Oscars 2013 : la version longue du scénario de Django Unchained bien meilleure?

Posté par kristofy, le 26 février 2013

django unchained script screenplay quanetin tarantinoDjango unchained a gagné deux trophées aux Oscars dimanche soir. Christoph Waltz a reçu une nouvelle fois celui du meilleur second rôle (après celui pour Inglourious Basterds) : ce choix de catégorie est en fait une volonté du producteur Harvey Weinstein puisqu'il avait peu de chances de gagner dans la catégorie du  meilleur acteur face aux favoris Daniel Day-Lewis et Joaquin Phoenix (il avait d’ailleurs fait la même chose pour The Artist avec Bérénice Béjo ou pour Le patient anglais avec Juliette Binoche). Et l'autre Oscar a été décerné à Quentin Tarantino, oublié dans la catégorie réalisateur, en tant que scénariste.

Cet Oscar du meilleur scénario récompense en réalité un script très amputé ! Le scénario original de Django unchained décrit de manière très précise une oeuvre qui devait durer environ 3h30 ; mais hors de question pour la production de découper le film en deux parties comme pour son Kill Bill… Quentin Tarantino a dû enlever plusieurs parties de son script pour raccourcir la durée du (déjà) long métrage... et l’histoire de Django unchained s’en est trouvée réduite.

A quoi devait ressembler le film Django unchained d’après son scénario ?

Le personnage de Broomhilda (Kerry Washington) peu présente dans le film (elle apparaît pour le dîner vers la fin), celle que Django aime, avait un rôle beaucoup plus important dans le scénario.

Dès le générique de début et avant même l’arrivée du Docteur Schultz, Django enchaîné dans la forêt aux autres esclaves avait un flashback qui montrait comment avait été vendue sa femme. Cette séparation sera ensuite le moteur de l’histoire. Il devait y avoir une séquence qui décrit ce marché aux esclaves où des hommes blancs acheteurs et des hommes blancs vendeurs fixent les prix pour les noirs comme pour des bêtes... Un autre marché d’esclaves était montré à Greenville-Missippi, un autre flashback montrait que Django avait été amené là par un train avec environ 150 autres noirs dont Broomhilda...

Un ‘chapitre’ entier raconte toute l’histoire de Broomhilda qui n’est pas dans le film, des personnages ont été supprimés comme celui de Scotty Harmony que devait jouer Jonah Hill (qui à la place aura un tout petit caméo situé ailleurs dans le film).

Dans ce chapitre, le film décrit la vente de la jeune femme : le vendeur expose ses seins, les marques de fouet dans son dos, et le ‘r’ de sa joue à une douzaine d’acheteurs (une humiliation qui devait être répétée durant le dîner). Elle est alors achetée par un certain Mike Harmony comme cadeau d’anniversaire pour son fils de 24 ans, Scotty Harmony, timide, qui va tomber amoureux de cette esclave noire… Il va ensuite l’emmener en week-end romantique là où des blancs se pavanent avec leur ‘nègre de compagnie’, au Cleopatra Club.

Dans le film on découvre ce lieu tenu par Calvin Candie (Leonardo Di Caprio) quand Schultz et Django arrivent chez lui. Dans le script, le Cleopatra Club et son propriétaire sont révélés bien avant. Calvin Candie se montre déjà un redoutable manipulateur. Il arrange une partie de cartes avec ce jeune Scotty, où, après l’avoir plumé, se jouera l’acte de propriété de l’esclave : Candie gagne, Harmony l’accuse d’avoir triché. Le vainqueur tue le perdant. C’est ainsi que Broomhilda va appartenir à Calvin Candie : il ira la chercher dans sa chambre à coups de ceinture. Elle tente alors de s’enfuir toute nue et, une fois dehors, tombe dans la boue : désormais elle est lui appartient.

Ces évènements se déroulent quatre mois avant que Django et Schultz apprennent le nom du propriétaire de Broomhilda.

django unchained screenplay scénario kerry wahsingtonUn scénario beaucoup plus violent et romantique

Toute cette partie du scénario absente du film avait en fait une grande importance : plusieurs scènes devaient montrer davantage les horreurs de l’esclavage et du racisme. L’utilisation du mot ‘nigger’ a fait polémique aux USA, mais Quentin Tarantino allait plus loin dans sa version originale du scénario avec notamment plusieurs lignes de dialogues encore plus cruelles ou l’image d’un enfant blanc d’environ 14 ans, avec un chien, qui conduit comme un berger un troupeau d’enfants noirs esclaves… De plus, Leonardo Di Caprio avait l’occasion de jouer un vrai grand rôle de méchant encore plus détestable que ce qu’il est dans le film. En perdant de vue ce personnage féminin majeur, Django Unchained donne beaucoup moins d’importance au caractère sacré de la promesse amoureuse d’aller la sauver (‘kill is love’ disait déjà Tarantino dans Kill Bill).

Ce n'était pas seulement la vengeance de l’esclave Django accompagné du chasseur de prime Schultz. Le scénario c’était aussi l’histoire de cette femme Broomhilda qui symbolise toutes les injustices et violences commises durant ces années d’esclavage.

Dans ce script, Broomhilda était plus un enjeu qui motivait la quête des deux hommes Django et Schultz, alors que dans le film elle est, peut-être, plus simplement la récompense de leur quête...

Oscar du meilleur scénario, le film Django unchained est devenu le plus grand succès de Quentin Tarantino. Le film a rapporté 380 millions de $ dans le monde. En France, il battu tous les films du réalisateur en nombre de spectateurs (3,7 millions d'entrées)

Naufrage final pour Gloria Stuart (1910-2010)

Posté par MpM, le 28 septembre 2010

Le public se souviendra d'elle en centenaire rescapée d'un naufrage dans Titanic de James Cameron. Ce rôle de Rose DeWitt Butaker se souvenant des décennies plus tard de la fulgurante histoire d'amour vécue à bord du paquebot funeste lui valut une nomination à l' Oscar du meilleur second rôle féminin. "J'ai tout de suite su que c'était le rôle que j'avais voulu jouer et que j'avais attendu toute ma vie", a-t-elle raconté dans une autobiographie publiée en 1999.

Pourtant la carrière de Gloria Stuart avait commencé bien des années auparavant, dans les studios hollywoodiens des années 30, notamment chez James Whale ou aux côtés de Lionel Barrymore et Shirley Temple. Elle s'était interrompue au cours des années 40, époque à laquelle l'actrice tenta de se consacrer à la peinture, et n'avait repris qu'au cours des années 70. Dernièrement,elle s'était poursuivie devant la caméra de Wim Wenders (The Million dollar hotel, Land of plenty).

Leonardo di Caprio a tenu à exprimer son émotion en apprenant le décès de sa partenaire de Titanic : "Gloria Stuart était une force à la fois sur et hors écran. Elle était une personne incroyablement douce, une actrice fantastique et quelqu'un qui a toujours lutté pour ce en quoi elle croyait. Elle était l'une des dernières grandes actrices de l'âge d'or d'Hollywood et ce fut pour moi un grand honneur de travailler à ses côtés. Elle nous manquera à tous." Et pour la plupart des spectateurs, elle restera à jamais la vieille dame digne du film de Cameron, bouleversée par les souvenirs du passé.

Hollywood, entre foi et pessimisme pour la fin de l’année

Posté par vincy, le 3 décembre 2008

curiouscase.jpgLa crise a atteint le moral des cadres de l’industrie cinématographique. Certains se rassurent avec les bons signes conjoncturels. Noël et le Jour de l’an tombent un jeudi, prolongeant ainsi le jour férié en grand week end de quatre jours. Le box office, pour le moment, et ce malgré un premier trimestre catastrophique et un début d’automne médiocre, atteint peu ou prou les mêmes niveaux que l’an dernier. Et Noël reste la période la plus prisée pour aller en salles. L’an dernier, le seul jour de Noël avait enregistré 63 millions de $ de recettes dans les caisses des cinémas. En 2006, le chiffre d’affaires avait été de 58,5 millions de $. La tendance est à la hausse.

Inflation de sorties
L’offre aussi d’ailleurs. De sept sorties majeures (nationales) en 2005, les distributeurs ont dû composer avec dix sorties majeures en 2007 et onze cette année. Auxquelles il faut ajouter des films art et essai.
Si bien que la saison débute désormais mi-décembre. A l’instar de l’été, qui commence dorénavant début mai, la multiplication des sorties a imposé aux studios un calendrier de plus en plus précoce. Les films ont à peine deux semaines pour faire 80/90 % de leurs recettes totales. En janvier, les films oscarisables prennent le dessus.
Cette année, Hollywood mise sur des stars (Will Smith, Jim Carrey, Meryl Streep, Adam Sandler, Keanu Reeves, Tom Cruise, Clint Eastwood, Leonardo di Caprio, Jennifer Aniston…), des films en tous genres (thrillers, comédies, science fiction, cartoon, drames, …) et paradoxalement aucune suite , contrairement à l'invasion de "sequels" en été.

Au total seize films ont une chance de tout gagner ou tout perdre. Parmi les plus exposés, des films ambitieux à très gros budgets comme Valkyrie (Brian Synger - Tom Cruise) et The Curious Case of Benjamin Button (David Fincher - Brad Pitt, photo). On regardera aussi de près ce que valent les cotes de Adam Sandler, Jim Carrey, Vince Vaughn et Jennifer Aniston dans le registre de la comédie, après, pour chacun, de gros passages à vide. Certains se neutraliseront peut-être. Il est certain que les films les plus ciblés auront plus de chance dans un contexte aussi concurrentiel que des films trop généralistes.
L’autre donnée qui concentrera tous les regards sera bien entendu la réception critique et publique de films comme Gran Torino, Doubt, Defiance, Revolution Road ou Australia, qui peuvent envisager des nominations aux Oscars et, par conséquent, une durée de vie plus longue en salles…

Récession économique
Hélas, il y a aussi le problème du contexte structurel qui rend tout le monde pessimiste : l’économie, avec sa récession, une chute brutale du pouvoir d’achat, une volonté instinctive d’épargner ses dollars… D’autant que les budgets de production ont augmenté. Mais surtout, avec autant de compétition dans les salles, les studios vont devoir surenchérir dans les dépenses marketing ; de quoi mettre en péril une rentabilité immédiate des films.
Cependant, le cinéma devrait être moins touché que les spectacles de Broadway - quatre (dont "Hairspray" de John Waters, "Kamelot" des Monthy Python et "Frankenstein Jr" de Mel Brooks) ont déjà annoncé qu’ils s’arrêtaient après les Fêtes, alors que "Shrek" vient de se lancer dans l’aventure de la comédie musicale cette semaine. Les ventes de DVD et de Blu-ray pourraient plonger au profit des jeux vidéos et des consoles. Des promos incroyables sont mises en place pour vendre des blockbusters comme Batman The Dark Knight et Kung Fu Panda. La musique et les livres connaissent aussi un fort déclin.
Si Noël soulagera les producteurs de cinéma et de comédies musicales, tout le monde s’accorde à dire que l’hiver devrait être atroce…