact, avec Elijah Wood et Morgan Freeman, ou récemment Une arnaque presque parfaite avec Rachel Weisz, Adrien Brody et Mark Ruffalo.

L'acteur a reçu deux Golden Globes, un "César" allemand (et un prix honorifique), deux fois le prix d'interprétation par les critiques de New York, et deux prix d'interprétation au Festival de San Sebastien en tant que réalisateur.