Pourquoi il ne faut surtout pas rater « Senses » de Ryusuke Hamaguchi

Posté par MpM, le 2 mai 2018

C'est l'événement cinéma de cette semaine, et des deux suivantes : la sortie sur grand écran du film fleuve Senses de Ryusuke Hamaguchi sous la forme de cinq épisodes réunis en trois longs métrages. Soit une formidable saga intime mettant en scène quatre femmes reliées par une forte amitié que les aléas de la vie amènent à se remettre soudainement en question.

A Kobe, de nos jours, Akari, Sakurako, Fumi et Jun sont quatre femmes qui approchent de la quarantaine et mènent des vies assez rangées : Sakurako est une parfaite mère au foyer, Akari est une infirmière modèle, Fumi travaille pour un centre d'art et Jun dans un bar. Mais la jeune femme est surtout engagée dans une longue procédure de divorce, malgré le refus catégorique de son mari. Ce combat, qui était un secret jusqu'à la fin du premier épisode, fait l'effet d'une bombe dans le groupe d'amies, et place brutalement chacune face aux contradictions ou aux ratés de sa propre existence.

On est bien dans une intrigue intime, pour ne pas dire intimiste, qui ne bascule jamais ni dans le spectaculaire, ni dans le suspense un peu facile. Ryusuke Hamaguchi met en place un dispositif extrêmement simple (la plupart des scènes consistent en de longs dialogues introspectifs durant lesquels les personnages livrent leurs expériences ou leur ressenti) qui révèle peu à peu l'intériorité des protagonistes, et les pousse à réévaluer leur existence ou leurs comportements. La parole joue en effet tout au long du film un rôle central, déterminant, qui donne à sentir à travers les confidences, les reproches, les confessions et même les conversations les plus anodines la violence bouillonnant derrière les comportements uniformément policés.

Cela permet une auscultation en profondeur de la société japonaise corsetée, comme handicapée des émotions. Les cinq volets du film (qui correspondent logiquement aux cinq sens) permettent ainsi une plongée effrénée dans le tumulte des sentiments et l’envers de l'image que l'on a (et que le cinéma contribue souvent à nous donner) du pays et de ses mœurs tout en retenue.

Cela tient pour beaucoup à la force de l'écriture de Hamaguchi, qui transforme les mots en armes presque mortelles, si acérées qu'elles remplacent avantageusement toute brutalité physique pour témoigner de la violence des émotions intérieures. Ce que se disent les personnages est ainsi plus insupportable à entendre que s'ils criaient, ou en venaient aux mains, car ces propos, toujours prononcés avec calme et politesse, ne touchent pas tant à ce que font les protagonistes qu'à ce qu'ils sont intrinsèquement : égoïste, superficiel, lâche...

Les quatre comédiennes principales sont évidemment à saluer tant elles sont justes et sensibles tout au long des cinq épisodes. C'est d'autant plus impressionnant que toutes les quatre sont non professionnelles, de même que les autres comédiens qui les accompagnent. Senses est en effet né d'un atelier d’improvisation autour du thème "comment pouvons-nous mieux nous écouter les uns les autres ?". Dès le départ, il a été conçu dans l'optique de faire un film. Un scénario a ainsi été écrit en fonction de chacun des participants, et a évolué avec eux au moment du tournage.

Dans sa première version, le film durait plus de 5h. Après son accueil triomphal à Locarno en 2015 (prix d'interprétation féminine collectif et mention spéciale pour le scénario), puis au Festival des trois continents (Montgolfière d'argent et prix du public) et au festival Kinotayo (Soleil d'or), Eric Le Bot, distributeur pour Art House, a décidé de le proposer sous la forme de la "série de cinéma" que l'on découvrira tout au long du mois de mai. Une décision courageuse, car bien sûr le format est atypique, et le film lui-même singulier.

Le terme "série", par exemple, ne doit pas faire imaginer un récit à suspense, rebondissements effrénés, cliffhangers et autres climax incessants. Ce n'est pas La Casa de Papel. Si l'on aime tant Senses, c'est justement qu'il brise les codes les plus faciles de la narration romanesque pour n'en garder que l'essence. C'est donc à son rythme que Ryusuke Hamaguchi observe les glissements, les changements, les plus petits détails du comportement de ses personnages. Ce faisant, il propose une captivante étude de la nature humaine, doublée d'une réflexion complexe sur l'existence et le temps.

La durée est en effet une donnée fondamentale de son cinéma qui privilégie les plans larges et les scènes longues, permettant aux personnages d'aller jusqu'au bout de ce qu'ils ont à dire. Il n'hésite pas, notamment, à consacrer presque la totalité d'un épisode (le quatrième, intitulé "Sentir"] à une lecture en temps réel qui est à la fois comme une mise en abyme du tourbillon des sentiments traversé par les personnages, et une caisse de résonance à leurs doutes et interrogations.

Jusque-là relativement confidentiel en France, Ryusuke Hamaguchi impose en un film son style exigeant et son regard singulier, démontrant qu'il est un cinéaste à suivre absolument. Ça tombe bien, il sera à Cannes dans quelques jours, pour ses premiers pas en compétition officielle avec Asako.  C'est sûr, la planète cinéphile est sur le point de s’arracher son travail !

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  • Senses 1&2 de Ryusuke Hamaguchi au cinéma le 2 mai
  • Senses 2&3 de Ryusuke Hamaguchi au cinéma le 9 mai
  • Senses 5 de Ryusuke Hamaguchi au cinéma le 16 mai

La France pré-sélectionne 5 films pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 16 septembre 2015

oscarsA deux semaines de la date limite, la France a fait une première pré-sélection pour choisir le film qui représentera son cinéma aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

La Commission a choisi La Belle Saison de Catherine Corsini, sélectionné à Locarno, Dheepan de Jacques Audiard, Palme d'or à Cannes, La Loi du Marché de Stéphane Brizé, prix d'interprétation masculine à Cannes, Marguerite de Xavier Giannoli, en compétition à Venise, et Mustang de Deniz Gamze Ergüven, Label Europe Cinéma à la dernière Quinzaine des réalisateurs.

La Commission se réunira de nouveau le 22 septembre pour auditionner le producteur et le vendeur international de chaque film.

Cette année, la Commission est composée de Nathalie Baye, Thierry Frémaux, Michel Hazanavicius, Mélanie Laurent, Jean-Paul Salomé, Alain Terzian, et Serge Toubiana,.

Si, avec The Artist, la France a remporté l'Oscar du meilleur film en 2012, elle n'a pas gagné la statuette du meilleur film en langue étrangère depuis 1993, avec Indochine (sauf à considérer Amour de Michael Haneke comme film français). Depuis cette victoire, 8 films français ont réussi à être nommés, la dernière fois remontant à 2010, avec Un prophète de Jacques Audiard. Depuis la création de la cérémonie des Oscars, la France détient le record de nominations '39) mais n'est que 2e au tableau d'honneur avec 12 Oscars remportés (contre 14 pour l'Italie).

Locarno 2015 couronne le cinéaste sud-coréen Hong Sang-Soo

Posté par MpM, le 16 août 2015

leopard d'or pour Hong Sang Soo

Preuve que quelques titres se détachaient nettement de la compétition 2015, le jury du  68e festival de Locarno, composé d’Udo Kier, Nadav Lapid, Daniela Michel, Jerry Schatzbeg et Moon So-ri, a réparti les prix principaux entre seulement quatre films parmi la petite vingtaine sélectionnée.

C'est ainsi Hong Sang-soo qui reçoit le léopard d'or, récompense suprême de la manifestation suisse, pour son nouveau film Right Now, Wrong Then. Le film a également été couronné d'un prix d'interprétation pour l'acteur Jung Jae-young. Pour le réalisateur coréen, c'est une suite presque logique puisqu'il recevait il y a deux ans ici même le prix de meilleur réalisateur pour Sunhi.

Son nouvel opus, qui raconte l'une après l'autre deux histoires identiques (un cinéaste arrive dans une ville avant une projection-débat et rencontre une jeune fille peintre) en les rendant totalement différentes, s'inscrit globalement dans la lignée de toute la filmographie de Hong Sang-soo. Il n'a malheureusement pas encore de date de sortie en France.

Par ailleurs, Tikkun de l'Israélien Avishai Sivan reçoit le Prix spécial du jury et une mention spéciale pour la photographie, Andrzej Zulawski est distingué comme le meilleur réalisateur de l'édition pour Cosmos et Happy hour, fresque de plus de 5h de la Japonaise Hamaguchi Ryusuke, reçoit à la fois un prix collectif d'interprétation pour ses quatre actrices et une mention spéciale pour son scénario.

Dans les autres sections, on notera notamment le prix du public pour le film allemand Der Staat gegen Fritz Bauer de Lars Kraume et deux belles récompenses pour des films français : le prix de la presse internationale pour Suite armoricaine de Pascale Breton et le Variety Piazza Grande pour La belle saison de Catherine Corsini, qui succède à Jean-Pierre Améris et son Marie Heurtin.

Compétition officielle

Léopard d'or
Right Now, Wrong Then de Hong  Sangsoo (Corée du Sud)

Prix spécial du jury
Tikkun de Avishai Sivan (Israël)

Prix pour la meilleure réalisation
Andrzej Zulawski pour Cosmos (France/Portugal)

Prix collectif de la meilleure actrice
Tanaka Sachie, Kikuchi Hazuki,  Mihara Maiko et Kawamura Rira pour Happy hour de Hamaguchi Ryusuke (Japon)

Prix du meilleur acteur
Jung Jae-young pour Right Now, Wrong Then de Hong Sangsoo (Corée du Sud)

Mentions spéciales
- pour le scénario de Happy hour de Hamaguchi Ryusuke (Japon)
- pour la photographie de Shai Goldman dans Tikkun de Avishai Sivan (Israël)

Section Cinéastes du présent

Léopard d'or
Thithi de Raam Reddy (Inde/États-Unis/Canada)

Prix spécial du jury Ciné+
Dead slow ahead de Mauro Herce (Espagne/France)

Prix pour le meilleur réalisateur émergent
Kaili Blues de Bi Gan (Chine)

Premiers films

Prix pour le meilleur premier film
Thithi de Raam Reddy (Inde/États-Unis/Canada)

Art Peace Hotel Award
Sina Ataeian Dena pour Paradise (Iran/Allemagne)

Mentions spéciales
- Kaili Blues de BI Gan (Chine)
- Kiev/Moscow, Part 1 de Elena Khoreva (Russie/Estonie/Ukraine)

Autres prix

Prix FIPRESCI
Suite armoricaine de Pascale Breton (France)

Prix du Public
Der Staat gegen Fritz Bauer de Lars Kraume (Allemagne)

Prix Variety Piazza Grande
La belle saison de Catherine Corsini (France)

Locarno 2015: Office Kitano, producteur de l’année

Posté par vincy, le 2 août 2015

Le Festival de Locarno commence mercredi et lance la saison d'automne du 7e art. On connait la sélection, les prix honorifiques, les hommages. Un autre prix sera décerné à une société et non pas à une personnalité, même si, pour l'occasion, les deux sont liés.

La société japonaise Office Kitano recevra le Prix Raimondo Rezzonico, qui rend hommage aux personnalités les plus significatives de la production indépendante internationale.

Fondé en 1988 en tant qu’agence d’acteurs, Office Kitano est né de la nécessité de gérer les émissions télévisée de Takeshi Kitano et d’une bande d’amis acteurs. Trois ans plus tard, Office Kitano devient une société de production avec A Scene at the Sea, le troisième long métrage de Takeshi Kitano, qui, dès lors, produira tous les films de l’acteur-réalisateur.

Mais pas seulement. Office Kitano produit (et distribue au Japon) d'autres films japonais et étrangers, en commençant avec em>Ikinai de Hiroshi Shimizu (1998). Shôzô Ichiyama, Jia Zhang-ke, Abolfazl Jalili, Atsushi Funahashi, Takashi Miike, Dankan, Makoto Shinozaki, sont tous des auteurs de la maison.

Office Kitano a également lancé en 2000 FILMEX, un festival de cinéma dédié aux productions indépendantes.

Une reconnaissance et un encouragement

Pour le directeur artistique du Festival de Locarno, Carlo Chatrian, "le choix de primer Office Kitano, une société riche de plus de vingt ans d’activité", c'est rendre "hommage aujourd’hui à un territoire et une compagnie pour lesquels il nourrit un intérêt tout particulier. Non seulement pour témoigner de l’amour que nous portons au réalisateur et acteur japonais mais aussi pour récompenser un studio qui soutient de jeunes réalisateurs nippons et noue des collaborations prestigieuses, comme celle avec Jia Zhang-ke. Un prix est à la fois une reconnaissance pour le travail accompli mais aussi un encouragement à continuer le chemin: ces deux facettes s’adaptent parfaitement à Office Kitano à qui nous souhaitons un futur radieux."

Masayuki Mori, président d’Office Kitano, et le producteur Shôzô Ichiyama seront à Locarno pour recevoir le prix et rencontrer le public lors d’un débat. Trois films seront projetés au Festival à l’occasion de cet hommage: Hana-bi (1997) et Dolls (2002) de Takeshi Kitano, ainsi que Plaisirs inconnus de Jia Zhang-ke.

Le Premio Raimondo Rezzonico a été créé en 2002 et a déjà récompensé Paulo Branco, Ruth Waldburger, le collectif Agat Films & Cie, Martine Marignac, Menahem Golan, Arnon Milchan, Margaret Ménégoz et, en 2014, Nansun Shi.

Locarno 2015: Andrzej Zulawski, Hong Sangsoo, Chantal Ackerman en compétition

Posté par vincy, le 15 juillet 2015

Locarno se lance dans la mêlée avec un programme très éclectique. Une rétrospective intégrale de Sam Peckinpah, une multitude de prix déjà annoncés (Michael Cimino, Marco Bellocchio, Edward Norton, Bulle Ogier), un focus sur le cinéma israélien, la section Open Doors du marché consacrée au cinéma de Maghreb, et finalement des films venus du monde entier répartis dans les différentes sélections. Sont donc attendus Chantal Akerman, Sabine Azéma, Lionel Baier, Clotilde Coureau, Philippe Falardeau, Cécile de France, Stéphane Goël, HONG Sangsoo, Patrick Huard, Anurag Kashyap, Marthe Keller, Udo Kier, Philippe Le Guay, Carmen Maura, Clémence Poésy, Melvil Poupaud, Jerry Schatzberg, Andrea Segre, Claire Simon, et Andrzej Zulawski.

Lors de la conférence de presse ce matin, trois autres prix ont été annoncés: le comédien et réalisateur américain Andy Garcia (Leopard Club Award), le cinéaste géorgien Marlen Khoutsiev (Léopard pour l'ensemble de sa carrière) et le comédien suisse Teco Celio (Prix Cinema Ticino). La 68° édition du Festival du film Locarno se tiendra du 5 au 15 août 2015.

Compétition

  • BELLA E PERDUTA de Pietro Marcello (Italie)
  • BRAT DEJAN (Brother Dejan) de Bakur Bakuradze (Russie)
  • CHEVALIER de Athina Rachel Tsangari (Grèce)
  • COSMOS d'Andrzej Zulawski (France)
  • ENTERTAINMENT de Rick Alverson (USA)
  • HAPPY HOUR de Ryusuke Hamaguchi (Japon)
  • HEIMATLAND dey Lisa Blatter, Gregor Frei, Jan Gassmann, Benny Jaberg, Carmen Jaquier, Michael Krummenacher, Jonas Meier, Tobias Nölle, Lionel Rupp et Mike Scheiwiller (Suisse)
  • JAMES WHITE de Josh Mond (USA)
  • JIGEUMEUN MATGO GEUTTAENEUN TEULLIDA (Right Now, Wrong Then) de HONG Sangsoo (Corée du sud)
  • MA DAR BEHESHT (Paradise) de Sina Ataeian Dena (Iran)
  • INO HOME MOVIE de Chantal Akerman (France)
  • O FUTEBOL de Sergio Oksman (Espagne)
  • SCHNEIDER VS. BAX d'Alex van Warmerdam (Pays Bas)
  • SUITE ARMORICAINE de Pascale Breton (France)
  • SULANGA GINI ARAN (Dark in the White Light) de Vimukthi Jayasundara (Sri Lanka)
  • TE PROMETO ANARQUÍA de Julio Hernández Cordón (Mexique)
  • THE SKY TREMBLES AND THE EARTH IS AFRAID AND THE TWO EYES ARE NOT BROTHERS de Ben Rivers (Royaume Uni)
  • TIKKUN d'Avishai Sivan (Israël)

Sur la Piazza Grande, RICKI AND THE FLASH de Jonathan Demme, avec Meryl Streep ; LA BELLE SAISON de Catherine Corsini ; DER STAAT GEGEN FRITZ BAUER de Lars Kraume ; SOUTHPAW d'Antoine Fuqua ; TRAINWRECK de Judd Apatow ; JACK de Elisabeth Scharang ; FLORIDE de Philippe Le Guay ; GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE de Philippe Falardeau ; BOMBAY VELVET d'Anurag Kashyap; AMNESIA de Barbet Schroeder ; LA VANITÉ de Lionel Baier ; QING TIAN JIE YI HAO (The Laundryman) de LEE Chung ; ME AND EARL AND THE DYING GIRL de Alfonso Gomez-Rejon ; et en clôture HELIOPOLIS de Sérgio Machado...
Award Ceremony

Dans la sélection Cinéastes du présent, notons le film de Vincent Macaigne (Dom Juan), Le Grand jeu de Nicolas Pariser avec Melvil Poupaud, André Dussollier et Clémence Poésy ou encore le film québécois Les êtres chers d'Anne Émond. Dans la sélection Cinémas de demain, on retrouve Claire Simon (Les bois dont les rêves sont faits) et l'algérien Malek Bensmaïl (Contre-pouvoirs).

Locarno 2015: Michael Cimino honoré 41 ans après son premier film

Posté par vincy, le 9 juillet 2015

Le réalisateur, scénariste et producteur américain Michael Cimino recevra un Léopard d'honneur au prochain Festival du film de Locarno. 41 ans après son premier film (Le Canardeur, avec Clint Eastwood et Jeff Bridges), le cinéaste rejoint Samuel Fuller, Jean-Luc Godard, Ken Loach, Sidney Pollack, William Friedkin au tableau d'honneur de la manifestation suisse. Marco Bellocchio recevra également ce prix cette année.

Michael Cimino a obtenu la consécration avec The Deer Hunter (Voyage au bout de l'enfer) en 1978 et récompensé par cinq Oscars l'année suivante (dont celui de meilleur réalisateur). Rare, il n'a fait que sept films, souvent écrasés par des problèmes de productions.

"Cimino a su raconter comme personne l'Amérique et ses multiples visages, avec un style unique qui mêle souffle épique et émotion, beauté des paysages et personnages inoubliables" rappelle le Festival. Son directeur artistique, Carlo Chatrian, partage son amour pour le cinéma de Cimino: "Durs et majestueux comme les roches des montagnes américaines qui servent souvent de décor aux parcours de ses personnages, ses films ont marqué mon histoire de spectateur et il me semble important de les montrer dans le cadre d'un festival qui veut être un pont entre cultures, époques et styles. En ce sens, la poésie de Cimino est atemporelle, classique et moderne en même temps."

Michael Cimino recevra le Pardo d'honneur Swisscom sur la Piazza Grande le dimanche 9 août. Le lendemain, le public pourra assister à un débat avec le réalisateur au Spazio Cinema. L'hommage sera accompagné par les projections de Thunderbolt and LightfootThe Deer Hunter, Heaven’s Gate (La Porte du paradis, 1980) et Year of the Dragon (L'Année du dragon, 1985). Il n'a tourné aucun long métrage depuis Sunchaser en 1996.

Locarno 2015: Edward Norton va recevoir un prix d’Excellence

Posté par vincy, le 11 juin 2015

edward norton

Edward Norton, acteur, réalisateur et producteur américain, recevra l'Excellence Award Moët & Chandon au 68e Festival du film de Locarno.

Carlo Chatrian, Directeur artistique du Festival, s'est dit « particulièrement heureux et fier d’accueillir Edward Norton à Locarno. Un acteur qui a montré son très grand talent en donnant vie à des personnages fascinants et complexes à l’image de l’époque dans laquelle nous vivons. Sa présence sera, j’en suis sûr, un temps fort de l’édition 2015; le public pourra ainsi faire connaissance avec l’une des grandes figures d’Hollywood en ce début de XXIe siècle. »

Edward Norton a reçu sa première nomination aux Oscars en 1996 avec Primal Fear (Peur primale), qui lui vaut une nomination aux Oscars. Il sera nominé deux autres fois pour American History X en 1998 et, en février dernier pour son rôle de comédien intègre et déjanté dans Birdman d’Alejandro Gonzalez Iñarritu.

Comédien exigeant, capable de jouer les faibles comme les salauds, les fourbes comme les naïfs, Norton s'est rarement fourvoyé dans les grosses productions. Outre le relatif échec de The Incredible Hulk (263M$ dans le monde en 2008), il a été à l'affiche de The Italian Job (2003), Red Dragon (2002), The Bourne Legacy (2012), The Score (2001) et Kingdom of Heaven (2005). Scout inoubliable chez Wes Anderson dans Moonrise Kingdom (le réalisateur l'a repris dans The Grand Budapest Hotel), punching partenaire de Brad Pitt dans le culte Fight Club de David Fincher, l'acteur a aussi tourné pour Milos Forman (Larry Flint), Woody Allen (Tout le monde dit I love you) et Spike Lee (La 25e Heure).

Chanteur, réalisateur (Au nom d'Anna), scénariste, « Messager de la paix » des Nations unies pour la biodiversité, il parle même japonais. Norton a de multiples visages. Comme il aime se transformer pour ses rôles. Son jeu est précis, flirte avec la performance façon Actor's studio.

Il recevra son prix sur la Piazza Grande et participera, selon la tradition de Locarno, à une conversation avec le public du Festival.L’hommage comprendra également la projection d’une sélection de ses films.

Il succède à Juliette Binoche et Giancarlo Giannini, récipiendaires en 2014.

Locarno 2015: Un prix honorifique pour Marco Bellocchio

Posté par vincy, le 12 mai 2015

Le cinéaste italien Marco Bellocchio recevra un Pardo d’onore Swisscom (Léopard d'honneur) pendant le 68e Festival du film de Locarno pour l'ensemble de sa carrière. L'hommage sera accompagné d'une Master Class et de la projection en public sur la Piazza Grande de I pugni in tasca (Les Poings dans les poches), son premier film, 50 ans après sa première projection à Locarno.

6 fois en compétition à Cannes, Bellocchio a reçu de nombreux prix tout au long de sa carrière: Prix spécial du jury à Berlin en 1991 pour Autour du désir, David di Donatello du meilleur réalisateur pour Le saut dans le vide en 1980 et pour Vincere en 2009, Prix de la critique internationale aux European Film Awards pour Buongiorno, notte en 2003, Prix spécial du jury à Venise pour La Cina è vicina en 1967, Prix du meilleur scénario pour Buongiorno, notte en 2003, et de nombreux prix honorifiques un peu partout dans le monde.

Locarno l'a reçu en Président de son jury en 1997 et comme le sujet d'une grande rétrospective consacrée à son oeuvre en 1998.

Le directeur artistique du Festival, Carlo Chatrian, rappelle que "I pugni in tasca est l’un de ces films qui ont fait de Locarno un lieu de découverte et de lancement d’œuvres, que l’on peut définir, sans aucun malentendu possible, comme “dérangeantes”. En reproposant ce film en version restaurée, nous rendons un hommage mérité aux premiers pas de ce grand cinéaste et prouvons que notre programmation reste fidèle à ses principes. Le choix de décerner le Pardo d’onore à Marco Bellocchio vient aussi de la conviction que son cinéma – particulièrement ces dernières années – a beaucoup à raconter à ceux qui vivent en Italie, mais aussi à tous ceux qui font du cinéma dans le reste du monde."

L'an dernier, le prix avait été décerné à Agnès Varda.

Marco Bellocchio finalise actuellement son nouveau film, L'ultimo Vampiro, avec Alba Rohrwacher, qui, logiquement, devrait être en compétition au prochain Festival de Venise.

Bulle Ogier honorée pour sa carrière au prochain Festival de Locarno

Posté par vincy, le 4 mai 2015

bulle ogierL'actrice française Bulle Ogier recevra le prix "Pardo alla carriera", un Léopard d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, lors du 68ème Festival du film de Locarno. "Avec cette reconnaissance, qui fait suite aux hommages à Anna Karina (2013) et à Jean-Pierre Léaud (2014), le Festival poursuit son travail de relecture de l’héritage de la Nouvelle Vague, en accueillant ses interprètes les plus emblématiques" indique le communiqué. Une sélection de ses films majeurs et un débat avec l'actrice accompagneront cet hommage.

Carlo Chatrian, Directeur artistique du Festival, explique: « Comme le disait d’elle Marguerite Duras, “Bulle, ce n’est pas la nouvelle vague, c’est le vague absolu”. En même temps qu’il célèbre l’extraordinaire carrière de Bulle Ogier, le Festival entend rendre hommage à un certain cinéma, riche d’une grande liberté d’expression, liberté qui fait défaut aujourd’hui. Je suis certain que la présence de Bulle Ogier à Locarno et la possibilité de revoir quelques-uns de ses très beaux films sera une découverte pour les nouvelles générations et une stimulation pour tous ceux qui aiment le septième art. »

Les plus grands noms du cinéma, au fil des générations

Ogier a débuté sur grand écran en 1968 dans Les Idoles de Marc'O. Elle est ensuite remarquée par Jacques Rivette avant de tourner avec Claude Lelouch, André Téchiné, Luis Buñuel, Philippe Garrel, Marguerite Duras, Edouard Molinaro, Rainer Werner Fassbinder, Raoul Ruiz, Claude Chabrol, Xavier Beauvois, Olivier Assayas, Tonie Marshall, Daniel Schmid, Werner Schroeter, Claude Duty, Manoel de Oliveira, Noémie Lvovsky, Otar Iosselliani, sans oublier son mari, Barbet Schroeder.

Actrice de théâtre (Chéreau, Bondy, Régy, Téchiné, Barrault), elle s'était fait connaître du grand public international grâce à La Salamandre d’Alain Tanner en 1971. Elle avait reçu un Molière de la comédienne dans un second-rôle en 2011, en plus de deux autres nominations dans cette catégorie. Elle a été nommée deux fois au César de la meilleure actrice dans un second rôle.

Le Festival de Locarno lui avait déjà décerné un prix spécial pour son interprétation dans Personne ne m'aime, de Marion Vernoux (1994).

Locarno donne Carte blanche au cinéma israélien

Posté par vincy, le 9 février 2015

Pour sa cinquième année, le Festival del film Locarno va offrir une "Carte blanche" à la cinématographie d'un pays. 2015 sera l'année d'Israël.

"Grâce à un partenariat avec l’Israel Film Fund, Carte Blanche sélectionnera, entre 5 et 7 films en phase de post-production" indique le communiqué du festival. "Afin de faciliter leur finalisation et distribution, les films seront projetés aux vendeurs, acheteurs, programmateurs et représentants des fonds de soutien à la post-production présents à Locarno pendant les Industry Days (8-10 août). Un jury composé de professionnels attribuera un prix d'une valeur de 10000 CHF au meilleur film" précise le texte.

Les éditions précédentes ont été consacrées à la Colombie, au Mexique, au Chili et au Brésil.

L’Israel Film Fund acceptera les inscriptions des films en phase de finalisation jusqu'au 1er mai 2015. La liste des films sélectionnés par le Festival sera dévoilée courant juillet 2015.

La 68 e édition du Festival del film Locarno se tiendra du 5 au 15 août 2015.