Alain Guiraudie et Noémie Lvovsky passent Noël en Auvergne

Posté par vincy, le 28 janvier 2020

Aujourd'hui commence le tournage de huit semaines du nouveau film d'Alain Guiraudie. Viens je t'emmène, produit par CG Cinéma (Charles Gillibert), a été coécrit par le réalisateur et Laurent Lunetta.

Côté casting, Noémie Lvovsky sera entourée de Jean-Charles Clichet (un fidèle de Christophe Honoré), Iliès Kadri (révélé par la série "Les sauvages"), Doria Tillier (La belle époque, Yves, Monsieur et Madame Adelman) et Renaud Reutten (actuellement à l'affiche d'Adoration).

"C’est la veille de Noël à Clermont-Ferrand. Médéric, un jeune homme d’une trentaine d’années, tombe follement amoureux d’Isadora, une prostituée qui tapine dans un hôtel du coin. Mais un attentat, survenu la nuit de leur rencontre, va plonger la ville dans un état de paranoïa collective et mettre en péril leur nouvel amour" explique le synopsis. "C'est un conte de Noël qui interroge avec une drôlerie et une incorrection jubilatoires le mythe du «vivre ensemble». Nous vivons une époque folle, complexe, inquiétante. Et la comédie est le meilleur ton que j’ai trouvé pour parler d’aujourd’hui. C’est une façon de rester positif mais aussi une façon d’évoquer nos peurs et nos fantasmes collectifs sous une forme ludique" détaille le réalisateur.

Les films du Losange, déjà distributeur des trois derniers films du cinéaste - Le roi de l'évasion, L'inconnu du lac et Rester vertical - se chargeront de la sortie en salles. Arte a annoncé son soutien à la production depuis septembre dernier. On imagine qu'il pourrait sortir à la fin de l'année.

Noémie Lvovsky sera à l'affiche cette année de La bonne épouse de Martin Provost et de Filles de joie de Frédéric Fonteyne.

Charlotte Gainsbourg chez Benoît Jacquot

Posté par vincy, le 18 janvier 2020

Charlotte Gainsbourg a terminé en fin d'année le court tournage de Suzanna Andler, le nouveau film de Benoît Jacquot. Il s'agit de l'adaptation d'une pièce de Marguerite Duras, écrite en 1968.

L'action de la pièce se situe dans les années 1960. Suzanna Andler a 40 ans. Elle se sent vieille, piégée dans un mariage aisé, et doit visiter une villa pour passer l'été avec son époux et ses enfants. Elle est venue là avec son amant. C'est la première fois qu'elle a un amant, Michel. Ce n'est pas de l'amour, a priori.

L'amant sera incarné par Niels Schneider.

Le tournage a eu lieu en décembre, avec un budget très modeste d'1,2 million d'euros. Les Films du Lendemain l'ont produit et Les Films du Losange le distribueront. On peut imaginer le film à Cannes, à la Quinzaine ou Un certain regard.

3 bonnes raisons de voir Lola vers la mer de Laurent Micheli

Posté par wyzman, le 11 décembre 2019

Deux ans après le très intelligent Even Lovers Get the Blues, Laurent Micheli s'intéresse à nouveau aux passions qui dévorent une jeunesse marginale. Après la peur de l'attachement, le réalisateur-scénariste belge propose une plongée consciencieuse dans l'enfer que représente le quotidien des femmes transgenres. Lola vers la mer est à voir de toute urgence. Voici pourquoi.

Une histoire simple. Jeune fille transgenre de 18 ans, Lola apprend qu'elle va pouvoir être opérée. Malheureusement, sa mère qui devait l'aider financièrement vient de décéder. Afin de respecter ses dernières volontés, Lola embarque donc dans un voyage vers les plages belges avec un père qu'elle n'a pas vu depuis deux ans. Mais au fil des kilomètres, le père et la fille réalisent qu'ils ne sont peut-être pas si différents l'un de l'autre... Pour camper ses deux personnages, Laurent Micheli s'est entouré d'acteurs taillés pour ces rôles. L'actrice elle-même transgenre Mya Bollaers rayonne et rend justice à des personnages trop souvent confiés à des acteurs.trices cisgenres et donc incapables de révéler toute la douleur vécue par ces individus. En face, Benoît Magimel est particulièrement convaincant. Confronté à sa propre virilité lorsqu'il comprend que son fils a toujours été une fille, l'acteur récemment à l'affiche d'Une fille facile de Rebecca Zlotowski  semble se bonifier avec le temps.

Un road-movie atypique. Si Lola vers la mer s'intéresse au regard que les personnes transgenres subissent, c'est bien la relation père-fille qui captive Laurent Micheli — autant que le spectateur. A la fois en colère et en plein deuil, le père de Lola ne parvient pas à comprendre les motivations de sa fille. Miroir adéquat des proches incapables de percevoir la douleur de ces individus, le road-trip du duo s'accompagne sans surprise d'une trajectoire intellectuelle voire spirituelle. Lionel a toujours été Lola mais Lola n'est pas Lionel. Et c'est cette antithèse que Philippe (Benoît Magimel) se refuse à appréhender. Au détour de passages tragi-comiques (le club de strip-tease, le seau de peinture, les klaxons d'automobilistes, etc.), Lola vers la mer délivre son lot de séquences nécessaires pour comprendre l'importance de la filiation dans l'acceptation des personnes transgenres tout en nous faisant rire.

Un film sur la différence. A l'inverse du Girl de Lukas Dhont, Lola vers la mer évite tout voyeurisme et ne fétichise pas le corps de son interprète principale. Il n'est pas ici question d'une personne en pleine transformation mais bien de la manière dont le reste du monde accepte ce changement — qui ne le regarde pourtant pas. Grâce à un style naturaliste qui n'est pas sans rappeler le documentaire et une bande-son intemporelle, Lola vers la mer évite également le jargon médical pour ne laisser qu'une seule impression, celle d'un film qui dépasse sa thématique. A quelques passages près, le film pourrait ainsi évoquer une adolescente révélant son homosexualité, une éventuelle grossesse ou un désir de tatouage. Bref, quelque chose de bien moins tabou à l'heure où nous écrivons ces lignes. Porté par une seule envie, celle de faire un film authentique, Laurent Micheli a même le temps de sublimer Bruxelles et la côte belge et d'offrir un nouveau rôle surprenant au beau Sami Outalbali. Un exploit !

Les deux prix Louis-Delluc pour Les films du Losange

Posté par vincy, le 9 décembre 2019

Jeanne de Bruno Dumont, mention spéciale Un certain regard au dernier festival de Cannes, a été sacré par le Prix Louis-Delluc 2019 comme meilleur film français de l'année. Souvent sélectionné, jamais récompensé, le cinéaste se voit enfin récompensé, face à Ozon, Lapid, Desplechin ou encore Téchiné.

"Bruno Dumont a su mettre en images un magnifique texte de (Charles) Péguy. Il était déjà un grand cinéaste. Il entre cette fois-ci dans la famille du Delluc", a souligné Gilles Jacob, président du jury, quand il a annoncé le prix au restaurant Fouquet's à Paris. Le film s'inspire directement du triptyque de 1897 de Charles Péguy.

Le film, la suite de Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc (2017), se déroule en 1429 tandis que La Guerre de Cent Ans fait rage. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite. Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais. S’ouvre alors son procès à Rouen, mené par Pierre Cauchon qui cherche à lui ôter toute crédibilité. Fidèle à sa mission et refusant de reconnaître les accusations de sorcellerie diligentées contre elle, Jeanne est condamnée au bûcher pour hérésie.

"S'appuyant sur les textes de Charles Péguy, le réalisateur propose un film plus posé que le précédent, moins baroque dans sa tonalité, et surtout moins musical. Jeanne n’y est plus dans le doute de l’action, mais dans la certitude du devoir et de la foi, opposant à ses juges et bourreaux une assurance candide dont la seule force donne peur à ses interlocuteurs" écrivait-on après sa projection cannoise. "Revenu à l’épure qu’on lui connait, pour ne pas dire à une forme de cinéma austère et presque conceptuel, Bruno Dumont transpose l’Histoire avec un grand H et les écrits de Péguy dans un décor tantôt dépouillé, tantôt monumental, qui ne sont qu’écrins symboliques aux joutes oratoires qui s’y déroulent."

Jeanne est deux fois nommé aux prix Lumières, pour sa musique (Christophe) et pour la révélation féminine (Lise leplat Prudhomme). Le film avait attiré 40000 spectateurs lors de sa sortie en septembre.

Le Louis-Delluc du premier film a été décerné à Vif-argent de Stéphane Batut. Il est également nommé aux prix Lumières dans la catégorie révélation masculine pour Thimotée Robart.

Les deux films sont distribués par les films du Losange.

Alain Cavalier, prix Jean Vigo d’honneur

Posté par vincy, le 14 juin 2019

Alain Cavalier, "Filmeur libre, que l'étrange voyage loin des studios a mené au plus près de l'humain", a reçu le Prix Jean Vigo d'honneur.

Les Prix Jean Vigo 2019 ont été remis le 12 juin au Centre Pompidou par Laetitia Dosch.

Assistant de Louis Malle sur Ascenseur pour l'échafaud et Les Amants, Alain Cavaliera tourné son premier court-métrage, Un Américain, en 1958. Une trentaine de films plus tard - Le Combat dans l'île, avec Romy Schneider, L'Insoumis , avec Alain Delon, La Chamade, avec Catherine Deneuve et Michel Piccoli, Un Etrange Voyage (Prix Louis-Delluc en 1981), Thérèse (1986, Prix du jury au Festival de Cannes, six César dont celui des meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario) - il s'aventure dans un cinéma plus personnel avec Le Filmeur, Pater avec Vincent Lindon, ou le récent Être vivant et le savoir, actuellement en salles.

Le Prix Jean Vigo du long métrage a été attribué à Stéphane Batut pour Vif-argent, que Les film du Losange distribuera le 28 août. Présenté à l'Acid à Cannes, il sera projeté cette semaine à Paris au Champs-Elysées Film festival. Le film a été récompensé "Pour son audace poétique, son romantisme intemporel, sa croyance dans les pouvoirs du cinéma à transcender les frontières de la vie et de la mort".

Le film suit un jeune homme (Thimotée Robart) qui erre dans Paris à la recherche de personnes qu’il est seul à voir. Il recueille leur dernier souvenir avant de les faire passer dans l’autre monde. Un jour, une jeune femme (Judith Chemla) le reconnait. Elle est vivante, lui est un fantôme. Comment pourront-ils s’aimer, saisir cette deuxième chance ?

Le Prix Jean Vigo du court métrage a distingué Claude Schmitz pour Braquer Poitiers (59 minutes), coproduit avec Le Fresnoy. Le film sera aussi présenté cette semaine à Paris au Champs-Elysées Film festival.

Primé "Pour sa façon d'allier humour insolite et élégance formelle, esprit surréaliste et lumière impressionniste", le film sui deux pieds nickelés qui prennent en otage un propriétaire d’un service de carwash, source de quelques poignées d’euro quotidiennes. Contre toute attente, celui-ci se montre ravi de cette compagnie qui s'impose à lui, venant égayer sa vie solitaire.

Créés en 1951, les Prix Jean Vigo distinguent "l’indépendance d’esprit, la qualité et l'originalité des cinéastes de court et long métrages" et notamment un "auteur d'avenir". C'est un prix d'encouragement et de confiance.

Le jury 2019 était composé de Agathe Bonitzer, Leïla Férault, Sophie Fillières, Charlotte Garson, Véronique Godard, Alain Keit, Jacques Kermabon, Quentin Mével, Nicolas Sand, Marcos Uzal et Gérard Vaugeois. Il a visionné les films français datant de juillet 2018 à mai 2019.

Les trois prix de France Culture pour Margaret Menegoz, Laszlo Nemes et Jean-Paul Civeyrac

Posté par vincy, le 22 mai 2019

France Culture a remis ses trois prix annuels dimanche à Cannes.

Margaret Menegoz a été désignée comme lauréate du Prix France Culture Consécration pour l’ensemble de son œuvre. La productrice et gérante des Films du Losange, crées en 1962, avait rejoint la société en 1975.

Elle a produit plus de 80 films, dont 4 sélectionnés cette année à Cannes. Au cours de sa carrière, elle s'est souvent investie pour sa profession: Présidente de la Commission d’agrément du CNC de 1994 à 2003, Présidente d’Unifrance de 2003 à 2009, Membre du conseil d’administration de l’UPC (Union des Producteurs de Cinéma), Membre de l’Académie Franco-Allemande du Cinéma, Membre du conseil d’administration de l’Association Franco-Allemande du Cinéma, Membre de l’European Film Academy, Membre de l’Académie des Oscars, Membre de l’Académie des BAFTA, Membre du Conseil d’Administration des César.

László Nemes a reçu le Prix France Culture Cinéma des Etudiants pour son film Sunset, présenté à Venise en septembre dernier. L'ancien assistant de Béla Tarr (L’homme de Londres), avait fait sensation sur la Croisette avec son premier long métrage, Le Fils de Saul, (Grand prix au Festival de Cannes de 2015, le Golden globe et l’Oscar pour le meilleur film étranger). Il était face à Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret, Les Estivants de Valeria Bruni-Tedeschi, Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares de Radu Jude et On ment toujours à ceux qu’on aime de Sandrine Dumas.

Enfin, Jean-Paul Civeyrac a été distingué par le Prix International Students Award UniFrance / France Culture pour son film Mes provinciales. Cinéaste, écrivain, collaborateur à Arte pour l’émission Blow Up, ancien directeur du département réalisation de la Fémis, il a bénéficié d'une rétrospective l'an dernier à la Cinémathèque française. Il a déjà reçu le grand prix du Festival Entrevues à Belfort pour Fantômes et le prix Jean-Vigo pour Toutes ces belles promesses.

La sélection 2019 comprenait aussi Le grand bal de Laetitia Carton, Mutafukaz de Shoujirou Nishimi et Guillaume Renard, Roulez jeunesse de Julien Guetta et La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher.

Jean-Claude Brisseau (1944-2019) part sans bruit ni fureur

Posté par vincy, le 11 mai 2019

Le cinéaste Jean-Claude Brisseau est décédé samedi à Paris à l'âge de 74 ans, a appris l'AFP par son entourage.

Le réalisateur et scénariste est décédé dans un hôpital des suites d'une longue maladie. Sa filmographie est marquée par trois films: De bruit et de fureur (1988), prix spécial de la jeunesse au Festival de Cannes et prix Perspectives du cinéma français, Noces Blanches (1989) qui révéla l'actrice Vanessa Paradis (qui empocha un césar l'année suivante) et La Fille de nulle part (2012), Léopard d'or au festival de Locarno.

Sa filmographie s'étend sur 40 ans, depuis son premier long en 1976, La croisée des chemins, qui pose une partie des bases d'un cinéma sulfureux où il scrute une jeune fille rebelle partagée entre le désir et la mort. Avec Un jeu brutal, il croise le chemin de Bruno Cremer, qu'il enrôle pour être un biologiste meurtrier. Crémer sera le truand de De bruit et de fureur, l'un des premiers films sur la banlieue, où la dureté et la violence quotidienne croise le rêve naturaliste d'un adolescent dans un environnement de solitude et d'exclusion. Une série de déflagrations qui achève le film dans une tragédie désespérée.

Noce blanche est une confrontation presque sage entre un Cremer prédateur et une Paradis pas vraiment innocente en jeune fille ex-prostituée et toxico, amoureuse de son professeur de philosophie. Derrière son émancipation, et leur histoire d'amour, il y a le vertige des deux à plonger dans un monde inconnu. Dans une interview accordée aujourd'hui au journal Le Monde, Vanessa Paradis évoque un réalisateur très grand, très autoritaire, avec une voix grave.

Il était réputé difficile. Pas vraiment le genre à attirer la sympathie. Mais ce révolté passionné et avide de liberté, avec le soutien des Films du Losange, a pu bâtir une œuvre singulière dans le cinéma français et relativement hétérogène. Avec Céline, portrait d'une jeune femme paumée versant dans le surnaturel, L'ange noir, seul grand rôle de cinéma pour Sylvie Vartan, accompagnée de Michel Piccoli, Tchéky Karyo et Philippe Torreton, dans une sordide manipulation criminelle, ou encore Les savates du bon Dieu, film romantique autour d'une quête amoureuse, à travers une errance et des braquage.

C'est loin d'être parfait. Mais il y a l'influence des grands cinéastes américains - dont John Ford qu'il admirait - qui planent à chaque fois. A partir des années 2000, la difficulté de trouver des vedettes de premier rang ou des noms connus ont compliqué le montage de ses films. Il poursuit sa voie sur le portrait de jeunes femmes marginales, dans des milieux précaires, avec la séduction, la cruauté et la mort qui s'entremêlent: Choses secrètes, A l'aventure, ou son dernier film Que le Diable nous emporte, son ultime film (2018), vaudeville plus mature où la violence masculine et la méditation sont autant d'obstacles ou de leviers vers le bonheur compliqué par le jeu des sentiments.

Jusqu'à cette mise en abyme ratée dans Les anges exterminateurs, inspiré de son propre livre et présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, où il confie ses méthodes particulières de travail, sa manière de sélectionner ses actrices et finalement, comment il s'est retrouvé condamné en justice pour harcèlement et agression sexuelle sur des actrices à qui il avait fait passer des auditions.

Il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Paris en 2005 pour harcèlement sexuel à un an de prison avec sursis et à 15 000 euros d'amende pour harcèlement sexuel sur deux actrices lors d'auditions pour son film Choses secrètes. En décembre 2006, il est condamné en appel pour agression sexuelle sur une troisième actrice.

Suite à cela, le mouvement #metoo, qui jugeait toute célébration de son œuvre insupportable, avait contraint la Cinémathèque, qui avait essayé de défendre l'artiste en oubliant que l'homme avait été condamné, à annuler fin 2017 la rétrospective qu'elle devait lui consacrer.

Pas étonnant que son film le plus sincère, sacré à Locarno, La fille de nulle part, soit aussi son film miroir. Il y joue le rôle masculin principal, Michel un professeur de mathématique veuf et à la retraite qui vit cloîtré dans son appartement parisien. Sa vie monacale est bouleversée par l'arrivée d'une jeune femme agressée. Se noue une complicité et une entraide, troublée une fois de plus par d'étranges manifestations paranormales. Tout son cinéma est condensé là: la détresse des femmes, la violence de la société, l'amour comme seul rempart, loin des jugements et de la morale.

"C’est précisément l’esprit archaïque du cinéma des origines que convoque le réalisateur dans son propre appartement, où il a tourné avec un caméscope et une poussette (pour les travellings). Impression unique de voir un hybride entre le prosaïsme délicat et articulé d’Éric Rohmer (tendance Lumière) et les noires féeries de John Carpenter (tendance Méliès). Le dispositif paraît évidemment rudimentaire, voire bredouillant, mais cela en fait le charme gracile et discret" pouvait-on lire dans L'Humanité.

Sans doute filmait-il son propre fantôme, lui si mystique. Sans doute son cinéma a-t-il été mal compris à cause de ses agissements et de ses méthodes qui déforment les jugements. Car si on y regarde bien, il sublimait souvent ses actrices, et dénonçait tout aussi souvent la brutalité masculine. Homme d'une autre époque, cela n'excuse pas tout. Il vitupérait le féminisme castrateur d'hommes hétérosexuels et le climat de censure de l'époque. Mais il regrettait surtout de ne plus pouvoir tourner avec les vedettes qui l'intéressaient. Il s'inquiétait de ne plus pouvoir filmer. Il était déphasé.

Dans une de ces dernières interview, à Paris-Match, il expliquait: "Je suis trop émotif (...)  Je vous avoue que l’opinion que les gens de cinéma peuvent avoir de moi me laisse indifférent. Là où je suis triste, c’est pour mes anciens élèves. Avant, quand je les rencontrais dans la rue, ils étaient fiers. Maintenant, j’ai l’image colportée d’un “super-violeur”. Mais quand j’ai eu un procès, je ne me suis pas défendu. J’ai eu tort". Ajoutant: "J’ai vécu des réactions de vengeance… Alors que la jouissance de la femme m’a toujours intéressé au cinéma et que je ne fais que creuser les mêmes thèmes."

Jean-Claude Brisseau, inexcusable, restera entaché par cette affaire (alors que d'autres bien plus vénérés s'en sont sortir indemnes). Mais le cinéaste, lui, aura produit quelques beaux films qui sondaient le mystère des femmes, le plus inexplicable à ses yeux.

La douleur aura le bonheur de représenter la France aux Oscars

Posté par vincy, le 21 septembre 2018

Ils étaient cinq en début de semaine. Il n'en reste qu'un, de manière claire et sans bavure. Face à un dilemme - une pré-sélection sans aucun favori, et chaque film avec ses forces et ses faiblesses - la commission chargée de désigner le candidat français à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère a choisi La douleur, d'Emmanuel Finkiel.

Cette adaptation du récit autobiographique éponyme de Marguerite Duras est sortie en janvier dernier, distribué par Les films du Losange. Il a séduit 330000 spectateurs. Aux Etats-Unis, distribué par Music Box (Monsieur Lazhar, Potiche, Frantz) depuis le 17 août, il a cumulé 82000$ de recettes, et n'a jamais dépassé les 11 copies.

Son seul concurrent était finalement Jusqu'à la garde, plusieurs fois primé à Miami, Palm Springs, San Sebastian et surtout Venise (Lion d'argent du meilleur réalisateur), avec 380000 entrées en France et 81000$ de recettes aux USA.

La douleur, avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel et Benjamin Bioley, avec sa facture historique et littéraire, l'a emporté, sans avoir reçu un seul prix dans un quelconque festival (il a fait son avant-première française à Angoulême et internationale à San Sebastian). La qualité du film est indéniable, mais il a face à lui Girl (Belgique), Les oiseaux de passage (Colombie), The Guilty (Danemark), Never Look Away (Allemagne), Sunset (Hongrie), The Cakemaker (Israël), Une affaire de famille (Japon), Roma (Mexico), Les héritières (Paraguay), Burning (Corée du sud), Border (Suède), Le poirier sauvage (Turquie), Donbass (Ukraine)...

Le dernier film en langue française à avoir remporté l'Oscar est Amour de Michael Haneke en 2013, 20 ans après Indochine de Régis Wargnier.

Bruno Dumont va tourner la suite de Jeannette

Posté par vincy, le 20 juillet 2018


Le 5 août, Bruno Dumont recevra un léopard d'honneur au Festival de Locarno. Il accompagnera également la projection de Coincoin et les z'inhumains, la première série dans l'histoire de la manifestation à être projetée sur la Piazza Grande.

Si Coincoin est la suite du P'tit Quinquin, la folle série diffusée sur Arte en 2014, le prochain film du cinéaste sera aussi une suite. Le Film Français annonce que Bruno Dumont démarrera le tournage de Jeanne, la suite de Jeannette, l'enfance de Jeanne d'arc, le 6 août. Le drame musical est toujours inspiré de l'œuvre de Charles Peggy et Lise Leplat Prudhomme reprend le rôle de "la Pucelle d'Orléans". Cette fois-ci, on retrouve l'héroïne au début de l'année 1429, en pleine Guerre de Cent ans. Elle a délivré la ville d'Orléans. Guerrière qui dérange, elle est faite prisonnière avant d'être livrée aux Anglais, qui vont la conduire au bûcher après son procès.

Le budget est modeste (1,2M€). Les films du Losange distribueront le film l'an prochain alors que Memento avait assuré la distribution du premier opus (qui a été nommé l'an dernier au Prix Louis-Delluc).

Juliette Binoche rejoint Maya, le prochain film de Mia Hansen-Love

Posté par vincy, le 29 novembre 2016

juliette binocheMaya sera le prochain long métrage de Mia Hansen-Løve. Ours d'argent de la meilleure réalisatrice à Berlin et nommée au Prix Louis-Delluc pour L'avenir, la cinéaste a prévu le tournage de son prochain film en septembre 2017, en Inde, au Liban et en France. Elle retrouve pour l'occasion Les Films Pelléas, coproducteurs avec Razor Films (Allemagne) et Arte France Cinéma. Les Films Pelléas avait produit trois de ses longs métrages: Tout est pardonné, Le père de mes enfants et Un amour de jeunesse (en 2011). Maya sera distribué par Les films du Losange.

Au casting on retrouve Roman Kolinka, 30 ans, fils de Richard Kolinka et Marie Trinignant, que l'on a vu dans les deux derniers films de la réalisatrice, Eden et L'avenir, le réalisateur Cédric Kahn, récemment vu à l'écran dans L'économie du couple et Un homme à la hauteur et la jeune indienne Aarshi Banerhee. Juliette Binoche a été confirmée au générique aujourd'hui.

Le scénario de Maya suit un reporter de guerre d'une trentaine d'années, Gabriel, ancien otage français revenu de Syrie et parti pour l’Inde après cette expérience traumatique. Il est en route pour la hippie et touristique ville de Goa, où il a passé son enfance.