Mon film de l’année : Aquarius, œuvre libertaire et anti-libérale

Posté par vincy, le 26 décembre 2016

Parmi la quinzaine de films marquants cette année, c'est Aquarius, la fresque intime et politique de Kleber Mendonça Filho, qui me vient immédiatement à l'esprit. Sans doute parce qu'il allie parfaitement deux états d'esprit qui ne son pas dans l'air du temps. Un personnage principal, Clara, magnifié par une Sonia Braga impériale qu'on avait perdu depuis plusieurs années, revendiquant sa liberté de penser, de vivre, affirmant à la fois sa place conquise en tant que femme, assumant pleinement son indépendance, se désolant du conservatisme ambiant, et constatant que ses victoires du passé (sur le racisme, le sexisme, les droits fondamentaux) sont plus vulnérables qu'elle ne le croyait. Et puis il y a sa lutte, sa résistance même, contre un ordre établi, corrompu et cupide, déshumanisé et cynique. La destruction de son immeuble n'est pas qu'un symbole dans ce conflit. C'est un avertissement.

Ironiquement, l'histoire du film a croisé l'histoire du Brésil cette année avec un "coup d'état" institutionnel et une succession de démissions et de poursuites judiciaires dans le système politique, tous bords confondus. La crise évoquée dans Aquarius n'est qu'une infime représentation des symptômes qui gangrènent le développement du pays. D'ailleurs le pouvoir en place a fait pression pour qu'Aquarius ne représente pas le Brésil aux Oscars. Ces ultra-libéraux n'ont pas supporté la contestation des artistes et l'opposition des équipes du film (jusque sur les marches de Cannes) à leur hold-up sur la présidence et le gouvernement.

Mais ce qui épate avec cette épopée d'une veuve pleine de vigueur contre des promoteurs véreux est ailleurs: dans des séquences hors-limites, dans ce récit ample et multi-dimensionnel, dans cette incarnation chaleureuse d'une famille éclatée. Tel un feuilleton, d'une folle intelligence, on suit le temps qui passe, les rebondissements de cette sale affaire, entre le calme et les tempêtes, le sexe cru et le carpe diem. Mais si les répliques sont franches, si les nus sont frontaux, tout est contourné avec une mise en scène qui maîtrise parfaitement ses limites, n'allant jamais trop loin dans la critique, la satire, le mélo, le drame ou la dénonciation manichéenne. Car au bout de cette bataille, il y a la volonté de croire qu'on peut changer les choses, qu'on peut refuser le fatalisme. Le film est aussi riche dans sa complexité que son personnage est radieux dans l'adversité.

Evidemment, ce ne sera pas forcément le cas, et c'est là toute la beauté de l'immoralité. Après tout Aquarius fait l'éloge du désir, du souvenir, de la conscience, de la transmission. Mais c'est aussi un manifeste qui rappelle les points faibles de cette liberté tant aspirée dans un monde profondément chaotique où la loi du plus fort est aussi celle du plus riche, où l'ignorant, l'inconscient et l'aveugle sont soumis aux règles dictées par les puissants. Et malgré le propos sombre, l'œuvre demeure lumineuse de bout en bout. Pourtant, cet immeuble Aquarius est une utopie qu'on détruit. Mais tant qu'il y aura des Clara pour se tenir debout, danser et baiser comme elle en a envie, alors tout n'est sans doute pas perdu.

Mes autres coups de cœur : Mademoiselle et Carol pour leur esthétisme hypnotisant et le soufre immoral de leurs liaisons dangereuses, Ma vie de Courgette et Quand on a 17 ans car dans les deux cas Céline Sciamma prouve qu'elle traduit les émotions et sentiments de la jeunesse avec une justesse impressionnante, Diamant noir parce qu'il s'agit assurément du meilleur film noir de l'année, genre snobé par le cinéma francophone, Mekong Stories et L'ornithologue pour leurs audaces narratives où spiritualité, sexualité et nature s'entrelacent merveilleusement et Manchester by the Sea car il s'agit de loin du plus beau drame familial de l'année, aussi sobre et pudique que ténu et tragique.

Pas de favoris pour les Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 16 décembre 2016

L’Académie des Lumières a annoncé ses nominations pour les 22e prix de la presse internationale (une centaine de correspondants dans plus de 20 pays). Pour la première fois, une catégorie animation a été créée. Ma vie de Courgette frappe d'ailleurs assez fort avec trois citations. les lauréats seront connus le 30 janvier 2017.

Elle, Une vie (Prix Louis-Delluc), La mort de Louis XIV, Frantz, Rester vertical et La Danseuse ont reçu chacun 4 nominations. Aucun favori ne se détache vraiment cette année.

Film
Elle, de Paul Verhoeven
La mort de Louis XIV, de Albert Serra
Nocturama, de Bertrand Bonello
Les ogres, de Léa Fehner
Rester vertical, de Alain Guiraudie
Une vie, de Stéphane Brizé

Réalisateur
Bertrand Bonello - Nocturama (2)
Stéphane Brizé - Une vie (2)
Léa Fehner - Les ogres (2)
Alain Guiraudie - Rester vertical (2)
Albert Serra - La mort de Louis XIV (2)
Paul Verhoeven - Elle (2)

Actrice
Judith Chemla - Une vie (3)
Marion Cotillard - Mal de pierres
Virginie Efira - Victoria
Isabelle Huppert - Elle (3)
Sidse Babett Knudsen - La fille de Brest
Soko - La danseuse

Acteur
Pierre Deladonchamps - Le fils de Jean
Gérard Depardieu - The End
Nicolas Duvauchelle - Je ne suis pas un salaud
Jean-Pierre Léaud - La mort de Louis XIV (3)
Omar Sy et James Thierrée - Chocolat
Gaspard Ulliel - Juste la fin du monde

Scénario
David Birke - Elle (4)
Léa Fehner, Catherine Paillé et Brigitte Sy - Les ogres (3)
Emilie Frèche et Marie-Castille Mention-Schaar - Le ciel attendra
Alain Guiraudie - Rester vertical (3)
François Ozon - Frantz
Céline Sciamma - Ma vie de Courgette

Image
Christophe Beaucarne - Mal de pierres (2)
Benoît Debie - La danseuse (2)
Antoine Héberlé - Une vie (4)
Léo Hinstin - Nocturama (3)
Pascal Marti - Frantz (2)
Jonathan Ricquebourg - La mort de Louis XIV (4)

Révélation masculine
Damien Bonnard - Rester vertical (4)
Corentin Fila et Kacey Mottet Klein - Quand on a 17 ans
Finnegan Oldfield - Bang Gang
Toki Pilioko - Mercenaire
Sadek - Tour de France
Niels Schneider - Diamant noir

Révélation féminine
Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena - Divines
Paula Beer - Frantz (3)
Lily Rose Depp - La danseuse (3)
Manal Issa - Peur de rien
Naomi Amarger et Noémie Merlant - Le ciel attendra
Raph - Ma Loute

Premier film
Apnée, Jean-Christophe Meurisse
La danseuse, Stéphanie di Giusto (4)
Diamant noir, Arthur Harari (2)
Divines, Houda Benyamina (2)
Gorge cœur ventre, Maud Alpi
Mercenaire, Sacha Wolff

Film francophone
Belgica, Felix van Groeningen
La fille inconnue, Jean Pierre et Luc Dardenne
Hedi, Mohammed Ben Attia
Juste la fin du monde, Xavier Dolan (2)
Mimosas, Oliver Laxe
Les Premiers, les Derniers, Bouli Lanners

Film d'animation
La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach
Louise en hiver, Jean-François Laguionie
Ma vie de Courgette, Claude Barras (2)
La tortue rouge, Michael Dudok de Wit
Tout en haut du monde, Rémi Chayé

Documentaire
Le bois dont les rêves sont faits, Claire Simon
Dernières nouvelles du cosmos, Julie Bertuccelli
Merci Patron !, François Ruffin
La sociologue et l’ourson, Etienne Chaillou et Mathias Théry
Swagger, Olivier Babinet
Voyage à travers le cinéma français, Bertrand Tavernier

Musique
Sophie Hunger - Ma vie de Courgette (3)
Ibrahim Maalouf - Dans les forêts de Sibérie
Laurent Perez del Mar - La tortue rouge (2)
ROB - Planétarium
Philippe Rombi - Frantz (4)
Gabriel Yared - Juste la fin du monde (3)

Oscars 2017: « Elle » recalé, « Ma vie de Courgette » et « Juste la fin du monde » dans la course

Posté par vincy, le 16 décembre 2016

Ils ne sont plus que neuf. La longue liste des 85 films soumis à l'Académie des Oscars ont été réduits à une courte liste de neuf films. Les cinq nommés définitifs seront révélés le 24 janvier. Le système est toujours opaque.

Six des neuf films ont été choisis par un vote de votants basés à Los Angeles. Trois titres ont été choisis par le comité en charge des films en langue étrangère au sein de l'Académie.

Surprise, Elle de Paul Verhoeven n'a pas atteint la demi-finale. C'est d'autant plus une surprise qu'il a été sélectionné aux Golden Globes. C'est la deuxième mauvaise nouvelle cette semaine pour le film français, après l'absence d'Isabelle Huppert aux nominations des Screen Actors Guild Awards il y a deux jours. De grands noms comme Pedro Almodovar, Pablo Larrain, Andrzej Wajda ont aussi été snobés.

Le Festival de Cannes est en force avec quatre films, dont trois en provenance de la compétition, dans cette liste. Mais surtout, c'est le cinéma nordique (avec trois pays scandinaves!) qui est en force, et plus généralement le cinéma européen (six sur neuf). On peut toujours consoler le cinéma français, très présent quand même dans cette liste à travers les coproductions.

Enfin, notons que Ma vie de courgette concoure aussi dans la catégorie animation.

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler (Australie)
Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada)
Land of Mine de Martin Zandvliet (Danemark)
Toni Erdmann de Maren Ade (Allemagne)
Le client d'Asghar Farhadi (Iran)
The King’s Choice d’Erik Poppe (Norvège)
Paradise d’Andrei Konchalovsky (Russie)
Mr Ove de Hannes Holm (Suède)
Ma vie de Courgette de Claude Barras (Suisse)

La La Land et Moonlight en tête des nominations aux Golden Globes 2017

Posté par vincy, le 12 décembre 2016

Les 74emes Golden Globe Awards ont été révélés. La cérémonie aura lieu le 8 janvier et sera animée par Jimmy Fallon.

Le cinéma français se félicitera des nominations de Elle, Divines, Ma vie de courgette et Isabelle Huppert. Année faste donc.

La La Land avec sept nominations et Moonlight avec six confirment les récents palmarès américains : les deux films sont les grands favoris pour les prochains Oscars.  Tout comme Manchester by the Sea avec quatre citations.

Les surprises viennent davantage des oublis que des présents puisque Lion, Tu ne tueras point et même Deadpool ont été logiquement retenus. On peut éventuellement être réjoui de la nomination prestigieuse de Sing Street, de la reconnaissance pour Comancheria, de l'intrusion de Divines et du come back de Colin Farrell grâce à The Lobster, prix du jury à Cannes en 2015. On peut aussi remarquer que Premier contact, Jackie, Nocturnal Animals, Loving ont été sélectionnés dans diverses catégories sans faire l'unanimité autour d'eux.

Mais cela dénote surtout les absences de Silence de Martin Scorsese, Live by night de Ben Affleck, et Sully de Clint Eastwood, de la quasi inexistence de Fences de Denzel Washington et de Hidden Figures de Theodore Melfi. Tom Hanks, Matthew McConaughey, Sausage Party, Michael Keaton, ou encore Jake Gyllenhaal et Denis Villeneuve ont été snobés.

A la mi décembre, il semble que le match pour les Oscars s'oriente en faveur de La La Land, comédie romantique, musicale et dramatique, aussi élégante que gracieuse, dédiée aux artistes et à Los Angeles, et surtout hommage à Jacques Demy.

Meilleur drame
Tu ne tueras point
Comancheria
Lion
Manchester By The Sea
Moonlight

Meilleure comédie / musical
20th Century Women
Deadpool
La La Land
Florence Foster Jenkins
Sing Street

Meilleur réalisateur
Damien Chazelle (La La Land)
Tom Ford (Nocturnal Animals)
Mel Gibson (Tu ne tueras point)
Barry Jenkins (Moonlight)
Kenneth Lonergan (Manchester by the Sea)

Meilleur acteur - drame
Casey Affleck
Joel Edgerton
Andrew Garfield
Viggo Mortensen
Denzel Washington

Meilleur acteur - comédie / musical
Colin Farrell
Ryan Gosling
Hugh Grant
Jonah Hill
Ryan Reynolds

Meilleure actrice - drame
Amy Adams
Jessica Chastain
Isabelle Huppert
Ruth Negga
Natalie Portman

Meilleure actrice - comédie/musical
Annette Bening
Lily Collins
Hailee Steinfeld
Emma Stone
Meryl Streep

Meilleur second rôle féminin
Viola Davis
Naomie Harris
Nicole Kidman
Octavia Spencer
Michelle Williams

Meilleur film d'animation
Kubo et l'armure magique
Vaiana
Ma vie de Courgette
Tous en scène
Zootopie

Meilleur film en langue étrangère
Divines
Elle
Neruda
Le client
Toni Erdmann

Meilleur scénario
La La Land
Nocturnal Animals
Moonlight
Manchester By The Sea
Comancheria

Meilleure musique
Moonlight
La La Land
Arrival
Lion
Hidden Figures

Meilleure chanson
Cant Stop The Feeling, Les Trolls
City Of Stars, La La Land
Faith, Tous en scène
Gold, Gold
How Far I’ll Go, Vaiana

Toni Erdmann domine le palmarès des European Film Awards

Posté par vincy, le 10 décembre 2016

Meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleur scénariste pour Maren Ade, meilleur acteur pour Peter Simonischek, meilleure actrice pour Sandra Hüller: Toni Erdmann, reparti sans prix du Festival de Cannes, a tout raflé à la 29e cérémonie des European Film Awards ce soir.

On peut souligner que Ma vie de courgette, coproduction helvético-française a gagné le prix du meilleur film d'animation.
Le Lion d'or de Venise, Fuocoammare, a remporté le prix du meilleur documentaire.

Le reste du palmarès a distingué Mr Ove (meilleure comédie), Olli Mäki (prix Fipresci de la découverte), 9 Days - From my window in Aleppo (meilleur court métrage), Land of Mine (meilleure image, meilleurs costumes), La communauté (meilleur montage), Le disciple (meulleur musique), 11 minutes (meilleur son).

La productrice Leontine Petit (The Lobster) a reçu le prix Eurimage de la coproduction européenne. Jean-Claude Carrière et Pierce Brosnan ont été honoré. La cérémonie se déroulant à Wroclaw en Pologne, un prix spécial de l'Académie a été décernée au cinéaste Andrzej Wajda tandis que c'est un film polonais, Body (Cialo), qui été couronné par le prix du Public. Le film a été présenté au Festival de Berlin en 2015 et n'est sorti que dans quelques pays.

Autant dire que les problèmes liés à ces European Film Awards perdurent aussi bien sur le calendrier des films sélectionnés que sur les votants. Globalement le palmarès confirme son tropisme pour les films d'Europe centrale et d'Europe du nord. Rassurons-nous: malgré ses presque 30 ans, les Oscars européens n'ont toujours pas acquis la notoriété attendue (et on s'en désole, mais comment faire autrement avec des films qui datent parfois de 15 mois) et n'ont aucun impact sur les films (et c'est regrettable)

Disney mais aussi La Tortue rouge et Ma vie de courgette cartonnent aux Annie Awards

Posté par vincy, le 28 novembre 2016

Zootopie part favori des 44e Annie Awards et donc des Oscars. Le film de Disney a récolté 11 nomination aux "Oscars de l'animation" reflétant une domination sans partage pour les studios Disney qui totalisent 38 citations toutes catégories confondues (DreamWorks offre encore un peu de résistance avec 18 nominations, cinéma et télévision confondus). Rien que dans la catégorie du meilleur film, Disney et Pixar placent Zootopie, Vaiana et Le monde de Dory. Les deux autres films en course sont Kung Fu Panda 3 de DreamWorks et, surprise, Kubo et l'Armure magique de Laika. Kubo est d'ailleurs le 2e film le plus nommé avec 10 nominations!

Autrement dit les très bon Sausage Party et Cigognes & Cie, le carton Comme des bêtes, ou même le divertissant Tous en scène ont été snobés dans la catégorie reine et, globalement de l'ensemble de la liste hormis, parois, quelques nominations "techniques".

12 nominations pour les productions françaises

La surprise provient sans doute des productions et coproductions françaises. Dans la catégorie du meilleur film indépendant, on retrouve ainsi deux films francophones - Tout en haut du monde, Ma vie de Courgette -, deux films japonais - Miss Hokusai et le carton Your Name - et un film franco-japonais - La Tortue rouge du néerlandais Michael Dudok de Wit.

La Tortue rouge a en plus récolté quatre autres nominations (effets animés, réalisation, musique, scénario). Ma Vie de Courgette se distingue aussi avec deux autres citations (réalisation, scénario). Et avec la nomination de Your Name dans la catégorie réalisation, ce sont trois films étrangers qui font face à Zootopie et Kubo. Un exploit en soi.

A cela on peut ajouter que Le Petit Prince est mentionné pour sa musique et sa direction artistique. Et un autre film français, Avril et le monde truqué, est nommé pour son montage.

7 films d’animation français parmi les 27 présélectionnés aux Oscars 2017

Posté par vincy, le 12 novembre 2016

Un record de 27 films a été pré-sélectionné pour l'Oscar du meilleur film d'animation, selon un communiqué l'Académie des arts et sciences du cinéma.

La surprise est la grande quantité de productions et coproductions françaises: Le Petit Prince, adaptation du roman d'Antoine de Saint-Exupéry, réalisé par l'Américain Mark Osborne, hors compétition à Cannes en 2015, et énorme succès international ; Ma vie de courgette, adaptation du roman de Gilles Paris, réalisé par le Suisse Claude Barras, présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année avant d'emporter le Grand prix et le Prix du public à Annecy, le Valois de diamant à Angoulême et le Prix du meilleur film européen à San Sebastian ;  Avril et le monde truqué, adapté de l'univers de Jacques Tardi, réalise par Christian Desmares et Franck Ekinci, sorti en novembre 2015, et Grand prix à Annecy en 2015 ; Phantom Boy réalisé par Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, sorti en octobre 2015 ; Tout en haut du monde réalisé par Rémi Chayé, sorti en janvier, Prix du public à Annecy en 2015 et Prix Jean Renoir en mai dernier ; La tortue rouge, réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit, coproduit avec le Studio Ghibli, Prix spécial du jury à Un certain regard à Cannes cette année ; Mune, le gardien de la lune , réalisé par Alexandre Heboyan et Benoît Philippon, sorti en octobre 2015 et joli succès à l'étranger.

Certains ont de sérieuses chances d'être parmi les finalistes, même si Disney (avec ses trois blockbusters - Le monde de Dory, Zootopie et Vaiana, la légende du bout du monde) et ses concurrents hollywoodiens ont de sérieux prétendants dans la liste des présélectionnés, tout comme les studios japonais (et notamment le carton populaire Your Name et le très beau Miss Hokusai): Angry Birds, Bilal, Le monde de Dory, L'âge de glace: les lois de l'Univers, Kingsglaive Final Fantasy XV, Kubo et l'armure magique, Kung Fu Panda 3, Miss Hokusai, Vaiana la légende du bout du monde, Monkey King: Hero Is Back, Mustafa & le Magicien, Sausage Party, Comme des bêtes, Tous en scène, La bataille géante de boules de neige, Cigognes & compagnie, Les Trolls, 25 April, Your Name et Zootopia.

Des Emirats à la Nouvelle-Zélande en passant par le Canada et la Chine, la bataille sera rude. Certains ne seront peut-être pas retenus car il faut une condition indispensable: être projeté à Los Angeles avant la fin de l'année.

Il n'y aura que cinq élus le 24 janvier. Et un seul vainqueur le 26 février. Au moins 16 de ces 27 films pourront concourir dans d'autres catégories.

Quatre films de la compétition cannoise en tête des nominations des European Film Awards 2016

Posté par vincy, le 5 novembre 2016

Le 29e European Film Awards ont révélé leurs nominations au Festival du film européen de Séville en Espagne. Notons que l'écrivain et scénariste français Jean-Claude Carrière recevra un prix en l'honneur de toute sa carrière et que l'acteur et producteur Pierce Brosnan sera distingué par un prix honorifique européen pour sa contribution au cinéma mondial.

La cérémonie aura le 10 décembre à Wroclaw en Pologne, capitale européenne de la Culture, dans un pays qui, néanmoins, n'est pas un modèle concernant la liberté d'expression des médias et le soutien à son cinéma.

Le film allemand Toni Erdmann, en compétition à Cannes, domine la liste des nominations avec 5 citations, suivi de la Palme d'or britannique, Moi, Daniel Blake, de Ken Loach (4 nominations), l'espagnol Julieta, de Pedro Almodovar et le français Elle de Paul Verhoeven, tous deux également en compétition à Cannes (3 nominations).

Le Festival de Cannes fait d'ailleurs une razzia sur cette liste avec des films venus d'Un Certain regard et de la Quinzaine des réalisateurs dans différentes catégories.

Meilleur film: Elle, Moi Daniel Blake, Julieta, Room, Toni Erdmann
Meilleure comédie européenne: Mr. Ove, Look who's Back, La vache
Meilleur nouveau talent (Prix Fipresci): Dogs, Liebmann, Sand Storm, Olli Mäki, Thirst (Jajda)
Meilleur documentaire: 21 x New York, A Family Affair, Fuocoammare, Mr Gaga, S is For Stanley, Land of the Enlightened
Meilleur film d'animation: Ma vie de Courgette, Psiconautas los ninos olvidados, La tortue rouge

Meilleur réalisateur: Paul Verhoeven, Cristian Mungiu (Baccalauréat), Ken Loach, Pedro Almodovar, Maren Ade
Meilleure actrice: Isabelle Huppert, Emma Suarez & Adriana Ugarte, Valeria Bruni Tedeschi (Folles de joie), Trine Dyrholm (La Commune), Sandra Huller
Meilleur acteur: Rolf Lassgard, Hugh Grant (Florence Foster Jenkins), Dave Johns, Burghart Klaussner (Fritz Bauer, un héros allemand), Peter Simonischek, Javier Camara (Truman)
Meilleur scénario: Baccalauréat, Moi Daniel Blake, Room, Toni Erdmann, United States of Love

Edito: Happiest Days of Life?

Posté par redaction, le 20 octobre 2016

En ces temps un peu crispés et angoissants, le cinéma peut-être un bon décompresseur. On peut évidemment nier la réalité comme Brice (de Nice) qui préfère regarder son nombril que de s'intéresser au monde qui l'entoure. Ça a l'avantage de ne pas coûter très cher à la Sécurité sociale. On peut aussi adopter un chien, genre un teckel. Un animal fidèle, attachant. Et le film qui en découle a du mordant. Car un chien, s'il a besoin d'affection, ne compense quand même pas les souffrances personnelles et la solitude de ses propriétaires. Parlant de solitaire, Jack Reacher croit être un homme heureux en errant sans téléphone et sans carte de crédit au fil des motels. Ce mode de vie alternatif un peu radical n'est pas forcément conseillé à tout le monde.

Car on le voit bien, être heureux est un combat de tous les jours. Marion Cotillard dans Mal de Pierres n'y arrive pas, dévorée par sa lubricité et son envie de passion. Les Berken, horribles ogres, croient qu'avaler des Trolls (sans OGM mais avec un penchant pour les câlins) les comblera de bonheur. Olli Mäki espérait atteindre le nirvana avec la célébrité, la gloire, mais la surmédiatisation compromet son (seul) désir amoureux. Quant à Willy (1er), il a toutes les peines du monde à s'émanciper, malgré ses 50 ans passés.

Oui, vraiment, c'est pas facile de vivre. La meilleure preuve cette semaine est bio garantie sans gluten et gratinée à point: Ma Vie de Courgette. Malgré tous les malheurs qui s'abattent sur ce pauvre orphelin, il trouve quand même le moyen de voir la vie du bon côté. Soleil au beau fixe. On n'est jamais vraiment seul, finalement.

Quoique. Les films art et essai et les salles qui sont estampillées A&E se sentent justement un peu seules. A lire la tribune signée par douze exploitants (dans Le Film Français), il y a péril. Ils sont crispés et angoissés. En regardant les statistiques, ils constatent "la désaffectation des spectateurs pour une certaine typologie de films. À l’exception de quelques-uns qui font l'unanimité, souvent repérés au cours des festivals les plus prestigieux et qui, pour cette raison, ont des plans de sortie ridiculement vastes. Les spectateurs art et essai se concentrent de plus en plus sur les mêmes titres, tendance qui se confirme aussi autour des films dits ‘généralistes’. Ce n'est pas seulement le ‘public jeune’ qui déserte les salles classées, c’est le public qui déserte les films recommandés.”

L'effet s'accentue avec la VàD: un seul film "d'auteur" se classe dans le Top 20 cette semaine. Le cinéma devient de plus en plus un divertissement de masse. Hormis quelques films chaque année, le cinéma dit "d'auteur" perd en effet ses spectateurs, et avec lui la culture cinéphile. Il est peut-être temps de limiter le nombre d'écrans par sorties, de soutenir des salles qui jouent sur la durée d'exploitation d'un film, d'aider bien mieux ceux qui font le pari d'une programmation exigeante, de remettre du carburant financier dans les festivals de cinéma (relais indispensable sur tout le territoire). Il ne faut pas désespérer: avec de vieux films ou des grands auteurs, Arte parvient à séduire un à deux millions de téléspectateurs. Il y a encore de la curiosité. Mais il faut la stimuler (politique tarifaire, animation événementielle, ...). Nous ne sommes pas obligés de finir orphelins de la cinéphilie. Par essence, le 7e art est fait pour être adopté.

Oscars 2017: 85 films dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 4 octobre 2016

Pour la 89e édition des Oscars, 85 pays (quatre de plus que l'an dernier) ont proposé un candidat à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (la date limite d'inscription était hier). L'Académie des Oscars peut encore en refuser quelques uns pour cause d'inégibilité. Le 17 novembre une liste de neuf ou dix films sera proposée aux membres votants pour qu'ils choisissent les cinq nominations finales.

On notera une forte présence du Festival cannois avec sept films de la compétition, trois d'Un certain regard et deux de la Quinzaine des réalisateurs. Il y a cependant eut quelques bugs. Du côté de la Tunisie qui a du démentir le choix initial et affirmer son film définitif (A peine j'ouvre les yeux). Du côté du Brésil surtout puisque Aquarius, film favori et évident pour représenter le pays, a été retiré pour des raisons politiques. le nouveau gouvernement brésilien en a même fait une affaire personnelle. Parce que l'équipe du film avait manifesté officiellement, à Cannes, son hostilité à la destitution de la présidente brésilienne (qu'ils apparentaient à un Coup d'Etat invisible), Aquarius a été puni, entraînant la colère de la profession. Certains réalisateurs ont retiré leurs films de la liste des oscarisables par solidarité envers le réalisateur d'Aquarius, Kleber Mendonça Filho, et par désapprobation envers le gouvernement. Aquarius avait aussi subit une censure déguisé en étant interdit aux moins de 18 ans.

Notons aussi que la Chine ne présente aucun film cette année. Mais que le Yemen est sélectionné pour la première fois dans cette liste de candidats. Et pour l'anecdote on parle espagnol dans 12 des films choisis et français dans 8.

Afghanistan : Parting de Navid Mahmoudi
Afrique du Sud : Call me Thief de Daryne Joshua
Albanie : Chromium de Bujar Alimani
Algérie : Le puits de Lofti Bouchouchi
Allemagne : Toni Erdmann de Maren Ade
Arabie Saoudite : Barakah Meets Barakah de Mahmoud Sabbagh
Argentine : El ciudadano ilustre de Gastón Duprat et Mariano Cohn
Arménie : Earthquake de Sarik Andreasyan
Australie : Tanna de Martin Butler et Bentley Dean
Autriche : Stefan Zweig, adieu à l’Europe de Maria Schrader

Bangladesh : The Unnamed de Tauquir Ahmed
Belgique : Les Ardennes de Robin Pront
Bolivie : Carga sellada de Julia Vargas Weise
Bosnie Herzégovine : Death in Sarajevo (Mort à Sarajevo) de Danis Tanovic
Brésil : Little Secret de David Schurmann
Bulgarie : Losers d’Ivaylo Hristov

Canada : Juste la fin du monde de Xavier Dolan
Chili : Neruda de Pablo Larraín
Colombie : Alias Maria de José Luis Rugeles Gracia
Corée du Sud : The Age of Shadows de Kim Jee-woon
Croatie : On the Other Side de Zrinko Ogresta
Cuba : El acompañante de Pavel Giroud

Danemark : Land of Mine de Martin Zvandvliet
Egypte : Clash de Mohamed Diab
Espagne : Julieta de Pedro Almodóvar
Estonie : Mother de Kadri Kõusaare

Finlande : Olli Mäki de Juho Kuosmanen
France : Elle de Paul Verhoeven
Georgie : House of Others de Rusudan Glurjidze
Grèce : Chevalier d’Athina Rachel Tsangari
Hongkong : Port of Call de Philip Yung
Hongrie : Kills on Wheels d’Attila Till

Islande : Sparrows de Runar Runarsson
Inde : Interrogation de Vetrimaaran
Indonésie : Letters from Prague d’Angga Dwimas Sasongko
Irak : El clasico de Halkawt Mustafa
Iran : Le client d’Asghar Farhadi
Israël : Tempête de sable d’Elite Zexer
Italie : Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi

Japon : Haha to Kuraseba de Yoji Yamada
Jordanie : 3 000 Nights de Mai Masri
Kazakhstan : Amanat de Satybaldy Narymbetov
Kosovo : Home Sweet Home de Faton Bajraktari
Kirghizistan : A Father’s Will de Bakyt Mukul et Dastan Japar Uulu

Lettonie : Dawn de Laila Pakalnina
Liban : Very Big Shot de Mir-Jean Bou Chaaya
Lituanie : Seneca’s Day de Kristijonas Vildziunas
Luxembourg : Voices from Chernobyl (La supplication) de Pol Cruchten

Macédoine : The Liberation of Skopje de Rade et Danilo Serbedzija
Maroc : A Mile in my Shoes de Said Khallaf
Mexique : Desierto de Jonás Cuarón
Monténégro : The Black Pin d’Ivan Marinovic
Népal : The Black Hen de Min Bahadur Bham
Norvège : The King’s Choice d’Erik Poppe
Nouvelle-Zélande : A Flickering Truth de Pietra Brettkelly

Pakistan : Mah e Mir d’Anjum Shahzad
Palestine : The Idol de Hany Abu-Assad
Panama : Salsipuedes de Ricardo Aguilar Navarro et Manuel Rodriguez
Pays-Bas : Tonio de Paula Van des Oest
Pérou : Videophilia (and Other Viral Syndromes) de Juan Daniel Fernandez
Philippines : Ma’Rosa de Brillante Mendoza
Pologne : Afterimage d’Andrzej Wajda
Portugal : Letters from War d’Ivo M. Ferreira

République dominicaine : Flor de azucar de Fernando Baez Mella
République slovaque : Eva Nova de Marko Skop
République tchèque : Lost in Munich de Petr Zelenka
Roumanie : Sieranevada de Cristi Puiu
Royaume-Uni : Under the Shadow de Babak Anvari
Russie : Paradise d’Andrei Konchalovsky

Serbie : Train Driver’s Diary de Milos Radovic
Singapour : Apprentice de Boo Jun Feng
Slovénie : Houston, We Have a Problem! de Ziga Virc
Suède : A Man Called Ove de Hannes Holm
Suisse : Ma vie de Courgette de Claude Barras

Taïwan : Hang in Ther, Kids! de Laha Mebow
Thaïlande : Karme de Kanittha Kwanyu
Tunisie : À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid
Turquie : Cold of Kalandar de Mustafa Kara

Ukraine : Ukrainian Sheriffs de Roman Bondarchuk
Uruguay : Breadcrumbs de Manane Rodriguez
Venezuela : From Afar de Lorenzo Vigas
Vietnam : Yellow Flowers on the Green Grass de Victor Vu

Yemen: I am Nojoom, Age 10 and Divorced de Khadija al-Salami