[We miss Cannes] Côté Courts #3 : Quatre instantanés de la jeunesse

Posté par MpM, le 21 mai 2020

Pour ce troisième volet consacré aux courts métrages cannois, un thème incontournable et même un peu tarte à la crème : la jeunesse. Qu'il se décline sous forme de coming of age, de teen movie, de portrait intime ou d'instantané d'une génération, il semble représenter un court métrage sur deux, et mettre d'accord les réalisateurs de tous les pays. Pas si étonnant quand on réalise qu'observer l'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte, et surtout les phases de transition entre chaque époque, s'avère souvent assez fascinant. Peut-être parce que cela permet aux sélectionneurs que nous sommes de garder un contact avec les jeunes générations. Ou tout simplement que cela nous rappelle une période de notre vie de plus en plus lointaine...

Pour les réalisateurs, c'est plus ou moins la même chose : les plus jeunes parlent de ce qu'ils connaissent, de sensations et de situations qu'ils viennent à peine de quitter. Les autres renouent avec leur passé, ou s'interrogent sur cet âge si particulier et si mouvant, qui ne cesse d'évoluer avec les époques.

Pour commencer notre voyage, on part aux Etats-Unis avec Too cool for School de Kevin Phillips, sélectionné à la Semaine de la Critique en 2015 (réservé à un public adulte). Un ado apathique, plus préoccupé par le fait de coucher avec sa petite amie que par ses études, décide de sécher le lycée. De retour chez lui, un étrange phénomène le confronte à sa vraie personnalité, et le masque du jeune cool et sûr de lui tombe brutalement. Le film, lui, bascule du teen movie propret vers le cauchemar éveillé qui met en lumière avec brio les angoisses et l'ambivalence du personnage.

On passe ensuite à un grand classique du court métrage cannois, C’est gratuit pour les filles du duo Marie Amachoukeli - Claire Burger, présenté en 2009 à la Semaine de la Critique. On y suit Laetitia qui s'apprête à passer son brevet professionnel de coiffure et rêve d'ouvrir un salon avec sa meilleure amie Yeliz. Mais une vidéo diffusée largement sur internet vient tout remettre en cause. Dans le style documentaire qui est le leur, les deux réalisatrices se penche sur un véritable fléau moderne, accentué par la prédominance des réseaux sociaux, la diffusion en ligne de vidéos intimes. Le film, malheureusement toujours extrêmement d'actualité, suit avec pudeur et justesse le parcours de Laetitia, dont il réaffirme le droit de faire ce qu'elle veut de son corps, n'en déplaise à la fois aux moralistes hypocrites et aux harceleurs décomplexés.

Troisième étape de cette sélection, Selva de Sofía Quirós Ubeda nous emmène au Costa Rica, sur la presqu'île de Tortuguero, aux côtés de la jeune Selva qui observe son monde en train de disparaître. La réalisatrice tisse un récit lumineux et doux sur la fatalité des départs et des séparations, où même la nostalgie a quelque chose de joyeux. Il faut accepter de lâcher prise devant cette histoire qui nous parvient depuis les origines du monde, transcendant l'espace et le temps pour nous parler de ce qui nous fait grandir et apprendre.

Enfin, notre programme se termine en beauté, comme en apothéose, avec le flamboyant court métrage d'Agnès Patron, L'Heure de l'ours, sélectionné en compétition officielle l'an passé. Les lecteurs assidus d'Ecran Noir connaissent déjà ce succès incontournable de 2019, qui raconte, dans des éclats de rouge et de vert sur fond noir, le combat immémorial des enfants pour gagner leur liberté et s'affranchir des adultes. Au-delà de sa force d'évocation et de sa beauté singulière, le film est comme le symbole du mouvement de flux et de reflux qui oscille entre l'attachement à l'enfance et le désir de lui échapper.

Pour découvrir notre mini-programme en ligne :

Too cool for school de Kevin Phillips
C'est gratuit pour les filles de Marie Amachoukeli et Claire Burger
Selva de Sofía Quirós Ubeda
L'heure de l'ours d'Agnès Patron

Et pour retrouver nos deux premiers programmes, c'est par ici et par là !

Et si on regardait… le Festival national d’animation BIS

Posté par MpM, le 8 avril 2020

Alors que Festival d'Annecy, carrefour mondial du cinéma d'animation, vient d'officialiser l'annulation de son édition 2020, qui sera remplacée par une édition en ligne du 15 au 20 juin prochain, le cinéma d'animation n'a pas tout à fait dit son dernier mot. Le Festival national de Rennes, qui avait dû lui aussi renoncer à organiser sa 26e édition, propose en effet dès ce mercredi 8 avril à 10 h une version BIS entièrement dématérialisée !

Grâce au soutien de la plateforme de vidéo à la demande UniversCiné et du média breton de culture en ligne KuB, plusieurs programmes de la sélection officielle 2020, représentant environ 90 films, seront en effet disponibles en ligne jusqu'au 12 avril. Outre les sept programmes de courts métrages en compétition, les internautes pourront découvrir six longs métrages dont J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti ou encore L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian et Sam-Sam de Tanguy de Kermel en exclusivité VOD.

Seront également accessibles gratuitement les clips - écrans rythmiques, les films bricolés et les films faits maison. Par ailleurs, des interviews exclusives de réalisateurs en compétition seront diffusées sur le site du Festival.

La grande fête annuelle de l'animation française aura ainsi bien lieu, en attendant celle de l'animation mondiale courant juin. L'occasion de vous recommander quelques courts métrages qui valent le déplacement (virtuel), tels que Ruunpe de Boris Labbé, Moutons, loup et tasse de thé de Marion Lacourt, Les songes de Lhomme de Florent Morin, L'heure de l'ours d'Agnès Patron, et des films étudiants, à l'image de L'échappée de Benoit Michelet, Le chant des poissons-anges de Louison Wary ou encore Chat de Rui Chang.

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Festival national d'animation de Rennes BIS
Du 8 au 12 avril
Plus d'informations sur le site de la manifestation

Blink Blank : le cinéma d’animation a enfin sa revue !

Posté par MpM, le 14 janvier 2020

La création d'une nouvelle publication sur le cinéma est toujours une bonne nouvelle, mais là, il faut avouer que l'on est particulièrement heureux de vous annoncer l'arrivée d'une revue bi-annuelle entièrement consacrée au cinéma d'animation !

Blink Blank, puisque c'est son nom, en hommage au film Blinkity Blank de Norman McLaren, Palme d'or du court métrage à Cannes en 1955, a pour ambition d'accompagner le grand élan actuel du cinéma d'animation et de "contribuer à sa reconnaissance en proposant une approche critique de l'animation en tant qu'art".

Né de la volonté conjointe de NEF Animation, de la Cinémathèque québécoise et des éditions Warm, ce bel objet s'adresse à ceux qui aiment déjà l'animation comme à ceux qui ont envie de mieux la connaître, et proposera dans chaque numéro un état des lieux critique de la production de courts comme de longs métrages, ainsi que différents dossiers thématiques.

Disponible en librairie et sur internet depuis le 10 janvier, le premier numéro s'interroge sur la maturité du cinéma d'animation ("enfin adulte ?") et revient sur les grands moments de 2019, de J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin à La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, en passant par L'Heure de l'ours d'Agnès Patron ou Le Voyage du prince de Jean-François Laguionie.

Au-delà des éclairages critiques et analytiques,  il faut noter la grande richesse des rencontres et des interviews, qu'il s'agisse de Félix Dufour-Laperrière pour Ville Neuve ou des Frères Quay pour leur court métrage The doll's breath, sans oublier Anca Damian pour L'extraordinaire voyage de Marona et Florence Miailhe pour son premier long métrage, La Traversée, attendu (à Cannes ?) cette année.

Un autre grand maître du cinéma d'animation, Takahata Isao, est également présent par l'intermédiaire d'un texte inédit en France, issu des propos du réalisateur au moment de la production du Tombeau des Lucioles. Il y confie notamment son désir de faire un film dans lequel "la plus grande attention possible apportée aux détails permettra, sans que l'on sache quand ni comment, de faire surgir la beauté ineffable et la fragilité tragique de l'existence. " On sait maintenant avec quel virtuosité il y est parvenu, ce qui rend son témoignage d'autant plus fort et touchant.

Enfin, il faut citer parmi les innombrables contenus passionnants de ce premier numéro de Blink Blank un dossier sur les Looney Tunes, un portrait du réalisateur David OReilly, une rencontre avec la dessinatrice suisse Félicie Haymoz, character designer pour Fantastic Mr Fox et L'île aux chiens de Wes Anderson, ou encore une plongée dans les carnets de recherche de la réalisatrice Alice Saey pour son projet Careful.

On a hâte de découvrir les prochains numéros de cette revue indispensable, qui devrait s’ouvrir à d’autres regards, d’autres réflexions, d'autres facettes du cinéma d'animation, pour en raconter avec ferveur et passion l’histoire passée et contemporaine, mais aussi ses nombreux avenirs.

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Blink Blank, janvier 2020, numéro 1
Abonnement ou achat au numéro sur le site de la revue

[2019 dans le rétro] Nos courts métrages français préférés

Posté par MpM, le 9 janvier 2020

On poursuit ce tour d'horizon 2019 avec un panorama forcément subjectif des courts métrages français qu'il ne fallait pas rater !

2 ou 3 choses de Marie Jacobson de Anne Azoulay


Marie Jacobson est médecin. Aujourd'hui, elle apprend que c'est à son tour de mourir. Bientôt, d'ici quelques semaines. Entourée par les morts qui lui sont chers, la jeune femme s'évade dans ses souvenirs, se projette dans le passé et l'avenir, vit tant qu'elle le peut, entre refus de sa propre fin et bonheur d'être encore vivante, ne serait-ce qu'un instant.

La comédienne Anne Azoulay signe un premier court métrage bourré d'humour et de tendresse, malgré un sujet plombant et délicat. Avec justesse, douceur et sincérité, elle capte ce qui fait le sel de l'existence, et défie joliment la grande faucheuse.

Le Chant d’Ahmed de Foued Mansour


Sur la trame classique d’une rencontre entre deux personnages qu’a priori tout oppose, Le chant d’Ahmed est un conte sensible et attachant qui s'attache avant tout au facteur humain. Ahmed est employé aux bains douches publics depuis des années et voit la retraite approcher. Pour l'épauler, on lui envoie Mike, un adolescent en délicatesse avec la justice et la société. Le vieil homme consciencieux et le jeune homme qui fait feu de tout bois se découvrent une complicité inattendue, pleine d'humour et de non-dits.

Le secret du film réside dans quelques scènes fortes, finement écrites (notamment celle où Mike rappe devant Ahmed, ou lorsqu'il tente désespérément de ramasser une savonnette à l'aide d'une pince), qui apportent sincérité et justesse au récit, mais aussi une forme d'émotion subtile. On se laisse emporter par ce conte tout en retenue qui n'assène aucun message, mais observe simplement avec bienveillance l'une de ces surprises que réserve parfois la vie.

Electric Swan de Konstantina Kotzamani


La réalisatrice grecque Konstantina Kotzamani (Limbo) a posé sa caméra à Buenos Aires, pour filmer le quotidien dans un immeuble qui vacille sur ses fondations. Tout en haut, ses habitants les plus aisés sont pris de vertige et de nausée. Dans le sous-sol, le gardien craint de se noyer.

Dans des plans ultra-composés et élégants, à la beauté fulgurante, Electric Swan interroge les rapports de classe à travers la géographie sociale de cet immeuble mouvant. Entre dérision, mélancolie et bribes de surnaturel, la critique sociale se mêle à une réflexion plus large sur l'humanité, la solitude et le déracinement.

L'Heure de l'Ours d'Agnès Patron

Dans une prairie aux hautes herbes folles vivent un enfant, sa mère et un homme aux allures de cow-boy. Le couple s'aime, sous le regard de plus en plus exaspéré du jeune garçon. Agnès Patron signe une fresque flamboyante et majestueuse qui raconte, dans des éclats de rouge et de vert sur fond noir, le combat immémorial des enfants pour gagner leur liberté et s'affranchir des adultes.

Dans ce film à la fois minimaliste et spectaculaire, même les herbes qui dansent au rythme du vent sont d'une expressivité folle. Servi par l'exceptionnelle musique symphonique de Pierre Oberkampf, il mêle le souffle épique au récit intime, et emporte le spectateur dans une danse effrénée et tribale qui semble nous ramener aux origines de l'Humanité.

A noter : le film est actuellement visible sur le site d'Arte.

Le jongleur de Skirmanta Jakaite


La Lituanie, coproducteur du film, nous a habitués à un cinéma absurde et déroutant qui ne ressemble à aucun autre. Le Jongleur n'y fait pas exception, avec son récit déconstruit, sa voix off mécanique et monocorde, qui vient parfois doubler ce qui est écrit à l'écran dans une typographie de machine à écrire, et ses saynètes en apparence décousues qui passent d'un personnage à l'autre sans raison évidente.

Tout est d'un gris vibrant, sans cesse troublé par des éclats de rouge ou de vert. On ne sait si on est dans l'au-delà, ou pour la première fois face au monde tel qu'il est réellement. Cette étrangeté brute et implicitement inquiétante nous laisse ainsi dans un état troublé et confus qui renvoie à de vastes interrogations existentielles sur la vie, l'univers et le reste.

Marée de Manon Coubia


Juste avant l'ouverture de la saison de ski, les hommes se réunissent pour préparer les pistes, façonner le paysage et dompter la montagne. Mais cette nuit, la nature sauvage n'est pas prête à laisser l'homme décider pour elle. Antoine, 25 ans, est seul dans sa dameuse. Il fait alors face à l'ambivalence de cette montagne qu'il aime, respecte et connaît. Hypnotisé par sa beauté fulgurante et sa force ancestrale, il se laisse happer par la blancheur fascinante de la neige.

Manon Coubia, qui renoue pour la troisième fois avec l'univers des sommets, propose une parabole minimaliste et fulgurante sur la fragilité de l'être humain face aux éléments naturels dont il sous-estime sans cesse la puissance, non pas concrète, mais spirituelle et presque mystique. Une plongée sidérante dans la beauté de ce qui nous échappe, fortement liée aux mystères de la nuit, de la vie et de la mort.

Mon juke-box de Florentine Grelier


Lauréat du prix André Martin du court métrage, remis chaque année à l’occasion du festival d'Annecy,  Mon juke-box propose un regard tendre et complice sur la relation qui unit la réalisatrice à son père, grand connaisseur de juke-box. Comme ces machines qu'il affectionne tant, lui-même a mille anecdotes à raconter, démarrant au quart de tour à l'évocation d'un lieu ou d'une époque de sa vie.

Réalisé dans une indéniable économie de moyens, le film a quelque chose d'artisanal qui non seulement lui permet de se rapprocher formellement de son propos, mais qui le rend aussi extrêmement touchant. Sûrement parce que l'on aime tant lorsque le cinéma essaye et expérimente, on se laisse emporter, et même submerger, par ce récit intime qui ne triche jamais.

A noter : en lice pour les César 2020, le film est visible en ligne pour une durée limitée.

Moutons, loup et tasse de thé de Marion Lacourt


Juste avant la nuit, les membres d'une famille se préparent au sommeil, chacun avec ses propres rituels. En cachette, un enfant invoque un loup. C'est le début d'un voyage jusqu'aux confins du cosmos.

L'onirisme et l'humour sont les maîtres-mots de cette splendide fable aux teintes lumineuses et chatoyantes, qui joue, en les inversant, avec les figures des contes de notre enfance. Ici, le loup est le confident idéal tandis que la masse des moutons trop identiques finit par être franchement inquiétante. Comme un écrin à cette fable singulière, Marion Lacourt crée un univers à la beauté saisissante, fourmillant d'idées visuelles et d'expérimentations formelles qui en renforcent la puissance hypnotique.

A noter : Le film est actuellement visible sur le site d'Arte.

Sapphire crystal de Virgil Vernier


Virgil Vernier poursuit son travail d'observateur du monde à travers un film hybride qui emprunte tous les codes du documentaire immersif, et nous emmène à la rencontre de la jeunesse plus que dorée de Genève.

Tout est passionnant dans ce vrai-faux travail d'ethnologue, qui capte avec brio l'essence de ces soirées surfaites pleines de conversations creuses, d'argumentations futiles, d'anecdotes transgressives, et de cocaïne à l'or fin. On est à la fois fasciné et étourdi par ce monde si lointain, attiré malgré nous par ses éclats de vanité et d'outrance satisfaite d'elle-même.

Sirki de Boris Labbé


Projet réalisé en collaboration avec la ville de Sapporo, Sirki réunit quatre courts métrages de deux minutes en hommage à la culture Aïnou (population autochtone du Nord du Japon) dont elle reproduit des motifs traditionnels liés à leur vie quotidienne et à leurs croyances.

Boris Labbé y met en oeuvre des éléments récurrents dans son travail, comme la boucle, la prolifération et la métamorphose. On est comme hypnotisé par les "danses" des différentes formes, tantôt concentrées au centre du cadre, tantôt l'envahissant dans un mouvement perpétuel d'extension et de rétraction, au rythme des voix entraînantes et cadencées de la musique Aïnou.

Sous la canopée de Bastien Dupriez


Bastien Dupriez creuse son sillon en proposant à nouveau un film expérimental qui combine abstraction et propos narratif. Le réalisateur, dont on aimait déjà beaucoup Aérobie et Sillon 672, utilise la gravure sur pellicule et la peinture sur verre pour nous emmener au cœur d'une forêt peuplée de paradisiers multicolores. Au fur et à mesure du film, les beaux oiseaux se muent en taches de couleur qui virevoltent au rythme de la musique envoûtante d'Antoine Zuccarelli, puis semblent se mêler dans une explosion de teintes vives et joyeuses.

Petit à petit, pourtant, l'angoisse sourd. La musique se fait mécanique, le noir et des dégradés de rouge-orangé envahissent l'écran. Quelque chose menace la forêt. On aperçoit furtivement une forme humaine, puis des silhouettes d'arbres qui se tordent et tombent à terre. Des formes et des couleurs en mouvement, qui cherchent bien moins à représenter concrètement qu'à traduire en sensations cette destruction qui est à l'oeuvre sous nos yeux.

Un adieu de Mathilde Profit

Un premier court métrage en forme de promesse qui raconte avec simplicité et justesse les dernières heures que passent ensemble un père et sa fille qui part à Paris pour poursuivre ses études loin du domicile familial. Jamais formulée, mais omniprésente, l'imminence de la séparation est dans tous les gestes, tous les regards.

Si l'on est un peu moins sensible aux péripéties du début du film (notamment la rencontre surexplicative avec un jeune homme rencontré sur l'autoroute, ou le personnage caricatural de la propriétaire), la deuxième partie du récit, resserrée autour des deux personnages principaux, est en état de grâce. On aura peu vu l'année passée de dialogues aussi délicats et bouleversants que celui qui se tisse entre le père et la fille, toujours avec cette épure formelle et narrative qui est la marque du film. Quant à l'épilogue (muet), complexe chassé croisé dans les rues de Paris, il dit en quelques plans ce que la pudeur a empêché les personnages d'exprimer.


Cannes 2019 : entre intimité et formalisme, dix courts métrages qui ont marqué la 72e édition

Posté par MpM, le 31 mai 2019

Il faut être franc : Cannes n'est pas forcément le lieu idéal pour voir du court métrage. L'offre en longs métrages de premier plan, la nécessité de courir d'une salle à l'autre, les multiples sollicitations, ajoutées au fait que les séances de courts bénéficient souvent de moins de projections qu'un long (une seule séance pour les programmes de la Quinzaine, par exemple), incitent beaucoup de festivaliers à faire l'impasse. C'est pourtant dommage, car pour le format court aussi, Cannes est immanquablement le lieu des révélations, parfait pour prendre la température de la jeune création et du cinéma mondial.

C'est aussi parfois l'occasion de repérer les réalisateurs qui enchanteront la Croisette avec leurs longs métrages dans le futur comme ce fut par exemple le cas cette année avec Jérémy Clapin qui a triomphé à la Semaine de la Critique avec J'ai perdu mon corps, où il avait déjà présenté Skhizein en 2008, et Erwan Le Duc dont le film Perdrix a connu un grand succès à la Quinzaine des Réalisateurs, trois ans après avoir été sélectionné à la Semaine en 2016 avec Le Soldat vierge.

Cette 72e édition cannoise a été marquée par le triomphe de courts formels, dans lesquels la mise en scène joue un rôle au moins aussi important que le récit ou la narration. On le souligne car les jurys ont parfois tendance, plus encore qu'en longs métrages, à privilégier des oeuvres "à sujet" ou "à message". Or, cette année, les différentes sélections (Officielle, Cinéfondation, Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique) semblaient avoir opté pour un cinéma plus ténu et moins démonstratif, et parfois même, comme à la Quinzaine des Réalisateurs, tirant vers l'expérimental ou l'installation artistique.

Ce qui n'a pas empêché les réalisateurs d'aborder, souvent en creux, les grands enjeux des sociétés contemporaines comme l'environnement, le consumérisme, l'accueil des réfugiés, la misère sociale... mais aussi des thématiques plus intimes liées à la maternité, à la famille ou à des trajectoires personnelles. Petit tour d'horizon de 10 cours métrages qu'il fallait absolument voir sur la Croisette cette année.

La Distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos (Officielle)


Une rencontre impromptue dans la nuit. Des plans serrés sur les visages. Des dialogues ironiques et décalés. Et l'un des plus beaux plans de fin vus pendant le festival. La Palme d'or 2019 est un film ténu et intimiste à la simplicité désarmante, à la sensibilité à fleur de peau et au minimalisme assumé.

Grand bouquet de Nao Yoshiga (Quinzaine)


Dans un espace totalement vide, une femme fait face à une créature noire mouvante qui semble la menacer. Sa seule réponse sera des flots de fleurs multicolores se déversant de sa bouche. Les deux forces en puissance finiront par se combiner pour donner un ailleurs plein de promesses. A mi-chemin entre l'installation muséale et le court métrage expérimental, l'artiste Nao Yoshiga propose un film puissant et presque hypnotique aux multiples interprétations possibles.

L'Heure de l'Ours d'Agnès Patron (Officielle)

Une fresque animée flamboyante et majestueuse qui raconte, dans des éclats de rouge et de vert sur fond noir, le combat immémorial des enfants pour gagner leur liberté et s'affranchir des adultes. Servi par l'exceptionnelle musique symphonique de Pierre Oberkampf, le film mêle le souffle épique au récit intime, et emporte le spectateur dans une danse effrénée et tribale qui semble nous ramener aux origines de l'Humanité.

The Little soul de Barbara Rupik (Cinéfondation)


Un voyage éblouissant de beauté, d'onirisme et de mélancolie au pays des morts en compagnie d'une petite âme tout juste échappée du corps qui l'abritait. Barbara Rupik travaille sur la texture de ses personnages et de ses décors jusqu'à recréer un univers organique saisissant et sublime, cadre dantesque édifiant pour le récit poétique et bouleversant d'une indéfectible amitié post-mortem.

Mano a mano de Louise Courvoisier (Cinéfondation)


Un couple d'acrobates va de ville en ville pour se produire. Leur relation se dégrade, et tout semble sur le point de basculer. Louise Courvoisier, étudiante à la CinéFabrique de Lyon, filme les corps en mouvement, au repos, à l'abandon ou au contraire en pleine opposition, mais de dos, ou en les décadrant. Ce ne sont pas les performances qui l'intéressent, mais comment la tension palpable entre les deux protagonistes en vient à influer sur le moindre de leur geste. Une histoire simple de confiance à raviver et d'avenir à réinventer à deux.

Mardi de 8 à 18 de Cecilia de Arce (Semaine de la Critique)

Une journée dans la vie d'une surveillante scolaire bienveillante et pleine d'empathie qui lutte contre la rigidité quasi carcérale d'un collège où le corps encadrant privilégie la répression à l'écoute. Entre portrait sensible et comédie réaliste, Cecilia de Arce montre les limites d'un système qui, à force de refuser le cas par cas, finit par nier froidement les individus.

Movements de Dahee Jeong (Quinzaine des Réalisateurs)

Cinq chapitres comme autant de vignettes malicieuses pour parler de ce qui nous meut, et de quelle manière. On découvre ainsi un chien, une femme avec un sac à dos ou encore un vieil arbre qui a besoin d'une canne, tour à tour en train de peindre un mur ou de regarder la télévision. La réalisatrice s'amuse à décomposer les mouvements quasi image par image, ou au contraire à les accélérer par le biais de la touche "avance rapide", proposant un film léger et joyeusement décalé sur la notion de mouvement en tant qu'essence de la vie comme du cinéma (d'animation).

Piece of meat de Huang Junxiang et Jerrold Chong (Quinzaine)


Une fable au vitriol sur les excès du capitalisme et les limites de la société de consommation. Dans un monde peuplé d'objets (en papier), une côté d'agneau tente de subvenir aux besoins de sa famille. Prise dans la spirale infernale du déterminisme social, elle est la victime expiatoire d'un monde qui semble le reflet cauchemardesque de la nôtre. Pessimiste et cruel, mais tellement drôle.

She runs de Qiu Yang (Semaine de la Critique)


Déjà sélectionnée à Cannes en 2015 avec Under the sun (Cinéfondation) puis en 2017 avec A gentle night (Palme d’or du meilleur court métrage), Qiu Yang n’est pas vraiment la révélation de cette 58e Semaine de la Critique, mais prouve qu'il continue à creuser efficacement le sillon de son cinéma esthétique au classicisme discret. Son film à la beauté formelle édifiante a d'ailleurs sans surprise remporté le Prix Découverte Leitz Cine du court métrage. On y voit dans des plans composés comme des tableaux à la profondeur de champ quasi inexistante, et où se multiplient les cadres intérieurs à l'image, une jeune gymnaste lutter pour quitter l'équipe à laquelle elle appartient. Visuellement éblouissant.

Stay awake, be ready de Pham Thien An (Quinzaine des Réalisateurs)


Un plan-séquence presque statique qui semble observer nonchalamment la terrasse d'un petit restaurant. Tandis que des hommes parlent hors champ, un accident de la route survient, puis un petit garçon improvise un spectacle de cracheur de feu. Une scène de rue presque banale, et pourtant énigmatique, qui montre le monde comme à distance, pris dans différentes tonalités de jaune et de rouge. Une brillante démonstration formelle, doublée d'un instantané troublant du quotidien, qui a valu au réalisateur vietnamien Pham Thien An le Prix Illy du court métrage.

[Dossier] Cannes, centre du monde cinématographique ? — Episode 2 Rencontre avec Ron Dyens, producteur chez Sacrebleu productions

Posté par MpM, le 11 mai 2019

Le Festival de Cannes, ses palmiers, son tapis rouge et ses paillettes… Il y a des images dont on a parfois du mal à se défaire. Pourtant, si certains considèrent Cannes comme le plus grand festival du monde, et si des professionnels du monde entier s’y précipitent chaque printemps, ce n’est pas pour aller à la plage. Qu’est-ce qui fait que le Festival occupe cette place privilégiée dans l’agenda de la planète cinéma, et qu’il s’impose chaque année comme le centre de ce petit monde ? Et au fait, comment “vit-on” Cannes lorsqu’on est producteur, distributeur, organisateur de festival ou réalisateur ? A quelques jours de l’ouverture de cette 72e édition, nous sommes allés à la rencontre de ces festivaliers pas comme les autres dont les réponses nous aident à comprendre pourquoi Cannes bénéficie depuis si longtemps de cette indéfectible aura internationale.

Avec dix sélections à Cannes depuis la création de sa société Sacrebleu Productions en 1999, Ron Dyens est un habitué du festival de Cannes, et des grands festivals internationaux en général. De retour cette année avec le court métrage d’animation L’Heure de l’ours d’Agnès Patron, sélectionné en compétition officielle, et après avoir présenté l’un de nos coups de coeur de l’an dernier, La Chute de Boris Labbé, à la Semaine de la Critique en 2018, il nous parle de “son” festival de Cannes.


Ecran Noir : Quel est votre rapport à Cannes ? Est-ce un rendez-vous incontournable dans votre agenda ?
Ron Dyens : Oui, Cannes est un rendez-vous incontournable déjà au vu de la variété des films. Avec les différentes compétitions, qui se croisent, on a la chance d’assister à un cinéma pluriel, un état des lieux du cinéma mondial. Rien que pour ça c’est intéressant d’y aller, d’autant que tous les films présentés ne trouvent pas nécessairement après coup leur place dans les salles. Le premier attrait est donc cinéphilique. Ensuite, il y a toujours ce paradoxe qu’il est parfois plus facile de voir des vendeurs ou des distributeurs à Cannes qu’à Paris. Pour les rendez-vous, c’est donc aussi un lieu incontournable. Enfin, j’ai une histoire un peu personnelle avec le festival puisque j’ai la chance d’avoir eu un film sélectionné à Cannes en 2003 en tant que réalisateur, à la Semaine de la Critique. Puis, en 2005 nous avons eu, toujours à la Semaine de la Critique, notre premier film d'animation [Imago de Cédric Babouche]. Forcément pour nous ça a été une rampe de lancement vraiment importante !

EN : Vous y serez à nouveau cette année avec un court métrage que vous avez produit, L'heure de l'ours d'Agnès Patron, qui figure en sélection officielle. Que change cette sélection pour lui ?
RD : Commencer sa carrière à Cannes est indéniablement un plus pour un film, même si évidemment il est difficile de prédire une carrière avec ou sans cette sélection. D’ailleurs nous vivons une situation paradoxale pour ce film, puisqu’il n’a pas été sélectionné à Annecy où il y a plus de place pour l’animation, alors qu’il l’a été à Cannes parmi 4200 films reçus… Mais j’espère qu’il va avoir une jolie carrière, car il est assez hypnotique de par sa musique et son choix d’animation. Il est sans dialogue et il a un discours universel… C’est un film symbolique aussi. Des ingrédients qui personnellement influent sur mes choix de films.

Après, bien sûr, je pense que la sélection va aider le film, car on commence déjà à recevoir des propositions de distribution, des demandes de la part de festivals qui veulent le voir… Il y a un petit buzz. Mais le gros buzz, ce serait évidemment de recevoir la Palme d’or. Je l’ai vécu avec le film de Serge Avédikian, Chienne d'histoire. C’est un court métrage qui initialement avait été refusé par de grands festivals avant sa présentation à Cannes, où il a eu la Palme d’or. Du jour au lendemain, on a eu des demandes dans le monde entier. On a dû à l’époque fabriquer plus de 40 copies en 35mm puisque tout le monde le voulait… Un tel prix c’est aussi un engagement technique et financier à assumer dans la foulée ! On voit bien que c’est un accélérateur général pour le réalisateur et pour le producteur. On l’a vu aussi avec Céline Devaux, qui a tout de suite été contactée par des boîtes de production de longs métrages suite à sa sélection avec Le repas dominical [en 2015].

EN : On dit souvent que pour un premier long métrage, il est essentiel d’être à Cannes en terme de visibilité. Est-ce la même chose pour le court ?
RD : Cannes est important, il crée un focus indéniable. Et évidemment cela peut être un tremplin pour le passage du court au long. C’est là où Cannes est évidemment important pour le court. Pour les courts d’animation c’est un peu différent. Les réalisateurs d’animation ne sont pas dans la course à l’échalote pour faire un long métrage dans la foulée de leurs courts. Ce qui les intéresse, c’est de faire des films. Ça prend tellement de temps de faire de l’animation, que réaliser un long métrage, c’est quasiment entrer au couvent ! Donc pour eux, la priorité c’est davantage de faire des expériences cinématographiques. Après, pour revenir à Cannes, des expériences se mettent clairement en place pour favoriser la porosité du court au long, notamment au sein du Short Film Corner (rencontres entre professionnels du court et du long, expertises, etc.).

EN : D'une manière générale, en tant que producteur, en quoi consiste habituellement votre présence à Cannes? Avez-vous des attentes ou des buts spécifiques ?
RD : C’est compliqué parce qu’on a envie de faire plein de choses à Cannes ! Il y a un effet miroir aux alouettes. Beaucoup de choses qui brillent, beaucoup de sollicitations… C’est à la fois un lieu de festivités et un lieu de travail. Il faut préparer son festival de Cannes. C’est un endroit où l’on signe les contrats, bien sûr, mais les grandes annonces faites à Cannes sont souvent signées avant, et l’annonce est faite pendant le festival. Cannes c’est plus l’occasion de rencontrer des personnes, de préparer le futur, de sentir l’air du temps. C’est aussi intéressant de se balader dans le marché et de voir les affiches des films étrangers. Voir comment les films sont “travaillés”. A l’étranger, le cinéma peut être envisagé de manière radicalement différente. Si on reste seulement sur son prisme franco-parisien, on rate des choses, notamment dans les films qu’on choisit en tant que producteur. C’est important de se dire : “tiens, comment le film pourrait être perçu à Dakar, à Montréal, au Japon ?”. Essayer de se mettre à la place des gens, des spectateurs. Je pense même que c’est le principal travail d’un producteur. Si on ne s’intéresse pas à la manière dont sont organisées et perçues les autres cinématographies, on rate quelque chose sur sa propre cinématographie.

EN : Est-ce que cela peut aussi arriver de voir un court métrage et de penser : “cet auteur, j’ai envie de le produire” ?
RD : Alors c’est un petit peu compliqué, surtout à Cannes, parce qu’il y a quand même toujours une notion de respect du producteur qui a produit le film. Si je vois un film qui me plaît beaucoup, je peux aller le dire, au réalisateur et au producteur. Ça fait évidemment toujours plaisir. Ce qui peut arriver aussi, avec les films étrangers, c’est une potentielle coproduction sur le projet suivant ou sur un éventuel long à venir.

EN : Avez-vous le souvenir d'une rencontre, d'une découverte ou d'un événement décisif durant le festival par le passé ?
RD : Sur Tout en haut du monde [de Rémi Chayé], il ne nous manquait quasiment plus qu’un vendeur international. On avait eu quelques pistes qui ne s’étaient pas concrétisées, et puis un soir, on s’était retrouvé dans un dîner organisé par la société Urban Distribution. A un moment, on a présenté le trailer du film sur mon ordinateur, et toute l’équipe d’Urban a adoré. Quand le “big boss” est arrivé, Frédéric Corvez, toute son équipe lui a dit : “il faut que tu regardes ! c’est mortel !”. Il a regardé puis il a sorti son chéquier et il a dit “XXXXXXX euros !”. Et le temps s’est arrêté… Bon, on a continué à discuter après, évidemment, mais c’était très drôle, parce que c’est exactement l’image qu’on se fait de Cannes. Un geste très “grand seigneur”, complètement improbable, et qu’on raconte après en se disant “ah oui, c’est Cannes. C’est donc possible”. C’est beau, pas seulement par rapport au montant (quoique…), mais déjà par rapport au geste.

J’ai une autre anecdote qui est sympa aussi, c’est quand le court animé de Cédric Babouche a été sélectionné en 2005 à la Semaine de la Critique. A l’époque, les courts métrages passaient en premier partie des longs. Ce n’était pas “ghettoïsé”, et les journalistes “longs métrages” venaient voir aussi les courts. On est passé en première partie du film Me, myself and I de Miranda July, distribué par MK2, qui a fini par avoir la caméra d’or. Et le lendemain, je reçois un coup de fil de l’attachée de presse de MK2, qui me dit : “Nathanaël Karmitz veut absolument voir ce court métrage”. On ne savait pas pourquoi. Et en fait, ce qui s’était passé, c’est qu’il y avait eu un article dans Libération où on parlait plus de notre court métrage et de la renaissance de l’animation française que du long de Miranda. Ça avait intrigué Nathanaël, on s’était rencontré dans la foulée et on avait failli collaborer ensemble à l’époque, pour faire un long métrage. Évidemment ça fait hyper plaisir. Ça prouve que ça peut vraiment être un ascenseur artistique d’être à Cannes et d’avoir cette fenêtre de visibilité.

EN : En quoi le festival et son marché se distinguent-ils selon vous des autres festivals internationaux ? Qu’est-ce qui fait que Cannes a cette aura supérieure à des festivals comme Berlin ou Venise ?
RD : Je pense qu’il y a plein de choses qui peuvent expliquer ça. D’abord, à l’époque de la création du Festival, il n’y avait pas tous les festivals qu’il y a aujourd’hui. Il y a donc une antériorité qui donne une forme de légitimité. Aussi il y a une image de la France, une sorte d’attraction pour le pays. Il y a eu aussi toujours une certaine audace qui a accompagné les sélections, avec ce désir de faire un état des lieux du cinéma. Tarkovski, par exemple et d’autres films qu’il était très difficile de faire sortir de leur pays, comme Yol de Gören et Güney, ont trouvé leur place à Cannes. En plus, Cannes a cette capacité à faire sa mue régulièrement, à se réinventer, à créer des sections parallèles comme la Semaine, la Quinzaine, l’ACID… Il y a également beaucoup de films français ou coproduits par la France qui sont ainsi présentés à Cannes. La France a indéniablement une relation particulière avec le cinéma. Toutes ces raisons se sont agrégées pour faire ce qu’est Cannes aujourd’hui. Toute la question va être maintenant de faire face aux nouveaux combats qui arrivent, comme celui face à Netflix et la sortie en salles de films produits par les télévisions et les sites. Mais bon, ce n’est pas le premier combat et ce ne sera pas le dernier pour Cannes, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure.