[2019 dans le rétro] 40 talents au top

Posté par vincy, le 31 décembre 2019

Le cinéma serait une grande famille. Mais alors façon Downton Abbey. Bien recomposée. Cette année, nombreux sont ceux qui ont su s'imposer dans nos mémoires de cinéphiles, au box office, et surtout à l'écran. Sur les écrans devrait-on dire. Le grand et celui chez soi. Il n'y a plus vraiment de distinction avec la déferlante Netflix, la hausse de la VàD et le succès de masse de certaines fictions télévisuelles. Sans oublier l'écran web, où Adèle Haenel a révélé la première grande affaire #MeToo du cinéma français. Son courage et sa clairvoyance en ont fait un événement marquant de l'année, rebattant les cartes des rapports hommes/femmes dans la profession. Adèle Haenel a été un symbole, pas seulement parce qu'elle a été la jeune fille en feu mais bien parce qu'elle (nous) a mis le feu. Ouvrant les portes anti-incendie à une nécessaire mise à plat. Elle n'a pas joué, cette fois-ci, ni misé pour voir. Elle a abattu ses cartes et déjoué les bluffs de certains.

Trois mondes

Ce sont les patronnes de l'année. Des impératrices dans leur genre. Olivia Colman, avec un Oscar en février pour La favorite, a incarné une reine au bord de la folie, avant de nous éblouir dans les habits d'une autre reine dans la troisième saison de The Crown. Régnante indétrônable sur le cinéma français, Catherine Deneuve continue inlassablement de tourner. Et pour ceux qui doutent encore de sa maestria, il suffit de la voir dans La vérité, où elle déploie tout son talent, sans se soucier de son image, dans une fausse mise en abime d'elle-même. Quant à Scarlett Johansson, elle a brillé (tragiquement) dans le dernier Avengers, plus gros hit de l'année, mais c'est bien son éclectisme qui la rend si spécifique par rapport au reste du cast de Marvel, tournant un second-rôle dans la comédie décalée Jojo Rabbit et poussant son niveau de jeu vers les plus grandes dans Marriage Story.

Les combattants

Ils sont à la fois au sommet du côté du box office, dans leur genre, et engagés, par leurs choix cinématographiques comme par leur parole en promo. Ainsi Adèle Haenel n'a plus sa langue dans sa poche, et fait preuve d'une franchise salutaire, tout en étant sublimée en amoureuse énigmatique dans Portrait de la jeune fille en feu, plus beau film LGBT de l'année. Corinne Masiero affirme ses idées de gauche, cartonne avec son Capitaine Marleau sur France 3 et dans Les Invisibles au cinéma, film sur les exclus. Ladj Ly prend sa caméra pour nous tendre un miroir sur notre société en décomposition avec Les Misérables, sans juger. François Ozon, auréolé d'un grand prix à Berlin avec Grâce à Dieu, a aussi livré un film qui ouvre les yeux, cette fois-ci sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique, et leurs conséquences sur l'existence des victimes. En s'aventurant chez les Juifs ultra-orthodoxes de Tel Aviv, Yolande Zauberman, avec M, ne montre pas autre chose: abus sexuels, dévastation psychique, rejet des victimes... De la même région, avec sa fable burlesque et absurde, It must be Heaven, Elia Suleiman poursuit son inlassable lutte pour la paix des peuples dans un monde de plus en plus aliéné et sécuritaire. Avec courage, Waad al-Kateab a filmé Alep sous les bombes dans Pour Sama, exposant l'horreur de la guerre en Syrie.

Naissance des pieuvres

De nombreux nouveaux talents ont émergé, soit autant de promesses cinématographiques. Côté réalisateurs, Levan Akin et Kirill Mikhanovsky, révélés à la Quinzaine des réalisateurs avec respectivement Et puis nous danserons et Give Me Liberty,  ont justement soufflé un vent de liberté autour de "marginaux" avec une vitalité jouissive, que ce soit pour aborder l'homosexualité dans un pays homophobe ou l'exclusion du rêve américain. Côté animation, deux coups de maîtres très loin des standards hollywoodiens ont emballé la critique et fait preuve d'un renouveau esthétique et narratif:  Jérémy Clapin avec J'ai perdu mon corps et Ayumu Watanabe avec Les enfants de la mer. Côté acteurs, on retiendra, la beauté et le charisme de Luca Marinelli dans Martin Eden et Maud Wyler, actrice touche-à-tout et sensible vue dans Alice et le maire, la série Mytho et surtout Perdrix. Sans oublier Mati Diop, qui, avec Atlantique, est l'incarnation de cette promesse de cinéma tant souhaitée, en mariant la fable fantastique, l'épopée romantique et le drame socio-politique avec audace. C'est d'ailleurs le mot qui leur conviendrait le mieux, à chacun.

En liberté !

Ils sont déjà bien installés en haut de l'affiche, et pourtant, ils parviennent encore à nous surprendre. Ils ont tous ce grain de folie nécessaire pour accepter des projets divers ou des films sans barrières. Ils ont tous excellés à des niveaux différents. Qui aurait pu deviner il y a quelques mois qu'Eva Green en astronaute dans Proxima trouverait son plus beau rôle ou que Chiara Mastroianni dans Chambre 212 serait étincelante comme jamais avec un personnage pas très moralement correct? De la même manière, le futur Batman, Robert Pattinson, avec le radical et barré The Lighthouse, et l'éternel OSS 117, Jean Dujardin, hors des sentiers battus dans Le Daim et parfait en contre-emploi dans J'accuse, ont démontré que leur statut ne les bridait pas dans leurs envies de cinéma. Car c'est bien à cela qu'on reconnaît les grands: passer d'une famille à l'autre, sans se soucier des étiquettes. A l'instar d'Anaïs Demoustier (Alice et le maire, Gloria Mundi) et d'Elisabeth Moss (La servante écarlate, Us, Les Baronnes, Her Smell) qui sont à chaque fois justes et convaincantes, peu importe le genre. C'est ce qu'a fait durant toute sa carrière Fanny Ardant, rare césarisée pour un rôle de comédie, dont on perçoit le bonheur de jouer dans La belle époque, elle qu'on ne considère plus comme "bankable". Cette liberté que chacun s'autorise a permis d'ailleurs à la réalisatrice Rebecca Zlotowski de signer à la fois Une fille facile, véritable œuvre personnelle sur le féminin contemporain, et Les sauvages, l'une des meilleures séries françaises, qui plus est politique, de ces dernières années.

120 battements par minute

Ils nous ont fait vibrer avec leur "cinéma". Evidemment, Bong Joon-ho, Palme d'or avec Parasite, est le premier d'entre eux. Son thriller social, dosé parfaitement avec un zest d'horreur et un soupçon de comédie, a été le film palpitant de l'année. Dans le mélange des genres, entre western et drame social, Kleber Mendonça Filho n'est pas en reste avec Bacurau, où le spectacle et le culot sont toujours au service du récit. Tout comme Diao Yinan qui n'hésite pas à revisiter le film noir pour en faire une œuvre d'art avec Le lac aux oies sauvages. Ces films, sous leurs aspects politiques, démontrent qu'il y a encore du grand cinéma possible. C'est d'ailleurs ce que rappelle Martin Scorsese avec son ambitieux The Irishman, coûteux, long, surdimensionné, et presque grandiose, et avec ses prises de paroles coup de poing qui ont créé un débat passionnant sur le 7e art, entre industrie et vision d'auteur. Cette vision intime et personnelle, on la retrouve chez Nadav Lapid qui nous a enthousiasmé avec son film puzzle, Synonymes (Ours d'or), où chaque scène, chaque plan étonne par son imprévisibilité. Et puis, on aurait pu citer Pedro Almodovar, mais c'est son double, Antonio Banderas qui reste dans nos rétines. Douleur et Gloire lui offre une variation infinie sur le même thème, renouant ainsi avec la quintessence de son métier, tout en se révélant sans pudeur, et avec maturité.

Les ogres

Chacun à leur manière, ils ont dévoré l'écran, à chacune de leurs apparitions. Joaquin Phoenix est littéralement le Joker. Le perfectionnisme de l'acteur et la folie de son personnage sont d'ailleurs palpables chez Lupita Nyong'o (Us, Little Monsters) ou chez Christian Bale (Vice, Le Mans 66). Leur exigence n'a rien à envier à ceux qui suivent, mais ils captent la lumière, envahissent l'image et contribuent beaucoup à la réussite de leurs films. On pourrait donc en dire autant, dans des registres un peu moins flamboyants de Mahershala Ali (Green Book, True Detective, Alita : Battle Angel) et de Adam Driver (Marriage Story, The Dead don't die, Star Wars IX). Tous s'imposent par leur prestance physique et leur précision de jeu, peu importe le style de films ou la nature de leurs personnages. Mais en dehors des acteurs, il y a aussi d'autres métiers qui exigent gourmandise, leadership et puissance. On ne peut pas ignorer parmi cette famille Kevin Feige, patron des films Marvel, qui en trois films a rapporté 5 milliards de dollars dans le monde, affirmé son emprise sur le line-up de Disney (y compris Star Wars) et semblé avoir trouvé la martingale pour transformer les super-héros en machines à cash.

Confession d'un enfant du siècle

Guillaume Canet aura réussi un brelan d'as avec Nous finirons ensemble (2,8M d'entrées, 3e plus gros succès de sa carrière), Au nom de la terre (2M d'entrées), et La belle époque (1,3M d'éntrées). Réalisateur ou acteur, cette année fut la sienne, sans qu'il se compromette dans des comédies aux affiches bleutées et criardes. En incarnant un agriculteur dépressif, il a su toucher un large public provincial qui va rarement au cinéma. Après le carton du Grand bain, l'an dernier, il s'est imposé comme l'un des rares talents bankables du cinéma français devant et derrière la caméra. On lui a depuis confié les manettes du prochain Astérix.

Les héros ne meurent jamais

Qu'il soit astronaute au premier plan dans le crépusculaire Ad Astra de James Gray ou doublure cascade d'une vedette sur le déclin dans le jubilatoire Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino, Brad Pitt, 56 ans, est toujours aussi magnétique, beau et cool. Une star de catégorie A, qui remplit un peu toutes les cases précédentes, à la fois ogre et libre, combattant et enfant du siècle (précédent). Il a son style. Capable de s'exhiber torse-poil comme au temps de Thelma et Louise ou de rivaliser avec "Bruce Lee" dans une séquence de combat culte. Il ne semble pas vieillir. Mais il choisit ses films (il se fait rare, a refusé toutes les productions avec super-héros) et surtout ses cinéastes (sa filmographie devient un panthéon assez admirable). De la même manière, comme producteur avec sa société Plan B, il sélectionne des projets engagés, politiques ou sociétaux à l'instar du beau Si Beale Street pouvait parler de Barry Jenkins, du percutant Vice d'Adam McKay et du touchant Beautiful Boy de Felix Van Groeningen.

Marvel Cinematic Universe: 6 films et 5 séries pour la phase IV

Posté par vincy, le 21 juillet 2019

Week-end faste pour les fans de Marvel. En recettes courantes (et non pas en nombre d’entrées), Avengers : Endgame a surclassé le record de recettes mondiales d’Avatar. Le dernier épisode des Avengers a récolté 2,79 milliards de dollars dans le monde dont 853 millions en Amérique du nord et 629 millions en Chine.

Au Comic-Con de San Diego, le studio a révélé sa phase IV, et son lot de surprises. Notamment l’absence d’une suite (immédiate) pour Deadpool. Cependant le 3e volume des Gardiens de la Galaxie est en préparation, tout comme les suites de Black Panther et Captain Marvel et un reboot des Quatre Fantastiques (ex Fox). Pour l’instant aucun croisement avec les X-Men, qui sont absents du programme. Tout cela sera après 2021.

Marvel a aussi annoncé de nouvelles séries pour Disney + : The Falcon and the Winter Soldier, avec Anthony Mackie, Sebastian Stan et Daniel Brühl dans le rôle du méchant, Wanda Vision, avec Elizabeth Olsen et Paul Bettany, Loki, avec Tom Hiddleston (forcément), What if… (en série animée) et Hawkeye avec Jeremy Renner et Kate Bishop. De quoi prolonger l'aventure avec les personnages secondaires (mais primordiaux) de la phase III).

Black Widow.
Cate Shortland réalisera l’un des films les plus attendus par les fans depuis au moins dix ans. Quid du script sachant que le personnage (spoiler) se sacrifie dans Avengers :Endgame. Toujours est-il que Scarlett Johansson a fait sensation au Comic-con. Elle reprendra son rôle, aux côtés de Florence Pugh, qui incarne sa sœur, Rachel Weisz, David Harbour, et O.T. Fagbenie. On sait juste que le film racontera l’histoire de Black Widow. Mais comment cela s’articulera-t-il avec les autres films prévus par Marvel ? Sortie le 1er mai 2020, peut-être pour faire le lien avec la suite.

Les Eternels.
Ce sera la nouvelle saga qui fera le lien entre tous les autres films. Angelina Jolie, applaudie comme une reine, Salma Hayek, Richard Madden, Brian Tyree Henry, Kumail Nanjiani, Lauren Ridloff et Don Lee incarneront les aliens débarqués sur la Terre il y a 35000 ans. Le film sortira le 6 novembre 2020. On pourra y découvrir les origines de Thanos (Avengers) comme celles des Celestials (dont on connaît Ego, le vilain des Gardiens de la Galaxie 2). Le premier film de cette nouvelle franchise révèlera surtout les origines des Eternals et des Deviants.

Shang-Chi and the Legend of Ten Rings.

Nouveau super-héros de la galaxie Marvel, et première star d’origine asiatique de l’univers Marvel. Simu Liu en sera la star, accompagné de Awkwafina et de Tony Leung (loin de In the Mood for Love) en super vilain nommé Le Mandarin. Réalisé par Destin Cretton, le film est programmé pour le 12 février 2021.

Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
Benedict Cumberbatch et Elizabeth Olsen seront à l’affiche de cette suite du seul super-héros d’Avengers qui n’avait pas eu de franchise dans la phase III (mais qui est apparu dans deux Avengers et un Thor). Marvel a annoncé qu’il s’agirait aussi du premier film horrifique de son histoire, tendance gothique. Sortie prévue le 7 mai 2021 pour ce film réalisé par Scott Derrickson.

Thor Love and Thunder.
On ne l’attendant pas celui-là. Un quatrième épisode autour d’un super-héros, c’est inédit dans l’histoire du MCU. Natalie Portman, qui incarnait Jane Foster dans le premier film de la franchise du viking sera un Thor au féminin, aux côtés de Tessa Thompson, sous la direction de Taika Waititi. Le film, qui sera centré sur les Walkyries, est planifié pour le 5 novembre 2021. On attend de savoir ce qu’il adviendra de Chris Hemsworth, parti (spoiler) avec les Gardiens de la Galaxie à la fin d’Avengers :Endgame. Mais comme il était sur scène, il y a peu de doutes sur sa présence au générique.

Blade.
Un reboot de Blade (ancienne propriété de la Fox). Avec le doublement oscarisé Mahershala Ali. C’est la surprise que réservait Marvel. Blade a eu le doit à une trilogie, avec Wesley Snipes, avant la construction du MCU. Pas de date annoncée.

Oscars 2019: Green Book, Oscar du meilleur film!

Posté par wyzman, le 24 février 2019

La 91e cérémonie des Oscars ont soufflé un vent de fraîcheur avec plusieurs adaptations de comics récompensés. La diversité, qu'elle soit LGBT (les deux Oscars d'interprétation masculine pour deux personnages gays, l'Oscar de la meilleure actrice pour une reine lesbienne), afro-américaine ou latino-américaine, a été le mot d'ordre avec Bohemian Rhapsody et Rami Malek, Alfonso Cuaron (deux Oscars ce soir et quatre au total), Regina King, Mahershala Ali et Green Book, Black Panther, Blackkklansman.

Les histoires vraies (Green Book, La favorite, Roma, Bohemian Rhapsody...) ont quasiment tout raflé. Green Book - 3 Oscars - a été le choix consensuel de la soirée mais Bohemian Rhapsody repart vainqueur avec 4 statuettes. Le palmarès a été très éclaté entre plusieurs films, récompensant ainsi un peu tout le monde, sans offrir le sacre à Netflix pour Roma (qui repart quand même avec l'Oscar film en langue étrangère et l'Oscar du meilleur réalisateur).

MEILLEUR FILM: Green Book
Meilleur réalisateur: Alfonso Cuaron, Roma
Meilleure actrice: Olivia Colman, La favorite
Meilleur acteur: Rami Malek, Bohemian Rhapsody
Meilleur second-rôle féminin: Regina King, Si Beale Street pouvait parler
Meilleur second-rôle masculin:Mahershala Ali, Green Book
Meilleur scénario: Green Book
Meilleur scénario (adaptation): Blackkklansman
Meilleur film en langue étrangère: Roma
Meilleur court métrage: Skin
Meilleur documentaire: Free Solo
Meilleur court métrage documentaire: Period. End of Sentence
Meilleur film d'animation: Spider-Man: New Generation
Meilleur court métrage d'animation: Bao
Meilleure musique: Black Panther
Meilleure chanson originale: "Shallow" (A Star is born)
Meilleure photo: Roma
Meilleur montage: Bohemian Rhapsody
Meilleurs décors: Black Panther
Meilleurs costumes: Black Panther
Meilleurs maquillages & coiffures: Vice
Meilleurs effets visuels: First Man
Meilleur montage son: Bohemian Rhapsody
Meilleur mixage son: Bohemian Rhapsody

Oscars 2019: Green Book sera-t-il victime de ses polémiques?

Posté par vincy, le 23 février 2019

Green Book est l'un des favoris pour l'Oscar du meilleur film cette année. Il a toutes ses chances: un sujet politique et consensuel, une comédie dramatique, le prix du public au festival de Toronto, le Golden Globe dans la catégorie musical ou comédie, le film de l'année pour l'American Film Institue et pour le National Board of Review, le meilleur film selon la Producers Guild of America, et un joli succès public aux Etats-Unis (67M$ soit déjà plus que La forme de l'eau, Oscar l'an dernier).

Il peut perdre aussi. Roma est qualitativement supérieur, mais une partie des votants pourraient ne pas vouloir donner l'Oscar pour un film Netflix. A Star is Born, Black Panther et Bohemian Rhapsody sont largement plus populaires. Blackkklansman et Vice sont plus politiques. La Favorite pourrait être aussi un concurrent surprenant, correspondant aux choix habituels de l'Académie.

Green Book a cependant du affronter plusieurs polémiques au fil des mois. Ce qui risque de le desservir. Une partie des critiques et des professionnels lui reprochent, pour raccourcir, son point de vue "blanc", à travers le regard du personnage joué par Viggo Mortensen, Tony Vallelonga. Le film est produit par le fils de Tony, Nick, personnalité controversée (pro-Trump et islamophobe, même s'il s'est excusé pour certains tweets). Ce qui entraîne une deuxième polémique: le consentement de la famille de Don Shirley, incarné par Mahershala Ali, qui n'a pas été impliquée dans le développement du film. Les deux personnages réels sont morts à quelques mois d'écart en 2013.

Trop blanc pour beaucoup, le film est aussi accusé d'un racisme anti-blancs, selon comment on le perçoit (et ses opinions). Certains critiques, y compris dans la presse branchée, ont vu dans cette histoire une glorification d'un personnage noir et un grand mépris pour le personnage blanc. A cela s'ajoute que, selon la famille, Donald Shirley ne voulait pas d'un film sur cette histoire (comme on va vous l'expliquer).

N word et autres mensonges

Cela aurait pu rester une politique de réseaux sociaux si, en pleine tournée promotionnelle, Viggo Mortensen n'avait pas utilisé l'infamant mot en N, plutôt que le correct afro-américain ou noir. Paradoxalement, le mot est utilisé dans des films comme Si Beale Street pouvait parler ou dans la pièce actuellement à Broadway, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, sans que cela créé de polémiques. Mortensen a du s'excuser et Ali a fait savoir officiellement qu'il acceptait ces excuses.

Mais les vannes étaient ouvertes. En décembre, alors que le film commençait à récolter plusieurs citations ou prix, la famille de Donald Shirley s'émeut publiquement d'avoir été mise à l'écart et reproche le manque d'authenticité de certains faits décrits dans la fiction. Le frère de Donald Shirley évoque même "une symphonie de mensonges". Selon la famille, Shirley n'était pas aussi seul, ni coupé de la communauté afro-américaine. Pire, ils accusent Vallelonga de révisionnisme, puisque selon eux les deux hommes n'avaient pas d'autres relations que professionnelles. Nulle amitié réelle donc.

Pourtant, dans le documentaire Lost Bohemia de Josef Astor, Donald Shirley dit le contraire, confiant sa pleine confiance envers son chauffeur. "Tony n'était pas seulement mon chauffeur. Nous n'avons jamais eu de relation employeur-employé. Nous étions liés par une amitié mutuelle." S'il a refusé de donner son accord au projet, c'était, apparemment, davantage par peur qu'on révèle son homosexualité, alors qu'il n'a jamais fait son outing.

Peter Farrelly, le réalisateur, explique également qu'il a tenté de joindre la famille avant le tournage. Mahershala Ali a préféré continuer de s'excuser en se disant désolé si sa participation au film dans le rôle de Shirley les a offensés. Le neveu du pianiste reconnaît que l'interprétation de l'acteur est remarquable mais ne reconnaît pas son oncle tel qu'il est dépeint dans le film. "Ils ont fait un succès commercial, un film populaire, mais dans ce process, ils ont distordu et réduit la vit d'un des deux personnages principaux."

A l'inverse, son producteur, ami et légataire testamentaire Michael Kappeyne, par ailleurs consultant pour le film, explique que le comédien, favori pour l'Oscar du meilleur second-rôle masculin, a su capter la complexité du musicien, "sa colère intérieure, son sens de la solitude, sa dignité intègre et son intérêt à aider les gens."

On le voit bien: selon les souvenirs des entourages, le regard change sur le film. Après tout, il est vendu comme une fiction inspirée de faits réels et non comme une biographie. Ce n'est pas un documentaire. Ce qui compte c'est la narration et l'émotion qui s'en dégage, en plus du message généreux qu'il comporte. Ce que l'on reproche au film, finalement, c'est d'avoir écrit un récit autour du chauffeur blanc alors que c'est l'employeur noir qui est dominant (ce qui donnerait envie d'un documentaire ou d'une fiction centrée sur la vie de Shirley).

Au moins, le film est véridique sur d'autres aspects du film (l'appartement de Shirley, sa tournée dans le sud, ses concerts devant les blancs, la correspondance du couple Vallelonga, l'arrestation du chauffeur et de son employeur, etc...).

« Black Panther » sacré par les Screen Actors Guild Awards 2019

Posté par redaction, le 28 janvier 2019

La puissante Screen Actors Guild a remis ses prix à moins d'un mois des Oscars et ça déménage. Black Panther a surclassé ses concurrents et devient, avec Green Book (Golden Globe, Producers Guild Award), Roma et Bohemian Rhapsody (Golden Globe), l'un des gros prétendants à l'Oscar du meilleur film, même si historiquement ce prix de la SAG ne se transforme pas automatiquement en Oscar. Le Marvel récolte le prix tant convoité du meilleur casting (l'équivalent du meilleur film pour cette cérémonie) en plus de celui des meilleurs cascadeurs. C'est une première depuis Le Seigneur des Anneaux: Le retour du roi qu'un blockbuster repart gagnant.

La Favorite, A Star is Born et BlacKkKlansman repartent bredouilles.

Côté individuels, Glenn Close et Mahershala Ali prennent un peu plus d'avance sur les autres pour l'Oscar le 24 février. Rami Malek l'emporte par surprise sur le favori, Christian Bale. Mais surtout, la SAG a distingué Emily Blunt, comme pour la consoler de ne pas avoir été nommée à l'Oscar, dans un film de genre, et faisant d'Amy Adams et d'Emma Stone, pourtant deux fois citées pour le cinéma et la télévision, les perdantes de la soirée

Pour le petit écran, Michael Douglas et Robin Wright ont été snobés. Le grand vainqueur est la série The Marvelous Mrs Maisel, qui empile déjà trois Golden Globes sur deux ans, 8 Emmy Awards, et le convoité prix de programme de l'année de l'American Film Institute.

Cinéma

Ensemble du casting: Black Panther

Actrice: Glenn Close (The Wife)

Acteur: Rami Malek (Bohemian Rhapsody)

Second-rôle féminin: Emily Blunt (Sans un bruit)

Second-rôle masculin: Mahershala Ali (Green Book)

Ensemble des cascadeurs: Black Panther

Télévision

Acteur dans un téléfilm/minisérie: Darren Criss (Assassination of Gianni Versace)

Actrice dans un téléfilm/minisérie: Patricia Arquette (Escape at Dannemora)

Ensemble du casting dans une série dramatique: This is Us

Acteur dans une série dramatique: Jason Bateman (Ozark)

Actrice dans une série dramatique: Sandra Oh (Killing Eve)

Ensemble du casting dans une série comique: The Marvelous Mrs Maisel

Acteur dans une série comique: Tony Shalhoub (The Marvelous Mrs Maisel)

Actrice dans une série comique: Rachel Bronashan (The Marvelous Mrs Maisel)

Ensemble des cascadeurs dans une série: Glow

Critics’ Choice Movie Awards 2019 : Roma et Alfonso Cuarón grands gagnants

Posté par wyzman, le 14 janvier 2019

Cette année, la Broadcast Film Critics Association (BFCA) qui organise les Critics' Choice Awards a trouvé son favori du côté de Roma !

Un palmarès cohérent

Tandis que l'on vous disait au moment des nominations que La Favorite faisait office de favori (!) avec pas moins de 14 mentions, c'est finalement le drame d'Alfonso Cuarón qui a reçu les honneurs des votants hier soir. Le film disponible sur Netflix s'est vu récompenser par les prix du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure photographie et du meilleur film en langue étrangère.

Ailleurs dans le palmarès, on notera l'égalité de Lady Gaga (A Star Is Born) et Glenn Close (The Wife), déjà au coude à coude aux derniers Golden Globes. La seconde avait fini par l'emporter, à la surprise générale. Christian Bale a été sacré hier soir meilleur acteur pour Vice tandis que Mahershala Ali (Green Book) et Regina King (Si Beale Street pouvait parler) continuent leur course respective côté seconds rôles. A l'heure actuelle, une victoire aux Oscars devient de plus en plus évidente !

Enfin, on remarque que Black Panther n'a pas fini d'engranger les récompenses. Déjà pressenti pour les prochains Oscars, le film de Ryan Coogler est reparti avec les prix des meilleurs décors, des meilleurs costumes et des meilleurs effets spéciaux. Preuve s'il en fallait une que la carrière du plus gros succès de 2018 aux Etats-Unis n'est pas terminée.

Sans plus attendre, voici le palmarès complet côté cinéma.

Meilleur film

Black Panther
BlacKkKlansman
The Favourite
First Man
Green Book
If Beale Street Could Talk
Mary Poppins Returns
Roma
A Star Is Born
Vice

Meilleur acteur

Christian Bale – Vice
Bradley Cooper – A Star Is Born
Willem Dafoe – At Eternity’s Gate
Ryan Gosling – First Man
Ethan Hawke – First Reformed
Rami Malek – Bohemian Rhapsody
Viggo Mortensen – Green Book

Meilleure actrice

Yalitza Aparicio – Roma
Emily Blunt – Mary Poppins Returns
Glenn Close – The Wife (ex-aequo)
Toni Collette – Hereditary
Olivia Colman – The Favourite
Lady Gaga – A Star Is Born (ex-aequo)
Melissa McCarthy – Can You Ever Forgive Me?

Meilleur acteur dans un second rôle

Mahershala Ali – Green Book
Timothée Chalamet – Beautiful Boy
Adam Driver – BlacKkKlansman
Sam Elliott – A Star Is Born
Richard E. Grant – Can You Ever Forgive Me?
Michael B. Jordan – Black Panther

Meilleure actrice dans un second rôle

Amy Adams – Vice
Claire Foy – First Man
Nicole Kidman – Boy Erased
Regina King – If Beale Street Could Talk
Emma Stone – The Favourite
Rachel Weisz – The Favourite

Acteur.trice révélation

Elsie Fisher – Eighth Grade
Thomasin McKenzie – Leave No Trace
Ed Oxenbould – Wildlife
Millicent Simmonds – A Quiet Place
Amandla Stenberg – The Hate U Give
Sunny Suljic – Mid90s

Meilleur casting

Black Panther
Crazy Rich Asians
The Favourite
Vice
Widows

Meilleur réalisateur

Damien Chazelle – First Man
Bradley Cooper – A Star Is Born
Alfonso Cuarón – Roma
Peter Farrelly – Green Book
Yorgos Lanthimos – The Favourite
Spike Lee – BlacKkKlansman
Adam McKay – Vice

Meilleur scénario original

Bo Burnham – Eighth Grade
Alfonso Cuarón – Roma
Deborah Davis and Tony McNamara – The Favourite
Adam McKay – Vice
Paul Schrader – First Reformed
Nick Vallelonga, Brian Hayes Currie, Peter Farrelly – Green Book
Bryan Woods, Scott Beck, John Krasinski – A Quiet Place

Meilleur scénario adapté

Ryan Coogler, Joe Robert Cole – Black Panther
Nicole Holofcener, Jeff Whitty – Can You Ever Forgive Me?
Barry Jenkins – If Beale Street Could Talk
Eric Roth and Bradley Cooper & Will Fetters – A Star Is Born
Josh Singer – First Man
Charlie Wachtel & David Rabinowitz and Kevin Willmott & Spike Lee – BlacKkKlansman

Meilleure photographie

Alfonso Cuarón – Roma
James Laxton – If Beale Street Could Talk
Matthew Libatique – A Star Is Born
Rachel Morrison – Black Panther
Robbie Ryan – The Favourite
Linus Sandgren – First Man



Meilleurs décors

Hannah Beachler, Jay Hart – Black Panther
Eugenio Caballero, Barbara Enriquez – Roma
Nelson Coates, Andrew Baseman – Crazy Rich Asians
Fiona Crombie, Alice Felton – The Favourite
Nathan Crowley, Kathy Lucas – First Man
John Myhre, Gordon Sim – Mary Poppins Returns

Meilleur montage

Jay Cassidy – A Star Is Born
Hank Corwin – Vice
Tom Cross – First Man
Alfonso Cuarón, Adam Gough – Roma
Yorgos Mavropsaridis – The Favourite
Joe Walker – Widows

Meilleurs costumes

Alexandra Byrne – Mary Queen of Scots
Ruth Carter – Black Panther
Julian Day – Bohemian Rhapsody
Sandy Powell – The Favourite
Sandy Powell – Mary Poppins Returns

Meilleurs maquillage et coiffure

Black Panther
Bohemian Rhapsody
The Favourite
Mary Queen of Scots
Suspiria
Vice

Meilleurs effets spéciaux

Avengers: Infinity War
Black Panther
First Man
Mary Poppins Returns
Mission: Impossible – Fallout
Ready Player One

Meilleur film d'animation

The Grinch
Incredibles 2
Isle of Dogs
Mirai
Ralph Breaks the Internet
Spider-Man: Into the Spider-Verse

Meilleur film d'action

Avengers: Infinity War
Black Panther
Deadpool 2
Mission: Impossible – Fallout
Ready Player One
Widows

Meilleure comédie

Crazy Rich Asians
Deadpool 2
The Death of Stalin
The Favourite
Game Night
Sorry to Bother You

Meilleur acteur dans une comédie

Christian Bale – Vice
Jason Bateman – Game Night
Viggo Mortensen – Green Book
John C. Reilly – Stan & Ollie
Ryan Reynolds – Deadpool 2
Lakeith Stanfield – Sorry to Bother You

Meilleure actrice dans une comédie

Emily Blunt – Mary Poppins Returns
Olivia Colman – The Favourite
Elsie Fisher – Eighth Grade
Rachel McAdams – Game Night
Charlize Theron – Tully
Constance Wu – Crazy Rich Asians

Meilleur film d'horreur/science-fiction

Annihilation
Halloween
Hereditary
A Quiet Place
Suspiria

Meilleur film en langue étrangère

Burning
Capernaum
Cold War
Roma
Shoplifters

Meilleure chanson

"All the Stars" – Black Panther
"Girl in the Movies" – Dumplin’
"I’ll Fight" – RBG
"The Place Where Lost Things Go" – Mary Poppins Returns
"Shallow" – A Star Is Born
"Trip a Little Light Fantastic" – Mary Poppins Returns

Meilleure musique de film

Kris Bowers – Green Book
Nicholas Britell – If Beale Street Could Talk
Alexandre Desplat – Isle of Dogs
Ludwig Göransson – Black Panther
Justin Hurwitz – First Man
Marc Shaiman – Mary Poppins Returns

Green Book, Bohemian Rhapsody et Roma, vainqueurs des Golden Globes 2019

Posté par vincy, le 7 janvier 2019

Les Golden globes ont déjoué tous les pronostics. Ce ne sont pas forcément les favoris des critiques des grandes villes ou même les films les plus nommés qui ont été sacrés cette nuit à Los Angeles. Plutôt que le musical A Star is born, ils ont ainsi préféré le biopic musical tout aussi rock Bohemian Rhapsody, qu'on n'attendait absolument pas sacré cette nuit.

La course aux Oscars reste très ouverte. Mais on voit bien que Green Book, avec trois récompenses, a ses chances, tout comme Roma. Côté acteurs, Regina King continue son grand chelem. Si les comédiens sont deux transformations maquillées (un rocker et un vice-président), les comédiennes sont dans l'incarnation de la femme forte. On saluera le sacre de la grande Glenn Close, dont c'est le premier Golden Globe "cinéma" après 5 tentatives.

Une chose est certaine côté films: les Golden Globes sont de moins en moins prédictifs. les chances que le biopic sur Queen triomphe aux Oscars sont pour l'instant assez minces. Pourtant, en étant également dans le club fermé des cinq films nommés catégorie meilleure casting aux Screen Actors Guild Awards, le succès réalisé par Bryan Singer augmente sa cote dans une année sans aucun favori...

Le palmarès cinéma

Film - drame: Bohemian Rhapsody
Film - musical ou comédie: Green Book
Cecil B. DeMille Award: Jeff Bridges
Réalisateur: Alfonso Cuaron (Roma)
Actrice - drame: Glenn Close (The Wife)
Acteur - drame: Rami Malek (Bohemian Rhapsody)
Actrice - musical ou comédie: Olivia Colman (La favorite)
Acteur - musical ou comédie: Christian Bale (Vice)
Second-rôle féminin: Regina King (If Beale Street Could Talk)
Second-rôle masculin: Mahershala Ali (Green Book)
Film d'animation: Spider-Man: Into the Spider-Verse
Film étranger: Roma
Scénario: Peter Farrelly, Nick Vallelonga, Brian Currie (Green Book)
Musique: Justin Hurwitz (First Man)
Chanson: "Shallow” (A Star Is Born)

Mon film de l’année: Moonlight, sublime drame queer

Posté par wyzman, le 28 décembre 2017

Sans surprise, le film qui m’a le plus marqué, touché et ému cette année est Moonlight de Barry Jenkins. Il y a un an, j’annonçais même fièrement que c’était le film que j’attendais le plus en 2017. Et je n’ai pas été déçu !

Pendant 110 minutes, Moonlight raconte l’évolution (voire carrément la transformation) de Chiron, un enfant noir issu des quartiers pauvres de Miami et persécuté par ses camarades en un homme muré dans le silence et rongé par ses démons. La raison de son mal-être ? Elle est double. Il y a tout d’abord cette mère qui est accro à la drogue et incapable de prendre soin de lui et cette orientation sexuelle qu’il n’arrive pas à définir mais qui fait naître en lui un désir certain pour Kevin, son meilleur ami d’enfance.

Auréolé de trois Oscars (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali), Moonlight est le film le plus récompensé de l’année dernière. Mais c’est également le résultat d’une incroyable success story. Celle qui voit se croiser deux scénaristes de talent, trentenaires, noirs et homosexuels, la société de production de Brad Pitt et le seul acteur de série dont le talent en fait le digne héritier de Denzel Washington.

Découpé en trois parties où la tension dramatique est à son paroxysme, Moonlight est porté par trois versions toutes magnifiques de Chiron. Alex R. Hibbert incarne un jeune Chiron curieux de savoir ce qu’est une « pédale », Ashton Sanders est un adolescent fasciné par les rapports sexuels qu’a son meilleur ami quand l’impressionnant Trevante Rhodes émeut en homosexuel baraqué mais refoulé. Véritable tour de force visuel, Moonlight et surtout la photographie de James Laxton parviennent à sublimer de manière identique trois acteurs bien différents et à rendre justice au charme des hommes noirs.

Plein d’empathie, le scénario donne une place importance aux silences et aux non-dits. A ces spectateurs impatients et trop pragmatiques qui ont fustigé l’absence de fin arrêtée, je leur réponds sans détour que c’est là que réside la force de Moonlight, dans le fait de laisser volontairement chacun décider de la suite du parcours de Chiron. Poétique et symbolique, Moonlight est le grand film que la communauté queer mérite... à moins que ce ne soit Call Me By Your Name ?

Les autres films marquants de l'année
Le film d'animationBigfoot Junior de Ben Stassen et Jérémie Degruson. Une petite pépite belge, faite avec amour et qui traite avec brio du rapport père-fils.
Le film français120 battements par minute. Véritable plongée au cœur des actions d’Act Up-Paris, le film de Robin Campilo a fait pleurer de rage la Croisette et la France. Certains y ont vu de cultiver la mémoire collective, d’autres une tentative ratée de faire un grand drame sur fond de débâcle politique.
Le blockbusterLes Derniers Jedi. Auteur de la future trilogie Star Wars (la quatrième donc), Rian Johnson a essayé de s’émanciper de la mythologie trop oppressante de George Lucas.
Le film surfaitLe Fidèle de Michaël R. Roskam. A force de voir en Adèle Exarchopoulos une grande star du box-office, on en oublierait presque l’essentiel : la nécessité d’avoir du talent pour livrer de grandes performances.
L'objet filmique non identifiéMy Little Pony de Jayson Thiessen. Ça galope partout et ça envoie des sorts mais ça ne décolle jamais vraiment !

Calvin Klein s’offre les acteurs de Moonlight

Posté par wyzman, le 1 mars 2017

Long métrage le plus récompensé de l'année, Moonlight n'a pas manqué de marquer l'histoire du cinéma américain dimanche soir en remportant l'Oscar du meilleur film (face à Premier contact, Fences, Tu ne tueras point, Comancheria, Les figures de l'ombre, La La Land, Lion et Manchester by the Sea). Et si la fin de la soirée a été on ne peut plus mouvementée (personne n'oubliera le couac dinal), l'équipe de Moonlight a de quoi se frotter les mains cette semaine.

Il y a quelques heures, la marque américaine Calvin Klein a en effet dévoilé les premiers clichés de sa nouvelle campagne Calvin Klein Underwear sur lesquels figurent les quatre acteurs principaux du film de Barry Jenkins : Mahershala Ali (43 ans), Trevante Rhodes (27 ans), Ashton Sanders (21 ans) et Alex Hibbert (12 ans). Présents ensemble sur le tapis rouge de la 89ème cérémonie des Oscars, les trois derniers acteurs qui campent Chiron avaient déjà fait le bonheur des photographes en arborant de sublimes costumes… Calvin Klein !

Simplement baptisée "Revelation", la campagne printemps 2017 de la marque est déjà partout sur la toile. Connue pour sa grande sensibilité, il va sans dire que le nouveau directeur artistique de Calvin Klein, Raf Simons, signe ici un très beau coup marketing. Eh oui, Calvin Klein s'offre en parallèle le premier acteur de confession musulmane à être oscarisé, Mahershala Ali. Un fait qui pourrait sembler anodin si, entre le début de la tournée promotionnelle de Moonlight et les Oscars 2017, Donald Trump n'était pas devenu président des Etats-Unis ! Pour rappel,  Mahershala Ali, Trevante Rhodes, Ashton Sanders et Alex Hibbert succèdent à des stars telles que Mark Wahlberg, Kellan Lutz, Mehcad Brooks et Jamie Dornan.

Oscars 2017: Moonlight triomphe, La La Land et Manchester by the Sea rayonnent

Posté par vincy, le 27 février 2017

Il y avait une revendication anti-Donald Trump dans l'air. Hollywood est entré en résistance. "Puissiez-vous toujours avoir le courage d'affronter vos peurs" le disait si bien le réalisateur Alan Barillaro, auteur du court de chez Pixar, Piper, en gagnant son Oscar. Dans un registre plus léger, Jimmy Kimmel s'inquiétait: "Ça fait plus de 2 heures qu'on a commencé et Trump a pas fait un seul tweet sur les Oscars... Ça commence à m'inquiéter !". Il lui a donc envoyé un court tweet au président où "Meryl Streep lui disait bonjour", en référence au tweet de Trump considérant Streep "surévaluée". Kimmel en a fait son "running gag" puisqu'il avait déjà balancé plus tôt dans la soirée: "Dès le début de sa carrière, Meryl Streep a été médiocre. Elle a déçu dans 50 films et c'est sa 20ème nomination !" (bon en même temps celle de cette année était peut-être un peu superflue).

Mais Kimmel aussi pointé avec ironie la polémique de l'an dernier sur des Oscars jugés trop blancs: "J'aimerais remercier le président Trump. L'année dernière, on pensait tous que c'était les Oscars qui étaient racistes !"

Accident en direct

Oscars so white? Oubliez-ça! Pour une fois, les Oscars ont sacré, Moonlight, un premier film, avec un casting 100% black et une histoire gay! Le combo total! "Il y a une époque où je pensais que ce film était impossible ! Merci beaucoup" a clamé le cinéaste Barry Jenkins. Bon, on va passer sur l'erreur la plus dingue de l'histoire des Oscars: Warren Beatty et Faye Dunaway présentent l'Oscar du meilleur film. Beatty a un moment d'hésitation, trouvant sans doute étrange ce qu'il lit. Dunaway clame La la Land. L'équipe de Chazelle exulte et monte sur scène! Manque de bol, ce n'était pas la bonne enveloppe ("Ce n'est pas une blague!"). Un accident industriel. C'est bien Moonlight qui l'emporte et un producteur de La La Land, très digne, très classe tend l'Oscar à Barry Jenkins, qui n'en revient pas, assis dans la salle.
On retire tout ce qu'on a dit sur Hollywood qui préfère se regarder dans un miroir et oublie de récompenser des films qui regardent le monde. Pour le coup, cet Oscar du meilleur film est un vrai "face palm" ou une réaction à Trump et à ceux qui l'an dernier accusaient les Oscars de racisme.

Un américain musulman pour la première fois

Dans la catégorie du meilleur second-rôle, ce sont deux afro-américains pour deux films centrés sur des afro-américains, et leurs conditions de vie dans une Amérique qui ne leur fait pas de cadeaux, qui ont gagné. Viola Davis réalise ainsi l'exploit d'être la première interprète afro-américaine à avoir emporté un Emmy, un Tony et un Oscar. Outre l'Oscar du meilleur second-rôle pour Mahershala Ali (et premier acteur musulman à être ainsi lauréat d'un Oscar ce qui a du rendre Trump plus rouge que d'habitude), Moonlight a aussi remporté l'Oscar de la meilleure adaptation. L'auteur de la pièce originelle Tarell Alvin McCraney a d'ailleurs dédié "ce prix à toute la communauté LGBT !" Les minorités assument face à cette Amérique qui tente de revenir en arrière.

Un doublé rare grâce à Farhadi

Et que Le client décroche l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (certes les quatre autres nommés n'étaient pas ni meilleurs ni moins bons) et on ne pourra qu'y voir une contestation affichée au Muslim ban du président des Etats-Unis, qui a empêché Asghar Farhadi d'aller sur la scène des Oscars pour la deuxième fois, cinq ans après celui qu'il a reçu pour Une séparation. Boycottant la cérémonie au nom des habitants des sept pays interdits d'entrée aux USA, il a rappelé que les films étaient fait pour partager les valeurs humanistes et abolir les frontières. Il devient le sixième réalisateur à gagner plus d'une fois cet Oscar (après Vittorio De Sica (1948, 1950, 1965, 1972), Federico Fellini (1957, 1958, 1964, 1975), Ingmar Bergman (1961, 1962, 1984), René Clément (1951,1953) et Akira Kurosawa (1952, 1976)).

Le plus jeune cinéaste oscarisé

Cette année, les Oscars ont éparpillé leurs récompenses entre de nombreux films tout en privilégiant Tu ne tueras point, Moonlight, Manchester by the Sea et bien sûr La La Land, qui ont tous gagné plus d'une statuette. Comme si les meilleurs films de l'année avaient chacun leurs propres qualités. De la technique pour le film de Mel Gibson, le scénario et l'acteur pour Manchester by the Sea. Casey Affleck a ainsi logiquement été sacré meilleur acteur, après avoir raflé à peu près tous les prix depuis novembre. la musique et la réalisation pour La La Land, qui récolte 6 Oscars! Damien Chazelle devient le réalisateur le plus jeune à recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur, by the way. Dommage qu'il ait fait un discours si banal... Comme on s'y attendait, Emma Stone rapporte elle aussi un Oscar de la meilleure actrice, empêchant Isabelle Huppert de faire son grand chelem américain. "J'ai encore beaucoup à apprendre mais cette statuette c'est un symbole pour poursuivre ce voyage" a rappelé la jeune actrice.

Ce fut donc un palmarès sans réelle surprise, mais assez équilibré pour cette 89e Cérémonie des Oscars, et la preuve, une fois de plus, que les films d'auteur ont réellement dominé l'année hollywoodienne. C'est d'autant plus une bonne nouvelle que chacun des gagnants a été rentable pour leurs producteurs et même, pour certains, de véritables succès publics. On peut regretter que plus les Oscars majeurs passaient, plus les discours s'affadissaient, avec des tonnes de remerciements personnels. La fin de la soirée était ainsi une suite de consécrations attendues, sans la verve de Jimmy Kimmel ou l'engagement des speechs des premiers gagnants.

Mais Kimmel a été bon jusqu'au bout. Profitant de l'incident sur l'Oscar du meilleur film, il a eu la bonne vanne pour conclure: "Je savais que j'allais foirer... Je vous promets de ne plus jamais revenir !"

Meilleur film: Moonlight
Meilleur réalisateur: Damien Chazelle pour La La Land

Meilleure actrice: Emma Stone dans La La Land
Meilleur acteur: Casey Affleck dans Manchester by the Sea
Meilleur second-rôle féminin: Viola Davis dans Fences
Meilleur second-rôle masculin: Mahershala Ali dans Moonlight

Meilleur film en langue étrangère: Le client d'Asghar Farhadi
Meilleur film d'animation: Zootopie de Byron Howard, Rich Moore et Clark Spencer
Meilleur court métrage d'animation: Piper d'Alan Barillaro et Marc Sondheimer
Meilleur documentaire: O.J.: Made in America d'Ezra Edelman et Caroline Waterlow
Meilleur court métrage documentaire: The White Helmets d'Orlando von Einsiedel et Joanna Natasegara
Meilleur court métrage fiction: Mindenki (Sing) de Kristof Deak et Anna Udvardy

Meilleur scénario: Kenneth Lonergan (Manchester by the Sea)
Meilleure adaptation: Barry Jenkins et Tarell Alvin McCraney (Moonlight)
Meilleure musique: Justin Hurwitz (La La Land)
Meilleure chanson: "City of stars" (La La Land)

Meilleure image: Linus Sandgren (La La Land)
Meilleur montage: John Gilbert (Tu ne tueras point)
Meilleurs décors: David Wasco, Sandy Reynolds-Wasco (La La Land)
Meilleurs costumes: Colleen Atwood (Les animaux fantastiques)
Meilleurs maquillages et coiffures: Alessandro Bertolazzi, Giorgio Gregorini, Christopher Allen Nelson (Suicide Squad)
Meilleur montage (son): Sylvain Bellemare (Premier contact)
Meilleur mixage (son): Kevin O'Connell, Andy Wright, Robert Mackenzie, Peter Grace (Tu ne tueras point)
Meilleurs effets visuels: Robert Legato, Adam Valdez, Andrew R. Jones, Dan Lemmon (Le livre de la jungle)