Pourquoi il ne faut pas rater Les contes merveilleux par Ray Harryhausen

Posté par MpM, le 28 novembre 2018

Ray Harryhausen est célèbre dans le monde entier pour ses effets spéciaux impressionnants dans des films comme Le monstre des temps perdus d'Eugène Lourié (1953), Le 7e voyage de Sinbad de Nathan Juran (1958) ou encore Le choc des titans de Desmond Davis (1981). Sa technique, consistant à animer image par image les créatures fantastiques et à les projeter ensuite dans les prises de vue réelle, a inspiré des réalisateurs tels que Steven Spielberg, James Cameron, Guillermo del Toro ou encore Tim Burton, ainsi que de nombreux spécialistes des effets spéciaux.

Phil Tippett a notamment repris et amélioré le système mis au point par Harryhausen dans la première trilogie de Star Wars. De nombreux films rendent également hommage aux créatures inventées par l'animateur dans les années 50, tels que les dinosaures de Jurassic Park ou les squelettes de Pirates des caraïbes, et surtout le monstre le plus célèbre du cinéma japonais, Godzilla, sorti un an après Le monstre des temps perdus qui racontait déjà l'arrivée d'un dinosaure marin dans une ville côtière, et dont la Toho s'est très largement inspirée.

A la fin des années 40, puis au début des années 50, Ray Harryhausen réalise plusieurs courts métrages en alternance avec son travail pour Monsieur Joe et Le monstre des temps perdus. Il s'attache au format du conte, entièrement réalisé en stop-motion, avec des marionnettes articulées, et développe ses propres techniques d'animation et de mise en scène. Cinq films, qui étaient jusque-là inédits en France, sortent enfin sur grand écran grâce à un partenariat entre Carlotta Films et la fondation Ray & Diana Harryhausen : Le Petit chaperon rouge (1949), Hansel et Gretel (1951), Raiponce (1951), Le Roi Midas (1953) et Le Lièvre et la tortue (commencé par Harryhausen en 1952 et achevé par Mark Caballero et Seamous Walsh en 2002, sous la houlette du maître).

Ces contes enfantins recèlent déjà toute la prouesse de Harryhausen à donner vie aux objets et aux êtres inanimés : l'affolement de la grand-mère du Petit chaperon rouge est communicatif, on croit percevoir les efforts de la tortue à chaque pas (Le Lièvre et la tortue), et l'amour rayonne littéralement du couple de Raiponce tandis que la terreur d'Hansel et Gretel est presque palpable.

Le cinéaste, qui aimait improviser en animant, choisit de recourir à une voix-off, plutôt qu'à des dialogues, ce qui a tendance à figer légèrement les récits, tout en restant fidèle à la forme originelle de ces fables faites pour être racontées. C'est d'ailleurs parfaitement adapté à un très jeune public qui a besoin d'être pris par la main, quitte à ce que le texte soit parfois légèrement redondant avec l'image.

Pourtant, ce qui séduit évidemment le plus à la vision de ces contes, ce sont les mouvements de caméra (eux-aussi réalisés image par image) qui apportent un énorme dynamisme à chaque film. Harryhausen affectionne tout particulièrement les effets de "zoom" et de "dezoom", ainsi que le jeu des accélérations et des ralentissements. Il varie ainsi sans cesse les niveaux de plans, créant par ces simples mouvements une attente, et un suspense supplémentaires. On est également subjugué par les effets de transformation des objets en or dans Le Roi Midas, ou par l'apparition soudaine de la maison de pain d'épices dans Hansel et Gretel. Autant d'éléments qui témoignent déjà de la virtuosité et de l'ingéniosité de Harryhausen.

Enfin, quelques clins d’œil parsemés ici et là devraient faire le bonheur des adultes qui auront la riche idée de découvrir ce programme (avec ou sans enfants), comme l'apparition soudaine du personnage de Nosferatu (on ne vous dira pas quand) ou encore l'envolée (au sens propre) de ce prétentieux de lièvre à la fin du Lièvre et la tortue. Mais bien sûr, l'émotion est elle aussi au rendez-vous, car ce n'est pas tous les jours qu'on peut assister aux débuts d'un grand maître de l'animation et du cinéma en général.

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Les contes merveilleux de Ray Harryhausen
En salles à partir du 28 novembre