Marjane Satrapi, reine de L’Etrange Festival

Posté par vincy, le 15 septembre 2014

ryan reynolds dans the voices

L'Etrange Festival célébrait sa vingtième édition du 4 au 14 septembre au Forum des Images à Paris. Le nouveau film de Marjane Satrapi (Persépolis, Poulet aux prunes) The Voices, sa première expérience cinématographique dans le cinéma de genre et sa première fois dans le cinéma américain, a récolté le Prix Nouveau genre et le Prix du public, soit les deux prix dans la catégorie long métrage. Le film met en scène Ryan Reynolds, Anna Kendrick et Gemma Arterton. Il a déjà été présenté à Sundance en janvier et à Toronto il y a quelques jours. The Voices sortira en France le 11 mars 2015, distribué par Le Pacte. Aux Etats-Unis, c'est Lionsgate qui distribuera le film

Cette comédie horrifique, scénarisée par Michael R. Perry (Paranormal Activity 2), raconte l'histoire de Jerry, amoureux de la comptable de son travail. Il va se confier à ses animaux de compagnie qui ont la faculté de parler : un chat qui le pousse à commettre des meurtres en série et un chien affable.

The Voices avait fait l'ouverture de L'Etrange festival, qui a aussi projeté The World of Kanako de Tetsuya Nakashima (en clôture), Near Death Experience de Benoît Delépine et Gustave Kervern ou encore Moebius de Kim Ki-duk.

A 18 ans, L’Étrange festival devient adulte…

Posté par geoffroy, le 6 septembre 2012

L’Étrange Festival, créé en 1993, fête ses 18 ans. Son credo n’a pas changé : proposer un cinéma différent, alternatif, 100% jouissif, fait de découvertes et d’avant-garde ou les pépites ciné oubliées côtoient les talents de demain.

Du 6 au 16 septembre, le Paris des cinéphiles de tout poil va se retrouver au Forum des Image (Forum des Halles au 2, rue du Cinéma à Paris dans le 1er arrondissement) pour suivre une programmation extrême, toujours aussi diversifiée puisque composée d’une multitude d’expressions cinématographiques décalées. Rien n’est laissé au hasard et surtout pas la notion de plaisir pour un festival attirant à plus d’un titre.

Pour cette édition « anniversaire », ça va bousculer fort !  21 longs-métrages de la compétition officielle seront en lice pour le prix Nouveau genre et le Prix du public. Si nous attendons Antiviral de Brandon Cronenberg (fils de David Cronenberg), Insensibles de Juan Carlos Medina, IronSky de Timo Vuorensola ou A Fantastic Fear of Everything, avec Simon Pegg, ont leur carte à jouer.

Le reste se compose d’avant-premières (une trentaine de films dont le Dredd avec Karl Urban), de focus sur des cinéastes singuliers, des cartes blanches de Kenneth Anger et Jean Kounen, de concerts, d’une exposition, d’une nuit Zombies particulièrement affriolante, et des fameuses Pépites de l’étrange dans une sélection d’anciens chefs-d’œuvre à redécouvrir au plus vite (dont Les vies de Loulou de Bigas Luna).

Pour plus d’informations : www.etrangefestival.com

No mercy en DVD : nouvelle variation sur le thème de la vengeance

Posté par MpM, le 22 novembre 2010

Présenté dans le cadre de la carte blanche à Alejandro Jodorowsky lors de l'Etrange festival 2010, No mercy de Kim Hyoung-jun s'était vu qualifié par Jodorowsky lui-même de "tragédie adulte, démentiellement raffinée, avec un final digne de tous [ses] respects." Il est vrai que ce thriller coréen crépusculaire, sorti en DVD le 17 novembre dernier, s'inscrit dans la lignée d'un certain cinéma coréen actuel jouant avec les nerfs et l'imaginaire de son spectateur, à l'image de The chaser de  Na Hong-jin ou Memories of a murder de Bong Joon-ho.

Le créneau de No mercy est plus spécifiquement celui du film de vengeance, et il lorgne d'ailleurs assez ouvertement du côté de Park Chan-wook et plus précisément de Old boy, inoubliable grand prix cannois et en passe d'être refait sauce hollywoodienne. Trop ouvertement, probablement, car il laisse de ce fait rapidement entrevoir son jeu, à savoir la mise en place d'un piège infernal dépassant largement la simple enquête policière. On s'attend notamment trop au twist final pour ne pas être un peu déçu lorsqu'il finit par arriver.

Le scénario ménage malgré tout divers rebondissements qui génèrent une tension grandissante. Le mise en scène, elle, parait plus en retrait, très loin de l'élégance choc de Old boy. Pour compenser cette absence d'inventivité et la torpeur de l'ensemble, Kim Hyoung-jun se contente de plaquer une musique trépidante sur les séquences d'action. On peut en concevoir une certaine frustration, et même l'impression que l'intrigue n'avance pas, mais ce rythme inégal permet de renforcer l'isolement du personnage principal. Ce dernier ne cesse de parcourir la ville à la recherche de son salut. Or, plus il essaye d'agir, plus il s'englue dans une situation qui le dépasse. Comme un insecte pris dans une toile d'araignée, et que chaque geste rapproche de sa fin.

Décidément, la vengeance et ses raffinements complexes (voire pervers) sont une inépuisable source d'inspiration pour les réalisateurs de polar, et plus encore semble-t-il pour toute une veine du cinéma asiatique obsédée par la notion de faute originelle qui finit toujours par vous rattraper. Dans le plus pur esprit de la tragédie, les êtres humains deviennent de lamentables jouets entre les mains du destin. Le professeur Kang passe ainsi d'un dilemme à un autre, où il s'agit toujours de choisir entre son éthique professionnelle et son bonheur personnel. Non seulement le choix est impossible, mais en plus il est toujours mauvais. Lorsque le héros s'en rend compte, il est bien évidemment trop tard. Et le dénouement final laisse le spectateur frémissant :  qu'aurait-on fait à sa place ?

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No mercy de Kim Hyoung-jun
Avec : Sul Kyung-gu, Ryoo Seung-bum, Han Hye-jin...
En DVD depuis le 17 novembre (CTV international)

Le dernier Bruce LaBruce, avec François Sagat, censuré en Australie

Posté par vincy, le 31 juillet 2010

l a zombie bruce labruceCe ne sera probablement pas la dernière fois. Le cinéaste canadien Bruce LaBruce  a vu son dernier film, L.A. Zombie (site web), retiré de l'affiche du Festival International du Film de Melbourne, à la dernière minute. Censuré.

Le film (la suite du précédent film Otto or Up with Dead People) devrait faire parler de lui. En vedette? François Sagat, star du porno gay, façon regard dur et muscles bien gonflés, qui a une vie "sextraterrestre" (mi-homme, mi-monstre) et une "sextraordinaire" libido, à la fois homosexuelle et "zombiephile", en plein coeur de Los Angeles. Tourné en une semaine, il a couté moins de 100 000$.

La commission de censure australienne a envoyé un courrier au directeur du festival, Richard Moore, lui indiquant que le film ne pouvait pas être diffusé en l'état, sans connaître préalablement la classification du film (X ou pas X, telle est la question).  En fait, la Commission, en refusant de classer l'oeuvre, la bannit tout simplement des écrans et expose ceux qui la diffusent à des amendes.

Mais jusque là, le Festival passait outre ce genre de recommandations. Le slogan du festival le clame : "C'est une question de goût". Pour Moore, "c'est au public de décider ce qu'il veut voir." En allant voir un film de LaBruce, "ils savent qu'ils ne vont pas voir Bambi ou Fantasia." Sur le site du festival, il est clairement indiqué que le film "contient des scènes qui vont offenser". Il y a sept ans, la même mésaventure était arrivée au beau film de Larry Clark, Ken Park.

Malgré sa présence en séances de nuit, il a été définitivement radié de la programmation. Les "censeurs" ont pu se procurer une copie DVD du film, et sans même lui coller un X, ont clairement trouver les scènes de sexe trop explicites (pas assez simulées même, sic). C'est donc moins trash de voir une femme se faire violer par un monstre ou un honnête citoyen se faire démembrer et manger par un serial-killer? Une sortie DVD est hypocritement possible, dans les rayons pornos. Le film qui avait révélé LaBruce, Hustler White, avait subit le même sort. Il n'a pu sortir qu'en DVD, dans une version remontée.

Sur son compte twitter, le réalisateur, lui, se dit ravi : "plus ils veulent supprimer un film, plus les gens vont vouloir le voir". Surtout, avec un budget ridicule pour la promotion, cette histoire de censure relayée dans le monde entier lui offre une publicité inespérée.

Pour l'instant, le Festival de Locarno, bien plus réputé, a toujours prévu de le projeter en avant-première mondiale le 5 août. Il y est même sélectionné en compétition.

Il devrait être présent dans la section Midnight Madness du festival de Toronto. On pourra le voir à L'Etrange festival à Paris puis au Festival du film fantastique de Sitges en Espagne.