Les années Jajacobbi : Cannes 1979

Posté par vincy, le 15 mai 2014

La belle année

L’une des plus belles années de Gilles Jacob, selon Gilles Jacob. Et, de facto, à y regarder de près, 1979 est en effet une année flamboyante pour le cinéma. Cannes ouvre avec Hair de Milos Forman, pour  clore une décennie folle et dissolue. Une ouverture musicale et jeune, dans l'air di temps.

Mais on reste impressionner par la liste des cinéastes qui se bousculent sur la Croisette, certains venus pour la première fois à Cannes, d'autres déjà récompensés: Claude Lelouch (A nous deux), Andrzej Wajda (Sans anesthésie), Dino Risi (Cher papa), Francesc Rosi (Eboli), Terence Malick (Les moissons du ciel, avec le jeune et beau Richard Gere), Luigi Comencini (Le grand embouteillage), André Téchiné (Les soeurs Brontë, même si Huppert et Adjani ne sont pas venues), Jacques Doillon (La drôlesse), Martin Ritt (Norma Rae, avec une formidable Sally field), Federico Fellini (Répétition d'orchestre), Alain Corneau (Série noire, avec un sublime Patrick Dewaere), James Bridges (Le syndrome chinois, film anti-nucléaire produit par Michael Douglas), James Ivory (The Europeans), John Huston (Le malin), Werner Herzog (Woyzeck)...

Sans oublier Woody Allen. Même si le réalisateur n'est pas venu, c'est à Cannes que Manhattan, l'un de ses plus grands films, sera montré au monde entier. Des minutes entières d’applaudissements devant un rideau tombé.

Et pour compléter l'anthologique année 1979, les deux Palmes d'or. Cette année-là ne pouvait pas se contenter d'une seule. Françoise Sagan, présidente du jury adore Le Tambour de Volker Schlondorff et défend ce film jusqu’au bout. Elle clame partout que Le Tambour est le seul vrai choix du jury. Elle se plaint de pressions exercées sur le jury pour l'autre film... Le Tambour partage donc la Palme d'or avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, qui devient ainsi le premier double palmé de l'histoire du Festival. Le film de Coppola est encore aujourd'hui la Palme d'or la plus populaire en nombre d'entrées dans le monde.

Le film de Coppola, venu en famille, était encore en montage. Il est présenté en l'état. Il devait être présenté hors-compétition mais le cinéaste exigea la compétition. C'est aujourd'hui un grand classique du cinéma. On en oublierait presque le tournage tumultueux, le financement périlleux, le montage interminable. La Palme d'or panse toutes les plaies.

Les années Jajacobbi : Cannes 1978

Posté par vincy, le 14 mai 2014

La révolution

Arrivé en 1976, nommé délégué général pour l'édition 1978, Gilles Jacob va révolutionner le Festival de Cannes dès sa première année. Il réduit la durée de la manifestation, créé des séances de minuit, compacte la compétition à une vingtaine de films, créé la Caméra d'or, qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues, et rationnalise les sections parallèles de la Sélection officielle : ainsi naît Un Certain Regard, qui regroupe Les Yeux Fertiles, L’Air du temps et Le Passé composé, afin de mieux lutter contre la Quinzaine des réalisateurs.

Il transforme aussi les jurys : désormais ce seront des personnes du cinéma qui jugeront la compétition.

Pour "son" premier Festival, Gilles Jacob a sélectionné de grands noms, mais pas seulement. Jules Dassin côtoie Rainer Werner Fassbonder, Peter Handke Paul Mazursky, Carlos Saura, Louis Malle... 1978 c'est l'année de Rêve de singe de Marco Ferrerri, L'empire de la Passion de Nagisa Oshima, La dernière valse, premier documentaire de Martin Scorsese, Ecce Bombo, deuxième long métrage d'un certain Nanni Moretti.

Les festivaliers ont partagé les souffrances de Jane Fonda dans Coming Home (Le retour) d'Hal Ashby, d'Isabelle Huppert dans Violette Nozière de Claude Chabrol, de Brad Davis dans Midnight Express d'Alan Parker. L'ambitieuse fresque d'Ariane Mnouchkine sur Molière deviendra trois ans plus tard un feuilleton épique de la télévision. Première grande tentative transmédia de l'histoire du cinéma français.

Mais la Palme d’or revient à un réalisateur discret, Ermanno Olmi, pour sa chronique de 5 familles dans une ferme lombarde au 19ème siècle. 15 ans après avoir présenté Les fiancés sur la Croisette, le cinéaste italien est sacré avec L'Arbre aux sabots, fiction aux allures de documentaire ethnologique.

La première Caméra d'or est décernée à Robert M. Young pour Alambrista.