Prix Lumières pour The Artist, Polisse, Les neiges du Kilimandjaro et Incendies

Posté par vincy, le 13 janvier 2012

Les films cannois ont toujours la cote, palmarès après cérémonies. Les Prix Lumières n'ont pas dérogé à cette règle de l'année 2011. A croire que les autres films, les non sélectionnés sur la Croisette, n'ont pas existé.

Avec deux prix chacun, The Artist et Polisse confirment leur avantage pour les prochains César. Le premier, dont l'équipe était à Los Angeles pour assister dimanche à la soirée des Golden Globes où il est nommé six fois, a gagné le prix Lumières du meilleur film et de la meilleure actrice (Bérénice Béjo) - il faut ajouter une mention spéciale pour le chien ; le second, prix du jury à Cannes, a été distingué pour sa réalisation (Maïwenn) et sa photo (Pierre Aïm).

C'est la huitième fois qu'un film présenté à Cannes gagne le prix Lumières du meilleur film.

Autres films cannois récompensés, Les neiges du Kilimandjaro pour son scénario et L'Apollonide pour ses quatre comédiennes dans la catégorie espoir féminin.

Parmi les rescapés de cette invasion cannoise, il y a deux Denis : notons Denis Ménochet, meilleur espoir masculin dans Les adoptés, le premier long de Mélanie Laurent, et Incendies du canadien Denis Villeneuve, meilleur film francophone.

La 17e cérémonie des prix Lumières avait lieu vendredi 13 janvier à l'Hôtel de Ville de Paris. Les votants sont issus de la presse étrangère installée en France, à l'instar des Golden Globes américains qui sont les résultats des votes des journalistes étrangers à Hollywood. Cette année, un hommage a été rendu au réalisateur, producteur et scénariste Francis Veber.

Le Prix Louis-Delluc sélectionne 8 films cannois parmi ses 9 nominés

Posté par vincy, le 21 novembre 2011

Le prestigieux prix Louis-Delluc a remis sa première sélection. il sera décerné le 16 décembre, au Fouquet's à Paris.

On notera la présence de 8 films en sélection au dernier festival de Cannes sur les 9 longs métrages retenus (Tomboy est l'exception). La présence d'un réalisateur finlandais , de deux réalisatrices considérées comme des nouveaux talents du cinéma français, et de deux cinéastes déjà primés par le Louis-Delluc (Robert Guédiguian et Alain Cavalier).

Ces dernières années, le Louis-Delluc a récompensé des cinéastes comme Kechiche, Ferran, Audiard, Desplechin ou des plus anciens comme Garrel, Depardon et l'an dernier Ruiz.

En lice pour le prix Louis-Delluc

- L'Apollonide (Souvenirs de maison close) de Bertrand Bonello

- L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller

- La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli

- Le Havre de Aki Kaurismäki

- Hors Satan de Bruno Dumont

- Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian

- Pater de Alain Cavalier

- The Artist de Michel Hazanavicius

- Tomboy de Céline Sciamma

En lice pour le Prix Louis-Delluc du premier film

- 17 filles de Muriel Coulin et Delphine Coulin

- Donoma de Djinn Carrenard

- Jimmy Rivière de Teddy Lussi-Modeste

- Mafrouza (5 films) de Emmanuelle Demoris

- Nous, Princesse de Clèves de Régis Sauder

Les neiges du Kilimandjaro, prix Lux 2011 du Parlement européen

Posté par vincy, le 16 novembre 2011

Les neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian, a reçu aujourd'hui le prix Lux 2011 du Parlement européen récompensant le meilleur film européen de l'année. Le film sort aujourd'hui dans les salles françaises. Il avait été projeté en avant-première mondiale au dernier Festival de Cannes, dans la sélection Un Certain regard.

Le prix a été remis au producteur du film, Marc Bordure, au sein même du Parlement à Strasbourg. Il est doté de 87 000 euros, permettant de sous-titrer le film dans 23 langues officielles de l'Union européenne et de l'adapter aux personnes atteintes d'un handicap visuel ou auditif. Le prix permet aussi de produire une copie pour chacun des membres de l'Union.

Le Prix Lux récompense un film dont les valeurs européennes, la diversité culturelle et le processus de construction continentale sont particulièrement illustrées.

Marc Bordure a rappelé, lors de la cérémonie, que "les valeurs de l'Europe sont liés à l'idée de République, cette République que Jean Jaurès appelait république sociale. République sociale: liberté, égalité, fraternité sont les qualités qu'elle se doit de défendre. Nous avons je crois trop longtemps oublié ces trois piliers de la République, ces trois piliers de l'Europe. Ils ne signifient pas, ces mots-là, concurrence, compétition et individualisme. Ils signifient épanouissement, entraide et communauté. C'est le message de mon film et vous l'avez récompensé".

Les neiges du Kilimandjaro était en concurrence avec le film grec Attenberg et le film suédois Play.

C'est la deuxième fois qu'un film français emporte ce prix, après Welcome de Philippe Lioret en 2009. Les autres récipiendaires ont été De l'autre côté de Fatih Akin (2007), Le silence de Lorna des frères Dardenne (2008) et L'étrangère de Feo Aladag (2010).

Le guide de la rentrée (2) : 15 films français qui vont marquer l’automne

Posté par MpM, le 9 septembre 2011

On continue notre exploration d'un automne qui sera résolument cinématographique (voir 15 films incontournables venus du monde entier), avec ce focus (une fois encore subjectif) sur 15 films français qui vont marquer les derniers mois de 2011. Pas de doute, le cinéma français réserve lui aussi de beaux moments, avec pas mal d'auteurs confirmés, et, on l'espère, quelques jolies surprises !

La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy
Sortie le 14/09
Le trio franco-belge a choisi la ville du Havre (comme Aki Kaurismaki, voir ci-dessous) pour imaginer un conte de fées ultra-moderne, poétique et hilarant, où les solitudes les plus universelles (des immigrés clandestins, un veilleur de nuit...) finissent par se rejoindre. Comme toujours, l'humour visuel des trois complices fait mouche, tandis que leur propos inhabituellement engagé justifie la mélancolie douce-amère sous-jacente.

L'Apollonide - souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
Sortie le 21/09
Un film qui risque de partager les spectateurs, entre chronique de la fin d'une époque et étude étonnante d'un microcosme pas banal. La maison close selon Bonello est un lieu hors du monde, oppressant et fugacement sordide, mais surtout sensuel et voluptueux. Il en tire une œuvre ultra-esthétique qui déjoue les conventions narratives et plonge le spectateur dans un onirisme fascinant.

Un été brûlant de Philippe Garrel
Sortie le 28/09
La frontière de l'aube ne nous avait pas convaincus : trop esthétisant, pas assez sincère. Raison de plus pour attendre avec impatience le nouveau film, sélectionné à venise, de Philippe Garrel, cinéaste incandescent et sensible. En l'occurrence, cette nouvelle variation sur le sentiment amoureux et ses enchevêtrements sentimentaux, à défaut de nous séduire, nous envoûtera par son duo Louis Garrel et Monica Bellucci.

Notre paradis de Gaël Morel
Sortie le 28/09
Il y a de quoi être intrigué par le nouveau film de Gaël Morel, situé dans le milieu de la prostitution masculine, et suivant la cavale de deux amants criminels. L'acteur-réalisateur assume d'emblée la violence et la radicalité du film, pour lequel il ne s'est posé aucune limite. On est prévenu.

The Artist de Michel Hazanavicius
Sortie le 12/10
Le duo gagnant de la série OSS117 parviendra-t-il à convaincre son public de se déplacer en masse pour un film muet et en noir et blanc ? Bien que The artist ait fait sensation au dernier festival de Cannes, où jJan Dujardin a reçu le prix d'interprétation, pas sûr que l'aspect "premier degré" du scénario, et son absence presque totale de recul par rapport au genre auquel il veut rendre hommage, ne soit pas un handicap auprès des fans habituels d'Hazanavicius.

Polisse de Maïwen
Sortie le 19/10
Cette plongée fascinante dans le quotidien d'une brigade de protection des mineurs aborde de façon quasi documentaire les crimes les plus graves (inceste, pédophilie, exploitation...), et donne un aperçu glaçant des réalités crues d'un pays à la dérive. Misère sociale et culturelle, perte de repères, injustice... Un instantané édifiant de la France en 2011.

Hors Satan De Bruno Dumont
Sortie le 19/10
Dérangeant et brutal, le cinéma de Bruno Dumont creuse film après film la question de l'humanité. Ce nouvel opus, âpre mais plus lumineux que d'ordinaire, observe avec distance et minimalisme la relation étrange qui lie une jeune fille et celui qui devient peu à peu son ange gardien. Non sans un certain humour, le cinéaste livre une parabole radicale parfaitement ancrée dans son époque.

Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
Sortie le 26/10
Pour leur deuxième long métrage (en compétition à Venise) réalisé en commun, Marjane Satapi et Vincent Paronnaud passent au cinéma "live", avec acteurs (entre autres Mathieu Amalric, Jamel Debbouze, Chiara Mastroianni...) et caméra, mais tout de même parsemé de séquences d'animation. Même si le propos est résolument moins politique que dans Persépolis, on est impatient de découvrir cette nouvelle évocation d'un Iran méconnu.

L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller
Sortie le 26/10
Dans la veine des films "politiques" sortis au premier semestre, L'exercice de l'état décortique les mécanismes du pouvoir, et son exercice rendu si difficile par le clientélisme. En ne s'inspirant ouvertement d'aucun personnage réel, Pierre Schoeller donne à son propos une portée universelle qui l'élève de la simple dénonciation à la réflexion de société. Et rend le parcours de ce ministre coincé entre ses ambitions et ses idéaux à la fois édifiant et passionnant. LE film politique de l'année.

Mon pire cauchemar d'Anne Fontaine
Sortie le 09/11
Anne Fontaine réunit un homme et une femme aussi opposés que les personnages de cinéma savent l'être. D'un côté Isabelle Huppert en bourgeoise à la tête d'une fondation d'art contemporain, de l'autre Benoît Poelvoorde en paumé alcoolique. On peut ajouter André Dussollier et Virginie Efira au générique. Au-delà des stéréotypes, ces deux-là avaient peut-être une vraie raison de se rencontrer...

Toutes nos envies de Philippe Lioret
Sortie le 09/11/
Forcément, deux ans après Welcome, on attend beaucoup du retour au cinéma de Philippe Lioret. D'autant qu'après s'être intéressé à la situation des immigrés clandestins, et aux poursuites pénales contre ceux qui les aident, le réalisateur se tourne cette fois vers le drame du surendettement. S'inspirant librement du roman d'Emmanuel Carrère D'autres vies que la mienne, il semble une fois encore toucher du doigt un sujet violemment d'actualité.

L'Ordre et la morale de Mathieu Kassovitz
Sortie le 16/11
Pour son retour derrière la caméra, Mathieu Kassovitz s'empare du drame d'Ouvéa. On est en 1988, en Nouvelle Calédonie, et à quelque semaines de l'élection présidentielle, un groupe d'indépendantistes kanak prend en otage 30 gendarmes. Entre documentaire politique et film de guerre, Kasso, en grande forme, sans doute très inspiré, réalise un film où l'humanisme est broyé par un système : les sauvages ne sont pas ceux que l'on croit.

Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian
Sortie le 16/11
Nouveau conte social pour Robert Guédiguian, qui fait un bilan des consciences et des idéaux sociaux de sa jeunesse. Si le ton est désenchanté (le combat n'est pas près d'être fini), il reste malgré tout une étincelle d'optimisme qui réaffirme la solidarité et l'entraide comme valeurs inconditionnelles et non négociables. Un film qui préfigure certains débats à l'élection présidentielle, avec sa touche de poésie romanesque qui en fait son film le plus intéressant depuis des lustres.

Les Adoptés de Mélanie Laurent
Sortie le 23/11
Après plusieurs courts métrages, Mélanie Laurent passe au long, avec cette histoire de femmes et de famille. Certains n'y verront qu'une raison de relancer la polémique stérile autour de "l'hyperactivité" de la jeune femme, très exposée depuis début 2011 (plusieurs films à l'affiche, un album de chanson, un rôle prestigieux de maîtresse de cérémonie à Cannes...), mais à Ecran Noir, on se réjouit surtout de découvrir l'univers personnel de l'une des comédiennes les plus passionnantes de sa génération. Il sera présenté en avant-première à Saint-Jean-de-Luz.

L'Art d'aimer d'Emmanuel Mouret
Sortie le 23/11
De film en film, on a appris à apprécier l'univers décalé, romanesque et léger d'Emmanuel Mouret, entre marivaudages et comédie romantique. Avec ce 6e long métrage au titre évocateur, il poursuit une oeuvre atypique qui se nourrit d'un humour burlesque et d'une rigueur formelle délicieusement surannée.

Le havre d'Aki Kaurismaki
Sortie le 21/12
Le cinéaste finlandais est venu tourner en France un film chaleureux, engagé et optimiste qui croque avec justesse les contradictions (universelles) de notre pays. Avec son style inimitable, très théâtral, il offre une leçon de solidarité en même temps qu'un savoureux moment de cinéma.

Trois outsiders dans les finalistes du prix Lux du parlement européen

Posté par vincy, le 26 juillet 2011

Aujourd'hui, à Rome, le parlement européen a fait connaître ses trois finalistes pour le prix LUX 2011. Les grands noms - Wenders, Ruiz, Moretti, Kaurismaki ... (voir les sélectionnés) - n'ont pas été retenus.

Les trois finalistes sont Attenberg de Athina Rachel Tsangari (Grèce), primé à Venise (meilleure actrice) et à Thessalonique (prix spécial du jury), Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian (France), sélectionné à Un certain regard à Cannes cette année et Play de Ruben Östlund (Suède, France, Danemark), sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année.

Les films sélectionnés seront diffusés lors des Journées des Auteurs de Venise du 31 août au 10 septembre 2011. Puis entre le 4 et 11 octobre 2011, les films en compétition seront projetés au Parlement européen et le vote des députés interviendra à l'issue de la projection.

Enfin, les 15 et 16 novembre 2011, le lauréat du Prix LUX 2011 sera annoncé lors d'une cérémonie officielle à Strasbourg.

Il succédera à L'étrangère (Autriche), Welcome (France), Le silence de Lorna (Belgique) et De l'autre côté (Allemagne).

Cannes 2011 : Qui est Anaïs Demoustier ?

Posté par MpM, le 15 mai 2011

Deux nominations aux César (meilleur espoir féminin en 2009 et 2011, battue respectivement par Déborah François et Leila Bekhti), le prix Romy Schneider il y a quelques semaines et maintenant un film en sélection à Cannes : ça y est, Anaïs Demoustier a pris son envol.

A même pas 24 ans, la jeune fille a pourtant déjà plus de dix ans de carrière derrière elle. Un premier film face à Michel Serrault en 2000 (Le monde de Marty), un rôle marquant face à Isabelle Huppert dans Le temps du loup (2003), des personnages secondaires dans plusieurs comédies (Le prix à payer, Hellphone), des apparitions à la télévision (P.J., Reporters...), elle tourne presque sans interruption pendant toute la décennie 2000.

Mais c'est dans Les grandes personnes d'Anna Novion (2008) qu'on la remarque vraiment. Mutine et rebelle, elle campe la fille adolescente d'un Jean-Pierre Darroussin surprotecteur et fait preuve d'un sens inné de la comédie. Instantanément, on retient son nom, son visage couvert de taches de rousseur, sa spontanéité naturelle.

Suit Sois sage de Juliette Garcias où elle incarne une jeune femme à la recherche de son amour perdu. Elle est aussi du casting en forme de portrait d'une génération de La belle personne de Christophe Honoré, aux côtés notamment de Grégoire Leprince-Ringuet et Léa Seydoux.

En 2010, elle retrouve cette dernière dans Belle Epine de Rebecca Zlotowski, mais c'est surtout dans D'amour et d'eau fraîche d’Isabelle Czajka qu'elle crève l'écran. Elle est Julie Bataille, une jeune fille surdiplômée qui est obligée d'accepter des petits boulots ingrats pour survivre. Une fois encore, elle brille par son naturel et sa vivacité, à la fois extrêmement mature et incroyablement fragile. Le César lui échappe une seconde fois (un peu injustement) mais cette fois c'est sûr, ce n'est que partie remise.

D'autant qu'Anaïs Demoustier semble n'avoir aucune envie de s'enfermer dans un style, ou un art. Depuis le début de l'année, elle est au théâtre dans Le problème de François Bégaudeau, mis en scène par Arnaud Meunier. Et à Cannes, donc, dans Les neiges du Kilimandjaro. L'occasion pour elle d'intégrer la "famille" Guédiguian et de revenir (par le grand escalier) dans ce festival qui l'a propulsée sur le devant de la scène. Tout ce qu'on peut lui souhaiter, c'est d'en repartir avec un prix d'interprétation sous le bras, enfin.