Halloween en restant à la maison avec Little Monsters et Girls with balls

Posté par kristofy, le 31 octobre 2019

C'est la fête d'Halloween! Si vous allez au cinéma avec votre déguisement le plus mortel vous aurez le choix entre Retour à Zombieland (suite en forme de remake de Bienvenue à Zombieland) ou Doctor Sleep (remake en forme de suite de Shinning). Si vous préférez plutôt manger plus de bonbons et de pizza avec différents breuvages "citrouillés" en compagnie d'amis, autour du canapé pour une soirée cinéma, c'est l'une des rares occasions où nous pouvons recommander des films en streaming plutôt que de sortir au ciné.

Voici une suggestion de programme Grindhouse avec 2 films à découvrir chez soi, du cinéma d'horreur qui fait peur mais pas trop et qui fait plutôt rire, parfait donc Halloween...

LITTLE MONSTERS, en e-cinéma :
Le pitch halloweenesque : Dave est un apprenti musicien raté, un presque trentenaire immature et irresponsable, un mec qui se fait larguer par sa copine et qui va devoir squatter sur le canapé de sa soeur déjà maman d'un petit garçon (bref un looser comme on aime). Dave va devoir rendre service et s'occuper de son neveu : ne pas lui montrer des jeux-vidéo violents, faire attention à ses allergies alimentaires, l'emmener à l'école maternelle, bref que des trucs d'adulte vraiment compliqués pour lui. Il découvre que l'institutrice Miss Caroline est très charmante alors comme un idiot il se porte volontaire comme accompagnateur pour une sortie scolaire éducative dans une ferme à découvrir des animaux. Se retrouver à gérer une vingtaine d'enfants en plus de son neveu ressemble à un cauchemar mais si il faut en passer par là pour séduire l'institutrice... Aux environ de cette ferme il y a une base militaire où se déroule un grave incident, grave au point qu'une épidémie de centaine de zombies avides de chair humaine seront autour d'eux . Face à cette invasion de zombies qui mangent des gens il va falloir éviter que les enfants aient trop peur et essayer de les sauver...

Little Monsters de l'australien Abe Forsythe avait fait le buzz en janvier lors du festival de Sundance. Il a ensuite été compétition au célèbre BIFFF (le festival fantastique de Bruxelles), où il a gagné la plus haute récompense le Corbeau d'or. Aux Etats-Unis la sortie du film a comviné une sélection de salles de cinéma et une sortie en vàd sur la plateforme Hulu. En France Little Monsters était à découvrir en avant-première dans certaines salles de cinéma (du réseau CGR) le 18 octobre, mais il sort officiellement ce 31 octobre en e-cinéma, à temps pour Halloween !

Pour les nostalgiques de comédie horrifique bourrée de gags et plein de zombies façon Shaun of the dead, voila enfin un film qui reprend le flambeau de l'humour geek : Little Monsters contient de multiples références à la pop culture, comme Dark Vador et Taylor Swift. Surtout ce film offre un rôle surprenant à la star Lupita Nyong'o (Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Twelve Years a Slave, puis à l'affiche de Black Panther de Ryan Coogler et de Us de Jordan Peele), qui se révèle ici irrésistible de charme et de drôlerie en tant qu'institutrice qui doit toujours garder son sang froid pour amuser les enfants alors qu'ils sont entourés de zombies affamés. Little Monsters est une 'big hearted zombie comedy' et simplement le nouveau film idéal pour débuter une soirée cinéma Halloween...

GIRLS WITH BALLS, sur Netflix :
Le pitch halloweenesque : Une équipe féminine de volley qui est meilleure à se disputer dans le bus qu'à marquer des points sur le terrain et leur entraineur se perdent dans une forêt. La seule auberge du coin est d'autant plus louche qu'elle rassemble une bande de chasseurs amateurs de viande douteuse : la bande de nanas en petits shorts va devenir leurs proies. Elles vont devoir essayer enfin de faire preuve de cohésion ensemble et d'esprit d'équipe pour éviter de ne pas toutes mourir...

Girls with balls est un premier film français de Olivier Afonso, connu pour être le spécialiste des maquillages sanglants et effets spéciaux de quantité d'autres films comme Grave de Julia Ducournau, ou Le Daim de Quentin Dupieux, Zombi Child de Bertrand Bonello, Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, Rock'n roll de Guillaume Canet, et surtout de la plupart des films de genres français (Frontère(s), Mutants, Vertige, La Horde, Livide, Goal of the dead, La nuit a dévoré le monde...). Il a donc une expertise dans les blessures mortelles et autres carnages physiques. Girls with balls devait sortir en salles après quelques festivals (fantastique à Paris, comédie à l'Alpe d'Huez) mais un problème de distributeur en difficulté fait que le film s'est retrouvé sur Netflix : c'est donc sur cette plateforme qu'il faut le découvrir.

Olivier Afonso réalise ici son premier film, une comédie horrifique telle qu'on n'en a plus vu depuis Severance (de Christopher Smith), avec une équipe de volleyeuses traquées par des chasseurs, guidés par l'inquiétant Denis Lavant. Le film est d'autant plus "séduisant" qu'il réunit une bande d'actrices qu'on voit trop peu et qui trouvent ici chacune plusieurs séquences pour briller : Manon Azem, Louise Blachère, Tiphaine Daviot, Margot Dufrene, Anne-Solenne Hatte, Camille Razat, Dany Verissimo. L'autre bonne surprise est justement que Girls with balls est à sa manière féministe : des héroïnes qui se défendent contre des pervers. C'est un peu violent mais aussi très drôle, parfait pour terminer Halloween...

Les nuits de Sister Welsch, bienvenue dans l’âge adulte

Posté par Sarah, le 25 octobre 2010

Les nuits de Sister Welsch« - Tu n'es pas si bête dans le fond.
- Non, malheureusement »

L'histoire : Emma a 16 ans et sa mère est odieuse. Alors elle la transforme en héroïne romantique et amoureuse dans un 19ème siècle victorien.

Emma est amoureuse d’un garçon de son âge. Alors elle le rêve en prince charmant qui l’emmène sur son scooter jusqu’à Tanger. Emma rongée par les fantasmes doit grandir et vite. Pour vivre enfin. (in DP)

Notre avis : Jean-Claude Janer aborde ici un sujet cinématographique galvaudé, la vie, pas toujours facile, d'une adolescente de 16 ans. Emma est une jeune femme plutôt décalée car elle a la tête constamment dans les nuages, ou plutôt dans le monde qu'elle s'est créé. Elle se sent particulièrement seule, entre une mère glaciale (Anne Brochet) et un beau-père qui n'a aucun sens des réalités. Et puis il y a l'école, les amis, les amours. Son père est absent, mais elle a souvent des conversations imaginaires avec lui, dans lesquelles elle le supplie de venir la tirer de son quotidien étouffant. Ambiance connu de nombreux enfants de divorcés. L'originalité du film de Jean-Claude Janer se situe à un autre niveau. Le monde imaginé par Emma, dans lequel sa mère est une héroïne romantico-tragique digne d'un roman des soeurs Brontë, la fameuse Sister Welsch, est dépeint dans un décor de carton-pâte très kitsch. Ces épisodes de rêverie sont très attendrissants, poétiques mais dépeignent aussi un monde adulte cruel.

Car si l’intrigue semble se focaliser sur l'imagination débridée d'une adolescente ayant des problèmes plutôt communs (elle se trouve moche, grosse et personne ne la comprend), le film montre aussi l'histoire (beaucoup plus tragique) d'une survie. Emma a en effet besoin de s'échapper de son quotidien glacé. Son personnage détone par bien des aspects. Elle vit ailleurs, apparaît comme une ado complètement paumée, elle chante du M en plein cours de maths, mais en fait elle a besoin de cela. Pour garder l'esprit sain, elle doit s'échapper du réel. Ainsi, elle raconte tous les jours à une asiatique qui prend l'ascenseur dans son immeuble les aventures de Sister Welsch qui n'est autre que l'incarnation de sa mère en bonne soeur torturée par l'amour qu'elle porte à un marin en fuite, le Capitaine Grant.

Son évasion est métaphorique, langagière, comique mais aussi très sarcastique. Le monde des adultes dans ses rêves n'est guère plus reluisant que la réalité. Entre la course à la perfection, ils vivent sous l'emprise de la peur d'être abandonné et la folie. Le film pourrait très bien s'arrêter à ce propos, mais il montre aussi comment Emma va devoir concilier entre ses rêves et la réalité. Elle va tomber amoureuse et même si l'imagination peut servir, elle va devoir retomber sur terre et y vivre pleinement son premier amour.

On sent rapidement à quel point être adolescent(e) peut être angoissant, mais la vie de adultes n'est guère mieux. Emma, jouée par Louise Blachère, nous émeut fortement, et campe ici une adolescente paumée et délicieusement attachante. Au final, elle ne cherche qu'une chose : rencontrer l'amour et être avec quelqu'un qui la comprenne. Même si le film nous offre un happy ending, ce n'est que le début de la fin. En effet, Emma n'est qu'au commencement de son apprentissage d'adulte. Elle va devoir grandir, arrêter de chercher le consentement paternel, et faire des concessions. Welcome !