Arras 2011 : rencontre autour de L’ordre et la morale de Mathieu Kassovitz

Posté par MpM, le 8 novembre 2011

L'ordre et la morale

Parmi les nombreuses avant-premières proposées par le Arras Film festival 2011, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, L'ordre et la morale, figurait parmi les plus attendus. Il retrace en une fresque tendue et captivante la prise d'otages qui eut lieu sur l'île d'Ouvéa (Nouvelle Calédonie) en 1988, et qui s'était soldée par le massacre des indépendantistes kanaks impliqués.

l'ordre et la moralePour présenter le film, le producteur Christophe Rossignon (à droite sur notre photo ci-dessus) et trois des acteurs kanaks du film avaient fait le déplacement : Mathias Waneux (3e en partant de la gauche), élu d'Ouvéa qui a pris part aux événements de 88, Dave Djoupa (2e en partant de la gauche) qui est le propre fils de Wenceslas Laveola, l'un des participants à la prise d'otages, et Iabe Lapacas (à gauche),  un jeune étudiant qui incarne à l'écran le chef des rebelles, Alphone Dianou.

L'occasion de revenir sur l'aventure assez exceptionnelle du film. "La genèse du projet est simple", explique Christophe Rossignon. "Il y a une dizaine d'années, à travers un intermédiaire qui s'appelle Olivier Rousset, Mathieu Kassovitz rencontrait Mathias Waneux, un grand leader indépendantiste en Nouvelle Calédonie.

Mathias a soutenu le projet depuis le début. Il a toujours pensé que ce film serait important pour le devoir de mémoire et pour la réconciliation. Puisque cette prise d'otages fait partie de l'histoire du pays, le film pouvait contribuer au chemin que la Nouvelle Calédonie prend par rapport à son autodétermination en 2014. Ca a pris du temps, parce que la parole devait accompagner ce projet. Entendre, expliquer, échanger. Et au final le film s'est fait."

En tout, vingt-cinq versions du scénario auront été nécessaires avant de pouvoir passer au tournage. La communauté kanak s'est fortement investie dans le projet, discutant et corrigeant les différentes moutures proposée par le quatuor de scénaristes Mathieu Kassovitz, Benoît Jaubert, Pierre Geller et Serge Frydman, et inspirées par le livre du capitaine du GIGN de l'époque, Philippe Legorjus. Mais sans pour autant dicter leur vision des choses.

"Cette histoire colle à la réalité qui n'est pas uniquement la réalité de nos amis kanaks, mais qui n'est pas non plus la réalité de Philippe Legorjus", souligne Christophe Rossignon. "C'est une réalité beaucoup plus large que Mathieu a essayé d'embrasser. Il s'agit d'un film qui raconte une histoire vraie. Ce n'est pas encore une ligne dominante du cinéma français, ça l'est depuis longtemps aux Etats-Unis, mais ça vient chez nous. Ce sont des films assez compliqués à mettre au point. Mais ça reste avant tout des films de cinéma. L'ordre et la morale n'est pas un documentaire."

Visiblement très émus, les trois acteurs sont revenus sur la prise d'otages de 1988 et ses suites politiques, ainsi que sur l'importance que revêt pour euxL'ordre et la morale le film. "Je l'ai dit cet après-midi à Nord-Ouest [la société de production de Christophe Rossignon et Philippe Boëffard] : si on m'avait dit à l'époque que je serais à Nord-Ouest cet après-midi, je ne l'aurais jamais cru.

Mais il a fallu toutes ces années de travail. Moi qui connaissais les tenants et les aboutissants du projet, je savais que j'allais combattre jusqu'au bout. Quels que soient les aléas, on y est arrivé. Avec le film, au lieu de toucher les grosses têtes du pays, on va toucher le peuple français. On va lui dire : "il y a un peuple là-bas qui souffre depuis tant d'années". Aujourd'hui on en a tellement marre de ceux qui nous gouvernent, qu'on est fatigué d'eux. Je pense que ce film-là peut aussi apporter une idée pour dire au peuple qui peut nous soutenir : soutenez-nous. "

La vie de Dave Djoupa a été totalement bouleversée par l'issue fatale de la prise d'otages, et il lui a fallu un certain courage pour incarner son père (décédé lors de l'assaut donné par l'armée française contre les preneurs d'otages) à l'écran. "Nous, depuis qu'on est en classe de 6e, 5e, jusqu'au lycée, on nous appelle des enfants d'assassins", se souvient-il. "Le film montre la réalité de pourquoi on s'est battu. Il nous redonne notre fierté."

l'ordre et la moraleUn sentiment partagé par le plus jeune de l'équipe, Iabe Lapacas. "Le film, c'est notre enfant", déclare-t-il. "La gestation a duré longtemps. Plus de dix ans. L'accouchement aussi ne s'est pas fait sans difficulté. Mais on a la chance d'avoir un beau bébé. On l'aime tous.

Ce film est important car c'est notre histoire à tous. Elle nous habite, nous qui sommes kanaks, et nos compatriotes aussi, qu'ils soient kanaks ou pas, qu'ils soient indépendantistes ou pas, vous aussi nos compatriotes français, mais aussi tous les peuples en lutte dans le monde, car je pense qu'ils se reconnaîtront dans la lutte du peuple kanak. Et cette histoire est universelle aussi pour les militaires qui verront le film ainsi que pour les politiques. "

L'ordre et la morale, qui sort le 16 novembre, réussit en effet le pari d'être à la fois une œuvre cinématographique aboutie et une reconstitution captivante de la manière dont une simple occupation pacifique a dégénéré en bain de sang. Mais surtout, il rend hommage à des hommes (aussi bien les kanaks que le capitaine Legorjus) dont les idéaux ont été broyés par la raison d'état. Plus de vingt ans plus tard, l'émotion est toujours aussi forte chez ceux qui ont subi ces événements, ou leurs conséquences. Il est temps qu'ils partagent symboliquement leur fardeau avec le plus grand nombre.

Arras 2011 : retour en vidéo sur le jour 3 avec l’équipe de L’ordre et la morale, Emmanuel Mouret…

Posté par MpM, le 8 novembre 2011

Invités : le producteur Christophe Rossignon et les acteurs Mathias Waneux, Dave Djoupa, Wenceslas Laveola pour L'ordre et la morale de Mathieu Kassovitz ; Emmanuel Mouret pour L'art d'aimer.

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Marion Dardé, Simon Machi, Alain Pétoux et Loïc Wattez.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

L’ordre et la morale provoque le désordre et l’indignation en Nouvelle-Calédonie

Posté par vincy, le 21 octobre 2011

L'ordre et la morale, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, n'est décidément pas le bienvenue en Nouvelle-Calédonie. Déjà, le territoire ultra-marin avait refusé que la production s'installe sur l'archipel pour tourner ce film qui retrace les événements tragiques autour de la Grotte d'Ouvéa en 1988. Un député UMP s'était même offusqué de voir des financements publics dans une telle production. Le film a donc du tout reconstituer en Polynésie française.

La sortie ne s'annonce pas plus calme. Le distributeur local s'est désisté et suspend ainsi, de facto, la diffusion du film, qui était prévue, comme en France, le 16 novembre. Le seul exploitant de salles de cinéma "ne souhaite plus diffuser le film" sous prétexte qu'il attiserait les rancoeurs. Sic. "Les cinémas Hickson ont le monopole et je m'y attendais. Il y a eu des pressions politiques, bien évidemment", a déclaré à l'AFP Macky Wéa, un des acteurs du film.

Douglas Hickson, patron de Cinécity, a qualifié le film de "très caricatural, qui rouvre des plaies qui s'étaient cicatrisées". "Nous sommes une entreprise de divertissement, alors que ce film est un film polémique. Nos salles ne sont pas le lieu approprié pour le présenter", a-t-il déclaré. Divertissement = abrutissement ?

Cet acte de censure révèle une volonté de penser à la place des citoyens. Proprement scandaleux sur le territoire français. C'est indigne d'une démocratie et d'un pays vantant la diversité culturelle. Que fait le Ministère de la Culture?

Ont-ils vu le même film que nous? Kassovitz est bien plus critique sur l'appareil de l'Etat français et l'Armée que sur les indépendantistes, pour lesquels on sent davantage d'empathie. mais les rôles et responsabilités sont assez équilibrés.

Les avant-premières sont donc reporter aussi bien à Ouvéa (le 29 octobre) qu'à Nouméa (le lendemain).

Mathieu Kassovitz s'est déclaré choqué, évoquant des pressions politiques. "On s'est battu dix ans pour faire ce film, personne n'a réussi à nous empêcher et tout à coup le dernier maillon de cette chaîne cède, c'est impossible... Ce serait très fort s'ils arrivaient à censurer un film au dernier moment", déclare-t-il, visiblement abattu, dans une vidéo en ligne sur le site du quotidien Presse-Océan.

Le film a déjà été montré à des officiels (kanaks et caldoches) ainsi qu'à des élus, des militaires, des gendarmes et aux familles des victimes des deux camps, et cela sans provoquer le moindre incident. "On organisera des projections ailleurs, dans les mairies. Il y a déjà eu des projections avec des gens de bords différents et à 99%, le film a été perçu positivement", se rassure Macky Wéa. A l'AFP, un responsable du FLNKS souhaite "que le film soit vu, même si c'est douloureux. Bien sûr, on peut craindre la réaction de jeunes, qui se sentent marginalisés, il faut expliquer."

Suite à Ouvéa et aux accords de Nouméa qui ont été signés dans la foulée du réferendum pour l'autonomie de la Nouelle Calédonie en 1988, un processus de décolonisation par étapes a été mis en place en 1998. La Nouvelle-Calédonie décidera de son avenir institutionnel par un référendum d’auto-détermination entre 2014 et 2018. Le Président de la République et le Premier Ministre se sont déplacés pour tenter de convaincre les calédoniens de rester dans la République. Des moments de tension de ce genre ne sont qu'une petite partie d'un problème politique, économique et géostratégique plus vaste.

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Le guide de la rentrée (2) : 15 films français qui vont marquer l’automne

Posté par MpM, le 9 septembre 2011

On continue notre exploration d'un automne qui sera résolument cinématographique (voir 15 films incontournables venus du monde entier), avec ce focus (une fois encore subjectif) sur 15 films français qui vont marquer les derniers mois de 2011. Pas de doute, le cinéma français réserve lui aussi de beaux moments, avec pas mal d'auteurs confirmés, et, on l'espère, quelques jolies surprises !

La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy
Sortie le 14/09
Le trio franco-belge a choisi la ville du Havre (comme Aki Kaurismaki, voir ci-dessous) pour imaginer un conte de fées ultra-moderne, poétique et hilarant, où les solitudes les plus universelles (des immigrés clandestins, un veilleur de nuit...) finissent par se rejoindre. Comme toujours, l'humour visuel des trois complices fait mouche, tandis que leur propos inhabituellement engagé justifie la mélancolie douce-amère sous-jacente.

L'Apollonide - souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
Sortie le 21/09
Un film qui risque de partager les spectateurs, entre chronique de la fin d'une époque et étude étonnante d'un microcosme pas banal. La maison close selon Bonello est un lieu hors du monde, oppressant et fugacement sordide, mais surtout sensuel et voluptueux. Il en tire une œuvre ultra-esthétique qui déjoue les conventions narratives et plonge le spectateur dans un onirisme fascinant.

Un été brûlant de Philippe Garrel
Sortie le 28/09
La frontière de l'aube ne nous avait pas convaincus : trop esthétisant, pas assez sincère. Raison de plus pour attendre avec impatience le nouveau film, sélectionné à venise, de Philippe Garrel, cinéaste incandescent et sensible. En l'occurrence, cette nouvelle variation sur le sentiment amoureux et ses enchevêtrements sentimentaux, à défaut de nous séduire, nous envoûtera par son duo Louis Garrel et Monica Bellucci.

Notre paradis de Gaël Morel
Sortie le 28/09
Il y a de quoi être intrigué par le nouveau film de Gaël Morel, situé dans le milieu de la prostitution masculine, et suivant la cavale de deux amants criminels. L'acteur-réalisateur assume d'emblée la violence et la radicalité du film, pour lequel il ne s'est posé aucune limite. On est prévenu.

The Artist de Michel Hazanavicius
Sortie le 12/10
Le duo gagnant de la série OSS117 parviendra-t-il à convaincre son public de se déplacer en masse pour un film muet et en noir et blanc ? Bien que The artist ait fait sensation au dernier festival de Cannes, où jJan Dujardin a reçu le prix d'interprétation, pas sûr que l'aspect "premier degré" du scénario, et son absence presque totale de recul par rapport au genre auquel il veut rendre hommage, ne soit pas un handicap auprès des fans habituels d'Hazanavicius.

Polisse de Maïwen
Sortie le 19/10
Cette plongée fascinante dans le quotidien d'une brigade de protection des mineurs aborde de façon quasi documentaire les crimes les plus graves (inceste, pédophilie, exploitation...), et donne un aperçu glaçant des réalités crues d'un pays à la dérive. Misère sociale et culturelle, perte de repères, injustice... Un instantané édifiant de la France en 2011.

Hors Satan De Bruno Dumont
Sortie le 19/10
Dérangeant et brutal, le cinéma de Bruno Dumont creuse film après film la question de l'humanité. Ce nouvel opus, âpre mais plus lumineux que d'ordinaire, observe avec distance et minimalisme la relation étrange qui lie une jeune fille et celui qui devient peu à peu son ange gardien. Non sans un certain humour, le cinéaste livre une parabole radicale parfaitement ancrée dans son époque.

Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
Sortie le 26/10
Pour leur deuxième long métrage (en compétition à Venise) réalisé en commun, Marjane Satapi et Vincent Paronnaud passent au cinéma "live", avec acteurs (entre autres Mathieu Amalric, Jamel Debbouze, Chiara Mastroianni...) et caméra, mais tout de même parsemé de séquences d'animation. Même si le propos est résolument moins politique que dans Persépolis, on est impatient de découvrir cette nouvelle évocation d'un Iran méconnu.

L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller
Sortie le 26/10
Dans la veine des films "politiques" sortis au premier semestre, L'exercice de l'état décortique les mécanismes du pouvoir, et son exercice rendu si difficile par le clientélisme. En ne s'inspirant ouvertement d'aucun personnage réel, Pierre Schoeller donne à son propos une portée universelle qui l'élève de la simple dénonciation à la réflexion de société. Et rend le parcours de ce ministre coincé entre ses ambitions et ses idéaux à la fois édifiant et passionnant. LE film politique de l'année.

Mon pire cauchemar d'Anne Fontaine
Sortie le 09/11
Anne Fontaine réunit un homme et une femme aussi opposés que les personnages de cinéma savent l'être. D'un côté Isabelle Huppert en bourgeoise à la tête d'une fondation d'art contemporain, de l'autre Benoît Poelvoorde en paumé alcoolique. On peut ajouter André Dussollier et Virginie Efira au générique. Au-delà des stéréotypes, ces deux-là avaient peut-être une vraie raison de se rencontrer...

Toutes nos envies de Philippe Lioret
Sortie le 09/11/
Forcément, deux ans après Welcome, on attend beaucoup du retour au cinéma de Philippe Lioret. D'autant qu'après s'être intéressé à la situation des immigrés clandestins, et aux poursuites pénales contre ceux qui les aident, le réalisateur se tourne cette fois vers le drame du surendettement. S'inspirant librement du roman d'Emmanuel Carrère D'autres vies que la mienne, il semble une fois encore toucher du doigt un sujet violemment d'actualité.

L'Ordre et la morale de Mathieu Kassovitz
Sortie le 16/11
Pour son retour derrière la caméra, Mathieu Kassovitz s'empare du drame d'Ouvéa. On est en 1988, en Nouvelle Calédonie, et à quelque semaines de l'élection présidentielle, un groupe d'indépendantistes kanak prend en otage 30 gendarmes. Entre documentaire politique et film de guerre, Kasso, en grande forme, sans doute très inspiré, réalise un film où l'humanisme est broyé par un système : les sauvages ne sont pas ceux que l'on croit.

Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian
Sortie le 16/11
Nouveau conte social pour Robert Guédiguian, qui fait un bilan des consciences et des idéaux sociaux de sa jeunesse. Si le ton est désenchanté (le combat n'est pas près d'être fini), il reste malgré tout une étincelle d'optimisme qui réaffirme la solidarité et l'entraide comme valeurs inconditionnelles et non négociables. Un film qui préfigure certains débats à l'élection présidentielle, avec sa touche de poésie romanesque qui en fait son film le plus intéressant depuis des lustres.

Les Adoptés de Mélanie Laurent
Sortie le 23/11
Après plusieurs courts métrages, Mélanie Laurent passe au long, avec cette histoire de femmes et de famille. Certains n'y verront qu'une raison de relancer la polémique stérile autour de "l'hyperactivité" de la jeune femme, très exposée depuis début 2011 (plusieurs films à l'affiche, un album de chanson, un rôle prestigieux de maîtresse de cérémonie à Cannes...), mais à Ecran Noir, on se réjouit surtout de découvrir l'univers personnel de l'une des comédiennes les plus passionnantes de sa génération. Il sera présenté en avant-première à Saint-Jean-de-Luz.

L'Art d'aimer d'Emmanuel Mouret
Sortie le 23/11
De film en film, on a appris à apprécier l'univers décalé, romanesque et léger d'Emmanuel Mouret, entre marivaudages et comédie romantique. Avec ce 6e long métrage au titre évocateur, il poursuit une oeuvre atypique qui se nourrit d'un humour burlesque et d'une rigueur formelle délicieusement surannée.

Le havre d'Aki Kaurismaki
Sortie le 21/12
Le cinéaste finlandais est venu tourner en France un film chaleureux, engagé et optimiste qui croque avec justesse les contradictions (universelles) de notre pays. Avec son style inimitable, très théâtral, il offre une leçon de solidarité en même temps qu'un savoureux moment de cinéma.

Michele Placido réunit Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz

Posté par vincy, le 28 juin 2011

En attendant son prochain film, L'ange du mal, en salles le 7 septembre, Michele Placido, connu pour son polar noir et sang Romanzo Criminale, a déjà attaqué un nouveau projet : Le guetteur. Autre thriller. Il le tournera en français, avec dans les rôles principaux Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz.

Le tournage commence lundi, pour une durée de deux mois, à Paris et dans la région parisienne. Le générique comprendra aussi Olivier Gourmet, Nicolas Briançon et Luca Argentero.

Le film s'articule autour de la construction d'un piège monté par un Commissaire (Auteuil) pour arrêter un gang de braqueurs. Mais ce gang de trois a un atout : un quatrième élément, tireur d'élite (Kassovitz). L'histoire est celle d'un face-à-face entre un flic intraitable, ce tueur et un truand machiavélique.

Costa-Gavras retrouve Kassovitz pour un thriller financier

Posté par vincy, le 1 juin 2011

Costa-Gavras revient au cinéma, deux ans après Eden à l'Ouest, et retrouve Mathieu Kassovitz, 9 ans après Amen. Le Capital sera un thriller dramatique où l'acteur-réalisateur incarnera Marc Tourneuil, pur produit de  l'Ecole Polytechnique à la tête d'une des plus grandes banques d'investissements européennes. Sa banque fait l'objet d'une OPA hostile par un fond d'investissement américain.

Entre mécanique de pouvoir et coulisses de la finance, ce film sera tourné en français et en anglais. Gabriel Byrne fera partie des actionnaires de la banque.

Le scénario a été écrit par le fils du réalisateur, Romain Gavras, Jean Claude Grumberg et Karim Boucherka. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme publié en 2004 chez Grasset. La satire est toujours présente dans le script mais selon le réalisateur, le banquier est plus humain et moins cynique. Le film s'annonce donc moins noir que Le couperet.

Le tournage de ce film budgété à 8 millions d'euros débutera en septembre et fera des détours à Paris, Londres, Miami, New York et Tokyo. La sortie en salles est prévue pour 2012.

Kassovitz sera aussi à l'affiche de L'ordre et la morale, qu'il a réalisé. Il n'avait pas tourné, en tant que comédien, depuis 2005 (Munich).

Cannes 2011 : Almodovar revient dans la course

Posté par vincy, le 11 avril 2011

Dans trois jours, nous saurons (presque) tout du prochain Festival de Cannes (11-22 mai). 64e édition qui promet quelques rebondissements et qui suscitent de nombreuses rumeurs.

Première d'entre elle, qui nous ravira : le nouveau film de Pedro Almodovar, qui sort exceptionnellement en septembre en Espagne (et en novembre en France) serait finalement dans la compétition. Le réalisateur espagnol se serait laissé convaincre, selon le magazine professionnel Variety, par Thierry Frémeaux, en charge de la sélection officielle du Festival. Venise n'aurait donc pas le droit aux honneurs de l'autre Roi d'Espagne. Almodovar rejoindrait ainsi les habitués - et souvent primés - déjà confirmés (non officiellement) : les frères Dardenne, Lars Von Trier, Nuri Bilge Ceylan, Aki Kaurismäki, Lou Ye, Nanni Moretti et Paolo Sorrentino (voir actualité du 25 mars dernier).

Terrence Malick, sans doute à cause de sa sortie avancée en Grande Bretagne (voir actualité du 31 mars dernier), devrait être hors compétition.

Autres cinéastes fortement pressentis : la japonaise Naomi Kawase, Grand prix du jury en 2007 avec La forêt de Mogari, le grec Yorgos Lanthimos (Canine avait fait sensation à Un certain regard) avec Alpes, et le russe Andrei Zvyagintsev qui avait séduit avec Le retour et Le bannissement et qui revient avec Elena. Pour ce dernier film, convoité aussi par Venise, il faudra cependant attendre que les sélectionneurs puissent le voir... On évoque de plus en plus la réalisatrice écossaise de Lynne Ramsay, avec We need to Talk about Kevin, qui retrace l'histoire d'un massacre dans un école.

Cela rappellera Elephant, Palme d'or de Gus Van Sant. Etrangement, toujours selon Variety, le nouveau film du réalisateur de Portland, Restless, irait à Un certain regard. C'est d'autant plus étonnant qu'il n'y a, pour le moment, aucun grand nom américain en compétition.

Parmi les autres candidats à la sélection officielle, les noms de Nikolai Khomeriki, Victor Ginzburg, Brillante Mendoza, Pen-ek Ratanaruang, Na Hong-jin, Antonio Vampos, Ruben Ostlund reviennent rituellement.

Côté français, Christophe Honoré (voir actualité du 28 juillet 2010), Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, Maïwenn Le Besco, Xavier Durringer, Roschdy Zem et Mathieu Kassovitz (voir nos articles sur L'ordre et la morale) semblent bien partis pour aller grimper les marches, les rouges comme les bleues.

Un carré d’as de films politiques va donner l’assaut des salles

Posté par vincy, le 9 mars 2011

Le cinéma français a décidé de s'emparer de son histoire récente et de ses tourments politiques. Comme dans les années 70, les producteurs sont attirés par un déclin identitaire qui heurte l'orgueil national. Politique, mais aussi finance, justice, sécurité intérieure, enjeux stratégiques... Les polars ancrés dans le réel ont commencé à se multiplier ses dernières années autour de la crise, du marketing politique (Le président ou encore Le candidat) ou des affaires de corruption (L'ivresse du pouvoir). On notera d'ailleurs que deux films sur l'Affaire Bettencourt sont en préparation. L'un avec Jeanne Moreau, sans doute assez réaliste, l'autre avec Jean Rochefort, plus proche de la satire. En attendant, cette année, les films seront sérieux et dramatiques.

Cette année, L'assaut va lancer l'attaque. Julien Leclercq (Crysalis) revient sur l'affaire d'un Airbus d'Air France pris en otage par quatre terroristes du GIA à l'aéroport d'Alger. 227 personnes enfermées dans l'avion à la veille de noël en 1994. Le film se focalise sur trois personnages : un soldat du GIGN, une technocrate ambitieuse et un Djihahiste obstiné. L'assaut du GIGN sera vu par 21 millions de téléspectateurs. En salles cette semaine, le film se veut le plus réaliste possible, et tourné comme un film de guerre, avec Paul Greengrass comme influence. Pour Vincent Elbaz et Mélanie Bernier, les deux rôles principaux, ce sera aussi l'occasion de mesurer leur popularité.

Omar m'a tuer est aussi inspiré d'une histoire vraie. On se souvient tous de ce jardinier, Omar Raddad, accusé d'avoir tué sa patronne, Ghislaine Marchal, un week-end d'été en 1991. Raddad est aussitôt arrêté et incarcéré. Calme mais parlant mal le français, des lettres de sang le pointent comme le suspect principal, pour ne pas dire le "présumé coupable". Roschdy Zem, de retour derrière la caméra, a choisi Sami Bouajila pour incarner Omar, tandis que Denis Podalydès interprétera le romancier Jean-Marie Rouart,  l'un des principaux animateurs du Comité pour la révision du procès,  auquel il a consacré un ouvrage, Omar : la construction d'un coupable en 1994.

Podalydès sera aussi un autre personnage célèbre : Nicolas Sarkozy. La conquête est l'histoire de la campagne présidentielle 2007. Nul ne sait quel regard portera le revenant Xavier Durringer, qui après des années de télévision, retourne au cinéma. Hippolyte Girardot sera Claude Guéant, entouré de Florence Pernel (Cécilia Sarkozy), Dominique Besnéhard (Pierre Charon), le conseiller en communication, Grégory Fitoussi (Laurent Solly), Bernard Le Coq (Jacques Chirac), Michèle Moretti (Bernadette Chirac), Samuel Labarthe (Dominique de Villepin) et Saïda Jawad (Rachida Dati)... Les métamorphoses de chacun sont déjà le centre d'attention des médias. Mais l'intéressant est ailleurs : quel visage de ces hommes politiques seront montrés avec le scénario de ce film, qui pourrait être présent à Cannes...

L'ordre et la morale sortira en septembre. Son tournage mouvementé et complexe (les équipes ont du aller en Polynésie française, ne pouvant pas tourner en Nouvelle Calédonie) et son histoire hautement sensible en font l'un des films les plus intrigants de l'année. Pas seulement parce que Mathieu Kassovitz en est le réalisateur (et l'acteur, avec Sylvie Testud, Malik Zidi, Philippe Torreton et Iabe Lapacas). Mais l'attaque de la grotte d'Ouvéa, en pleine campagne pour l'élection présidentielle de 1988, est sans doute l'un des faits marquants contemporains les plus passionnants dans le rapport entre la France et ses territoires d'Outre-mer. Dans ce face à face entre un groupe d'indépendantistes Kanaks et le GIGN, avec 30 gendarmes enlevés (et quatre tués), l’assaut ici se finira en un bain de sang qui laisse encore des traces.

Cannes 2011 (cinéma français) : il n’y aura pas assez de place pour tout le monde…

Posté par vincy, le 24 février 2011

André Téchiné (Impardonnables), Mathieu Kassovitz (L'ordre et la morale), Robert Guédiguian (Les pauvres gens), Claude Miller (Voyez comme ils dansent)... les habitués français du Festival de Cannes vont se bousculer. Promotion en compétition, abonnement à une sélection parallèle, confirmation ou révélation : le cinéma français offre une diversité dont pourrait tirer bénéfice le festival dans son ensemble.

L'animation peut ainsi proposer deux films : The Prodigies - La nuit des enfants rois et Le chat du Rabbin.

Certains cinéastes sont déjà venus à Cannes : Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (Poulet aux prunes), Mia Hansen Love (Un amour de jeunesse), Dominik Moll (Le moine), Bertrand Bonello (L'apollonide), Nicolas Klotz (Les amants), Christophe Honoré (Les bien-aimés), Patricia Mazuy (Sport de filles). Souvent Cannes est leur salut pour promouvoir des films difficiles.

Mais il serait presque souhaitable que les sélectionneurs piochent dans de nouvelles signatures, reconnues par ailleurs. Radu Mihaileanu, qui sort du Concert, avec La source des femmes Roschdy Zem qui revient sur un fait divers réel avec Omar m'a tuer ; Xavier Durringer qui retrace l'ascension vers l'Elysée de Nicolas Sarkozy sans La conquête ; Virginie Despentes, récent prix Renaudot en littérature, qui adapte son roman Bye Bye Blondie ; Philippe Lioret qui va très bien, on ne s'en fait pas depuis le succès de Welcome, avec Toutes nos envies.

Et puis, on peut imaginer le dépucelage de Michel Hazanavicius (The Artist), le retour de Chantal Ackerman (La folie Almayer) et de Nicolas Klotz (Les amants), les noms à apprendre de Malgoska Szumowska (Sponsoring), Ismael Ferrouki (Les hommes libres)...

Cannes aura de quoi trier. Mélanie Laurent (Adoptés), Santiago Airogerna (Another Kind of Silence), Delphine et Muriel Coulin (17 filles) permettraient d'insuffler de nouveaux regards dans un festival qui aime se singulariser.

Une chose est sûre : il n'y aura pas de place pour tout le monde...

Le nouveau film de Kassovitz fait tempête dans le Pacifique

Posté par vincy, le 23 août 2010

Y a du rififi dans le pacifique. L'ordre et la morale, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, retrace le drame d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, où 21 personnes (19 indépendantistes, 2 militaires) avaient trouvé la mort en 1988 (voir aussi actualité du 20 juin 2009).

Mais voilà, le tournage ne se déroule pas en Nouvelle Calédonie, mais dans un autre territoire ultramarin français : la Polynésie française.

Le film, intitulé L'ordre et la morale, mettra en scène ce drame qui s'était soldé par la mort de 21 personnes, 19 indépendantistes néo-calédoniens qui avaient pris en otage des gendarmes et deux militaires ayant donné l'assaut.

La protestation est politique.Le député UMP et président de l'Assemblée de la Province sud de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier, a adressé un courrier de protestation à Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française, à propos de l'aide apportée par Tahiti.  "C'est avec regret que j'apprends que la Polynésie française a accepté d'accueillir le tournage du film 'L'ordre et la morale' relatant les événements d'Ouvéa de 1988 et que votre gouvernement a décidé de subventionner cette production", lit-on dans ce courrier publié par Les Nouvelles de Tahiti.

Le même député souligne que la Nouvelle-Calédonie a refusé de donner son feu vert au tournage du film "suite aux réticences fortes de la population et notamment des habitants d'Ouvéa". Christophe Rossignon, producteur du film, ne comprend pas la sortie du député UMP. "Pierre Frogier fait des amalgames et des raccourcis quand il dit que la population de Nouvelle-Calédonie n'est pas d'accord. Je ne sais pas pourquoi il joue à ça. Je n'ai pas vu le coup venir. Quand il dit que la population d'Ouvéa est contre le film, ce n'est pas vrai. Les coutumiers, la grande chefferie, la mairie d'Ouvéa nous disent le contraire. Pour le maire d'Ouvéa, la population est très majoritairement pour le film."

Après des mois de repérages sur place, Mathieu Kassovitz avait expliqué en mai que les Calédoniens lui avaient demandé de ne pas faire le film chez eux. "Ils ont subi cette tragédie et c'est encore trop proche", avait-il dit.

Le tournage, qui commence ce week-end, devrait durer deux mois et se déroulera essentiellement sur le petit atoll de Anaa, dans l'archipel des Tuamotu, qui est un équivalent de l'île d'Ouvéa, mais également à Tahiti et à Rurutu aux Australes.

Le tournage se révèle périlleux. Il n'y a qu'un vol par semaine vers Anaa (460 habitants). L'armée a refusé de collaborer pour fournir des véhicules d'époque, la météo est plus que variable, ... et la Polynésie a des soucis budgétaires. Et désormais il y a cette polémique politique. Mais Le président autonomiste Gaston Tong Sang, et son adversaire indépendantiste, le président de l'assemblée Oscar Temaru, ont apporté leur soutien au film.

"En plus des équipes qui viennent de métropole, on va embaucher 81 techniciens locaux, plus de 250 figurants, et une trentaine de Kanaks qui vont arriver de Nouvelle-Calédonie", assure la productrice exécutive en Polynésie, Marie-Eve Tefaatau.

Le réalisateur, aussi scénariste et acteur, interprètera l'un des principaux personnages, aux côtés de Sylvie Testud et Malik Zidi. Le budget global de la production est estimé à 14 millions d'euros, dont plus de la moitié dépensés en Polynésie française.

La sortie du film est prévue pour le prochain festival de Cannes.