Adieu Bacri (1951-2021)

Posté par vincy, le 18 janvier 2021

bacri

Il avait le goût des autres. Un certain sens de la fête. Un air de famille. Il faisait partie dans l'inconscient collectif de nos meilleurs copains, ceux avec qui on aurait aimé passer l'été en pente douce. Jean-Pierre Bacri est mort des suites d'un cancer à l'âge de 69 ans. Et ça nous rend triste.

Pour beaucoup, il restera un peu ce grincheux permanent, ce loser à l'humour grinçant, ce charmeur aux répliques acides, celui qui jouait le drôle comme un drame. Durant près de 40 ans, il a été l'incarnation d'un Français "moyen" mais humaniste, humble mais flamboyant, sentimental et attachant. Il est révélé par Alexandre Arcady (Le grand pardon et Le Grand carnaval). Il éclate dans Coup de foudre de Diane Kurys. Il empoche sa première nomination aux Césars avec Subway de Luc Besson. Il peut être sombre dans la comédie et lumineux dans le noir. Il attirait le personnage à son tempérament, quitte à faire oublier toutes les subtilités de son jeu, beaucoup plus riche qu'en apparence.

Jaoui

Avant de devenir l'un des premiers rôles (et râleurs) les plus aimés du cinéma français, il avait débuté au théâtre avec Lorenzaccio, Ruy Blas, Don Juan (en Sganarelle) puis Ribes / Topor , Pinter et Brecht. C'est d'ailleurs la scène qui va le rendre incontournable. Observateur des mœurs, conscient des luttes sociales, engagé, il écrit ses premières pièces des ses débuts à la fin des années 1970. Mais c'est sa rencontre avec Agnès Jaoui, en 1987 sur le plateau de L'anniversaire, qui deviendra sa compagne durant un quart de siècle, et qui va sceller un destin d'écriture à quatre mains hors du commun. Elle-même l'a confié au Monde ce week-end: "Je ne serais pas arrivée là, bien sûr, si je n’avais pas rencontré Jean-Pierre Bacri. Voilà quelqu’un qui exprimait ce que je ressentais sans même me l’être formulé ; qui avait des réflexions qui me percutaient, me soulageaient, témoignaient de valeurs communes, d’un rapport au bien et au mal que je partageais, avec une conviction qui m’émerveillait car elle était si singulière !"

Les "Jabac" - surnom donné par Resnais - se lancent dans Cuisine et dépendances en 1991 puis Un air de famille en 1996, devenus des classiques sans cesse repris, en plus d'avoir été des succès populaires et cultes au cinéma. Il fera un dernier tour sur les planches avec Les Femmes savantes, mis en scène par Catherine Hiegel.  Il est couronné par un Molière du comédien, 25 ans après avec partagé celui de l'auteur avec sa compagne d'alors pour Cuisine et Dépendances.

Sur le grand écran, il passe par la sensibilité de L'été en pente douce, le délire des Saisons du plaisirs, la mélancolie de La Baule-Les-Pins, l'authenticité de Mes meilleurs copains... Il est un second-rôle idéal, celui qui met du relief aux dialogues et qui renvoi si bien la lumière sur l'ensemble du groupe. Populaire, il n'avait jamais transigé. Employé de banque, venu par hasard au théâtre, le méditerranéen était beau gosse (avec des cheveux) avant de se métamorphoser parisien plein d'esprit et dont les prises de paroles faisaient du bien. Il menait une vie peinarde. Discret, avec ses habitudes, sans trop de contraintes.

Chabat

Comme pour Jaoui, c'est l'adaptation de leur propre pièce, Cuisine et dépendances, qui révèle sa nature comme son don pour les personnages un brin cynique ou désillusionné. Un air de famille le rend alors populaire, sans qu'il ne fasse de compromis. Il enchaîne avec trois films très différents qui le positionne parmi les comédiens les plus bankables: Didier d'Alain Chabat, poussant vers l'humour absurde, On connaît la chanson d'Alain Resnais, déclinant son personnage d'angoissé, et Place Vendôme de Nicole Garcia, protecteur de Catherine Deneuve. Cette fois-ci, il est au premier plan, incisif, hilarant ou séducteur.  Avec Alain Chabat, c'est l'histoire d'une fidélité: projectionniste tué dans La Cité de la peur, invité de "Les Nuls l'émission" ou de "Burger Quiz", scénariste invité dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (en plus d'en être le narrateur), participation dans Santa & Cie...

Jean-Pierre Bacri tourne peu, mais sûrement. Il réfute les clichés et préfère chercher l'humanité, l'empathie, la profondeur d'un personnage, peu importe qu'il soit chef d'entreprise proche du burn-out, barman sifflotant un générique de jeu TV, proxénète, éditeur égocentrique, ou vendeur de brosses à dents. "Je ne joue pas toujours des personnages râleurs !" rappelait-il en 2015 l’AFP. Certes, il n'aimait pas l'irréel des héros, la triche du surjeu, le mensonge du bonheur total. Il préférait "traquer le vécu, la sobriété, la pudeur", même si le rôle est abject. C'était une gueule. On lui reprochait de toujours faire la gueule. A tort. Lançons un (Ba)cri du coeur, il souriait, riait même, et savait montrer sa générosité et sa chaleur. Car, on l'oublie, il aimait aimer. Ses personnages courait après l'amour, ceux fanés, inaccessibles ou maladroits. L'amour au centre de tout: se fichant d'être aimé, il faisait quand même tout pour que son personnage le plus antipathique ne soit pas détestable. "Je joue des gens qui ont des problèmes, placés face à des contradictions, c'est ce qui m'amuse le plus" précisait-il, préférant jouer "vraiment le contraire" de ce qu'il pensait être.

Lauriers

Il est évidemment formidable dans Le Goût des autres d'Agnès Jaoui, leur meilleure satire, mais il sait aussi transcender les scènes chez Noémie Lvovsky (Les sentiments) ou Pascal Bonitzer (Tout de suite maintenant) ou dans Une femme de ménage de Claude Berri. Pourtant, ce sont dans des films plus décalés qu'il brille et qui démontre son goût très sûr pour les bons scénarios, les grands personnages, souvent seuls dans des univers singuliers, et les cinéastes au ton si personnel (Adieu Gary de Nassim Amaouche, Kennedy et moi de l'ami Sam Kermann, La vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc...).

Choisir Bacri dans un film c'est lui donner une tonalité particulière, où l'on ne voit plus que ce faux misanthrope, ce bougon faussement détaché ou ce solitaire malgré lui. Et à chaque fois, aucune fausse note. Un naturel confondant au point de le confondre avec ses rôles. "Je fais en sorte qu'on ne voie pas les coutures, qu'on ait l'impression que je suis en train de vivre la situation. Je crois qu'un acteur doit avoir une certaine empathie pour les gens, pour les comprendre et donc pour les jouer, ressentir leurs émotions" disait-il dans Le Figaro il y a trois ans. Le sens de la fête en 2017, d'Olivier Nakache et Eric Toledano, représente à ce titre l'acmé de son jeu dans une troupe où il sait être à sa place: centrale mais collective. Ce sera la dernière de ses sept nominations aux César (celui-là, il le méritait pourtant), César qu'il aura eu en tant qu'acteur pour un second-rôle (1998) mais quatre fois comme scénariste avec Jaoui (en plus d'un prix du scénario à Cannes et deux European Awards).

On ne le dira jamais: auteur génial, il était aussi un grand acteur. Sans aucune nostalgie pour l'enfance, il s'était épanoui avec la maturité, comme un grand vin. Il avait conquis sa liberté, son indépendance. "Je ne veux plus des dimanches soir mortels d’ennui de mon enfance, des levers à l’aube pour aller travailler à l’école, au lycée, à la banque. J’ai trop vécu alors de petit spleen en petit spleen" clamait-il dans Télérama. Il lui restait de sa jeunesse "Une certaine futilité, un goût stupide de l’amusement, des plaisirs gamins... Une paresse de cancre aussi".

Dans l'hebdomadaire, il affirmait: "Je ne regrette aucun des films où j’ai joué, je n’en mythifie aucun non plus. Une vie d’acteur est nourrie de l’accumulation d’expériences, quelles qu’elles soient. Je ne sacralise pas ce métier." Nous, on aurait quand même bien envie de le sacriliser tant il a offert des barres de rire, de grands moments d'émotion et une vision de l'humain à contre-courant des comédies populaires et du diktat artificiel du bonheur imposé par la télévision. Il y avait quelque chose en nous de Bacri.

Les scénarios des comédies françaises en vacances prolongées

Posté par kristofy, le 10 juillet 2018

Hasard du calendrier, ce mercredi 11 juillet parmi les nouveautés dans les salles de cinéma, il y a ces deux comédies françaises Christ(off) et L’école est finie...
En fait ce n'est pas vraiment un hasard, les vacances d'été sont souvent propices aux comédies légères devant lesquelles on peut débrancher le cerveau. C'est d'ailleurs aussi un peu pareil durant la plupart des vacances scolaires, et parfois lors d'opération de billet à prix réduit (comme Le Printemps du cinéma en mars à 4 euros la place). La comédie est le genre de film le plus populaire en terme de tickets vendus. On l'a vu cette année avec Les Tuche 3 ou La Ch'tite Famille, leaders de l'année au dessus des 5 millions de spectateurs. Mais on a aussi noté que la plupart d'entre elles s'est ramassée, "sous-performant" largement, à l'instar des récents flops: Le doudou, Budapest, Tamara vol. 2, Les affamés, Comment tuer sa mère, ... Depuis le début de l'année, seuls cinq films français ont été "millionnaires", dont quatre comédies.

A propos de ces nouvelles comédies sur les écrans Christ(off) et L’école est finie : justement pour ce qui est originalité, ça n'est pas vraiment ça... Un coup d'œil sur l'affiche, la bande-annonce et le résumé du film et on sait que ça va être sans prise de tête, on voit déjà quel genre d'histoire ça va être. Un peu trop, comme une impression d'avoir déjà vu le film en fait. Cette paresse marketing et scénaristique peut explique la série de bides qu'a connu le cinéma français depuis depuis deux mois. Tendance qui ne s'inverse pas malgré La fête du cinéma ou les congés.

Malheureusement ce ne sont pas les seuls films où plusieurs pages du scénario ont été un peu photocopiées ailleurs. Voici un petit jeu des 7 différences :

1) Christ(off), sortie le 11 juillet : Le Père Marc souhaite récolter des fonds, avec son groupe de musique chrétienne il organise une tournée dans toute la France. A 33 ans, Christophe, chanteur raté mais guitariste de talent qui vit encore chez sa mère, croise le chemin du Père Marc qui le recrute. Condition sine qua non : Chris doit se faire passer pour un membre du clergé ! Planqué sous une soutane, au sein de son groupe d’Apôtres un long chemin de croix commence alors...
Des faux religieux qui chantent ? Oui, c'est bien la même histoire que Coexister (sorti en octobre 2017) où un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d'un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints…

2) L'école est finie, sortie le 11 juillet : Agathe Langlois, parisienne jusqu’au bout de ses ongles bien vernis vient d’être titularisée comme professeur d’anglais. Mais quand elle apprend qu’elle est mutée à des centaines de kilomètres de chez elle, en plein campagne, c’est la douche froide. Les pieds dans la boue, à Trouilly-sur-Selles, la bonne humeur d’Agathe va être mise à rude épreuve. Entre des collègues démotivés et des élèves plus que dissipés, cette première année d’enseignement va lui réserver bien des surprises…
La découverte des bouseux de la campagne ? Oui, c'est bien la même histoire que Bienvenue chez les Ch'tis (sorti en février 2008) où Philippe Abrams directeur de la poste de Salon-de-Provence est muté à Bergues, petite ville du Nord. Pour les Abrams le Nord c'est l'horreur, une région glacée, peuplée d'êtres rustres, éructant un langage incompréhensible, le "cheutimi". A sa grande surprise, il découvre un endroit charmant, une équipe chaleureuse, des gens accueillants, et se fait un ami...

3) Demi-Soeurs, sortie le 30 mai : Lauren tente de percer dans le milieu de la mode, Olivia veut sauver la confiserie de ses parents et Salma vit encore chez sa mère en banlieue. Leurs routes n’ont aucune raison de se croiser. Jusqu’au jour où, à la mort de leur père biologique qu’elles n’ont jamais connu, elles héritent ensemble d’un splendide appartement parisien. Pour ces trois sœurs qui n’ont rien en commun, la cohabitation va s’avérer pour le moins explosive…
Une nouvelle famille avec des inconnues ? Oui, c'est bien la même histoire que Les trois frères (sorti en décembre 1995) où le même jour, trois hommes découvrent qu'ils sont frères et héritent de 3 millions. Mais dix jours plus tard, l'héritage est détourné et la galère commence pour trois frères qui n'ont que faire d'être frères...

4) MILF, sortie le 2 mai : Trois amies d’enfance partent dans le Sud vider la maison de l’une d’entre elles, afin de la vendre. Pendant ces quelques jours, elles vont devenir les cibles privilégiées de trois jeunes garçons, pour qui ces femmes seules, approchant la quarantaine, sont bien plus séduisantes que les filles de leur âge… Cécile, Sonia et Elise découvrent avec bonheur, qu’elles sont des MILF !
Les femmes séduisent après 40 ans ? Oui, c'est presque la même histoire que Larguées (sorti juste avant le 13 avril) où Rose et Alice, deux sœurs très différentes, d’accord sur rien à part sur l’urgence de remonter le moral de Françoise, leur mère fraîchement larguée. La mission qu’elles se sont donnée est simple « sauver maman » et le cadre des opérations bien défini : un club de vacances sur l’Ile de la Réunion…

5) Place publique, sortie le 18 avril : Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd'hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...
Une soirée où tout le le monde se dispute comme des intouchables avant de se réconcilier ? Oui, c'est un peu pareil et avec le même acteur Jean-Pierre Bacri que Le sens de la fête (sorti le 4 octobre) autour de Max traiteur depuis trente ans un peu au bout du parcours. Là c'est un sublime mariage celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : serveurs, cuisiniers, photographe, orchestre, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie. Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos...

6) Taxi 5, sortie le 11 avril : Sylvain, super flic parisien et pilote d’exception, est muté contre son gré à la Police Municipale de Marseille. L’ex-commissaire Gibert, devenu Maire de la ville et au plus bas dans les sondages, va alors lui confier la mission de stopper le redoutable « Gang des Italiens », qui écume des bijouteries à l’aide de puissantes Ferrari. Mais pour y parvenir, Marot n’aura pas d’autre choix que de collaborer avec le petit Eddy, le pire chauffeur VTC de Marseille...
Alerte généraaaaaale, on passe la 5ème vitesse ? Oui, c'est bien la même histoire que Taxi (sorti en avril 1998), Taxi 5 est moins une suite qu'un remake en forme de reboot du Taxi originel : Daniel est un fou du volant, chauffeur de taxi il sait échapper aux radars. Il croise la route d'Emilien, policier recalé pour la huitième fois à son permis de conduire. Pour conserver son taxi, il accepte le marché que lui propose Emilien : l'aider à démanteler un gang de braqueurs de banques qui écume les succursales de la ville à bord de puissants véhicules... Taxi 5 ne cache pas reprendre certains gags des autres films de la saga et déçoit : les fans voulaient une suite avec un duo d'acteurs (un chauffeur et un policier) et pas une autre version appauvrie  (Franck Gastambide est lui à la fois le chauffeur et le policier), dommage.

7) Gaston Lagaffe, sortie le 4 avril : Gaston débarque en stage au Peticoin, avec ces inventions délirantes, il va changer le quotidien de ses collègues, mais avec le don d’énerver Prunelle son patron. Les gaffes à gogo pourront-elles éviter que le redoutable Monsieur de Mesmaeker rachète le Peticoin ? M’enfin ! La fille de l'auteur avait déploré « le scénario débile et le rythme des gags catastrophique »...
Faut-il vraiment exploiter une bande-dessinée de Franquin au cinéma ? Oui, c'est bien le même ratage que Les aventures de Spirou et Fantasio (sorti en février) où quand le Comte de Champignac inventeur excentrique est enlevé par les sbires de l’infâme Zorglub, nos deux héros se lancent aussitôt à sa recherche. En compagnie de Seccotine, journaliste rivale de Fantasio, et de Spip un petit écureuil espiègle, ils sont entrainés dans une poursuite où Spirou (qui n'est plus un héros positif mais devenu un pickpocket tête à claque) et Fantasio (qui aura une scène où il va manger du caca!) vont devoir faire équipe... Ces 2 films, Gaston Lagaffe tout comme ce Spirou et Fantasio, ont d'ailleurs été des échecs. Adapter une BD pourquoi pas, mais pourquoi la trahir ?

Vivement la rentrée de septembre!


Le duo Philippe Lacheau – Tarek Bouladi champion de la rentabilité en 2017

Posté par vincy, le 26 février 2018

philippe lacheau tarek boudali épouse-moi mon pote

Le duo Philippe Lacheau / Tarek Boudali remportent les médailles d'or et d'argent des films les plus rentables en salles en 2017 selon le calcul opéré par le Film Français. Alibi.com et Epouse-moi mon pote, tous deux distribués par StudioCanal, affichent ainsi une rentabilité de 157%, loin devant la médaille de bronze, Patients, réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir, qui se "contente" d'une rentabilité de 107%.

Ce trio de tête fait apparaitre quelques éléments intéressants: d'une part, les cinéastes sont issus d'une même génération, (les quatre sont nés entre 1977 et 1980). Deux de ces trois longs métrages sont des premiers films. Enfin, aucun des réalisateurs n'a été formé dans une école de cinéma: ils viennent de la télévision ou de la musique.

Au total, il y a 29 films qui affichent un quotient de plus de 25% de rentabilité, ce taux où l'on considère que l'amortissement d'un film est réalisé, mais qui ne permet pas de déterminer les gains réels des producteurs, selon les estimations du magazine de la profession. De plus, un film se rentabilise de multiples manières sur la longueur: , entrées internationales, vidéo à la demande, dvd/blu-ray, passages télévisés. Enfin, les trois ont bénéficié de budgets moyens (entre 4 et 8 millions d'euros).

Peu de grosses productions se distinguent dans ce classement: Le sens de la fête (8e, 68%), Raid Dingue, le film le plus cher de l'année hors productions Europacorp (13e, 44%), Au revoir là-haut (21e, 34%) et Sahara (25e, 30%) sont des exceptions. A l'autre bout du spectre, des films au devis supérieur à 10M€ se sont plantés: Happy End, D'après une histoire vraie, Mes trésors, Le redoutable, Stars 80 la suite, Zombillénium et Gangsterdam.

Parmi les petits budgets (inférieurs à 3M€), quelques uns ont raflé la mise : Mon garçon (6e, 70%), Corporate (19e, 37%), Jeune femme (22e, 32%), Pour le réconfort (27e, 29%), Un beau soleil intérieur (28e, 29%).

Côté distributeurs, enfin, certains démontrent un beau savoir-faire. Studiocanal classe 5 films dans les 29 premiers (en plus des deux premiers, , Ce qui nous lie, Sahara), Gaumont 4 (outre le 3e, Le sens de la fête, Au revoir là-haut, Marie-Francine), tout comme Diaphana (Mon garçon, La villa, Aurore, Corporate). Quelques distributeurs indépendants font aussi une belle opération comme Pyramide (Petit paysan, 10e), Memento (120 battements par minute, 11e, Sage-femme, 20e), Shellac (Jeune femme), UFO (Pour le réconfort), et Ad vitam (Un beau soleil intérieur).

César 2018: 120 battements par minute, des premiers films au top et un César du public

Posté par vincy, le 31 janvier 2018

La 43e cérémonie des César, qui aura lieu le 2 mars, a dévoilé finalement ses nominations ce mercredi 31 janvier. Sous le regard de Jeanne Moreau, avec Vanessa Paradis pour ouvrir le cinéma, Penélope Cruz en invitée d'honneur, et Manu Payet en maître de cérémonie, la prochaine cérémonie sera certainement l'occasion d'un sacre: celui de 120 battements par minute. Le film récolte 13 nominations, devant Au revoir là-haut (12), Le sens de la fête (10), Barbara et Petit paysan (8), Grave (6), Les gardiennes et Patients (4).

Mais signalons quand même la très belle place de la comédie cette année dans les nominations, qui, avouons-le, souligne aussi le manque de grands films du cinéma français cette année. Autre remarque; la présence de deux premiers films dans la catégorie suprême (Patients, Petit paysan), par ailleurs aussi nommés dans la catégorie meilleur premier film. Au moins, il y a de la fraîcheur dans l'air...

Dans la catégorie meilleur réalisateur, on notera d'ailleurs que la seule femme nommée est aussi l'auteure d'un premier film (qui plus est de genre). Rappelons que depuis un an, le César du meilleur réalisateur et le César du meilleur film ne peuvent pas revenir à la même œuvre.

On notera aussi que Laetitia Dosh, dont Jeune femme est le 8e film, n'est nommée qu'en espoir, tandis que Doria Tiller, dont c'est le premier film, a les honneurs de la catégorie actrice. De même L'échange des princesses, coproduction franco-belge, en français, adaptée d'un roman français, avec un casting essentiellement français, est retenu en film étranger. Question de règles.

Il y a aussi quelques oublis: Félicité d'Alain Gomis (pourtant à Grand prix du jury à Berlin), Emilie Dequenne (Chez nous), Sandrine Bonnaire (Prendre le large) et Céline Sallette (Corporate) côté actrices, Ava en premier film, Makala en documentaire, Moonlight, L'autre côté de l'espoir, Un homme intègre, Une femme fantastique ou encore You were never really here en film étranger, Guédiguian et sa Villa, Desplechin et ses Fantômes d'Israël et Bruno Dumont pour sa Jeannette complètement zappés, Jean-Louis Trintignant et Fantine Harduin pour Happy End, Les grands esprits et Ôtez-moi d'un doute (scénario)...

Côté distributeurs, Gaumont domine largement la fournée annuelle avec 36 nominations, devant Memento (14), Pathé (13), Pyramide (11), Studiocanal (8) e Wild Bunch (7).

Les César créent aussi à partir de cette année le César du public qui récompense le film ayant fait le plus d'entrées. Il sera remis au film français sorti en 2017 ayant réalisé le plus d'entrées (jusqu'au 27 février 2018). Pour l'instant c'est Raid dingue de Dany Boon qui domine le classement avec 4570887 entrées.

Meilleur film
120 battements par minute de Robin Campillo
Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
Barbara de Mathieu Amalric
Le Brio de Yvan Attal
Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan de Hubert Charuel
Le sens de la fête de Eric Tolédano et Olivier Nakache

Meilleur réalisateur
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Albert Dupontel pour Au revoir là-haut
Mathieu Amalric pour Barbara
Julia Ducournau pour Grave
Hubert Charuel pour Petit Paysan
Michel Hazanavicius pour Le redoutable
Eric Tolédano, Olivier Nakache pour Le sens de la fête

Meilleure actrice
Jeanne Balibar dans Barbara
Juliette Binoche dans Un beau soleil intérieur
Emmanuelle Devos dans Numéro une
Marina Fois dans L’atelier
Charlotte Gainsbourg dans La promesse de l’aube
Doria Tiller dans Monsieur et madame Adelman
Karin Viard dans Jalouse

Meilleur acteur
Swan Arlaud dans Petit paysan
Daniel Autueil dans Le brio
Jean-Piere Bacri dans Le sens de la fête
Guillaume Canet dans Rock’n’roll
Albert Dupontel dans Au revoir là-haut
Louis Garrel dans Le redoutable
Reda Kateb dans Django

Meilleure actrice dans un second rôle
Laure Calamy dans Ava
Anaïs Demoustier dans La villa
Sara Giraudeau dans Petit Paysan
Adèle Haenel dans 120 battements par minute
Mélanie Thierry dans Au revoir là-haut

Meilleur acteur dans un second rôle
Niels Arestrup dans Au revoir Là-haut
Laurent Lafitte dans Au revoir là-haut
Gilles Lellouche dans Le sens de la fête
Vincent Macaigne dans Le sens de la fête
Antoine Reinartz dans 120 battements par minute

Meilleur espoir féminin
Iris Bry dans Les gardiennes
Laetitia Dosh dans Jeune femme
Eye Haidera dans Le sens de la fête
Camelia Jordana dans Le Brio
Garance Marillier dans Grave

Meilleur espoir masculin
Benjamin Lavernhe dans Le sens de la fête
Finnegan Olfield dans Marvin ou la belle éducation
Pablo Pauly dans Patients
Nahuel Perez Biscayart dans 120 battements par minute
Arnaud Valois dans 120 battements par minute

Meilleur film d'animation
Longs métrages
Le grand méchant renard et autres contes de Benjamin Renner, Patrick Imbert
Sahara de Pierre Coré
Zombillénium de Arthur de Pins, Alexis Ducord
Courts métrages
Le futur sera chauve de Paul Caron
I’m want pluto to be a planet again de Marie amachoukeli, Vladimir Mavounia-Kouka
Le jardin de minuit de Benoït Chieux
Pépé le Morse de Lucrèce Andreae

Meilleur premier film
Grave de Julia Ducournau
Jeune Femme de Léonor Séraille
Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos
Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan de Hubert Charuel

Meilleur film documentaire
12 jours de Raymond Depardon
A voix haute la force de la parole de Stéphane de Freitas et Ladj Ly
Carré 35 d’Eric Caravaca
Visages, Villages d’Agnès Varda et JR
I’m not your negro de Raoul Peck

Meilleur film étranger
Le Caire confidentiel de Traik Saleh
Dunkerque de Christopher Nolan
L’échange des princesses de Marc Dugain
Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev
La La land de Damien Chazelle
Noces de Stephan Streker
The Square de Ruben Ostlund

Meilleure musique originale
Arnaud Rebotini pour 120 battements par minutes
Christophe Julien pour Au revoir là-Haut
Jim Williams pour Grave
Myd pour Petit paysan
Matthieu Chedid pour Visages, Villages

Meilleur court métrage
Les bigorneaux de Alice Vial
Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Jozsa Anjembe
Debout Kinshasa ! de Sébastien Maitre
Marlon de Jessica Palud
Les misérables de Ladj Ly

Meilleur scénario original
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Mathieu Amalric et Philippe di Folco pour Barbara
Claude Le Pape et Hubert Charuel pour Petit paysan
Julia Ducournau pour Grave
Eric Tolédano, Olivier Nakache pour Le sens de la fête

Meilleure adaptation
Albert Dupontel et Pierre Lemaître pour Au revoir là-haut
Xavier Beauvois, Frédérique Moreau et Marie-Julie Maille pour Les gardiennes
Grand corps malade et Fadette Drouard pour Patients
Eric Barbier et Marie Eynard pour La promesse de l’aube
Michel Hazanavicius pour Le redoutable

Meilleure photographie
Jeanne Lapoirie pour 120 battements par minute
Vincent Mathias pour Au revoir là-haut
Christophe Beaucarne pour Barbara
Caroline Champetier pour Les gardiennes
Guillaume Schiffman pour Le redoutable

Meilleurs costumes
Isabelle Pannetier pour 120 battements par minute
Mimi Lempicka pour Au revoir là-haut
Pascaline Chavanne pour Barbara
Anaïs Romand pour Les gardiennes
Catherine Bouchard pour La promesse de l’aube

Meilleurs décors
Emmanuelle Duplay pour 120 battements par minutes
Pierre Quefféléan pour Au revoir là-haut
Laurent Baude pour Barbara
Pierre Renson pour La promesse de l’aube
Christian Marti pour Le redoutable

Meilleur son
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Christophe Pinel pour Au revoir là-haut
François Gédigier pour Barbara
Julie Lena, Lilian Corbeille, Grégoire Pontecaille pour Petit Paysan
Dorian Rigal Ansous pour Le sens de la fête

Meilleur montage
Robin Campillo pour 120 battements par minute
Christophe Pinel pour Au revoir là-haut
François Gédigier pour Barbara
Julie Lena, Lilian Corbeille, Grégoire Pontecaille pour Petit Paysan
Dorian Rigal Ansous pour Le sens de la fête

2017 dans le rétro: 7 leçons à retenir du box office

Posté par vincy, le 27 décembre 2017

La fréquentation est plutôt stable un peu partout dans le monde. Même si ce n'est pas une année portée par un record ou un phénomène, le cinéma continue d'être populaire, une sortie incontournable (pour les jeunes et les seniors essentiellement), et ce malgré le prix du billet qui augmente année après année et la concurrence d'autres loisirs visuels (du smartphone aux jeux vidéos).

Le cinéma d'animation, vecteur fédérateur

Le film d'animation reste le secteur fédérateur par excellence, attirant les enfants et donc les parents. Aux Etats-Unis, le genre s'essouffle un peu cette année, même si 5 films dépassent les 100 millions de dollars. Des deux côtés de l'atlantique en tout cas, Moi, Moche et méchant 3 domine. Ce film franco-américain est le seul à être dans le Top 10 nord-américain et est en position de leader annuel en France en étant d'ailleurs le seul film à avoir séduit plus de 5 millions de spectateurs. Il est aussi le seul film animé à avoir récolté plus d'un milliard de dollars de recettes dans le monde, cap franchi par trois autres films cette année. Même si l'année fut décevante pour Pixar, et même si certains films n'ont pas trouvé leur public à hauteur des attentes, le genre a de beaux jours devant lui puisqu'au niveau mondial 6 films dépassent les 300M$ (dont le japonais Your Name). En France, le cinéma d'animation local a souffert, ne s'imposant qu'avec Sahara (1,1 million d'entrées) et Le grand méchant renard (650000 entrées). Mais les productions américaines continuent de plaire: Baby Boss, Cars 3 et Coco ont franchit la barre des 2 millions de spectateurs.

Les super-héros, un peu moins musclés

Ils sont toujours là, année après année. 2017 n'a pas fait exception. Wonder Woman, Les Gardiens le Galaxie, Spider-Man, Thor, Logan, Justice League squattent la moitié des places du Top 12 américain. Les trois premiers ont même empoché plus de 300M$. Ils étaient 4 l'an dernier. Au niveau mondial, Spider-Man reste le plus populaire (880M$), devant les Gardiens de la Galaxie, Thor et Wonder Woman, tous au dessus des 800M$, tous dans les 10 meilleures recettes de l'année. Mais en 2016 Captain America avait ramassé 1,15 milliard de dollars! Plus nombreux mais moins rentables et un peu moins forts... En France, le genre est populaire mais n'atteint pas le phénomène remarqué ailleurs. Cette année, Les gardiens de la galaxie ont été les seuls à fédérer plus de 3 millions de spectateurs (mais en réalisant un score moindre que le champion de l'an dernier Deadpool). Thor, Spider-Man, Logan et Wonder Woman ont été bimillionnaires. En revanche Justice League a été un échec.

La comédie toujours rentable

C'est le genre qui cartonne partout dans chaque pays, à défaut de savoir s'exporter. Aux Etats-Unis, la seule comédie qui est parvenue à s'offrir un succès est Girls trip (115M$). Année après année, la comédie américaine ne trouve plus son public. Un ou deux films percent miraculeusement depuis 2014. Maintenant l'humour est partout (animation, super-héros, action et même dans Star Wars). Aucune comédie n'a su s'imposer mondialement. A l'inverse, en Europe, cela reste le genre dominant. En France, sur les 16 films millionnaires nationaux, 10 sont des comédies. A commencer par le premier film français de l'année, Raid Dingue (4,6 millions de spectateurs). Dany Boon confirme son statut de star du rire. Mais il est serré de près par le duo Philippe Lacheau/Tarek Boudali, tous deux derrière Alibi.com (3e film français) et Epouse-moi mon pote (5e film français). Les deux films sont surtout les plus rentables de l'année. Parmi les films rentables on retrouve d'autres comédies millionnaires: Il a déjà tes yeux, Le sens de la fête, L'ascension et C'est tout pour moi!. Le grand perdant de l'année, finalement, c'est Kev Adams, qui aligné les bides.

Le chauvinisme, valeur sûre

Le cinéma national reste prépondérant dans des pays comme la Chine, le Japon, la Corée du sud, la France ou les Etats-Unis. Aux USA, hormis les films bollywoodiens ou chinois pour les publics concernés, le seul film en langue étrangère à avoir récolté plus de un million de dollars est le dessin animé Your Name. Les Américains ne vont plus voir de films sous-titrés, et le cinéma étranger devient réservé à quelques villes. En France, temple de la cinéphilie, seulement 6% des entrées concernent un film qui n'est ni américain ni français. Là aussi on constate un désintérêt pour les cinémas d'ailleurs, même quand ils sont récompensés à Cannes ou aux Oscars. Mettons à part Paddington 2 et Big Foot Junior, deux films familiaux européens, le succès étranger le plus populaire de l'année, est un thriller égyptien: Le Caire Condientiel (380000 entrées).
Le spectateur français est chauvin. Quand il n'est pas attiré par les productions hollywoodiennes, il aime les films français: 5 dépassent les 2 millions de spectateurs. 16 sont millionnaires avec l'arrivée en dernière minute du Brio et de Santa & Cie. Les 36 autres sont américains.

Le drame du drame

C'est l'autre enseignement des tendances annuelles. le drame, qu'il soit mélo, spectaculaire ou de genre, fait moins recette. On peut toujours ajouter Logan, avec son aspect western crépusculaire, il n'en reste pas moins qu'hormis Dunkerque, d'un certaine manière Get Out et Split, et bien entendu Wonder, l'année ne fut pas drôle pour les drames. Ce sont aussi les quatre seuls films dramatiques, qui ont réussi à s'exporter. En France, le drame subit aussi un désintérêt. La La Land, Dunkerque et Lion ont trouvé leur public. Au revoir là-haut a limité la casse avec près de 2 millions de spectateurs. Les films familiaux (Un sac de billes, L'école buissonnière) ou Patients (qui ne manque pas d'humour) ont su se frayer un chemin vers le succès. Mais pour beaucoup d'autres, ce fut la déconvenue. Comme la comédie, ça se joue de plus en plus à pile ou face et la rentabilité est aléatoire.

Le film d'auteur en danger

Trop de films? Certes, mais pour être sur de limiter le risque, les distributeurs sont obligés de multiplier les sorties. Près de 20 distributeurs ont ainsi placé leurs espoirs sur plus de dix films chacun cette année. Aujourd'hui le film d'auteur est un succès entre 150000 et 50000 entrées, quand avant on s'enthousiasmait dès que l'un d'eux passait le million et que la norme était entre 500000 et 1 million. Cette année, mis à part La La Land, Dunkerque et Au revoir là-haut bénéficiant de gros budgets (y compris marketing), le film d'auteur est rare au box office. Le film d'art et essai est quasiment inexistant. Pas étonnant alors que le champion annuel soit 120 battements par minute (815000 entrées), loin devant Ôtez-moi d'un doute (680000) et Moonlight (565000). Petit paysan suit avec 515000 entrées. Et ça s'arrête là. Il y a urgence à revoir la manière dont ces films sont promus, y compris à la télévision.

La concentration des pouvoirs

Enfin, c'est une année où tout se fusionne, se concentre, se grossit. Pathé et Gaumont vont devenir un seul réseau. CGR avale Cap' Ciné. La Disney absorbe la Fox. Sans compter les studios qui se piquent leurs décideurs et leurs talents. Les nouveaux ennemis sont pour les circuits comme pour les studios Facebook, Google, Apple, Netflix, Amazon... On réalise bien que cette concentration en amont se déverse aussi en aval. 2017, encore plus que les années précédentes, c'est une histoire de parts de marché. Les films événements (Star Wars, La belle et la bête, Ça, The Fate of the Furious...) focalisent l'attention jusque dans les médias les plus réputés pour leur diversité et leur indépendance. Le public se rue en masse dès les premiers jours pour voir ses films, tuant de facto tous les autres. Aux Etats-Unis, 23 films ont récolté plus de 40 millions de $ (20 en 2016) durant leurs trois premiers jours, parfois en s'octroyant jusqu'à 85% des recettes totales du week end. En France 23 films ont attiré plus de 700000 spectateurs dans les salles en cinq jours, s'accaparant en moyenne 30 à 40% des tickets vendus durant cette période. Cela tue la diversité, et par conséquent la carrière des films fragiles. Il est là aussi urgent que l'on régule l'offre pour ne pas finir avec une distorsion de concurrence fatale.

120 battements par minute domine les nominations des Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 11 décembre 2017

Avec 6 nominations, 120 Battements par minute domine logiquement la 23e sélection des Prix Lumières de la presse internationale (80 membres de 30 pays). Barbara et, surprise, Le sens de la fête suivent avec 4 citations. Dans une année, où les favoris sont ouverts pour les César, beaucoup de films héritent souvent de deux citations, sans faire la différence. On note d'ailleurs que les catégories film et réalisateur coïncident peu (3 des cinéastes nommés ne sont pas retenus en meilleur film). Les films remarqués à Berlin et Cannes sortent du lot si on les totalise.

Film
120 battements par minute, de Robin Campillo
Au revoir là-haut, d'Albert Dupontel
Barbara, de Mathieu Amalric
Félicité, d'Alain Gomis
Orpheline, d'Arnaud des Pallières
Le sens de la fête, d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Réalisateur
Mathieu Amalric - Barbara
Robin Campillo - 120 battements par minute
Laurent Cantet - L'atelier
Philippe Garrel - L'amant d’un jour
Alain Gomis - Félicité
Michel Hazanavicius - Le redoutable

Actrice
Hiam Abbass - Une famille syrienne
Jeanne Balibar - Barbara
Juliette Binoche - Un beau soleil intérieur
Emmanuelle Devos - Numéro une
Charlotte Gainsbourg - La promesse de l’aube
Karin Viard - Jalouse

Acteur
Swann Arlaud - Petit paysan
Daniel Auteuil - Le brio
Jean-Pierre Bacri - Le sens de la fête
Louis Garrel - Le redoutable
Reda Kateb - Django
Nahuel Pérez Biscayart - 120 battements par minute

Scénario
Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières - Orpheline
Robin Campillo, Philippe Mangeot - 120 battements par minute
Albert Dupontel, Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut
Karim Moussaoui, Maud Ameline - En attendant les hirondelles
Eric Toledano, Olivier Nakache - Le sens de la fête

Image
Christophe Beaucarne - Barbara
Céline Bozon - Félicité
Caroline Champetier - Les gardiennes
Alain Duplantier - Le semeur
Irina Lubtchansky - Les fantômes d’Ismaël
Vincent Mathias - Au revoir là-haut

Révélation masculine
Khaled Alouach - De toutes mes forces
Matthieu Lucci - L’atelier
Nekfeu - Tout nous sépare
Finnegan Oldfield - Marvin ou La belle éducation
Pablo Pauly - Patients
Arnaud Valois - 120 battements par minute

Révélation féminine
Iris Bry - Les gardiennes
Laetitia Dosch - Jeune femme
Eye Haïdara - Le sens de la fête
Camélia Jordana - Le brio
Pamela Ramos - Tous les rêves du monde
Solène Rigot - Orpheline

Premier film
Les bienheureux, de Sofia Djama
En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui
Grave, de Julia Ducournau
Jeune femme, de Léonor Serraille
Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan, de Hubert Charuel

Film francophone
Avant la fin de l’été, de Maryam Goormaghtigh
La belle et la meute, de Kaouther Ben Hania
Noces, de Stephan Streker
Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon
Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw

Film d'animation
Drôles de petites bêtes, de Antoon Krings et Arnaud Bouron
Le grand méchant Renard et autres contes, de Benjamin Renner et Patrick Imbert
Zombillenium, d'Arthur de Pins et Alexis Ducord

Documentaire
Carré 35, de Eric Caravaca
Lumière! L'aventure commence, de Thierry Frémaux
Makala, d'Emmanuel Gras
Sans adieu, de Christophe Agou
Le vénérable W, de Barbet Schroeder
Visages Villages, d'Agnès Varda et JR

Musique
Gaspar Claus - Makala
Angelo Foley et Grand Corps Malade - Patients
Grégoire Hetzel - Les fantômes d'Ismaël
Igorrr - Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc
Arnaud Rebotini - 120 battements par minute
Philippe Rombi - L'amant double

Les 36 aspirant.e.s pour les César 2018 dans la catégorie espoir

Posté par redaction, le 13 novembre 2017

Le Comité Révélations de l’Académie des César a dévoilé ce lundi 13 novembre la liste des 36 comédiennes et comédiens qui sera soumise transmise à titre strictement indicatif aux membres votants de l’Académie, afin de faciliter leur vote pour les César 2018 du Meilleur Espoir Féminin et du Meilleur Espoir Masculin.

Ou devra-t-on dire le César Chanel du meilleur espoir féminin/masculin puisque le "Projet Révélations" est officiellement sponsorisé par la marque de luxe, nouveau "Partenaire Officiel de l’Académie des César" (des majuscules partout dans le communiqué, ça impressionne plus).

"La Maison CHANEL, tant dans ses activités Mode, Horlogerie-Joaillerie et Parfums Beauté, soutient le projet des Révélations mais aussi l'ensemble des activités de l'Académie dans la mise en avant, la reconnaissance et la découverte des talents" indique l'Académie des César, qui, en échange, espérons-le, pourra baisser le ticket d'entrée pour être dans le fameux coffret (ceci expliquant que certaines productions indépendantes ne soient jamais nommées).

Inflation et oublis

En regardant la liste (deux de plus que les deux dernières années, quatre de plus qu'en 2014: il y a inflation pour un nombre toujours égal de 10 finalistes) on note que 120 battements par minute place trois de ses acteurs. Le sens de la fête est distingué par deux comédiens et une comédienne. Que Grave et Noces jouent la parité avec une citation dans chaque catégorie. Il y a aussi quelques habitués de cette liste tels Finnegan Oldfield, Alice Isaaz, Solène Rigot et Marc Zinga qui reviennent cette année dans les "nominables".

Parmi les Révélations des années précédentes qui étaient sélectionnables, Félix Moati, Stacy Martin, Sara Giraudeau, Dara Tromboff, Swann Arlaud ont été tous oubliés mais peuvent évidemment se retrouver soit nommés directement par les votants, soient choisis pour d'autres catégories.

Les Révélations 2018 – Comédiennes :

Noée Abita dans Ava
Sveva Alviti dans Dalida
Iris Bry dans Les Gardiennes
Louise Chevillotte dans L’amant d’un jour
Adeline d’Hermy dans Maryline
Laetitia Dosch dans Jeune femme
Lina El Arabi dans Noces
Esther Garrel dans L’amant d’un jour
Ana Girardot dans Ce qui nous lie
Eye Haïdara dans Le sens de la fête
Alice Isaaz dans Espèces menacées
Camélia Jordana dans Le Brio
Lyna Khoudri dans Les Bienheureux
Garance Marillier dans Grave
Daphné Patakia dans Djam
Paméla Ramos dans Tous les rêves du monde
Solène Rigot dans Orpheline
Ella Rumpf dans Grave

Les Révélations 2018 – Comédiens :

Khaled Alouach dans De toutes mes forces
Adam Bessa dans Les Bienheureux
Damien Chapelle dans Espèces menacées
Idir Chender dans Carbone
Redouanne Harjane dans M
Sébastien Houbani dans Noces
Alban Ivanov dans Le sens de la fête
Benjamin Lavernhe dans Le sens de la fête
Matthieu Lucci dans L’Atelier
Rabah Naït Oufella dans Grave
Nekfeu dans Tout nous sépare
Finnegan Oldfield dans Marvin ou la belle éducation
Pablo Pauly dans Patients
Nahuel Pérez Biscayart dans 120 battements par minute
Antoine Reinartz dans 120 battements par minute
Ahmed Sylla dans L’Ascension
Arnaud Valois dans 120 battements par minute
Marc Zinga dans Nos Patriotes

Festival d’Angoulême 2017: John Malkovich, Au revoir là-haut, Epouse-moi mon pote et les 120 ans de la Gaumont

Posté par vincy, le 3 juillet 2017

Marie France Brière et Dominique Besnéhard ont présenté ce matin les grandes lignes du prochain Festival du film Francophone d'Angoulême (22-27 août) lors d'une conférence de presse. Année après année, Angoulême se positionne comme un rendez-vous incontournable pour le cinéma français qui y voit là son "Deauville" (ou son "Toronto") pour lancer la saison d'automne et des fêtes avec un mix de films d'auteurs et de films populaires attendus.

On savait déjà que le jury serait présidé par l'acteur américain et francophile John Malkovitch. Il sera entouré de Claire Chazal, Laura Smet, Lucas Belvaux, Philippe Besson, Stefi Selma et de la productrice Denise Robert. Ils décerneront les Prix Valois. Le jury étudiant sera présidé par Cristiana Reali.

La compétition

  • Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky
  • Et au pire on se mariera de Léa Pool
  • Frontières d'Apolline Traoré
  • Money de Gela Babluani
  • Nous resterons à Damas de Philippe Van Leeuw
  • Petit Paysan de Hubert Vharuel
  • Surface de Réparation de Christophe Tegin

L'un de ces films succédera à Ma vie de Courgette, Valois de diamant l'an dernier.

L'événement de ce 10e festival, ce sera évidemment l'avant-première du film d'Albert Dupontel, Au revoir là-haut, adaptation du best-seller et Prix Goncourt de Pierre Lemaître. Le film fera l'ouverture du festival. Autre événement majeur, l'avant-première du dernier film d'Eric Tolédano et Olivier Nakache, Le sens de la fête, avec Bacri, Lellouche et Rouve. Depuis Intouchables, les deux cinéastes croient à la vertu chanceuse du festival.

Deneuve & Depardieu en guests

Mon fils de Christian Carion avec Guillaume Canet, Jalouse le deuxième film de Stéphane et David Foenkinos, L’Ecole Buissonnière de Nicolas Vanier, avec François Cluzet, L'un dans l'autre de Bruno Chiche, avec Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt, Bonne pomme, de Florence Quentin, avec la présence de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, Le Petit Spirou de Nicolas Bary et Le Prix du succès de Teddy Lussi-Modeste avec Tahar Rahim, Maïwenn et Roschdy Zem feront également parti des avant-premières prestigieuses.

Par ailleurs un hommage au cinéma ivoirien; un focus sur Xavier Giannoli et une sélection de films cannois (Nos années folles, Un beau soleil intérieur, Le redoutable) seront au programme. Sans aucun doute, les spectateurs iront voir la dernière comédie de l'équipe de Babysitting et Alibi.com, Epouse-moi mon pote, réputée gay-friendly (lire notre article du 6 août 2016).

Enfin, la Gaumont fêtera ses 120 ans dès demain et jusqu'au 31 décembre 2017, avec l'exposition "120 ans de cinéma: Gaumont, depuis que le cinéma existe" au sein de la Cité de la BD, dans les Studios Paradis (chais Magelis) d'Angoulême qui ouvriront pour la première fois leurs portes au public. L'expo, qui a déjà séduit 50000 visiteurs à Paris, fera voyager les visiteurs à travers les grandes époques du septième art.