Endeuillés, les Chats persans sont condamnés au silence

Posté par cynthia, le 15 novembre 2013

les chats persansLes membres de The Yellow Dogs, icônes de la scène underground iranienne, devenus célèbres grâce au film Les Chats persans (prix spécial du jury Un certain regard à Cannes en 2009), viennent de vivre une tragédie sanglante qui feront taire à tout jamais leur musique.

Dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 novembre, le batteur, Arash Farazmand, 28 ans, et son frère, le guitariste Soroush, 27 ans, ont été tués par balles dans leur appartement de Brooklyn à New York, par un autre musicien iranien, Ali Rafie, souffrant probablement de troubles mentaux. Ali Eskandarian, 35 ans, compositeur et musicien irano-américain, vivant dans un appartement au-dessus du groupe, a aussi été tué. Le meurtrier s'est ensuite suicidé sur le toit de l'immeuble.

Exilé de leur Iran natal pour les États-Unis afin de vivre pleinement de leur art, le groupe jouait dans des bars new-yorkais et se produisait dans quelques festivals. Le porte-parole de la police de New York, John J. McCarthy, a confié au New York Times que le tireur avait été exclu en 2012 de son groupe de musique underground iranien, The Free Keys, exilé également aux États-Unis, pour avoir volé de l'argent et du matériel.  La chaîne BBC Persian ajoute que le meurtrier était devenu extrêmement "colérique" et "compulsif" depuis son arrivée aux États-Unis en 2011. Ce qui pourrait expliquer le geste macabre de ce dernier.

Les deux autres membres des Yellow Dogs, le bassiste Koory Mirz et le chanteur Siavash Karampour, ne se trouvaient pas sur place au moment de la tuerie. Sur la page Facebook du groupe, les deux hommes ont posté un bref message : "Merci pour vos prières et vos condoléances. Nous n'arrivons pas encore à croire à cette tragédie."

the yellow dogs

Les Chats persans en librairie

Posté par vincy, le 16 avril 2011

Le 28 avril, les éditions Florent Massot publieront le livre Les Chats persans, d'Ashkan Kooshanejad et Negar Shaghaghi. C'est la première fois que l'ouvrage est traduit à l'étranger. Les deux acteurs du film éponyme sont aussi les auteurs du livre. Ils reviennent sur leur enfance à Téhéran, leur rencontre et leur amour risqué de la musique en Iran, ainsi que leur exil à Londres.

Deux ans après avoir enthousiasmé le Festival de Cannes - le film était présenté à Un Certain regard  où il a remporté le prix spécial du jury - les membre du groupe The Yellow Dogs continuent de raconter leur histoire pour ne pas oublier que la répression et la censure sont toujours d'actualité en Iran.

Le 13 juin, passez une journée à Téhéran à la Cinémathèque

Posté par Claire Fayau, le 11 juin 2010

une journee a teheran cinematheque francaiseAvec Une journée à Téhéran, la Cinémathèque vous propose un voyage en Iran et plus précisément une journée à Téhéran. Le cinéma iranien, vivant et créatif, est souvent le reflet d'une actualité brûlante (voir nos articles sur les réalisateurs Panahi ou Ghobadi). Kiarostami, la famille  Makhmalbaf, sont des réalisateurs internationalement connus. Une nouvelle vague de réalisateurs commencent à se faire remarquer.

La Cinémathèque nous propose une sélection de douze films (parmi lesquels Persépolis, Les Chats Persans ou encore le tout récent Téhéran ...). Mais l'événement sera incontestablement la rencontre entre l'avocate  et prix Nobel de la paix Shirin Abadi et  le scénariste Jean-Claude  Carrière (qui fait une apparition dans Copie Conforme dAbbas Kiarostami).

Il ne faudra pas manquer la table ronde "le cinéma iranien aujourd'hui" en présence des réalisateurs Sou Abadi, Bahman Ghobadi, Nader T. Homayoun, Rafi Pitts et Marjane Satrapi.

Les enfants ne seront pas oubliés avec la projection du  film Le Miroir de Jafar Panahi, et des ateliers.

Un déjeuner persan sur l'herbe et des animations musicales sont aussi prévues.  Le 13 juin , ce sera  l'occasion de (re)découvrir des œuvres d'art et d'en savoir un peu plus sur la culture iranienne. Et de célébrer l'Iran qu'on aime, celui qui aspire à la liberté en qui résiste à son régime illuminé par l'art, les manifestations et la communication.

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Tout le programme sur le site de la Cinémathèque française

Cannes 2010 : Abbas Kiarostami revient en Iran pour son prochain film

Posté par vincy, le 19 mai 2010

Alors que Copie Conforme, son premier film tourné à l'étranger, a reçu un accueil mitigé à Cannes (certains l'adorent, d'autres beaucoup moins) et que le film a pris la tête des nouveautés aujourd'hui dans les salles parisiennes, le réalisateur iranien Abbas Kiarostami a annoncé qu'il reviendrait dans son pays pour son nouveau projet.  Père et Fils, titre provisoire, aura pour vedette Hamed Behdad (Les chats persans). S'il semble impossible de raconter son histoire, Kiarostami a juste signalé qu'il en avait eut l'idée il y a plusieurs années.

Proche-Orient : que peut le cinéma ?

Posté par MpM, le 3 décembre 2009

Proche-Orient : que peut le cinémaPlacer le cinéma au cœur d’une démarche d’information, de sensibilisation et de dialogue autour d’une question aussi sensible que celle du Proche Orient, tel est le défi lancé depuis 2003 par le festival biennal "Proche-Orient : que peut le cinéma ?" dont la 4e édition se tient jusqu’au 13 décembre prochain au cinéma les 3 Luxembourg (Paris 6e).

Au programme, 50 films inédits venus d’Israël, de Palestine, du Liban, d’Irak ou encore d’Iran et s’articulant autour de grands thèmes comme Gaza, les Etats-Unis et la guerre en Irak, la colonisation, ou les femmes au Proche-Orient. Chaque soir, un débat correspondant au thème du jour est par ailleurs proposé au public en partenariat avec le Monde diplomatique.

Dans la sélection (qui mêle courts et longs métrages, documentaires et fictions), on conseille vivement Les chats persans de Bahman Ghobadi, qui en s’intéressant aux nombreux musiciens underground de la ville de Téhéran, ausculte le malaise d’une jeunesse iranienne sur le point d’étouffer. Plusieurs documentaires retiennent également l’attention, à commencer par Gaza-Strophe, le jour d’après, réalisé à Gaza le lendemain du cessez-le-feu et Jesusalem the East side story, une somme de témoignages et d’images d’archives au sujet de la politique israélienne de confiscation de la terre et des biens des habitants de Jérusalem-Est.

En espérant qu’à l’issue de ces douze jours de rencontres et de partages, les festivaliers donnent un début de réponse à la question posée par la manifestation. Proche-Orient : que peut le cinéma ? Montrer que le dialogue est toujours possible.

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Festival "Proche-Orient : que peut le cinéma ?"
Du 2 au 13 décembre 2009
Cinéma Les 3 Luxembourg
Programme et informations sur le site du festival

Arras fait la part belle au cinéma engagé

Posté par MpM, le 12 novembre 2009

Les chats persansLes hasards de la programmation font parfois se télescoper plusieurs films qui, indépendamment de leur sujet ou de leur forme, partagent une sorte de parenté d'esprit, et finissent par se faire écho. Ainsi le festivalier arrageois était-il confronté mercredi à trois longs métrages mûs par un même désir de témoignage, voire d'engagement. Tout d'abord La révélation de Hans-Christian Schmid, sur les difficultés du tribunal pénal international de La Haye à juger les criminels de guerre de l'Ex-Yougoslavie. Puis The calling de Jan Dunn, qui suit le difficile parcours initiatique d'une jeune fille d'aujourd'hui décidée à entrer au couvent. Et enfin Les chats persans de Bahman Ghobadi, une exploration quasi documentaire du milieu musical underground de Téhéran.

A priori, trois intrigues très éloignées, et même trois styles différents : polar pour La révélation, comédie pour The calling, auto-fiction hyper-réaliste pour Les chats persans. Et pourtant, chacun à sa manière fait appel au pouvoir de dénonciation du cinéma, capable de décortiquer les mécanismes écœurants et absurdes de l'injustice ou de l'autoritarisme.  Hans-Christian Schmid s'attaque ainsi aux compromis d'un tribunal soumis aux intérêts politiques et montre comment les idéaux les plus nobles servent en réalité de caution morale bon marché à une poignée de dirigeants sans scrupule.

De son côté, Bahman Ghobadi ausculte le malaise d'une jeunesse iranienne sur le point d'étouffer. Les persécutions bureaucratiques sans fin (autorisation pour chanter, pour donner un concert, pour enregistrer un album...) tuent à petit feu ces artistes qui n'ont d'autre choix que le renoncement ou l'exil.

Quant à Jan Dunn, peut-être la plus légère des trois, elle relève avec un humour non dénué d'ironie les La révélationincohérences d'une Eglise buttée sur ses positions d'un autre âge. Son personnage principal est en effet confronté à l'incompréhension violente de son entourage comme au rejet et aux mesquineries d'une communauté religieuse terrorisée par la nouveauté. Elle aussi doit lutter envers et contre tout (le scénario ne lui épargne d'ailleurs pas grand chose, c'est là sa grande faiblesse) pour atteindre son idéal.

Les héroïnes des trois films ont ainsi en commun cette énergie qui les pousse à tout risquer pour atteindre le but qu'elles se sont fixé. Or ces buts ont beau être aussi différents que possibles (chanter, devenir religieuse, faire condamné un criminel), chacune d'entre elle se heurte de la même manière à un mur. Comme si dans nos sociétés modernes, il était juste impossible à un individu de suivre la voie qu'il s'est choisie , quelle qu'elle soit, dès lors qu'elle s'éloigne de la norme en vigueur (opportunisme politique, "normalité" sociale, création encadrée par l'Etat).

Alors bien sûr, il serait naïf de compter sur le seul cinéma pour faire évoluer les choses. Pourtant, si un film ne change pas le monde, il peut changer le regard que l'on porte sur ce monde. Et à partir de là, tout est possible.

R&sonn@nces

Posté par vincy, le 3 juillet 2009

Ce n’était pas dans la rubrique cinéma. Il s’agissait juste de la une de Courrier International. « Iran : Pourquoi la révolution n’a pas eu lieu (pas encore) ». Quel rapport avec le 7e Art ? Il faut revenir au festival de Cannes. Ouverture de la sélection Un certain regard par le film Les chats persans, de Bahman Ghobadi. Le film recevra un prix spécial par le jury.

Bahman Ghobadi, Caméra d’or en 2000 pour Un temps pour l’ivresse des chevaux, est un des cinéastes les plus représentatifs de la Nouvelle vague du cinéma iranien, celle qui délaisse les allégories poétiques pour privilégier un regard plus social et réaliste. Dans un entretien à Télérama, il s’explique sur ce style plus radical. « J’ai laissé de côté les considérations esthétiques, raconte Ghobadi. Il était temps de foncer et de montrer la société iranienne. Le cinéma iranien s’est trop affadi ces dernières années en essayant de composer avec la censure. On avait peur de faire des films. Les techniciens et les acteurs refusaient de tourner si on n’avait pas d’autorisation gouvernementale. Tout est contrôlé, alors que le pays bouge et que les sujets de films sont innombrables. C’est pour ça que dès qu’on m’a suggéré de faire un film sur les musiciens, je me suis lancé. Dans la clandestinité. »

Ghobadi, primé dans de nombreux festivals du monde entier avec ces cinq longs métrages, n’est pas le bienvenu dans son propre pays. Ses films ne sont pas autorisés par les autorités islamiques. Dans Les chats persans, il démontre, avec une scène qui fait rire jaune l’absurdité du discours des Censeurs.

Si le film, en tant qu’œuvre cinématographique, subit son scénario puzzle, il devient, en tant qu’œuvre politique, une fiction documentaire incontournable. Les récents événements en Iran montrent à quel point la tragédie des Chats persans résonne avec justesse. Dans ce film, la musique « underground », du punk au hip-hop en passant par le rock alternatif, est souvent interdite sous le seul prétexte que ces chants persans sont en anglais. Cette jeunesse iranienne, en écho à la jeunesse chinoise évoquée par Lou Ye dans son film sur la répression de Tian An Men, résiste déjà à sa manière : soirées, concerts, chansons… et l’exil quand tout devient insupportable, quand les séjours en prison se multiplient. A peine remis de a dépression nerveuse, Bahman Ghobadi vient lui-même d’être arrêté et incarcéré avant d’être libéré, tandis qu’il revenait, à ses risques, dans son pays (voir actualité du 11 juin).

Finalement le film de Ghobadi montrait déjà les raisons de la colère iranienne, les moyens de sa résistance (Internet, le bouche à oreille…), l’aspiration à s’exprimer librement comme objectif fondamentaliste. L’arrestation du réalisateur prouvait par la même occasion que le régime iranien ne supportait pas cette liberté de parole. Le résultat est évidemment l’inverse de ce qu’ils souhaitaient. Ces tyrans prouvent qu’il est légitime de se battre contre une tel dictat, qu’ils répriment aveuglément toute opposition.

 Les Occidentaux, pour un coût raisonnable, celui d’une place de cinéma, peuvent ainsi afficher leur solidarité en allant voir (et écouter) le mélancolique film de Ghobadi. En France, il faudra attendre le 23 décembre. Drôle de date, si lointaine alors que les événements sont si proches. Car, d’ici là, l’Iran aura peut-être versé beaucoup trop de sang. Ils découvriront un Iran moderne, jeune, musical mais, hélas, désenchanté.

Le cinéaste iranien Bahman Ghobadi arrêté, incarcéré puis libéré

Posté par vincy, le 11 juin 2009

ghobadi.jpgLe cinéaste iranien Bahman Ghobadi avait ouvert la sélection Un Certain Regard avec son film Les Chats persans. Le film raconte les absurdités d'un système répressif et le désir d'évasion de musiciens underground (et non autorisés) téhéranais. Il avait reçu deux prix, le prix spécial Un certain regard et le prix François Chalais.

Ghobadi a été arrêté pui incarcéré pendant une semaine à son retour en Iran. Il a finalement été libéré mardi 9 juin. Parti de Berlin pour le Kurdistan irakien le lundi 1er juin, le réalisateur, qui devait se rendre en Iran pour quelques jours, avait pris la route le mardi et n'avait depuis plus donné de nouvelles à ses proches. Bahman Ghobadi avait été arrêté à son entrée dans le pays par la police des frontières iranienne, qui l'a ensuite maintenu en détention pendant une semaine.

Grâce à une importante caution versée par son oncle et son avocat, il a pu être libéré. A cannes il avait prévenu : "si je rentre en Iran, je suis sûr qu'on ne m'autorisera plus à tourner. On on va me contrôler, on ne me laissera plus jamais faire un film underground comme celui-là". "J'ai 39 ans, j'ai besoin d'aller quelque part où je pourrai faire des films. C'est si dur, tout est sombre pour moi aujourd'hui", avait déclaré le récipiendaire de la Caméra d'or (Un temps pour l'ivresse des chevaux, 2000).

Ghobadi a co-écrit Les chats persans avec sa compagne, la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, accusée d'espionnage par Téhéran et condamnée à huit ans de prison avant d'être libérée elle-même lundi, après avoir vu sa peine ramenée à deux ans avec sursis. Espérée à Cannes, la jeune femme n'était finalement pas venue. Elle était emprisonnée depuis le 31 janvier.

Ils semblent décider à s'exiler. "Je suis triste, si triste, à propos de ma vie, mon travail, ma situation, je ne sais plus quel est mon pays. Je ne peux pas retourner en Iran, mais où vais-je aller ... en Grande-Bretagne ? aux Etats-Unis ?". Etrangement mélancolique, pour ne pas dire déprimé lors de son passage sur la Croisette, le cinéaste espère sans doute que les élections iraniennes, qui auront lieu demain, changent la donne et offre plus de liberté aux citoyens iraniens.

Les deux jeunes acteurs du film, Ashkan Koshanejad et Negar Shaghaghi, ont affirmé ne pas avoir non plus l'intention de rentrer en Iran. "90% du film est la réalité. Il y a un an et demi, j'ai été emprisonné pendant trois semaines pour avoir donné un concert de rock" a avoué Ashkan Koshanejad.

Tourné dans l'urgence en 17 jours, sans autorisation, Les chats persans devrait sortir début décembre en France.