La Loi du marché, film le mieux amorti en salles en 2015

Posté par vincy, le 26 février 2016

Le Film Français a publié la semaine dernière son classement des films français les plus rentables, soit le ratio entre le nombre d'entrées et le devis budgétaire des films. Seulement 5 films ont complètement couverts leur budgets: La loi du marché, Demain, Mustang, Much Loved et Babysitting 2. Hormis ce dernier, tous sont nommés aux Césars. Demain est un documentaire. La loi du marché, Mustang et Much Loved était présentés à Cannes. Much Loved a même la particularité d'avoir coûté moins de 700 000 euros. A l'inverse, malgré son budget frôlant les 10 millions d'euros, Babysitting 2 réussi à se faire une place au soleil, surclassant ainsi Connasse princesse des coeurs, Les nouvelles aventures d'Aladin, Papa ou maman, Les profs 2 et Les souvenirs, qui complètent le Top 10.

Notons que deux autres documentaires sont dans le Top 30 (La vie des gens, Le caravage). En revanche, le premier film d'animation est Pourquoi j'ai pas mangé mon père, seulement 50e (mais aussi l'un des plus gros budgets de l'année). Le classement ne prend pas en compte les recettes à l'export (qui changerait considérablement le tableau avec des films comme Taken 3 et Le petit prince).

Ils sont huit nommés au César du meilleur film cette année, et ils n'ont pas connu le même sort au box office.

Côté rentabilité, avec trois films à petits budget qui triomphent en salles, et cinq films du milieu dont seulement deux ont réussi à séduire un public assez large, les inégalités se creusent. A noter que La loi du marché et Mustang sont respectivement 1er et 3e au classement général des films français les plus rentables de l'année.

Festival COLCOA: Le premier film de Clovis Cornillac reçoit le prix du public

Posté par redaction, le 1 mai 2015

La 19ème édition du Festival COLCOA (20-28 avril) à Los Angeles s'est achevée sur un classique palmarès. Cette année, dans les salles de la Directors Guild of America (DGA), le Colcoa French Film Festivala attiré 21000 spectateurs, un record. Clovis Cornillac, Anne Fontaine, Michel Hazanavicius, Pierre Niney ou encore Omar Sy avaient fait le déplacement sur Sunset boulevard.

Les héritiers ont reçu deux prix, à la fois du public et de la critique. Le public a plébiscité la comédie romantique très américaine de Clovis Cornillac. Deux premiers films figurent également au palmarès, qui a récompensé aussi bien des drames que des comédies et même un thriller.

Le Palmarès

  • Prix de la critique : Le dernier coup de marteau d'Alix Delaporte
  • Prix spécial de la critique : Les héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar
  • Mention spéciale de la critique : Elle l'adore de Jeanne Herry
  • Prix du public : Un peu, beaucoup, aveuglément de Clovis Cornillac
  • Prix spécial du public : Les héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar
  • Mention spéciale du public : Les souvenirs de Jean-Paul Rouve
  • Coming Soon Award : Samba d'Éric Toledano et Olivier Nakache
  • Prix du premier film : L'affaire SK1 de Frédéric Tellier
  • Prix du meilleur documentaire : Steak (R) Evolution de Frank Ribière
  • Le bilan positif de cette manifestation qui devient un rendez-vous culturel essentiel de la métropole californienne provient aussi du nombre croissant d'avant-premières.

    Ainsi Un peu, beaucoup, aveuglement a été projeté en avant-première mondiale ; Caprice, La cité muette, Le tournoi étaient présentés en première internationale ; 108 Rois-démons, Change ton bac d'abord, Le dernier coup de marteau, Eau argentée, Une heure de tranquillité, Rendez-vous à Atlit, Still the Water, et surtout Samba y ont fait leur avant-première américaine

    Les autres films projetés sont L'Affaire SK1,  Bon rétablissement !, Brooklyn , Caricaturistes, fantassins de la démocratie, Chic !, Les Combattants, Elle l’adore , La French, Gemma Bovery, Les Héritiers, Hippocrate, L'homme qu'on aimait trop, Mon amie Victoria, Of Men and War, La prochaine fois, je viserai le cœur, The Search, Les souvenirs, Stea, k (r) évolution, Le temps des aveux, Terre battue.

    Le Colcoa avait ouvert avec Un homme idéal (avant-première nord américaine) et s'était clôturé avec un téléfilm, Le soldat blanc d'Erick Zonka.

    Festival d’Albi: d’Annie Cordy à Guy Georges, tour d’horizon de la sélection

    Posté par cynthia, le 24 novembre 2014

    Le 18ème festival des Œillades ou festival du film francophone d'Albi s'est achevé ce weekend. On y était et on a aimé. Retour sur ces quelques jours riches en émotions.

    Une mamie stylée et une fille indécise

    Au premier jour, le dogme était placée sous le signe des destins et de la jeunesse. Les souvenirs de Jean-Paul Rouve continue sa tournée des festivals. Annie Cordy joue les mamies en pleine rébellion depuis que son fils (Michel Blanc) l'a mise en maison de retraite et ça nous a remué les entrailles. Ajoutons à ça une excellente prestance pour le jeune Michel Spinosi et vous obtenez l'un des coups de cœur du festival. L'humour du romancier David Foenkinos évite le mélo et permet à chacun de retrouver une seconde jeunesse... Le film sort le 15 janvier dans les salles.

    Après avoir dévoré de succulent petits four, on nous a offert en plat de résistance le plombant Mon amie Victoria de Jean-Paul Civeyrac. L'histoire d'une jeune fille qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut dans la vie. Sortir avec Thomas ou son frère? N'en faire qu'à sa tête? Le film aurait pu être intéressant sans la voix off monotone et somnolente qui nous conte l'histoire comme une professeur de latin sous antidépresseur.

    Quand la musique guide nos pas

    Au deuxième jour, le mot d'ordre du festival était la musique. On a commencé par la douce claque d'Alix Delaporte avec Le dernier coup de marteau. Ou comment un jeune adolescent va découvrir la musique classique à travers un père tout juste retrouvé. Un film tendre et mélodieux à l'inverse du suivant qui n'est autre que l'immense Whiplash du francophone Damien Chazelle. Grand prix du dernier festival de Deauville mais aussi prix du public, Grand prix à Sundance, prix du meilleur film selon le magazine Elle, bref, on ne présente plus ce monstre cinématographique qui vous étourdira dès le 24 décembre prochain dans les salles.

    Difficile de briller face à lui me direz-vous et pourtant le Baby Balloon de Stefan Liberski a tout de même scintillé dans les salles obscures d'Albi. L'histoire d'une jeune rockeuse en surpoids qui tente de s'imposer. Le film belge est sorti en juillet dernier. Un peu trop sage pour être rock, mais assez pop pour séduire.

    Rébellions

    Parce qu'il n'y a pas qu'Annie Cordy qui s'est rebellée durant le festival, Raja Amari est venue nous présenter Printemps Tunisien, qui revient sur la révolte tunisienne de 2010. Le film, qui nous a laissé sans voix, sera en diffusion le 18 décembre en exclusivité sur Arte. Drôle, triste et ravageur.

    Autre réussite inattendue, le dernier film de Louis-Julien Petit avec sa comédie sociale Discount. Il nous a ému et nous a pris aux tripes. L'histoire de ces caissiers devenus des Robin des bois de la nourriture ne laisse pas de marbre dans cette société de surconsommation.

    Ovnis et chocs

    La 18ème édition s'est achevée par un véritable ovni cinématographique, Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador, et un choc en plein coeur, L'affaire SK1 de Frédéric Tellier.

    Le premier est l'histoire d'un homme sans histoire qui voit sa force décupler au contact de l'eau. Il tente tant bien que mal de vivre normalement. Un petit Hulk à sa façon sans effets spéciaux ni costume en cuir moulant, Vincent est le super-héros de campagne qu'on attendait pas. Ce qu'on n'attendait pas non plus c'était la grosse peur qui nous tenaillait après la projection de L'affaire SK1. L'histoire vraie de la plus grande traque des années 90, celle du violeur Guy Georges.

    David Foenkinos: le jury du prix Renaudot aime les écrivains-cinéastes

    Posté par vincy, le 6 novembre 2014

    david foenkinos publicité lvmhLe prix Renaudot aime les écrivains qui font du cinéma. Deuxième prix littéraire par son importance en France, décerné quelques secondes juste après le Goncourt, le jury du Renaudot a déjà récompensé les scénaristes et réalisateurs Dan Franck, Philippe Claudel, Frédéric Beigbeder, Virginie Despentes, Emmanuel Carrère et Yann Moix.

    Mercredi 5 novembre, c'était au tour de David Foenkinos d'être consacré parmi les grands prix d'automne de la littérature française pour son roman Charlotte.

    Foenkinos avait adapté avec son frère Stéphane son roman La délicatesse. Il avait rédigé le scénario et ils avaient co-réalisé le film, avec Audrey Tautou et François Damien en tête d'affiche. Le film, sorti en 2011, avait reçu deux nomination aux Césars: meilleur premier film et meilleure adaptation. Il avait séduit près de 800000 spectateurs en France.

    On retrouvera l'univers de l'écrivain en janvier dans les salles avec Les souvenirs, adaptation du best-seller de l'écrivain. David Foenkinos a co-écrit le scénario avec le réalisateur, Jean-Paul Rouve. Le film a été présenté dans les Festivals d'Angoulême, de Namur et de Saint-Jean-de-Luz. Il réunit Annie Cordy, Michel Blanc, Mathieu Spinosi, Chantal Lauby et Audrey Lamy.

    Le roman Charlotte, primé par le Renaudot, même s'il conserve une part du style ironique et mélancolique de l'auteur, est en rupture avec les précédents romans de David Foenkinos. Il s'agit de l’histoire de Charlotte Salomon, artiste peintre juive allemande déportée à Auschwitz à 26 ans alors qu'elle était enceinte. La jeune femme a pu confier ses toiles (aujourd'hui conservées au musée juif d'Amsterdam) juste avant sa mort.

    Saint-Jean-de-Luz 2014 : la rançon du passé, la respiration du présent

    Posté par vincy, le 11 octobre 2014

    Deuxième partie et dernière ligne droite pour le nouveau Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz (lire notre article sur le jury et la programmation de cette année). Le cinéma Le Sélect ne souffre pas trop des travaux du nouveau complexe résidentiel en construction, Les Erables (au passage le cinéma va gagner une salle, passant de quatre à cinq).

    Jour 4, 17h30: Lena est une femme allemande qui, un soir de fête, perd soudainement la mémoire biographique : sa vie, ses amis, ses écrits, elle a tout oublié jusqu'à son visage. Elle ne se reconnaît pas. Elle n'existe plus. Comme on appuie sur un bouton reset pour redémarrer une machine. Pour retrouver la mémoire, aidée par son mari, elle cherche des éléments de la femme qu'elle était. Mais au lieu de se les approprier, elle ne fait que les imiter. Au point de faire coexister une Lena qui n'existe plus avec une nouvelle personnalité, qui n'a aucun repère.

    Jan Schomburg a donné le rôle principal à sa compagne, Maria Schrader (Aimée & Jaguar), étonnante: parfois vieillie, parfois enfantine, tantôt enlaidie, tantôt embellie, elle livre une performance assez saisissante, sur le bord du précipice où elle peut basculer dans la folie. Ce drame allemand (intitulé Oublie mon moi en VO) très maîtrisé ne laisse aucune porte de sortie au spectateur : enfermée dans sa logique de (dé)fragmentation du "conscient" et de l'individu, la mise en scène s'appuie en permanence, avec intelligence, sur des effets de reflets troublés ou d'images floutées. Sortie en France en 2015.

    20h30: L'oranais de Lyes Salem, déjà primé à Angoulême, est une fresque historico-romanesque sur l'Algérie, depuis la guerre contre la France jusqu'aux années 80. A travers un groupe de quatre amis, aux destins et opinions qui vont diverger avec le temps, on suit les espoirs, tragédies et trahisons (idéalistes comme humaines) des uns et des autres. Le film est ambitieux par son propos et son ampleur. Ce qui ne signifie pas qu'il parvient à convaincre complètement. Ce feuilleton aux accents de Arcady époque Grand Sirocco accuse parfois quelques redondances et certaines langueurs. A trop vouloir dire et dénoncer, le scénario passe à côté d'une intimité plus profonde entre ces "héros" qui ont libéré l'Algérie. Lyes Salem montre pourtant une voie intéressante pour le cinéma algérien, mélange de critique et d'amour pour son pays. Avec de beaux moyens, et un film grand public, il donne de la voix à un pays toujours méconnu, si loin, si proche. Sortie en France le 19 novembre 2015.

    Jour 5, 12h: Déjà présenté à la Semaine de la Critique, Respire est le deuxième long métrage de Mélanie Laurent. Elle avait lu le roman d'Anne-Sophie Brasme à l'âge de 17 ans. Cette histoire ne l'a pas quittée depuis. Par rapport aux Adoptés, la cinéaste a changé tous ses codes cinématographiques pour filmer la vie de Charlie (formidable Joséphine Japy) l'année de son Bac, de ses 18 ans. En cours d'année scolaire, surgit Sarah, fille magnétique, fascinante (Lou de Lâage, idoine pour le rôle). Amitié fusionnelle pour deux êtres qui ont besoin d'être aimées. Mais Sarah est une perverse narcissique et va attirer la lumineuse Charlie dans son enfer.

    Il n'y a pas beaucoup d'issue à ce type de situations. Mélanie Laurent a filmé caméra à l'épaule, au plus près des personnages, pour ressentir l'oppression qui piège ces proies, aussi intelligentes et entourées soient-elles. Respire est avant tout un cri silencieux. Celui de Charlie qui ne dit rien alors qu'elle souffre. Celui que vivent des milliers de jeunes gens victimes d'humiliations, de manipulations et même de révélations publiques. Sortie en France le 12 novembre.

    17h30: Inutile de vous le cacher très longtemps: Bébé tigre n'est pas seulement un véritable coup de coeur durant ce festival, c'est sans doute l'un des meilleurs premiers films français de ces dernières années. Cyprien Val, accompagné de Céline Sciamma (Tomboy) et Marie Amachoukeli (Party Girl) pour le scénario, nous offre une oeuvre généreuse autour d'un personnage, Many, jeune indien arrivé en France clandestinement à l'âge de 15 ans, "mineur étranger isolé". Deux ans plus tard, en famille d'accueil et au lycée, entre la volonté de s'intégrer et la nécessité d'envoyer de l'argent à ses parents, Many est pigé à force de tout vouloir concilier, au risque d'être renvoyé dans son pays à sa majorité.

    Entre Bande de filles (en plus abouti, plus tendu) et La cour de Babel (côté fiction), Bébé Tigre pourrait avoir comme slogan "le film que Eric Zemmour ne peut pas voir". Avec un regard véritable sur la jeunesse immigrée qui ne demande qu'à s'intégrer, à travailler et à étudier, sans naïveté et avec réalisme, Cyprien Val construit son film comme un suspense social, où l'émotion est loin d'être absente. Il a trouvé en Harmandeep Palminder, jeune garçon fascinant, un acteur idéal pour incarner l'ambivalence des situations, subies ou choisies. Il photographie une France métissée et travailleuse, autant que rigide et précaire. En 87 minutes tout est dit, montré. Et la bande son est un bijou pour les oreilles, donnant des accents contemporains punchy à un récit moderne et universel. Sortie en France le 28 janvier 2015.

    Jour 6, 12h15: Film de clôture, Les souvenirs est l'adaptation du best-seller de David Foenkinos, coscénarisé par l'écrivain et le réalisateur, Jean-Peul Rouve. Une grand-mère qui doit aller vivre en maison de retraite, l'un de ses trois fils qui est mis à la retraite, son épouse qui aimerait que tout cela bouge un peu, leur fils, 23 ans, avide de croquer la vie, à sa façon, et une multitude personnages qui gravitent autour de cette famille pas vraiment prête à passer à la prochaine étape de leur vie.

    Feel-good movie par excellence, Les souvenirs ne manque pas d'humour, d'émotion et de situations cocasses. Les dialogues sont de la dentelle pour des comédiens aussi différents qu'Annie Cordy, Michel Blanc, Chantal Lauby et Mathieu Spinosi (violoniste avant d'être acteur), auxquels on peut ajouter Audrey Lamy et Jea-Paul Rouve. Tous ont le souci du travail bien fait, l'envie de donner le change au public. Peut-être aussi parce que tous ces comédiens ont un ADN commun: l'opérette, le Splendid, les Nuls, les Robins des bois, Scènes de ménages : chaque génération de la comédie est représentée, ce qui forme un orchestre cohérent pour une partition efficace et touchante. Sortie en France le 14 janvier 2015.