Cannes 2017 – Télex du marché: Catherine Deneuve, Mamoru Hosoda, Mia Hansen-Love, Michael Moore et Jaoui-Bacri

Posté par vincy, le 19 mai 2017

- Auteure des récents documentaires La cour de Babel et Dernières nouvelles du cosmos, Julie Bertuccelli vient de commencer le tournage de son troisième film de fiction, produit par Les Films du Poisson et qui sera distribué par Pyramide. Le dernier vide-grenier de Claire Darling réunit une nouvelle fois Catherine Deneuve et sa fille Chiara Mastroianni, auxquelles s'ajoutent Alice Taglioni, Samir Guesmi, Laure Calamy, Olivier Rabourdin et Johan Leysen. Le scénario coécrit avec Sophie Fillières est l'adaptation du roman Le dernier vide-grenier de Faith Bass Darling (éditions J. Chambon) de Lynda Rutledge. L'histoire est celle d'une femme persuadée que c'est son dernier jour à vivre. Elle décide de vendre toutes ses antiquités dans son jardin, lui rappelant un à un toute sa vie passée.

- Mamoru Hosoda (Le garçon et la bête, Les Enfants loups Ame et Yuki, Summer Wars) a annoncé son nouveau projet au sein du Studio Chizu. Mirai (titre de travail) a été officialisé au marché du film de Cannes. Le film d'animation suivra un garçon âgé de quatre ans dont la vie va changer avec l'arrivée d'une petite sœur. Ce sera le début d'une aventure magique. Le jardin de sa maison se révèle en effet une passerelle permettant à Mirai de voyager vers le passé, où il rencontre ainsi sa mère, à l’époque où elle était petite fille, et son grand-père qui était alors un jeune adulte. Mais aussi sa sœurs quand elle aura grandit. Mirai, qui a peur que ses parents ne l'aiment plus, va alors comprendre son rôle de grand frère. Le réalisateur a écrit le scénario.

- Mia Hansen-Løve se lance dans un film entièrement en langue anglaise. Bergman Island rassemblera Greta Gerwig, John Turturro et Mia Wasikowska. La réalisatrice de L'avenir filmera ainsi un couple de cinéastes américains débarquant sur l’île de Farö, en Suède, où résidait le réalisateur Ingmar Bergman. Ils cherchent l'inspiration pour écrire, chacun de leur côté, leur nouveau film. Le film est produit par Charles Gillibert (CG Cinéma). Avant de le tourner dans un an, la réalisatrice filmera Maya, avec Roman Kolinka, Aarshi Banerjee et Cédric Kahn.

- Michael Moore revient au documentaire politique américain. Lui qui avait prévu la victoire de Donald Trump, a décidé de s'attaquer au nouveau Président des Etats-Unis, ou plutôt à sa nouvelle bête noire. Après Farhenheit 9/11 autour du 11 septembre, il a décidé de tourner Fahrenheit 11/9 (le 9 novembre étant la date où ont été proclamés les résultats de l'élection présidentielle). "Peu importe les révélations, il reste droit dans ses bottes. Les faits, la réalité, les méninges, rien ne l'atteint. Même quand il se fait mal lui-même, il se lève le lendemain et continue à tweeter. Tout ça termine dans ce film", a affirmé dans la presse américaine Michael Moore, au sujet de Trump. Les Weinstein reviennent dans la production, treize ans après la Palme d'or pour Farhenheit 9/11.

- Agnès Jaoui, membre du jury cannois, a dévoilé son prochain film, qu'elle a coécrit avec son complice Jean-Pierre Bacri une fois de plus. Place Publique, produit par SBS (Elle) et distribué par Le Pacte, se tournera cet été. Bacri incarnera un présentateur télé célèbre, qui retrouve ses vieux amis, dont son ex-femme, dans une soirée parisienne. Au cours de cette soirée, chacun constatera que le succès l'a changé. Alors que son ex-femme a conservé ses opinions politiques idéalistes, lui est devenu plus réaliste, voire cynique. Le film renoue avec l'esprit des deux pièces de théâtre adaptées au cinéma, Cuisine et dépendances et Un air de famille.

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Le futur incertain du Studio Ghibli

Posté par vincy, le 4 août 2014

studio ghibliLa nouvelle n'en est pas vraiment une : le producteur Toshio Suzuki a annoncé sur MBS que le Studio Ghibli allait faire une pause dans la production des long-métrages d'animation. "Il n'est pas impossible que nous continuions à produire. Mais nous prenons une brève pause pour reconsidérer ce que nous devons faire" a-t-il expliqué.

Après le doublé historique des deux fondateurs du studio - Le vent se lève, ultime film d'Hayao Miyazaki, et Le conte de la princesse Kaguya, qui signait le grand retour de Isao Takahata, l'incertitude sur l'avenir du studio alimentait les plus folles rumeurs. Le principal problème du Studio était bien entendu l'âge (et la fatigue) des capitaines, décidés à profiter un peu de leur retraite (lire notre actualité du 6 septembre). Incapables de trouver une relève (la tyrannie d'Hayao Miyazaki a eu raison des plus grands talents qui se sont enfuis et même de son fils qui se sent bridé), il devenait difficile de faire vivre l'héritage.

Le dernier long métrage du studio, Marnie (Omoide no Marnie) d'Hiromasa Yonebayashi (Arrietty) n'a rapporté que 10 millions de $ au box office japonais en 2 semaines. On est loin du Vent se lève (120M$), champion du box office local l'an dernier. Déjà, la Princesse Kaguya (23M$) n'avait pas été rentabilisé. Deux films qui échouent suffisent à mettre en péril l'équilibre précaire d'un studio dont les contrats sont à plein temps et à durée indéterminée. "Au Japon, l'ensemble des studios de production de dessin animé ont pour usage de payer les animateurs à la tâche (au plan ou au dessin), expliquait Ilan Nguyên, lecteur à l'université des arts de Tokyo au journal Le MondeGhibli est l'une des seules compagnies à s'être attaché leurs services en les embauchant."

Personne ne parle d'un arrêt des Studios Ghibli, mais plutôt d'une restructuration, d'un nettoyage de printemps. Les contrats en CDI vont redevenir freelance. La vente de licences et des produits dérivés va être une priorité stratégique. Le musée Ghibli est toujours en quête d'un agrandissement. Ghibli peut rester une simple rente, gérant les droits d'auteurs et son patrimoine immobilier, produisant des courts-métrages, publicités et vidéo-clips. Mais aucun film n'est en projet. Depuis plusieurs mois, on sait que le département des long-métrages va baisser le rideau.

Il reste trois options. La première est interne : que les animateurs du studio s'affranchissent de leurs maîtres et proposent des longs métrages. «J’espère que les jeunes de l’équipe profiteront de mon départ pour s’exprimer davantage et proposer leurs propres idées ambitieuses» avouait un cadre du studio il y a quelques mois. Mais en ont-ils la capacité après des années à vivre dans l'ombre et sans la moindre possibilité de s'émanciper?

La deuxième est le retour de Mamoru Hosoda. Avec Les Enfants loups, Ame et Yuki (2012), le fondateur du Studio Chizu est devenu l'héritier emblématique et évident de Hayao Miyazaki. Mais il a fondé son propre studio après avoir été remercié en pleine production du Château ambulant.

La troisième est le rachat du Studio par Walt Disney Company. Les pourparlers ont commencé il y a un an. La valeur de Ghibli est estimé à 840M€. Le studio distribue les films de Ghibli dans le monde entier, à l'exception du Japon. Les produits dérivés Ghibli sont vendus dans le Disneyland de Tokyo. Si un tel rachat devait avoir lieu, on imagine le séisme psychologique chez les Japonais : Ghibli y est considéré comme un Trésor national.

L’illusionniste en lice pour l’Oscars du meilleur film d’animation

Posté par vincy, le 14 novembre 2010

15 dessins animés vont s'affronter pour les trois nominations à l'Oscar du meilleur film d'animation (il y en aurait eu 16 comme prévu, cela aurait donné de l'air avec cinq nominations). Les campagnes de publicité avec la mention" For your consideration" ont déjà commencé. Passage en revue par studios et évaluation des chances.

Bill Plympton Studios peut tenter le coup avec Des idiots et des anges. Ce serait un bon signe pour l'animation indépendante américaine et surtout pour valoriser une autre forme d'animation, plus adulte. L'auteur mériterait aussi une reconnaissance pour l'ensemble de son oeuvre. C'est aussi sa faiblesse : manque de popularité, ton trop décalé, style un peu marginal. Et le studio peut placer plus facilement son court métrage The Cow Who Wanted to Be a Hamburger.

DreamWorks Animation espère bien placer un de ses trois films dans la liste. Pourtant, la déconvenue pourrait être au rendez-vous avec, au final, aucune nomination. Dragons a le plus de chance : c'est le meilleur de tous, et son histoire a séduit le jeune public.  Megamind, malgré son succès public, apparaît beaucoup plus faible en terme artistique. Shrek Forever After ne devrait pas se retrouver dans la liste finale : le box office décevant, la baisse de qualité de la franchise ne lui permettra sans doute pas de faire aussi bien que les deux premiers épisodes : l'Oscar en 2001 et une nomination en 2004. DreamWorks n'a rien gagné depuis 2005 (Wallace & Gromit) et n'a pas été sélectionné depuis 2008 (Kung Fu Panda).

Lionsgate présente Alpha et Omega, qui a peu de chance : critiques médiocres, public pas vraiment au rendez-vous.

Madhouse va essayer de placer un manga (de Science Fiction) dans la liste. Summer Wars, de Mamoru Hosada (le culte La traversée du temps), peut profiter de l'absence d'Hayao Miyazaki (un Oscar, une nomination). Mais les films d'animation visant les ados n'ont jamais été parmi les favoris des "électeurs" de l'Académie.

New Yorker Films parie sur My Dog Tulip, un autre film d'animation indépendant et très personnel, surtout quand ils sont réalisés par des vieux de la vieille. Mais l'aspect artistique, sans qualité réelle, en fait un outsider sans réel potentiel.

Sony Pictures Classics (et Django Films) mise sur L'illusionniste, du français Sylvain Chomet. Le cinéaste est très apprécié depuis Les Triplettes de Belleville (nommé en 2003). L'esthétique, le sujet et le scénario de Jacques Tati sont incontestablement un plus pour des professionnels souvent nostalgiques. A l'inverse, sa mélancolie, sa singularité peuvent le desservir pour séduire des votants sensibles au box office et souvent protectionnistes.

Universal propose Moi, moche et méchant. A priori, le dessin animé a toutes ses chances, malgré des critiques un peu mitigées (pour ne as dire désemparée par l'humour du film). Mais l'énorme succès international et le fait qu'il ait battu Shrek 4 au box office local en fait un compétiteur solide.

Walt Disney / Pixar a trois films dans la course. Le studio a gagné 5 des 9 Oscars du meilleur film d'animation, et n'a pas perdu depuis 2007. Il n'y a qu'en 2005 où aucun film issu de l'un des deux studios, à l'époque pas encore fusionnés, avait fait chou blanc. Cette année devrait confirmer l'hégémonie de John Lasseter sur l'animation américaine. Raiponce devrait plaire avec cette histoire de princesse, à la fois rafraîchie et traditionnelle. L'humour, la romance et l'action sont au rendez-vous. Un carton au box office pourrait faire le reste. Clochette et l'expédition féérique (la suite de La féé clochette) n'est, en revanche, pas à la hauteur de la catégorie. D'autant que le film, sorti directement en DVD, n'a pu bénéficier d'une nomination qu'avec une petite tricherie : le film a été diffusé dans une salle de cinéma durant une semaine. Mais tous les yeux seront rivés sur Toy Story 3, archi grand favori de l'année. Plus gros succès de l'année en Amérique du Nord, troisième épisode d'une trilogie adorée et qui n' jamais pu être récompensée (l'Oscar a été créé en 2001), Toy Story 3 a tous les ingrédients (émotion, action, humour) pour être nommé aussi dans la catégorie meilleur film. C'est dire qu'il domine la concurrence.

Warner Bros n'a que deux cartes à jouer, hélas assez faiblardes. Le Royaume de Ga'Hoole, malgré son sublime travail de l'image de synthèse, manque de consistance côté scénario et a subit un échec public. Les critiques ont pourtant été bonnes et Zack Snyder peut faire une légère différence. Yogi Bear a été disqualifié avant la confirmation de la liste. En revanche, le studio a réussi à placer Comme chiens et chats : la revanche de Kitty Galore, qui n'a pourtant convaincu ni public ni critique.

Et puis, pas encore distribué, notons la présence d'un film chinois en 3D, The Dreams of Jinsha. Avec Summer Wars, il est le deuxième film asiatique, et les deux peuvent être disqualifiés s'ils ne sortent pas dans une salle de Los Angeles ou de New York avant le 31 décembre.