Cannes 2018 : Martin Scorsese se livre en masterclass

Posté par wyzman, le 10 mai 2018

Invité d'honneur de la Quinzaine des réalisateurs (où il a reçu un Carrosse d'or), Martin Scorsese donnait hier une masterclass au Théâtre Croisette après la projection de Mean Streets. L'occasion pour lui de revenir sur la fabrication de son premier film présenté sur la Croisette, lors de la Quinzaine des réalisateurs de 1973. Acclamé, le film n'est pourtant sorti en France que 3 ans plus tard mais il demeure aujourd'hui encore un objet filmique culte. Pour l'occasion, Martin Scorsese, qui a ouvert mardi soir avec Cate Blanchett la 71e édition du Festival de Cannes, était d'ailleurs très bien entouré. Annoncée par Céline Sciamma, la masterclass de Martin Scorsese était animée par Rebecca Zlotowski, Bertrand Bonello, Jacques Audiard et Cédric Klapisch.

A propos de la genèse de Mean Streets :

Avec ce film, il s’agissait de se demander comment  avoir une vie juste moralement dans un monde qui ne l’est pas. Il m’a fallu des années pour comprendre certaines choses et qu'en fait, je je ne racontais rien d’autre que la relation entre mon père et son jeune frère. Mon père rendait toujours des services à son frère et ma mère lui disait "Non arrête, c’est bon !" mais il ne pouvait pas s’arrêter.

A propos du bien et du mal dans Mean Streets :

Ces gens que l’on appelle des malfaiteurs, il y avait quand même du bien en eux ! Mean Streets développe l’idée selon laquelle si l’on veut réparer le mal que l’on a fait, on ne peut pas le faire entre les quatre murs d’une église. Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : ceux qui sauvent des gens et ceux qui se battent et je fais peut être partie de eux qui se barrent... Voilà pourquoi l’humour est très important !

A propos des thématiques phares de ses films :

Avec le temps, j’ai été davantage attiré par les rapports entre hommes, les amitiés masculines, cette fraternité. Ce sont ces questions là qui ont nourri tous mes films et la création de mes personnages. Et aussi de savoir : si tu laisses les choses dans une relation s’envenimer, est-ce que tu es une mauvaise personne ou est-ce qu’il y a moyen que tu sois quelqu’un de bien ? Est ce que parce que l’on vit mal, parce que l’on pêche, cela définit qui l’on est ?

A propos de sa passion pour le cinéma :

[J'ai grandi aux côtés de] travailleurs sociaux qui étaient au cœur du New York le plus dur mais qui continuaient de croire qu’ils trouveraient les moyens de venir en aide aux autres. Ils s’occupaient des plus défavorisés de ceux laissés sur le bas-côté de la route avec un dévouement dont on devrait s’inspirer. Ce sont des figures qui ont été très importantes pour moi. Il y a un prêtre qui a été comme un enseignant de la rue pour moi, c’est lui qui m' fait aimer le cinéma et les westerns. C’est quelqu’un qui a eu sur moi une grande influence, il m’a aidé à réfléchir à la moralité et au bien car l’autre côté c'est de tomber dans la criminalité et la violence. Il m'a fait découvrir un art.

A propos des romances développées dans ses films :

La question a toujours été de savoir comment entamer une relation amoureuse. Passé un certain âge, il y a énormément d’enjeux. Il faut faire le point sur soi-même, sur ce que l’on est et ce que l’on vaut. Il y a un certain nombre de codes que l’on peut vouloir outrepasser mais qu’il faut d’abord connaître.

A propos des problèmes qu'il peut rencontrer en tournant :

Si l'on sent que quelque chose cloche, que l’on arrive pas à faire ce que l’on veut, c’est que l’on n'a pas les bonnes raisons d’être là et de faire les choses. Je garde d'ailleurs un souvenir claustrophobe et malaisant [de la création de certains personnages de Mean Streets].

A propos de son travail en phase de pré-production :

Ce dont moi j’ai envie c’est une simplicité apparente. On pense que cela se fait tout seul comme chez Clint Eastwood mais ça ne se fait pas comme ça. C’est au prix d’un grand professionnalisme et d’une véritable préparation que cette simplicité apparaît. Malheureusement, ce n’est pas le cas chez moi. Bon, si je dois vous parler de comment je travaille, je ne vais peut-être pas vous reparler de mon enfance (...) Ma seule ouverture sur le monde c’était le cinéma. Je dessinais tout le temps et ces petits dessins sont devenus ce que l’on appellerait aujourd’hui des storyboards. Aujourd’hui encore, c’est ce que je fais. Deux semaines avant de tourner je me pose et je dessine. Et ce n’est que récemment que d’autres aspects sont apparus [sur ces storyboards] : l’échelle des personnages, les mouvements de caméras... Avant, le plus important pour moi était de connaître le cadre et les plans que j’allais tourner !

Cannes 2018: Bergman, Besson, Chahine, Hitchcock, Kubrick, Ozu, Rappeneau, Varda et Wilder à Cannes Classics

Posté par vincy, le 23 avril 2018

Des femmes, des cinéastes de légendes, des films qui célèbrent leurs anniversaires: Cannes Classics mettra en lumière toutes les facettes du 7e art.

Alice Guy et Jane Fonda

Be Natural: The Untold Story of Alice Guy-Blaché (Soyez naturel : L’histoire inédite d’Alice Guy-Blaché) de Pamela B. Green (2018, 2h, États-Unis)
Alice Guy est la première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma. En présence de la réalisatrice Pamela B. Green.

Jane Fonda in Five Acts de Susan Lacy (2018, 2h13, États-Unis)
En présence de Susan Lacy et de Jane Fonda.

Les 50 ans de 2001 : l’odyssée de l’espace

2001: A Space Odyssey (2001 : l’odyssée de l’espace) de Stanley Kubrick (1968, 2h44, Royaume-Uni, États-Unis)
Une Copie 70mm tirée à partir d’éléments du négatif original. Présenté par le réalisateur Christopher Nolan, le film sera projeté en salle Debussy, avec entracte de 15mn, dans l’exacte reproduction de l’expérience vécue par les spectateurs lors de la sortie du film au printemps 1968. En présence également de la fille de Stanley Kubrick, Katharina Kubrick, et de son coproducteur Jan Harlan.

Orson Welles

The Eyes of Orson Welles (Les Yeux d’Orson Welles) de Mark Cousins (2018, 1h55, Royaume-Uni)
En présence du réalisateur Mark Cousins.

Centenaire Ingmar Bergman

Searching for Ingmar Bergman (À la recherche d’Ingmar Bergman) de Margarethe von Trotta (2018, 1h39, Allemagne, France)
En présence de Margarethe von Trotta.

Bergman — ett ar, ett liv (Bergman – A Year in a Life) de Jane Magnusson (2018, 1h56, Suède)
En présence de Jane Magnusson.

Det sjunde inseglet (Le Septième Sceau / The Seventh Seal) d’Ingmar Bergman (1957, 1h36, Suède)
Numérisation et restauration 4K à partir du négatif original et du mixage final sur bande magnétique.

Cannes Classics

Battement de cœur (Beating Heart) d’Henri Decoin (1939, 1h37, France)
Restauration 2K

Enamorada d’Emilio Fernández (1946, 1h39, Mexique)
Présenté par Martin Scorsese.

Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette / Bicycle Thieves) de Vittorio De Sica (1948, 1h29, Italie)
Version restaurée pour les 70 ans du film.

Tôkyô monogatari (Voyage à Tokyo / Tokyo Story) de Yasujiro Ozu (1953, 2h15, Japon)
Restauration numérique 4K.

Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock (1958, 2h08, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif VistaVision pour les 60 ans du film. Projeté au Cinéma de la Plage.

The Apartment (La Garçonnière) de Billy Wilder (1960, 2h05, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif original caméra.

Démanty noci (Les Diamants de la nuit / Diamonds of the Night) de Jan N?mec (1964, 1h08, République tchèque)

Voyna i mir. Film I. Andrei Bolkonsky (Guerre et paix. Film I. Andrei Bolkonsky / War and Peace. Film I. Andrei Bolkonsky) de Sergey Bondarchuk (1965, 2h27, Russie)
Restauration numérique image par image de l’image et du son à partir d’un scan 2K.

La Religieuse (The Nun) de Jacques Rivette (1965, 2h15, France)
Une Restauration 4K d’après le négatif image original. Restauration son à partir du négatif son (seul élément conforme).

Cetri balti krekli (Quatre Chemises blanches / Four White Shirts) de Rolands Kalnins (1967, 1h20, Lettonie)
Scan 4K et restauration numérique 3K à partir de l’internégatif original 35mm et d’un marron afin d’obtenir un master 2K. En présence du réalisateur Rolands Kalnins.

La Hora de los hornos (L’Heure des brasiers / The Hour of the Furnaces) de Fernando Solanas (1968, 1h25, Argentine)
Restauration 4K à partir des négatifs originaux pour les 50 ans du film. En présence de Fernando Solanas.

Le Spécialiste (Gli specialisti / Specialists) de Sergio Corbucci (1969, 1h45, France, Italie, Allemagne)
Version intégrale inédite restaurée en 4K à partir du négatif image original Technicolor - Techniscope et des magnétiques français et italien. Projeté au Cinéma de la Plage.

João a faca e o rio (João et le couteau / João and the Knife) de George Sluizer (1971, 1h30, Pays-Bas)
Restauration 4K à partir du négatif caméra Techniscope 35mm filmé par Jan de Bont.

Coup pour coup (Blow for Blow) de Marin Karmitz (1972, 1h30, France)
Restauration à partir du négatif original en 2K. En présence de Marin Karmitz.

L'une chante, l'autre pas (One Sings the Other Doesn't) d'Agnès Varda (1977, 2h, France)
Numérisation en 2k à partir du négatif original et restauration. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence d’Agnès Varda.

Grease de Randal Kleiser (1978, 1h50, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif caméra original pour les 40 ans du film. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence de John Travolta.

Fad,jal (Grand-père, raconte-nous) de Safi Faye (1979, 1h52, Sénégal, France)
Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 16mm. En présence de Safi Faye.

Cinq et la peau (Five and the Skin) de Pierre Rissient (1981, 1h35, France, Philippines)
Restauration 4K à partir du négatif image original et du magnétique français. En présence de Pierre Rissient.

A Ilha dos Amores (L’Île des amours / The Island of Love) de Paulo Rocha (1982, 2h49, Portugal, Japon)
Scan wet gate 4K de deux interpositifs 35mm image et son.

Out of Rosenheim (Bagdad Café) de Percy Adlon (1987, 1h44, Allemagne)
Numérisation et restauration 4K. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence de Percy Adlon.

Le Grand Bleu (The Big Blue) de Luc Besson (1988, 2h18, France, États-Unis, Italie)
Restauration 2K. Séance organisée à l’occasion des trente ans de la projection du film en ouverture du Festival de Cannes 1988. Projeté au Cinéma de la Plage.

Driving Miss Daisy (Miss Daisy et son chauffeur) de Bruce Beresford (1989, 1h40, États-Unis)
Restauration 4K à partir des négatifs 35mm originaux image et son.

Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau (1990, 2h15, France)
Numérisation supervisée par Jean-Paul Rappeneau à partir du négatif original et restauration 4K. En présence de Jean-Paul Rappeneau.

Hyènes (Hyenas) de Djibril Diop Mambéty (1992, 1h50, Sénégal, France, Suisse)
Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 35mm.

El Massir (Le Destin / Destiny) de Youssef Chahine (1997, 2h15, Égypte, France)
En avant-première de la rétrospective intégrale à la Cinémathèque française en octobre 2018. Restauration en 4K . Projeté au Cinéma de la Plage.

Le Carrosse d’or 2018 pour Martin Scorsese

Posté par MpM, le 30 mars 2018

C'est le cinéaste américain Martin Scorsese qui recevra le Carrosse d'or 2018 décerné par la Société des réalisateurs de Films. Il sera remis lors de l'ouverture la 50e édition de la Quinzaine des Réalisateurs, le 9 mai prochain.

C'est même une journée exceptionnelle qui sera proposée aux festivaliers avec notamment la projection de Mean Street (révélé à la Quinzaine en 1974) et une conversation avec Martin Scorsese, avant la remise du fameux prix qui récompense "un réalisateur choisi pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production".

Depuis son premier séjour sur la Croisette en 1974, Martin Scorsese a tissé des liens particuliers avec le Festival de cannes. Il revient dès 1975 avec Alice n'est plus ici, puis reçoit la Palme d'or en 1976 pour Taxi driver. Il est à nouveau récompensé en 1986 pour After hours (Prix de mise en scène). Depuis, il est surtout venu hors compétition (New York stories en 1989, Mon voyage en Italie en 2001) et à Cannes Classics en tant qu'interprète dans différents documentaires (Brando en 2007, Kurosawa la voie en 2011, This is Orson Welles en 2015...), mais plus en compétition.

Il a également été président du jury de la compétition officielle en 1998 et de la Cinéfondation et des courts métrages en 2002.

4 questions à Brian Selznick, auteur et scénariste du Musée des merveilles

Posté par vincy, le 15 novembre 2017

Présenté en compétition à Cannes, Le Musée des merveilles (Wonderstruck) est l'adaptation du roman jeunesse éponyme de Brian Selznick (paru chez Bayard jeunesse), l'auteur de Hugo Cabret.

Au sommet du Palais, sur la terrasse du Mouton-Cadet Wine Bar, sous un soleil tapant du mois de mai, nous avions rencontré l'auteur et scénariste du film. Car pour la première fois, il a écrit pour le cinéma. L'homme ne fait pas son âge, tout juste quinquagénaire, a le physique californien, la parole aisée, la séduction facile. Professionnel et sympathique, élégant et souriant, l'écrivain et primo-scénariste répond à nos questions.

Ecran Noir: quand avez-vous eu l'idée d'adapter votre roman Le musée des merveilles?
Brian Selznick: Après la cérémonie des Oscars de 2012, quand Hugo Cabret était nommé, Sandy Powell, la costumière de Hugo, est venue à San Diego, chez nous, et m’a fait rencontré le scénariste du film John Logan. Sandy travaille pour Martin Scorsese et pour Todd Haynes, c'est elle qui a fait les costumes de Carol. Ce soir-là, John Logan m'a lancé l'idée d'adapter mon livre, et il m'a d'ailleurs accompagné durant tout le processus. Quand j’ai revu Sandy Powell, elle était avec Todd Haynes. Ils étaient à Chicago, pour une exposition sur David Bowie. Todd y présentait son film Velvet Goldmine. Il a immédiatement connecté avec l'histoire. Ça lui parlait personnellement. Il a du coup annulé et retardé des projets sur lesquels il s’était engagé juste après Carol.

Ecran Noir: En tant qu'auteur et scénariste, avez-vous du faire des choix , des sacrifices?
Brian Selznick: C’est très fidèle au livre mais le producteur m’avait prévenu qu’à cause du budget, il fallait trouver des moyens pour contourner les problèmes. Un scénario doit avancer. Ainsi la semaine au musée, dans le livre, devient un seule nuit dans l’établissement, dans le film. La séquence où Rose donne la lettre à Ben, où elle lui raconte son histoire, aurait du être filmée avec des décors, des acteurs, comme une vraie longue séquence de flashbacks. Pour palier à ça, Todd Haynes a repris l’idée du Diorama, qui fait écho à Babydolls son premier film, avec des marionnettes qui résument les situations. Franchement, je trouve que c’est une idée brillante.

Ecran Noir: Entre Scorsese et Haynes, ce sont deux styles très opposés. Comment avez-vous perçu cette différence?
Brian Selznick: Martin Scorsese avait changé l’intention du livre Hugo Cabret, qui était un hommage au cinéma à travers un livre. Il en a fait un hommage au livre avec le cinéma. Il a juste utilisé mes dessins pour faire le storyboard. Sur ce film, je n’étais qu’observateur, un observateur privilégié. Tout y était à grande échelle. Un énorme studio réunissait chaque métier, qui disposait chacun de sa propre pièce. Il y avait un accessoiriste pour reproduire une boite d’allumettes française, une équipe de recherche, les costumiers, les décorateurs. Chez Todd Haynes, tout était sur un même étage avec un atelier de costumes qui se replissait chaque jour, les services de la production, le directeur artistique. Et cette fois-ci j’étais sur le tournage. Je pouvais m'impliquer davantage.

Ecran Noir: puisque nous sommes dans les différences, le film repose sur une différence majeure, que certains voient comme un handicap, la surdité. Pourquoi ce sujet?
Brian Selznick: Tout s’est déclenché quand j’ai vu un documentaire sur les malentendants, Through Deaf Eyes, diffusé sur PBS. C'est à partir de là que j'ai trouvé la matière de mon livre. Mais, concernant la surdité, vous avez raison : il faut parler de différence et pas de handicap. En tant qu’homosexuel, je me suis retrouvé dans leur situation. Comme quelqu’un qui veut être peintre dans une famille de médecin ou un Juif se marie avec une goy. Moi j’étais un enfant différent, dans une famille hétérosexuelle. J’ai découvert qu’il y avait d’autres gens comme moi quand je suis arrivé à New York, puis j’ai découvert la culture queer après la fac. Je ne savais pas que Boy George ou Village People étaient gays. J'étais comme un sourd au milieu de personnes entendantes. Chez les malentendants tout est visuel. Tous les messages passent par les yeux, y compris la langue des signes. Mais l’important c’est comment on vit en étant différent. Todd Haynes s’est toujours intéressé à ça. Certes, il est queer, mais ses films ne parlent pas que de ça. Il a cette sensibilité qui se traduit très bien, par exemple, quand il filme la rencontre de Ben et Jaimie. Il y a une connexion. Une amitié immédiate. Ils se reconnaissent. Et il sait filmer ça. Et puis, pour la partie muette, il y avait des acteurs sourds. C’était important de les intégrer à ce film. Au total, on parlait six langues sur le tournage : anglais, espagnole, langue écrite, langue des signes… C'est ce qui le rend universel, à mon avis.

Un autre film en projet pour DiCaprio et Scorsese

Posté par vincy, le 27 septembre 2017

martin scorsese leonardo dicaprioDepuis Gangs of New York en 2002, Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese ont fait équipe dans 5 films. Pour mesurer l'impact de leur collaboration, quatre de ces films sont parmi les cinq plus gros succès au box office du réalisateur. Et les cinq films sont parmi les 11 plus gros succès de l'acteur.

Alors que les deux oscarisés sont déjà liés par deux projets - The Devil in the White City et Killers of the Flower Moon - ils sont en négociation pour un troisième film, Roosevelt. Il s'agit d'un biopic produit par Paramount sur Theodore Roosevelt, dit Teddy (qui donna le fameux Teddy Bear), dit Moustache (1858-1919), 26e Président des Etats Unis (1901-1909) et ancien gouverneur de New York. Teddy a eu une vie bien remplie. Elu à 42 ans, il a été Prix Nobel de la paix, il est l'un des quatre présidents sculptés sur le Mont Rushmore, avec George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln. Il était aussi écrivain.

Scott Bloom sera chargé de "synthétiser" et "dramatiser" cette vie politique intense. Libéral et autoritaire, progressiste et pacifiste, stratège militaire et fondateur des parcs naturels nationaux, interventionniste et souverainiste, environnementaliste et anti-immigration, le personnage était complexe.

Warner Bros. offre un spin-off au Joker et Harley Quinn

Posté par wyzman, le 24 août 2017

Les fans de Harley Quinn vont être ravis ! Véritable star du blockbuster Suicide Squad, la complice du Joker devrait retrouver ce dernier très prochainement. En effet, l'annonce a été faite il y a quelques heures : Warner Bros. développe actuellement un film centré sur le Joker et son acolyte anciennement psychiatre.

Si ce projet n'a rien à voir avec celui dont tout le monde parle actuellement - Martin Scorsese devrait un produire un film sur les origines du Joker -, force est de reconnaître que ces projets peuvent prêter à confusion. En effet, Jared Leto et Margot Robbie joueront à nouveau les amoureux maudits dans ce spin-off de Suicide Squad centré sur le Joker et Harley Quinn mais pas dans l'origin story de Martin Scorsese.

De plus, cette envie d'élargir encore plus le DCEU laisse à penser que Warner Bros. n'a pas entièrement foi dans les personnages prochainement introduits par Justice League (en salle le 15 novembre ) : à savoir Aquaman, Cyborg et The Flash. Malgré ses 745 millions de dollars amassés au box-office, il convient de rappeler que Suicide Squad a reçu des critiques très négatives l'été dernier et que le Joker de Jared Leto n'a conquis que peu de fans.

Pour rappel, Wonder Woman a récemment passé la barre des 800 millions de dollars de recettes mondiales et l'Aquaman de James Wan est attendu pour le 19 décembre 2018.

Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio refont équipe

Posté par vincy, le 22 juillet 2017

martin scorsese leonardo dicaprioMartin Scorsese et Leonardo DiCaprio s'unissent une fois de plus en développant ensemble l'adaptation du polar Killers of the Flower Moon: The Osage Murders and the Birth of the FBI, livre signé David Grann (La cité perdue de Z), qui vient d'être publié dans les pays anglo-saxons en avril. Les droits avaient été acquis avant parution.

C'est assez inattendu de la part du duo, puisque DiCaprio avait d'abord proposé à Scorsese la réalisation de The Devil in the White City (Le diable dans la ville blanche), adaptation du roman d'Erik Larson, en gestation depuis plusieurs années.

Scorsese s'attaquera au projet une fois terminé The Irishman pour Netflix (avec Al Pacino, Robert De Niro, Joe Pesci, Ray Romano et Harvey Keitel). La production aura lieu en septembre et la diffusion est prévue en 2018.

Killers of the Flower Moon devrait être tourné au printemps prochain, à partir du scénario d'Eric Roth (Forrest Gump, Benjamin Button). Les décors seront assurés par l'immense Dante Ferretti.

Le tournage se déroulera en Oklahoma, sur les lieux même de l'affaire.

L'histoire se passe dans les années 1920. Alors que l'on découvre du pétrole dans le sol de l'Oklahoma, des membres de la nation Osage, une tribu amérindienne affiliée aux Sioux, sont mystérieusement tués. Ce sera l'une des premières grandes enquêtes du FBI.

Edito: Combat épique

Posté par redaction, le 20 juillet 2017

C'est finalement le grand conflit de l'année: Netflix face au cinéma. Christopher Nolan, dont le film Dunkerque semble être un chant du cygne pour le 70mm, a donné son avis sur le sujet lors d'une interview à Indiewire.

"Netflix a une étrange répugnance à soutenir la sortie de films au cinéma. Ils ont cette politique insensée de rendre tout simultanément disponible en ligne lors de la sortie, ce qui est un modèle évidemment intenable pour des sorties au cinéma. Du coup, ils ne sont même pas dans le jeu, et je pense qu’ils ratent une énorme opportunité." Il prend l'exemple d'Amazon: "On peut remarquer qu’Amazon est très satisfait de ne pas faire la même erreur:lLes cinémas ont une fenêtre de tir de 90 jours avant de passer en streaming . C'est un modèle parfaitement viable." Pour lui, "l'investissement que Netflix met dans des réalisateurs et des projets intéressants serait plus admirable si ce n'était pas utilisé comme un étrange moyen d'influence pour écarter les salles de cinéma. C'est vain."

Pourtant Netflix continue de grandir avec son modèle. Le cap des 100 millions d'abonnés dans le monde a été dépassé. Martin Scorsese est l'une de leurs dernières grosses prises, avec The Irishman qui réunit Al Pacino, Robert de Niro, Harvey Keitel et Joe Pesci. Dernière gros coup qui date d'hier: Sandra Bullock avec son projet Bird Box, réalisé par Susanne Bier. Deux projets auxquels s'ajoutent Bright avec Will Smith, Outlaw King avec Chris Pine et le prochain Dan Gilroy avec Jake Gyllenhaal.

La technique de carnet de chèque semble fonctionner. Même sans l'attrait des salles de cinéma (et donc des Oscars, du box office, etc...).

En France, face à un Canal + affaiblit, Orange a décidé de passer à la vitesse supérieure. En créant la semaine dernière Orange Content, qui rassemble Orange Studio et les chaînes OCS, le groupe cherche à investir davantage dans le cinéma et les séries (100 millions d'euros sur 5 ans pour les séries tout de même), que ce soit en coproduisant ou en acquérant les droits de distribution. Pour ça Orange va renforcer son partenariat avec Canal +, mais aussi signer un accord exclusif avec UGC Images. Par ailleurs, Orange Studio ouvrira à la rentrée 2017 un nouveau département de ventes internationales et UGC Images lui confiera la commercialisation internationale de l’ensemble de ses films dès l’an prochain.

Cela suffira-t-il? Tout est question d'offre. Si les films et les séries sont à la hauteur, le consommateur aura le choix entre une offre européenne et la plateforme Netflix plutôt américaine. Netflix a juste une longueur d'avance (mais un cash-flow en berne). Et avec tous ces concurrents, le téléspectateurs s'y perd (et ne peut pas forcément payer plusieurs abonnements). Ce qui séduit chez Netflix, malgré son obsession de l'exclusivité qui sort les films du circuit classique, c'est bien de choisir les plus grands auteurs, les plus grandes stars. Et ça fonctionne: Netflix comme l'un de ses films, Okja, étaient parmi les 10 films et sujets les plus mentionnés sur les réseaux sociaux durant le Festival de Cannes.

Les reprises de l’été: Le Destin de Madame Yuki de Kenji Mizogushi

Posté par vincy, le 19 juillet 2017

Ce qu'il faut savoir: Kenji Mizogushi (1898-1956) est l'un des plus grands cinéastes asiatiques de sa génération. A la sortie du film Le Destin de Madame Yuki, adaptation d'un roman de Seiichi Funabashi, il n'a pas encore connu la notoriété internationale acquise avec ses multiples sélections et prix au Festival de Venise entre 1952 et 1956 et sa place en compétition à Cannes en 1954 avec Les amants crucifiés. Cinéaste prolifique (il tournait parfois deux à trois films par an). Films sans Frontières le ressort au cinéma le 19 juillet en version restaurée.

Le pitch: Unique rejeton d'une maison noble, Madame Yuki a épousé un homme égoïste et vil qui non seulement la bat mais la trompe ouvertement. Masaya, son ami de longue date, est épris d'elle. Mais, respectueuse des traditions, Madame Yuki n'ose rendre à son mari la monnaie de sa pièce. Elle commence à envisager le divorce lorsque son mari l'offense cruellement...

Pourquoi il faut le voir? Le film n'a jamais été montré en salles depuis plus de 30 ans et est inédit en vidéo. Œuvre méconnue du cinéaste, Le Destin de Madame Yuki est l'un de ces portraits de femmes magnifiques, sur fond de mélodrame, piégées par leur condition sociale et leurs aspirations amoureuses. Ici, Mizogushi s'intéresse à deux classes différentes: l'aristocratie d'avant-guerre et la bourgeoisie cupide et arriviste née de la reconstruction nippone. La femme souffre ainsi de cette déchéance inéluctable et d'un mari vulgaire et infidèle. En quête d'émancipation, elle va vouloir faire fructifier son seul bien en héritage, en transformant sa maison de campagne, symbole de son passé, en auberge. Mais éperdument soumise et incapable de se défaire de son mari, elle se fera spolier par lui. Ce qui est passionnant dans ce film pudique, magnifique et distant est cependant ailleurs: le réalisateur nous interroge sur la liaison entre amour et désir charnel. Le démon intérieur qui brûle en elle l'empêche finalement de s'affranchir tant elle est dépendante sexuellement. Ainsi, son mari la répugne mais il est le seul à la satisfaire sexuellement, tandis que son amant, raffiné et cultivé, est impuissant. Yuki ne peut qu'être désillusionnée et constater sa lâcheté. Habituellement poignants, les films du cinéastes abordent la passion avec une forme de mélancolie, tout en nous mettant au centre d'un duel où le féminin et le masculin s'opposent. Clairement, le cinéaste avait à cœur de sublimer le monde féminin, imaginatif, contemplateur et doux. Cela s'illustre parfaitement avec les mouvements de caméra majestueux et fluides. Chez Mizogushi, il y a toujours une maîtrise du récit, des fulgurances poétiques, et une sensibilité à fleur de peau. Comme le dit Martin Scorsese: "Mizoguchi est l'un des plus grands maîtres à avoir travaillé sur le medium qu'est le cinéma; je le place juste après Renoir, Murnau et Ford."

Le saviez-vous? Mizogushi n'aimait pas son film, l'estomant trop mélodramatique et presque trop beau. Pourtant, le plan-séquence funèbre où Yuki dans la brume matinale s'éloigne jusqu'à disparaître près d'un lac est splendide et figure parmi les plus belles scènes du 7e art. Ce lac, le Lac Biwa, métaphore du vague à l'âme et de la perte de soi, est une immense étendue d'eau au centre du Japon, entre les Alpes et Kyoto. On le retrouve notamment dans un autre film de Mizogushi, Les contes de la lune vague après la pluie (1953). Notons aussi que l'actrice incarnant Yuki, Michiyo Kogure, a aussi joué pour Akira Kurosawa, Yasujiro Ozu, Mikio Naruse et Tomotaka Tasaka. Le destin de Madame Yuki a été sa première collaboration avec Mizogushi. Ils ont tourné 4 films ensemble, dont le dernier film du cinéaste, La rue de la honte.

Daniel Day-Lewis prend sa retraite. Hommage en 9 extraits de films!

Posté par vincy, le 20 juin 2017

A 60 ans, Daniel Day-Lewis, acteur plutôt rare, a décidé de prendre sa retraite. Il en a fait l'annonce aujourd'hui par communiqué, dans le magazine Variety. "Il s’agit d’une décision personnelle et ni lui, ni ses représentants ne feront de commentaires sur ce sujet" se justifie-t-il, tout en remerciant tous ses collaborateurs et le public.

Fils du célèbre poète britannique Cecil Day-Lewis, marié à Rebecca Miller, la fille du dramaturge Arthur Miller, et ancien compagnon d'Isabelle Adjani, le londonien a commencé au théâtre dans les années 1970 avant de crever l'écran dans My Beautiful Launderette et Chambre avec vue en 1985. Perfectionniste et exigeant, il n'a tourné depuis 33 ans que 16 films, préférant parfois revenir à sa passion du bois (ébéniste) ou même au métier de cordonnier (qu'il a appris en Italie. Au fil de sa carrière il a été nommé 5 fois aux Oscars et a gagné trois (My Left Foot, There Will Be Blood et Lincoln, son dernier film à date, en 2012), 2 Golden Globes, 4 BAFTA et une Berlinale Camera (en 2005). Immense acteur, tour à tour déprimé ou tourmenté, il aura été filmé par Scorsese, Spielberg, Ivory, Frears, Kaufman, Sheridan, Mann et Hytner.

Son dernier film, Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson, sur un couturier évoluant dans la haute société et l'aristocratie londonienne des années 1950, doit sortir fin décembre aux Etats-Unis et à l'hiver prochain en Europe.

Voici 9 extraits ou bande annonces de ses plus grands films.

THERE WILL BE BLOOD

LINCOLN

MY BEAUTIFUL LAUNDRETTE

CHAMBRE AVEC VUE

MY LEFT FOOT

GANGS OF NEW YORK

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE

AU NOM DU PÈRE

LE TEMPS DE L'INNOCENCE