Un pas en avant pour l’audiodescription

Posté par Morgane, le 12 décembre 2008

Mercredi 10 décembre, la charte de l’audiodescription a été paraphée dans une des salles du Cinéma des Cinéastes par des signataires tels que le CNPSAA (Comité Nationale pour la Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes), l’Association Valentin Haüy, En Aparté, Titra Film, Arte, TF1, France Télévisions, SRF, DIRE, SDI et UPF.

L’audiodescription ou comment rendre la culture accessible à tous. A l’occasion de cette conférence de presse, plusieurs orateurs sont intervenus afin de revenir sur « le moment historique » que représentait cette signature et sur l’audiodescription et son statut. Le maître-mot de ces interventions reste la volonté de rendre la culture, ici visuelle, accessible à tout un chacun. Alors, en quoi consiste ce procédé ? Coup de projecteur sur l’audiodescription.

L’audiodescription : Pourquoi ? Comment ? La question du « Pourquoi ? » trouve sa réponse dans le vœu d’universalité dont se réclame l’outil culturel incluant ainsi les personnes handicapées et ici, plus particulièrement, les personnes aveugles. L’audiodescription a alors pour but de leur donner accès aux images dont regorge aujourd’hui notre société, que ce soit à travers le cinéma, la télévision, le musée etc…

Le court métrage Anna d’Alejandro Gonzalez Inarritu, appartenant à l’œuvre collective Chacun son cinéma (réalisée à l’occasion du 60ème anniversaire du Festival de Cannes) dans lequel un homme « décrit » l’image à son amie aveugle dans une salle de cinéma en est un très bon exemple.

« L’audiodescription consiste à décrire les éléments visuels d’une œuvre cinématographique au public non voyant et malvoyant, pour lui donner les éléments essentiels à la compréhension de l’œuvre (décors, personnages, actions, gestuelle…). Le texte enregistré est calé entre les dialogues et les bruitages et mixé avec le son original de l’œuvre ». La présente charte a donc pour but de donner un cadre, principalement éthique, à l’audiodescription. Laure Morisset et Frédéric Gonant (comédiens et audiodescripteurs) en ont rappelé les points fondamentaux :

- Le choix des mots est essentiel tout comme le respect de l’œuvre.

- L’audiodescripteur se doit d’être objectif et ne doit pas chercher à imposer ses propres sentiments mais à les provoquer. Pour cela, il doit se livrer à une analyse rigoureuse de l’image et de la bande-son.

- L’audiodescripteur doit respecter l’auditeur avec une description qui soit en mesure de se faire oublier, de se fondre dans le film lui-même.

L’audiodescription : retour sur un développement français lent. La France est en effet en retard dans le domaine de l’audiodescription. Apparue aux Etats-Unis en 1975 grâce à Gregory Frazier, professeur à l’université de San Francisco, et à August Coppola (frère du célèbre Francis Ford), doyen de cette même université, l’audidescription a fait ses timides premiers pas dans l’Hexagone il y a de cela 20 ans. Alors que cette pratique est devenue courante en Angleterre, au Canada, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis et autres, la France a, elle, un wagon de retard que cette charte, on le souhaite, comblera.

Le procédé est présenté pour la première fois en France lors du festival de Cannes 1989 avec des extraits audiodécrits des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et des Enfants du Paradis de Marcel Carné. Le premier film entièrement audiodécrit par l’Association Valentin Haüy n’est autre qu’Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg, également en 1989. Concernant le théâtre, Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare est la première représentation audiodécrite, en 1990, au Théâtre National de Chaillot. Quant à la chaîne Arte, elle a été la première a diffusé des films en audiodescription à partir de 1999.

A ce jour, en France, environ 300 films sont audiodécrits. TF1, en septembre dernier, a proposé Les bronzés 3 dans ce format spécifique. La ville de Paris, régulièrement depuis 2004, propose au cinéma Arlequin et plus récemment au MK2 Quai de Seine, des films La môme, Un long dimanche de fiançailles, Paris, Comme une image, ou encore lors de sa sortie nationale, Entre les murs. Cette charte fera en sorte que ce nombre ne cesse d’augmenter et qu’à terme, l’audiodescription s’intègre à toutes les productions.

Christian Fechner s’éclipse (1944-2008)

Posté par MpM, le 26 novembre 2008

fechner.jpgLe producteur de cinéma Christian Fechner est décédé dans la nuit de mardi à mercredi des suites d’un cancer. Lui qui voulait "faire des films plus jolis que la vie" a fait rire et vibrer le public français pendant plus de trente ans, avec des succès comme L'aile ou la cuisse de Claude Zidi, Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, Marche à l’ombre de Michel Blanc, Chouchou de Merzak Allouache ou encore Les bronzés 3 de Patrice Leconte. Il avait également lancé ou conforté de nombreuses carrières, comme celles de Pierre Richard, Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo ou encore Claude Zidi et Patrice Leconte.

Malgré les 500 millions d’entrées que ses films avaient cumulés de par le monde, Christian Fechner avait bien compris que le cinéma n’est pas une science exacte. "L'important, c'est de fabriquer des films avec le maximum de sincérité. Il n'y a pas de recette. S'il y en avait, on serait formidablement riches !", disait-il par exemple. D’ailleurs, ses immenses succès publics ne l’avaient pas empêché de se tromper quelques fois, notamment sur Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax, un important échec commercial.

Comme ses films, sa carrière avait connu de nombreux rebondissements : tout d’abord producteur de disques (il a lancé Antoine et accompagné les Charlots pour leur passage au cinéma), puis de films, PDG de Gaumont studio, directeur de TV6, réalisateur (Justinien trouvé ou le Bâtard de Dieu) et même… magicien, puisque grand amateur de cette discipline, il avait été deux fois sacré champion du monde. Aujourd’hui, hélas, il a exécuté son plus mauvais tour.